Traductions en francais de 11 pieces de Volokhov

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1) CACHE AVEC LA MORT de Mikhail VOLOKHOV
Discours (Cache-cache avec la mort)
Entretien sur la piece de Mikhail Volokhov CACHE-CACHE AVEC LA MORT
2) LE GRAND CONSOLATEUR de Mikhail VOLOKHOV
Les classigues et les consolateurs de Mikhail Volokhov
3) ÑHRONIQUES DE MACBETH de Mikhail VOLOKHOV
‘Les Chroniques de Macbeth’ — Lev Novojenov
4) UN PUTAIN DE SAFARI A ROUBLIOVKA de Mikhail VOLOKHOV
La pie;ce de M. Volokhov “Un Safari a; Roubliovka, putain”
5) KILIMANJARO SUR TES LEVRES — de Mikhail VOLOKHOV
References pour ‘Kilimamajaro’
6) LES BALLES ENROBEES DE CHOCOLAT de Mikhail VOLOKHOV
‘Les balles enrobees de chocolat’ — ce n’est pas pour les cons — Lev Novojenov
7) LE CALVAIRE DE TCHIKATILO de M. VOLOKHOV (texte-film)
       LE CALVAIRE DE TCHIKATILO de MIKHAIL VOLOKHOV
Dramaturge, prosateur, theoricien du theatre Volokhov est…
8) PARIS! PARIS! de Mikhail VOLOKHOV
Notre reponse a Hamlet (critique sur spectacle PARIS! PARIS!)
9) LES LESBIENNES DU BRUIT DE TSUNAMI de Mikhail VOLOKHOV
Critique — Les lesbiennes du bruit de tsunami
10)
Mikhail Volokhov
Lioudmila Gourtchenko vivante
Monodrame
«Lioudmila Gourtchenko vivante», une piece de Mikhail Volokhov
- Article sur la piece -
11)
LES ANGES SONT PARMI NOUS de Mikhail VOLOKHOV
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12) Mikhail VOLOKHOV
La Tulipe et La Feuille de Chene
Illustrations et traduction de Maria VOLOKHOV
Conte
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13) THEATRE DE KAIROS PAR ESSENCE DE M. VOLOKHOV
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14)
Stanislav MERKOUCHOV
La levee des tabous linguistiques et thematiques dans l’;uvre de Mikhail Volokhov (la piece et le film “La Calvaire de Tchikatilo”).
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15)
§3. Mikhail Volokhov: tabou et absurde
Stanislav MERKOUCHOV
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16) STANISLAV MERKOUCHOV — ‘PROBLEMATIQUE DES PIECES DE L’ABSURDE SOVIETIQUES DES ANNEES 1980-90 — MIKHAIL VOLOKHOV’
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17) Lidia Mi;sowska:
'Un dialogue avec l’absurde. Les notes sur la dramaturgie de Mikhail Volokhov'

18)
Sur
une piece de Mikhail Volokhov Cache-cache avec la mort
presentee au Theatre de Gennevillie
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1)

Mikhail VOLOKHOV
CACHE-CACHE AVEC LA MORT
texte francais: Bernard Pautrat



Personages

A R C A D I.
F E L I X.

L'action se deroule de nos jours, dans la salle de garde d'un hopital du KGB ou sont soignes, dans des conditions privilegiees, les membres de cette organisation. Au debut, la scene est plongee dans l'obscurite. Puis entrent Felix et Arkadi, charges de gros sacs. Felix allume l'electricite,
Arkadi l' eteint aussitot.


A R K A D I. Putain, t'es con ou quoi ? Fous d'a'bord la bouffe au frigo !
F E L I X.. Fais pas chier.
A R K A D I. Faudrait d'abord voir qui qui fait chier qui.
( Ils sortent de la nourriture de leurs sacs et la rangent dans le placard et le frigo. Puis ils posent une casserole sur la table, rallument la lumiere. )
A R K A D I. Avec ces salopes de malades toujours la a mater nos sacs ! z' ont rien d'autre a foutre ! " C'est quoi, aujourd'hui, que vous sortez de la reserve ? " Je t'en foutrais, moi... Eux, pasqu'i sont du KGB, i se font des tartines de caviar, mais nous, suffit qu'on pique deux trois livres de choucroute pour qu'i crient au scandale ! Saloperies.
F E L I X. Vingt trente livres, tu veux dire. Le placard ferme meme plus. Ca, quand le chef va passer, mon vieux, tu vas morfler !
A R K A D I. Qu'il aille se faire mettre, le chef kgbite a la youtre ! T'entends ce que je te dis ? je la lui mets, moi ! et bien au fond !
F E L I X. T'en fais quoi, de ton chou?
A R K A D I. Eh, oh ! moi je te cherche pas quand tu te fais les abricots secs. Et le lait par bidons de cinq litres, hein ?
F E L I X. Arrete, ca c'est pour mon ulcere.
A R K A D I. Son ulcere !
F E L I X.. Putain, ce que tu peux etre casse-couilles.
A R K A D I. .T'as voulu etre dans mon equipe, ben c'est comme ca, dans mon equipe ! Mets-toi bien ca dans le cul.
F E L I X. Je vais te dire, ma biche : tu me bottes ! c'est pour ca que j'ai change d'equipe. Tu vois, l'Ukraine, tu peux chouraver ce que tu veux, tu peux meme vendre tout l'hopital, je m'en fous. Seulement tu es, comment je dirais ?.. sous surveillance, pas vrai ?.. pas d'autorisation de residence.. bref, il faut que tu fasses gaffe, non ? Tandis que moi, hein ? je m'en balance moi.
A R K A D I. J'suis peut-etre sous surveillance mais j'suis pas youpin, moi putain ! Oh l'ordure ! Oh putain, un peu qu'il avait raison, Hitler ! Que moi je vous aurais fait cramer, tous les petits youpins kgbites !
F E L I X. Et moi les maffieux ukrainiens ! Et puis pour ce "petits youpins kgbites ", moi j'ai bien envie de te casser la gueule !
A R K A D I. Ah ah ! t'es vraiment juif ! Putain, vous les juifs vous etes des vrais porcs ! on s'enfile un nom russe, hop ! comme une capote, et apres vas-y qu'on encule son petit monde ! Putain, les pedes ! ( Felix se leve brusquement : ) Et pour ce qui est de me casser la gueule, faudrait pouvoir, mon pote. La verite, on peut pas lui casser la gueule, mon pote ! Bon, allez on bouffe.
F E L I X. Mon cul, pauvre con. Attends que je te baise, tu vas voir ! t'arreteras de te branler la tete. OK ?
A R K A D I. Quoi, OK ?
F E L I X. T'as pas trouve de viande ?
A R K A D I. Quoi, de la   viande ? T'en mangeras chez toi, ah, lopette. Ici tu vas faire comme tout le monde, manger la merde maison. Ca te chagrine ? Ils la mangent bien, eux.
F E L I X. Tu parles qu'ils la mangent ! i se font apporter des poulets rotis cuits a la maison !
A R K A D I. D'accord, d'accord, mais ils ont leur salaire de kgbites, eux. Toi, putain, c'est aut'chose, alors fais pas chier. Tu boufferas la merde maison, point final. D ' ailleurs , de la viande, y en a. Sonia en pique pour moi regulierement. Mais toi c'est pas pareil, forcement, toi t'es juif, alors on t'en donne pas. C'est normal.
F E L I X. Sonia t'en donne ? alors elle m'en donnera. Je vais l'attendre au portillon et je t'assure qu'elle va m'en donner !
A R K A D I. D'abord elle passe pas par le portillon et ensuite qu'est-ce que tu crois ? elle a un jules, i te coupera en rondelles. Je te jure, y a un mec il a essaye de la sauter eh ben maintenant il fait des asticots sous terre !
F E L I X. Son jules, je l'encule. ( II Ote le couvercle de l'a casserole.) Putain, t'as mis la viande dans cette choucroute de merde ? mais t' es tare ? Ca manque d'assiettes, dans la maison !
A R K A D I. Pasque Monsieur le Ministre a besoin d'une assiette ! Eh ben si i te faut une assiette, tu te la prends ! Moi je chie dedans.
F E L I X. Tu me les casses, enfifre.
A R K A D I. Attends un peu que je te les casse et tu verras la difference. Mais je commencerai par ta petite- geule de lope.
F E L I X. Et moi je vais te vendre aux kgbites, point final.
A R K A D I. A ton avis, c'est qui qui vendra l'autre ? Pasque tu vois, un mec comme toi, c'est forcement rien qu’un faux derche ! Donner un mec, toi tu t'en branles, meme que ca te fait jouir. Vous etes tous pareils, vous autres kgbites a la youtre ! Les mains trop fines pour aller au charbon, hein les gars ? ce que vous cherchez, c'est le prix Nobel ! Non, moi je vais te dire, Hitler, l'avait drolement raison. Si qu'c'avait ete moi, pareil, hop, a Dachau ! Staline aussi, l'etait dans la bonne ligne,
F E L I X. Staline ! . Mais Staline y a longtemps qui t'aurait envoye en croisiere, eh l'Ukraine
! avec tout ce que tu piques ! Et puis dis, eh, pardon, si on parle de bosser, tu vas pas me dire que tu t'epuises a faire le gardien dans c't'hosto ! Tu fous rien, mon pote ! moi je le sais ! et tu te fais du fric en revendant ta merde !
A R K A D I. Ca, d'abord, c'est normal. L'Etat me vole, je le vole, c'est normal. C'est juste. Et puis t'oublies que le jour je fais le mecano aux taxis. Et figure-toi que si j'avais, je dis bien si j'avais, une baraque comme la tienne, tu pourrais toujours te branler pour que je vienne faire le con ici ! Non mais ! Et ca veut m'envoyer en croisiere ! Dis-toi bien que si je t’avais rencontre, au camp, tu serais pas la a m’emmerder ! Tes tripes je te les aurais fait bouffer ! Ta tige, je te l’ aurais faite bouffer ! Et apres, cloue au plafond par les etiquette !
F E L I X Au goulag, le mariolle, au goulag ! Tu as ecume Kouibychev et maintenant tu passes a Moscou, hein, chacal ? Au goulag !
A R K A D I. Dis, l'intello, c'est pas a toi de decider ou je dois etre. Putain, ou on va ? voila un mec de trents-aept ans, pas de femme, pas de gosse, rien, qu'il a pour lui tout seul une
baraque de trois pieces en plein centre, le pede ! Comment t'expliques ca, toi ? hein ? et pourquoi trois pieces ?
F E L I X. Je vais te le dire, ma biche : dans la premiere piece je te baise, dans la deuxieme je te fais bouffer tes tripes, et dans la troisieme je te cloue au plafond par les etiquettes, c'est simple, non ? Et la, crois-moi, j'y vais a fond ! ta jolie boubouche, ton petit cul mignon, ca y va
! Pendant ce temps-la, bien sur, tu gueules, tu pisses le sang, mais moi, pardon ! qu'est-ce que je bande, putain ! qu'est-ce que je bande !
A R K A D I. T'es vraiment un fumier !
F E L I X. Ca te dirait, l'Ukraine ? D'avoir un baisodrome ? Non, serieux : ca te dirait ? A R K A D I. Forcement, que ca me dirait.
F E L I X. Ben t'en auras pas.
A R K A D I. Salaud ! Et ca voudrait devenir un grand ecrivain russe ! un humaniste ! Ah la charogne. Un sadique, un malade sexuel, voila ce qu't'es ! Va te faire mettre ailleurs. Et puis que je te vois pas tripoter tes poemes ! T'es ici comme pompier, fais ton boulot de pompier, c'est pour ca qu'on te paye. Apres, pendant la perme, que tu tartines ta merde, ca te regarde, mais t'es la pour tirer tes vingt-quatre heures de garde, alors tire-les proprement. Pompier a la con ! Salope d'ecrivain ! Non mais. Je vais t'apprendre le boulot, moi, tu vas voir. Monsieur ecrit ! et quand il ecrit pas, il tape le carton avec les malades et il les ratisse tant qu'il peut ! Faut-i etre salaud ! Des gens qu'ont fait l'Afghanistan, Tchernobyl, tout ca ! des gens qu'ont fait des enquetes ! L'aut’ jour, tu te souviens, celui de Tchernobyl que t'as refait de 350 roubles ? eh bien il est mort !
F E L I X. Ben quoi, il est mort. C'est les radiations !
A R K A D I. Oui, les radiations ! Meme qu'ils l'ont foutu sous quatre metres de terre pour qu'elles ressortent pas.
F E L I X. Ben la ou il est, il en a plus besoin, de ses 350 roubles !.Dis donc, au fait, c'etait pas toi. qu'etais pres de lui quand on tapait le carton ? Peut-et' que t'en as chope une ?
A R K A D I. Une quoi ? une radiation ? Tu crois que ca peut se choper comme ca ?
F E L I X Allez va, l'Ukraine, te frappe pas ! Ces couillons de Tchernobyl en ont pris plein la gueule et pourtant ils font pas dans leur froc. Ou bien serait-ce que les couillona de Kouibychev sont plus trouillards que les couillons de Tchernobyl ? Interessant, comme decouverte, pour l'ecrivain russe que je suis ! Ah l'encule !
A R K A D I. J'ai ete con de la faire avec vous, cette partie. J'aurais pas du. En plus tu m'as refait de cent un roubles, fumier. Un copain de boulot ! Tu m'as refait sans pitie.
F E L I X. Dis donc, c'est toi qu'as voulu la faire, cette partie. C'est toi qui es venu nous demander.
A R K A D I. Seulement quand je t'ai demande j'avais mon falzar sur les fesses et quand je vous ai quittes, j'etais cul nu, voila ! Alors va te faire foutre. Et que je te voie ecrire, putain! ( II mange sa choucroute. )
F E L I X. Et que je te voie piquer dans la reserve, putain ! Je te denonce, parole d'homme. Meme que ca me fera jouir.
A R K A D I. Qu'est-ce que tu dis, pede ? Hein, repete voir ?
F E L I X. Je dis que ca me fera jouir, na biche ! et jusqu'au trognon !
A R K A D I.D'accord, d'accord, ca va comme ca. I faut bien savoir plaisanter, non ? Bon, t'as besoin d'ecrire, eh ben ecris-les, tes poemes de merde. Personne en a rien a branler. Et si tu veux taper le carton, tape le carton. De toute facon y a rien a foutre, alors... Et d'ailleurs t'es un gars qu'on peut lui faire confiance. T'es un pote, quoi. Une petite partie ? va pour la partie, t'es toujours d'accord, c'est sympa. Apres, que tu ratisses l'un ou l'autre, c'est aut’ chose, c'est affaire de chance. Si on veut pas perdre, hein, faut pas y aller, forcement. On est libre. D'ailleurs des fois Sacha i te gagne !
F E L I X. Ah Sacha ! c'est un mec, Sacha ! Tu vois, suffit que j'y dise un mot et i te coupe en rondelles ! aussi sur que 2 et 2 font 4 !
A R K A D I. Ah bordel oui, Sacha, ca c'est un super mec. Sacha l'intrepide !
F E L I X.C'est fou ce qu'elle pue les gogues, ta choucroute, mon pote ! Et la viande, putain! elle a pris l'odeur, putain ! Je vois vraiment pas quoi faire de toi, putain, a part t'envoyer au goulag... Ou Sacha, peut-etre, pour t'apprendre a vivre ?
A R K A D I. T'as raison, Felix ! Je sens bien que t'as raison. J'aurais pas du la mettre avec. C'est con, hein ? Ca, elle sent la merde.
F E L I X. Elle sent la merde mais tu la manges ! un vrai Gargantua.
A R K A D I. Qui c'est, cui-la ?
F E L I X. Laisse tomber, va, ce serait trop long.
A R K A D I. T'as raison, t'as raison, je pigerais surement pas. Tu vois, moi je suis un homme du peuple. Je suis le peuple, putain. Et toi tu ecris pour le peuple. Seulement putain, quand i te pose des questions, le peuple, toi t'es occupe. Bon d'accord si t'es occupe t'es
occupe ! C'est vrai, p't'et que t'es un genie national, hein ? P't'et' qu'i te faut chaque seconde a toi pour concourir le prix Nobel, possible. Moi je comprends ca. J'suis un type ordinaire, Felix. Vous autres les juifs, c'est pas pareil, vous avez besoin de faire du fric sur le dos du Russe ordinaire, de l'Ukrainien ordinaire, et evidemment ici ca va pas chercher loin avec les cent roubles de la Securite, je comprends bien tout ca ! que tu nous ratisses, nous les hommes ordinaires, c'est normal ! surtout si on joue a la reguliere ! Mais quand meme, tes poemes a la con, franchement ? qu'est-ce qu'on en a a foutre ? Tu le dis toi-meme, on les publie pas. Enfin c'est ton probleme. Mais tu gaches le papier. Putain, tu sais ce que tu devrais faire, plutot ? M'acheter Kacha ! mon canari ! Tu sais, celui qui chante si bien ! ah le salopard, ce qu'i chante bien ! Un petit canari de rien du tout mais alors pardon ! quand i chante , je vais te dire, c'est de l'art que c'en est un regal ! bandant, putain ! Toi, c'est que dalle a cote. Ou alors i faudrait que t'expliques.
F E L I X. Voila qu'il s'interesse a l'art, maintenant ! ARKADI. Ben quoi, tu m'en crois pas capable ?
F E L I X. Eh bien, nais je vais te l'expliquer, mon art ! C'est demande si gentiment ! A R K A D I. Ca, ca fàit plaisir a entendre.
F E L I X. Bon. Je suis pas le premier a etre ecrivain, hein, l'Ukraine ? D'accord ? A R K A D I. D' accord.
F E L I X. Et toi t'es pas le premier con a chier sur ce que j'ecris, hein, l'Ukraine, d'accord ?
A R K A D I. Ah ca non, alors ! Le premier c'est Hitler ! Putain, moi je te le dis, il avait raison, Hitler ! entierement raison ! que ca te plaise ou non, l'ecrivain, il avait raison, Hitler !
F E L I X. Tu vois, moi, si j'ecris, c'est precisement pour qu'il y ait moins de minables comme toi sur terre.
A R K A D I. Seulement moi je suis le lecteur et le lecteur i ta dit que les youpins comme toi, youpin, i faudrait les exterminer. (On entend un bruit de moteur. ) Va ouvrir, v'la le boss.
F E L I X. Je suis pas paye pour faire le flic, l'Ukraine.
A R K A D I. Putain, quel silaud ! Pompier d'Abraham ! ( II sort, fait rentrer la voiture du medecin-chef, puis rentre. ) Attends un peu, pompier de mes fesses, attends un peu qu'y ait le feu et tu verras si je m'en occupe ! Synagogueman de gogues !
F E L I X. Dis donc, mec, si t'as trois jours de perme chaque semaine c'est parce q'ue tout portier que tu es, je t'ai fait affecter aux pompiers, alors hein ! Moi ton portail, qu'est-ce qu'i me rapporte ?
A R K A D I. L'aurait pu ce rapporter ma consideration, youdi !
F E L I X. Ta consideration ?! mais je chie dessus, eh houseux, malfrat !
A R K A D I. Toi, eu peux t'attendre a cramer, mon petit Abraham ! aussi sur que 2 et 2 font 4 ! Tu vas voir, tu vas voir ! J'attends qu'y ait un peu de vent et hop ! Tu t'es jamais demande ce qui se passerait si tout ca flambait ? l'hopital, tous les kgbites, et ce materiel d'importation qu'ils achetent en dollars ? non ?
F E L I X. Vas-y, fous-y le feu si ca te chante. Moi il suffit que je bigophone aux pompiers en ville.
A R K A D I. Putain, t'as bien un juif ! pour te tirer des pattes, ca oui, tu t'y entends ! F E L I X. Un sale petit juif.
A R K A D I. De quoi ?
F E L I X..Je vais te dire, bouseux : leurs mouchards et leurs tueurs, toutes ces ordures du KGB, leur hosto top-secret, ils peuvent cramer tous tant qu'ils veulent ! Que dis-je ? il faut qu'ils crament, d'un bon petit feu de chez nous ! sinon tu vas les retrouver en enfer en train de coffrer les diablss !
A R K A D I. Dis donc, t'as pas peur de me bonnir tout ca, youpidou?
F E L I X. Et toi, t'as pas les foies de m'entendre dire tout ca ?
A R K A D I. Ah, ca t'as de la ressource ! ca on peut pas dire ! C'est un vrai plaisir, de faire la causette avec toi. Parce que sinon, ce qu'on s'emmerderait, hein ? Dommage que Maria ait quitte le service. Tu te l'es faite, au moins, la connasse ?
F E L I X. Je me fais qui je veux, mon pote.
A R K A D I. Putain quoi, tout le monde se l'est faite ! y a que Monsieur qui fait le degoute ! Meme sur cette question i faut que tu te distingues. Ah oui, j'oubliais : Monsieur emmene les petites infirmieres bien desinfectees dans son baisodrome de trois pieces et la il les cloue au plafond par les etiquettes et ensuite hop ! il les ramone, hardi petit ! par tous les trous ! C'est bien ca ? Dis donc, tu m'as bien dit que le baisodrome, i te vient de ta grand-mere ? Tu m'as pas dit ca ? Ah les memes ! C'est que ca aime bien les champignons, les memes, pas vrai ?
F E L I X. Qu'est-ce qu'on s'en fout !
A R K A D I. Non parce que, une meme, si elle en mange un qu'est pas bon, c'est vachement dur de prouver qu'on l'a assassinee.
F E L I X Je me doutais bien que t'etais comme ca.
A R K A D I. Tu t'en doutais ?
F E L I X. Je m'en doutais.
A R K A D I. Ce qui fait que maintenant t'as le baisodrome. Gratuit. Un building. Tu les cloues au plafond..
F E L.I X Par les etiquettes, exact.
A R K A D I. Et dans tes poemes, tu dis comment que tu l'as empoisonnee, meme ?
F E L I X. Bien sur, mon vieux, bien sur. Tu vois, Dostoievski a fait un truc dans le genre et moi je remets la gomme.
A R K A D I. Ben si c'est ca, mon petit Felix le youtre, toi qu'es un grand ecrivain sovietique, est-ce que je peux te poser une question ?
F E L I X. Ben evidemment ! Un grand ecrivain sovietique, c'est ouvert a toutes les questions. Alors ?
A R K A D I. T'as pas la bite enflammee, a force ?
F E L I X. Ah voila une question qu'elle est socratique ! on peut le dire ! Permets donc que j'te fasse une reponse aussi socratique.
A R K A D I. Je t’ecoute.
F E L I X. Ma bite, vois-tu, mon cher Socrace, aime beaucoup lacher sa puree.
A R K A D I. Putain tu vois, je te regarde et je me dis : putain, une merde juive comme ca, j'avais jamais vu ca ! Vraiment ! je te le dis en ami !
F E L I X. Et moi c'est pas d'aujourd'hui que je te le dis, l'Ukraine : un etron comme toi,jamais j'aurais cru que notre mere Nature pouvait en chier un.
A R K A D I. Tu veux que je te bute, dis, tu veux que je te bute, youpin ?
F E L I X. Fais gaffe que ca soit pas moi ! ( On entend couiner des chiens. )
A R K A D I. Evidemment t'as rien laisse aux chiens, entends-les qui gueulent !
F E L I X. La viande, mon coco, c'est bon pour la bite. Et puis comme ca ils s'endormiront pas, les clebards. Ils feront ton boulot et toi tu pourras dormir, en infraction complete avec le reglement.
A R K A D I. Oh ! eh ! toi aussi t'en ecrases ! en infraction complete avec le reglement...
F E L I X. Moi c'est pas pareil. J'ai une alarme automatique, moi, j'ai une sirene ! J'en ai rien a foutre, de tes clebs !
A R K A D I. Qu'on me les coupe si t'es pas une merde, pede ! Tout bouffe la viande, putain... Tolstoi par exemple il en bouffait pas mais n'empeche qu'a soixante berges il etait encore chaud, i faisait des gosses a sa femme ! En plus, soit dit en passant, super grand ecrivain, Tolstoi !
F E L I X. Et toi non plus tu bouffes pas de viande, n'empeche que tu restes un pauv' con. A R K A D I. Cause toujours, tu m'interesses.
F E L I X . Et d'abord d'ou tu sais que Tolstoi bouffait pas de viande ?
A R K A D I. D'ou je le sais ? Ben figure-toi qu'a notre depot de taxis y a un autr ecrivain, ouais ouais. Un qui s'est fait pompier, lui aussi. C'est marrant ? Lui aussi il ecrit des poemes a la con. Seulement lui, ca l'empeche pas de rendre service, d'ouvrir le portail quand il faut. Et la grosse secretaire, Lucie, tout le monde l'a baisee, eh ben lui aussi, tu vois ? Tandis que toi t'es la, t'en fous pas une rame, l'Etat a raque je ne sais combien pour lui, et monsieur veut devenir Soljenitsyne, carrement ! Voila ! Il zigouille meme, il se fait pompier histoire de rien foutre, il s'envoie les petites infirmieres, il fauche du lait, de la viande, il tape le carton pour ratisser les camarades et enfin il bricole une merdouille poetique antisovietique pour, comme il dit, " soigner son ame calcinee " ! Ouais ouais, c'est ca que tu m'as dit ! Tu vois, ca, Felix, c'est typiquement le coco sovietique a abattre. Au poteau direct ! T'es pas d'accord ? Plutot que de te fourguer la monnaie ! Non ? Ce qui te faudrait, tu vois, c'est qu'i t'envoyent dans une mine d'uranium, Ca ferait de toi un homme, moi je t'assure. Et puis d'abord pourquoi que t'es pas en Israel ? Eux non plus z'ont pas besoin de toi, hein, c'est ca. Des mecs qui chient des vers, il en manque pas, la-bas. Z'attendent pas apres toi. Et puis d'ailleurs i te laisseraient pas sortir. Tu comprends, nous, les mecs qu'on soigne ici, c'est tous du KGB, alors forcement nous aussi, on est comme qui dirait des agents tres speciaux. On detient dss secrets d'Etat ! Affirmatif ! L'existence de l'hosto est un secret d'Etat ! Et comment, qu'on est un organe parallele ! C'est pas demain qu'i viendra un merdeux ordinaire se faire soigner ici. Que des huiles. Faut croire que leurs enfants connaissent pas trop les champignons. Enfin... Dire que dans le temps, ici, y avait un village russe. Z'ont rase toute cette merde. Enfin...
F E L I X. Z 'ont eu peur que ca cause. La propagande imperialiste !
A R K A D I. Enfin ce qu'y a de bien, c'est que t'iras pas en Israel. C'est meme pas la peine que tu fasses la demande.
F E L I X. T'es sur que je veuille y aller ?
A R K A D I. Mais qu'est-ce que tu fous ici ? Tes poemes, on s'en fout, on les publie pas. Ton boulot d'ingenieur, c'est fini. Ton boulot de pompier, c'est de la merde. T'es un intello, t'es maboul et en plus t'es juif. Tu vas voir que les patriotes, les vrais Russes, vont te serrer le kiki
! Et ca serait que de moi, vous autres, tous les juifs, hop ! a la casserole, et sans discuter. Tous a la fois ! Hop ! Toute cette sale race marxiste ! Ah ! t'as eu tort, youpin ! Fallait te tirer plus tot ! C'est dommage, c'est dommage. Tu verras, tu te souviendras de ce que je te dis, mais i sera trop tard.
F E L I X. Tu vois, Arkadi, vivre ne me fait pas peur. Du pognon, j'en ai. Pas qu'un peu. Et puis moi je vais te dire : aller liquider des gens de l'autre cote, j'ai plus gout a ca.
A R K A D I. Quoi ? qu'est-ce tu dis ?
F E L I X. Mes couilles le temps se brouille ! Allez, au boulot. On fait une partie ? A R K A D I. D'accord. Tu m'achetes mon piaf ?
F E L I X. II chante bien ? A R K A D I. Bandant !
F E L I X. Et il coute combien ?
A R K A D I. A toi je te le fais 55 avec la cage. Elle en vaut au moins 15.
F E L I X. Qu'est-ce que t'as a me mater comme ca ?
A R K A D I. Comment, comme ca ?
F E L I X Comme une pucelle devant un gode.
A R K A D I. Quoi ? ( II rit. ) Putain moi je boirais bien un coup ! S'i pouvait y avoir un macchab, ca serait pas de refus. Tu vois, Felix, je vais te dire : moi si je t'ai a la bonne, c'est pasque le premier jour tu m'as donne la main pour vider les macchabs et qu'en plus, en plus, tu me files ta ration de gnole. Ca, putain, c'est sympa.
F E L I X Avec mon ulcere...
A R K A D I. Quand meme ! Je vois pas comment tu peux ecrire, si tu picoles pas. I suffit pas de jacter comme une fleur de goulag, pour devenir ecrivain ! Et puis d'abord est-ce que t'as fait de la taule, hein ? T'en as fait ? Pour quel motif ?
F E L I X. Un truc avec du raisine, mon pote ! du classique. ( II sort un jeu de cartes et le pose sur la table. )
A R K A D I. ( prenant le jeu en mains ) Putain, des bremes neuves ! ca nous change. Tu t'es fendu de combien ?
F E L I X. Et si c'etait toi qui te fendais, de temps en temps ? Peigne-cul !
A R K A D I. Moi mon vieux, je suis pere de famille, j'ai besoin d'argent, tu piges ?
F E L I X. Je pige. ( II mise un rouble. ) Un rouble. Si on demandait a un ou deux clients ? ou bien a ceux de l'infirmerie ? a Sacha, tiens !
A R K A D I. Q'ils aillent se faire mettre. Ca va gueuler, va y avoir des megots partout, non non. Et Sacha va nous ratisser.
F E L I X. Alors c'est moi qui vais te ratisser.
A R K A D I. Boh, a deux ca va pas chercher loin. Un rouble. ( II mise. )
F E L I X. Eh ben essayons.
A R K A D I. Cui qui ramasse c'est toujours celui qu'a le plus de pognon au depart. F E L I X. T'as des dollars plein les fouilles, tu dis ?
A R K A D I. Fais pas chier. Qui donne ? ( II tire une carte. ) Dix de coeur. Putain, je suis sur qu'i va tirer un as, j'en suis sur !
F E L I X. Sur. ( II tire. ) As de pique. Je donne.
A R K A D I. Putain, j'en etais sur. Arnaqueur ! Plafond a 10 roubles.
F E L I X. Pourquoi pas 100 ? T'es plein aux as, ce soir.
( II distribue les cartes une par une, trois par joueur)
A R K A D I. Ca se fait pas, de compter le fric des autres. 10. ( II mise 10 roubles. )
F E L I X. A 10 roubles je suis toujours d'accord. ( II mise 10 roubles. )
A R K A D I. T'as bien dit : plafond a 100 roubles ?
F E L I X. 100, si tu veux.
A R K A D I. Pasque si c'est 100, va pour lOO. J'en remets 10, tiens ! ( II remet 10 roubles. )
F E L I X Sans moi. ( II jette ses cartes. )
A R K A D I. Bon, on fait un pot. On y va a 50 ?
F E L I X. On y va. ( Tous deux misent. )
A R K A D I. Je t'adore quand tu perds, mon petit youpinet. ( II donne une a une trois cartes a chaque joueur. )
F E L I X. Et moi aussi, je sais pas pourquoi mais qu'est-ce que tu me plais, putain !.. 10 ! ( II mise. )
A R K A D I. Ah la charogne, i veut me baiser ! La pute .' Et 25 , ca te va ? ( II mise 25. )
F E L I X. La ou l'Ukrainien passe, le pauvre juif trepasse ! 25 ! ( II mise. )
A R K A D I. Ah c'est comme ca ! Je monte ! 50 ! ( II mise 50. )
F E L I X. Y vais-je, ou n'y vais-je pas ? J'y vais-je. ( II mise 50. ) Dis donc, mon salaud, c'est vrai que t'es plein aux as !
A R K A D I. Et pourquoi qu'y aurait que toi qui serait plein aux as, he, Rothschild ? Alors t'ouvres ?
Ca n'est pas ouvert.
A R K A D I. Putain tu veux la mort du juste ! 50 ! ( II mise 50. )
F E L I X. Tu sais bien qu'a 50 j'ouvre jamais le premier. ( II mise 50. )
A R K A D I. Je sens que tu vas me baiser, youpin, je sens ca. C'est ouvert. 30 a coeur. F E L I X. 30 a carreau. ( Ils abattent leur jeu. )
A R K A D I. Putain, beau coup ! Qui donne ?
F E L I X. ( Tirant une carte ) Dix.
A R K A D I. Et je vais faire moins, bien sur ! ( II tire. ) Qu'est-ce nue je disais ? le 6 ! tu me baises !
F E L I X. On y va, encule ? ( II donne. ) Parole.
A R K A D I. 50. ( il mise. )
F E L I X. Bien pete. 100. ( II mise. )
A R K A D I. T'as du cul, salope ! T'as au moins 30 points sur ce coup. 100 de plus. (II mise.)
F E L I X. Ouh la gueule qu'il fait ! T'as tire le brelan ? Putain on dirait Mussolini ! Je suis. ( II mise. )
A R K A D I. Tu sais, ce pognon, je m'en fous, j'en ai rien a branler. ( II mise 100 de plus. )
Mon cul me dit que tu vas encore m'avoir ! Putain, i va me baiser !
F E L I X. He ! un juif qui baiserait pas un ukrainien, ca serait pas un juif ! ( II mise 100. )
A R K A D I. C'est ouvert, bordel ! ( II rajoute 100. ) 32.
F E L I X. Ah, 33.
A R K A D I. Oh le youpin ! la pute ! je me suis fait enculer ! 500 roubles en pas cinq minutes
! Fais voir un peu les bremes ! ( II les examine. ) Putain, trois as en main tandis que moi : le joker, l'as et la dame de pique ! La pouffiass? ! ( II la jette sur la table. )
F E L I X. On remet ca ?
A R K A D I. Va te faire voir, putain, va chier ta poesie de sale juif a la con !
F E L I X. Ben quoi, faut pas te frapper. Tu te rattraperas a ton prochain service. Tu sais l'argent, finalement, c'est jamais que de la merde en papier.
A R K A D I. 500 roubles de merde en papier ! en pas cinq minutes ! Putain ici, i me faut six mois pour gagner cette merde ! Et toi, ca te fait jouir ! Tu mouilles dans ton froc !
F E L I X. Je te l'ai dit, pour moi tout ca c'est de la merde. C'est pour ca que je gagne. L'argent va a ceux qui s'en foutent.
A R K A D I. Et moi, je m'en fous pas, p't'etre ? Je viens de perdre 500 roubles en pas cinq minutes ! Non non, je vais te dire : tu gagnes, pasque t'as pas de gonzesse !
F E L I X. Comment pas de gonzesse ? Mais j'en ai des tas, de gonzesses ! Elles me sucent, je les encule, tout va bien, mon petit. Enculer pour de vrai, je veux dire. Enculer un etre vivant, tu peux pas savoir ce que c'est jouissif ! Tu peux pas savoir ! Primo, putain, c'est doux. Deuxio, ca te serre la bite tres fort.Tertio,tu laches la puree ! Putain, quel pied !
A R K A D I. Ouais, c'est pas mal, on sent bien la manoeuvre.
F E L I X. T'as essaye ?
A R K A D I. Putain non ! je vais essayer ! a l'instant ! Je t'etrangle et j'essaye, nom de foutre!
F E L I X. Tu oublieras pas ? Chose promise, chose due.
A R K A D I. Putain, quel con je fais d'etre venu ici paumer tout mon pognon, mais quel con! A Kouibychev, avant, la j'avais du pognon !
F E L I X. T'etais brule la-bas, t'es venu ici, tout ca c'est reglo.
A R K A D I. Un fourgon de patates par jour, que je recuperais ! 1000 roubles a chaque fois ! F E L I X. Remarque, 500 roubles en pas cinq minutes, c'est pas mal non plus.
A R K A D I. D'accord, c'est impec ! impec ! L'argent je m'en balance. J'suis dans la merde, j'suis dans la merde, c'est tout. Y a pas de quoi en faire un drame. Toi, tu te serais deja fait sauter le caisson. Y a qu'un truc que je regrette, c'est que ce soit un minable comme toi qui me pique mon pognon.
F E L I X. Bah, le fric, tu sais, ca va ca vient. Ces 500 roubles, pour les trouver, t'avais pas du forcer ?
A R K A D I. Ces 500 roubles, je les ai gagnes sur un tres joli coup ! Un coup elegant, Monsieur ! Pas plus tard qu'hier, et c'est pas toi qu'en aurais fait autant, intello de mes deux !
F E L I X. Ca j'imagine, c'etait un joli coup. C'est pas en faisant le zouave ici pendant six mois, ah ca non !
A R K A D I. Va te faire foutre, pige ?
F E L I X. Je pige rien du tout.
A R K A D I. Et si je te foutais sur la gueule, tu pigerais pas mieux ?
F E L I X. Et si moi, je te foutais sur la gueule ? Hein ? Un coup de pelle ? de pic ? un coup d'extincteur ? C'est fou ce que j'en ai, des outils, pour lutter contre l'incendie. Contre l'incendie ukrainien ! Ou bien simplement un coup de lame, surin, rasoir, ad Libitum.
A R K A D I. C'est quoi, toutes ces conneries, youpin?
F E L I X Conneries ? quelles conneries ?
A R K A D I. Buter un mec. T'en serais capable ?
F E L I X. Pourquoi ? pas toi ?
A R K A D I. C'te question ! Je vois pas.
F E L I X. Dis donc, c'est toi qui me fais chier avec cette question.
A R K A D I. Je te demande seulement quelle merde t'as en tete.
F E L I X. Parce que toi, t'en as pas une en tete? Dis, tu me prends pour un con! A R K A D I. C'est pourtant comme ca. Arrete de faire chier.
F E L I X. Dis donc, t'es au courant qu'hier on a bute un juif sous la voute du building ? Hier matin, sept heures. Il faisait encore nuit.
A R K A D I. Je suis au courant de rien.
F E L I X. Juste a cote... T'as rien entendu ?
A R K A D I. Tu veux dire dans la tour ? Non, j'ai rien entendu. On a bute un juif ? F E L I X. Un sale petit juif. C'est un fait.
A R K A D I. Ben si c'est un fait ca fait un juif de moins. Une charogne de moins. F E L I X. Ouais, a force d'en croquer avec le KGB, tac, il y est arrive.
A R K A D I. Comment tu sais qu'il en croquait ? Tu dis n'importe quoi.
F E L I X. C'est que moi je ne suis pas un pauvre petit peigne-cul, moi Monsieur ! je suis ecrivain, moi Monsieur, et je connais du monde !
A R K A D I. Et puis d'abord pourquoi qu'il en aurait croque ? hein ?
F E L I X. Fallait le lui demander a lui. Il parait que tout d'abord il trafiquait dans le livre : il photocopiait des bouquins, des trucs interdits, et il les revendait. Nietzsche, Freud, Berdiaev, Soljenitsyne, tu vois le genre que je veux dire ?
A R K A D I. Soljenitsyne, je vois.
F E L I X. Apres,ils l'ont pris par le cul et lui ont mis le marche en main : ou tu travailles pour nous ou c'est la Kolyma. Tu vas voir ! La mine d'uranium ! Alors, bien sur, il a marche.
A R K A D I. II a marche comment ?
F E L I X. II a marche. Il a balance ses copains.
A R K A D I. Putain, le fumier ! Remarque que ses copains ca devait etre aussi des fumiers. Pour moi dans le bouquin c'est tous des fumiers. Y en a un, j'y ai achete une fois Monte-Cristo d'Alexandre Dumas, i me l'a fait 40 roubles ! Pour moi c'est tous des fumiers.
F E L I X. Pourquoi tu sues, comme ca ? T'es pas bien?
A R K A D I. Non, pourquoi ? ca va. J'ai pas l'air bien ?
F E L I X. Remarque, au bout d'un moment on s'y fait. C'est quand t'as pris le service, ca se voyait vachement plus.
A R K A D I. Quoi donc qui se voyait vachement plus ?
F E L I X. Ben je sais pas, t'as les mains qui tremblent. Et puis la voix, aussi. Comme si elle etait mal huilee, mal rincee. Qu'est-ce que t'as, l'Ukraine ?
A R K A D I. ( se raclant la gorge ) Non, c'est qu'hier, avec les potes, on a pris une de ces bitures ! carabinee ! J'ai la voix rincee plutot trop que pas assez !
F E L I X. Hier ? Et quand ? Apres ?
A R K A D I. Ben evidemment. ( Un temps ) C'est-a-dire que quand on a su qu'ils avaient bute un sale petit juif dans le building d'a cote, forcement on est alle voir et ensuite on a pris une petite biture. Putain tout ce raisine qu'y avait ! t'aurais vu ! la mer des Bermudes ! Ils te l'ont repasse au coupe-chou, putain, il a pas du souffrir ! T'es d'accord ?
F E L I X. Je suis d'accord. Et ca t'a plu, de voir comment ils avaient repasse le type ?
A R K A D I. Le juif, tu veux dire ? Ben c'est toujours interessant, de voir les choses, non ? Y avait un monde fou. Le sang, la merde, la mort, tout ca c'est interessant.
F E L I X. On est bien tous pareils. Raskolnikov aussi. Fallait toujours qu'i revienne sur les lieux, apres.
A R K A D I. De quoi ? F E L I X. Rien rien.
A R K A D I. Et puis d'abord t'y etais aussi. Je t'ai vu.
F E L I X. Oui oui, meme que tu m'as montre du doigt a tes potes, je t'ai vu.
A R K A D I. Alors pourquoi t'es pas venu nous trouver ? J'aurais fait les presentations. Mais non, les sales juifs, ca ne frequente pas le populo !
F E L I X. Alors, c'est apres, que vous avez pris cette fameuse biture ?
A R K A D I. Ca pour etre fameuse elle etait fameuse ! J'ai pas emerge de la journee.
F E L I X. Ce qui fait que le matin vous etes alles voir le macchabee juif et ensuite vous vous etes bourres la gueule, c'est bien ca ?
A R K A D I. C'est ca.
F E L I X. Et ensuite t'as pas emerge de la journee.
A R K A D I. Et puis, ca t'emmerde ?
F E L I X. Et alors comment tu t'as fait 500 roubles, justement hier ? 500 roubles sans sortir des vapes ? T'es vachement mariolle.
A R K A D I. Dis donc, t'as fini de jouer au flic !
F E L I X. Je suis pas bon, comme flic ?
A R K A D I. Putain de youpin, tu me les casses ! Tu me les casses enormement ! Tu m'as refait de 500 roubles, alors fais pas chier. Qu'est-ce que tu veux ? Tu veux que je te laisse ecrire ta merdouille ? Ecris ta merdouille ! Mais a moi tu me fous la paix, compris ?
F E L I X. J'ai plus envie d'ecrire ma merdouille. J'aime mieux faire la causette avec toi, l'Ukraine ! A coeur ouvert !
A R K A D I. Tu parles d'une causette ! tu me gueules apres comme un clebard ! F E L I X. C'est toi qu'as commence.
A R K A D I. Ca, ca reste a voir. Putain, t'as un de ces caracteres ! Une vraie fleur de goulag
! Remarque, le caractere ca va, mais c'est tout le reste ! Escuse-moi de te parler comme ca mais pour le reste t'es vraiment un pauvre type. T'es un intello, tu fais ta merdouille que personne en a rien a branler, vraiment, non, je pige pas. Tu picoles pas, t'as pas baise Maria. Tu fais bande a part, quoi. Puis quant a dire que ce juif en croquait, le KGB il embauche pas les juifs.
F E L I X. Quand ca urge, ils embauchent de tout. Meme des mecs de la CIA. T'as pas vu ca a la tele? Ils l'ont montre. T'ecoutes pas la politique ?
A R K A D I. Ah ouais, j'ai vu ca. Un mec de la CIA.Vendu au KGB ! Putain faut etre gonfle.
F E L I X. Oui, vachement gonfle. Mais toi, comment ca se fait que tu chies dans ton froc ?
A R K A D I. De quoi ? Et pourquoi que je chierais dans mon froc ?
F E L I X. Ben parce que c'est toi qui l'as travaille au rasoir, ce sale petit juif. A R K A D I. Quoi ?
F E L I X. Oui, ben et apres ? T'as pas de raison de chier dans ton froc. Tu l'as refroidi, tu l'as refroidi, du classique ! sovietique classique ! Non ? Tout ca c'est reglo.
A R K A D I. Putain, c'est toi que je vais refroidir, salope ! Je vais te buter, pede !
 
