Òóíèññêèå õðîíèêè. 24 îêòÿáðÿ 2014

Íèêîëàé Ñîëîãóáîâñêèé
ÒÓÍÈÑÑÊÈÅ ÕÐÎÍÈÊÈ. 24 îêòÿáðÿ 2014.
http://www.sologubovskiy.ru/articles/830/
Íà ôîòîãðàôèè:
Members of the Tunisian military stand in a group during an operation against gunmen in the town of Oued Ellil near the Tunisian capital Tunis on October 24, 2014. Six people, including five women, were killed when Tunisian security forces stormed a house where gunmen were locked in a standoff with police near the capital, the authorities said.

 Òóíèñå óñïåøíî çàêîí÷èëàñü àíòèòåððîðèñòè÷åñêàÿ îïåðàöèÿ. 
Óòðîì 24 îêòÿáðÿ â õîäå øòóðìà æèëîãî äîìà  â Óýä Ýëëèëü, îäíîì èç ïðèãîðîäîâ  òóíèññêîé ñòîëèöû,    áûëè ëèêâèäèðîâàíû ïÿòü æåíùèí-òåððîðèñòîê.  Òðîå èç íèõ  - èç Áèçåðòû, äâîå – èç Ìàðñû. Äâå  áûëè æåíàìè àðåñòîâàííûõ ðàíåå ïîëèöèåé  òåððîðèñòîâ, òðîå èç íèõ – ñòóäåíòêè. Âñå îíè îêàçàëè âîîðóæåííîå ñîïðîòèâëåíèå, ñòðåëÿÿ èç àâòîìàòîâ ïî ïîëèöåéñêèì.  Ýòè òâàðè,  âûáåæàâ èç îñàæäåííîãî äîìà,  ïûòàëèñü èñïîëüçîâàòü äåòåé êàê «ùèòû», ïðèêðûâàÿñü èìè. Òóíèññêèå ñíàéïåðû îòêðûëè ìåòêèé îãîíü íà ïîðàæåíèå, è êàæäàÿ èç  òåððîðèñòîê ïîëó÷èëà ïóëþ â ãîëîâó.
 ðåçóëüòàòå óñïåøíî ïðîâåäåííîé îïåðàöèè òàêæå óíè÷òîæåí   îäèí èç òåððîðèñòîâ, îäíà øàõèäêà  è îäèí òåððîðèñò  ðàíåíû è ñõâà÷åíû.
Äåòè ãîñïèòàëèçèðîâàíû, îäèí èç íèõ – â òÿæåëîì ñîñòîÿíèè.
 îïåðàöèè  ïðèíÿëè ó÷àñòèå 120 ïîëèöåéñêèõ è âåðòîëåòû. Ñðåäè  ïîëèöåéñêèõ åñòü òðè ðàíåíûõ.
Âî âðåìÿ îáûñêà  äîìà îáíàðóæåíû âçðûâ÷àòêà, «ïîÿñà øàõèäîê», àâòîìàòû è ãðàíàòû.   
23 îêòÿáðÿ âî âðåìÿ áîÿ ñ ýòèìè òåððîðèñòàìè ïîãèá ïîëèöåéñêèé èç Íàáåëÿ…
Ýòà áàíäà  äæèõàäèñòîâ áûëà ñâÿçàíà ñ  òåððîðèñòàìè, êîòîðûå ó÷àñòâîâàëè â ïîäãîòîâêå íàïàäåíèÿ íà àâòîáóñ ñ òóðèñòàìè íà îçåðå Øîò-Äæåðèä ðàíî óòðîì 23 îêòÿáðÿ. Ýòîò   òåðàêò áûë ïðåäîòâðàùåí ïîëèöèåé.
Äæèõàäèñòû, ñðåäè êîòîðûõ åñòü è íàåìíèêè èç Àëæèðà è Ëèâèè,    â  ïûòàþòñÿ ñîðâàòü ýòè âûáîðû è ãîòîâÿò íîâûå òåðàêòû 26 îêòÿáðÿ, â äåíü ïàðëàìåíòñêèõ âûáîðîâ â Òóíèñå íà èçáèðàòåëüíûõ ó÷àñòêàõ è â ìåñòàõ ñêîïëåíèÿ  ëþäåé,  â òîì ÷èñëå íà ðûíêàõ  è  â ìå÷åòÿõ.  Ñðåäè íèõ åñòü òåððîðèñòû, êîòîðûå ïðèíÿëè ó÷àñòè â ìÿòåæå ïðîòèâ Ëèâèéñêîé Äæàìàõèðèè è âîåâàëè ïðîòèâ   àðìèè Ñèðèè.
Ïðàâîîõðàíèòåëüíûå îðãàíû Òóíèñà  ïðèíèìàþò äîïîëíèòåëüíûå ìåðû, ÷òîáû îáåñïå÷èòü ïîðÿäîê  âî âðåìÿ âûáîðîâ, îò ðåçóëüòàòîâ êîòîðûõ âî ìíîãîì çàâèñèò áóäóùåå Òóíèñà.
Å.Ëàðèí, 24 îêòÿáðÿ 2014.
 (ïî ñîîáùåíèÿì  òóíèññêèõ ÑÌÈ).
Âîò îäíî èç ïîñëåäíèõ ñîîáùåíèé:
«La presse»:
«Les forces et les unit;s sp;ciales viennent de donner l'assaut sur la maison de Oued Ellil encercl;e depuis 24h00 et dans laquelle se sont r;fugi;s les terroristes.
Au cours de cette op;ration coup de force, un terroriste r;pondant au nom de Houcem Troudi a ;t; tu;. Alors que le deuxi;me terroriste, Aymen Bouchtiba s'est rendu apr;s avoir ;t; bless;.
Le bilan fait ;tat de la mort dans la m;me op;ration de cinq femmes, alors qu'un enfant a ;t; bless; ; la t;te».