( II se jette sur Felix, qui le renverse d'une prise de karate.)

F E L I X. Eh ben, l'Ukraine, on a glisse ? ( II rit. ) Et remercie moi de l'avoir fait en douceur.
A R K A D I. Qu'est-ce que je t'ai fait ? ( II se releve. ) Comment tu sais tout ca ?
F E L I X. Tres simple. Je suis du KGB. En plus, tu me plais, ma biche.
A R K A D I. Du KGB, tu parles ! KGB mon cul, oui ! T'essaies de me faire porter le chapeau pour le macchabee juif mais t'y arriveras pas, moi je te le dis ! Cette sale pedale, du KGB ? A d'autres, mon pote, a d'autres !
F E L I X. Ouais, il etait du KGB, tu vois, et puis apres il est passe a la CIA. Il a vendu ses potes contre des dollars, c'est marrant, non ? Evidemment on pouvait pas laisser faire. C'est moi qu'on a charge du boulot. Et moi je t'ai refile le bebe, tu piges ? Si bien que maintenant t'es un pote a nous. Et tu trouves le moyen de raler ? L'ingratitude humaine...
A R K A D I. Tu m'as refile aucun bebe, salope.
F E L I X. Non non, juste une enveloppe. 500 beaux petits roubles dans ta boite aux lettres.
A R K A D I. Putain ! ordure fasciste ! je vais te tuer, bordel !
F E L I X. Je savais bien que ca marcherait comme sur des roulettes. Avec un raciste dans ton genre. Un patriote ! T'as garde ma bafouille ou bien tu l'as foutue aux gogues ?
A R K A D I. Je l'ai brulee, putain.
F E L I X. Dommage, elle etait bien tournee. ( II recite ) "Cher Arkadi. alias l'Ukraine, je suis sincerement desole mais voila, j'ai joue ta tete avec un caid et tu as perdu. Je te propose donc un echange, macchab pour macchab : va couper la gorge a Gricha, le sale petit juif du 6 de la rue Ouchakov, appartement 18, et tu recevras 500 roubles. Sinon, c'est toi qui y auras droit. P.S. Gricha part au boulot a sept heures le matin. Signe : Un Afghan qui a paume aux cartes mais qui se souvient d'un Ukrainien un certsin jour dans un certain tribunal et qui n'est pas pres de l'oublier. " N'est-ce pas qu'elle etait bien tournee ?
A R K A D I. Ouais ouais.
F E L I X. Remarque, l'avoir brulee, c'est du travail de pro. Y avait quand meme du style, non ? Toi qu'arretes pas de faire chier sous pretexte que ca ne sert a rien, la litterature, tu vois : ca sert a ca, c'est ca, l'art, bordel.
A R K A D I. Bon d'accord, tu m'as foutu les jetons, et alors ? Putain, les Afghans, on sait que c'est des tueurs !
F E L I X. Des tueurs, des tueurs... Qu'est-ce que tu veux, une fois rentres a la maison, fallait bien qu'ils trouvent un petit job ! L'habitude de tuer, ca se prend vite. Toi, par exemple, qu'as meme pas fait l'Afghanistan, tu t'en es vachement bien tire ! alors eux, tu penses.
A R K A D I. Et puis cette histoire de tribunal, d'accord j'ai temoigne contre un de ces salopards mais putain ! il avait egorge un de nos chauffeurs pour lui piquer la monnaie !
F E L I X. Je sais. Tu vois, t'aurais pas du me raconter tout ca.
A R K A D I. Tu sais ce que t'es ? une merde ! une pourriture de merde !
F E L I X. Eh ben toi non plus t'es pas un cadeau. D'une oreille a l'autre, qu'il avait le sourire, ce pauvre petit juif. Comme si t'avais fait ca toute ta vie. T'as pas trouve ca dur ?
A R K A D I. Quoi, dur ? Je me suis tape quelques canettes et quand je me tape quelques canettes, apres je me fous de tout. Quelques canettes, pas plus. Ensuite alors oui, ensuite je me suis bourre la gueule. C'est que tu comprends, moi j'ai une femme, deux petites filles, alors je me suis dit : putain sans moi, qu'est-ce qu'elles vont devenir ? Et m'adresser aux flics, je pouvais pas ! c'aurait ete pire ! Alors voila. C'est comme ca que j'ai vu les choses.
F E L I X. Je savais que je pouvais compter sur ta vue familiale des choses.
A R K A D I. T'es qu'un sale nazi ! A cause de toi j'ai zigouille un juif. En plus ca m'a rien fait.
F E L I X. Je sais.
A R K A D I. Comment, tu sais ? T'en as zigouille, toi, des mecs ? Quels mecs ? Des juifs, aussi ?
F E L I X. Ceux que j'ai zigouilles, mon pote, ne sont plus ni vivants, ni juifs.
A R K A D I. Mais putain, t'es juif ?
F E L I X. Qui ne l'est pas, mon pote ? Marx, Jesus, tous juifs !
A R K A D I. Non, mais, attends voir : t'en as zigouille beaucoup ? de tes propres mains ? F E L I X C'est le metier qui le veut.
A R K A D I. Beau metier, putain ! Maintenant je comprends pourquoi tu ecris ta merdouille : c'est pour te soulager ! Et pourquoi personne peut la lire ! Tu racontes tes exploits ! tu trempes ta plume dans le sang ! Sur que si tes petits potes du KCB lisent ca, tu vas y avoir droit avant l'heure.
F E L I X. Tu peux pas savoir combien tu m'excites, l'Ukraine. Tiens c'est d'accord, je t'achete ton canari.
A R K A D I. Toi tu m'excites pas. Et puis d'abord qu'est-ce que je t ai fait ? Putain ! qu'est-ce que je t'ai fait ? Je t'ai dit d’y aller mollo sur le lait de la reserve, bon, et alors ? Tu
comprends, les malades, d'abord tu leur chouraves leur lait et en plus tu les baises aux cartes! Tu avoueras... Avec ce que tu leur piques, tu pourrais te payer des citernes de lait !
F E L I X. Oui mais quand tu payes, c'est pas aussi bon.
A R K A D I. Remarque, c'est pas faux.
F E L I X. Tandis que quand tu piques sous le nez des copains, surtout quand les copains sont des tueurs, tueurs professionnels, ca c'est bon. C'est encore meilleur que le loto sportif.
A R K A D I. Pasque d'apres toi, ici y a que des tueurs?
F E L I X. J'en ai un devant moi. Bienvenue au club ! Tu dis rien ?
A R K A D I. D ' accord.
F E L I X. Non ca, ca va pas, t'as la voix qui tremble. Ca fait pas tres pro.
A R K A D I. Pourquoi tu m'as fait ca a moi ? Tu pouvais pas en prendre un autre ?
F E L I X. T'es bien comme tout le monde, hein, tu preferes te planquer. Non ? j'ai tort ? A R K A D I. Pas vraiment.
F E L I X. Ca veut dire ?
A R K A D I. T'as pas vraiment tort, camarade.
F E L I X. La. Voila. Ca c'est bien repondu. C'est qu'on a tant besoin de nouveaux. Tu comprends, les vieux, et puis les faux- jetons , tout ca on les met a la retraite. ( II se passe le pouce sur la gorge. )
A R K A D I. Je comprends.
F E L I X. Et, pour une autre mission., d'accord ?
A R K A D I. D'accord. Une mission ?
F E L I X. Boh, pousser un mec en enfer. Membre de je ne sais quoi, un emmerdeur juif. Casse-couilles au pays des soviets. T'es bien un soviet, toi l'Ukraine ?
A R K A D I. Affirmatif .
F E L I X. Eh ben tu le descends.
A R K A D I. Si on me donne l'ordre, je le bute. Emmerdeur antisovietique.
F E L I X. Ouais, t'es une bonne recrue. Tu vois, je vois pas comment je pourrais te le refuser, ton petit canari. C'est combien, que tu voulais, 25?
A R K A D I. Finalement je te le donne.
F E L I X. T'es vraiment un pote. Dans mes bras ! ( II le serre. ) Reconnaissance, l'Ukraine ! Jusqu'a la mort, l'Ukraine !
A R K A D I. C'est rien, c'est rien, youpin. Dis au fait ! (faut pas m'en vouloir) le livret, tu l'as?
F E L I X. Le Livret ?
A R K A D I. Le petit, rouge, le passe-partout.
F E L I X. Celui de l'Union des Ecrivains ? Non, je l'ai pas, figure-toi ! Je ne suis pas encore admis officiellement  !
A R K A D I. Non, Felix, l'autre. F E L I X. L’autre ? Rouge ?
A R K A D I. Ben ouais, quoi, cui du KGB.
F E L I X. Ah c'est a ca que tu veux en venir ! Qu'est-ce que tu veux en faire ? A R K A D I. C'est interessant, j'en ai jamais vu.
F E L I X. T'en as jamais vu, mon cul ! Un malade sur deux te fait voir le sien histoire qu'on sache bien qu'il est de la maison.
A R K A D I. Ah non, moi je demande jamais les papiers. Ca fait trois ans que je bosse ici, jamais j'ai demande les papiers. C'est les cordonniers les plus mal chausses.
F E L I X. Cordonnier de mes couillss ! tout ce que tu veux c'est voir si je suis bien de la maison !
A R K A D I. Exactement, youpin. T'as tape dans le mille. Je veux des preuves.
F E L I X. Tu as de l'avenir dans la maison, l'Ukraine ! Un as, que tu es ! Tiens, le voila, mon livret, Saint-Thomas ! ( II sort son livret rouge du KGB, et le montre a Arkadi.. )
A R K A D I. ( lisant ) " Delivre au Capitaine Felix Felixovitch Polivailov. Cachet. Photo. Ca ressemble. Je suis vraiment desole, Camarade Capitaine. Excusez-moi. Tres beau petit livret. Petit. Pratique.
F E L I X. Terriblement pratique. Et des comme ca, on n'en trouve pas sur le marche.
A R K A D I. Sans compter que t'as un grade deja pas degueulasse, felicitations ! T'es un chef !
F E L I X. Oui pour mon age, ca n'est pas degueulasse, en effet.
A R K A D I. Tu m'excuses, hein, Felix Felixovitch? Tu comprends, je pouvais pas savoir, je croyais que j'avais affaire a un petit scribouillard de merde et voila tout d'un coup que t'es un homme !
F E L I X. Tu pouvais pas savoir. C'est que nous, forcement, il faut qu'on se camoufle. C'est le metier qui le veut. D'ailleurs moi, je vais te dire, je croyais que j'avais affaire a un minable petit pickpocket ukrainien ! Maintenant c'est different. Maintenant je sais que tu peux faire du boulot. N'empeche : tu le caches bien, tu le caches bien ! avec ton air tare...
A R K A D I. Mais je suis vachement capable, Felix Felixovitch ! Vachement. On me commande, je fais. Moi, selon mon travail, vous, selon vos besoins ! Impeccable.
F E L I X. C'est ca. Et quand le travail est fait, et bien fait, nous on paye. On paye bien.
A R K A D I. Tu peux pas savoir comme je suis heureux !
F E L I X. Mais dis, si on te le payait pas, le boulot, tu le ferais quand meme ? A R K A D I. Pourquoi qu'on me paierait pas le boulot ?
F E L I X. Vois-tu, chez nous, on bosse d'abord par conviction. Le fric vient apres. A R K A D I. Par conviction ? !
F E L I X. Conviction communiste, peigne-cul ! Ou t'es ne, toi, peigne-cul, dis, ou tu vis ? Ca te dit rien, communiste?
A R K A D I. Ben, c'est-a-dire qu'a l'heure actuelle, les cons-munistes ils sont bien dans la merde avec la perestroika..
F E L I X. Que dalle, ducon ! Les vieux au rencart, les jeunes au pouvoir, putain ! On remanie le dispositif ! Ca va chier, putain. Le peuple, on va le baiser, le peuple.
A R K A D I. Et apres, tu te tailles ?
F E L I X. Comment ca, je me taille ? Dis, pour qui tu es, toi ?
A R K A D I. Pour le KGB, je suis.
F E L I X. Alors fais gaffe aux virages.
A R K A D I. On essaiera. Mais dis, maintenant, j'en fais partie ?
F E L I X. En somme, Ca te dirait ?
A R K A D I. Si vous trouvez que je fais le poids, ca, sur que ca me dirait.
F E L I X. Nous trouvons vachement que tu fais le poids, l'Ukraine. Et puis tu verras, nous on paye toujours nos hommes, c'est pas comme d'autres. En plus, on va te loger au petit poil.
A R K A D I. En priorite ?
F E L I X. Quelle priorite ? Chez nous pas de liste d'attente, ca c'est bon pour l'ouvrier de base. Nous c'est pas pareil, on est des travailleurs d'elite.
A R K A D I. Ouais c'est ca, je viens juste de le comprendre travailleurs d'elite ! J'enregistre.
F E L I X. Bon mais quand meme tu m'as pas repondu : si y avait pas le pognon, t’irais en souffler ( il souffle ) un ou deux, de ces ouvriers pas d'elite ? Sur ordre, bien entendu ! ( II resouffle. )
A R K A D I. ( soufflant a son tour ) Sans le pognon ? quelle idee ! Vous voudriez me sucrer mon fric? Et l'apparte, au moins, vous le donnez tout de suite ? Non pasque sinon. Dis, putain, vous le donnez tout de suite ?
F E L I X. Je vais te dire : chez nous, on fait pas de sentiment. C'est pas une merdouille de trafic, et que je te fauche des trains de patates ! non ! nous, c'est le KGB, bordel ! une maison serieuse ! Autocontrole ! Autodiscipline ! Responsabilite personnelle ! Voila ! Alors le sentiment, merci. Si ! on en fait, de temps en temps : expedier un pote sans douleur, crac ! d'une oreille a l'autre, ca bien sur, c'est du sentiment, mais c'est tout. Chez nous c'est comme ca : ou bien tu es un communiste conscient, on t'embauche, sinon termine. Alors reflechis bien. Est-ce que tu te sens en toi une conscience communiste?
A R K A D I. Putain ! si je la sens ! Mais je sens qu'elle ! Profondement ancree en moi ! Avec tous ses petits globules rouges !
F E L I X. Tu causes bien, encule.
A R K A D I. D'ailleurs je vais te dire : l'aut juif, quand j'y ai fait sa coupe, je me suis pas rendu compte mais c'etait a l'ennemi de la realite communiste, que je faisais c'te coupe ! Je t'affirme ! En toute responsabilite personnelle !
F E L I X. Tu parles d'or, ducul. T'as vraiment tout d'un pro.
A R K A D I. Un as. Je suis un as. Tomber sur moi, au fond, pour vous c'etait une chance. F E L I X. Je le sentais  ! Affaire d'intuition !
A R K A D I. Et quel grade j'aurai ? J'ai fini mon temps sergent-chef, je commencerai pas au-dessous?
F E L I X. Mais non, mon pote, on est reglo. Et tu verras, on se fait plein de fric ! De toute maniere on monte tout de suite en grade. Et puis y a l'apparte.
A R K A D I. Travailleur d'elite !
F E L I X. C'est ca meme. Sauf que ca suppose une conscience vraiment communiste.
A R K A D I. Oh ca, je ferai mes preuves sur le tas ! Tu verras, vous serez gagnants, avec moi. Dis, je vais rester a travailler ici, ou bien vous allez me transferer ? Moi ca m'est egal.
F E L I X. C'est pas la question. Non, mais y a autre chose quand meme qui m'embete.. A R K A D I. C'est quoi, l'aut'chose qui t'embete ?
F E L I X. Boh, c'est pas grand-chose mais quand meme ce type, ce sale petit juif, tout d'un coup t'as chie dans ton froc et t'es alle le buter, comme ca, pour toucher 500 roubles ! Et parce que t' avais la trouille de l'Afghan.
A R K A D I. Mais non, j'ai pas eu les jetons ! J'ai suivi les ordres a la lettre, Camarade Capitaine !
F E L I X. Sauf que tu savais pas que c'etait le KGB qui t'envoyait le poulet. Tu l'as bute parce que tu chiais dans ton froc !
A R K A D I. Alors c'est de ta faute ! Fallait le dire clairement dans la lettre : allo, ici le KGB.
F E L I X. C'etait fait expres. Une mise a l'epreuve.
A R K A D I. Et moi je maintiens que c'etait une erreur ! Fallait ecrire « y a une ordure juive antisovietique qu'il faut abattre, par conscience communiste » ! Je l'aurais fait par conscience communiste ! Putain ! c'est pas de ma faute, merde !
F E L I X. Remarque, que tu defendes mordicus ton point de vue, c'est pas mauvais pour le service. Mais quand meme, liquider un gars uniquement parce que t'as la trouille, et meme pas voir la difference avec le liquider par conscience communiste, la franchement tu pousses.
A R K A D I. Putain ! je te dis que je vois la difference ! Je vois que ca,meme ! Putain, c'est quand meme pas pareil ! C'est servir le peuple, bordel ! Un geste d'utilite utilitaire, que je
dirais !
F E L I X. Voila, c'est ca, t'es sur la bonne voie. Tu m'en vois tres heureux. Heureux pour toi, bien sur, Camarade Sergent-Chef ! Camarade communiste !
A R K A D I. Merci de votre confiance, Camarade Capitaine. Merci de la joie que vous me faites. Mais putain, si vous m'aviez dit tout de suite dans la lettre : y a ce petit youpin, faut me le rectifier par conscience communiste, putain je vous l'aurais rectifie ! vite fait ! par conscience communiste!
F E L I X. Eh ben disons que je me suis goure ! On a tellement a faire, on a le droit a l'erreur ! Apres tout, le communisme, c'est un tout petit enfant. Avant nous y en a jamais eu, de communisme, dans l'histoire de l'humanite. Nous on est les premiers a se decarcasser pour le communisme ! On est l'avant-garde ! Alors hein, une petite erreur avec un nain comme toi, ca va pas chercher loin.
A R K A D I. Et moi, maintenant, j'aurai le droit a l'erreur ?
F E L I X. Toi ? pourquoi ?
A R K A D I. Ben oui quoi maintenant que ie suis du KGB, supposons que j'aye tue ce youpin par trouille, ca serait une erreur qu'on dirait que j'y aurais eu droit.
F E L I X. Tu vois, t’avoues ! Maintenant tu as honte ! Seulement quand tu l'as rectifie, tu n'etais pas encore du KGB ! Tu n'etais qu'un minable ukrainien sovietique.
A R K A D I. C'est pas vrai, c'est pas vrai ! De coeur j'etais du KGB ! De naissance ! Je le jure sur la tete a ma mere !
F E L I X. Me casse pas les couilles.
A R K A D I. Et puis chaque minable ukrainien sovietique, il a bien droit a une petite erreur ! Ca devrait etre dans la Constitution.
F E L I X. Le voila qui cherche a baiser la Constitution sovietique, a present. C'est bien moi, ca : prendre un Ukrainien... Enfin ! Tu sais que si on va par la, le petit youpin aussi, i y aurait eu droit, a l'erreur. Le droit de nous trahir, le droit de saboter... A ce moment-la c'est nous qui serions dans l'erreur de l'avoir rectifie, tu me suis ? C'est pas ca que ca donne, ta maniere de voir ?
A R K A D I. Je sais pas ce que ca donne, putain !
F E L I X. Et puis arrete un peu d'etre grossier ! Tu fais chier, avec tes gros mots !
A R K A D I. Putain ! je dis seulement que je sais pas ce que ca donne !
F E L I X. Reflechis un peu : ca serait pas jojo, d'aller rectifier un mec qu'aurait droit a l'erreur !
A R K A D I. Je sais pas, moi. Je veux pas reflechir, moi. ( II se met a pleurer. )
F E L I X. Tres bien. C'est tres bien. Las larmes egalement sont tres bien. A R K A D I. Tres bien ? Vous me prenez ?
F E L I X. Je t'ai dit, l'Ukraine, tu me bottes. Tu me plais beaucoup beaucoup. Beaucoup beaucoup beaucoup. Et puis secher un mec juste parce qu'on a la trouille, c'est pas une erreur, ca ! c'est juste ta vraie nature ! caca-carabinee ! hein, ma biche ? vraie nature de trouillard ! seulement avec mon zob d'acier, d'acier trempe du KGB, moi je vais te l'extirper, ta nature de trouillard, tu saisis, l'Ukraine ! je sens que je bande pour toi !
A R K A D I. Et moi donc, Camarade Capitaine ! pour ce qui est de m'extirper la trouille je ne demande que ca ! Et pour ce qui est de faucher le lait de la reserve, maintenant t'y vas autant que tu veux ! Par bidons de dix litres, si tu veux. J'en parlerai a Anna, meme. Elle ferait n'importe quoi pour moi.
F E L I X. Tu l'as sautee ?
A R K A D I. Un peu, mon neveu, que je l'ai sautee. Jusqu'a la rate ! Heu., c'est bien ou c'est mal, de l'avoir sautee ?
F E L I X. Jusqu'a la rate ? c'est bien. Sauter une pute jusqu'a la rate, c'est toujours bien. Ca fait partie de la vie privee de tout citoyen sovietique !
A R K A D I. Voila, c'est ca. Et pour ce qui est de ta merdouille, bien sur tu l'ecris quand tu veux. Maintenant si tu veux.
F E L I X. Jusqu'a la rate ?
A R K A D I. Jusqu'a la rate. Rien a redire ! Je peux meme monter les extincteurs, si tu veux.
F E L I X. Alors la, merci, c'est gentil de ta part.
A R K A D I. N'empeche que se casser le cul a ecrire cette merdouille alors qu'on est du KGB, c'est con. Enfin...
F E L I X. C'est toi le con, l'Ukraine. Tu vois pas que c'est ma couverture ? T'as pas encore pige ? Non seulement t'es con mais putain, t'en trimballes !
A R K A D I. Oh, eh ! j'en trimballe... un mec qu'en trimballe, tu crois qu'il piquerait des fourgons entiers? Faudrait voir a pas me calomnier, Camarade Capitaine!
F E L I X. Parce que si je dis que t'es qu'une crapule, la c'est pas te calomnier ? c'est ca ? Encule ! Et alors dis-moi : tu crois que la plus solide des institutions sovietiques, elle a besoin de crapules?
A R K A D I. Eh bien, vois-tu, pour ta gouverne, je m'en vais accoucher d'une pensee qu'est intelligente et qu'est responsable.
F E L I X. Extra ! Fais gaffe de pas mourir en couches.
A R K A D I. Voila : si les crapules lui servent, a cette institution, c'est qu'elle en a besoin ! Forcement !
F E L I X. Tu l'as dit, bouffi. Forcement.
A R K A D I. Enfin... c'est mon opinion personnelle. Mais si i faut, si le parti, si le peuple me demandent de faire un effort pour l'edification du communisme, eh ben je t'assure, j'arrete : je fauche plus rien ! surtout si on me file 500 tickets a chaque intervention ! Ca c'est sur ! Remarque que d'un autre cote c'est pas une mauvaise couverture, voleur. Voleur de patates a la petite semaine. Quand on a dans la poche sa carte du KGB ! avec les insignes de son grade !
F E L I X. Quand meme, tu vois, il faut toujours que tu derives la question cote fric. T'as l'esprit deforme, d'une maniere generale.
A R K A D I. Je me corrigerai, putain ! Tu me trouves minable ? Pour l'instant je suis minable. C'est que rectifier ce youpin, ca n'a pas ete simple, putain. Mais j'y suis arrive ! J'y suis arrive ! Et devenir un mec bien, J'y arriverai aussi ! Si i faut ! C'est pas simple, d'accord,
nais je suis capable aussi de faire des trucs pas simples, je le sens ! Liquider des types. Ce que vous me direz de faire, je le ferai.
F E L I X. Oh tu sais, de nos jours, ca suffit pas, d'executer les ordres ce qu’il faut de nos jours, c’est de l’intiative personnelle.
A R K A D I. Je le sais bien, putain !'C'est pour ca que je te dis que j'en ai a revendre, de l'initiative personnelle ! Putain ! je me fais 1000 roubles par jour, moi des fois ! Je pique, Felix
! je pique ! Mais honnetement, putain, hein, honnetement ! Je te le dis du fond du coeur ! Et le KGB, je me mets a son service putain !
F E L I X. Bon, de toutes facons tout ca c'est des details. Dis-moi de liquider ce mec, ca t'a plu ou
pas ?
A R K A D I. Putain ca, j'en sais rien. Dis-moi ce que je dois repondre.
F E L I X. Faut que tu repondes tout seul. Un mec du KGB, ca doit faire tout tout seul. Jouer aux cartes, tuer des gens, baiser des poufiasses et des lopes, avaler du cyanure, de la vodka, tout tout seul. D'ailleurs tu t'en tires bien, c'est meme pour ca qu'on a pense a toi.
A R K A D I. C'est gentil.
F E L I X. C'est normal. Alors, ce youpin, ca t'a plu ou pas ?
A R K A D I. Putain, sois sympa, fumier ! dis-moi ce que je dois repondre ! Je retire fumier.
F E L I X. " Sympa " !... T'as vraiment rien compris. Pourtant j'y mets du mien. Chez nous, ma biche, on n'est jamais sympa. Ca c'est les bases.
A R K A D I. Bon bref, si je peux servir, prenez-moi avec vous, et si je fais pas l'affaire : ( il chantonne ) " adieu pour toujours, mon amour ". J'arriverai bien toujours a trouver ma pitance dans l'agriculture nationale.
F E L I X. Avec ton talent j'en doute pas ! Reste que t'as tue un mec, sur notre ordre. Tu sais, les gars qui en savent trop, des fois on leur lache un Afghan aux fesses, juste comme ca, tu vois ? par conviction communiste ! Et lui l'Afghan, par conviction communiste, il te les souffle ( il souffle ) ! en grand pro ! tu saisis ? Tu vois, je suis sympa.
A R K A D I. Ca veut dire qu'a partir de maintenant, vous m'avez dans le collimateur, c'est ca ?
F E L I X. Va savoir. Tu sais, c'est pas moi qui decide de tout.
A R K A D I. Alors je veux voir cui qui decide de tout ! C'est ca, j'irai moi-meme et je demanderai ton chef !
F E L I X. Alors la, l'Ukraine, la tu ferais une gaffe ! Pauv couillon ! Tu vas leur sortir : j'ai tue un petit juif. Et moi je dirai : mais je l'ai jamais ecrite, cette lettre ! Jamais ! Tu vois comme c'sst simple ? Moi, vois-tu, je travaille en solitaire. Solitaire, et clandestinement. J'ai recu l'ordre de former un groupe, je le forme. Selon ma superconception de ma supermission, bien sur. Tu piges, ou pas ?
A R K A D I. Un peu, que je pige ! Je vais te dire : ca m'a vachement plu, de le tuer. La !
F E L I X. Ha. Bon alors maintenant j'ai besoin de savoir : qu'est-ce qui t'a fait jouir ? que ca allait te rapporter du pognon ? ou bien t'avais les jetons de l'Afghan ? ou bien alors tout simplement c'est de le travailler au rasoir ? Hein ? franchement ! La franchise, l'Ukraine ! c'est ton seul espoir !
A R K A D I. Putain ! je sais pas, moi ! J'avais les foies, d'accord, et c'est vrai, je pensais au pognon mais franchement, quand j'y ai passe la lame en travers de la gorge, la putain j'ai tout oublie ! Avec toutes ces taches de rousseur, putain. J'ai tout oublie ! C'est bon ou c'est pas bon ?
F E L I X. Rien que de le faire ca t'a fait jouir ?
A R K A D I. Un pied d'enfer. En le zigouillant. ( II pleure. )
F E L I X. Ca n'est pas bon, l'Ukraine, c'est tout simplement excellent ! Et ces larmes-la, ces larmes d'enfant, ces larmes d'innocent, c'est pas excellent, ca ? C'est genial, l'Ukraine, c'est genial. Quel est le but du communisme ? Le but du communisme est : premierement, de mettre a l'epreuve cet innocent desir de tuer son prochain ; deuxiemement, de prendre son pied au moment ou l'on tue ; troisiemement, de se laver le cul dans les larmes ameres du remords et du repentir ; quatriemement enfin, de comprendre alors clairement et distinctement le but et le sens de son propre destin de communiste.
A R K A D I. En travaillant, cinquiemement, pour le KGB.
F E L I X. Exact. Et sixiemement y a plus personne pour te baiser.
A R K A D I. Et alors dans ce cas-la on liquide qui on veut. Excuse-moi mais ... c ' est ca ?
F E L I X. C'est ca, tu es tout excuse. Il faut laver le pays de sa merde. C'est comme les loups, tiens, les loups, dans les troupeaux, ils ne bouffent que les betes malades. Les brebis galeuses. Tout ce qui est fort et sain, ils le laissent.
A R K A D I. Ca, ca me botte.
F E L I X. Question de salubrite.
A R K A D I. En fait faudrait seulement garder les gens de chez nous. Et les autres, au four ! On en ferait de l'engrais. Remarque qu'i faut quand meme en garder quelques-uns, on a besoin de soldats ! Pasque sinon c'est les Ricains chez nous ! Et quand meme on aura beau dire mais le KGB, son but principal, c'est de faire qu'y ait pas les Ricains chez nous !
F E L I X. Le but principal, l'Ukraine, c'est d'abord de pas se faire dessouder soi-meme, point final. Si tu nous fais confiance il peut rien t'arrlver.
A R K A D I. Merci, Felix ! Putain, j'avais besoin de ca. Tu vois, avant, je me sentais toujours oppresse ! Et la, maintenant, c'est con mais c'est vraiment le pied ! Putain, il a suffi que je me fasse ce petit charlot semite !...
F E L I X. Je vais te dire, l'Ukraine : le communisme, c'est la paix du coeur.
A R K A D I. C'est ca, putain ! Le    communisme ! Putain quand tu causes, on sent que t'es un mec sensible !
F E L I X. C'est que le communisme, tu vois, c'est une science. Et on peut pas aller contre la science.
A R K A D I. Moi, avant, la science, je m'en branlais mais maintenant, putain, je lui tire mon chapeau.
F E L I X. Eh oui, Arkadi, ca se respecte, la science. Et surtout chez nous, qui sommes une nation scientifique ! Tu vois par exemple y a pas un savant qui ne sache pas, scientifiquement, qu'a tout moment on peut le prendre par le cul et le jeter au trou ! instantanement ! Ca c'est de la science ! Ensuite au trou il tombe aux mains des droit-commun qui te le jugent scientifiquement et te lui enfilent scientifiquement une paire de collants en nylon avec un trou au cul et te le baisent et te le rebaisent contre un mur, tous jusqu'au dernier ! et jusqu'a la garde! Ca aussi c'est de la science ! Et puis apres ils finissent le boulot comme ils l'ont commence, en beaute, scientifiquement. Un lacet autour du cou, hop
! Et apres on ne peut plus se venger. C'est pour ca que scientifiquement, vaut mieux se venger avant. Moi par exemple, tu vois, tous les jours je me demande pourquoi je suis pas encore au trou a me faire enculer comme les autres. Ou pourquoi qu'on m'a pas encore pris pour un trafiquant juif, avec rasoir et tout.
A R K A D I. T'as du avoir du pot. T'es comme moi, t'es un mec qu'a du pot. Dis donc... t'es bien sur qu'on peut causer science, tous les deux ? qu'y a pas de grandes oreilles ?
F E L I X. Ah ca alors, ca fait lurette qu'on me fait confiance sans ca !
A R K A D I. Bon alors, tu me prends, hein ? Putain, tu le regretteras pas ! J'ai une chiee de qualites ! Surtout qu'en plus, maintenant, je me suis mis a piger le communisme scientifique, mais alors, putain, bien a fond ! Marx, putain ! Lenine, putain ! non seulement je les aime, putain ! je les respecte !
F E L I X. Engels, putain ! Pourquoi t'oublies Engels ? Hein ? Con-muniste !
A R K A D I. Oublier Engels ? Mais je l'oublie pas, Engels ! Pas du tout ! Seulement eux, ils avaient leur con-munisme a eux et nous..
F E L I X. Qu'est-ce t'as dit ?
A R K A D I. On a le communisme scientifique, putain ! Et nous on a le notre, a rien a foutre avec eux ! C'est ca que j'ai compris, non ? mission operationnelle ?
F E L I X. Dis donc, que Karl Marx, qu'est l'inventeur du communisme scientifique, c'ait ete un juif, toi, comment t'expliques la contradiction, encule ?
A R K A D I. Je l'explique par la dialectique ! Et par le materialisme !
F E L I X. C'est qu'il raisonne scientifiquement, le fumier !
A R K A D I. Bon alors, tu me prends ? Dans ta brigade de travailleurs d'elite ?
F E L I X. Ecoute, en principe tu devrais faire l'affaire. Mais dis voir, penseur : dans ta vie, t'en as deja rencontre, des ennemis de la science, non ?
A R K A D I. Ben evidemment ! Autant que toi, je suppose !
F E L I X. Et alors pourquoi tu les as pas extermines, ces cafards ?
A R K A D I. Putain, c'est pas l'envie qui m'en manquait, moi je te le dis ! De mes propres mains, j'aurais fait le boulot ! Tiens, toi, par exemple : avant qu'on ait cette conversation tous les deux, hein ? cette conversation scientifique, eh ben... Et pas seulement toi ! Tous ces intellos a la con ! ces antiscientifiques de merde ! Moi je te les aurais rectifies ! Pour toi, escuse, hein, je pouvais pas savoir ! Maintenant c'est pas pareil ! Maintenant je sais que t'es du KGB, qu'il est vachement scientifique, et je sais que tu me parraines vachement scientifiquement, non c'est pas pareil ! Maintenant je t'aime vachement scientifiquement !
F E L I X. N'enpeche que t'aurais pu prendre une initiative ! Refroidir un sale poetaillon antiscientifique ! Tu l'as pas fait. C'est con.
A R K A D I. C'est con de pas t'avoir refroidi ? Et c'est toi qui me dis ca ? F E L I X. Ouais c'est con.
A R K A D I. Je t'ai dit, j'ai failli le faire ! Mais putain, moi tout seul, comment tu voulais ? c'etait pas scientifique ! Maintenant si tu m'embauches, la ce sera scientifique ! la on va faire du bon boulot !
F E L I X. Putain que t'es con ! Putain qu'il est con ! Alors tu crois vraiment que si j'etais du KGB, je me ferais chier ici a faire le pompier ? A monter les etages avec des extincteurs ! A faire la chasse aux mecs qu'en grillent une dans les gogues ! A me faire chier avec un mec comme toi ! Tu crois vraiment ? Putain, meme comme couverture j'en veux pas ! Ah l'Ukraine, t'es p't'etre ukrainien mais putain, tu en touches pas une ! Gros couillon. Je ne suis qu'un ecrivaillon, l'Ukraine ! un ecrivaillon sovietique ! Et comme j'ai les jetons qu'ils me coffrent, pour parasitisme notamment, je fais pompier, voila. Et on me publiera mais apres ma mort. C'est comme ca, les grands. Nul n'est prophete en son pays. C'est la loi de la vie. Une loi scientifique. La Russie en tete !
A R K A D I. Qu'est-ce tu dis ?
F E L I X. Mes couilles le temps se brouille ! Je vais me mettre au boulot.
A R K A D I. Dis, pourquoi que tu m'as charrie ? Pourquoi que t'as essaye de m'avoir ?
F E L I X. Mais putain, c'est toi, pauvre moujik d'Ukraine ! Tu m'as demande de t'expliquer ce que c'etait que l'art, moi je te l'explique ! J'essaye de te l'expliquer ! De la maniere la plus democratique, encore ! Pour que tu te vexes pas si un intello juif sovieto-russo-chose refuse de fraterniser parce que chaque seconde de son temps, c'est un prix Nobel qu'il mijote ! en accomodant sa vie de chien !
A R K A D I. Ouais et la lettre, hein ? la lettre. La bafouille. Et le petit juif puant avec ses taches de rousseur, hein ? Comment c'est possible ? Refais voir ton livret ?
F E L I X. T'excite pas, l'Ukraine, c'est celui de mon vieux. ( II le passe a Arkadi.. ) C'est mon vieux, qu'etait general. Moi je suis que le fils. Ducon Duconovitch. Tu vois, la, l'annee ? 1958. L'etait capitaine, a l'epoque. Y a un air de famille... Et toi, avec ton vieux ? y a un air de famille, ou bien pas du tout ?
A R K A D I. Putain, on est comme deux gouttes d'eau.
F E L I X. En plus, dans la famille on s'appelle tous Felix. Le grand-pere, le pere, le fils, tous Felix. Non, les livrets comme ca, il faut les regarder de pres. Surtout toi, putain, avec ton genre de poste. Sur l'annee tu t'es drolement gourre ! 1958 !
A R K A D I. Tu m'as baise tu m'as ! Escuse. N'empeche que moi, avec un vieux comme ca, j'aurais ete moins con. ( II rend le livret. )
F E L I X. Eh oui ! chacun son lot ! Le divin est a Dieu et au con la connerie ! Et a l'Ukrainien, tout le reste ! T'en fais pas, va, y en a, du reste ! Il suffit de savoir se servir.
A R K A D I. Putain, quelle salope ! T'es une vraie salope ! Pourquoi tu m'as mis du sang sur les mains, salope ?
F E L I X. Vois-tu, mon p'pa m'a fait des confidences : il m'a dit que ce sale petit juif s'etait vendu au KGB, et qu'il nous avait donnes, moi et un pote, un ami d'enfance. Comme quoi nous imprimions de la litterature antisovietique. Mon p'pa m'a couvert, mais le copain, lui, quand on lui a colle cinq ans,il s'est suicide. Le vieux a rien pu faire. Et comme ce petit rouquin il etait aussi notre ami, je pouvais pas le buter de mes mains, tu comprends ? Meme un ex-ami. Et puis j'avais envie de verifier dans les faits une idee scientifique que j'avais : jusqu'a quel point le peuple avait encore vivace le desir de trancher les gorges. Tu viens de participer a une experience scientifique, l'ami ! Et tu te plains, encore ?
A R K A D I. Qu'est-ce que je t'ai fait, ordure ?
F E L I X. " Cheri, que m'as-tu fait ? / Cheri, que t'ai-je fait ? "
A R K A D I. De quoi ?
F E L I X. C'est de Tsvetaieva. La poetesse. Tu connais pas ?
A R K A D I. Moi ce que je connais, c'est un putain de poetaillon juif et ca me suffit pour imaginer le reste !
F E L I X. Bon ecoute, t'as seche un mec, ca c'est ton probleme ! Remarque, ca me fait de la peine pour toi. Qu'humainement t'aies pas eu la force de t'en empecher, franchement ca me rend triste. Et que tu sois pret a te vendre au KGB jusqu'au trognon, ca aussi, putain, ca me rend triste ! Dis donc, pour ton information : notre petite copine juive, avec ses taches de rousseur : il etait pas juif ! Tout ce qu'il y a de plus russe, mec, a 100% ! Gzactement comme moi !
A R K A D I. Ouais, on vous connait, vous les youpins blonds ! Vous avez l'air russe, mais putain vous puez a cent kilometres ! Je vous suis a l'odeur !
F E L I X. Et toi, le grand heros blond de legende ! t'es sur de pas l'etre, juif ? T'es p't'etre ne d'une mere juive ? hein ? Qui t'aurait fourgue a des ukrainiens alors meme que d'autres ukrainiens lui faisaient des miseres ? Tu sais, les meres juives, c'est plein d'antisemites ! D'ailleurs ton blaze : Arkadi, c'est tout ce qu'il y a de youpin !
A R K A D I. Je suis ne d'une mere russe, t'entends ! Une mere russe ! Et si je m'appelle Arkadi. c'est en souvenir de mon tonton qu'est mort a la guerre ! le frere de mon vieux ! Un russe !
F E L I X. Dans la societe con-muniste, Arkadi, on est tous des juifs. Notre papa c'est Marx et notre maman Joseph. Alors les gens disent : moi je suis ukrainien, moi je suis russe, ils aiment beaucoup ca mais c'est des conneries.
A R K A D I. C'est p't'et' des conneries, toi je sais pas ce que t'es mais ce que je sais, Felix, c'est que je t'enverrais bien rejoindre ton copain !
F E L I X. Et qui c'est qui t'achetera ton piaf, hein ? 25 roubles ?
A R K A D I. Je m'en fous, je le relacherai.
F E L I X. Enfin une bonne action ! Seulement ton canari, il sait pas vivre tout seul ! pas vivre en liberte ! Il est en cage depuis qu'il est ne, tu comprends, il a ses habitudes. Les barreaux, tout ca... Dehors, il aurait peur de tout, meme un vermisseau lui ferait peur. Non non, l'Ukraine, il faut le laisser en cage. A picorer le mouron de l'administration. Sinon dehors, comme il aura la trouille meme des vermisseaux ( un peu dans le genre de son patron, tu vois ? ), il ira trouver les piafs du KGB, ainsi que les vermisseaux du KGB, et i se vendra a eux ; et ensuite on le verra voler, de maison en maison, se faufiler par les vasistas, partout ou y a des cousins a lui qui vegetent dans leur cage, et par le petit portillon, hop ! il leur fourguera du grain empoisonne. Parce que les vermisseaux du KGB, i se mefient des piafs, meme en cage.
A R K A D I. Tu causes bien, l'artiste !... Dis donc, tu te mefies pas de moi maintenant que je sais
tout ? Ce qu'on a fait une fois, ben on peut le refaire !
F E L I X. Boh, tu sais, a la longue ca devient chiant. Non, ce qu'est bon, c'est la premiere fois. Faut que tu trouves aut'chose, je sais pas, moi, t'as qu'a essayer.
A R K A D I. Putain, t'es vraiment une ordure ! J'arrive pas a voir comment qu'on peut devenir une ordure pareille ! Ah bravo, tes parents i t'ont bien eduque, putain.
F E L I X. Mes parents je les emmerde.
A R K A D I. Si les miens i m'avaient eduque pareil, sur que je les emmerderais aussi. Dis donc, t'es sur qu'ils etaient pas tous deux du KGB, tes parents ?
F E L I X. Tout juste, Auguste
A R K A D I. Non !? Putain, j'ai le nez creux ! Et qu'est-ce qu'i faisaient ? y a des tas de jobs, dans la grande maison. I butaient des gens ?
F E L I X. Mon pere, butait des gens. Il bossait dans les camps. Ma mere, elle c'est pas pareil, elle etait a Moscou. Elle bossait au plumard, avec des diplomates.
A R K A D I. Putain, c'est super ! T'as eu vachement de cul !
F E L I X. Ouais, j'ai eu du cul. J'ai passe mon temps a photocopier des bouquins antisovietiques, a speculer dessus, et puis maintenant j'ecris mes conneries. Pepere. Rien de bien defini, comme tu vois. Auteur a la con. Qui est-ce qui parle de Job, du Christ, aujourd'hui en Russie, hein ? Qui ?
A R K A D I. J'en sais foutre rien.
F E L I X. Pauvre, pauvre Russie ! Qui viendra te baiser ? Bon en tout cas, ce que je vois, c'est qu'on me met pas en taule. Un fils de ministre quelconque, y a longtemps qu'ils l'auraient expedie sous la douche, histoire de l'endurcir. Tandis qu'un fils de general du KGB qu'a passe sa vie a trucider des gens dans les camps, tu penses, on peut rien lui dire. Donc : je branle ce que je veux. Je suis en cheville avec des mecs qui travaillent avec l'etranger. Un sacre fromage. ENC, ca s'appelle. Entreprise en Nom Collectif. Des fois on dit : l'U.P., l'Union des Pedes. Pour dire : lequel baisera l'autre. Tu vois le genre ? La par exemple c'est moi qui t'ai baise. Dans les grandes largeurs ! Tu trouves ca moche, d'avoir ecrase ce cafard ?
A R K A D I. J'ai pas ecrase un cafard, j'ai bute un mec. Pasque j'avais la trouille. C'est ca la verite. Qu'est-ce que t'aurais fait, a ma place ?
F E L I X. Malheureusement, ou heureusement, j'aurais fait la meme chose. Tu vois, c'est a toi que j'ai poste la lettre mais c'est a moi que je l'ai ecrite. Ouais ouais, je me suis ecrit cette bafouille a la con de telle maniere qu'elle marche sur moi, pour qu'elle marche sur toi, tu comprends ? On vit sous le meme drapeau, quand meme, on a quelque chose en commun.
A R K A D I. Dis donc pourquoi tu te maries pas ? Tu laisserais tomber ces conneries, t'aurais des gosses..
F E L I X. Des gosses ! dans cette porcherie ! Ca putain non, jamais ! Sans ma bite ! A R K A D I. Ben quoi, ma bite elle l'a bien fait... J'ai meme pas eu a reflechir !
F E L I X. Oh oui ! creer de la vie avec sa bite sans meme avoir a reflechir, hein, quel pied, petite tete !
A R K A D I. Tu devrais essayer... P't'et’ que ta bite se ferait son petit bonhomme de chemin
!
F E L I X. C'est ca ! epouser une pute comme ta mere !
A R K A D I. Mais non, moi je te parle d'amour !
F E L I X. D'amour ? J'ai tue mon amour.
A R K A D I. Comment ca, t’as tue ton amour ?
F E L I X. Avec elegance.
A R K A D I. Oh ? Raconte, raconte.
F E L I X. Ca, je le raconte pas.
A R K A D I. Oh, allez, a moi !
F E L I X. Pourquoi je ferais une exception ?
A R K A D I. T'en as deja fait une ! Allez, quoi, sois sympa ! P't'et' que ca te fera du bien ?
(Silence )
F E L I X. Que qui a des oreilles entende. La mission etait celle-ci : me rendre dans un certain pays etranger et y draguer une certaine nana juive, ensuite, l'epouser. Le pere de la nana etait un dissident qui nous faisait bien chier. J'avais vingt-cinq ans. Je venais de terminer mes etudes superieures. Le KGB, je faisais joujou avec depuis que j'etais en seconde annee. Informateur et tout le toutim. Tu as vu des films d'espionnage ?
A R K A D I. Pourquoi ?
F E L I X. Parce que c'est pas ca du tout ! Rien a voir. Deux semaines, qu'on m'a mis la bite a l'epreuve, pour voir si je pourrais baiser la nana. Tu vois, tu bourres une gonzesse et y a un mec, derriere un paravent, qui compte les coups tires. Mon record, c'est douze en une nuit ! Les trois premiers sans debander !
A R K A D I. La vache !
F E L I X. Donc ils m'ont expedie a Londres, par des voies detournees, et la ils m'ont mis en contact avec la petite youpine, un soir dans un restau. Elle avait vingt ans. Catherine, qu'elle s'appelait. Tiens, c'est sa photo. ( II montre la photo. )
A R K A D I. Belle gonzesse. Tout de suite on voit qu'elle est pas de par chez nous.
F E L I X. Au restau ca s'est bien passe, ils avaient fait du bon boulot. La nana etait a Cambridge, alors j'y suis alle aussi. En stage, que j'etais. Avec pas mal de pognon a la banque, un heritage, que je disais. Parce que je jactais l'anglais, aussi. C'est ma mere qu'avait insiste, " tu feras l'ecole anglaise ! ", qu'elle gueulait:, comme si elle avait renifle que ca me serait utile un jour. Evidemment la fille, Catherine, elle etait folle de moi. Elle posait pas de questions, rien, non, elle m'aimait. Alors quand les vacances sont arrivees, Catherine m'a
dit : si on allait retrouver mon pere, comme ca je te presenterais. On y est alle. C'etait dans un pays d'Asie qui a une frontiere commune avec nous. Dans une grande villa. Et, des la premiere nuit, putain, je les ai tous saignes. Les pauv’ zinnocents. Tous les huit, pour pas laisser de temoins. Au couteau. Tu vois ce que je veux dire ? Et elle en dernier. Mon petit amour. Toc, en plein coeur. Elle s'est meme pas reveillee. Elle a jamais su que c'etait moi. Morte en plein reve. Elle a eu de la chance. C'est que Dieu l'aimait, je suis sur qu'il l'aimait. Une fois que ca ete fait j’ai passe la frontiere, clandestinement, soixante bornes a pieds en pleine nuit, et on m'a recupere de l'autre cote. Une action au millimetre pres. J'ai aussitot ete fait capitaine. Voila comment, a cause d'un seul ennemi du peuple, j'ai du buter huit innocents
: la femme, quelques vieux qu'etaient la, et puis ma bien-aimee, et puis ce qui commencait a bouger dans son ventre, et qu'etait a moi, putain. ( II pleure. )
A R K A D I. Ben quoi, Felix, calme-toi ! Felix !
F E L I X. Je suis calme. Je suis un calme soldat de la patrie, bordel. Seulement tu sais ce qu'on lit dans les journaux, maintenant ? Que son papa, on l'a rehabilite ! a titre posthume ! Et que ceux qui l'ont surine, c'est pas moi, c'est pas le KGB, non, c'est la CIA ! Ses copains de la CIA ! Alors tu comprends. Hier justement c'etait l'anniversaire. Alors pour feter ca, j'ai fait liquider par un autre ce petit merdeux du KGB. Je fais comme eux. Je suis bien d'accord avec Tolstoi qu'on ne vainc pas le mal par le mal, mais putain, maintenant, tout ca est change. Alors ? qu'est-ce que t'en dis ? ( Silence ) Dans mes poemes je parle de Catherine. Je raconte comment grace, a son amour j'ai pu faire mon devoir de soviet a la suite de quoi on m'a fait capitaine. Je parle du pauv'con qui n'est pas reste la-bas avec elle, pourquoi ? je ne sais pas. P't'et' que j'aimais la Russie sovietique ? la bonne vieille nourrice marxiste-leniniste
? peut-etre?. Tellement maso, pourquoi ? C'est vrai que j'ai eu les jetons de me faire ratatiner, comme toi. Mais quand meme, l'amour, putain c'est aut ' chose ! l'amour vrai, c'est un truc, meme avec les annees, ca ne s'attenue pas, au contraire, ca se renforce !
A R K A D I. Comme je te comprends, putain. C'est fou ce que je te comprends. Et l'etranger, alors, c'est comment ? La belle vie ?
F E L I X. Pas mal. Mais quand meme on a envie de rentrer. Meme si faut y laisser sa peau. Mourir dans sa sauce. Dans sa merde a soi.
A R K A D I. Ouais, t'as raison. Dis donc, quand t'etais de l'aut'cote, t'as pas essaye une negresse ? Juste pour voir. Tu devais avoir du temps ? I parait que la-bas les trottoirs en sont pleins. Oui quoi, en une heure tu remnlis .le programme et ensuite t'es libre, non ? Remarque,
si tu veux pas, tu reponds pas, je comprendrais. Une histoire d'amour si tragique. Non c'est simplement que moi, essayer une negresse, c'est mon reve. On dit qu'en baisant, elles gigotent comme les mecs du jazz !
F E L I X. Tu vois, on te parle d'amour, tu reponds cul de negros !
A R K A D I. Bon , escuse ! Je te l'ai dit, si tu veux pas repondre... Apres tout c'est ta vie privee, hein ? si tout le monde la savait, elle serait plus privee, s'pas ! Et a part ca, comment ca s’est fini? y a eu une suite ?
F E L I X. Une suite ? La suite c'est que j'ai perdu le sommeil. On m'a mis a l'hosto, c'etait justement celui-ci ou nous sommes. Et puis une nuit, dans la baignoire, je me suis ouvert les veines.
A R K A D I. Qu'est-ce que c'est que cette nouvelle connerie ?
F E L I X. C'etait un peu avant que ma femme meure de la verole, mais nettement apres que mon fils, sorti de Polytechnique, soit devenu ecrivain. J’ai tout raconte a mon fils, a lui seul, ca l'a tellement impressionne qu'il s'est fait ecrivain. Il s'est fait engager a la Securite de nuit il est devenu pompier, pompier d'hopital, comme ca il a du temps de libre, il peut voir d«s gens. Et justement, la nuit ou je me suis ouvert les veines, c'est lui qu'etait de garde. C'est quand meme autre chose quand c'est quelqu'un de ton sang qui t'emmene a la morgue, qui te cale dans le frigo avec ses mains chaudes. Mais mon petit m'a pardonne, avant de partir. Qu'il soit remercie. Moi non. Moi je l'ai maudit, d'avoir voulu etre ecrivain.
A R K A D I. C'etait ton pere, la fameuse nuit ? le general qui s'est ouvert las veines ? F E L I X. C'etait mon pere.
A R K A D I. Pourquoi il s'appelait pas Polivailov, alors ? Je me souviens de ca.
F E L I X. Le metier, putain. Quand tu passes ta vie a buter des gens, c'est sous des faux blazes.
A R K A D I. Ah ouais je me rappelle, t'etais vachement mal, cette nuit-la ! Et la nuit suivante tu t'es fait porter pale. Mais tu l'as dit a personne, que t'allais enterrer ton pere, ni qu'il etait dans la maison !
F E L I X. Ca, ca regarde que moi. Dieu et moi.
A R K A D I. Tes poemes, i parlent de tout ca ?
F E L I X. De tout ca.
A R K A D I. Moi putain., je te les publierais, tes poemes, putain ! Je te le jure sur la tete a mes filles! Je te les publierais !
F E L I X. Merci, c'est sympa.
A R K A D I. Normal. Ouais putain, quel sujet puissant ! C'est la vie, hein ? ni plus ni moins ! Ca quand un mec, un ecrivain, il ecrit les trucs qu'il connait, c'est vachement de l'art ! Sans blaguer, putain. Dis, cette connerie que tu m'as faite faire, elle y sera aussi, dans tes poemes ?
F E L I X. En theorie, j' ai tout la, tout entier. Seulement maintenant, c'est la phase pratique, tu piges?
A R K A D I. Putain, tu te debrouilles comme un chef !
F E L I X. Comme un chef.
A R K A D I. Ca te dirait que je te raconte un petit truc vecu ? un petit truc vachement theorique ? Tu pourrais le mettre dedans ensuite, dans la phase pratique... Puisque tu causes de moi !
F E L I X. Allez, envoie-le, ton petit truc vecu ! Comme ca t'entreras dans l'histoire de la litterature.
A R K A D I. Alors voila : c'etait du temps que j'etais encore routier a Kouibychev. Voila comment ca se passe, la-bas : t'es la en train de foncer plein pot quand tout d'un coup tu vois une fille qui fait du stop sur le bas-cote. Enfin., c'est pas qu'elle fait du stop, ce qu'elle veut c'est baiser, c'est des putes routieres.
F E L I X. Oui, j'en ai entendu causer.
A R K A D I. Alors bon. Un jour je conduisais mon bahut, qu'est-ce que je vois ? une fille qui fait du stop. Mais alors, gironde, hein, puis alors douce fraiche ! Je la fais monter, on cause, e m' dit qu'elle a quinze ans, qu'elle est en seconde, d'accord. A un moment je freine, je'm'arrete, on mange un morceau et puis ensuite forcement j'y roule une pelle. Bon. J'y touche les nichons et ensuite, disons, j'y fous la main a la motte. Eh ben tu me croiras si tu veux, putain, j'y ai rien fait ! Rien de rien. Telle quelle, que je l'ai laissee repartir ! Je te jure ! J'y ai dit : mon petit, faut te garder pour l'homme que t'aimeras, et qui t'aimera ! Voila ce que j'y ai dit, a la petite ! Officiel ! Mais alors, putain, je triquais comme un dingue. Tu peux pas savoir ! Un bon verre de sauce, putain j'ai lache ! Faut dire que c'est elle qui m'a astique. J'y avais demande poliment. C'etait la premiere qu'elle avait en mains la petits sale. Remarque que les doigts, on aura beau dire, ca vaut pas la chattce. N'empeche, n'empeche ! je crois bien que jamais j'ai decharge autant ! Enfin le principal, je l'ai laissee intacte. Bon voyage, et bon vent ! Tu me crois ?
F E L I X. C'est con qu'y ait eu personne pour mesurer la sauce ! t'aurais pu figurer au Guiness Book of Records ! Si c'est comme tu dis, t'as le zob bon pour le KGB, toi mon con !
A R K A D I. Salaud ! Je t'ouvre mon coeur et toi…
F E L I X. Allez, l'Ukraine, rale pas. Merci, pour ton petit truc. Il est vachement vecu. Un peu simple, pour moi, mais..
A R K A D I. Si tu veux je te le complique !
F E L I X. C'est ca, tiens, complique-le moi donc.
A R K A D I. Ben voila, j'ai laisse la mome au bord de la route, seulement ensuite je suis revenu et la je l'ai baisee de force. Et je lui ai foutu une bouteille dans le cul juste pour rigoler. Ensuite je lui ai mis de la terre dans la bouche, avec un peu d'herbe, et je l'ai laissee crever sous un buisson, ca te va ? Putain de bordel, elle voulait faire la pute, la morpionne, moi je lui ai montre comment ca se termine, ces aventures-la ! C'aurait pas ete moi, c'aurait ete un autre, alors... C'est meilleur, pour toi, non ?
F E L I X. Je pourrai p't'et' bien en bricoler une ode. Ca s'est vraiment passe comme ca ?
A R K A D I. Ce qui s'est passe, c'est du passe, youpin ! Moi je te propose un truc, ensuite toi tu vois. Ce qui s'est vraiment passe, demande-le au bon dieu !
F E L I X. Ce qui signifie qu'en plus, t'es un violeur sadique ! Ben nous v'la en famille, on dirait ? Comme qui dirait, tous deux, amants tragiques ! Sauf que toi, apres, t'as fait une famille et moi pas.
A R K A D I. Ouais mais toi, t'as ton art ! t'ecoules ta pourriture ! Si t'ecoulais aussi la mienne, dans tes poemes de merde ? ca ferait un truc genial ! Tu te feras des couilles en or, mon pote ! Tu pourras t'envoyer toutes les nanas que tu veux !
F E L I X. Des couilles en or, tu parles ! Les poemes ca peut etre genial, ca rapporte pas un fifrelin. Ils sont genials, les miens, mais pour ce qui est de les publier, putain je peux toujours me branler !
A R K A D I. Pour reussir dans le monde de l'art, faut etre soit pede, soit youpin, soit franc-macon. Je le sais, c'est toi qui me l'as dit.
F E L I X. Ben moi justement je suis pede, je suis juif, et en plus je suis franc-macon par alliance. Comment t'expliques ca ? Mais non ! c'est cette putain de censure, bordel, c'est elle qu’est casse-couilles ! elle s'en fout, de savoir si t'es juif ou pede ! Non, y a que la CIA qui pourrait me l'acheter, ma merdouille.
A R K A D I. Ben vends-lui.
F E L I X. C'est fait.
A R K A D I. Ah bon.
F E L I X. Vite fait bien fait. Je suis bon vendeur. Non seulement j'ai vendu ma merde, mais en plus je m'ai vendu moi-meme, ma salope.
A R K A D I. Putain l'ordure. T'es pas si con. Aie pas peur, au KGB j'y dirai rien. T'as des nerfs d'acier, youpin, je respecte ca. Dis, en quoi qu'i te payent, a la CIA ?
F E L I X Dollars, of course.
A R K A D I. C'est pas con. C'est combien, le cours du jour ? 15 roubles ?
F E L I X. 20.
A R K A D I. Putain, c'est pas con. Nous nos talbins, i valent que dalle. C'est vraiment pas con.
F E L I X. La CIA, ca t'interesserait, encule ? Tu sais, j'ai une combine, je pourrais t'arranger ca.
A R K A D I. Non non, merci, putain ! Deja tu m'as fait embaucher par le KGB, avec tes combines, alors hein...
F E L I X. C'est toi qui decides...
A R K A D I. Et dis donc, a la CIA, i t'ont donne ( a toi, a ton pere, j'en sais rien ), i t'ont donne un de ces petits livrets qui sont si pratiquas...?
F E L I X. Dis, Arkadi, tu commences a me les rompre, avec tes manies de bureaucrate ! Tu crois que quand tu travailles en Russie pour la CIA, elle te donne des papiers comme quoi ! Tu es con, Arkadi. ! Et les dollars pareil ! ca part dans une banque suisse ! T'es qu'un pauvre con d'ukrainien sovietique, tu crois qu'aux papiers ! Dokument ! Tandis que moi, ma petite cervelle de youpin a qui meme sa bite obeit, elle est unique, tu piges ! et elle vaut bien une chiee de dollars !
A R K A D I. Ouais ouais, ca c'est vrai, meme moi je paierais pour.
F E L I X. Je veux, encule ! Bon, mais si tu veux qu'on te prenne a la CIA, faut que tu saches une chose : en Occident, on croit les braves gens sur parole. C'est le principe de base.
A R K A D I. Moi ca me va, putain. C'est pas con.
F E L I X. Bon alors maintenant concentre-toi bien : pour qui, a ton avis, pour qui je passe mes nuits a ecrire des poemes anti-KGB ? hein ? jusqu'a m'en rendre malade, putain ! hein ?
A R K A D I. Ben, pour la CIA, pardi !
F E L I X. Et qui m'a fait faire franc-macon ? qui m'a fait entrer ici comme pompier ?
A R K A D I. La CIA, je dis !
F E L I X. Vraiment on peut dire qu'on peut pas te baiser. C'est con que tu saches pas lire des plans secrets, sinon je t'aurais fait tout de suite embaucher. Avec un diplome de technicien superieur, par exemple, on t'aurait foutu dans un Institut. La recherche scientifique
! Putain la, tu t'en ferais, des dollars !
A R K A D I. Je sais bien ! Mes vieux i m'ont jamais pousse !
F E L I X. T'avais qu'a te magner ! I te faut une nounou, peut-etre ?
A R K A D I. Et toi, t'es dans un Institut, peut-etre ? Diplome ou pas, t'es la et t'es pas plus que moi ! Moi je suis specialiste du portail et toi des extincteurs, c'est la seule difference ! En plus, moi je suis membre de l'equipe d'incendie, figure-toi, et ca me fait une perme de trois jours en plus, pour la peine!
F E L I X. Ouais ouais. Justement je me demandais ce qu'on pourrait bien te faire faire, ici.
A R K A D I. Une chose que je peux faire, ce serait foutre le feu.
F E L I X. C'est radical, evidemment. Seulement ca ferait cramer des gens qui sont pas tous mal, hein ? les docteurs, les petites infirmieres bien desinfectees... c'est quand meme pas leur faute.
A R K A D I. Mais toi, par exemple, c'est quoi ton boulot ? Pasqu'enfin ecrire des poemes, et meme des poemes anti-KGB, c'est p't'et' un peu juste, pour la CIA ?
F E L I X. Un peu juste, oh, c'est toi qui le dis ! Je suis un ecrivain psychologique, moi putain
! un expert en ames ! Je passe le scalpel de la psychologie dans les ames d'agents du KGB et je les depeins, putain ! litterairement ! artistiquement ! tu saisis, encule ?
A R K A D I. Je veux faire pareil.
F E L I X. Tu pourrais pas. T'es pas expert. Braqueur d'ames, putain, suffit pas de vouloir !
A R K A D I. Qu'est-ce que je pourrais bien foutre ? T'aurais pas une petite idee ? Allez, putain, t'es juif, tu dois bien avoir une idee ! pour ton petit copain ukrainien ! S'il te plait !
F E L I X. Du calme, du calme ! Une bonne idee, ca doit se chier par les voies naturelles !
A R K A D I. Enfin tu vas pas me dire qu'y a que les plans secrets !
F E L I X. Non, ca, y a de tout ! Agent de liaison, codeur, balance.
A R K A D I. Balance, putain ! balance ! Comme balance je suis de premiere !
F E L I X. Ou bien alors decaniller un gars de temps en temps, un grand blond classe KGB. A R K A D I. Exact ! je l'ai deja fait avec ce petit youpin !
F E L I X. Un youpin ?
A R K A D I. Non non c'etait pas un youpin ! C'etait un mec du KGB ! Dis a la CIA que je lui ai regle son compte ! Hein, tu leur diras bien ?
F E L I X. Ha ha ! maintenant tu commences a te rendre compte ! tu vois que je voyais loin, ingrat ! C'est ca ta carte maitresse !
A R K A D I. Putain oui, c'est ma carte maitresse ! Merci, Felix, merci, je vois que tu t'occupss de moi ! Je te salue bien bas, puree, jusqu'a terre. Allez, chie-moi encore quelque chose dans ce genre-la, putain, un p'tit truc bien juif, bien frise ! rien que pour moi ! s'il te plait
! Je t'aimerai jusqu'a la mort, putain !
F E L I X. Arrete de me bousculer, merde ! On voit bien que t'es un plouc, putain, t'as pas une once de dignite ! La patience, voila une vertu qu'elle est noble.
A R K A D I. Ouais bon, d'accord, escuse-moi ! La patience, la patience, bon je vais y arriver. Escuse que je suis qu'un plouc d'Ukraine. Dis donc, a propos, y a un plouc d'Ukraine qui voudrait bien savoir une chose : c'est si la-bas, a la CIA, ils vous payent recta ou si i font des entourloupes ?
F E L I X. Aucune, l'Ukrainien, i z'en font aucune ! C'est du sur et certain ! A R K A D I. Et pour las grades, pareil ? I z'en donnent aussi sec ?
F E L I X. Ben c'te idee !
A R K A D I. Alors putain je suis pret a donner ma vie pour la CIA ! Vu ? A donner ma vie !
F E L I X. Ouais mais alors la, pour donner sa vie, chez nous tu vois i faut etre democrate. Tu te consideres comme democrate, Arkadi, ou pas democrate ?
A R K A D I. Ah ca alors, vachement ! Vachement ! Remarque, ca depend de ce que t'entends par la. C'est quoi, au juste ?
F E L I X. Ben, par exemple, tu es pour le multipartisme, et puis...
A R K A D I. Je suis pour !
F E L I X. Ca au moins c'est net ! Et tu es pour le communisme, ou pour le capitalisme ? A R K A D I. Le capitalisme, le capitalisme !
F E L I X. Putain, encule, on peut dire que tu comprends vite. Politiquement, y a vraiment rien a redire. Et qui va l'emporter, a ton sens ? le capitalisme, ou le communisme ? Qui c'est qui va gagner ?
A R C A D I. La capitalisme, bordel !
F E L I X. Pourquoi?
A R K A D I. Comment tu veux que je le sache, putain ! Je le sens dans mon cul, c'est tout ! Le capitalisme, putain, c'est le communisme sans periode transitoire, direct ! sans le socialisme !
F E L I X. Bien pete, putain. Comment tu sais ca ?
A R K A D I. Tu crois que c'est un con pt't'et', le mec que je frequente au boulot ?
F E L I X. En tout cas tu seras bientot mur pour nous chier un recueil d'aphorismes, toi mon con.
A R K A D I. Patience ! chaque chose en son temps ! Remarque, ca pourrait plaire en Amerique. Putain, si c'etait moi, je te les enverrais tous a l'asile, bordel ! tout le politburo a la con ! Je te les soigne, je te les reconvertis et apres hop ! je te les envoie a Paris, faire clochards ! Ouais ! un an ou deux a dormir dans dea cartons sur les trottoirs, qu'i voyent un peu ! Apres, eventuellement, je leur rendrai un petit bout de pouvoir, pas avant ! Pasque c'est des cingles, ces mecs ! moi je te le dis ! Une vraie chiasse ! Et dire qu'on a meme pas de pecu pour se torcher le fion de cette merde socialiste ! Si c'est pas malheureux !
F E L I X. Tu vois, Medor, faudrait que tu le fasses plus souvent, d'aboyer comme ca.
A R K A D I. Mais j'arrete pas, d'aboyer ! plus c'est pas possible ! Dis, j'ai une question : si des fois i nous prennent, les mecs du KGB, i nous collent au poteau ? Je suppose, hein ? Bon, je suis pret. Pour la cause.
F E L I X. Toi, i te collent au poteau. Moi pas.
A R K A D I. Et pourquoi toi pas ?
F E L I X. Parce que moi ils savent que je travaille pour la CIA.
A R K A D I. Non ! Encule ! Mais la CIA, i le savent que tu les vends au KGB ? F E L I X. Pouh, ca fait lurette qu'ils sont au courant.
A R K A D I. La, putain, tu me la coupes Putain !... Ben je voudrais pas etre a ta place !
F E L I X. Pourquoi, tout est reglo ! Je fais le contact entre la CIA et le KGB. Tu voudrais tout de meme pas que deux organisations aussi serieuses et respectables aient pas entre elles un petit contact ? Parce que regarde : la situation mondiale c'est ca : les USA et l'URSS qui se tendent la main !
A R K A D I. Ouais, c'est ce qu'on dit. Mais alors ca veut dire qu'on te paye des deux cotes ?
F E L I X. Qui c'est qui se casse le cul a bosser pour les deux cotes ?
A R K A D I. D'un cote en dollars, et de l'autre cote en roubles ?
F E L I X. Affirmatif.
A R K A D I. Putain la, vraiment, faut etre juif, pour degoter un truc comme ca ! D'abord je te crois pas.
F E L I X. Si tu savais comme je m'en fous !
A R K A D I. Mais ca m'aurait plu de faire pareil.
F E L I X. Tu veux tout tout de suite, putain toi ! On dirait un juif !
A R K A D I. Mais non, pas tout, pas comme un juif ! Je peux commencer par un tout petit truc, si on veut.
F E L I X. Bon, un tout petit truc. Tu veux commencer ou ? A la CIA, ou au KGB ? A R K A D I. A la CIA !
F E L I X. Voila une reponse rapide, sans reflexion, sans hypocrisie !
A R K A D I. Ben je sens comme une inspiration et je dis.
F E L I X. C'åst tres bien, l'Ukraine. C'est parfait. Bon. Dis, je suis en train de me dire une chose... Pour entrer a la CIA, ca serait p't'etre pas mal que tu sois juif.
A R K A D I. Juif ?
F E L I X. Ouais, juif. Ca, quand on y entre, c'est un sacre atout.
A R K A D I. He, dis, tu m'as regarde ? est-ce que j'ai l'air d'un juif ?
F E L I X. Ma foi, ma foi... Mets-toi dans la lumiere. La, de profil ? tu vois ? le nez crochu ? le front bombe ? Hein ?
A R K A D I. Ouais bon, j'ai le front bombe ! Je defonce les portes, avec ce truc ! F E L I X. On t'en demande pas tant.
A R K A D I. Le nez crochu, c'est dans une bagarre. Remarque, i sont pas forces de le savoir, hein ? Finalement, t'as raison, j'ai l'air vachement juif. D'ailleurs meme mon nom : Arkadi, c'est tout ce qu'il y a de juif. Tu me l'as dit toi-meme. Et y a des tas de juifs qu'ont des noms de famille chretiens, c'est connu. Toi par exemple.
F E L I X. Arrete un peu de toujours te referer aux autres, bordel ! L'important c'est pas ca. L'important c'est est-ce que tu te sens, a l'interieur de toi, un petit youpin minable ? est-ce que tu te sens ca ?
A R K A D I. A l'interieur de moi ? Putain, je me sens les tripes absolument youpines, youpin. De ma vie je n'ai rien voulu d'autre : etre un petit youpin ! Ben c'est vrai, quoi, on est les fils a Marx ! Et puis alors, question cervelle, putain ! archijuive ! elle en pete, tellement qu'elle est juive ! T'as qu'a leur dire que je suis juif, a la CIA, et moi ensuite je me debrouillerai pour donner les preuves, d'accord ? Putain, quoi, fais-le ! D'ailleurs tu sais, moi si je peux pas
blairer les juifs, c'est simple, c'est pasque je suis pas juif ! c'est le regret de pas l'etre ! Tu me crois ? Allez, je t'en prie, fais de moi un juif, youpin, je te lecherai les bottes toute ma vie ! ( II s'agenouille. ) T'as qu'a leur dire : c'est le plus costaud de tous les juifs blonds ! Tu leur diras ?
F E L I X. On verra ce qu'on peut faire, l'Ukraine. On essaiera.
A R K A D I. Putain, t'es un pote, Felix ! je te remercie ! Je te remercie vraiment.
F E L I X. Y a pas de quoi, mon gars. Tu me revaudras ca. Dis, quand meme, une question encore : tu baiserais avec un mec ?
A R K A D I. Pede, ca veut dire ?
F E L I X. C'est ca. Pede.
A R K A D I. Je sais pas, j'ai jamais essaye. Pasqu'i faut ca, aussi ?
F E L I X. Ben enfin ! c'est les rudiments ! Un agent secret doit savoir tout faire. Surtout s'il est americain. T'es juif, non ? tu veux entrer a la CIA comme agent secret, non ?
A R K A D I. P't'et’ que si j'essaye, je vais y arriver.
F E L I X. Tu sais, c'est pas dur. C'est meme agreable. Et puis pour le sida y a les capotes anglaises.
( II sort un paquet de capotes. )
A R K A D I. ( lisant ) Pre-ser-va-tifs. C'est pas en russe. C'est de l'importation ?
F E L I X. Amerlock, mon pote. En plus y a l'huile de la reserve. ( II montre une bouteille sur l'appui de la fenetre. ) Un zob bien huile, putain, ca y va !
A R K A D I. ( prenant la bouteille ) Elle est toute neuve. C'est Anna qui me l'a apportee, pour faire frire mes oeufs.
F E L I X. On va te les faire frire, mon coco, aie pas peur. Elle a pense a tout, Anna. En plus j'ai des dessous qui devraient bien te plaire. En soie. ( II sort deux collants de son sac. ) Tu vois, un pour toi, un pour moi. ( II en passe un a Arkadi )
A R K A D I. ( le reniflant ) Ca sent l'Amerique, putain.
F E L I X. J'ai connu un petit   gars, de la CIA justement, putain, qu'est-ce qu'il baisait bien, t'aurais vu ca ! c'etait le communisme mais alors vraiment sans phase transitoire !
A R K A D I. Ah ouais ?
F E L I X. Un reve de poete, l'encule ! Bon alors, tu fais comme ca, tu te deshabilles. ( II commence a se deshabiller. ) L'autre aussi, forcement, i faut qu'i se deshabille. A poil, putain !
 
( Ils se deshabillent tous les deux. Felix garde son slip, Arkadi son calecon de flanelle. Felix enfile un collant, Arkadi l'observe et fait pareil, mais il s'arrete a hauteur de genoux . )

F E L I X. Bon, apres tu te couches sur la banquette. ( II se couche sur la banquette. ) Putain, couche-toi aussi, merde ! ( Arkadi s'execute.) Et alors ensuite y a cette petite tante, tu sais bien, Gricha, Gricha la tantouze, qui se met a t'embrasser partout, en commencant par les orteils et puis en remontant, en remontant, putain ! doucement, tout tout doucement ! et pis d'un coup i te leche les couilles, d'abord, et puis le trou du cul, putain ! c'est beau, c'est l'aurore boreale, putain, une nuit en Siberie... et puis ensuite i te suce le bide, les tetons, le cou, les levres, putain ! les levres ! Mais le zob non ! attention ! pas le zob ! D'abord i va redescendre, te repeloter les couilles, toujours sans toucher a ton zob, et quand i te sentira bien chaud, tu vois, bien pret a faire ton petit Vesuve, et ca i le sentira, crois-moi, i le sentira ! alors i se fout entre tes jambes, il ouvre tout grand son four a pines et toi tchaaaac ! a distance ! tchac tchac ! dans les gencives, a la mitrailleuse ! Dans la gueule, dans la glotte, a Gricha la tantouze ! Un plein verre, pour Gricha la fiotte ! Waouhhh !
( II s'empare de la tete d'Arkadi et la serre contre son entrejambes. )
A R K A D I. ( stupefait ) Ah ! ah ! non !
F E L I X. C'est pas bon ? Putain ! voila un communisme auquel ni Marx ni Engels ni Lenine, ni meme Trotski, putain ! i z'ont jamais pense ! Et Gricha, ce cul qu'il avait ! putain, un de ces culs ! Et quand il m'enfilait, putain, tellement doux, tellement tellement doux et d'un coup broum ! la brute, la vraie brute ! ah la vache... Je te le dis, rien ne vaut ce communisme-la, rien ! Et tu sais, lui, je lui permettais de m'enfiler sans capote. Il etait sain, Gricha. Alors voila : ton petit boulot, pour commencer, a la CIA, on est dans la phase probatoire, ce sera de me faire reluire pendant la garde de nuit. Pour que je me sente plus a l'aise, psychologiquement. Que je puisse mieux me concentrer sur mon boulot a moi. Des demain on te vire tes dollars sur un compte en Suisse.
A R K A D I. Ouais, bon, on peut tenter. On s'envoie en l'air. OK.
F E L I X. On y va.
A R K A D I. Tout de suite ? Bon, d'accord. Mais dis, le contrat, comme quoi c'est mon boulot qu'on baise, on l'ecrit pas ? ( II va vers la table. ) Parait que chez eux on fait tout par contrat, c'est vrai ?
F E L I X. Encore la paperasse ! mais merde, t'es qu'un con de bureaucrate ! On lui propose d'embarquer pour Cythere et i veut un visa ! Non la, putain, la tu vas fort ! Est-ce qu'on te fait pas confiance, nous autres ?
A R K A D I. Bien sur, Felix. T'as parfaitement raison. Je suis qu'un con de bureaucrate.
F E L I X. C'est ca, mon chou, fais un effort.
A R K A D I. Je vais le faire, Felix. Dis donc, Felix, le petit youpin que j'ai ratatine, i s'appelait pas Gricha aussi ?
F E L I X. Aussi. C'est bien, tu suis tout, t'es observateur ! Oui, le petit Gricha. Il voulait plus bosser pour la CIA ! " II avait pas besoin de dollars ! " Et puis un jour il a plus voulu me donner son cul. I m'a dit : " Pourquoi tu baiserais pas avec l'Ukrainien qui prend la garde avec toi ? il a une jolie petite gueule, un beau corps d'athlete, hein, pourquoi pas ? et puis alors il a un cul !... " La-dessus ce pauvre Gricha s'est mis a flipper completement. L'etait bon pour l'asile. Pret a manger le morceau. Fallait l'expedier ! Il pouvait tout faire capoter, le pauv’ cingle. Toi, ca va, j'espere, du cote psychisme...
A R K A D I. Moi je dirais que ca va.
F E L I X. Si t'as su saigner Gricha comme t'as fait, pour moi c'est que ca va. Allez, ma puce, viens dans mes bras. ( II serre Arkadi dans ses bras. )
A R K A D I. ( se degageant vivement ) Non ! non !
F E L I X. Pourquoi tu veux pas ?
A R K A D I. Qui tu es ?
F E L I X. Moi ? je suis moi.
A R K A D I. D'ou tu sors ?
F E L I X. De notre mere la vie, mon pote.
A R K A D I. De taule, oui ! tu sors de taule !
F E L I X. Oh, juste un petit sejour. Ca fait cinq ans que je vis sur des faux-fafs. J'avais un frere, tu vois, un frere jumeau, un brave gars, il est mort, alors j'ai garde ses papiers. C'est tout un poeme, cette histoire. Tu veux que je te la raconte ?
A R K A D I. Non moi les poemes, j'en ai mon plein cul !
F E L I X. Au camp, ils les aimaient bien, mes poemes. Je les fourguais aux caids, ils les recitaient a leurs fiottes et en echange i me bichonnaient. C'est comme ca que j'ai pu m'en sortir. Et putain ! avec l'envie de vivre, putain ! Gricha, lui, il a rien compris. Rien de rien. Tu
vas pas me balancer, l'Ukraine ? Non, tu vas pas me balancer. Tu sais que je te tiens la. T'as la corde au cou, l'Ukraine. S'il faut, je
serre ! Je serre a mort !
A R K A D I. Et si je coupe la corde ? ( II sort un rasoir. ) Je sens que je vais me faire encore 500 roubles !
F E L I X. Ici ? Pauvre con d'Ukrainien ! Tu t'arrangeras vraiment jamais ! ( Un temps ) Dans la rue, sous une voute, d'accord !... Le premier qui le fait a gagne.
A R K A D I. Toi je sais bien que tu le feras pas, seulement tu vas repayer un mec pour le faire a ta place !
( Le telephone sonne. )
F E L I X. Decroche, bordel.
A R K A D I. ( depose son rasoir sur la table et va decrocher ) Ouais. Ah, Tamara ? salut. Un macchab en neuro ? le 121 ? OK. OK OK. Combien ? Ah non ! un quart, non non, tu fais le boulot toi-meme ! Un demi-litre ? Un demi-litre, ca marche. On arrive. Salut. ( II raccroche. ) Y a un macchab chez les cinoques. Le 121. Un demi-litre, ca va, c'est correct.
F E L I X. I s'est ouvert les veines ?
A R K A D I. Elle a rien dit la-dessus. ( Silence)
F E L I X. Demain matin sept heures je sortirai de chez moi. T'as qu'a venir avec ton rasoir. Moi je serai les mains nues. J'espere que d'ici-la je ne changerai pas d'idee. J'espere. T'as ta chance. ( II s'avance vers Arkadi en le menacant du rasoir. ) Putain ! i faut me regler mon compte, merde ! J'y arrive pas ! Aide-moi, putain, aide-moi ! Sinon tu vas etre le dixieme, tu comprends ? le dixieme, putain ! C'est pas un compte rond ?
A R K A D I. Qu'est-ce que..? ( II arrete le bras de Felix. ) Va donc, eh, intello !
( Le rasoir tombe, puis le noir se fait. )


FIN




Discours (Cache-cache avec la mort de Mikhail Volokhov)
Il n'y a pas de programme -je vais dire quelques mots avant le debut de spectacle. Regardez comme il fait froid ici - cela correspond parfaitement aux conditions de ce spectacle. C'est un projet experimental qui, comme vous le comprenez bien, ne peut etre monte dans le cadre d'un theatre officiel.
Nonobstant, ce n'est pas dans le but de choquer, c'est pourquoi nous considerons ce projet avec beaucoup de serieux. Le fait est que Mikhail Volokhov est un dramaturge connu et considere comme un provocateur dans les milieux theatraux meme a l'epoque brejnevienne dite des annees de stagnation ses textes etaient parfaitement connus.
Mais ces textes circulaient en photocopie et les professionnels des milieux du theatre en connaissaient l'existence. Vous comprenez qu'a l'epoque cela ne pouvait etre monte. Au fait ce que vous allez voir aujourd'hui est la premiere tentative professionnelle de jouer ces textes. Certes, je sais que certains petits theatres travaillent avec ces textes. Je veux tout de suite prevenir que M. Volokhov ecrit dans une langue verte. C'est pourquoi je pose la question de principe : y a-t-il des enfants dans la salle ? Non, bien . Parce que pour nous cela est aussi tres important. Dans la piece la langue - ce n'est pas la langue des acteurs - mais la langue des heros.
Ce que vous allez voir aujourd'hui - c'est en quelque sorte le modele. Car si l'on se souvient des paroles de Stanislavsky a propos de la verite de la vie. eh bien, Volokhov amene ce precepte
jusqu'a l'absolu.
Parce que, par exemple, on ne peut pas ne pas boire dans la morgue sinon on est gele.
Deuxiemement il est impossible de ne pas utiliser ce vocabulaire sinon tes collegues t'ecrasent, te demolissent - telles sont les conditions pour survivre dans cette profession. C'est pourquoi, je demanderai que ceux qui seraient genes, prennent leur mal en patience les huit premiere minutes car peut-etre ensuite l'action et l'histoire des personnages les impressionnera. Comme vous comprenez - c'est un jeu - «A cache-cache avec la mort». Celui qui joue a ce jeu dans le jargon des voleurs, c'est un defunt. Au fait Volokhov est notre emigre russe. Et maintenant pour autant que je sache, Micha veut rentrer en Russie. Et quand il est parti - ce n'etait pas pour des raisons politiques mais simplement familiales, ayant epouse une Francaise. Et peut-etre que la-bas, en Occident c'est un peu par nostalgie et en quelque sorte une forme d'adieu au phenomene de notre histoire russe que je qualifierai de phenomene de l'idiotie sovietique.
De plus nous pensons sans cesse - devons-nous continuer a jouer cette piece ? Et comme le montrent les derniers evenements dans ce pays - nous devons continuer a jouer cette piece. Quand nous jouions cette piece a l'etranger, a Paris par exemple, nos emigres venaient voir cette piece.
Et pendant le spectacle certains devaient trouver une reponse a leurs problemes personnels : a-t-il bien fait de partir ? Certains estiment que oui, d'autres que peut-etre bien que oui pas tout a fait. Mais nous avons tres vite oublie ou nous sommes.
Aujourd'hui on ne peut juger de differente facon notre epoque, la critiquer et dire que l'on s'est trouve comme dans un trou noir mais nous avons tres vite oublie comment nous vivions malgre tout. Pour nous ce spectacle - c'est en quelque sorte un cadre dans lequel nous mettons un morceau de vie. Et de notre vie passee nous n'avons rien change. C'est notre passe proche et croyez-moi ce n'est pas si simple a jouer. Surtout dans les conditions de la scene, si l'on aborde cela d'un point de vue analytique et artistique.
C'est pourquoi comme vous allez voir - ici rien ne change, nous avons tout laisse: les sigles qui n'existent plus - KGB, URSS, la valeur de l'argent qui aujourd'hui peut paraitre ridicule. Et je donne toujours cet exemple - aux ventes aux encheres de Sotheby's les oeuvres du realisme socialiste sont tres a la mode, non pas parce qu'elles ont une grande valeur artistique mais parce que d'un point de vue historique tout cela ne reviendra jamais plus.
 