Ôðàíöóçñêèå ÑÌÈ ñîîáùàþò 24 îêòÿáðÿ î ñîáûòèÿõ â Òóíèñå:
Six personnes, dont cinq femmes, ont ;t; tu;es vendredi dans l'assaut lanc; par les forces de l'ordre tunisiennes contre une maison de la banlieue de Tunis dans laquelle ;tait retranch; un groupe arm;, a annonc; le minist;re de l'Int;rieur.
Deux enfants hospitalis;s
«Cinq femmes ont ;t; tu;es. Aymen (l'un des hommes arm;s, ndlr) a ;t; tu; et Houssem (le second) bless; et hospitalis;», a dit ; la presse sur place le porte-parole du minist;re de l'Int;rieur, Mohamed Ali Aroui. Deux enfants, un gar;on et une fille, qui se trouvaient dans la maison ont aussi ;t; hospitalis;s. La fillette a ;t; bless;e ; la t;te, a-t-il ajout;, sans plus de pr;cisions sur son ;tat.
Les forces de l'ordre encerclaient depuis jeudi matin cette maison situ;e ; Oued Ellil, suite ; des informations obtenues apr;s l'arrestation de «deux ;l;ments terroristes» ; K;bili, ; 500 km au sud de Tunis, faisant ;tat de la pr;sence «d'autres ;l;ments terroristes» dans cette banlieue de la capitale.
Des cris de joie
Selon Ali Aroui, «les unit;s sp;ciales se sont approch;es (de la maison) au niveau de la cuisine, o; se cachaient les terroristes». «Les femmes sont sorties de la cuisine en tirant», a-t-il d;clar;, en qualifiant tout le groupe, hommes et femmes, d'«;l;ments terroristes». La fin de l'assaut a ;t; accueillie par les cris de joie et les acclamations des membres de forces de l'ordre ainsi que d'habitants du quartier, selon une journaliste de l'AFP sur place.
Ali Aroui avait plus t;t dit ; la presse que la police allait donner un ultimatum «d'une ou deux heures maximum» au groupe avant de donner l'assaut. «Nous ne voulons pas lancer l'assaut en raison de la pr;sence de femmes et d'enfants, mais nous ne pouvons patienter plus longtemps», avait-il dit.
Jeudi, un membre de la Garde nationale (gendarmerie) avait ;t; tu; et un autre bless; dans les ;changes de tirs entre les forces de l'ordre et les hommes arm;s. Ces violences interviennent alors que la Tunisie organise dimanche des ;lections l;gislatives qui, avec la pr;sidentielle du 23 novembre, sont cruciales pour la stabilit; du pays.