Et nous avons pense que nous pouvons faire la meme chose dans le cadre du theatre. Que cela ne revienne plus. Mais il ne faut pas l'oublier. La langue verte qui fait la structure de ce spectacle c'est une experience purement culturelle, une action.
Un jour j'ai eprouve un vrai plaisir lorsque nous avons presente ce spectacle non seulement chez
Bernard Sobel, mais aussi a l'INALCO. On a specialement invite les etudiants des premieres annees pour qu'ils puissent controler leurs connaissances de langue. Ce qui m'a surtout frappe, c'est leur choc et leur effroi - ils ont etudie la langue pendant cinq ans, mais ils ne comprennent pas un seul mot
!
Encore une anecdote. Ce qui me degoute surtout c'est l'hypocrisie dans le theatre. Lorsqu'on me dit : Mais pourquoi tout ca ?
Oui, un jour la television de Petersbourg a essaye de faire voir un fragment. Mais lorsqu'on s'exprime en langue verte on y fait toujours passer le ronfleur. Finalement, tout le fragment s' est presente comme alphabet morse. Je l'ai vu - ca vaut la peine - lorsque les gens devinent ce qu'il
y avait...
Et voila le dernier exemple -pourquoi je deteste l'hypocrisie - c'est Chantal, l'epouse de Micha. Elle est partie et Micha la cherche de par le monde. Actuellement elle est en Allemagne.
Pourtant je dois constater que la situation de Micha a bien change . Ses livres sont parus aux editions Glagol et Magazine isskoustv. Ses pieces font partie des best-sellers europeens. «Cache-cache avec la mort» - c'est sa meilleure piece - a ete monte non seulement a Paris, mais aussi en Suisse, en
Allemagne.
«Cache-cache avec la mort » est largement connu. Oui, cette piece est actuellement tres connue dans le monde mais je pense que toutes ses pieces seront montees_un jour ou l'autre.
Chantal etait ici, a Moscou, a l'epoque elle travaillait a l'Ambassade de France et Micha, il etait la-bas
? Une drole de famille : la femme francaise est a Moscou et le mari russe est a Paris. Et voila un jour elle a appele Micha par telephone et lui a annonce avec fierte : Je te felicite. Tu es un vrai classique. Lorsqu'une femme adresse de telles paroles a son mari, ca fait plaisir. Je peux imaginer les sentiments de Micha qui avait le coeur plein de joie. Mais tres naif comme tout vrai artiste il a demande : Mais pourquoi ?
Et elle lui a repondu en toute sincerite : Tu sais, Micha, chaque jour lorsque j'arrive au marche
-j'entends qu'on te cite.
Oui, c'est vrai. Aucune langue - tous les slavistes peuvent le confirmer - ne possede autant d'argotismes. Notre peuple a beaucoup de talent dans ce domaine aussi. Je pense que nombreux sont ceux qui restent dans ce pays pour cette raison. Le dictionnaire de l'argot de Moscou qui vient de paraitre c'est un vrai poeme !
Et finalement je vous presente les acteurs qui ont fait l'impossible. Ils ont fait un grand travail, un travail serieux. Ce sont des professionnels de haut niveau, les meilleurs de la generation des trentenaires.
Le role d'Arcady est interprete par un comedien qui a brillamment debute dans le film «Je m'appelle
Arlequin». Il avait pas mal d'autres roles «Fana», «Salope», «Le jeu au serieux», «Labyrinthe» et bien d'autres. Et puis il a commence a tourner des films. II vient d'etre elu secretaire de l'Association des cineastes russes. Le role d'Arcady est interprete par Oleg Fomine
Le role de Felix est interprete par un comedien qui est deja assez connu. Certains reconnaissent son visage sans se rendre compte ou ils l'ont deja vu. Eh bien, c'est un comedien que j'aime beaucoup et qui participe largement a mes projets. Actuellement il rend quotidiennement visite aux   spectateurs des « Mysteres de Petersbourg». Il parait aussi sur la scene_du theatre Lenkom. En bref, le role de Felix est interprete par Serguei Tchonichvili. Par tradition je souhaite une bonne chance a nos acteurs
....Dieu nous garde, mes amis.

Andre Jitinkin





ENTRETIEN SUR LA PIECE DE MIKHAIL VOLOKHOV, "CACHE-CACHE AVEC LA MORT",
ANIME PAR Y. P. EDLISS.
Cette discussion sur la piece de Mikail Volokhov - "Cache-cache avec la mort"- a ete organisee en Novembre 1989 a l'Institut

des Ecrivains de Moscou par le professeur Youli Philipovitch Edliss.



"... mais surtout, il y a quelque chose dans cette piece que je n'ai trouve dans aucune autre piece ecrite ces

dix dernieres annees ...



Cette piece ouvre quelque chose de nouveau dans l'histoire de la dramaturgie.



Un participant intervient pour dire :

- S’ il y a une quelconque lumiere dans cette piece, je comprends qu'il faille la mettre en scene, mais je n'y vois pas de lumiere.

Edliss reprend :

- Vous en parlez avec beaucoup d'ardeur, comme si cette piece vous derangez en fait.

Soit, ecoutez-moi maintenant. Parlons de la langue. Savez-vous en quoi etaient construites les malsons autrefois, un peu partout... et notamment ou il n'y avait pas de bois, en Ukraine par exemple, en Crimee? en torchis. On le faisait avec du purin, de la paille et de la glaise, mais surtout du purin et dans ces cas-la, le purin ce n'etait pas de la merde, c'etait un materiau de construction, un materiau avec lequel on construisait des maisons. Dans ces maisons on suspendait de la bruyere et d'autres plantes qui sentaient fort parce que l'odeur restait pour toujours en fait ; et dans ces maisons vivaient des gens. Ils s'aimaient. Ils mouraient. Ils mettaient au monde des enfants et c'etait la vie. Revenons a la piece : la langue si dure qu'utilise Volokhov y joue deux roles:

1) Un role de materiau de construction puisque dans cette vie qu'ont les personnages - vie qui s'avere par ailleurs impossible a etre differente -(je l'expliquerai tout a l'heure pourquoi) Il n'y a rien d'autre pour construire une maison dans laquelle on peut vivre, rien d'autre.
 
2) Ici, cette langue joue un role extremement important sur le plan artistique et lexical. On peut la prendre, non plus domme une facon d'insulter ou bien meme, un patois ou meme encore un argot, on peut la prendre comme une sorte de langue
nouvelle, faconnee par la vie elle meme et ca a un cote realiste, ca fait vrai. Et cette verite avec la force de son cote interdit, de son cote cache, cette verite joue un role artistique. J'ai longtemps reflechi et je voudrais sincerement que cette piece soit jouee. Et ce, sachant que dans la tradition russe - que je respecte malgre tout - il est difficile de monter une telle piece. Ce qui n'est pas le cas, par exemple aux Etats Unis ou des pieces avec un vocabulaire vulgaire est chose frequente. J'ai feuillete quelques pages en pensant, et si tout cela n'etait qu’euphemisme. Je donne un exemple extrait de
Soljenitsyne... si vous voyez ce que je veux dire. dans sa nouvelle "Une journee de
Ivan Denissovitch" , il y a une phrase comme cela : "va te faire foutre".

Mais non, il ne peut pas y avoir d'euphemisme, parce que chez Soljenitsyne, "va te faire foutre" signifie bien "va te faire foutre" et rien d'autre. Et ce parce que le materiau lexical, la structure lexicale, tout cela etait normal, habituel, selon la tradition. Mais dans cette piece, c'est une autre langue que, peut-etre nous ne parlons pas, nous entre nous, mais que nous pensons. Non pas parce qu'en pensee nous utilisons un tel langage, mais parce que notre conscience est tombee tellement bas, que meme en parlant un langage de cour, nos pensees en sont arrivees a un niveau moral qui equivaut a cette langue, cette langue veridique que nous pensons. J'irai jusqu'a me permettre de definir cette piece comme une piece eschatologique. Eschatologique c'est-a-dire qui voit la fin du monde, qui envisage la fin du monde, ce qui sera a la fin du monde et apres la fin du monde. Pourquoi cette piece est-elle dans un sens entierement realiste? Parce qu'elle raconte notre monde qui se tient reellement, veritablement au bord de sa perte. Tenez, hier, je lisais un article surle sida. Il s'avere que si nous ne trouvons pas d'ici une vingtaine d'annees un vaccin, l'humanite sera sur la voie de sa disparition et ceci n'est pas une peinture simplement apocalyptique c'est absolument reel. En effet, le sida se transmet a present dans le sein de la mere. Il s'avere donc que ce n'est pas seulement par les relations sexuelles. Notre organisme est ainsi fait et lorsque nous faisons l'amour, nous ne pensons pas au sida. Ce serait plutot surprenant d'imaginer une Juliette disant a son amant qui grimpe a son balcon
"n'oublie pas de mettre ton preservatif". Vous comprenez ? De meme, parlant du trou dans l'ozone qui s'etend, nous sommes entres dans une ere de danger eschatologique, et c'est justement la raison pour laquelle est apparu ce genre de litterature. Soit, on pourrait l'appeler "absurde". Mais c'est comme on veut. Dans cette piece, les pensees
ne sont ni plus ni moins que celles de "En attendant Godot". Mais je dirai qu'elle se situe au dela. Tous est dans son essence. Essayez de me raconter le sens de "En attendant Godot" ? Certes, a la surface de la terre, on ne vit pas mal : on va en pantalon, on va faire la queue, on s'aime, on divorce, on recoit un salaire, une pension, une retraite, on est publie, on boit de la vodka, etc.. , etc.. Et on a l'impression que l'on est sur quelque chose de solide, sur une terre tres solide. Lorsque tout a coup se produit un phenomene monstrueux : le magma bouillant qui se trouve sous la terre, qui etait jusqu'a present separe de nous par la croute terrestre se manifeste. Et en fait, la crou-
te terrestre s'amincit tellement, que nous nous trouvons en realite, sur le magma, nous nous trouvons en plein dans le cratere d'un volcan. Tous. Et il suffit de regarder dans le cratere, pour que nous ayons peur. Petrouchevicaia ecrit comme il est difficile et
incorfortable, et meme terrible, de vivre en plein cratere. Et parce que nous vivons en plein cratere, nous avons des comportements stupides, vils, bas, inintelligents
 
nous nous disputons. En fait, il suffirait de nous proposer un appartement au lieu d'un cratere, pour vivre en quelque sorte normalement. Et Volokhov, lui n'a pas mis ces personnages dans un cratere endormi mais dans un cratere justement en eruption. Le volcan est en eruption. Tenez, recemment, au cours du programme televise de Leningrad, on a fait part d'un fait divers tragique : une jeune fille s'est fait violer 4 fois en une soiree par 4 personnes differentes. Et vous savez que la vie a Kazan est tres difficile. C'est la ville de la violence extreme. On y compte 10 000 truands qui ont entre 8 et 16 ans. Vous voyez donc que Volokhov a jete un regard dans le volcan en feu. Bien sur une generalite, une metaphore. Tous les gens ne vivent pas encore dans un volcan en eruption. Mais c'est la menace qui touche tout le monde. Le personnage principal de sa piece n'est pas un KGBiste, n'est pas un membre de la CIA, Il n'est pas PD, ni meurtrier. Lui, c'est moi. Mais moi, dans cette vie, je peux etre et pederaste, et meurtrier, et KGbiste, et membre de la CIA. On a renverse les barrieres : tout est possible. Vous dites que la piece de Volokhov est occidentale, ou occidentalisee. Mais permettez-moi : est-ce que ce ne serait pas le heros d'un roman de Dostojevskij
"Smerdlakov" qui l'aurait ecrite? Le russe est profondement un russe qui s'appellerait Smerdiakov. Et cette piece est tellement russe. Volokhov n'a rien invente, il a simplement fait un pas de plus. Cette piece ressemble tres fort a la piece de Mrojek "Les emigres", mais en pire, en plus profond. Et la temperature de son volcan n'atteint pas moins de 1000 C. Tout y est possible. Vous savez c'est comme chez Dostojevskij :
Il n'y pas de Dieu. Ca veut dire que tout est permis. Et les 2 personnages de ia piece de Volokhov vivent dans un monde ou tout est possible. Je pense que c'est une oeuvre remarquable. Tenez, dans cette piece (a ce moment un intervenant interrompt le conferencier nour dire :)

- Il n'y a pas de Dieu

Edliss reprend et dit :

- Non, il est en tout ! Pourquoi?

N'est-ce pas a leur sujet que le Christ a dit : "Venez a moi les desherites, les humilies, les pauvres d'esprit car le royaume des cieux est a vous ». Ils ont atteint la limite derriere laquelle il n'y a plus que Dieu seul. C'est une vision apocalyptique. C'est entierement apocalyptique. C'est ou bien Dieu, ou bien rien d'autre, la fin, le neant.
Mais justement, a un moment donne, dans la piece, on manque de souffle devant la purete; devant l'elan de purete. Cela va tellement mal pour eux : ils se repentent jusqu'a la fin. Et en cela il y a, on pourrait dire, catharsis. Ils vont jusqu'au bout. Ils ne s'arretent pas en chemin. Ils ne cachent rien. Et pourtant, tout est mensonge. Car la piece est faite entierement de metaphore, comme la Bible. Mais Mathusalem ne vit pas jusqu'a 969 ans et la mer Rouge ne s'ouvre pas pour laisser s'enfuir les Juifs d'Egypte etc... Ce sont les signes de quelque chose, comme dans la piece. C'est une piece significative (a signes). Elle n'est pas simplement une metaphore, elle est faite de metaphores. Le final de la piece est impressionnant : c'est

"donne moi le signe qui me permettra de comparaitre devant Dieu", "Tue moi, je ne veux pas continuer de vivre ainsi".
 
C'est une piece terrible, effrayante, monstrueuse. Mais on ne peut pas en detourner les yeux.

Pourquoi ?

On a mal pour les heros, on a terriblement mal. Ce sont de miserables creatures de Dieu, les plus miserables qui soient. Et, entendez bien, dans la piece il y a encore un 3eme heros :

C'est celui qui les a crees ainsi. On peut l'appeler comme on veut : cours de l'histoire, degradation du genre humain.Car en fait, nous sommes alles jusqu'a l'extreme ! Lisez donc le compte rendu du plenum de l'Union des Ecrivains d'U.R.S.S. ! Est-il meilleur exemple?

Et les heros de cette piece sont-ils vraiment plus vils que les ecrivains de notre terre russe, sur le plan de leur haine et de leur mechancete ? D'ailleurs, en ce qui concerne le plenum de l'Union des Ecrivains, le probleme est different : ce n'est pas dans
l'antisemitisme, ce serait plutot l'explosion d'esclaves, d'intermediaires assoiffes de sang. Les faces de ces gens que nous pouvons voir a la reunion de Leningrad, sont-elles vraiment meilleures?

Certes, ils sont prets a dire : "Nous sommes prets a nous battre au nom du socialisme". D'ailleurs ca n'a pas d'importance au nom de qui. Le plus important, c'est qu'on est pret a enfeindre les lois de Dieu et les lois humaines. On peut tuer au nom de quelque chose, d'un Ideal quelconque. Mais en realite, on nra absolument pas le droit de tuer.
L'humanite a toujours tue, en sachant qu'il ne fallait pas, que c'est interdit. Et maintenant, on lui dit que l'on peut.

Le premier qui l'a senti, c'est Dostojevskij. C'est en effet son Grand Inquisiteur qui dit :

"On peut te tuer Christ, au nom d'un quelconque ideal. On peut te tuer Christ Sauveur! Oui, s'il le faut nous te tuerons! Tu ne nous es pas utile toi, Christ, au nom de qui nous pouvons aussi vivre! " De meme Yvan Karamazov qui apprend a Smerdiakov comment tuer son pere pour,soi-disant, eliminer les "cafards". Le but etait genereux : le pere etait une ordure.

Vous comprenez ? C'est cela l'eschatologie. Volokhov a jete un regard la ou moi j'ai eu peur de le faire. C'est pour cela que je n'ecris pas ce genre de chose. Je m'etais apprete a le faire. Mais en vain. C'est l'audace, c'est le courage soit d'un Saint Francois d'Assise, soit d'un fou. Je suis incapable de maitriser une telle verite et de l'ecrire. Que faire ? Vous comprenez ?

Certes des pieces sur les homosexuelles, Il y en a des tas! "Ballade au sujet d'un chien triste", "L'oiseau enchanteur de notre jeunesse", des pieces sur les lesbiennes, les drogues, les meurtriers, il y en a des tas!

Mais cette piece parle du genre humain. Et pourquoi Felix, un des personnages de la niece, veut-il faire l'amour avec l'autre personnage de la piece Arcadie? Vous pensez simplement que c'est pour l'acte sexuel ?
 
Il veut faire l'amour pour sortir de son isolement, se fondre avec quelqu'un d'autre. Oui, oui, oui!

Qu'est ce que ca veut dire faire l'amour repondez-moi? Tiens, si on te proposait un bonbon et que tu n'y as jamais goute ? On ne peut pas faire l'amour comme cela a la legere?

Soyons plus clair. De quel amour s'agit-il ?

C'est toujours de l'amour, de l'amour ! Vous dites que c'est une piece sur le genre humain. Et moi je pense qu'elle ne SOt pas du cadre de cet hopital ou elle se deroule! (le conferencier Y.P. Edliss reprend la parole:)
- Et justement ! C'est dans cet hopital qu'est reconstitue tout notre univers, notre monde et nous n'avons pas d'issue pour sortir de ce monde I

L'intervenant reprend :

- Moi je n'en fais pas partie! Non! Je saisis quelque moment defini mais je n'ai pas d'inquietude, ni de plainte commune.

Edliss reprend

- C'est possible que vous ne les ayez pas eprouvees. Mais c'est possible aussi que vous n'osiez pas les manifester. Moi non plus, je ne me retouve pas parmi eux.

L'intervenant reprend:

- Je suis sincere Jusqu'au bout !

Edliss poursuit :

Oh Serguei, ce n'est pas votre mentalite, ce n'est pas la mienne non plus d'ailleurs! Vous comprenez ?

Vous pouvez dire que dans cette piece, il y a au moins un mensonge au sujet de la vie
? non! Il n'y a pas un seul mensonge. Ils peuvent mentir au sujet du KGB, de la CIA, Mais du mensonge au sujet de l'humanite, au sujet de la vie, non, il n'y en a pas. Tout est vrai, entierement vrai. Vous savez bien: Les enfants ont peur d'entrer dans une salle noire. Pourquoi? Ils ont peur d'y voir des apparitions. C'est l'imagination, et ils n'y entrent pas. De meme; nous non plus, nous n'aimons pas entrer dans une salle noire.
Nous comprenons bien qu'il n'y a pas d'apparition, nous savons que les morts ne sortent pas de leur tombe dans les cimetieres. Nous le savons. Et bien que nous ayons conscience de tout cela, nous n'aimons pas entrer la nuit dans un cimetiere. Nous n'aimons pas non plus entrer dans une piece noire, encore plus si ce n'est pas la notre. Mais regardons plus loin. Je ne vous invite absolument pas a ecrire ce genre de piece. Absolument pas. Mais on peut quand meme remercier ce fou qui nous a donne pareille revelation. L'humante a besoin de pareilles revelations. Vous avez connaissance de pareilles revelations et pourtant l'humanite va a sa perte! Nous-memes, nous ne comprenons pas pourquoi? Nous sommes dans une terrible impasse, aussi bien sur le
 
plan physique que biologique et ecologique. Mais le plus Important c'est le plan moral. Vous comprenez ? Cette morale que les hommes de Neanderthal ont recue et que des millenaires plus tard, Moise a reecrite dans ses 10 Commandements, puis le Christ; dans son Evangile. Pourquoi ces commandements et ces Evangiles ne vieillissent-ils pas ? C'est parce ce que loin d'enchainer l'homme, elle le libere. "Ne tue point!" ce n'est pas une loi etrangere pour nous !


Quelqu'un intervient:

,

- Ca me semble quand meme exterieur dans le sens ou ca nous a ete donne par un Esprit.

Edliss reprend:

- Soit, mais si c'est un Esprit, c'est cet Esprit qui nous a cree et nous sommes nes en meme temps avec cela. C'est comme ca que nous avons ete concus avant que ne commence l'epoque ou tous ces commandements ont ete ignores. Est-ce que vous comprenez pourquoi maintenant tous se tournent vers une religion? Et pourtant je dirais que tous ces proselytes ne sont que de beaux parleurs! Il y a une soif, une soif de retour, une soif a se raccrocher a n'importe quoi. Nous coulons I C'est ce que
justement Volokhov a ecrit au sujet de ces 2 heros. C'est qu'il n'y a pas une paille a
laquelle se raccrocher. Ils s'enfoncent eperdument. C'est terrible bien sur. C'est terrible. Mais pourquoi cela ne nous lache-t-il pas ? Pourquoi nous avons envie de revenir une 2eme fois, une 3eme fois dans cette chambre ou vivent des esprits et des fantomes ? Pourquoi ? C'est parce que, au bout de ce tunnel sans lumiere, apparait l'espoir. C'est parce qu'il fait tellement noir que, si on ne croit pas en la lumiere, il n'y a rien a faire.
Cest comme si la situation etait extreme. Ou bien, comme quelqu'un d'entre vous l'a dit, la situation etait morbide, desesperee.

Quelqu'un intervient :

- A mon avis, ils nous apprennent a douter...

Edliss reprend :

- Ils nous apprennent la soif de croire !

Quelqu'un Intervient :

- Le doute, ca veut dire la soif de croire !

Edliss reprend:

- C'est exact. C'est-a-dire vous comprenez c'est une epreuve, c'est une tentation. On peut vivre comme cela mais le heros, Felix, dit: "Non, tue-moi". Ca, c'est le cote purement moral, pour ainsi dire philosophique. Mais revenons sur terre, a la dramaturgie : le sujet. Le sujet, il n'y en a pas. Tout n'est que mensonge. Le KGB, c'est
 
du mensonge et le pere c'est du mensonge, et la CIA c'est du mensonge et l'excuse du meurtre c'est un mensonge. Alors qu'est-ce qui meut notre interet et pourquoi ces 2 heros se trouvent-ils dans une dynamique ? Le sujet n'avance pas. Il n'avance pas, parce qu'il tourne en rond. Tenez, par exemple, ca parle du KGB puis de la CIA, puis de nouveau du KGB ensuite il a tue, pas tue. Il a oblige a tuer, il n'a pas oblige. Ca tourne en rond I La piece progresse dans la deception. Ils aspirent a quelque chose et se heurtent a la deception. Le degre de deception augmente de plus en plus. Vous comprenez?

Tenez prenons Arcadie : s'il tuait Felix, comme il voudrait et que le lendemain, quelqu'un d'autre lui telephonait et lui disait : "bon tu as tue ce sale juif, tu as aussi tue Felix n'estce-pas? J'ai une 3eme tache pour toi. Il faut tuer encore quelqu'un d'autre!

- Je ne veux pas !
- Comment ca - je ne veux pas - Vous en avez tue d'autres!?
Il n'y a pas d'issue. Donc il tuera Felix. Cela ne changera rien, ca lui est egal, il a deja tue un juif...

Vous parliez du canari: est-il possible que vous n'ayez pas remarque que le canari,c'est la seule chose qu'ils conservent tout au long de la piece, l'un comme l'autre? L'un le possede et l'autre voudrait l'acheter. Et tous deux ont terriblement besoin de cet oiseau. Car ce canari, quelle que soit la personne avec laquelle il vit/ n'est pas coupable. Il n'a pas de peche originel. Et. le posseder, c'est,en quelque sorte une expiation. Pourquoi un canari? Pourquoi ce canari est-il tellement important? Pourquoi vous etes vous heurtes avec ce canari? Il est comme la colombe au moment du deluge, qui apporta le rameau d'olivier. Ce canari est tres important dans cette piece. Il joue un role extraordinairement important dans cette piece. C'est-a -dire plus exactement comme le final avec le rasoir. Pourquoi? Parce que c'est le moment ou, comment dirai-je, ils ont compris quelque chose qu'il est difficile d'expliquer avec des mots. Ce n'est pas la mort, c'est pire que la mort ce qui leur arrive. Ils viennent de trouver la verite et en cela il y a catharsis. C'est le moment ou il leur manque le souffle devant la beaute de tout ce qui arrive, en resultat de toute cette bassesse, de toute cette misere.

Tout ce que je dis - est bien reel dans la piece, je n'invente strictement rien. C'est tout ce que l'on peut y lire. On peut voir et ne pas voir.

Quelqu'un intervient:
.

- On peut ajouter une remarque a cette piece : c'est que le crime, c'est se trouver l'un et l'autre.



Ådliss reprend:
 
- Je ne conseillerai pas a Volokhov de faire cette remarque parce que le rasoir, il y est. Et, il reste derriere la porte. Et, il surgit au moment meme ou ils ont decouvert la verite. Le voila qui transperce, qui transperce Asia, qui me transperce. Je ne me souviens meme plus du texte, mais je me souviens d'un souffle de genie.

Tenez, vous comprenez ce passage ? "Peut-etre que tout est comme ca dans la piece. Mais surtout, il y a quelque chose dans cette piece que je n'ai prouve dans aucune autre piece ecrite ces 10 dernieres annees, sauf peut-etre dans celle de T. Williams. Et
cette verite va beaucoup plus loin, beaucoup plus profondement, dans une sphere,
beaucoup plus douloureuse que la verite de Vampilov, sans parler de celle de Petrouchevkaia.. Vous comprenez?

Cette piece ouvre quelque chose de nouveau dans l'histoire de la dramaturgie.
C'est-a-dire que cette piece ne pourrait pas etre ecrite dans un autre langage que celui dans lequel elle est ecrite. Mais son sens profond n'est pas dans cela. Son veritable
sens se trouve dans le fait que Volokhov va plus profondement dans le puits que l'on croirait sans fond. Et nous sommes encore plus effrayes de le savoir sans fond. En fait il s'avere que non il y a la un fond derriere lequel il n’Y a rien d'autre, il n'Y a plus de puits, il n'Y a pas de nuit, il n'Y a pas de fin. Derriere, c'est encore plus terrible,
derriere, il Y a et existence, et fin aussi ... Encore un point interessant : ils jouent aux cartes. Et que misent-ils a votre avis? Le canari ! Ils jouent aux cartes la seule chose sacree qui soit encore dans cette piece ! C'est comme si on jouait aux cartes la vie du Christ, car ce n'est pas de l'argent qu'ils jouent aux cartes. Ils n'ont pas besoin d'argent. L'argent sera encore utilise soit pour un meurtre, soit pour autre chose. Vous comprenez? Ils jouent leur vie, c'est ca qui est terrible. Vous connaissez le duel
Americain? En fait, c'est le duel Russe pour les Americains I On met dans un chapeau 2 papiers et celui qui tire le mauvais papier doit se tuer (au lieu qu'on le tue). Vous comprenez?

Chez nous on l'appelle le duel Americain, parce que c'est Tolstoi l'Americain qui l'a ramene le premier - Piotr Tolstoi qui vivait, a l'epoque de Pouchkine. Mais aux Etats
Unis, on l'appelle le duel Russe. On joue sa vie. En fait vous comprenez, c'est a la fois du masochisme et de l'exhibitionnisme. La hauteur de cette piece se trouve donc dans ce degre d'auto-revelation. Vous comprenez?

Pourquoi sommes-nous sujets a nous corriger ou, tout au moins, pourquoi ne punit-on pas celui qui se repent ?

Pourquoi dans le christianisme, le pecheur qui demande pardon ne va-t-il pas en enfer
? Vous vous souvenez? Pourquoi?

Et meme s'il a tue, le fait du peche reste et pourquoi devons-nous lui pardonner si la Loi de Dieu dit qu'il ne faut pas tuer !? En fait il a enfreint la Loi donc il doit etre puni!

Mais pourquoi le pardon de Dieu, et celui des hommes bien sur, entre-t-il en compte? Pourquoi? Ce n'est pas logique. Ce n'est pas logique, parce que dans les
Commandements, il est dit : "Ne tue pas" et il a tue. Mais il s'est repenti et le pecheur qui a demande pardon est comme purifie. On tient compte de sa demande de pardon. Mais les heros de Volokhov, demandent pardon avec une telle cruaute. La est tout
 
l'artifice de la piece et la raison pour laquelle on ne peut pas s'en detacher. Et en quoi s'Y retrouve-t-on ? On n'est ni pederaste, ni criminel. Mais, on attend inevitablement le pardon. Le pardon, s'est la seule chose qui nous reste et c'est par la puissance de ce repentir que cette piece me parait une production admirable.

Tenez, Ils jouent aux cartes selon une regle quelconque. Je n'ai pas compris d'apres quelle regle..Ils jouaientr Mais, j'ai cherche a savoir en quoi etait le prix; dans quel but ils jouaient aux cartes. Dans quel but ils feignaient d'etre un tel, un tel ou encore un tel.
Dans quel but? Pour que l'on croit qu'il etait pederaste.

Quelqu'un intervient:

- Felix? Naturellement!

Edliss reprend :

- Je ne crois pas!

L'autre reprend:

- Mais si c'est obligatoire!

Edliss dit:

- Non, non, c'est encore une facon de mettre l'autre a l'epreuve. C'est peut-etre une facon de ne pas demander pardon. Tu es pret meme a coucher avec moi?

L'intervenant:

- Non Y.F. Edliss. vous ne parlez plus de la piece. Vous etes dans les nuages. Dans la piece Felix est homosexuel. Donnez moi la piece, je vais vous prouver concretement.



Edliss dit :

- Comprenez Serguei. Vous pensez comme un metteur en scene qui cherche des solutions faciles. Tenez, prenez un exemple. Il y a le metteur en scene Efros qui ne donne pas de reponse et il y a le metteur en scene Tovstonogov qui donne des reponses. Il faut savoir qu'il y a des questions eternelles. Pourquoi elles sont eternelles? D'abord parce que ce sont nos questions. Et pourquoi sont-elles eternelles? Tout simplement parce qu'elles ne comportent pas de reponse. Et la grande litterature, des grand theatres s'occupent justement de ces questions eternelles. Pourquoi Victor
Sergueievitch Rozov, en tant que dramaturge, n'est pas d'un tres haut niveau? Parce qu'il connait les reponses, les reponses aux questions qu'il pose dans ses pieces. Bien plus, il connait la reponse avant meme de poser la question. Mais voyons le probleme differemment. Tenez, qu'est-ce que le demon? Quel est le sens de l'existence du demon? C'est une facon de faire chuter l'homme plus bas, plus bas, toujours plus bas. Et l'humanite sombre, sombre, sombre plus profondement. Pour que une fois, arrive au
 
fond, elle se releve. C'est comme si on faisait le tour de la terre et qu'on revenait a son point de depart. Ainsi, nous avons devant nous 2 personnages qui sont tombes au plus bas. Et de la decoule le pathos de la piece, la demande du pardon. En quoi, il y a art dans le fait qu'ils pensent d'une maniere irrationnelle et ne se posent pas de but? Il n'y a rien de plus fort qui les fait se mouvoir, sinon eux-memes...
2)

Mikhail Volokhov


LE GRAND CONSOLATEUR

Un saga sur l’amour

Texte francais : Nikita Krougly-Encke

PERSONNAGES :

P î l i a
Ò i m
L i o r à

Paris, a notre epoque.

Un appartement 2P a Paris

Avant le debut de l’action, une voix o; de comedien recite un poeme :

L’homme qui mourra dans ma piece
D’abord ecorchera sa peau et la pendra sur la chaise,
Et la chaise lui dira : ca me serre les epaules - votre mort n’est pas mon probleme.

Et la rose dans le vase interviendra
 
Et mettra comme exemple le vase de cristal :
Je me meurs dans le vase et le vase n’a rien contre, Il scintille seulement de toutes ses facettes.
Et la chaise leurs dira : ce sont vos propres problemes. Et le sofa cholerique se rappellera
Qu’autrefois sur cette chaise se tenait un homme avec un
noeud sur le cou,
Et la chaise fut joyeuse quand on l’a renversee, Et les jambes de l’homme pendaient dans l’air.
Et la chaise leurs dira : allez-vous en dehors! L’homme qui mourra dans ma piece
Peut s’ecorcher sa peau,
Mais comme signe de respect a la chaise, Qu’il la jette par terre.

La chaise a ses propres problemes,
D’autant plus que tout cela n’est qu’une piece.

Entrent Polia avec une petite valise et Tim avec la guitare.