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La police tunisienne et un groupe arm; compos; de deux hommes ;taient engag;s jeudi dans des ;changes de tirs dans une banlieue de Tunis, des violences qui interviennent alors que la Tunisie craint une recrudescence d'attaques djihadistes avant les l;gislatives dimanche.
«Les forces de l'ordre encerclent une maison ; Oued Ellil abritant des ;l;ments terroristes et des ;changes de tirs sont en cours», a indiqu; le porte-parole du minist;re de l'Int;rieur, Mohamed Ali Aroui, ; la radio Mosa;que FM. Selon un responsable policier sur place interrog; par l'AFP, un policier a ;t; tu; d'une balle «re;ue ; l'oeil» et un autre a ;t; bless;.
Au moins deux femmes et des enfants dans la maison
D'apr;s la m;me source, la famille d'un homme arm; retranch; dans la maison serait aussi ; l'int;rieur. «Il y a au moins deux hommes, au moins deux femmes et des enfants. Nous avons des informations sur la pr;sence d'explosifs», a d;clar; Mohamed Ali Aroui ; la presse. «Nous avons demand; ; ce qu'ils fassent sortir les enfants et les femmes», a-t-il ajout;. Il s'est refus; cependant ; employer le terme de prise d'otages, soulignant que l'une des femmes ;tait «l';pouse d'un des ;l;ments terroristes».
Le m;me responsable policier n';tait cependant pas en mesure de dire si une seule ou plusieurs personnes arm;es se trouvaient dans le b;timent. La police, d;ploy;e en grand nombre, lan;ait aussi des appels au m;gaphone pour que le ou les suspects se rendent, tandis que des ;changes de tirs sporadiques se produisaient encore en fin de matin;e.
Par ailleurs, plus t;t dans la journ;e, des heurts ont oppos; la police et «deux ;l;ments terroristes» ; K;bili (500 km au sud de Tunis), selon Aroui, pr;cisant que le gardien d'une soci;t; avait ;t; tu; par ces hommes arm;s. Deux suspects ont ;t; arr;t;s. Enfin, deux soldats ont ;t; l;g;rement bless;s dans l'explosion d'un engin au passage de leur v;hicule ; Sakiet Sidi Youssef (pr;s de la fronti;re alg;rienne), a indiqu; le porte-parole du minist;re de la D;fense, Belhassen Oueslati, ; l'AFP. Cette tactique a ;t; largement employ;e par des cellules djihadistes dans la r;gion depuis deux ans.



Óòðîì 24 îêòÿáðÿ,  åùå äî îêîí÷àíèÿ  àíòèòåððîðèñòè÷åñêîé îïåðàöèè,  âûøëà òóíèññêàÿ ãàçåòà «Ëÿ ïðåññ» îïóáëèêîâàëà  ñëåäóþùèå  ìàòåðèàëû:
…..
Alors que le brouillard se l;ve peu ; peu ; Oued Ellil et que nous commen;ons ; comprendre le sens de l'affrontement entre les terroristes et les forces de l'ordre, il est devenu possible de tirer (prudemment) les premi;res conclusions.
Et l'info qui s'impose alors comme la plus significative est directement li;e ; l'affaire de Kebili, qui l'a pr;c;d;e d'un jour et o; un quinquag;naire a trouv; la mort.
De fait, ce sont les interrogatoires men;s avec les terroristes arr;t;s ; Kebili qui ont r;v;l; qu'un autre groupuscule terroriste s';tait retranch; dans le b;timent de Chabaou, au voisinage imm;diat de Oued Ellil.
Et cela veut tout simplement dire que les forces de l'ordre font consciencieusement leur travail et qu'elles sont parfaitement ;veill;es aux enjeux immenses derri;re le terrorisme. Laroui, porte-parole du minist;re de l'Int;rieur, l'a dit ; sa mani;re directe sans chichi : ''Nous affronterons invariablement tous ceux qui nous affrontent les armes ; la main.''