P o l i a. C’est ici que j’habite. Entre, Tim. La guitare, tu peux la mettre la-bas. Et la valise restera ici pour l’instant. Qu’est- ce qu’elle est lourde!
T i m. Elle est remplie de papier. C’est pour ecrire un roman. C’est Kostia qui me l’a donne. Ouf! Je suis en nage. Et completement creve.
P o l i a. Juvamine-vitamine. (Elle donne une pastille a Tim.)
Retape-toi. Un peu d’eau. (Elle lui tend un verre.) Avale.
T i m. Merci beaucoup. (Il avale la pastille.) Et le corps mort transportait un ame aussi mort.
P o l i a. Raconte-moi ton roman en details.
T i m. Avant son execution, le Grand Consolateur n’a pas pu trouver sa propre consolation. Bien que pendant toute sa vie il ne faisait que de consoler d’autres personnes avant leurs execution. La sensation : demain c’est ma propre execution, mais je ne peux pas me consoler moi-meme! (Il regarde tout autour.) Voici que t’as amene chez toi un clodo fuyard, un ecrivain Juif. Si un homme a decide de crever, il s’est donc console soi-meme avant l’execution, et il ne faut surtout pas l’en dissuader.
P o l i a. Meme Kostia n’a pas pu t’offrir un verre d’eau.
T i m. Et bien, Kostia est un brave homme, chere Polia. C’est lui, babillard, qui m’a laisse une place dans le squat.
P o l i a. Kostia lui-meme y habite gratos, dans cette usine desaffectee du centre de Paris, et aux autres, comme toi, il donne sa permission, voix-tu!
T i m. Ce sont des lois de la jungle, que je ne denonce pas, a Paris, on vit tous gratos, en profitant du capitalisme. (Il inspecte les tableau pendus sur les murs.) Des bateaux, des paysages, des bouquets. Chez les Soviets, l’accumulation des peintures devient maintenant un danger de vie. Maintenant, l’on tue pour des tableaux en Russie, aussi bien qu’a Paris. Dans le squat, les peintres Russes fabriquent pour rien le realisme leniniste-staliniste.
P o l i a. Ils amenent dans le squat un papillon clochardesques, qu’ils baisent dans tous les mandats
sacrosaints, puis ils la peignent en trayeuse a poil dans la neige tout juste sortie des bains. Ensuite ils opposent un sceau de 1937 et tout droit - a Drouot. Et les Francais l’achetent pour l’accrocher dans leur chambre peinte en bleu pour s’exciter. (Il regarde le tableau.) Les gosses qui descendent en luge les montagnes de neige, si heureux!
T i m. Du gribouillage, ca aussi?
P o l i a. Je n’ai que des originaux. “Dans tout l’univers, il n’y a pas d’angoisse que la neige ne saurait guerir!” La neige russe d’un blanc immacule! A Paris, la neige est aussi belle, sauf qu’en hiver il n’y a pas de belle neige a Paris! Mais il y a des negres et des Arabes du metro! A cause de la neige, on peut devenir raciste. Et Pouchkine etait a moitie noir pour reunir par sa nature le monde entier qui est noir et blanc. La semaine prochaine il ne restera de votre squat que de vagues souvenirs. Tout ira a la casse.
T i m. C’est l’ordre du maire. Les mecs s’agitaient : “Pas de chance sans la chance!” Je voulais qu’on m’enterre dans une de ses caves. C’est toi qui m’as deterre. Et les mecs - ou iront-ils? Il faut savoir comment dormir dans la rue. Quand Youra Tomsky m’a jette dehors de sa demeure d’arabe en HLM, je revassais pendant trois mois au bois de Boulogne sur un matelas gonflable sous une nappe ciree.
P o l i a. Les trans du bois de Boulogne ne t’ont-ils pas harcele?
T i m. Ils etaient au boulot. J’ai meme reve que quelqu’un me cogne sur la tete avec un objet lourd pendant le sommeil. Ca c’est fait sans cela. C’est quand meme un pays de culture, la France.
P o l i a. Un suicidaire Russe, Juif d’origine. Tu veux du jus de fruit? (Elle lui verse du jus.)
T i m. Merci. (Il bois.)
P o l i a. Et t’en a beaucoup ecrit, des romans?
T i m. J’ecris toujours un seul et le meme pendant toute ma vie.
P o l i a. J’ai lu un de tes romans sur les putes et les assassins. J’ai beaucoup aime. C’est pour cela que je veux que tu vives.
T i m. Merci de rien - je vis encore. C’est a la tele que tout va bien, comme il faut, et qu’on veut bien continuer de vivre. En plus, tous les jours, je peux gagner 20 euros pour la bouffe en chantant “le Cocher” a la guitare. C’est Kostia qui m’a appris comment a Paris l’on peut subsister a la boheme. Sinon moi-meme, a part que je zigouille des gens dans mes romans… etc… non seulement… Mais il y a des gens qui ne savent pas comment gagner un euro, et qui se ruent a Paris pour ecrire des vers clochardesques, de tels poetes Juifs surement tres Russes. Y en a un qui a trepasse dans le squat la semaine derniere. Il a avale un stylo, auquel il chuchotait ses poemes. C’est hilarant a en crever. Il est reste 48 heures dans des boites de carton, jusqu’a ce qu’il commencat a puer. Et tout le monde s’en foutait!.. Dans le squat, chacun a son propre business. A Paris, tout le monde est affaire. Moins t’as a faire - plus t’as d’aplomb. Et moi, sans aplomb, je peux vivre sans bouffe pendant dix jours, et je vais pas crever, mais seulement purger mon organisme. Pourvu que je boive de l’eau, au mieux de l’eau bouillie. Je peux te demander, au cas ou, un peu d’eau bouillie gratos?
P o l i a. De quoi parles-tu?
T i m. Ici, c’est l’Occident, et l’on doit rester prevenant. Quand j’ai vu tes yeux, je me suis rappele de ma mere.
P o l i a. T’as une mere qui est en Russie?
T i m. Elle est enterree en Siberie. Avec mon pere.
P o l i a. Pardon.
T i m. Tout ce qui commence…
 P o l i a. Et notre amitie?
T i m. A commence?
P o l i a. Tu sais comment arreter le temps?
 T i m. Je sais comment le tuer.
P o l i a. On peut etre ensemble des tueurs du temps?
 T i m. Si tu le veux.
P o l i a. Tu veux manger quelque chose?
 T i m. Apres le resto chinois?
P o l i a. Ca t’a plus?
T i m. La soupe aux champignons - c’est quelque chose. Kostia m’a invite une fois au chinois, quand il a vendu une croute aux encheres. Il est vraiment le principal dans le squat. Et il le chante. Une fois, quand on etait tous a table, et j’etais le nouvel arrive, il a dit qu’il fallait absolument me donner une place dans le squat, meme par terre, parce que j’etais un connard de genie Russe. Mais quel genie, bon sang?! On est ici tous des connards de genies Russes! Parmi tous ses genies Russes, rien que dans le squat il y en a au moins une vingtaine de poetes emigres Russes de gueux pouilleux. Et ils se detestent tous les uns les autres, parce que les gonzesses illuminees par la misere spirituelle ne veulent pas les baiser. Et quand Kostia-le-Grand- Ceremonial les a persuades que j’avais un talent de genie de tonnerre, ils m’ont octroye, comme au plus grand genie,
la place la plus merdeuse de la cave sur des boites de carton dans l’intimite des rats. Je t’emmerde avec mes souvenirs?
P o l i a. Tu sais bien tuer le temps.
T i m. Dans le squat il est trop di;cile de se trouver meme une place par terre pour dormir sur les cartons. Mais ils ont obei Kostia. Quand il etait soul, il leurs a dit l’air tres serieux que j’etais un genie Russe completement schizo, une grande fierte de la culture russe et de l’underground russe, et on a bu de la biere. Ou bien du vin. En fait, je ne me souviens plus, ce qu’on buvait. C’etait du the. C’est ca. La, pour la premiere rencontre, je leurs ai apporte une boite de the vert chinois qui soigne le cancer, et on buvait du the contre le cancer. Je leurs ai dit que le the vert chinois contre le cancer est vraiment bon pour la sante. Et Makhratch avec son sens de l’humour a dit qu’il etait un grand amateur des moines chastes qui restent sur le ventre la gueule contre le sol en hurlant de rut dans la taiga.
P o l i a. L’amour sait tout pardonner?
T i m. Les Francais dans le metro sont excites par nos chansons d’amour. En une heure ils peuvent te jeter facilement 10 euros dans le chapeau. N’ai pas peur : je ne vais pas t’incommoder si tu veux que je reste… ici… chez toi. Je peux vivre facilement pour 10 euros par jour. Et tu peux prendre 15 a 20 euros extra pour les depenses communes.
P o l i a. Reste ici, Tim, je t’en prie. Ne t’inquiete de rien. T i m. Chere Poline! Tu ne me connais pas du tout.
P o l i a. On va se connaitre.
T i m. L’ecrivain est different de ses romans.
P o l i a. Et la putain-lady ressemble a ses romans?
T i m. Polia…
P o l i a. La lady n’est pas une putain. C’est la putain qui est une lady. Et pour devenir une lady, il faut d’abord absolument devenir une vilaine. Et tu seras une lady royale apres que tu deviennes une larve execrable.
T i m. Toi, tu es pure.
P o l i a. Une lady pure ou bien une propre litiere?
T i m. Je t’ai vue ainsi dans mes reves.
P o l i a. Je vous aime tant, les Juifs Russes - les plus Russes que j’ai jamais connus. Pourtant, vous n’etes pas des Russes. Vous savez vivre et souffrir sans etre hysteriques.
T i m. La vie est un don de Dieu - pourquoi gemir tout le temps?
P o l i a. Et toi, tu voulais crever la-bas, dans la cave!
T i m. J’ai assassine trop de gens en Israel, dans mes romans… J’ai devalue la vie.
P o l i a. Un don de Dieu. Et le zero du nimbus au cou d’un un, il l’etrangle dans le dix. Sans etre hysterique.
T i m. Je suis vraiment un assassin, Polia. Avec pas mal d’hysterie.
P o l i a. On voit les merveilles du monde, mais on ne voit pas la Lumiere. Toi, tu es Juif. Pourquoi tuer les Juifs?
T i m. Je veux comprendre, pourquoi Christ-le-Juif, a-t-il ete crucifie par les Juifs. A cause de ca, j’ai mal partout a l’interieur. Rien n’a change depuis. Tu t’imagines : Juif moi- meme, j’egorgeais des Juifs en Israel sous la lune pour des feuilles vertes americaines.
P o l i a. Les Juifs peuvent s’egorger intelligemment les uns les autres, parce qu’ils sont des elus de Dieu. Tout comme les Russes, porteurs de Dieu?
T i m. Les Russes et les Juifs sont les nations les plus puissantes du monde. Il n’y a qu’eux qui a la fin ont un “et” cohesif, pour reunir l’intelligence a la morale, l’esprit et l’amour salutaire.
P o l i a. Pour l’instant, ils ne reussissent pas.
T i m. Le commerce juif de tout et de tous a transforme le monde entier en un monde juif. C’est pour ca que partout il n’y a que la zigouille mondiale. L’homme Russe met du temps a atteler pour mettre le monde entier a sa place sainte et spirituelle dans ce monde et pour sauver le monde. P o l i a. Oblomov, porteur de Dieu, c’est l’incarnation de l’homme Russe, de son dessein et son sens salutaire, desinteresse et unificateur. Oblomov, lui aussi, attendra, on l’espere, sa rupture. La question, c’est quand?
T i m. Tu es une fille Russe divinement intelligente et poetique! Ainsi, tu sais exactement tout au monde a la facon feminine?
P o l i a. Je suis juste une fille sensible. Avec tous mes nerfs dehors.
T i m. T’es une genie de beaute sensuelle, Polia. Et pas du tout nerveuse a l’exterieur. Oblomov sait deja beaucoup - il sait l’essentiel : c’est de tomber les deux pieds dans les deux pantoufles simultanement quand il se leve de son lit.
P o l i a. Mais Oblomov voit que vous, les Juifs, avez encore peu travaille pour lui reunir quelque chose.
T i m. Mais il est Juif lui-meme, comme tout le monde, ton Oblomov! Sauf qu’il ne veut pas faire ce travail juif
mercantile a l’instar de son copain Stoltz. Il est plein de paresse. Il veut juste bouffer. C’est tout.
P o l i a. Et tuer les gens - c’est un travail russe ou juif?
T i m. En Russie, il est russe, en Israel, il est juif. D’autant plus que tuer les Juifs par les Juifs ne passe pas pour de l’antisemitisme. En plus, je suis fils de prof. Etant dans mon conscient porteur de Dieu Russe, devrais-je balayer les rues du bazar a Tel-Aviv pour les Arabes de la-bas? Qu’ils ailles se faire voir, ma belle! Et point de question que je me suicide, un Juif, l’elu de Dieu! Mais en Russie, je n’ai appris rien d’autre. Ma chere Polia, autant de penser tout le temps aux autres, et apres, de les zigouiller tous, plus intelligents de toi!
P o l i a. Etant porteur de Dieu, il zigouillait les autres, comme l’elu de Dieu!
T i m. En Israel, t’as pas le temps de penser, quand tu arrives de la Russie nu comme un ver. La-bas, il faut immediatement, tout comme en Russie, taper quelqu’un sur la tete. Et cette envie ne fait qu’augmenter la-bas. En Israel, le ciel et la terre ne t’appartiennent pas, il ne te soutiennent et ne te retiennent pas. Pourquoi ils ont la peine capitale aux U.S.A.? La-bas, tous les ricains immigres ont une terre alienee sous les pieds, et le ciel sans condamnation au- dessus de la tete, comme dans le desert. Mais en meme temps, dans son ensemble, c’est une nation anglo-saxonne, pour qui Shakespeare est un ecrivain sacre avec ses grands Macbeth et Hamlet. D’un cote, en Amerique, chacun est pour soi. La-bas, le “Nous”-altruisme transcende le “Moi”- egoisme. La-bas, chacun, tel immigrant solitaire, se sauve soi-meme, et non les autres. Intrinsequement, les
Americains sont tous des emigres meme en 10e generation. La-bas, ils pourraient tous eliminer les uns les autres en deux semaines a cause de leur “Moi”-egoisme sans recourir a la peine capitale selon le droit du premier qui tire et qui frappe de son Colt de cowboy. Et en meme temps, en plus de leur agressivite, la peine capitale est l’incarnation meme de l’idee supreme de “Macbeth”, leur piece sacree anglo- saxonne, celle-meme que l’assassin doit etre assassine. C’est pour ca que les Americains interviennent dans les autres pays pour zigouiller tout le monde avec leur comprehension souvent erronee du macbethisme assassin pour les autres nations. Et leurs films principaux travaillent pour leur idee genique de la zigouille-vengeance d’assassins sanglants et nobles, multipliee par l’idee du “Moi”-egoisme d’immigres. Et maintenant ils nous envient quand nous, les Russes, avons commence a apprendre a zigouiller de Shakespeare et de Macbeth.
P o l i a. Nous, les Russes, au siecle dernier, sans recourir
aux Americains shakespeariens, avons assassine chez nous a l’echelle des milliards ceux qui etaient loins d’etre des Macbeth-assassins. Plutot, c’est leurs esprits de Macbeth des eurorevolutions qui nous zigouillaient.
T i m. Pourtant, cette ecole a servi la Russie de menager Hitler le fasciste sans loi. Pourtant, encore Bismarck disait a ses Allemands de ne jamais faire la guerre aux Russes. Son porte-cigare portait une plaque d’argent avec un mot russe “NITSCHEGO” grave. Il a fait ses etudes en Russie et comprenait que pour les Russes, leur idee principale de “NITSCHEGO” -“RIEN” - fait parti de “VSE” - “TOUT”, la
plus globale et la plus grande et primordiale dans l’esprit et
la realite idee du territoire terrien et divin. On ne peut pas avoir des doutes par rapport au territoire. Quel est l’esprit russe - tel est son territoire terrien. “TOUT” ou “RIEN” est notre reponse d’idee russe. C’est exactement pour ca qu’on peut pas faire la guerre aux Russes. Les Russes ne cederont jamais leur plus immense place dans le monde - leur plus grand territoire. De la, les Russes ont la plus grande au monde responsabilite salutaire du plus grand territoire, de la langue russe toute puissante, qui appelle la conscience russe a la volonte sacrificielle de l’exploit altruiste de defendre son territoire russe sacre en tout moment. Et par cette responsabilite auto-alimentee et la volonte de l’exploit altruiste, l’homme Russe, au niveau genetique, est le sauveur principal et vertueux de tout ce notre Monde humain commun et global. L’homme Russe ne peux pas ne pas sauver le Monde par son code genetique, autrement il perdrait son ipseite sacrificielle determinante et basique dans son pays et dans le Monde, il perdrait le fond spirituel de son “MOI” vertueux, qui se transforme en “NOUS” par l’action salutaire, le “NOUS” de toute l’humanite, dont nous, les Russes, sommes des sauveurs. Cela s’est surtout revele pendant la 2e Guerre Mondiale. La Russie est l’autodefense de la Terre. Aussi pompeux que ca peut paraitre.
P o l i a. “Ce n’est pas effrayant de mourir sous les balles,
Ce n’ai pas amer de rester sans le toit,
Et nous te garderons toujours, o langue russe, La grande parole russe!”
T i m. Voila. Bravo, tu le comprends bien. De la Mere Patrie, comme l’a dit Anna Akhmatova. Elle a exprime l’idee russe
principale, celle pourquoi ca vaut la peine de vivre, pour la grande parole russe et l’oeuvre russe mondiale et salutaire. Bien qu’Akhmatova etait une femme outrage par le pays stalinien. Mais par ces paroles d’une grande poetesse russe, Dieu du Monde exprima le plus intime de ses desirs et de ses pensees. Les Russes sont invincibles. Les Allemands muets flairaient ou etait enterre le chien, que la Russie est la poesie divine du Salut de la Terre et la Juste Gouvernance du Monde. C’est pour ca que les fascistes en
41 nous ont envahi pour etablir comme gouvernance du monde leur prose allemande fasciste anti-humaine et destructrice. Et lis ont recu en 45 de la part des Russes ce que leur Bismarck leurs predisait - ce “NITSCHEGO” - “RIEN”. Et encore en 18 quand l’Entante serra la Russie, c’est alors que dans cette Russie serree en un poing se revela et s’impreigna la plus vertueuse dans l’esprit du developpement de tout notre Monde l’Idee de la Liberte- Egalite-Fraternite, seule pour tous, et on ne negociera point le prix. Et pour ce “VSE” - “TOUT” - humain la Russie combattait alors et a vaincu, affame, nue, pratiquement toute seule, en sauvant cette Super-Idee du Monde. Autrement, “NITSCHEGO” - “RIEN” - ni Paix, ni Liberte. Aucune Paix dans le Monde entier. Naturellement, apres Stalin avec son illetrisme commenca a abattre tout autour dans la boue et par cela diffama l’Idee, mais par son nom il devint “VSE” - “TOUT” - a son epoque sanguinaire, sauvage et totalitaire. C’est Stalin qui a vaincu Hitler, le Macbeth europeen, par sa Force de son Salut du Monde russe. Comme la Force du Salut est toujours plus puissante que la
force de l’aneantissement. Autrement il n’y aurait pas tout simplement de vie sur la Terre.
P o l i a. Et qu’est-ce qui se passe maintenant dans le Monde?
T i m. Maintenant…
En meme temps que la vie, comme d’habitude, Reste incomprehensiblement eternelle,
Des espoirs et des connaissances humaines Se renfermerent sur l’amour
De leurs semblables Qui furent engendres.
Mais de vrais connaissances, Correlees a l’Eternite
Ayant comme but de vaincre la mort humaine Et doter l’homme de possibilite
De disposer de l’Univers a sa guise,
Sont obtenues, comme dans les siecles passes, Au sommet des actions sanguinaires et barbares, Sur le corps et les ames
De ses semblables Mortels bien-aimes…
Et si il n’y avait tout ce meli-melo sanguinaire et bacterien, on ne serait pas la tous les deux assis a bavarder. Et Macbeth doit surement etre tue…
Et quand moi, un Juif Russe en Israel, je zigouillais d’une facon sanguinaire mon premier Juif, et par ce fait je le sauvais, je ne lui ai pas dit que c’etait un Juif d’Amerique,
son proche parrain, avec qui il a herite une grande fortune, qui avait achete mon couteau pour 50.000 dollars.
P o l i a. Si aujourd’hui je n’etais pas venu dans le Squat, personne ne t’apporterait de l’eau, tel sauveur meli-melo assassin anti-Macbeth.
T i m. Envoie-moi au diable, zigouille-moi, Polia!
P o l i a. Calme-toi, Tim, tout ira bien. La vie est un don de Dieu.
T i m. Je dis parfois des choses si sauvages et obscenes. Sans repit. J’ecris mon roman dans ma tete. Ca fait deux ans que je n’ai parle a personne. Dans le Squat, il n’y a personne a qui parler, dans ce Squat des chlamydias! Personne et nulle part ou parler dans cette mechante ville de Paris. Dans le Squat personne ne savait que j’achetais du Bordeau a 3ˆ que je presentais comme du Bordeau a 20ˆ. De toute facon, ils etaient ignobles vers moi, comme ils etaient ignobles tous entre eux. Je suis terriblement fatigue par cette immigration a Paris, chere Polia. Pas moins qu’en
U.R.S.S. et plus qu’en Israel. Mes editeurs attendent quand l’auteur-assassin, c’est a dire moi, crevera, pour publier tranquillement des bouquins pour les enfants sur mes heros-assassins. Ils pensent que l’assassin ecrit sur lui- meme et ils evitent le scandale publicitaire pour une raison quelconque. Et moi, vois-tu, tel Juif-assassin muet, j’ecris justement des romans sur moi-meme et pour personne. En Russie, ils ont sorti un roman, et ils m’appellent que je rentre au pays pour abattre les pins et decharger les caisses de bananes. Mais moi a Paris, j’ai apparemment perdu l’habitude d’enfouir les merdeux pour du fric dans les neiges eternelles. Et au loin de la Russie tu ne sais meme pas
comment gemir. Le mutisme total. Est-ce que tu vends des tableaux russes?
P o l i a. Je vends de l’amour russe. Je rime les fesses aux hanches par la bouche sans repit.
T i m. Toi aussi, t’a personne a qui parler?
P o l i a. Ici, il n’y a meme personne avec qui l’on pourrait penser.
T i m. T’as commande le plus cher des Champagnes. Des gestes royaux. Excuse-moi, chere Polia! Je ne dois pas bien manger. Mon cerveau deviens hydropique et je raconte des bobards. Je ne sais pas comment vivre une journee… sans assassinat… Et dans mes romans, j’explique a l’humanite comment vivre heureux.
P o l i a. En Russie, si tu compte sans etre Juif, c’est que tu t’es leurs vendu subrepticement. Et a Paris, il faut devenir une larve noire afin de regagner par le cul la place de Blanche-Neige. Et tu commences a le comprendre seulement quand il n’est plus possible de sortir de la merde totale et il te reste aucune force feline sacree. Et nous, les Russes, avons en plus le complexe de genie et de volupte genitale de boheme seigneuriale. Et si tu tends ta bouche vers la source des paroles russes feeriques, alors le Parrain- editeur-en-chef de revue politique se dresse et te frappe dans les yeux, tel immigrant economique et commercial avec son intestin du comite du Parti, pourtant noblement dissident. Ensuite, ce Parrain a moultes paroles ici, a Paris, t’enfonce une hache dans le crane en te fendant la tete, l’ame et la Russie. Avant de venir a Paris, tu composais des poemes, et a Paris, t’es execute pour des poemes. C’est le Parrain qui t’execute, celui qui etait un dissident grisatre, ou
bien un agent secret a la solde du KGB, dote d’une bite molle de meduse prehumaine 36,6 au thermometre, tiede et degueu. Qu’y a-t-il de plus monstrueux dans le monde russe pour une nymphette lumineuse Russe a Paris?
T i m. Une bite molle et tiede de meduse, c’est trop chic pour une belle fille Russe a Paris.
P o l i a. Dans toutes les revues d’immigrants, que des epreuves de force des partis et executions kagebistes. Personne n’a besoin de ton talent. Ni aux immigres, encore moins aux Francais, qui ne comprendront JAMAIS tes poemes! Tu dois involontairement tourner avec tes poemes dans le milieu d’immigres Russes. Et la-bas, tout est empoigne par ces parrains a cause de leur politique corrompue. Et quand le Parrain ment politiquement sur ces pages, et il ne fait que mentir, tu dois toujours rester casaniere du Parrain-premier secretaire du comite du Parti de la maison close de la terreur d’immigres. Et quand le Parrain ne peux plus bander, parce qu’il peut pas bander eternellement, il t’attache a un fauteuil et commence a se branler sur toi avec sa bite de tue-mouche toutes ridee mais sans embarras. Et voila, quand il a joui, ce tue-mouche avec sa composition gonorrheique, purulente et veneneuse de kagebiste, tu ne te pose plus la question, tu reste toute veule avec ce sperme de Parrain-dissident. Tu es noyee sans te poser de questions dans ce venin de kagebiste gonorrheique et purulent. Et quand les kagebistes Russes ont pris la revanche en tant que capitalistes, c’est la raison meme pourquoi le Parrain se vantait de sa dissidence, lui- meme pour ne pas perdre son fric corrompu, devient d’un
coup communiste, mais la temperature de sa bite de meduse chute jusqu’au zero absolu.
T i m. Mais ils etaient tous, ces Parrains-jaseurs, politiciens, dissidents grisatres, surveillants de la culture, laisses par la nouvelle Russie sans travail en Occident. Et maintenant, ils reclament de nouveau leur communisme gris de kagebistes, qu’ils continuent a leur decrocher du fric pour leur communisme impotent qui destabilise la Russie. La turpitude merdocratique toute reelle. Les vrais dissidents romantiques et spirituels sont assassines pour du fric et des crevettes rouges de Norvege, pour etre comestiblement precis.
P o l i a. Je comprends que malgre tout, il faut ecrire ses poemes salutaires sans se soucier des putains de parrains. Mais quand la quantite de ces putains de parrains depasse toutes les limites de l’imaginable… J’ai un poeme sur ces putains de fascistes.
T i m. Recite-le.
P o l i a.
La tentative de fuite du prisonnier d’Auschwitz fut sans succes,
Il fut fusille pendu sur le barbele.
Il ne pesait que 40 kilos - pas un gramme de plus. C’etait un bel ete en Pologne.

Les cigales poetesses dans les herbes gazouillaient toute la nuit,
La lune croissante romantique eclairait la place,
Sur cette place tous les prisonniers furent amenes dehors,
 
Apres la tentative de fuite entierement sans succes du prisonnier cette nuit de lune.

Ensuite chaque dixieme fut sorti de la ligne
Et amene en derniere route.
Ils dechargerent chacun une balle dans la nuque,
Apres qu’ils avaient gagne le crematoire.

Ce fut une tentative de fuite sans succes en Pologne. Depuis il est devenu moins d’humains et de poetes et plus de putains.

T i m. Merci. Je t’aime. Il faudrait tirer tous ces putains de legistes d’immigres generaux avec une bonne dose d’humour. C’est ce que je fais. Je m’y applique. Il te reste quelqu’un en Russie?
P o l i a. Maman.
T i m. Tu lui rends la visite?
P o l i a. Non.
T i m. T’as un probleme avec l’Ambassade?
P o l i a. Mon probleme est infantile : c’est de rester assise 5 minutes sur les marches de l’Universite, la, ou autrefois l’on m’a fait du mal quand ils ont appris, que je m’etais mariee a un Francais. De fumer une seule cigarette sur ces marches et c’est tout. Ca en vaudrait la peine d’y aller juste pour ces 5 minutes feeriques.
T i m. Ton mari est Francais?
P o l i a. Il est Alsacien. Il etait jaloux d’un Arabe qu’il a vu par la fenetre. Juste en face, il y avait un batiment, et derriere une fenetre il y avait toujours un Arabe. Avec ses
tristes yeux, il regardait notre rue, les passants, les voitures et notre fenetre. Une nuit, mon Alsacien de mari a reve des cafards de jalousie et il m’a frappe tres fort. Et a cette epoque, j’avais deja un petit garcon, mon fils. J’ai donc fuit pour le rejoindre ici, a Paris. Et “la cathedrale de Strasbourg” m’a dit au revoir une fois pour toutes. Une telle cathedrale cafe-chocolat qui poussait de la terre pierreuse jusqu’au ciel aerien. Je passais des heures tous les jours dans un cafe d’en face pour la beatitude de mon ame.
T i m. Je suis heureux a la folie de t’avoir rencontree dans ma vie, Polia. (Il prend sa main.) Tu as de la fievre? Tu as pris froid?
P o l i a. Juste un rhume. Ce n’est rien… Un soldat qui prend froid.
T i m. Ton poeme bouleversant “Un soldat qui prend froid” m’a tellement emu, quand tu me l’a lu au restaurant. Tu trembles?
P o l i a. Demain tout ira bien. Quand c’est pas bien, ca veut dire que tout va bien, comme pour tout le monde, o Grand Consolateur. Tu as d’autres considerations… avant l’execution… dans ton roman?..
T i m. Peu de temps avant que le tambour numerique a crache cette fois pour l’execution le nombre fatal et porteur de bonheur, sept numeraux sept precedes et suivis des trois, le nombre magique du Grand Consolateur, le fait est que peu de temps avant, il a rencontre par hasard une jeune fille charmante et rayonnante et l’a aimee d’un grand amour solaire.
P o l i a. C’est cela, ca a ete exactement comme ca. Dans une foret illuminee, une clairiere ensoleillee, parfumee
jusqu’a l’horizon solaire de pisse-en-lits ensoleilles, sur l’herbe verte et duveteuse, etait assise une jeune fille charmante tressant une couronne de pisse-en-lits, quand le Grand Consolateur la vit et l’aima du premier regard solaire. T i m. Sur cette clairiere ensoleillee, le Grand Consolateur consolait avant l’execution les gens les moins consolables. Ces gens s’oubliaient en perdant la tete du bonheur sur cette clairiere ensoleillee, celeste et paradisiaque. Et cet heureux oubli su;sait a chacun pour vivre jusqu’a ce qu’on lui coupe la tete le matin.
P o l i a. Le Grand Consolateur venait souvent seul a cette clairiere feerique pour s’oublier un moment apres un travail meurtrier et insupportable de forcat qui etait celui du Grand Consolateur. Il comprenait qu’il ne consolait plus les gens, mais il les tuait par mensonge devant l’execution. Et, en tant que Grand Consolateur, il avait plus que quiconque besoin de s’oublier sur cette clairiere ensoleillee.
T i m. Mais le jour avant sa propre execution, quand le Grand Consolateur est arrive sur cette clairiere ensoleillee pour s’oublier un instant avant la future execution, cette fois-ci, la clairiere ensoleillee ne lui fut d’aucun aide. Ainsi que sa Bien-Aimee solaire. Toutes les deux, la clairiere et sa Bien-Aimee, n’ont fait qu’a le bruler et a ouvrir sa plaie d’amour. C’est justement l’amour qu’il fallait mettre demain sous la hache du bourreau… Mais pas un seul muscle du visage du Grand Consolateur ne s’est contracte lorsqu’au matin le bourreau lui coupa la tete…
P o l i a. Mais quand le cercueil du Grand Consolateur a deja descendu au fond de la tombe et sa Bien-Aimee solaire par le roi lui-meme fut accordee du droit le plus honorable
de jeter la premiere motte de terre, - a la place de cette poignee de terre la Bien-Aimee solaire jetta sur le cercueil du Grand Consolateur au fond de la tombe un bouquet de roses rouges et des pisse-en-lits solaires.
T i m. Et quand tous les autres participants de la ceremonie funeraire, saisis de rage et les fossoyeurs avec leurs grandes pelles commencerent a balancer dans la tombe de grosses mottes de terre - les roses rouges et les pisse-en- lits solaires ne restaient pas au fond de la tombe, ou avait ete place le cercueil du Grand Consolateur, son cou tranche en deux. Les roses rouges et les pisse-en-lits solaires montaient de la terre de la tombe. Les roses rouges et les pisse-en-lits solaires du bonheur surnaturel, celeste etaient plus haut que la terre.
P o l i a. Meme quand ils egalisaient le sol, en frappant avec des pelles de fer contre les roses ecarlates et les pisse-en- lits solaires, celles-ci ne se cassaient pas et ne s’enfoncaient point dans la terre sepulcrale. Les roses et les pisse-en-lits avaient de fait des tetes coupees d’elles- memes, mais contrairement au Grand Consolateur, elles etaient encore vivantes et pour cela qu’elles ne voulaient rester sous la terre au fond meme de la tombe…
T i m. Et la Bien-Aimee Solaire du Grand Consolateur fut enterree a son cote, et personne ne savait que la-bas, sous la terre, ils s’echangeaient de messages d’amour - personne ne le savait! La-bas, sous la terre, l’amour les a fait vivre de nouveau, Tim. Tim. Tu lis dans mes pensees, Polia! Tu connais par c;ur tout mon roman. Tu es infiniment genereuse et talentueuse!
Je ne pourrais plus vivre sans toi! (Il baise sa main.) Tu tremble toute entiere. Tu as froid?
P o l i a (en lui arrachant sa main). Plus froid que chaud.
T i m. Tu es… une sainte jeune fille cosmique.
P o l i a. Quand tu ne sais quoi dire, il vaut mieux te taire. Autrement, on pensera que tu sais quoi dire. En tuant tes Juifs, tu les consolais aussi avant l’execution?
T i m. Je les consolais avec une balle, un canif, un poison… un coussin! (Il prend un coussin dans les mains.)
P o l i a. (Lui enleve le coussin.) Ca, c’est pour dormir et voir des reves ensoleilles.
T i m. Quand moi, un Juif, tuais des Juifs, il me semblait que moi, un Russe, tuais des Russes!!!
P o l i a. Pourquoi?!
T i m. Pour que je reste en vie, moi-meme! Je t’aime, Polia!
(Il veut l’embrasser.)
P o l i a. (En s’ecartant.) Qui es-tu?
T i m. Je suis Tim.
P o l i a. Un assassin?
T i m. Un homme seul peut etre un assassin. Il s’en rend compte.
P o l i a. Pour toi, homme, je vais arranger le canape, si tu veux seulement rester.
T i m. Merci.
P o l i a. De rien.
T i m. Merci.
P o l i a. L’assassin Juif etait poli d’une facon salutaire et mortifere.

Obscurite.
 

Le lendemain.
Tim est assis a la table en ecrivant. Entre Polia.

T i m. Chere Polia! J’ai constamment pense a toi.
P o l i a. Tu as pris le petit dejeuner?
T i m. J’ai trouve ton mot disant que tu etais partie aux affaires et que je devais prendre le petit dejeuner tout seul. Merci.
P o l i a. Tu continues ton roman?
T i m. Le Grand Consolateur ne veut pas mettre l’amour sous la hache du bourreau.
P o l i a. C’est deja mieux? Il peut renoncer a l’execution!
T i m. Il le peut. Il est vrai que tout le reste de la vie, il sera couvert de crachats, de mepris et de haine du peuple. En premier lieu, tout le monde pensera que le Grand Consolateur ne peut se consoler et, par consequent, n’a pas le don de consolation, et que tous les executes apres ses peudoconsolations n’ont pas etes consoles et mouraient sous la hache du bourreau dans des souffrances inconsolees. Et donc, le Grand Consolateur pendant toute sa vie bouffait du pain blanc d’autrui, ne faisant que son affaire mercantile et obscure. En second lieu, dans ces cercles d’elite intellectuelle et d’autres cercles proches de la cour, le fait de mourir sur le billot etait considere comme quelque chose d’honorable et sacre, et plusieurs auraient meprise le Grand Consolateur parce que, malgre sa propre non-consolation, il n’a pas choisi la mort et n’est pas parti de la vie avec un c;ur pur quasi-saint.
P o l i a. Et si le Grand Consolateur emigrait dans un autre pays ou il n’y a pas de telles executions sainte et folles?
T i m. L’action du roman se passe dans le futur quand tous les pays seront unis et la Terre ne sera qu’un seul pays. En plus, l’emigration ne peut proteger de l’execution.
P o l i a. Et qu’est-ce qui peut en proteger?
T i m. Chere Polia. Il n’y a qu’une chose qui protege - c’est la parole de l’espoir, Dieu. Et le Christ qui est ressuscite au nom de la Verite. Dieu, c’est la Verite, et la Verite, c’est la mesure supreme de la grace humaine. La Verite, c’est le paradis, et nous, on en est chasses. On a mordu dans le fruit, on dechire tout en morceaux a la facon juive. On est absent tout en etant present. Mais le Fruit, il est quand meme avec nous. Le fruit de l’amour russe salutaire et tout- pardonnant. Tu comprends?
P o l i a. Je ne comprends pas, j’aime tout simplement.
T i m. Sans l’histoire de l’amour, tu ne peux pas ecrire une chose globale, il n’y aura pas de verite saillante.
P o l i a. Et pour fustiger l’assassinat, de quoi tu as besoin?
T i m. Tu dois tuer quelqu’un.
P o l i a. Et t’as deja tue quelqu’un?
T i m. J’ai tue sans le sentir.
P o l i a. Comment ca?
T i m. Ainsi que je voudrais maintenant t’embrasser, mais j’ai peur de te le demander, et je n’embrasse pas, et pour ca, je ne le sens pas.
P o l i a. Tu n’as qu’a le demander.
T i m. Je l’ai deja demande.
P o l i a. Qu’est-ce que tu as demande?
T i m. Que je veux t’embrasser, mais que j’ai peur de le demander!
P o l i a. Mais demande-le donc!
T i m. Mais je l’ai deja demande!
P o l i a. T’as demande quoi? Ne leve pas ta voix contre moi, espece d’assassin!!! Tu veux rien d’autre?
T i m. Je veux tout, mais je suis fatigue.
P o l i a. Et t’as decide de mourir de fatigue?
T i m. Mourir parce que je t’ai consolee.
P o l i a. Consolee de quoi?
T i m. De ce qu’on ne peut consoler soi-meme.
P o l i a. C’est pour ca que tu veux mourir?
T i m. Le plus important est fait : je suis tombe amoureux de toi. Merci beaucoup. Maintenant, c’est sur que j’ecrirai le roman. Je suis inspire.
P o l i a. Un assassin inspire et poli, sauveur et amant. Oh, ce que j’aime tout ca! De telles passions tourbillonnantes, significatives et folles! Et plus elles sont significatives, plus elles deviennent completement folles! Moi aussi, je suis tombee amoureuse de toi - un assassin tellement impossible! Les assassins sont apparemment les plus aimes du monde! Un assassinat enivre, tout comme l’amour!
T i m. Le sens d’un assassinat et de communiquer au corps d’autrui un etat de quietude. Un mort et a la base de l’Univers. C’est quelque chose de stable et d’humble. Ce n’est pour rien qu’Heraclite a dit: “C’est par la mort de l’un a l’autre que nous vivons, c’est par la vie de l’un a l’autre que nous mourons.” Le Christ ne serait ressuscite et personne ne l’aimerait si il n’etait pas mortifie sur la croix. Et maintenant est arrive le temps exact quand toute parole et
toute conception devrait etre crucifiee sur la Croix et la collegialite, la Croix de la mesure, autrement on ne comprendrait rien, autrement sa Mort serait stupide. L’exemple de sa Mort serait trop stupide que l’homme eut ete crucifie ainsi qu’il eut tant souffert. La nature par consequent ne commet pas d’assassinats. C’est l’homme concret qui tue les autres et soi-meme pour des sous rouilles.
P o l i a. Et moi, tu me crucifierais, afin de m’aimer d’avantage?
T i m. Es-tu prete a payer?
P o l i a. Tu ne travailles pas gratuitement, assassin?
T i m. Apres que j’ai arrete de tuer, il s’est avere que je ne sais pas comment gagner de l’argent d’une autre facon.
P o l i a. C’est quoi encore? (Elle prend une note de la table.)
T i m. Un message.
P o l i a. Un message de qui?
T i m. C’est ton fils qui a telephone. Il disait qu’il viendrait.
P o l i a. Mon fils? Quand est-ce qu’il arrive?
T i m. Demain.
P o l i a. Il avait quel genre de voix au telephone?
T i m. Un peu pensif. Je vais le gener ici? Il vaut mieux que je m’en aille?
P o l i a. Ou ca?
T i m. Dans le squat.
P o l i a. Il est en demolition.
T i m. J’irai dormir au bois de Boulogne. J’ai mon matelas gonflable dans la valise.
P o l i a. Tu as toujours envie de m’embrasser?
T i m. Oui.
P o l I a. Tu peux toujours essayer.
T i m. Merci. (Il l’embrasse.) Tu es vraiment une fille divine!
P o l i a. Pour ca, on pourrait bien te cogner, et il le faudrait!
T i m. En Russie, on me frappait parce que je suis Juif, et en Israel, parce que je suis Russe. Une fois, la-bas, en Israel, j’arrive dans une pharmacie, et il y avait une Juive Sovietique au comptoir. Je m’adresse a elle en russe comme a un etre humain, et elle me repond en yiddish qu’elle connait pas assez pour mettre deux mots ensemble. Et cette lady baragouine tout assidument, tel posterieur en robe blanche, pour faire expres que je ne pige rien et rote sa juiverie comme une fumee de gnole. En plus, il n’y avait personne d’autre dans cette pharmacie devant qui fumer comme une vraie Israelienne. Alors, je me suis servi gratos des comprimes contre des maux de tete en lui mettant le canif a la gorge. C’est alors qu’elle m’a servi gratos en deux secondes avec son accent moscovite de souche. Quand il y a que des Juifs dans un pays - ces Juifs ne supportent pas la vie. J’ai toujours demande les commanditaires la raison pour laquelle il fallait zigouiller un tel. C’etait toujours ma condition sine qua non. Et si la personne en question etait un bon type, je ne le zigouillait pas. Et quelquefois j’ai zigouille le commanditaire lui-meme afin qu’il n’arrive rien de mauvais a la victime supposee meme en dehors de mon intervention. Et ca, je l’ai fait gratos, d’une facon anonyme et tres positive. C’est completement foutu - vivre en Israel, c’est comme en Union Sovietique maudite. Tous les jours les Juifs crucifient delicieusement Christ-le-Juif par leur sottise mercantile de youpins. Pour chaque tete de Juif olim-immigre l’Amerique  ou bien quelqu’un d'autre  leur
donne 25.000 dollars voir plus pour son installation physico- psychologique. 20.000 dollars sont voles par la bureaucratie israelienne. La-bas, le vol est considere comme un noble metier juif, en particulier a l’Etat, aux pauvres immigres, aux olim qui n’ont pas encore pige le systeme du vol dans leur Etat-Royaume Juif avec les negres Juifs, les Arabes Juifs et meme des rabbins mafieux venus de la Chine. Et tu n’est pour eux qu’une valise avec du fric budgetaire de dessous, qui es juste arrive par colis de la tante Judith avec ta gueule du paysan de Ryazan dans leur station balneaire d’Israel pour changer la mere-Patrie. Et si tu ne sais comment ouvrir ton business, par exemple, comme moi, de zigouille sociale, toi, professeur Juif, tu n’a qu’a balayer d’une facon nickel et captivante leurs rues, et je m’abstiens de te dire, sous quel train de Tel-Aviv tu te jetteras comme notre Anna Karenine cherie. Bref, si l’on met de cote le superflu, je ne suis pas un Raskolnikov, cet assassin marionnette de Dostoevsky, pour me diriger sur le chemin des tourments de l’ame affecte jusqu’a la remise aux autorites ou l’eternel repentir. Si j’assassine, je le fais sans aucun repentir. Tu ne peux tout simplement tuer quelqu’un si tu supposes que tu te repentiras apres. Mais d’autre part, je suis pour qu’on trouve des forces positives et saines dans le roman qui pourraient attraper et abattre un tel assassin comme moi. Comme dans “Macbeth” de Shakespear. Je l’ai deja dit. Pour tuer Macbeth, il c’est trouve un noble dignitaire Ecossais Macduff. Macbeth lui-meme, l’assassin de Shakespear, ne fait pas acte de contrition. Cela est la verite salutaire de la vie de l’art. S’est seulement dans ces circonstances que la vie continuera son epanouissement objectif moral et juste.
Dans le faux repentir d’assassin schematique qui est Raskolnikov, il n’y a aucune verite salutaire de vie et d’art. L’image de Raskolnikov a fait notre Revolution russe sanguinaire. Parce que dans son roman, Dostoevsky n’a pas aneanti Raskolnikov, mais relacha a un faux repentir ce penseur napoleonien assassin bien-aime. Alors, ce Raskolnikov s’est revigore jusqu’en 1918 et commenca a zigouiller nous tous, tels Porfiry et Elisabeth…
P o l i a. Mais comment les forces positives peuvent-elles te zigouiller, puisqu’elles seront vraiment sincerement consciencieuses et sagaces et, par consequent, vraiment rassures qu’apres t’avoir zigouille, elles ne sauveront pas ce monde, mais y apporteront par cet assassinat le mal, et il aura encore plus d’assassinats.
T i m. C’est bon, chere Poline - la paix. Tu as vaincu avec ton principe feminin, maternel, pacificateur, penetrant, perspicace, metalogique et vertueux. Bref, on tue plus personne, et on va tous ecrire des romans comment quelqu’un zigouillait un tel dans le passe. On gagnera un tas de fric avec ces romans des memoires de repentir en serie tous schematiques et on debarquera sur une ile solitaire dans le Pacifique pour faire l’amour devorant pour s’inspirer a griffonner des romans de repentir consequents de grand tirage entre deux baises… Excuse-moi.
P o l i a. Ecris ce que tu veux, mais essaye de le faire sans faussete.
T i m. Ma chere! Alors nous deux ici, a Paris, sommes dans le meilleur des lieux. Pour ecrire un roman etique, moral, psychologique et sans faussete, ici, pour notre emigration russe, Paris est la ville la plus prodigieuse! Ou que tu jette le
regard - c’est l’immoralite au carre de notre participation d’immigres, afin que nous-meme la decrivions, cette immoralite d’immigres, et illuminions des heros tragiques de repentir. Voila Youra Tomsky, le type danseur parisien, m’a donne Vika Malinine en mariage blanc pour cinq briques de dollars. Encore avant, un bureau prive a appris aux immigres-olim comment encore voler Israel en sortant pour huit et demi, non selon Fellini, mais pour 25% du montant designe en briques vertes, en se portant comme garant et en achetant des apparts surevalues. Notre vie d’immigres est parfaitement immoralement organisee, chere Polia. On peut pas fusiller tous ces monstres et on peut pas les enfermer dans les romans. Je t’es bien emmerdee avec mon delire de Barbe Bleue! J’espere que tu me filtre a travers tes oreilles de chretienne dans ton ame et me comprends comme un poete comprend un autre, tel assassin samourai dans son domaine de noble guerrier, au service du maitre. Maintenant, c’est toi, qui est mon maitre-dieu. Je veux tellement que tu le sois! Seulement, mes personnages d’assassins m’absorbent. Reellement, ils me fatiguent, ces salopards, ils ont envahi mon corps et mon ame! Parfois je ne fait plus clairement la difference entre moi et mes heros assassins.
P o l i a. Moi-meme, a Paris, j’ai mange mon fils.
T i m. Alors, c’etait bon?
P o l i a. Tres bon.
T i m. Et qui a telephone alors? Qu’est-ce que tu racontes?
P o l i a. Moi, Juive, j’ai appris des Russes a manger mes enfants. Eux, les Russes, ils nous reprochent, les Juifs, de manger nos propres enfants.
T i m. Mais attends : toi, tu es Russe, Polia!
P o l i a. Les filles Russes sont les plus patientes au monde. Tout comme les filles Juives. Encore plus patientes que les Juives Russes qui sont des manivelles inveterees, des moineaux sans demarche naturelle - ils sautent sur le cote et du talon sur la pointe. Ils tweetent toujours plus hauts, mais ils sautent toujours plus bas dans la boue. Quand j’ai enfin   compris   que   j’etais   un   tel   moineau   Juif,   j’ai  t r a n q u i l l e m e n t   g r i g n o t e   s p i r i t u e l l e m e n t   e t psychologiquement mon fils Russe, ce poussin youpin.
T i m. Il s’est presente comme Liora. Ton fils s’appelle Liora?
P o l i a. J’ai tout, c’est avec un Juif que j’habite en Occident. C’est dont on parle.
T i m. Le Grand Consolateur et sa fille bien-aimee au fond de la tombe parlaient des vers. Et j’ai encore oublie le bourreau pour de vrai qui est tres bon et dont beaucoup de choses dependent dans cette execution.
P o l i a. Oh, c’est extraordinaire! Le bourreau doit toujours etre le plus gentil de tous les hommes dans un etat afin que les gens n’aient pas peur de lui quand il leurs coupe la tete. Mais ecoute, si le bourreau ne veut pas leurs couper la tete pour ses propres raisons quelles qu’elles soient, il ne coupera peut-etre pas la tete au Grand Consolateur? Le bourreau, a-t-il le droit a la surprise imprevisible de son ame et de son c;ur que le public l’aime et le craigne d’avantage? Hein?
T i m. Cette surprise imprevisible se revele d’habitude au tout dernier moment, quand la tete du Grand Consolateur est deja posee sur le billot et la hache du bourreau est deja
hissee vers le soleil et les etoiles afin de tomber et couper en deux le cou une fois pour toutes.
P o l i a. C’est interessant. Si le bourreau coupe la tete du Grand Consolateur, c’est qu’il coupe la tete d’un assassin. Mais si un assassins en tue un autre, il y aura toujours un assassin dans le monde.
T i m. Il restera celui qui veut vivre le plus fort. Celui qui saura oublier qu’il est un assassin. Et encore une fois - point de nervosite, ni d’emotions d’un assassin invente comme Raskolnikov. Dostoevsky lui-meme n’a tue personne. Comment pourrait-il savoir de tous ces tourments de l’ame qui ont suivi l’assassinat? Je ne fais que repeter que l’assassin doit etre assassine. Permettre a un assassin de se repentir - c’est un crime. J’en suis sur. Mais en meme temps, dans une partie de mon ame russe, je comprends distinctement que du point de vue de charite chretienne il faudrait donner a un assassin la possibilite de se repentir. Autrement, le monde s’auto-detruirait. Mais ca signifie de presenter l’autre joue. Moi-meme, j’agis souvent de la sorte dans la vie. Mais dans le roman, je desire tellement zigouiller cette salope d’assassin - tu peux pas imaginer!
P o l i a. Embrasse-moi, bourreau!
T i m. Bien sur, ma Jeanne d’Arc! (Il embrasse Polia.) Si seulement tout le monde etaient comme toi, Polia! On ne devrait tuer personne. (Il prend sa main.) Tu tremble toute entiere, mon tresor!
P o l i a. Tu veux mourir a cause de mon amour, Tim?
T i m. Je le veux.
P o l i a. Je veux aussi mourir a cause de ton amour, Tim.
T i m. Je t’aime, chere Polia.
P o l i a. Le probleme avec les assassins, je le pense, doit etre resolu tout simplement : si les assassins s’entretuent tous, il n’y aura plus d’assassins dans le monde. Et tu seras le chef supreme de la detection et de l’elimination de ces assassins. Je te le permets.
T i m. Pour toi, je les tous eliminerai, ces assassins, en un clin d’;uil, et qu’ils se bouffe mutuellement comme des rats dans un tonneau.
P o l i a. Et le dernier assassin restant devra se suicider. Il ne faut pas que tu le tue pour ne pas devenir assassin toi- meme.
T i m. Mais pourquoi est-ce que tu trembles? Tu as froid ou tu as peur?
P o l i a. Avec un excellent tueur a gages comme toi, moi, une nymphette a-la Natalie Portman, je n'ai peur de rien! Mon Leon est mon sauveur! (Elle l’embrasse.)

O b s c u r i t e

Le lendemain. Polia et Liora sur scene.