…….
Les forces s;curitaires ont h;sit; ; donner l’assaut ; cause de la pr;sence d’enfants dans le domicile o; sont retranch;s les terroristes qui seraient leurs proches
Le domicile abritant des terroristes ; Chebbaou (Oued Elli - La Manouba) ;tait hier encore encercl; par un important dispositif s;curitaire ; l’heure o; nous mettions sous presse.
«Une femme et des enfants se trouvent dans la maison», a indiqu; le porte-parole du minist;re de l’Int;rieur, Mohamed Ali Laroui, qui a affirm;, par ailleurs, que l’encerclement du domicile o; sont retranch;s les terroristes, munis de ceintures explosives, se poursuit et que des n;gociations sont en cours.
«Deux terroristes ont ;t; captur;s, hier ; l’aube, ; K;bili. Qualifi;s de dangereux, ils avaient  tu; un gardien de nuit en service dans un ;tablissement public, avant d’;tre appr;hend;s en possession de deux armes de type kalachnikov et de munitions», a pr;cis; Laroui.
Une source s;curitaire a indiqu;, dans une d;claration au correspondant de l’Agence TAP dans la r;gion, que suite ; des informations selon lesquelles des ;l;ments dangereux, faisant l’objet d’avis de recherche, ont ;t; localis;s ; Souk Lahad, ; K;bili, et lors d’une campagne de ratissage, une patrouille s;curitaire a intercept;, hier ; l’aube, un v;hicule stationn; ; l’entr;e de la localit; au niveau de Chott Jerid.
Les forces de l’ordre en patrouille ont attaqu; les passagers du v;hicule et ont arr;t; ces deux dangereux terroristes.
Les investigations ont montr; que ces deux assaillants planifiaient une op;ration terroriste.
Dans un point de presse tenu au Palais du gouvernement, ; la Kasbah, ; l’issue d’une r;union de la cellule de crise, il a soulign; le lien ;troit entre ces terroristes et deux autres membres arr;t;s, hier ; l’aube, ; K;bili, et qui ont r;v;l;, lors de l’enqu;te, l’existence d’une cellule ; Chabbaou.
« Deux kalachnikovs et des munitions ont ;t; saisis chez les deux terroristes arr;t;s », a indiqu; Laroui. Les deux militaires ont ;t; l;g;rement bless;s, hier matin ; Sakiet Sidi Youssef, au Kef, ; la suite de l’explosion d’une mine terrestre au passage de leur v;hicule militaire.
Selon le porte-parole du minist;re de la D;fense, le lieutenant-colonel Belhassan Oueslati, l’explosion s’est produite alors qu’un groupe de militaires menait une op;ration de ratissage pour pister les ;l;ments terroristes retranch;s sur les hauteurs de la r;gion.
Des renforts s;curitaires et militaires ont ;t; d;p;ch;s et un h;licopt;re arm; a ;t; d;ploy; dans la r;gion, a indiqu; le lieutenant-colonel Oueslati qui a assur; que la situation s;curitaire dans le pays est sous contr;le.
Laroui a annonc; qu’un agent de la Garde nationale, Achref Ben Aziza (25 ans), est tomb; en martyr lors de l’op;ration s;curitaire en cours ; Chabbaou et un citoyen tu; par les terroristes lors de l’op;ration de K;bili.
L’encerclement du domicile ; Oued Ellil o; les terroristes sont retranch;s est men; en pr;sence du minist;re public, a-t-il pr;cis;, d;mentant que des civils soient pris en otage par les terroristes.
Il a fait savoir que «la femme qui se trouve ; la maison est l’;pouse du terroriste Hechmi Medini, appr;hend; ; K;bili ».
L’op;ration s;curitaire qu’il qualifie d’action d’anticipation est men;e en ;troite collaboration avec l’Arm;e nationale.
Il a estim; que des tentatives de semer le trouble ; la veille des ;lections ;taient attendues.