L i o r a. Polia, mais c’est un delire de chats. Qui t’as amene chez nous? Un clochard, un putain d’assassin, un genie Juif d’origine Russe? Un bargeot de Grand Consolateur, un bourreau de Sauveteur actif et bon? Je pourrait en crever, Polia! Ca te su;t pas, mon cinema lepreux? T’en as pas assez d’un idiot, comme moi? La, je joue du Chopin avec sa marche funebre.
P o l i a. Tu n’es pas un idiot, Liora. T’as un ego hypergonflee, metaphysique et necrologique.
L i o r a. Bref, pourquoi je dois supporter ce ballon rose ici?
P o l i a. Et toi, t’es pas un ballon rose?
L i o r a. Ca te su;t pas d’en avoir un deja? Mais ca depasse toutes les frontieres!
P o l i a. Je suis habituee. J’ai traverse beaucoup de frontieres. Celles d’Israel, des Etats-Unis, de la France. Avec un tel bavard conducteur comme toi.
L i o r a. Et t’en as pas assez d’un seul Vania-le-Juif?
P o l i a. J’en connais qu’un seul - c’est toi.
L i o r a. Je vais faillir, Polia. Tu veux que je faille - je faillirai!
P o l i a. Je le veux.
L i o r a. J’ai completement perdu les boules existentielles dans cette immigration non-curative, je grignote le dernier biscuit sidaique, ma chere Polia! Je suis deja un cadavre en decomposition dans mon ame et mon corps, et dans tous les membres. Et toi, dans ce cercueil, tu presses encore un cadavre. Avec toi, je me belmondoerai completement. Je suis deja louisdefunesse depuis longtemps. Et la, je vais definitivement crever comme une capote 10 fois reutilisee. C’est ce que tu attends?
P o l i a. Naturellement.
L i o r a. Et bien, chers camarades. Polia. Lina. Mais qu’est- ce que tu veux de plus? Que je creve definitivement? Mais alors, c’est ce genie youpin qui va crever le premier, tout droit les pieds devant au crematoire!
P o l i a. T’es un petit youpinet de rare espece!
L i o r a. D’espece rarissime, Lina, Polia, mon cher terreau! Mais ou tu veux le mettre, a quel etage, pres du plafond? Polia, c’est fini. On a bien discute et c’est assez. Deux Juifs
nez-crochus ne peuvent jamais coexister dans une cage etrangere, pour rien au monde! Et puis, tu me rends jaloux!
P o l i a. Comment?
L i o r a. C’est pas de l’amour pour toi! C’est evident. Et puis, il salit partout.
P o l i a. Et toi alors?
L i o r a. Je suis chez moi.
P o l i a. A mes depenses.
L i o r a. Et bien! Enferme-moi dans un cercueil, enclos-moi, vas-y! Mais seulement dans mon cercueil, je veux y etre seul! C’est le dernier et le seul v;ux de ton cadavre prochain et bien-aime - c’est d’etre seul et tranquille dans son cercueil qui n’est de cristal, ni musical, ni sacre.
P o l i a. Pourquoi est-ce qu’on est pas heureux, Liora?
 L i o r a. Personne n’est heureux, Polia.
P o l i a. Alors pourquoi vivent les humains?
L i o r a. Ils sont tous nes, et parcourent la vie, c’est tout ce qui leurs est donne.
P o l i a. Ne lui fais pas de mal, Liora. Puisqu’il est ne - il est notre fils.
L i o r a. Je suis surement electrifie.
P o l i a. Pourquoi il m’est impossible de vivre avec toi, et pourquoi je vie quand-meme? Laisse-moi partir, Liora!
L i o r a. Je te laisse avec Dieu, fillette. Tu es en Occident, tu peux faire ici tout ce que tu veux.
P o l i a. C’est en Russie que je faisais tout ce que je voulais. Ici, c’est la liberte, ici, il faut respecter la liberte des autres, ta propre liberte, Liora. C’est seulement toi, l’agneau accompilsseur-destructeur, qui fais tout ce que tu veux -
t’as enfonce ma liberte dans le cul. Quand nous, les Russes, serons plus intelligents?
L i o r a. Un jour ou on sera plus intelligents, on s’ennuiera a mort.
P o l i a. Les Francais ne s’ennuient pas en France. Pourquoi tu ne veux pas etre un simple Juif intelligent et exemplaire?   Pour   aller   au   travail,   gagner   un   salaire, finalement, comme un vrai Juif normal et comme il faut.
L i o r a. Encore tes methodes educatives! Je suis Juif et je ne peux pas etre plus intelligent. Mais pour la prosperite a venir, faut-il d’abord devenir Ivan-le-Sot. C’est cela! Je te l’explique tous les jours, fillette, mon systeme purement cervical. C’est comme en desirant devenir une lady, tu dois devenir plus salope que toutes les salopes! Et moi, je dois rester allonge sur le fourneau comme Emelian-le-Con, afin de ressusciter en tsarevitch. Ne pleure pas, maman, laisse- moi seulement tourner mon cinema. Tout sera OK pour les reines, on detruira echec et mat tous nos ennemis monstres, comme tu l’as toujours aime. On ira a Cannes, on decrochera la Palme d’Or, on regnera eternellement. Un sujet en chocolat sur un village, ou les habitants ne connaissent pas ce fruit qui est le Juif et ne savent comment le manger. Un jour, les cannibales qui s’echappent d’une prison tombent par hasard sur ce village siberien dans la taiga, et leurs expliquent, a ces sauvages, comment peut-on les etriper, ces Juifs delicieux. Mais je te l’ai deja raconte. Je les battrai tous avec ce cinema, maman. Maintenant un sujet juif coupe sur le coup la bite a tout le monde, Polia. Seulement que le frerot de la nomenclature recoive des lauriers en speculant sur le theme juif. Et il
m’invite pas, ce fils de pute, a sa datcha a Cannes pour que je m’amuse. Il est le defenseur universel des droits des putes non-reconnues, frerot antimafieux, mais il veux pas inviter Liora, baiseur-le-fouet, a son festival a la datcha de Cannes. Les uns recoivent d’enormes honoraires et la gloire, pour continuer a butter gratos toutes les salopes, et aux autres Emelian - un coup de palanche dans la tempe. Avec toute ma cervelle de Juif intelligent, je peux pas saisir ce darwinisme bohemien, absurde et tetu, ma chere maman Polia. Ca me rend fou. Et merde! J’ai encore perdu 20.000 dollars a Dieppe a la roulette, connard! J’ai promene a Dieppe sur La Manche ce preux, producteur Coreen du Kazakhstan qu’il respire de l’air avec les Francaises avec ses billets verts. J’ai ete puni pour 20.000 dollars. Maman Lina! Je jure a tous les Saints sur tous tes saints vices, que je te rendrai ces 20.000 dollars corrompus. Je dois maintenant 10.000 a Boulia. Si je lui rends pas les 10.000 dans trois jours - il eliminera ton Liora avec son canif, comme un poux non-acheve du pays des Soviets. Maman Lina-Polia, je te jure de te rendre ces euros de papier de merde! Cette fois-ci, je ne ferai pas faillite avec les Soviets, maman! La-bas, on tournera en une fois ce film juif de merde. Et bien, j’en avais besoin et j’en ai toujours besoin de ce chien Coreen, ce preux du Kazakhstan, ce Moumou. Il me dit : dans le film, plus de musique et plus d’images, et ton scenario sur le village sans les Juifs, mais avec des cannibales, c’est apres! Tu peux le mettre, Liora, ton scenario de Juif, dans ton cul youpin merdeux! A l’heure actuelle, c’est la musique et les images qui pressent du fric aupres du publique! Un Coreen du Kazakhstan du nom de
Kaiser, espece de bite! Comme le Coreen assassin muet au chapeau noir metallique, celui qui a ete acheve par James Bond version Sean Connery 007 avec un arc voltaique. Tu le sais. Plus personne d’autre ne m’a promis du fric pour mon cinema. Tout le monde s’en branle de l’art veritable. Et moi encore, je lutte pour l’art sacre, grand et pur. Mais il y a que du porno dans la vie et le cinema. J’ai des migraines a en faire un AVC, Polia. Que Boul m’acheve au diable pour la viande fraiche. Non, qu’il m’acheve au diable pour du fois gras. J’ai pas besoin de ce papier-cul d’eurofrancs, Polia. D’autant plus que tout ton argent est sacre. Boul m’achevera une fois pour toutes, et merde!
P o l i a. Que Boul t’acheve une fois… pour toutes!
L i o r a. Mais oui, bien sur, qu’il m’acheve. Boul m’achevera, ton prochain bien-aime. Merci, maman, pour ta sincerite sainte et celeste. Merci. Je l’ai bien meritee.
P o l i a. Je n’ai pas les 10.000 dollars, Liora.
L i o r a. J’ai juste joue pour gagner. Gagner pour toi, Polia. Avant, j’ai beaucoup gagne pour toi.
P o l i a. Ces derniers temps, tu ne fais que perdre. Et moi, je paye avec ma chatte de rose enivrante et dechiree - c’est de ma vie que je paye, Liora.
L i o r a. Moi, je n’est pas de chatte de rose enivrante et dechiree, Polia. Mais ma vie est dechiree en lambeaux, et elle s’acheve dans tes mains roses et tendres.
P o l i a. T’as meme pas de bite, Liora.
L i o r a. J’en ai une, Polia! Il faut pas encore calomnier ma bite!
P o l i a. Partout ou il allait, il avait son seul cul troue et merdeux. Et cela le faisait souffrir, bien sur… Je te
demandais, suppliais de ne plus jouer a cette roulette maudite.
L i o r a. Je voulais gagner, Polia. Gagner pour toi, ma petite!
P o l i a. C’est bon, Liora, arrete de chialer.
L i o r a. Tu es mon Dieu, Polia. Dieu seul sais que tu es mon Dieu, Polia!
P o l i a. Sauve-moi, Liora!
L i o r a. Je veux te sauver, Polia! Mais tu le vois toi-meme quel sorte de connard de Russe et de couillon miserable d’origine Juive que je suis! Mais je t’aime. Dieu seul sais a quel point je t’aime, Polia! (Il pleure.) Je suis un scelerat. Je suis le dernier scelerat Russe d’origine Juive, Polia! (Il pleure.)
P o l i a. Tu est vraiment le premier scelerat Russe d’origine Juive, Liora!
L i o r a. Tue-moi, Polia! (Il pleure.)

(Dans la porte apparait Tim. Polia et Liora ne le voient
pas.)

Il n’y a qu’une chose que je te demande - il ne faut pas que tu t’embrasse avec Tim. Si tu lui transmets le SIDA - il est completement tare, il va le raconter a tout le monde.
P o l i a. Liora pense bien de soi-meme.
L i o r a. Liora pense bien de tout le monde.
P o l i a. Le SIDA ne se transmet pas en s’embrassant. C’est toi qui m’as amene ce Jerome, ce castor sidaique, Liora.
Liora. Je t’ai prevenue, Polia. Tu etais d’accord. T’as voulu toi-meme aller au risque avec ce sidaique pour une somme coquette. C’est moi qui suis toujours coupable - je le sais.
Acheve-moi pendant la nuit, cette salope de youpin, Polia!
(Il pleure.)
P o l i a. C’est alors que j’ai decide de me suicider. Parce que toi, Liora, mon tendre animal de mari bien-aime, m’a amene ce sidaique, pour que j’aie envie, et que ce Jerome sidaique ait envie de moi pour 100.000 euros… Et moi, j’ai eu envie.
L i o r a. Polia! Une telle somme! Ou sont-ils, ces 100.000 euros, Polia, ma vie?!
P o l i a. La petite Polia a perce un petit trou dans la capote avec son ongle aiguise avant de faire l’amour a son prince.
L i o r a. Tous les jours ces details sordides! Je n’en peux plus! Je pleure, Polia! (Il pleure.)
P o l i a. Et le sperme sidaique de ce gentil Gerome, est reste en moi pour toujours.
L i o r a. Me tres chere, gentille, malheureuse, Polia bien- aimee - c’est insupportable! Tue-moi, ce salaud, cette salope de youpin, Polia! (Il pleure.)
P o l i a. Quand le petit Gerome a sorti de moi sa bite, a vu sa capote dechiree et a compris qu’il a libere son sperme sidaique dans mon corps, il a crie d’un cri Shakespearien et m’a portee sur ses bras dans la baignoire comme Otello sa Desdemona etouffee. Et il m’a lavee pendant toute la nuit dans cette baignoire avec des shampoings et des parfums. Et il m’a lechee avec sa langue en avalant avec sa bouche son sperme sidaique. O, mon tendre Gerome sidaique! Le destin a choisi son destin. Je voulais me suicider - et j’en finirais ainsi avec moi-meme! Je n’accuse Liora de rien - c’est moi qui voulais baiser pour de l’argent. Simplement, tu n’etais pas contre, Liora, mon bon assassin bien-aime!
L i o r a. J’ai ete completement tare! Je suis completement tare! Ma chere Polia! (Il pleure.) Partir en emigration pour attraper le SIDA?! Encule! Encule!! Encule!!! Je vais faire un film d’enfer, Polia. Je baiserai toutes ces salopes de ladys avec mon film, putain, qui nous ont envoyes en emigration sidaique et mortifere!
P o l i a. On peut joliment travailler comme pute tant que tu reste jolie. Quand une pute perd sa beaute, c’est toute sa beaute qui pali! Et le SIDA te fait disparaitre plus vite et plus assidument. O, SIDA de Dieu, je te remercie pour cette rencontre royale… Ne faits aucun mal a Tim - c’est un homme gentil. Il me reste si peu a vivre, Liora. Fais aucun mal a Tim.
L i o r a. Tout ira bien, chere Polia.
P o l i a. Autrement, j’irai a l’Hopital pour m’enregistrer. Alors je ne pourrai faire tomber du fric de la population parisienne amoureusement preoccupee, et Boul t’egorgera vite une fois pour toutes d’une facon harmonique et rythmique.

Tim tousse.

L i o r a. Merde! Il faut frapper avant d’entrer, Tim! Ai-je raison?
T i m. Je… Pardon. Je suis pensif.
P o l i a. Viens prendre du the, Tim. Je vais en faire. (Elle va a la cuisine.)
T i m. (Il prend de la table une boite de medicament.) “AZT”. Polia a le SIDA?
L i o r a. Elle a le SIDA.
T i m. Le SIDA ne se transmet pas avec des baisers.
L i o r a. Oui, le SIDA ne se transmet pas avec des baisers.

(Polia entre avec le the.)

P o l i a. Tout va bien. Prenez du the, les gars.
L i o r a. Il ne faut le dire a personne que Polia a le SIDA, Tim. OK?
T i m. Bien sur.
L i o r a. Et il ne faut plus embrasser Polia. A part le SIDA, elle est ma femme et non ma mere. C’est clair?
T i m. Bien sur. J’ai embrasse Polia comme une amie - comme le font les Francais. Nous vivons en France maintenant, n’est-ce pas?
L i o r a. Polia et moi, on a meme des passeports francais. Mais je ne veux plus de baisers francais, Tim. OK?
T i m. OK.
L i o r a. C’est bon que c’est OK. Voila. Bref. Liora veut fumer, et Liora n’a plus de cigarettes. OK? On va jouer sans toupie - on a deja trop de problemes ici a l’etranger. OK? (Il fait un geste pour sortir.)
P o l i a. Je vais chercher les cigarettes. Je prendrai de l’air. Un mal de tete. (Elle sort.)
L i o r a. Tout le monde a un mal de tete… Une fille qui a un mal de tete.
T i m. Une bonne fille.
L i o r a. On est tous des bonnes filles quand on est pas des mauvais garcons. Tu peux ecrire pour moi un scenario? Je te donnerai une idee. Un sujet de tonnerre sur un theme juif sensible.
T i m. J’ecris un roman.
L i o r a. Mais qui a putain besoin de ton Grand Consolateur, et encore a Paris? T’as completement pete la cervelle, meme si t’es un Juif. Il faut poser ton cul sur le pouls du temps. Maintenant, meme les antisemites font sans remords du fric sur des themes juifs larmoyants.
T i m. Putain de merde!
L i o r a. Si aujourd’hui tu peux pas baiser l’Occident avec un theme juif, demain c’est l’Occident qui va te baiser, Juif, avec un theme juif sans qu’il demande comment tu t’appelles. Ici, il faut fourrer le premier son penis de loup, juif et russe, entrave par le froid glacial, bien a l’heure et tres profondement, jusqu’a l’obscurcissement et l’irradiation de cet Occident butte, si l’Occident lui-meme expose son cul au theme juif russe. Et si tu sais bien baiser l’Occident, l’amour universel suivra en pilote automatique. Si tu lime l’Occident avec l’amour, alors la Russie a l’exemple de l’Occident pliera au garde-a-vous. Et si la Russie se met en levrier, tu peux mettre ta bite bien chauffee pour du fric et pour toujours a-la Rothschild avec ses yachts. Et encore mieux, tu mets cette fille qui est la Russie avec cet Occident a-la Dorian Gray, cet assassin pede jemenfoutiste - tu les mets a cote tout languissants en position de levrier, tu mets ta bite hyperactive dans leurs anus, tout au long de la colonne vertebrale, tu les baises tour a tour avec aspiration et tu joui avec un orgasme comme un trait de Kalachnikov dans leurs bouches beantes et heureuses. Dis, c’est pas mal, le destin d’un tel scenario de vie et d’art?
T i m. L’on pourrait vivre longtemps et sans souci.
L i o r a. Voila! Ca boue encore, la marmite! Tu mets a fond la musique et que le cinema tourne! Ecris ton scenario,
Consolateur - c’est comme ca qu’on sera tous consoles! Tant qu’en Russie tout est pratiquement gratuit - attrape-le, connard, ne passe pas a cote du cinema gratos en Russie venu de Paris, cher immigrant, a la gloire de la Patrie - on est pas des esclaves! Ou bien ecris un scenario porno sanglant et meurtrier, avec sex de groupe nostalgique d’assassinat mutuel notre agent secret kagebiste au niveau sous-cortex genetique et hemorroidal a Paris. On baisera toute la porno occidentale avec nos propres images saignantes historiques et tragiques de l’amour du pouvoir non-partage. Etends la lumiere - on allume le cinema. Quelles forces majeures d’agents secrets des Soviets se sont-ils rassemblees ici, a Paris, pour s’enculer mutuellement en unisson jusqu’a la fievre sidaique et le cercueil! Ici, ils sont plus forts, ces forces salopes, que chez les Soviets, mon cher eurogarcon. Afin que personne ne puisse deviner, qui est dissident et qui est agent du KGB - tous ici doivent s’entrenculer et s’entretrouer dans tous les trous juifs russes de sacres kagebistes, dissidents ou politburo. Tout le monde n’a envie que de baiser et encore zigouiller spectaculairement un proche camarade, afin que les etrangers aient peur d'avantage. Le seul salut, c’est, je me repete,  d’enculer  le premier, comme  un tuyau d ’ i n c e n d i e , e n t o u t e c o n fi a n c e , e ff ro n t e m e n t , audacieusement et profondement. Il faut que tu ecrives pour moi ce sacre scenario avec ta cervelle qui voit tout, precise et prophetique.
T i m. Tu parles bien colore.
L i o r a. Mais je ne sais pas ecrire bien colore, ecrivain.
T i m. Mais attends, quand tu baises quelqu’un, tu t’oublies reellement - et c’est la que quelqu’un te met au cul sa bite sidaique prophetique et meurtriere pour son plaisir!
L i o r a. Et bien, c’est la ou se trouve tout le sens du porno bohemien de sex de groupe - celui qui baise a mort le premier, sans savoir pourquoi, uniquement pour gagner en notoriete et apres, avec toute cette gloire monetaire, pour fouetter et abattre les autres plus facilement et penetrant.
T i m. Le sujet est penetrant et hebetant!
L i o r a. Ecoute, mon gars. Voici encore un sujet biblique et en meme temps contemporain, sanglant et sacre, avec un repentir a la fin. C’est les Juifs polonais qui me l’ont raconte a Paris. Les Cannes ephemeres seront a nous! Mais si tu le plagies, tel commissaire du peuple, pour tes romans - je t’acheverai sans faire de proces. T’es d’accord? Le jugement culminant de Liora sera de te rouler sans proces dans le goudron.
T i m. Bref, qu’est-ce qui ce passe ensuite sur le goudron, commissaire?
L i o r a. Mais toi, Juif de peuple avec une cervelle fulminante, tu me plais terriblement, Ruscoff. Bref, un certain sujet juif prospere dans un village perdu dans une foret profonde siberienne avec une cinquantaine de maisons. Dans ces maisons habitaient des gens, qui semaient du ble et possedaient du betail. Aussi bien dans le sens de bestialite - quand Dieu ne le voyait pas a cause des nuages. Quand Dieu n’ai pas du tout. Ou est-ce qui il serait
- quand il y est pas, tout comme nulle part. Un sujet reellement athee, et il reste ainsi tout au long. Dans leur contree, il y avaient deux cannibales fugitifs du goulag qui
avaient mange depuis longtemps un troisieme bagnard fugitif comme eux, et la, ils avaient faim. Et tiens! - un village qui s’etend devant eux et qui fume de toutes ces cheminees. Ils entrent et sont accueillis avec du pain et du sel comme les plus honorables des hotes. Et bientot ils sont mis au gouvernail du village au-dessus de tout le monde. Les habitants ont du coup senti que les membres generatrices des bagnards etaient importantes et qu’ils pouvaient penetrer n’importe quel trou sans lubrifiant. Alors, ils donnent confiance a leurs membres. Le temps passe et les cannibales ont tant envie de chair fraiche humaine! Alors, ils lancent a la population une idee : toutes vos maladies et toutes les miseres fatales viennent des Juifs. Et si les enfants se perdent dans la foret - c’est qu’ils sont devores par les Juifs. Et juste la veille ces cannibales ont amene expres deux enfants dans la foret et, les ayant rotis sur un feu de joie des pionniers, les ont manges. Mais la populace ignore ce que c’est que les Juifs, et demande qu’on leurs explique en detail. Alors les bagnards leurs expliquent ainsi : que toute la population avec des nez crochus entre dans la riviere jusqu’a la taille et que l’autre population avec des nez camus prenne des couteaux et des pals, et reste sur le bord - c’est ainsi qu’on va decouvrir les Juifs. Et les gens du village etant naifs et incultes ont fait comme les bagnards les ont appris. Ensuite les bagnards disent a la population au nez camus armee de couteaux et de pals que la population aux nez crochus qui se tenait nue dans la riviere sont ces memes fruits et legumes de Juifs et qui il fallait les egorger vite comme du betail, mettre en marinade et manger lentement pour que ca dure longtemps.
 
Ce que les bagnards les ont appris, les nez camus l’ont fait. Et les camus ont apprecie la chair humaine juive et l’ont mangee avec beaucoup d’appetit. Le temps passe, ils ont deja mange toute la chair humaine, et voila que les nez camus commencent a reclamer de la chair juive pour leur bon appetit. Et les bagnards, toujours plus audacieux, leurs disent sans les amener a la riviere : ceux qui malgre les nez camus ont des cheveux crepus en plus des yeux bruns, sont naturellement des fruits et legumes de Juifs. Et etonnamment resignes, ces nouveaux Juifs se sont donnes a manger. Et le reste des camus ont etaient egorges et marines   par   les   bagnards   eux-memes,   et   jusqu’a maintenant leurs petits-enfants les mangent et ne peuvent terminer. Voila un scenario type de ce que je voudrais prendre   comme   sujet   pour   mon   film.   Mais   avec   un developpement et des details culinaires perverses.
T i m. Eh bien, Liora, degage avec ton sujet culinaire pervers
- c’est pas pour moi.
L i o r a. Degage toi-meme. Pourquoi tu nous charges avec ton Grand Consolateur, nous, des petits-enfants des bagnards? Je vois bien que ton Grand Consolateur n’a pas besoin de sujet culinaire cannibale, je consenti. Mais mon scenario sur les Grands Etouffeurs en lien avec un sujet culinaire cannibale est plus interessant comme une farce. Je pourrais l’ecrire moi-meme. Mais, comprends-tu, tout mon ame est sali par le train-train intrigant d’immigre. Dans cette histoire de taiga, je ne sens que l’ame de ces bagnards cannibales, et un scenario devrait aussi comporter le theme de l’amour - par exemple, entre un nez crochu et un nez came quelque chose de sentimental, naif et lyrique, afin que
des gens simples achetent des billets au cinema et aillent voir quelque chose de sensible. Tu peux m’ecrire un supplement sur l’amour. Apparemment, t’es pas trop pourri. Sinon, quand je pense a ce sujet, devant mes yeux se dresse non pas la Russie gelee, mais Israel, les U.S.A. ou encore Paris, ce pedeland en rose, a la place de ce village perdu dans la taiga siberienne. Et les bagnards se presentent comme des rats gris du KGB et du GOULAG qui me ronge tout vif, un tel cheval immigre, simple et travailleur honnete. Et encore ca ne serait rien si je me voyais pas dans mon scenario comme ce rat gris cannibale qui se devore. L’autodevorage total de merde est tout autour. Pourtant, apparemment, je peux pas me devorer jusqu’au bout. Aide-moi, mon frere, a ecrire ce scenario. Ou bien devore-moi, Juif antisemite immigrant cannibale, tout cru, sans perversion culinaire! Devore-moi tout betement!
T i m. J’ai pas de l’appetit.
L i o r a. Alors, pour en avoir de l’appetit, on va boire! (Il tend la main pour attraper la bouteille.)

Entre Polia.

P o l i a. Voila tes cigarettes. (Elle passe a Liora un paquet de cigarettes.)
L i o r a. Merci, Polia, tu es un amour. (Il allume une cigarette.) C’est bon, les gars. Continue a cogiter, a deconner avec ton scenario, Tim. Alors entre nous, ca sera l’amitie et le bonheur comme dans le cinema, OK? (Il regarde la montre.) Ouah! J’ai encore des affaires du parti
d’ex-bagnards - un rendez-vous au bar d’en face. Je suis pas pour longtemps. Soyez pas ennuyes. (Il s’en va.)
P o l i a. Alors, comment tu trouves Liora? C’est un homme vivant qui est deja mort.
T i m. Je t’aime, Polia.
P o l i a. L’amour, c’est beau. C’est une categorie la plus feerique de la merveilleuse existence humaine. Mais on a pas encore trouve de medicament contre le SIDA. Tout le monde meurt et moi aussi, je mourrai. Pourquoi Dieu devrait-il faire une exception pour une pute comme moi? Si Dieu existe encore. Il y a d’autres ladys qui crevent sans Dieu. Moi aussi, je t’aime, Tim. (Elle le prend dans ses bras et pleure.) Pourquoi y a-t-il pas de medicament contre cette satanee maladie?
T i m. Tu peux me transmettre le SIDA, chere Polia?
P o l i a. Comment?
T i m. Je ne pourrais pas vivre apres ta mort, ma chere Polia.
P o l i a. Mais qu’est-ce que tu dis?
T i m. Je ne pourrais pas vivre sans toi. Je veux mourrir de ton… SIDA. Je saurais que je meurs de tes microbes et je serais soulage.
Je suis d’accord pour mourir, moi, de tes microbes, chere Polia. Je te veux, Polia. Je peux t’embrasser comme un homme embrasse sa femme adoree, sur la bouche, tres longuement?
P o l i a. Tu le peux.

Tim et Polia s’embrassent longuement.
 
T i m. Je te veux, Polia. Je veux que tu me donne ton SIDA. Je te veux, Polia!
P o l i a. Mais prens-moi donc, prends-moi!

Pause.

T i m. Moi… j’ai ce truc… il veut pas… se dresser. Je suis impotent. Je peux pas bander. La prostration complete. Apres ce squat pouilleux. (Il pleure.)
P o l i a. Calme-toi, Tim. Je vais bien te nourrir. Bientot, tu sera vigoureux. Tu dois faire du jogging et tu recupereras vite tes forces. N’est-ce pas?
T i m. Un peu apres. OK? Et maintenant je peux te faire une petite incision sur un doigt pour te faire saigner un petit peu, ainsi que sur mon doigt? (Il se fait une incision sur le doigt avec un couteau.)
P o l i a. Tu es fou.
T i m. Regarde, comme c’est beau! Le sang est rouge comme la couleur de l’amour.
P o l i a. De l’amour…
T i m. Ca fait pas mal.
P o l i a. Pas mal du tout…
T i m. Je peux te faire une incision pareille avec du sang rouge de l’amour?
P o l i a. Tu peux…

Tim fait a Polia une incision sur un doigt avec le
couteau.
 
T i m. Regarde, comme c’est aussi tres joli - du sang rouge… de l’amour…
P o l i a. De l’amour…
T i m. Ma blessure peut-elle aimer ta blessure a toi?
P o l i a. Elle le peut.
T i m. (En appliquant son incision sur le doigt a la sienne.) Je suis si heureux, chere Polia.
P o l i a. Cher Tim!

Ils s’etreignent et s’embrassent longuement.

T i m. (En regardant son incision.) Dieu a donne la vie a tout le monde. Les microbes du SIDA veulent vivre eux aussi.
P o l i a. Qu’est-ce que tu as fait, Tim? Qu’est-ce que j’ai fait? Cher Tim!!! (Elle l’etreint, l’embrasse et pleure.)
T i m. Le SIDA va etre un bon bourreau. Il nous executera en meme temps.
P o l i a. C’est romantique.
T i m. L’amour saura sauver les romantiques de la vie. P o l i a. En verite. Tu es fou, cher Tim!!! (Elle s’evanoui.)
T i m. Chere Polia! (Il se penche au-dessus d’elle gisant par terre et il l’embrasse.)

Entre Liora.

L i o r a. Qu’est-ce qui est arrive?
T i m. Polia est tombee.
L i o r a. Si Polia est tombee - c’est qu’il faut la soulever.
 
Tim et Liora mettent Polia sur le canape, lui font reprendre les sens en lui apportant un verre d’eau.

Qu’est-ce qui il t’arrive, chere Polia?
P o l i a. Liora.
L i o r a. C’est moi, Liora. Qu’est-ce qui est arrive?
P o l i a. J’ai la tete qui tourne.
L i o r a. Tu veux peut-etre un comprime?
P o l i a. Ca passera vite sans comprime.
L i o r a. Tim! Peut-etre qu’elle t’ecoutera et prendra ces comprimes anti-SIDA! Mais qu’est-ce qu’il te reste d’autre, Polia? Je vais devenir fou! Je deviendrai fou pour de bon, les gars! Et c’est pour le bon. De toute facon, il est pas possible de comprendre cette vie d'empestes sidaiques d’immigrants, mes freres!
P o l i a. Tout va bien, Liora.
L i o r a. On est tous de bons gars, Polia, quand on le veut. (Il ecrit dans son carnet.) Je deviens schizo - il faut qu’on boive. Tim, Polia, on va boire, comme des hommes, pour un peu oublier qu’on est des vers de bouse ici, a Paris?
P o l i a. On boit? T i m. On boit.
L i o r a. Ca, c’est deja un discours d’hommes, les gars. (Il sort des verres, une bouteille de vodka et verse le vin.) Sinon, ils m’ont completement eventre avec ce bavardage de vers de boheme. On boit a quoi?
P o l i a. A la Terre.
L i o r a. Putain de mouche-scaramouche!
T i m. Si il n’y avait pas de Terre - il n’aurait pas de Ciel.
 
L i o r a. Qui vole quelque par dans l’espace autour du soleil.
P o l i a. Et quelque part a Paris, la Tour Eiffel s’enfonce dans la Terre comme une echarde.
L i o r a. C’est la vie. Tu peut pas l’enlever. On survivra. Elle peut servir. (Ils boivent.)

O b s c u r i t e.

Liora et Tim.

L i o r a. Non, je ne te comprends pas du tout, ami. Dieu t’a donne un talant d’ecrivain et Liora t’as fait une commande reelle que tu puisse gagner du fric et en celebrite. Et toi? Tu pourras jamais faire du fric avec ton Grand Consolateur. On m’a aussi propose en Israel d’envoyer des Juifs dans les cercueils. Je ne te croirai jamais, qu’un clown pede comme toi puisse zigouiller les Juifs. Quoique, il y a de tels fachos gays qui en seraient capables. Et bien, ecris un scenario comme tu etripais les Juifs en Israel, en antisemite non- baptise. Que l’amour dans ce scenario soit fatal, mais simple en meme temps. Que n’importe quel Francais de Bordeaux et un immigre Russe quelconque paye au cinema pour soi-meme et sa femme adoree en regardant defiler la pellicule. J’en ai marre de tourner comme esclave le cinema qui ne paye pas. Combien de temps est-ce possible? La vie a Paris et trop chere. Je suis fatigue, mon gars. Il faut me reposer. Tu veux te reposer?
T i m. Et pourquoi pas?
L i o r a. Et bien, on va se reposer. Pourquoi deux gars vigoureux ne peuvent-ils pas se reposer? Prends du pinard sur la poitrine. (Il verse du vin a Tim et il boit aussi.)
T i m. Polia est une fille extraordinaire.
L i o r a. Tu peux pas trouver une place sans une marque sur cette fille extraordinaire. Vas-y, ourson! T’es amoureux ou quoi? Et bien, je t’en felicite sincerement. Surtout, qu’elle est ma femme legale. N’est-ce pas un amour fatal pour ton scenario? Tu pense que je suis pas jaloux de cette nymphette, que j’en suis pas amoureux? Detrompe-toi, camarade. C’est Polia, la frisee et hirsute, ne peut toujours pas comprendre que l’amour et la vie sont deux choses disproportionnees, putain. Elle a attrape, espece de pute, le SIDA, pour se venger de mon amour fidele de Juif chauve, de son destin fatal, tel cabas de Polia-SIDA. Reellement, c’est une connerie royale russe. Et ici, en Occident - c’est l’existence juive. Le cerveau tout-aimant vaut encore quelque chose en Russie. Et elle est encore patiente, ma colombe. C’est pourquoi j’estime, j’aime et je baise les gonzesses Russes. Naturellement, avec une vraie Juive de sang, tendre mais avare, je me risquerais jamais de partir en Occident. Ce que Polia a du souffrir de ma vie - l’on pourrait enterrer sans problemes une dizaine de Sarah. Pourtant, meme avec ma cervelle complexe de Juif, je peux pas comprendre des meufs simplettes Russes. Oh, combien j’en ai baisees et je sais avec mon cerveau de succion spermatique qu’ils ont qu’une seule circonvolution pensante qui est leur fente rose grattante. Mais il reflechi, cet edelweiss, cette echarde d’entrejambe, comme un incomparable serpent meurtrier. Tu penses, que la fille Polia
a commence a forniquer pour me rendre jaloux? Mais je suis pas jaloux - tu peux en crever. Je l’aime - elle me croit pas, et je m’en fous, - mais ca me rend pas jaloux, ca me chatouille pas aux aisselles de jalousie et point, c’est tout, tant qu’elle ne fornique pour devenir une putain royale. Elle t’as fait aussi ce brame sur des ladys les plus chiennes des putes? Elle a juste commence a forniquer et a adore cette occupation lucrative. D’abord, elle a baise gratos sur le cote. Apres, elle a vu qu’on pouvait gagner bien sur le fucking. Et elle en gagnait beaucoup. Et moi, j’en ai rien a foutre de son fric de lanterne rouge. Je vis pas pour du fric avec ma nourrice. Je suis tout betement ne, grace a ma mere, un mec familial, stable et monogame. Si je me marie avec une fille - c’est que je vivrai et mourrai avec elle. Moi aussi, je vais forniquer, et je fornique deja, c’est naturel! C’est la nature qui demande de verser le sperme et de le partager avec quelqu’un d’une facon desinteressee. C’est pas un crime, Tim, qu’un mec rompe son jeune dans son espace paye. D’autant plus, que son propre cabas baise jusqu’a en attraper le SIDA. Et bien sur, si tu baise - autant en baiser de jolies filles. Et si elles sont belles, c’est qu'elles coutent cher. Au moins la, Polia me comprend et me donne du fric pour des filles et des garcons, c’est qu’elle m’aime encore et c’est pour ca qu'elle donne du fric a son furet youpin qu’il puisse copuler. Apparemment, elle veut que j’attrape le SIDA, moi aussi. Et moi, j’embroche de tres jeunes filles et d’encore plus jeunes garcons, tels bebes singes chastes et mignons. En plus, je leurs demande des certificats medicaux. Et quand je suis pas sur, je mets encore la capote. Qu’est-ce tu peux faire, mon frere, quand
t’es pas completement rassure? Toi-meme, t’es pas ami- cochon avec le SIDA?
T i m. Qu’il aille se foutre, ce SIDA!
L i o r a. Excuse-moi, mon frere, j’ai fouille dans ta valise et j’ai trouve un certificat de test seronegatif, quoique vieux d’un an.
T i m. C’est ce que Boria Tomsky, l’expert medico-labial, me laissait pas vivre chez lui sans que je lui apporte ce certificat.
L i o r a. Tu vivais avec lui?
T i m. Tu me fais chier avec tes bonnes questions, Liora.
L i o r a. Apres Boria Tomsky, la-bas, dans le squat, t’as baise d’une facon virile avec quelqu’un? Tu peux repondre une fois a ma question medicale, principale et sacrale, mon bebe singe farfelu?
T i m. Pour vivre dans le squat, et encore moins pour y mourir, t’es pas du tout oblige de baiser a la facon virile.
L i o r a. T’es pas bete comme une souche, comme tu le fais paraitre. Je le savais que t’es un ballon a moitie rose, debauche, mais saint.
T i m. J’aimais Boria d’un amour, tant qu’il y avait de l’amour.
L i o r a. Mais je vois que pour aimer les filles, tu les aimes aussi. C’est a dire que t’es un geant bissexuel incommensurablement debauche. Faisons connaissance : gay rose comme les petales de rose sereine dans votre bouche de boheme, Liora, bissexuel de classe.
T i m. Va au diable, Liora l’alconaute.
L i o r a. Mais pourquoi putain tu goujaspheme a un collegue, garcon-ecrivain? Je te parle correctement, a ce
qu’il me semble. Si on baisait joliment et tu volerais au ciel bleu? Polia ne rentre pas sitot - elle a des heures nocturnes supplementaires.
T i m. Quoi?
L i o r a. Polia est partie baiser et s’embrasser pour des euros, pour gagner du fric pour nous, les mecs. Et les mecs, ca va de soi, aiment Polia, mais sont pas des maitres pour se procurer du fric pour bouffer. C’est que Dieu n’a pas donne aux mecs la fente d’attrait des dames. Et avec le cul et une bite morveuse, si t’es pas un garcon juteux de 20 ans, il y a pas de chance de gagner a Paris. Mais il y a pas de problemes pour s’amuser et se reposer avec un gay morveux et scelerat comme toi. Tim, je te demande pas de me sucer la bite si tu le veux pas - tu peux encore la mordre dans un acces de colere, espece d’assassin. Pour l’instant, je cherche pas a trepasser dans l’au-dela. Mais avec les mains et dans le cul - qui peut nous entraver? Et qu’est-ce qu’on pourrait faire de bon ici, a Paris, sur ta succion? Encore que tu ne veux pas ecrire pour moi ce scenario de reve. Et il faut payer la location d’une facon ou d’une autre.
T i m. Je voulais partir ce soir travailler avec la guitare dans
le metro. Polia m’a dit qu’il fallait pas. Toi aussi, tu l’as dit.
L i o r a. T’es vraiment une souche ou tu fais semblant? Qui a besoin ici de tes 40 ou je-sais-pas-combien d’euro par semaine? Ce que Polia apportera - tu peux pas le gagner en toute ta vie, pied bot! Tu racontes vraiment des conneries orales, ecrivain, et pourtant, t’es un sportif mignon aux joues vermeilles. (Il etreint Tim.) On va s’amouracher l’un de l’autre dans les bacs… Je te ferai pas de mal. Petit garcon, mon bebe singe acrobatique.
T i m. Tu peux tenir la distance, Liora? (Il recule.)
Liora. Et non, maintenant je peux plus tenir la distance, Tim. Si je bande sur quelqu’un - je n’en peux plus tenir la distance. N’aie pas peur, Tim - j’ai pas le SIDA. J’ai toujours mon certificat avec un sceau authentique. Tiens, regarde. (Il lui montre son certificat.) Toi aussi, t’es un garcon pur et saint - t’as pas le SIDA pour de bon. Faisons un pur amour reciproque, mon petit garcon-lapin-perruche. Arrete de faire des facons comme un hymen - t’es pas une fille.
T i m. Mais t’es un Juif, Liora.
L i o r a. Je deteste quand on me traite de Juif, Tim, espece de salope, youpin legal.
T i m. Il faut boire avec retenue, comme l’a dit Jawaharlal Neru. Et bien, je vais me deshabiller.
L i o r a. Tu me feras un grand plaisir en me laissant te deshabiller, mon Petit-Pouce sans atout. (Il etreint Tim.)
T i m. On va voir, qui deshabille qui en premier, salope! (Il jette Liora avec force par dessus soi-meme, en lui retirant le pantalon.)

O b s c u r i t e.

L i o r a. Dis-moi des injures, encore! C’est bien!!! Ah-ah-ah! Ah-ah-ah! Mais tu t’es completement epuise, bebe epee sacree. Qu’est-ce que c’est bon!!! Ah-ah-ah! Jusqu’au sang! Tout-haut! Tout-puissant! Ah-ah-ah! D’un fausset! Ah-ah- ah!!! C’est bien comme ca! Oui, c’est comme ca! C’est bon a en perdre la tete! Ouah! - quelle force epique et ce que c’est bon! T’es mon consolateur et mon sauveur!
 
Le lendemain.

Liora, mi-etendu sur le canape, suce son doigt en feuilletant un magazine. Entre Polia. Elle est pompette.

P o l i a. Mon cher Liora. (Elle etreint Liora.)
L i o r a. T’es en tres bonne humeur, Polia!
P o l i a. Cette nuit, Edmond a ete splendide comme un ouragan, mon tres cher Liora! (Elle jette son porte-monnaie sur la table.) Maintenant ton Boul peut ne pas se presser de t’egorger au canif.
L i o r a. (Une fois l’argent sorti du porte-monnaie, il le compte.) Dix mille eurofrancs eurofrancais! Douze mille! Toi, t’es un chef-d’;uvre, Polia! T’es mon or celeste et terrestre! Et tout ca, Edmond tout seul?!
P o l i a. Edmond m’a apporte un enorme bouquet de roses rouges! Je les ai balancees du balcon d’un hotel multi-etoile a Montmartre, pour la fete immense que Paris me jette comme un os a mon ame de chienne a Montmartre! Mais avant, il y avait Pierre, ensuite, Christophe, apres, Mohammed, apres, David, et apres, Jean, ce noir aux dents blanches. Evangile selon Saint-Jean : “Au debut, il y avait la Parole, et la Parole etait Dieu. Tout a commence par Lui, et sans Lui, rien n’a commence a etre, ce qui a commence”. Jean, Ivan Sergeevitch Pouchkine, aka Alexandre, notre garcon blanc-noir harmonique et eclaire, genie de la parole, a reuni en soi deux oppositions :

“Toujours du meme aspect humble et majestueux,
 
o;ce, coupables.
 