 Le grand risque qui guette ces ;lections serait moins li; ; la probabilit; d’un attentat terroriste qu’; une contestation forte des r;sultats du scrutin !… », avertit le politologue Mohamed Kerrou, ; la lumi;re d’un d;cryptage expert du paysage ;lectoral. Entretien 

Octobre 2011, octobre 2014, qu’est-ce qui a chang; en termes d’enjeux ;lectoraux?
La th;matique centrale du d;bat public ne porte plus sur l’identit; islamique comme ce fut le cas en 2011, avec la mobilisation intensive des pratiquants dans les mosqu;es et des protestataires dans l’espace public. Ceux-l; servirent, de toute ;vidence, le camp islamo-identitaire jouant le d;fenseur de l’islam menac; au d;triment du camp s;culariste mis sur le banc des accus;s.
La th;matique actuelle semble plut;t s’orienter vers l’identit; citoyenne avec ce que cette identit; civile implique comme revendication des droits pour le travail et la dignit; et des libert;s mais aussi l’attachement ; la restauration de l’autorit; de l’Etat et la qu;te du consensus national.
La revendication des droits et des libert;s constitue le d;nominateur commun de l’ensemble de la classe politique et de la soci;t; civile. La restauration de l’autorit; de l’Etat est le leitmotiv du discours de Ca;d Essebsi et de Nida Toun;s. La qu;te du consensus rel;ve de la d;marche de Ghannouchi et d’Ennahdha ; d;marche suivie par certains destouriens pr;ts ; s’allier avec Ennahdha au sein d’un gouvernement d’union nationale.
Deuxi;me diff;rence : les acteurs politiques majeurs ne sont pas les m;mes. L’;v;nement remarquable de ces deux derni;res ann;es est l’;mergence de Nida Toun;s comme force politique ayant r;ussi ; r;;quilibrer les rapports de force et ; donner un contenu organisationnel ; la bipolarisation politico-id;ologique entre le bloc islamiste et le camp s;culariste.
L’autre donn;e qui diff;re de 2011 est la « normalisation » de la vie politique par l’int;gration progressive des acteurs destouriens, soit au sein des partis Nida et ;galement Ennahdha, soit dans des partis sp;cifiquement destouriens comme, par exemple, El Moubadra de Kamel Morjane. 
Quant aux similarit;s entre les deux ;ch;ances ;lectorales, elles consistent d’abord dans la bipolarisation politico-id;ologique et dans le risque r;el d’un taux d’abstention ;lev;, en raison de la saturation politique de l’espace m;diatique et du peu d’implication des jeunes dans la vie politique. Or, on sait que «trop de politique tue la politique » et que les jeunes ne se sentent pas concern;s, lors m;me qu’ils furent le fer de lance du mouvement protestataire qui participa ; la chute de l’ancien r;gime. C’est l; un des ;cueils de la transition tunisienne qui se trouve en d;connexion avec le mouvement contestataire et semble, ; la diff;rence de pays de l’Europe de l’Est ou de l’Afrique du Sud, par exemple, discontinue et d;s;quilibr;e sur le double plan g;n;rationnel et sociopolitique.