Tout comme un employe grisonnant dans son Il regarde calmement sur les justes et les
 
En observant indifferemment le bon et le mal, Sans connaitre ni pitie, ni colere”.

Par ces paroles : “En observant indifferemment le bon et le mal” - Pouchkine a prouve que la Nature ne fait pas la guerre et que les gens devraient la prendre en exemple. L’on peut jurer mais non se disputer.
L i o r a. Et moi, je jure et je me dispute tout le temps d’une facon vulgaire et offensive, ma joie celeste. Pourquoi est-ce que l’argent ne tombe pas tout seul du ciel de Paris celeste, meme a des gens aussi saints comme toi, ma chere Polia?
P o l I a. On donne pas de l’argent pour des paroles obscenes. Tu devrais le savoir. Mais d’autre part, il n’y a rien dans le monde de plus desinteresse et de plus sincere que notre langue obscene. Par exemple, “va te faire en…ler” - c’est que t’a pas de creativite generalisatrice virile et que t’as juste besoin de te faire fertiliser. Et “nique ta mere”, c’est “ou es ton memoire”? Mais Freud, ce petit homme de personnel, l’a completement detourne en pathologie.
L i o r a. C’est correct, ma fille. C’est la, d’ou vient tout le faut de la psychologie actuelle. Est-ce qu’il sait, ce Freud, ou est mon probleme? C’etait un putain de charlatan, ce Freud Juif relatif, cette souche d’;dipe, cette bitte occidentale de la montagne de Sisyphe.
P o l i a. Quand des dieux veritables reviennent-ils sur la Terre, ils ne les reconnaitront pas tout simplement. Chez
Freud, dans son pays d’Autriche, il n’y avait pas de “MAT” - jurons vulgaires - qu’est-ce qu’ils peuvent en connaitre ce qu’on peut generaliser avec ces jurons. Et entre nous, les filles Russes, il faut avoir du talent pour ecouter et comprendre le “MAT” - les jurons, si nous a;rmons que nous sommes de vrais poetesses serieuses. Tout le reste n’est que mensonge, boucan et provoc! Naturellement. Non, mais aux echecs, le mat, il est cassant, impasse et perte. La, il est physiquement realise jusqu’a la stupeur. Et dans la langue, il est l’univers entier, la, ou il y a toujours une sortie de la merde qui est justement configuree par le “MAT” - des jurons, - et la, l’essence de sa verite nue et martyre. Les jurons sont sacrificiels. Ils denudent un homme vide et debarrassent des problemes.
L i o r a. Qu’est-ce qu’ils t’ont donne a boire cette nuit, ces cons barbares habituels des hotels parisiens? Qu’est-ce qui t’a tiree aux jurons russes? T’es un peu fatiguee, ma petite poetesse nue angelique? Tu veux que je te coule un bain?
P o l i a. Celui qui a le doux peche, c’est a lui qu’adhere les jurons, et un bain n’y serait d’aucun aide, mon petit Liora cheri! (Elle foule au pied un slip trainant par terre.) Ah, regarde comment ton slip aux poix jure-t-il ici, noye dans le sperme - on l’a achete ensemble quelque part!
L i o r a. Mon slip, il se repose tranquillement. T’es quoi, Polia? Va te coucher pour te reposer. (Il ramasse le slip.)
P o l i a. Ou es Tim?
L i o r a. Tout va bien, Polia.
 P o l i a. Ou est Tim?!
L i o r a. Je te dis que tout va bien! Et merde, nom de chien! Mais je sais pas ou est Tim. Il etait la toute la nuit, a mon
cote. (Il montre le canape.) Je lui ai pas fait de mal. Tout- tout-tout doucement. Tendrement, plein de caresses dans sa bouche de salope sans rivage… Je te jure sur toute ma sainte sterilite que je lui ai fait aucun mal, chere Polia. C’est un mec chicot, ce Tim joyeux. Un tel cheval baie d’hiver vigoureux, un peu fatigue. Il etait fatigue, ce petit garcon gay, de se reposer. Ecoute, qu’il reste avec nous. Merci a toi pour Tim, Polia. C’est un tel criquet lutin qu’on pourrait litteralement proliferer de bonheur! Tu ne te trompe jamais dans les gens. On etait si affables et tendres quand sa queue soyeuse me chatouillait et engourdissait de sa creme de biscuit sur le palais jusqu’a l’enivrement!
P o l i a. On n’entre pas deux fois dans le fleuve… La-bas, tu restes des la premiere fois! Dans les contes russe, les queues, on les coupe avec une hache. Des queues bifurquees, on les coupe a tout les sorciers maniaques sexuels artiodactyles avec une hache une fois pour toutes.
L i o r a. Je lui ai fait aucun mal, Polia - on a juste fait une belle promenade dans le buffet et le salon de beaute. Mais je ne peux pas te baiser, seigneur du SIDA tout puissant! Et j’ai besoin de baiser. Autrement, je devient un freak nevrotique et fou comme Fafa, ton neuropathologue oncle Freud, et pire que ca. Mais je suis un homme normal, Polia. Et comme un homme normal, j’ai besoin de baiser, d’apres la nature. Je ne veux pas attraper ton SIDA, Polia. Et il ne faut pas me regarder ainsi, comme si c’est moi qui te l’ai transmis. Je suis creve et meurtri a outrance. Et bien, tu viens de baiser et t’es devenue une lady tendre et aromatique. Moi aussi, je viens de baiser et deviens… en quelque sorte… encore pour une fois… ce que j’etais…
mais en verite, pire, bien que, en ce qui concerne mon corps, beaucoup mieux. Tu as explicitement et ulcerativement raison, ma chere Polia. Comme toujours. Polia, je fais de l’autocritique… Polia… Mais pourquoi tu es si triste? Et encore des larmes. Je ne comprends pas le sens de tes larmes - tu peux me tuer! Et maintenant, tu ris encore. Dieu merci. La, Tim va revenir et tu verras ces yeux au sommet du paradis. Il faut donc comprendre ce monde dans tout son volume et sa diversite, politiquement correct et occidentalement tolerant. Tim lui-meme s’en fout de s’envoyer en l’air avec un gars plein d’adrenaline. Je viens de baiser avec Tim, Polia, mais tu peux pas t’imaginer a quel point je t’aime sans hypocrisie a cet instant. Je t'aime, Polia, et je me transforme absolument du meilleur cote artistique et inspire! Il est clair, qu’il est completement merdeux.
P o l i a. Tout comme Tim, tu m’as aimee en tombant
malade.
L i o r a. Sinon encore plus fort. Tim m’a aussi aime d’un amour celeste, reconfortant et maladif. Tu le connais. C’est un Tim d’ouragan imperatif, un gonfle a bloc, large d’epaules. Mais si tu veux baiser avec lui - on est d’accord que se soit avec du latex. Mais ca serait mieux si vous ne baisiez pas du tout. Vous pouvez vous aimer a distance meme d’un centimetre d’un amour platonique. Je te garanti qu’ainsi votre amour immacule peut se prolonger reellement plus longtemps. T’as la une division de generaux aborigenes qui peuvent t’avoir en te payant. Tu peux m’offrir Tim, Polia. Mais qu’est-ce que tu veux que je te fasse pour l’obtenir, Polia? Qu’est-ce que tu veux?
P o l i a. Tim voulait me prendre sans la capote. Mais il n’a pas pu. Il etait si fatigue. Il n’a pas pu bander.
L i o r a. Mais je ne fais que le repeter - pourquoi baiser sans la capote? Vous etes devenus fous, petits enfants? Qu’il attrape le SIDA par toi avant de faire la route? Qu’il reste, ce petit Tim, avec moi tout pur et tout mignon, Polia. Pourquoi tu le veux tant absolument? Tu sais comment il bandait grave avec moi? Putain, il a un saucisson mortadelle qui gueri a mort a couper le sou;e, mais en meme temps, d’une maniere si chaste, naive et pourtant profonde, il me penetrait jusqu’aux entrailles avec son traitement de guerisseur, et puis ressortait, et puis encore, il repetait sa man;uvre feerique de ressort avec sa bite genitale marquante et hymenodechirante.
P o l i a. Bravo, bravo! Toute mes felicitations! Et vous vous etes battus aux epees sans les capes?
L i o r a. Bien sur, qu’on s’est battu aux epees sans les capes. On s’est pas battu avec Lensky-phenomensky ni au duel ni en plein air. Tim est en possession d’un certificat de test seronegatif. Boria Tomsky ne transperce jamais avec son enorme epee un trou de duel sidaique anal sans assurance. Et la derniere fois que Tim penetrait et se faisait penetrer, c’etait il y a un an et c’etait avec Boria Tomsky. Apres cela, avec personne - et Tim est un mec cristal honnete, il me regardait dans les yeux. Il pratique la penetration que par l’amour spirituel et en charge corporel. On s’est aime par amour, chere Polia. Et pour l’amour, un contraceptif est egal au SIDA. Je ne peux pas vivre sans amour, ce combat, ce duel entre les hommes dignes - tu me
connais en tant que poete comme Lensky, ma petite Polia- Olga-Tatiana du genre des Larine.
P o l i a. Hier Tim a pris ce couteau et s’est fait une incision au doigt. Le sang de l’amour a jailli. Du meme couteau, il m’a fait une incision, a moi aussi. Le sang de l’amour a jailli de nouveau. Juste apres, nous avons presse nos incisions amoureuses l’une contre l’autre - blessure dans la blessure, sang dans le sang, et nos blessures ont aime l’une l’autre pendant l’eternite. Nos blessures se sont aimees. (Elle s’a;aisse sur le canape, se couvre de ses mains le visage et pleure.) Pauvre Tim! Il m’a aimee si fort qu’il a voulu mourir a cause de mon SIDA - mourir avec moi simultanement! Et toi aussi, Liora, t’as aime Tim afin de mourir avec nous simultanement. Je ne suis pas jalouse - je suis fatiguee d’etre jalouse. Et meme Tim, je lui pardonne pour sa trahison.
L i o r a. Quoi?!! Putain!!! Ah-ah-ah!!! (Il attrape son posterieur, crache la salive, regarde comme un fou son doigt “incise”.) Le SIDA!!! Ah-ah-ah!!! Putain!!! (Il court dans la chambre, sans savoir quoi faire.) Le SIDA!!! Putain!!! Le SIDA ne dort pas, putain de merde!!! (Il braille.) Le SIDA ne dort pas, putain de merde!!! (Il braille toujours.) Le SIDA ne dort pas, putain de merde!! Je vais le tuer, ce sidaique, sidaphore, sidasaure sidazoique, espece de salope!!! Il a joui en moi trois fois, salope - j’etais raide quand il a joui, Polia! A moi aussi, cette bete assassine, il a fait une incision au doigt, batard, qu’on devienne parents de sang! Je tuerai ce bourreau de Pol Pot, ce Juif pur et honnete! Ma petite Polia! Putain!!! Maman!!! Putain!!! Qu’est-ce que j’ai a faire maintenant, Polia, ma petite cherie Polia?!!! (Il sanglotte.)
P o l i a. Il existe des comprimes. Prends des comprimes contre le SIDA, Liora.
L i o r a. Mais les comprime ne seront pour moi d’aucun aide contre le SIDA, Polia!
P o l i a. Ils ne seront d’aucun aide a personne, Liora.
L i o r a. Je ne peux pas comme ca, je ne peux pas coexister comme ca!!! (Il pleure a ses genoux.)

Entre Tim.

P o l i a. Tim!!! Ou etais-tu? Mon tendre Tim adore, pourtant si tardif!
T i m. J’ai fait du jogging.
L i o r a. Espece d’assassin, salope, sidaique!!! (Il braille.) Je vais te tuer, salope assassine - je vais t’egorger avec ce couteau sidaique, monstre, assassin, Dracula!!! Fais ta priere au Seigneur Assassin, espece de Juif youpin sidaique!!!
P o l i a. Donne-moi le couteau! (Elle prend le couteau a Liora.)
L i o r a. Salopes, salopes tiphoides, sidaiques lepreux! Vous m’avez transmis le SIDA, especes de salopes de sidaiques tiphoides! Pourquoi vous m’avez choisi que je creve d’emblee avec vous? Je suis pas un bourreau, Polia. C’est vous qui etes des bandits sidaiques, des monstres bourreaux qui se masquent en poetes, sidaiques tiphoides! (Il pleure.) On devient parent de sang! Maintenant, par le SIDA, on est tous, des Soviets, parents de sang avec ce Paris sidaique. Salopes!!! (Il pleure.)
P o l i a. C’est une chose d’aimer, et vivre tout en mourant - c’en est une autre. Maintenant, tu peux m’aimer sans contraceptif, mon petit Liora liorastique.
L i o r a. No-o-on!!! Polia! Petite Polia, Petit Quota! No-o-on! Jamais de la vie! N-o-o-on!!! (Il pleure.)
P o l I a. Il est arrive le temps plein des injures.
L i o r a. Polia! Ma chere destinee! Jamais!!! No-o-on!!! Maman!!! Salope!!! (Il pleure.)
P o l i a. Qu’est-ce qu’il advienne au Grand Consolateur et a sa bien-aimee solaire, Tim?
T i m. Pas un seul muscle n’a bouge sur le visage du Grand Consolateur, quand les habitants du village perdu s’etaient bouffes les uns les autres comme des Juifs, et les ex- bagnards cannibales etaient parti au loin et de plus en plus loin… Et personne dans le monde entier n’avait plus besoin du Grand Consolateur… Il n’y avait plus personne a sauver. Il n’a reste sur la Terre aucun homme.

P a u s e.

La, j’ai couru jusqu’au squat - il ne restait plus que des ruines. Kostia avec son chien Dick reste assis sur les cailloux et pleure des larmes ameres. Miklos, dit-il, est reste dans la cave sous les gravas avec une lady-putain Russe quelconque. Les peintres-clochards Russes defendent ces ruines parisiennes avec leurs corps.
P o l i a. Miklos etait un brave homme. Et sa gay-girl etait aussi brave.
L i o r a. Il faut prendre en Russie des lots entiers de jeunes filles pour les amener a Nice, a Nice, a Nice - pour l’amour
en rondeau!!! Alors, avec cet argent, l’on peut tourner le cinema! Mais a condition que je sois le premier, moi, je serai le premier a l’audition des filles-hirondelles pour Nice. Je ne les contaminerai pas! Je suis juste enrhume, c’est tout. (Il pleure.)

P o l i a.

Un soldat enrhume en hiver dans une tranchee enneigee.
Trois heures du matin, l’attaque des chars ennemis commencait.
Le soldat entame une pneumonie, point de penicilline. Pour lui, point de couchette a l’infirmerie toute proche.

Le soldat enrhume ne veut plus vivre.
Il crache du sang par terre, a la fievre a quarante environs.
Le char ennemi le plus proche est de lui a cent metres, Il fonce sur le soldat fantassin, sa bouche devant.

Le soldat se dresse et dans toute sa longueur, s’avance vers le char avec une grenade.
Il lui semble que sa bien-aimee lui vole a la rencontre a la place du char,
Et qu’il tient dans sa main un bouquet de fleurs, et non une grenade.
Il veut tant l’embrasser, sa bien-aimee
Que le char meme est hypnotise et n’ose tirer.
 
Et le temps de guerre est arrete pour l’instant de l’amour du soldat et du char.
Et a l’instant qui suit l’obus du char transperce la poitrine du soldat.

Il n’y a plus de penicilline et personne n’en aura besoin - Le soldat est tombe, il est mort et n’a plus de rhume.
C’est l’hivers et le gele, et dans sa poitrine - une marre qui fume.

P a u s e.

Mes roses etaient plus haut que Montmartre, plus haut que Paris. Mes roses rouges d’amour ont vole au-dessus de Paris… Malgre tout… Que les paroles restent ici, avec les autres… Et Polia a trahi la Russie bien avant… Chere maman! (Elle se frappe avec un couteau dans le c;ur.) Et ca ne fait pas mal du tout. Il n’y a plus de mort. Tous les soldats vont vivre. (Elle tombe par terre. Elle meurt.)
L i o r a. Ah-ah-ah!!! T’as vu?! Ah-ah-ah!!! C’est pour de vrai? Poete? (Il montre du doigt sa tete et puis Polia.)
T i m. (En sortant le couteau de la poitrine de Polia.) Oui!!! Oui!!! Oui!!! (Il se frappe avec le couteau plusieurs fois avec une immense vigueur.) Ca fait pas mal du tout!
L i o r a. Ah oui?!
T i m. Oui!!! (Il frappe a mort Liora avec le couteau.)
L i o r a. Non… (Il tombe par terre.) C’est exact - un Juif assassin… Tenace… A l’aide… (Il meurt.)
T i m. Polia. Ma chere, ma tendre Polia. Le fruit… de l’Univers… Mon Dieu… A moi… Poete… Tu me sauve… Liberte…

Il embrasse Polia et il se tait mort a son cote sur le
sol.

O b s c u r i t e.





Paris, 2022

Les classiques et les consolateurs de Mikhail Volokhov

Mikhail Volokhov est une figure inverse de la vague de la nouvelle dramaturgie. On attend de ses textes et de ses sujets du langage vulgaire, des saletes et des masques cyniquement arraches. Dans sa piece “Le Grand Consolateur”, le langage vulgaire est reduit au minimum et reste mixte, ce qui repond aux regles du “bon mauvais ton”: le gentilhomme n’est pas celui qui ne jure, mais celui qui ne remarque pas quand c’est une dame qui le fait… Le sujet, comme d’habitude, est lourd et horrifiant, pourtant il est penetre de courants de la compassion.

Igor Pekhovitch qui est diplome de l’Institut Chtchoukine dans la classe de Youri Lioubimov, d’une facon intrepide, pris en charge la mise-en-scene de cette piece en montant le spectacle sur la scene mineure de la Vieille Taganka - la, ou l’on avait joue “Le Cerceau”.

Au-dessus d’une plateforme en pente, dans un air tout obscure, suspend et vacille une sorte de cadre de fenetre. Quelqu’un s’obstine a vivre dans un espace clairement invivable. Les personnages sont trois, tous appartenant aux immigres de Paris. Polia, une prostituee Russe (Elena Laskavaia), Tim, un ecrivain de talent temporairement sauve par cette derniere d’un suicide (Sergei Afanassiev), et finalement, Liora, soit un mari, soit un macro, soit un gigolo de Polia (Igor Moujjoukhine), un metteur-en-scene dans le monde qui a plus d’idees creatives que de possibilites a les incarner. Tous les trois n’ont plus rien a faire a Paris car la mode au “Sovietique” s’est tarit, et il devient presque honteux de vivre aux depens de Lucia-Polia, a l’instar des heros de “La Fuite” de Mikhail Boulgakov. La vie n’est pas meilleure mais elle devint plus salee: tous les trois sont saisis d’une brulante passion. Mais Polia est malade du SIDA. Afin de mourir le meme jour, Tim se fait contaminer par elle, et Liora qui ne soupconne rien… se fait contamine par Tim. Tout se termine par un suicide collectif.

Cet horrible sujet est incarne d’une facon inattendue, avec un temperament, un charme et une plasticite. Le spectacle vous conquiert d’une sincerite brulante, une singularite des typages, d’insouciance, d’ironie et
 
d’une solitude tragique de chacun. Et encore, d’une expressivite propre a la “Taganka”, une espieglerie du jeux.

L’empressement d’entrer dans le cercle commun du peche et de la souffrance prend ici une forme paradoxale de compassion, ou, d’apres la terminologie de l’auteur, de “consolation”. Et chacun est dote de sa sortie dans la dimension artistique.

Le theme de la nostalgie de la Patrie rejetee mais non oubliee retentit d’une facon evidente dans le spectacle, bien qu’il est couvert d’ironie, passee pour un cynisme endurci. On entend ici des influences du meme Boulgakov. Et point d’hysterie ni de neurasthenie quelconque. De ces personnages, emane la lumiere de souffrance, de douleur mentale, de supreme desespoir. Et de l’ultime esperance des ames tortures au repos eternel.

Sergei Afanassiev interprete Tim avec toute sa sincerite impressionnante et organique d’un maitre mature nous rappellant Don Quichot, non un messager mystique de la mort, mais un etre de talent singulier conscient de son role d’une mission supreme dans le destin d’autrui. D’une maniere generale, les pieces de Mikhail Volokhov n’ont pas peur de l’impasse des questions eternels. Mais elles ne se contentent pas d’y demeurer.
Igor INIAKHINE, critique d’art “Kultura”, 17.03.1996
Traduit par Nikita Krougly-Encke





3)

Mikhail Volokhov
www.volokhov.ru


Chroniques de Macbeth, ou   
Les rois du palier

texte francais:Julia Breen


La Femme – Zinaida Matveevna, 84 ans
Le Mari – Fedor Ignatevitch, 88 ans

Lieu de l'action : Moscou, un appartement dans un quartier dortoir. De nos jours.