Quelle est votre lecture du paysage ;lectoral (morcellement des partis modernistes, ru;es sur la pr;sidentielle, fraudes, exacerbation des divisions sur fond de menace terroriste et de crise ;conomique...)? Qu’est-ce qui, selon vous, risque de compromettre le processus ou d’impacter n;gativement les r;sultats des scrutins?
 Il existe objectivement une division au sein du camp s;culariste. Cette division est trop visible pour ne pas ;tre signal;e et analys;e. Tout se passe comme si la le;on de 2011 n’a pas ;t; retenue, ; savoir que la victoire d’Ennahdha n’;tait pas due seulement ; la force intrins;que de ce parti politico-religieux, disciplin; et structur; autour d’un leader, mais aussi en raison de l’;parpillement des voix (65% des voix n’ont servi ; rien) et du taux ;lev; d’abstention, notamment chez les jeunes. Pour 2014, l’Union pour la Tunisie n’a pas tenu ses promesses et, de leur c;t;, les Destouriens ne forment pas un front  uni, loin de l;. Nida Toun;s affronte Ennahdha dans une sorte de duel entre deux grands « partis de masse » alors que les autres semblent plut;t ;tre des « partis de cadres »*, qui ne remettent pas en cause s;rieusement l’h;g;monie des islamistes. C’est le cas de l’UPT (Union pour la Tunisie) qui s’est pratiquement vid; apr;s le retrait d’Al Joumhouri et la d;cision de Nida Toun;s de se pr;senter tout seul aux ;lections, quitte ; former des alliances post-;lectorales. Quant au Front populaire qui accueille de nombreuses tendances marxistes et nationalistes arabes, il semble, malgr; sa capacit; de mobilisation des jeunes ne pas ;tre — en raison de divisions internes et de la d;marche adopt;e par son principal leader en vue de recueillir les parrainages pour la pr;sidentielle — capable d’absorber, ; lui seul, le vote protestataire. Ce vote protestataire c’est-;-dire les voix des citoyens qui ne veulent voter ni Ennahdha, ni Nida s’orienterait vers une troisi;me force (Alliance d;mocratique, UPL, Courant d;mocratique…) qui est difficile ; pr;voir ; l’avance. Les sondages d’opinion ont, ; mon avis, peu de consistance en Tunisie car nous sommes, ; la diff;rence des pays qui poss;dent une tradition d;mocratique, en pr;sence d’une opinion publique peu structur;e et ;minemment volatile, avec une grande proportion d’ind;cis.
En ce qui concerne la ru;e sur la pr;sidentielle, il s’agit d’une op;ration encourag;e par Ennahdha qui veut un « candidat consensuel » afin d’;carter le candidat le plus fort dans les sondages et de neutraliser davantage la seconde t;te de l’ex;cutif. En multipliant les candidatures et en encourageant les plus rocambolesques, le mouvement essaie de d;mystifier la fonction de pr;sident, car m;me sous Ben Ali la magistrature supr;me conservait une certaine aura et le rituel r;publicain ;tait respect; et non malmen; comme cela est le cas depuis trois ans. 
La crise d’autorit; est, ; mon avis, au c;ur de tous les probl;mes de la politique et de la soci;t; tunisienne. C’est pour cela qu’il va falloir effectuer un grand travail sur soi afin de r;parer « l’image du p;re », si nous voulons un jour nous en sortir : sortir des ordures, de la gabegie, de l’incivisme et du terrorisme d;velopp;s sous le gouvernement de la Tro;ka. Ceci dit, le grand risque qui guette ces ;lections me semble ;tre moins s;curitaire — li; ; la probabilit; d’un attentat terroriste — que celui d’une contestation forte des r;sultats du scrutin par suite de fraudes ou tout simplement de comportement de « mauvais perdant » par l’un des protagonistes.

En quoi la bipolarisation, partout en vigueur dans les d;mocraties,  pose-t-elle probl;me dans le paysage politique et social tunisien?
 La bipolarisation est porteuse de tensions politiques, en imposant la logique classique d’ami/ennemi : «Si tu n’es pas avec moi, tu es contre moi». Elle porte ainsi atteinte aux fondements du pluralisme et de la d;mocratie. En plus, la bipolarisation cr;e des blocages au niveau du fonctionnement des institutions. C’est l; d’ailleurs un des enjeux post-;lectoraux les plus importants.
N;anmoins, la bipolarisation qui r;sulte d’un r;;quilibrage de la vie politique pourrait favoriser l’alternance au pouvoir. En somme, la bipolarisation est une arme ; double tranchant et, de toutes les fa;ons, elle est moins un choix que la r;sultante d’un rapport de force politique et d’un processus historique. La domination d’une seule force m;ne, comme on le sait, ; la dictature. L’existence de deux forces impose un ;quilibre qui pourrait, dans le cas du refus de « jouer le jeu », mener au blocage institutionnel et ; la mont;e des tensions et de la violence.
La solution consiste dans le choix consensuel du pluralisme, ; commencer par la cr;ation d’une troisi;me force politique. A ce titre, la double question qui se pose pour le cas tunisien est celle relative ; la nature de cette force : lib;rale ou ;tatiste ? (pro)islamiste ou (pro)s;culariste ?  De la r;ponse, nous pourrions entrevoir la configuration de la vie parlementaire et gouvernementale, apr;s les ;lections de 2014.

Pensez-vous que les programmes des partis et des candidats aux l;gislatives et ; la pr;sidentielle soient suffisamment articul;s aux grands enjeux politiques et strat;giques du pays?
Il existe une id;e r;pandue en Tunisie que les partis n’ont pas de programmes ou que leurs programmes ne cadrent pas avec la r;alit;. Or, il n’y a rien de plus faux et un tel pr;jug; r;sulte souvent de l’absence de curiosit; et, pour dire les choses crument, de la non-lecture.
Au fond, la question n’est pas une question de contenu du programme. Elle est plut;t celle de mise en ex;cution des promesses. A titre d’exemple, tous les programmes promettent de r;soudre la question du ch;mage. Or, le taux de ch;mage ne cesse d’augmenter et il semble impossible de le r;sorber les 5 prochaines ann;es selon le rythme promis de 90.000 cr;ations d’emploi par an. Aucun parti politique ne tient, sur ce plan, le langage de v;rit;. Ne parlons pas du d;s;quilibre r;gional qui, contrairement ; ce que soutiennent les islamistes et les populistes, si peu connaisseurs de l’histoire, n’est pas le produit de l’ind;pendance nationale mais r;sulte d’un processus s;culaire qui commence avec l’arr;t du commerce transsaharien vers le Xe si;cle et continue avec l’importance prise par les ports de la M;diterran;e dans le sillage de la naissance et du d;veloppement du capitalisme, ; partir du XVIe si;cle.
A y regarder de pr;s, les ;lections ne sont pas affaire de programmes qui sont des attentes d’intellectuels et de cadres administratifs, d’esprits cadr;s. Les ;lections rel;vent plut;t de projections, de repr;sentations et de croyances politiques. A la limite, l’;lecteur est ; la fois un calculateur simpliste et un r;veur attach; ; des chim;res et ; des illusions politiques : la fin du ch;mage, la fin de la mis;re... l’essentiel semble ;tre, comme pour la religion, la croyance plus que la pratique, le credo plus que le v;cu, l’;motion plus que la raison. L’;lecteur est un ;motionnel et sa rationalit; est ;motionnellement construite. Au final, les citoyens voteront pour ceux qui leur ressemblent ou pour ceux qui les font r;ver en leur miroitant la fiction de r;soudre ; jamais leurs probl;mes… Au risque de vite d;chanter.

Apr;s le «pr;sident consensuel», le mouvement Ennahdha pr;che pour une coalition post-;lectorale ou un gouvernement d’union nationale. Quel effet peuvent avoir ces sc;narios pr;ts ; appliquer sur la libert; des futurs votes ?
L’id;e d’un pr;sident consensuel n’est d;nu;e ni de pertinence, ni de calculs politiques. La pertinence consiste dans le principe de la repr;sentation de la volont; g;n;rale du peuple, ; savoir que le pr;sident de la R;publique est le pr;sident de tous les Tunisiens. Le calcul strat;gique est de d;mystifier la fonction pr;sidentielle en concentrant le pouvoir au sein du parlement et du gouvernement qui en est issu. Le calcul tactique est de ne pas pr;senter de candidats mais de soutenir certains candidats, quatre ou cinq, qui seront au service du parti islamiste, comme c’est le cas avec l’actuel pr;sident provisoire. Quant ; la coalition gouvernementale future ou gouvernement d’union nationale, elle s’impose d’elle-m;me en cas d’absence de majorit;. Nida Toun;s pourrait gouverner avec ses alli;s et les partis qui lui ressemblent id;ologiquement comme Al Massar, le Front populaire et Afek malgr; les diff;rences doctrinaires au niveau de l’orientation ;conomique (;tatisme vs lib;ralisme).
Ennahdha aura l’embarras du choix ;tant donn; les potentialit;s d’alliance avec des partis comme le Courant d;mocratique de Mohamed Abbou, l’Alliance d;mocratique de Mohamed Hamdi, l’UPL de Slim Riahi…
En cas d’absence de majorit;, un gouvernement d’union nationale entre Nida et Ennahdha n’est pas ; exclure. Il ne s’agit pas d’une alliance mais d’une union pour gouverner et d;bloquer une situation porteuse de crise politique et institutionnelle.
En d;finitive, un gouvernement d’union nationale est une solution louable pour la phase prochaine de transition. Des pays comme l’Afrique du Sud ont r;ussi justement ; s’en sortir gr;ce ; un gouvernement d’union nationale.

Le paysage ;lectoral laisse-t-il d’ores et d;j; entrevoir la configuration des futurs parlement et gouvernement ?
La configuration du parlement sera, ; l’;vidence, domin;e par les deux grands partis que sont Nida et Ennahdha dans des proportions fluctuantes et aux r;sultats encore inconnus, en d;pit des intentions de vote telles que r;v;l;es par les sondages d’opinion nationaux et ;trangers. Et quel que soit le r;sultat du vote pour ces deux grandes formations politiques, tout d;pendra des alliances qui seront nou;es au lendemain de la proclamation des r;sultats. Comme il est fort probable, ;tant donn; le mode de scrutin et l’;tat des acteurs politiques en cette phase de transition, qu’aucune des deux grandes formations n’aura la majorit; absolue pour former le gouvernement, la configuration du parlement et du gouvernement sera tributaire ;ventuellement de la troisi;me force ou, du moins, des partis qui vont s’allier avec le vainqueur pour former une alliance parlementaire et participer au gouvernement.
Reste le troisi;me sc;nario qui est le pire de tous, ; savoir un blocage et une incapacit; ; former le prochain gouvernement. Ce sc;nario pourrait toutefois ;tre d;pass; par un gouvernement d’union nationale ou bien, une autre solution, par la reconduction pour une certaine p;riode de l’actuel gouvernement Jom;a, m;me si la feuille de route du dialogue national stipule son d;part apr;s les ;lections.
En tout cas, le dialogue national va s;rement continuer ; jouer un r;le majeur. Il a d;j; repris depuis peu et les deux grands parrains du dialogue, en l’occurrence la Centrale syndicale et l’Union patronale, continueront de peser de tout leur poids en vue de la r;ussite de la prochaine phase de transition.
*Selon la distinction de Maurice Duverger

• Mohamed Kerrou est professeur de sciences politiques ; l’Universit; de Tunis-El Manar. Il est auteur de plusieurs articles scientifiques et ouvrages dont : «Hij;b. Nouveaux voiles et espaces publics», Tunis, Editions C;r;s 2010. «Public et priv; en Islam. Espaces, autorit;s et Libert;s», Paris, Maisonneuve & Larose 2002
Auteur : Entretien conduit par Hedia Baraket
Ajout; le : 24-10-2014

ÒÓÍÈÑÑÊÈÅ ÕÐÎÍÈÊÈ. 23 îêòÿáðÿ 2014.
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23 îêòÿáðÿ. Äåíü, êîòîðûé ìîã áû ñòàòü «÷åðíûì äíåì» äëÿ Òóíèñà…