Le Mari. Ton cafe du matin etait aujourd'hui comme jamais delicieux et substantiel, ma chere et tendre petite femminette, lumiere de mes yeux non voiles, - Zinotchka mon aimee. Avec un quartier de citron et sans sucre. Je m'anime sur-le-champ, je monte l'escalier de service de l'amour imperial plein de tant d’elan apres ce tien cafe que c'est comme si, depuis mes quatre-vingt-ans et de bonnes poussieres, j'avais de nouveau vingt ans.
La Femme. Miam-miam-miam-miam ?
Le Mari. Miam-miam-miam-miam-mia
La Femme. Que tu es aujourd'hui alerte, jeune, veloute, parfume, Fedenka. Tu demeures toujours pour moi et pour tous les vivants sur notre superbe planete ce heros si alerte et si jeune de ton eternellement amoureuse de toi fillette-chattounette Zinotchka. A huit heures du matin comme le pilote dans la caserne ouragan ouraganneux tu te leves au son du clairon ardent, tu refais le lit selon tous les canons militaires appris – droit, tout droit – le long des lattes – sans le moindre petit pli de drap. Je te regarde – mon energique olympique mon athlete champion – gardien de mon corps et de mon ame depuis soixante annees deja, et il me vient une telle envie sur tes traces a ta suite de vigoureusement vivre, creer, voler, voltiger, apparaitre en hirondelle celeste, en Cendrillon terrestre, mon cher petit garcon – Fedenka, tu es mon prince, o, mon legendaire, mon aime.
Le Mari. Mienne tu es, ma miss – fillette Zinotchka courant de montagne, torrent sonnant, cascade balayant toute la merde ! C’est toi qui me donnes l’energie pour la vie ! Toi seule – seul notre amour sacre ! Figure-toi, a l’instant dans la cuisine, pendant que tu etais dans la salle de bain, j’ai attrape et si magiquement broye deux mites – en tout juste la deux ephemeres petites secondes.
La Femme. Au broiement de chaque mite tu as passe une seconde, mon petit garcon chevalier, de tes petits doigts musiciens ? Tu es veritablement ma joie magique et lumineuse – tu es ma brute coloree.
Le Mari. Imagine, celles-la ces deux idiotes gales miteuses, ou est-ce que je sais, ces deux mites galeuses idiotes, ont vole depuis notre placard mural de cuisine depuis
un paquet de farine en papier, et moi petit garcon aux aguets – clac ! de la main et sur le mur je les ai ecrasees – comme ca, en etirant mes doigts musiciens, bien sur, mes petits doigts osseux. Tu sais, elles etaient sous mes petits doigts encore tellement agreables, tiedes elles etaient, vivantes gigotantes quand je les ai ecrasees sur le mur
– avec tous leurs petits intestins et leurs petites ailes. Mais au debut, sur le mur, la premiere mite etait sur l’autre – comme des chiens de rue baisant dans la rue fougueusement. Tu t’imagines, rien qu’une petite seconde avant que je ne les ecrase. Et elles ne s’imaginaient pas ces miteuses idiotes, ces deux idiotes de mites que les attendait, d’une pichenette de mon artistique petit doigt de petit voyou, l’expedition de leurs insignifiantes existences de mites vers la grandiose eternite a travers une mort tout imperiale.
La Femme. Elles faisaient l'amour l'une sur l'autre, ces deux tiennes mites ?
Le mari. C’est exactement ca – qu’est-ce tu crois – je voulais tellement t’appeler, t’inviter a regarder cette mise a mort d’une vie agitee, mais tu etais dans la salle de bain – aux toilettes. Le temps que tu te ramenes dans la cuisine, ces petites mites miteuses papillons mites auraient pu simplement disparaitre par le vasistas. Et j’ai pense : mieux vaut que j’ecrase ces mites tout de suite et qu’ensuite je te raconte mes fabuleuses sensations lors de cette divine procedure de maitre des destinees dans notre royale jungle d’appartement – dans les couleurs les plus sensass les plus folles, que je decrive en mots toute cette mienne heureuse surhumaine liberation de l’ame – plutot que, le temps que je vienne te voir dans la salle de bain, que j’attende que tu finisses ta toilette de cremes dans cette tienne salle de bain : nous nous precipitons ensemble ensuite en geignant de nouveau vers la cuisine… Et tout cela c’est du temps, du temps, du temps implacable – et s’envolent les mites hors de notre cuisinette.
La Femme. Et va chercher ensuite comme du vent sur un champ ces voraces creatures miteuses dans tout l’appartement – surtout dans l’armoire des robes entre les interminables plis des vetements de laine. Et jusque dans l’armoire remplie de nos pulls et toques de laine tricotes par moi personnellement, ces mites auraient pu voler et commencer de se goinfrer voracement de nos habits de laine sacres tant aimes.
Le Mari. Et peut-etre meme de ta somptueuse vivante petite pelisse de vison, pour laquelle j’ai un jour balance sept de mes salaires de colonel et avec les primes par-la dessus. O, c’est ta pelisse chic delices des delices pour une mite que nos mites de farine auraient commence d’avaler devorer en premier lieu. J’imagine combien serait delicieuse savoureuse la pelissette de fourrure de vison pour une mite devoreuse, si j’etais a la place de cette mite de farine mite moi-meme.
La Femme. Oh, ne me parle pas d’un tel cauchemar, Fedenka. J’ai tout de suite mal au c;ur et mon petit foie se serre.
Le Mari. Mais ne te chagrine pas ainsi, cherie, ma Zinotchka – je tiens ton c;ur dans mes solides mains d'officier comme le camarade medaille tient son Mauser adore.
La Femme. Je le sens et je jouis, mon noble officier cheri.
Le Mari. Et bref, ces affreuses mites anti-laine – pendant que tu etais dans la salle de bain, et pour que toi et moi n’ayons pas ensuite ce cauchemar du devorage total de ta pelisse de vison par ces mites OTANiennes – ces affreuses, je les ai – clac ! – de la main et sur le mur tendrement comme ca, je les ai etalees harmonieusement – artistiquement – comme a la Kolyma ces zeks, ces prisonniers, tu te souviens – ces creatures miteuses, je les ai etales sur le mur avec leurs sanglants cerveaux d’insectes, de parasites domestiques interieurs, eternels ennemis de tout le peuple.
La Femme. En prison a la Kolyma tu etais tel Dieu alors. Tu n’autorisais personne a chatier les prisonniers abjects moribonds. Tu pointais toi-meme la balle dans le front de tous les zeks et pas dans la nuque comme l’ordonnait la regle. Mais moi, infirmiere, jamais alors je ne te genais. J’ecrivais partout dans les rapports sur la mort des prisonniers condamnes que la balle etait entree dans la nuque de leurs tetes zekiennes et ressortie par leurs fronts hideux. En echange tu m’as laisse une fois ou deux m’appliquer a pointer la balle dans le front du prisonnier, quand ses yeux me regardaient passionnement et affreusement par le canon du revolver pendant quelques minutes. Et alors quand lui le prisonnier de sa gueule convulsee commencait deja de hurler – descends-moi, chienne, sanguinaire – descends ! – alors je lui dechargeais le revolver dans le front !!! Alors l’amour, Fedya, soufflait deja fort entre nous !
Le Mari. Ils sont derriere, Zinul, ces temps bruns guerriers. Ne restent que les zeks mites ciliophorites dans le placard. Et cette experience globale fusilleuse nettoyeuse, a qui tu la transmets ? Maintenant encore, dans le front de ces zeks, je bang-banguerais, tu le sais, avec le meme plaisir. Je regrette de n’etre pas ne en Chine, ou bien aux USA. Quoique ces USA, la-bas – ces chatiments informatiques – aucune saveur substantielle. Celui qui chatie la-bas – il appuie sur un bouton – c’est tout : il se tourmente plutot qu’il ne punit – il retient en lui tous les tourments de ce condamne. Et celui la-bas qu'ils achevent avec du poison dans les veines ou a l’electricite – celui-la est au nirvana – comme un bienheureux, il s’en va, une mine radieuse sur le visage. De la perversion, purement. Les Chinois, c’est autre chose, ils sont forts, eux – sur les stades, les chatiments – a la carabine et des balles dans la nuque ils les tirent, leurs zeks jaunois ! Ils m’auraient fait sur-le-champ general, la-bas en Chine, pour mes gourmandes gourmettes fusillades. Mais ici, putain, une telle experience – et rien que des mites et des cafards a ecraser. Et encore – deux mites ecrabouillees, et puis plus rien. Ou les trouver ? Dans mon cul ? Aujourd’hui encore, Zinul, en guise de mise en forme elementaire, avant le dejeuner, j’en ecraserais une cinquantaine, de mites, sur le mur – clac ! de la main, et je les ecraserais toujours plus harmonieusement, avec pression etalage artistique – seulement voila, nous n’avons plus de mites dans notre cuisinette, dans le paquet de farine – j’ai soigneusement filtre toute la farine a travers la passoire.
La Femme. Quelle pitie et quelle lassitude. Il faut qu’a l’avenir tu eleves plus de mites dans la cuisine, dans le petit paquet de farine. Sais-tu, si tu veux, je partagerai le petit paquet en plusieurs petites tasses – dans une semaine tellement de mites s’y seront propagees que tu ecraseras et ecraseras, tu n’en finiras pas d’ecraser dans ta delectation kaguebeienne.
Le Mari. Ma Zinaida Matveevna cherie. Si tu veux bien, pour ma delectation kaguebeienne, elevons plutot de nouveau des cafards. De l’ecrabouillement des cafards, mon ame s’emplit mille fois – ardemment, fievreusement – de melodie et de chic. Comme si j’aneantissais moi-meme tous les zeks ennemis du peuple et que l’on me donnait les galons de general et que l’on me designait general supreme de toutes les prisons du pays ! Mon tonton, lui – Savely Frolytch – etait adjoint de Ejov sous les grandes purges pour l’administration. Toutes les prisons – voila ce qu’il tenait. (Il serre le poing). C'est vrai, tonton ne fusillait jamais personne lui-meme. Et lui, ils ne l’ont pas fusille. Quand ils ont emmene tous les adjoints apres Ejov en 37, avec tonton ils ne voulaient tout simplement pas avoir affaire. Et pourquoi ? Mais parce que tonton Savely Frolitch etait un homme tres intelligent. S’est decouverte chez lui, avant qu’ils ne l’emmenent, une forme declaree de tuberculose. Et ils n’ont tout simplement pas voulu avoir affaire a lui, pour ne pas etre infectes. Et il est mort
tonton dans son lit comme directeur du sanatorium de Makhatchkala. Avec une forme declaree de tuberculose, et il est mort Savely Frolytch avec quatre losanges – un putain de grade pour l’epoque – dans son lit comme directeur du sanatorium de Makhatchkala, il est mort. Nous avions une datcha – a une barriere de la datcha de Kalinine. Un appartement de dix pieces dans la ruelle Stolechnikov. Et de l’argent, combien ! Le NKVD avait tout l’argent, a l’epoque. Et ensuite le KGB. En face de chez tonton, encore un autre 10 pieces pour le service. Je jouais au football sur le toit de la Loubyanka. Enfant, j’assistais avec Staline a toutes les parades sur la Place rouge. Cette annee-la, quand j’ecrasais le matin les cafards dans notre cuisine, tu sais, j’etais d’une telle humeur de parade, champagne-chanteuse, et qui toute la journee encore durait ne me quittait pas – comme chez un pilote astralo-cosmico-destructeur intergalactique de bombardier quelconque. Ah, il y aurait la-bas dans les galaxies qui descendre fusilleusement. Sur la Voie lactee d’abord la-bas zigouiller tous les anti-lactes lactiques. Mais d’abord bien sur, dans tout le brouillard de notre galaxie d’Andromede, zigouiller tous les anti-andromediques. Mais qu’as-tu donc fait de mes cafards, Zinotchka ?
La Femme. Je m’en suis occupee au DDT, mon cheri – tu ne te souviens pas ? –, nous nous en sommes occupes ensemble, au DDT. Elles etaient tout de meme dans tout l’appartement, ces creatures maudites. Et dans notre lit, elles grimpaient – tu n’avais pas le temps de les ecraser. Tu ne te souviens pas ? Tu as une petite sclerose sur ce theme cafardeux qui est le notre : chez un grand et adulte garcon general comme toi… Tu ne trouves pas ?
Le Mari. Et quoi, foutue vieille bique – je te l’ai demande, moi, ce fasciste DDT ?
La Femme. Tu n’as pas demande, mon cheri, je me dois d’etre un peu une primitive fascistounette – la vie l’a demande – et j’ai satisfait a la demande de la vie.
Le mari. Satisfait. Eh, vieille bique. Eh, putain!!! Tu eduques son esprit, sa raison – tu l’eduques, et elle, en pure bonniche de kolkhoze, elle nettoie, elle lave les cafards
– au DDT. Pas la moindre conscience.
La Femme. Pour toi, vieux debris – pour notre amour, qui deja n'est plus – j’ai extermine tous les cafards de notre appartement, putain !!!
    Le mari. Putain : quels mots encore elle sait employer notre petite bonniche !!! Eh bien, mais pourquoi fais-tu table rase, Zinka. Comment ca, notre amour n’est plus ? Notre amour est si grand que nous pouvons encore partager avec les autres boucs et biques pelees. Depuis soixante ans, nous vivons, combattons, regnons d’amour. Nous avons celebre nos noces de diamant. Et quoi, bique-sorbique sans trousseau – ne suis-je pas ton roi ?
La Femme. Tu es mon bouc sans pis royal !
Le Mari. Bon, d'accord, d'accord. Ne commence pas. Le bouc sans pis on l’a deja passe hier.
La Femme. Mais la bique pelee aussi, il me semble, on l’a passee hier ?
Le Mari. Je cede, je te l’accorde – on a passe hier la chevre pelee meme avant le bouc. Bref. Libellule… Contre la libellule tu n’as rien contre ?
La Femme. Contre la libellule, je n’ai rien, mon fourmilleur travailleur – je suis ta libellule !
Le Mari. Bref, tu es ma cherinette stridulette libellulette, si tu m’aimes reellement, comme tu le chantes, chatounette-mignonette-coussinette-choupinette, nous devons de nouveau elever ces cafards. Et ne discute pas ! Ne discute pas, libellulette ! Tu danses – eh bien danse ! Tout le rouge ete tu as chante – tu n’as pas eu le temps de te metamorphoser – ta petite fourmi ton heros aime – veut vivre avec toi en amour accorde. Et je demande en echange presque rien – prendre un tout petit peu de
cafards et m’amuser un peu. Parce qu’ils sont tellement – Formule un – tellement polissons, energiques, ils courent si alertement dans tout l’appartement. Ce mouvement a helices qui est le leur, brownien, martelant sur le parquet et les tapis dans l’appartement – ce mouvement me donne d’un coup une telle charge d’energie cosmique, destructrice, une charge pour mille ans d’avance quand je les broie ces chiens de zeks, d’ennemis antipopulaires et je deviens le heros de notre pays fabuleux ! Ensuite je te transmets cette mienne energie cosmique destructrice, ma Zinotchka cherie. N’est-ce pas vrai, ma joie ? Et ensuite tu me la redonnes en retour, avec une force heroique destructrice redoublee. Nous avons de nouveau vingt ans, nous sommes pleins d’espoirs, nous voulons deplacer les montagnes, retourner les rivieres a l’envers, baiser vingt heures par jour sans Viagra. Nous avons de nouveau envie de vivre, vivre et vivre !!! Vivre eternellement !!! Seulement en rois !!! A toutes les creatures zekiennes dans le front, les etaler sur le mur avec leurs cerveaux !!! Est-il possible que tu ne veuilles pas comme ca et en rois et avec les cerveaux ?
La Femme. Je veux mon poussin vivre avec toi eternellement en rois, baiser vingt quatre vingt dix heures par jour sans Viagra et balancer avec des balles sur le mur les cerveaux de toutes ces creatures !!!
Le Mari. Qu’est ce que tu l’as bien dit. Avec des balles sur les murs que nous balancions leurs cerveaux de creatures. Ensuite correctement meritoirement baiser vingt quatre vingt dix heures avec moi et sans Viagra !!! Mon ame-aimee-coussinette ! Ma Zinotckha-benzenotchka Ferrari !!! Eh bien quoi – dans l’appartement 193 chez cette Ninotchka aux chats – mon ancienne secreturque et mon enseignante ensuite – elle a la-bas chez elle tellement de cafards courants Schumacher dans son appartement – ecoute vas-y, emprunte-lui des cafards dans un bocal de conserve a raifort – et la semaine prochaine chez nous aussi a la pelle ils baiseront-pulluleront – nous lui rendrons ensuite a Ninotchka avec un supplement, s’il faut, des cafards. Et les cafards en plus - ceux qui se seront reproduits donc – eh bien ensuite de bon matin je les ecrabouillerai ces surplus, de mes petits doigts musiciens – et de quelle chantante oiselette heroique royale humeur, je serai ensuite pour toi. Fais-moi confiance, ma petite mesange cherie. Je ne voudrai plus aller en Chine, je ne demanderai rien.
La Femme. Encore ta Nina du 193 ! Mais mon camarade colonel cheri, Fedor Ignatevitch ! Ces cafards ecrabouilles de tes tendres petits doigts de kalachnikovo-pianiste – ils s’entasseront ensuite sous tes ongles, ces cafards avec leurs intestins, avec leurs ;ufs ecrabouilles. Car tu ne les coupes pas, mon tendre colonel grand fou mauvais garcon, tes ongles, et tu ne m’autorises pas a le faire. Et moi de tout mon amour aussi je t’autorise a ne pas te couper tes petits ongles recourbes, avec lesquels la nuit tu me grattes bien sur si erotiquement a tous les endroits critiques adorables. Mais voila, la journee, quand a la lumiere du soleil tu commences de manger mon tres aromatique, avoue-le, borchtch maison au petit poivron rouge sucre et aux petites tomatinettes – alors de dessous tes ongles – dans mon parfaitement extraordinaire, excellent borchtch maison, ces cafards creves deja desseches de dessous tes ongles se deversent avec tous leurs petites pattes, petites antennes, petits abdomens etc. Et moi quoi – tout ce cafardien plaisir d’abattoir – je devrais le regarder de mes yeux indifferents rayonnants celestement bleus, violes par ton phallique egoisme ? Tu sais, cheri – ce n’est pas virtuellement que je l’anticipe : il commencera de se passer dans mon estomac une protestation si vesuvienne, sous forme de prostration volcanique, sulfuro-hydrogenee, explosive, animalo-intestine et anticafardienne que j’aurai reellement envie de degueuler tout le petit borchtch que
j’aurais avec plaisir et appetit tout juste avale – le degueuler depuis mon estomac courrouce et mes intestins dechires – dans ton assiette !!!
Le Mari. Mais ne jure pas comme ca, Zinka! La voila – destructrice tout a fait. Depuis le matin qu’elle jure comme ca, comme une sorciere. Je ne me coupe pas les ongles – eh bien mais c’est pour ecraser confortablement les cafards, oui et pour te trifouiller la nuit plus profond ton petit clito. J’aurais eu un revolver, on m’aurait laisse tirer, je n’aurais – pour le chien – pas coupe mes ongles. Stupide, inculte bonniche. J’etais tout juste d’humeur si cordiale, si ensoleillee. Je me suis tellement applique. J'ai si bravement, si heroiquement ecrabouille ces deux mites dans notre bonne vieille cuisine sympathique. Ensuite je me suis tellement applique a te raconter avec transport, et poetiquement, et sublimement, a te raconter a toi imbecilement idiote – comment j’avais de toute mon ame ecrase ces mites dans notre bonne et chaleureuse petite cuisinette, et voila que maintenant toi tu… Avec une sanguinaire feminine ingratitude – avec colere tu craches fort tes injures. Mais il faut etre une fillette au moins un tout petit peu reconnaissante envers ton petit garcon adore, meme si ce garcon a quatre-vingt ans passes et de loin. Lui a quatre-vingts ans passes de loin, et la fillette n’a pas moins. Mais ce petit garcon fait tous les matins sa gymnastique, avale toutes les gouttelettes, les infusions, gobe toutes les petites pilules minute apres minute. Simplement pour que toi, fillette, tu ne te fasses pas de mouron mais que tu sois fiere de ton petit garcon champion, plus fort d’heure en heure.
La Femme. Fedya, tu es retombe en enfance. C’est ton honnete pionniere fillette qui te le dit, honnete parole de pionniere. Tu es elementairement, Fedya commandeur, retombe en enfance. Il ne faut pas vivre comme ca trop longtemps sur cette terre, Fedya. De quoi as-tu l’air ? Tu as l’air d’un cafard centenaire, Fedya !
Le Mari. Oh, et la voila partie maintenant a lacher les gros mots. Mais regarde-toi, vieille loutre – personne ne te donne deja plus soixante-dix ans, cafardesse !!! Voila qui je dois ecraser en premier lieu. Et moi qui n’arrete pas de me demander ou est mon erreur ?
La Femme. Cette annee, Fedya, la vendeuse de la boulangerie d’en face m’a donne soixante-dix ans. Je t’ai pris expres avec moi quand elle m’a donne, devant toi deja, pas plus de soixante-dix ans.
Le Mari. Mais que faire de toi. Je peux t’en donner meme cinquante, si tu me le demandes gentiment, mon inoubliable Zinaida Matveevna.
La Femme. Et si je le demande tres tres gentiment – tu me donneras vingt-cinq ans
?
Le Mari. Eh bien, si tu le demandes tout a fait gentiment – avec une sucette – je te
donnerai vingt ans et je me couperai les ongles – si en plus tu rapportes un bocal de cafards – peut-etre meme que je me couperai les ongles quelque part encore. Pas partout. Mais tu mangeras ton borchtch sans vomi – j'en reponds – les cafards ecrases ne se deverseront pas dans ton tres aromatique petit borchtch maison au petit poivron rouge et petites tomates – j’en reponds. Mais Zinul, tu es aujourd’hui depuis le matin tout a fait nocive. Tu veux me pousser jusqu’a l’attaque cardiaque ?
La Femme. Bah, tu mourras bien tout seul, vieillard – a quoi bon te pousser-t’extirper jusqu’a l’attaque cardiaque – tout seul tu retourneras tes sabots de bouc avant moi ta biquette cherie, vieux mouton – tu es deja tout a fait vieux, mon vieillard-morbillard.
Le Mari. Et toi tu n’es pas vieille, peut-etre, ma chevrette gaufrette toute jeunette. Oh, tu es reellement une nocive libellule, peste, fillette belante. Et mon humeur qui etait ce matin si superbe, tellement championne. J’avais ecrase ces mites
si magiquement. Tel Andersen, avec autant d’inspiration d’exaltation, je t’ai raconte ensuite tout ce victorieux miracle, comment j’avais ecrase de toute mon ame ces mites, pour que nous soyons tous deux d’humeur inoubliable, puissante, epanouie, royale tout le jour et peut-etre meme toute la semaine. Comme quand toi-meme en taule tu crevais en plein front ces rachitiques ! Combien celeste alors etait notre humeur ! Et toi en remerciement – tu me fous de ta gueule de bique dans ton fumier. Comment pourrons-nous encore vivre ensemble – je ne peux l’imaginer, ma fillette libellulette pestinette.
La Femme. Des semaines, des mois et des annees – on peut vivre, et aussi ne pas vivre…
Le Mari. Les morts ont de la chance – sur eux, le temps qui file n'a pas de pouvoir… Pourquoi les filles sont-elles toujours en retard ? Elles veulent, les cheries, que le temps s’en aille sans elles, sans comprendre ceci – que le temps precisement chez les filles s’installe de l’interieur et de l’interieur les vieillit-les ronge.
La Femme. Et dans les hommes, le temps ne tirerait pas comme un mitrailleur, peut-etre ?
Le Mari. Les hommes, mitrailleurs eux-memes, ont tire en reponse et sont entres dans les temps nouveaux eternellement jeunes, ressuscites. Il n’y a que moi, en amoureux petrifie et idiot, qui vive comme ca avec toujours la meme fille vieillissante argileuse.
La Femme. Et toi tu aurais voulu vivre avec ton eternellement encore jeune, ta dynamique Ninotchka ?
Le Mari. Les dynamiques Ninotchka, on n'en a pas besoin – ca, c'est sur.
La Femme. Et moi, je ne suis pas du tout une vieille femme, Fedor Ignatevitch. Decrottez vos yeux et ouvrez votre cerveau. C’est vous qui etes un tout a fait vieil idiot, qui ne voyez pas : que mon visage est lisse, tendre, la peau nette vermeille.
Le Mari. Mais oui – c'est quand tu t’enduis la gueule de ta creme francaise maison a huit mille roubles le pot, que tu t’etales un centimetre d’epaisseur de creme – quand ta gueule sous cette couche de creme est tout a fait invisible – peut-etre qu’alors on peut te donner l’age meme d’une fille de quinze ans. Mais quand ensuite tu nettoies la creme – la sous ta creme a huit mille roubles – la moitie de ma retraite – la meme de nouveau ta gueule de vieillarde de quatre-vingts ans !!! Ma joie cremee. Regarde dans un miroir !!! Justement tous les miroirs de notre appartement, tu les as balances a la decharge – pour ne pas te regarder toi-meme. Et pour que je sois seul, veille emmerdeuse, a te voir et a souffrir – de quelle vieille emmerdeuse ridee centenaire le Seigneur m’a-t-il recompense pour ma vieillesse irriguee distinguee.
La Femme. Mais je ne les fais pas, moi, mes quatre-vingts ans – je ne les fais pas – pourquoi es-tu si remonte mousse tout agite – Ivan Vassilievitch de l’appartement 104
– un veritable general – me donne soixante ans !
Le Mari. Celui-la de Ivan Vassilitch – oh oui – un veritable general de camp sur le papier. Un general cul-de-jatte ! Van Vassilitch de l'appartement 104 – lui-meme a deux cents ans et plus ton general cul-de-jatte Van Vassilitch – il n’y voit pas une couille, ton Van Vassilievitch de l'appartement 104 a ses deux-cent-cinquante ans. Il lui donne soixante-ans. Tu sais quoi, Zinaida Matveevna cherie : prends tes quatre-vingt-deux ans, enveloppe-les dans une serviette, mets ensuite cette bonte au refrigerateur pour la nuit – au congelateur – et au petit matin, tape sur cette bonte au petit marteau – peut-etre tes annees seront-elles pilees comme de la glace. Peut-etre que l’un de ces glacons aura quarante ans, un autre vingt, un autre peut-etre meme quinze etc. Jette ensuite aux toilettes ces glacons de quarante ans et plus, et avale toi-meme le glacon de quinze ans. Ensuite va au magasin, achete un miroir enveloppe
dans un paquet, apporte-le a la maison, approche du lit, allonge-toi sur le lit et deballe le miroir emballe et regarde-toi – eh bien la, je t’assure, mon adorable Zinaida Matveevna – tu te figeras sur ton lit pour quelques jours dans l’immobilite comme une carpe de la Caspienne salee sechee. Et si encore je ne suis pas a cote pour pouvoir te tenir le miroir dans lequel a ce moment-la tu te regarderas-contempleras – alors ce miroir – quand tu agoniseras anemiquement dans l’immobilite comme une idiote carpeuse gelee – ce miroir assez douloureusement te frappera du plat sur ta gueule au nez pointu, et par-dessus le marche il se brisera encore sur ta gueule osseuse stupide ridee et te la cisaillera, et carrement il te decouillera-decoupera ton nez de Pinocchio. Et ensuite reellement carrement on pourra te commander un cercueil avec catafalque. Voila. Tu voulais la verite – eh bien prends la verite dans ton nez de Pinocchio, ma cherie, recois-la de mes mains aimees, tenant dans leurs paumes fatiguees de mouches ton brouillon c;ur de libellule. Et qu’est-ce que tu croyais – tu avales ce glacon de quinze ans sorti du congelateur et ensuite, peut-etre, telle une imperatrice, tu sors de ta peau de grenouille a la Lumiere Divine pour rouler, roulure, Zinaida Matveevna – comme une jeune fille tout a fait jeune, vierge glacee putain beaute ? Bon d’accord, je suis bon aujourd’hui – surtout, regarde-moi au moment ou tu avaleras ce glacon de quinze ans, mais avant ca, bien sur, apporte des cafards de chez Ninotchka, toi mon inoubliable, idiote, Zinaida Matveevna. Et si je te dis ensuite en toute responsabilite et sincerite que tu as de nouveau vingt ans, que tu es redevenue ma fille d’avant, de laquelle j’ai eu a un moment le bonheur de tomber amoureux – alors ca voudra dire que oui, ce sera comme ca – tu auras de nouveau rajeuni – tu as jete tes soixante ans. Et si je te dis cela – alors ca voudra dire que moi aussi, j’aurai rajeuni, Zinaida Matveevna. Bon mais qu’as-tu a perdre du temps – illico – a toutes jambes, plus vite que ca – file chercher les cafards chez Ninotchka, libellule. Pour nous, les vieillards – chaque minute – c'est comme deux semaines d’annees lumieres de jeunesse. Vas-y vite – cours. Qu’est-ce que tu as a sourire. Je n’aime pas me repeter. Tu veux un coup de poing au cul pour la vitesse et le depart ?
La Femme. Mais elle va surement m’envoyer balader avec mon bocal de conserves a raifort – qu’est-ce que tu racontes, Fedya – tu ne sais donc pas ou ta Ninotchka m’enverra balader avec mon bocal a conserves ? Elle est si dingue, elle a tant de cafards qui se baladent dans sa propre tete – et toi, tu veux lui demander des cafards reels…
Le Mari. Eh bien – elle est comme n’importe quelle fille reelle – avec ses cafards dans la tete, c’est ma Ninotchka – et c’est ta Ninotchka aussi.
La Femme. Voila. Eh bien mais elle prendra bien sur ce bocal de conserves pour les cafards – c’est notre Ninotchka commune. Je t’assure – elle prendra ce bocal, et sais-tu ce qu’elle mettra dans ce bocal ? Avec ses cafards de cerveau – ses echantillons d’analyse – ses excrements vieux de deux ans elle mettra dans ce bocal. Elle se faufilera dans le refrigerateur, dans le congelateur, la ou elle conserve toujours ses meilleurs echantillons d’analyse a l’appellation scientifique – ses echantillons de merde, et elle mettra dans notre bocal de conserves cette merde en forme de glacons – ses excrements de deux ans d’age qu’elle brise dans sa cuisine avec un petit marteau a viande – elle n’est pas degoutee et elle n’a pas honte. Voila quels cafards reels elle a dans la tete. Et moi ensuite – oui – je t’apporte ici deja ces fameux meilleurs echantillons, deja fondus le temps que je rapporte ses analyses de merde. Tu sais bien comme je monte lentement l’escalier. Et notre immeuble n’a pas d’ascenseur. Et voila que je t’apporte a toi, le plus majestueux des bourreaux des executeurs testamentaires au monde, le bocal de cafards ou sont censes se trouver
tes petits cafards-cafardinets si longtemps attendus, Fedor Ignatevitch. Je remets ce bocal, donc, dans tes mains. Et toi – vieillard aveugle – sans comprendre qu’a la place des cafards dans le bocal ta Ninotchka nous a place ses meilleurs echantillons de sa merde de l’annee derniere. Toi tu balances ensuite naivement ce bocal rempli de sa merde – schlack ! dans tout l’appartement comme si c’etaient des cafards – et sais-tu, toi, quelle odeur se repandra alors dans tout l’appartement, Fedor Ignatevitch, quelle odeur des excrements de merde de l’annee derniere de Nina Prokofievna ? Je ne te souhaite pas – et d’autant moins a moi – de la renifler cette odeur de nos narines et poumons de vieillards. Les excrements de l'annee derniere de Nina Prokofievna sont remarquables, Fedor Ignatevitch – mais leur puanteur ne le sera pas moins, Fedor Ignatytch, remarquable, mais plus. Imagine-toi – j’etais il y a six mois chez Nina Prokofievna – j’etais allee chez elle lui emprunter une tete d'oignon pour le borchtch. Nous n’avions plus d’oignon dans le refrigerateur. Et donc – je suis arrivee chez elle – nous sommes restees la deux heures assises dans la cuisine a caqueter – nous avons bu du the avec des gateaux et des confitures. Et ensuite, je suis allee dans ses toilettes. Et imagine – quelle etait la puanteur de sa merde la dans ses toilettes. Qu’est-ce que tu crois, vieux dechet, avec ton cerveau ralenti de tortue – elle ne s’aere pas – l’odeur de sa merde dans ses toilettes. Et ici chez nous imagine dans tout l’appartement nous etalons a la place des cafards par elle eleves – sa merde, fou. Je vais apres toi chaque fois aux toilettes je nettoie. Et la j’essuie tout – car tu pisses, Fedor Ignatytch – mais seulement pas dans la cuvette – sur le sol tu pisses, Fedor Ignatytch dans nos toilettes communes – je te pardonne. Et tu fais caca une fois sur deux a cote de la cuvette. Cela aussi, je te le pardonne par amour pour toi et par respect. Bien sur je ne comprends pas et je ne pose pas de questions deplacees – comment arrives-tu a faire caca a cote de la cuvette, quand tu es assis dessus de tout ton etroit ride decrepi cul de vieillard. Qu’on te donne aujourd’hui un revolver dans les mains – le frontinet d’un centimetre, tu le raterais. Et il voulait aller en Chine – transmettre son experience fusilleuse. Apprends a chier deja tout droit dans ton appartement pas a cote de la cuvette. Et la encore avec ca dans tout l’appartement – l’odeur de sa merde – plus ta merde partout sur le sol dans les toilettes – non, Fedor Ignatitch – decoupe-moi en deux – je ne supporterai pas ce merdier total, de toi et d’elle de surcroit, dans tout l’appartement. Nul amour ici ne sauvera ni n’aidera a sauver dans l’avenir nos sentiments mutuels. Je m'enfuirai chez le general Ivan Vassilievitch dans l’appartement cent quatre. Sache-le ! Tu me connais!
Le Mari. Mais qui il est, celui-la – ce general Ivan Vassilievitch de l’appartement cent-quatre – ce flicard maton merdeux. Une dizaine de zones, il gerait la-bas a la Kolyma, tu comprends. Mais a moi, on m’en aurait donne cent, des zones – je les aurais gerees tel Dieu. Mon tonton Saveli Frolitch avait carrement toutes les zones du pays. Si on ne l’avait pas emmene a l’epoque avec Ejov – j’aurais eu la moitie du pays comme minimum de zones. Alors on aurait fusille comme au tir. Il y aurait eu alors de quoi se souvenir pour la vieillesse – a vous emporter l’ame. Qu’est-ce que tu racontes comme conneries, cretine, que tu t’enfuiras chez Vassilitch ? File – casse-toi – avec un coup de pied dans ton cul de sournoise. Qui c’est que c’est que ce Vassilitch, genre general ?
La Femme. Ton camarade, partisan et ami de guerre.
Le Mari. Suffit-suffit-suffit-suffit. D’ou est-ce qu’il est mon ami partisan de guerre, cet Ivan Vassilievitch. Un traitre. A l'amitie et a tout ce qu’il y a de sacre. Elle va s’enfuir chez lui. Eh bien cours, je te dis – disparais. Elle va courir chez lui. Cours dans tous les sens. Et ses jambes gangrenees qu’ils lui ont coupees il y a un mois – les deux jambes – au-dessus des genoux – pour de bon et pas pour du faux – elle va courir
chez lui. Tu quoi – en fauteuil d’invalide, tu vas courir chez lui, pucelle dessechee ? Vas-y cours – je vous crachouillerai dessus avec plaisir depuis le balcon – quand vous irez tous les deux en fauteuil roulant chercher sa retraite de general aux caisses de pension – et qu’est-ce que tu prendras la-bas en sortant quand ils apprendront que tu as dans ton portefeuille sa retraite de general. Mais ils te casseront ta gueule la-bas aux caisses de pension et ils auront raison de te casser la gueule. Moi-meme je t’aurais casse la gueule la-bas pour sa retraite de general. Comme des mites je vous aurais ecrases tous les deux chiens porno aux caisses de pension la-bas sur l’asphalte je vous aurais broyes du talon de ma botte a semelle de metal. Ce n’est pas pour rien que j’ai rembourre ma semelle de metal. Je connais ma place sur le marche.
La Femme. Que tu es devenu brutal, metallique, rouille, Fedor Ignatitch, avec tes rembourrages de fer partout a tes quatre-vingt-quatre ans. Je pensais – les annees vont t'attendrir, mais toi rien que tu t’endurcis et t’endurcis. Je ne peux plus continuer comme ca avec toi, Fedor Ignatitch. Pardonne a la pecheresse que je suis – je vais, pecheresse, te quitter. Ou bien la nuit – avec l’oreiller je t'etoufferai. Je te poserai sur ta mechante gueule rectangulaire l’oreiller carre, quand tu ronfleras couche sur le dos, je m’assierai au-dessus de mon petit cul rond et je t’etoufferai. Et tu ne me repousseras pas. Je ferai tout ca le matin. Tu es toujours faible le matin, Fedor Ignatitch – et voila justement le matin je t’etoufferai.
Le Mari. Eh bien etouffe – eh bien, gloire a Dieu – etouffe. Depuis longtemps rien que tu promets – tu vas m’etouffer-m’etouffer – et moi rien que je vis, je vis et je souffre – avec cette vieille merdeuse a gros cul etouffeuse beaute-chienne. C’est plutot moi qui vais t’etouffer, vieille imbecile au cul rond, que toi moi. La journee meme, je t’etoufferai – je n’attendrai pas la nuit. Je t’etourdis de la poele dans le front sur la tete, je pose sur ta ronde gueule le petit oreiller et je m’assois de mon cul osseux de vieillard – et je t’etouffe – je ne te raterai pas comme a cote de la cuvette – et toi, tu ne t’esquiveras pas. Et ensuite depuis le balcon sur l’asphalte je saute moi-meme la tete la premiere a mort, pour ne pas me rendre aux flics. Et rien a battre moi ici de ce bonheur familial avec toi ici brise cede. Tu crois que je vais aller en taule ? Mes couilles, oui, que je vais moi-meme aller dans ma taule natale. Ecoute, Zinaida Matveevna, cherie – tu sais comme j’en ai plein les couilles, degoute la tous les jours avec toi, tete de pioche a qui la boulangere du magasin d’en face donne soixante ans. Et d’abord concretement tu m'as gonfle avec tes generaux gangrenes de l’annee passee et avec ton cerveau verole plein de sangsues de part en part dans lequel meme les cafards ont peur de se glisser pour inventer va savoir quoi d’original de spirituel dans la vie.
La Femme. Mais depuis longtemps, de toute la vie tu menaces de m’etouffer, tonton Cafarditch Crochet soulard. Et moi, pourtant, rien que je vis, je vis et je souffre – fillette bonbonette.
Le Mari. Elle souffre, la fillette bonbonette. C’est qui encore qui souffre encore dans ta colonie cellulaire d’appartement au cinquieme etage lambrisse. Et quoi – est-ce que ce n’est pas moi qui te supplie presque chaque jour de me descendre ? Lacrymalement je supplie – expiramment ! Inspiramment je supplie – pour que toi, sorciere filasse, tu entres dans ta foutue transe astrale de sorciere, qu’ensuite moi, vieil imbecile, tu m’arraches dans ta foutue transe de sorciere, et que tu me descendes astralement sans douleur dans le sommeil avec tes fioles verolees infectees demoniaques. Mais toi rien que tu te rebiffes, que tu changes de sujet. Rien que tu me machonnes vivant lentement toute la vie de ton cerveau verole plein de sangsues vampiresse au pied de bouc. C'est ca que tu veux – sucer toute la vie mon sang vivant. Et combien deja de gens instruits, respectables et pas des zeks, comme une sorciere
tu as descendu leur existence titulaire kaguebeienne, quand nous sommes revenus a Moscou apres mes zones de taiga et qu’on t’a recrutee, sachant que tu savais descendre extrasensoriellement. Je t’ai appris moi a descendre, chienne, putain – tu as aime ca. Et combien d’argent dans notre tirelire familiale tu apportais alors, sorciere kaguebeienne que tu es, quand tu descendais astralement quelqu’un sur ordre kaguebeien. Mais alors moi, elle ne peut pas me descendre. Et rien qu’elle me declare son amour, chienne au rabais, occasionnelle.
La Femme. J’ai vieilli, Fedor Ignatytch – pas assez de forces esoteriques pour entrer en astral et t’y descendre. Ensuite tu es mon mari. Un proche parent malgre tout. Je commence de te descendre et moi je me fais du mal. Et encore pas du tout completement, seulement a moitie – je ne fais pas carrement du mal definitivement – je vais ensuite me tourmenter dans la gangrene, comme le general cul-de-jatte. Tu la veux la gangrene des jambes – je te la file. Ca pour moi - c’est plus simple.
Le Mari. La gangrene des jambes, je n’en veux pas. En voila une creature de marais, megere grand format.
La Femme. Et toi tu n’es peut-etre pas un Boukharine aquatique ?
Le Mari. Je serais un Boukharine boukhartchik aquatique, je ne prierais pas pour qu’on me noie. Allez, empoisonne-moi a la mort a rats ou a souris, ou bien a ce tien DDT anti-cafardien. Comprends-moi, j'ai reellement assez de vivre. Quatre vingt quatre ans, j’ai vecu – ca suffit. Comprends. Mais qu’est-ce que je t’ai donc fait de si terrible, sorciere, que tu ne puisses pas me descendre dans la vieillesse de mes jours tourmentes ? Et ce SDF, tu l’as bien descendu – celui qui dormait sur notre palier apres une heure du matin. Tu l’as dit toi-meme – c’est le travail de tes reves astraux.
      La Femme. Oh, cette creature, ce chien puant – vermine de contingent – centgrammovith. Il nous a propage ici des microbes avec sa puanteur. Mais si toi je me mets en plus a te descendre, Fedor Ignatitch, je commencerai moi-meme, comprends-le encore concretement, de m’inquieter – malgre tout, je t’aime – on a mis toute la vie a se faire l’un a l’autre – je commencerai de m’inquieter – je me descendrai moi-meme avant que tu ne meures. Alors que dans notre vie familiale sans enfants tu ne me genes pas du tout. C’est comme si c’etait toi mon petit enfant, Fedenka. Et puis il y a ta retraite de colonel – tout a fait convenable aussi pour la vie
– presque comme de general. Et que ferais-je, sorciere, sans ta retraite d’officier de commandeur – je reste rien qu’avec mon balai ?
Le Mari. Mais que faire donc alors, nous deux, Zinaida Matveevna ? Continuer comme ca de souffrir et vivre ?
La Femme. Continuer comme ca de souffrir et vivre, Fedor Ignatitch. Et des que Dieu rappellera – il n’a qu’a rappeler lui-meme – quand lui le voudra, alors nous serons la-bas en enfer ensemble ecrases sur le mur. Ou bien tu veux etre ecrase sur le mur au paradis ?
Le mari. Allez, va chez Ninka – allez, au nom de l’amitie la plus chere, je t’en prie
– rapporte de chez elle au moins une paire de cafards – allez, on jouera aux petits soldats – a qui arrivera le premier – et qu’apres on le bute. J’y serais alle moi-meme chez Ninka – mais tu vas etre jalouse.
La Femme. Je serai jalouse. Et qu’est-ce que tu voulais ? Et toi tu vas recommencer de hurler des que tu te mettras a jouer aux petits soldats – tu vas avoir une attaque cardiaque – et toi-meme avant le cafard tu t’ecrouleras. Il faudra appeler les secours – te piquer de piqures. Et qu’est-ce je n’aime pas, moi, l’odeur de tout ce medical depuis le temps de la zone. C’est moi qui mourrai la premiere. Et tu resteras tout seul. Et ta vie commencera d’etre si melancolique ensuite sans moi, Fedor
Ignatitch. Tu souffriras comme ca totalement seul-tout seul et pour va savoir combien de temps encore. Est-ce vraiment ce que tu veux pour tes vieilles annees ?
Le Mari. Eh bien mais il ne faut pas appeler les secours quand je commencerai d’avoir une attaque. Eh bien je mourrai et je n’aurai qu’a mourir d’une attaque cardiaque, en heros, et pas d’un cancer – comme un quelconque vil etre malfaisant.
La Femme. C’est moi que tu traites d’etre malfaisant ?
Le Mari. Mais, Zinka, toi-meme tu sais que tu es malfaisante, mais bonne. J’ai avec toi voila – jusqu’a quatre-vingt ans, j’ai vecu et je ne regrette rien. Et nous avions de l’argent, et je suis meme devenu colonel et sans tonton sans son aide quand ils l’ont emmene. Van Vassilitch, il est devenu general bien sur au-dessus de moi, mais voila on lui a coupe ses jambes gangrenees, et il a un ou deux ans de moins que moi.
      La Femme. Ivan Vassilitch aimait beaucoup les chocolats. Il n’avait pas la vie sucree – il n’avait pas de tonton qui aurait pu l’aider – c’est pour ca qu’il aimait beaucoup les chocolats – pour sucrer la vie.
Le Mari. Tu sais comment il etait son membre avec lequel il s’est fait une carriere.
Tu le sais.
La Femme. Sauf que les jambes on les lui a coupees pas a cause du membre mais a cause des chocolats. Et de ca le diabete pour ca les jambes pour ca coupees pour ca. Alors qu’a toi, Fedor Ignatitch – moi je me suis efforcee de te faire une vie naturellement sucree-sucree – pour que tu ne la sucres pas trop avec de quelconques divers marmelades et chocolats – pour que tu n’attrapes pas un quelconque diabete, que tu ne te retrouves pas pour tes vieilles annees avec des jambes gangrenees, qu’il faut encore couper dans les vieilles annees, quand deja tu te tiens a peine droit en garde.
Le Mari. Oh, ne m'en parle pas, Zinaida Matveevna – comme je te suis reconnaissant pour ca – tu es ma femme de colonel la preferee la plus rusee du monde. Oh, comme j’ai pitie tout de meme d’Ivan Vassilitch – de notre general de l'appartement cent quatre. Ecoute – peut-etre nous pourrions alleger la destinee terrestre de notre gangrene general cul-de-jatte. Peut-etre – comme ca – rentre chez lui en astral – peut-etre comme ca – descends notre guerrier ami cul-de-jatte Ivan Vassilitch. Nous deviendrons les autorites principales dans notre immeuble kaguebeien et du meme coup nous ferons une bonne action pour Ivan Vassilitch. Tout en morale.
La Femme. Oh, mais tu me pousses Fedor Ignatitch au nettoyage des generaux du palier. Et apres Ivan Vassilitch, qui ordonneras-tu de descendre encore sur le palier ? Ecoute, je suis tout de meme une tendre femme. Alors viens, descendons Ninka aussi apres le general. Ordonne seulement. J’obeirai. Je suis quand meme une tres tendre femme, Fedya, qui plaisait a plus d’un colonel parce qu’elle savait descendre tres tendrement.
Le mari. Tu m’as trompe, ca veut dire, avec ce general Ivan Vassilitch, Zinaida Matveevna?
La Femme. Eh bien mais qu’ordonnais-tu de faire d’autre pour toi alors, Fedor Ignatevitch – quand Ivan Vassilievitch etait ton superieur direct dans votre travail siberien buchenwaldien ? Tu as toi-meme insiste pour que je couche avec lui, Fedor Ignatitch – pour qu’on te donne des epaulettes de colonel crematoires. Toi-meme, Squelette l’Immortel, tu poussais alors pour ton avancement de service, fuhrer !!!
Le Mari. Oh – qu’est-ce qu’elle me rappelle encore ? Elle se rappelle ce petit poivron dans son borchtch maison de la vie.
La Femme. Ce n’est pas un petit poivron, Fedor Ignatitch – c'est tout un paquet papier de poivre moulu – direct dans ta bouche et tes narines – a cote de mon borchtch !!!
Le Mari. Eh bien mais descends-le, ce general cul-de-jatte Ivan Vassilitch – il y a de quoi – depuis longtemps deja il aurait fallu le descendre – au nom de notre juste couple ! Qu’est-ce que tu as a discuter, Freyja ? Je suis un fuhrer, putain, qu’elle s’est mis dans la tete.
La Femme. Il y a toujours eu de quoi descendre Ivan Vassilytch. Mais maintenant a quoi bon le descendre – il n’a qu’a souffrir encore plus, cette raclure de cul-de-jatte gangrenee. Qu’en penses-tu ?
Le Mari. C'est vrai aussi. Il n'a qu’a souffrir encore plus, cette raclure cul-de-jatte. Meme comme ca nous sommes presque pasteurs en chef sur le palier. Vrai, il faudrait encore lui prendre sa retraite de general. Ce serait encore mieux.
La Femme. Mais qu’il la bouffe, sa retraite de general, Fedor Ignatitch – qu’il s’achete du chocolat avec toute sa retraite de general et que la gangrene noire puante lui grimpe par tout son corps impuissant et se developpe. Qu’on lui coupe aussi ses mains immondes et les oreilles et ses petites levres affamees sucrees et que ses yeux se leprosent de gangrene.
Le Mari. Eh bien mais tu lui predis le malheur de merde a cet Ivan Vassilievitch dans son auge. Et tu fais bien, de lui predire le malheur.
La Femme. Oui, je predis le malheur – comme ca je lui predis – que son foie se couvre de gangrene et que son cerveau vermoulu s’arrete. Et que faire d’autre, Fedor Ignatevitch – comment ordonnes-tu encore de vivre artistiquement dans la variete ?
Le Mari. Mais qu’est-ce que tu fais tout bien – tu vis artistiquement notre vie commune de couple dans l’amour dans la variete ! Que tu es admirable du rable !!!
La Femme. Et sa gangrene sur ses jambes, tu ne sais pas qui lui a fichee principalement, en plus des chocolats ?
   Le Mari. Toi ?
  La Femme. Je ne voulais pas te le dire avant. Mais maintenant je vois que toi aussi tu en es content. Ainsi sache-le maintenant – et c’est donc pour toi en petit cadeau personnel – la gangrene d’Ivan Vassilitch – de ton general ennemi – fut par moi commandee par l’intermediaire des forces supremes.
Le Mari. Aie, bravo, - admirable de l’adorable !!! Qu’est-ce que nous sommes maintenant montes en grade sur le palier. Grace evidemment a tes prieres, mon aimee. Comme je t’aime, ma cherie !!! J’ai rajeuni d’un coup de quarante ans, sinon de carrement soixante !!! Ca c’en est un, de cadeau ! C’est un cadeau imperial a bon marche, Zinaida Matveevna.
La Femme. C’est toi qui ferais bien de m’en inventer, a moi, coq, un cadeau imperial a bon marche… Au lieu de ca, quand nous sortons sur le palier nous promener ensemble – tu degoulines tout le temps de salive, vieille queue, sur l’appartement de Nina Prokofievna. Et ton membre de crocodile dans ton pantalon comme s’il se relevait se regonflait.
Le Mari. Mais qu'est-ce que tu vas encore raconter – le membre de crocodile se regonfle. Tu as carrement le culte de la personnalite de mon membre. Pour moi, bien sur, c’est sympathique, une telle comprehension si magnanime et large de la question de la vie de mon petit piston.
La Femme. Et quand nous voyons au square cette voisine epouvantail - Nina Prokofievna – qu’est-ce que tu braques chaque fois sur elle tes pupilles de dinosaures
– et impossible de t’en arracher – comme si tu regardais un quelconque porno visqueux. Et moi qui ai balance hors de la maison tout le porno – mais toi, dans chaque bonne femme des pornos de la tele – c’est Nina Prokofievna que tu voyais, vieille queue. Et pas moi ta brulante aimee, ta femme Zinotcka.
Le Mari. Pardonne, je suis coupable, pardonne au pecheur que je suis, Zinaida Matveevna. D’accord, je suis coupable – d’accord, ecrabouille-moi le front du talon de ma botte a semelle de metal. Prends dans l’entree – je l’autorise.
La Femme. C’est ton membre, meme flasque, vieux chien, qu’il faut broyer du talon sur l’asphalte avec cette semelle de metal – peut-etre qu’alors je prendrais du plaisir. Quel pardon tu veux encore – te recouvrir de morve. Tu aurais par les actes montre ton amour – alors, j’aurais pardonne – du corps et de l’ame.
Le Mari. Mais par quel acte prouver la geometrie euclitoridienne, ma Zinulia a moi. Que faire – que je descende pour toi en cadeau Nina Prokofievna comme tu as barbouille Ivan Vassilievitch de gangrene. Mais enfin je ne peux pas – je n’ai pas moi comme toi de mandat de sorciere des forcinettes kaguebeiennes avec entree en astral. Et si je la descends avec un quelconque couteau de cuisine – les camarades bureaucratiques me jetteront en taule. Ils trouveront des preuves materielles – le couteau de cuisine avec les morceaux de sa viande et de son sang et ils m’enfermeront. Tu veux que je souffre en prison ? C'est tout de meme moi qui vais pourrir ensuite en prison, alors que Nina Prokofievna, elle, elle s’eteindra simplement et rendra l’ame a Dieu et – reposera sous terre pour les annees eternelles. Quelles souffrances ici, messieurs-dames ?
La Femme. Mais pousse-la dans l’escalier – qu’elle se casse elle-meme les bras et les jambes avec le col du femur. Et apres dans un etat si affaibli je lui ordonnerai moi-meme depuis l’astral une gangrene kaguebeienne. Parce que la contre elle – en parfaite bonne sante galopante, je n’ai pas assez pour l’instant de mes sorcieres forces enchanteresses. Combien de fois j’ai essaye – ca ne marche pas. Elle est elle-meme probablement une sorciere veritable. Tu me prepares la tete de pont, Fedor Ignatitch – avec sa sante affaiblie, et tout le reste je fabrique termine moi-meme comme une grande. Òu le sais – nous aurons sur le palier, si l’on ecreme Ninotchka, la plus baleze des autorites royales sur le palier. Nous dirons au peuple du palier – la cave est seulement pour nos concombres sales – toute la cave sera a nous – seulement pour nos concombres sales pour l’hiver – bon nous partagerons encore avec quelqu’un pour divertir les yeux. Nous dirons – le grenier est a nous – tout le grenier sera a nous – tu te mettras a elever la-bas des pigeons comme dans l’ancien appartement a Tchertanovo. Tu seras le roi absolu sur le palier avec moi ta reine. Pour du pognon on louera le grenier a des artistes et puis c’est tout, si tu ne veux pas de pigeons. Allez, viens, telephonons a Ninka maintenant – des que nous irons nous promener. Nous passons la prendre. Et apres tu la pousses – genre elle a glisse du palier sur un carreau de l’escalier et vers le bas sur les marches betonnees misericordieuses l’oiseau a vole la corneille tourterelle a se briser les os. Et moi comme temoin je dirai toujours que c’est elle toute seule sans toi qui a trebuche et s’est ecrasee dans l’escalier la gueule en bas. Et jamais elle ne te balancera – elle t’aime jusqu’aujourd’hui.
Le Mari. Et toi aussi, elle t’aime.
La Femme. Oui elle m’aime aussi, en soi-disant eduquee et cultivee ancienne institutrice demoiselle madame de soixante ans. Moi aussi, je suis tres cultivee, tu sais, nenette pas bebete. Mon QI, tu sais toi-meme comme il est eleve. Et au KGB dans le departement, j’etais la premiere en QI. Et je suis moi-meme lieutenant-colonel en retraite. Et en femme cultivee – j’aime sincerement ta Ninotchka cultivee. Mais cette creature Ninotchka t’aime toi plus, la chienne !!! Et moi, je souffre!!! Tu ne vois pas combien je souffre de cette creature amoureuse de toi
Le Matri. Et Nina Prokofievna souffre elle-meme de ce que je vis avec toi et pas avec elle.
La Femme. Et toi, vieille couille souffrante, tu souffres dans quel camp ? Dans mon camp ou dans le camp de Nina Prokofievna ?
Le Mari. Dans ton camp, je souffre, evidemment, mon inoubliable Zinaida Matveevna.
La Femme. Il faut la descendre, cette Nina Prokofievna, Fedor Ignatitch – ou alors la laisser au moins sans bras sans jambe – nous nous en porterons tous mieux. Quoi, tu n’es pas d’accord avec moi ?
Le Mari. Je suis d’accord. Qu’est-ce que tu dis. Comme une mite, nous l’ecraserons sur le mur de la cuisine jusqu’aux plus petits os. Allons, allons – il ne nous reste a tous pas longtemps a vivre. Il faut bien que les uns meurent en de grandioses tourments, pour sentir en avance cette mort approchante, et les autres doivent regner sur la mort.
La Femme. Tu sais bien parler sucre royalement. Bon alors quoi – telephone-lui – invite-la en promenade !
Le Mari. Carrement lui telephoner ? Mais nous voulions d’abord lui demander des cafards.
La Femme. Mais enfin, Fedya – quand elle s’ecrasera dans l’escalier et qu’ensuite elle sera corneille oiselle toute brisee – alors nous l’emporterons l’oiselle dans son appartement – et de la nous telephonerons aux premiers secours. Tu prepares le bocal pour les cafards – et tu les attrapes la-bas ensuite. Moi, je ne suis pas contre les cafards – seulement pour.
Le Mari. Mais ils courent vite ces petits cafards. Et moi certainement je m’enerverai et je me fatiguerai quand nous trainerons Nina Prokofievna brisee oiselle dans son appartement – je ne serai deja plus chasseur de cafards dans son appartement la-bas.
La Femme. Mais je te ferai un massage, je prendrai tes mains dans les miennes, les tiendrai cinq minutes – je te donnerai de l’energie. Tu attraperas les cafards, Fedya – ne t’inquiete pas – tu seras heureux. Et s’il faut je t’aiderai moi-meme dans la chasse de ces cafards de ces ennemis du peuple. Allez, telephone a Nina Prokofievna – ne fais pas trainer le temps pour rien.
Le Mari. Je telephone – et quoi – c’est pas dur. Le telephone est gratuit – c’est pas le mobile radiotionique. C’est justement l’heure de la promenade d’avant-dejeuner pour se mettre en appetit. (Il compose un numero sur le cadran du telephone). Ninotchka ! Salut, petit sucre, notre petit chaton a nous. Mais oui – nous nous sommes mis en tete de nous promener avec Zinotchka. Et nous t’embarquons. Ensemble, mon petit soleil. Oh oui – aujourd’hui les oiseaux chantent des chansons sucrees. Nous passons te prendre. (Il repose le combine). Elle est presque prete – comme si elle avait pressenti, la fillette Ninette, que nous aussi nous allions nous promener et passerions la prendre.
La Femme. Et voila le bocal de verre de conserves a raifort pour les cafards. Allons nous promener avec Ninotchka. (Ils sortent).

Obscurite

Entrent le Mari et la Femme
 
La Femme. Comme je t'aime, mon inoubliable, mon glorieux guerrier heros roi, Fedor Matveevitch. Comme je t'aime !!! Puis-je t’enlacer et t’embrasser ?
Le Mari. Evidemment, ma Zinotchka cherie ! Tu as tellement rajeuni ! Tout juste vingt ans – je ne te donne pas plus a present.
La Femme. Oh, et que tes baisers sont sucres, Fedenka. On dirait que le diabete commence !
Le Mari. Quoi ?
La Femme. N’aie pas peur, cheri – je plaisante simplement.  Le Mari. Tu en as, de ces plaisanteries.
La Femme. Et qu’est-ce qu’elle a bien vole, Ninotchka Pokofievna l’hirondelle – oh, qu’elle a divinement vole dans tout l’escalier de beton de son corps de corneille sac d’os d’oiselle. Le medecin a compte cinq fractures – classe ! J'entrerai cette nuit en astral et nous lui abracadabrerons une gangrene kaguebeienne maison de toutes les fractures de ses membres. Eh bien voila – salut a Ninotchka – ce sera une petite poupee sans bras et sans jambes – comme une plante ! Nous la nourrirons a la petite cuillere. Et elle nous en sera toujours si reconnaissante, si contente. Tu es heureux, cheri ?
Le Mari. Je suis si heureux. Tu ne peux meme pas t'imaginer – combien je suis heureux – comme si j’etais ne de nouveau.
La Femme. C’est vrai qu’elle ne pourra pas aller aux toilettes elle-meme, cette Ninette poupette. Et l’odeur de sa merde est si toute puissante que je ne sais tout simplement pas comment nous pourrons intellectuellement et culturellement eviter cette circonstance.
Le Mari. Nous l’eviterons. Nous nous sommes sortis culturellement et de bien pire.
La Femme. C'est sur. Cela aussi, je te le promets, que nous nous en sortirons – c’est avec tes cafards de cerveaux que nous ne nous en sortirons pas.
Le Mari. Ni avec tes serpents de cerveaux tres sages aux QI eleves.
La Femme. Ne commencons pas. L’essentiel – le medecin a dit qu’elle a deux fractures du col du femur – droite et gauche. Tu es tout simplement le maestro des fracturettes, cheri. Et en perspective – pas le moindre soupcon sur nous chez le procureur. Ninotchka nous a ete si reconnaissante d’avoir ete pres d’elle et d’avoir aide a la trainer dans son appartement et a appeler les secours d’urgence. Et moi sur le palier comme si j’avais trebuche et comme si j’avais commence de tomber moi-meme. Mais je suis tombee sur elle. Et toi tu as fait a temps un croche-pied, tu m’as retenue pour que je ne m’envole pas cul par-dessus tete. Mais elle de toute sa gueule elle a retenti d’en-haut, comme un squelette de gypse sur les marches betonnees de notre escalier sur le palier. Et sur sa tete, j’en ai compte une dizaine, des bosses avec plaies dechirees. Pas moins. Eh bien, mon garcon, nous allons forcer la vie a se chier dessus pour des siecles !!! Nous pouvons encore participer a des tournages comme cascadeurs et gagner pour ca un argent fou.
Le Mari. Exactement.
La Femme. Bon et ou sont tes Ferrari Cafardi de l’appartement de Ninka ?
Le Mari. La – dans le bocal mes petits cafardous roudoudous. Non, mais on a fait ca tellement bien. Vraiment simplement une grandiose operation militaire. Non, mais et quoi – ensuite nous avons, en etres humains, traine la Ninotchka brisee dans son appartement, nous avons telephone aux secours d’urgence, ensuite tu as pris mes mains dans tes mains – tu m’as donne de l’energie grace a laquelle j’ai ensuite attrape les cafards.
La Femme. Non, mais Ninotchka – notre adversaire militaire reel – est aussi un heros – il faut lui donner son du. Ninotchka – c'est veritablement une merveilleuse
merveille – quelle magique merveille cette heroique Ninotchka. Elle a promis de nous leguer son appartement. Parce que quand meme elle n’a personne, s’avere-t-il, cette Ninotchka. Elle a dit que nous allions des demain a l’hopital avec un notaire et qu’elle signera pour nous le testament de son appartement.
Le Mari. Elle est reellement l’heroique Ninotchka. Je n’ai pas aime une creature sans feu ni lieu, tout de meme. Maintenant, tu le comprends ?
La Femme. Je comprends et je pardonne, mien miracle que tu es. De telles victoires n’arrivent sur terre que dans les fabuleuses fables. Maintenant seulement vivre et vivre, profiter et ne pas s’effriter !
Le Mari. Le principal, maintenant, intelligemment se debrouiller pour le pognon avec le grenier avec les artistes comme tu dis en location. Pour les pigeons j'ai decide
– je ne vais pas en elever. Je prefere ecraser les cafards.
La Femme. Voila – et de penser, il a commence maintenant correctement, raisonnablement. Eh bien – lache les cafards alors !
Le Mari. Je lache les cafards!!! C’est parti, le premier arrive !!!
(Il laisse sortir les cafards du bocal).
La Femme. Qu’est-ce qu’il ne faut pas pour amuser le petit – seulement qu’il ne pleure pas, seulement qu’il ne se pende pas…

Obscurite



Moscou, 2012
www.volokhov.ru



«Les Chroniques de Macbeth» – un aide sur le chemin lumineux…
Lev NOVOJENOV


Au Theatre 18+, a eu lieu la premiere du spectacle sur une piece de Mikhail Volokhov «Les Chroniques de Macbeth».

A ses personnages fut confie, en vertu de leur profession sanguinaire des “habitants sociaux celestes”, la vie de leurs compatriotes. Maintenant, pour ces bourreaux vivants, il serait temps de se repentir. Mais non. Une maladie chronique non- temporaire ne peut les relacher. Les gens, a qui il etait autorise a tuer, se transforment irremediablement en etres macbethiques, qui, deja dans l’etat de vieillesse avancee, sont toujours remplis d’un vrai desir et de resolution de regler le sort de ses prochains - par exemple, de priver de vie les voisins de la maison pour avoir le pouvoir dans son immeuble.

Avec cela, les personnages de M. Volokhov, aiment avec abnegation des vrais passions shakespeariennes, et, en meme temps, se detestent mutuellement comme des demons, ce qui cree un volume et une profondeur dramaturgiques et vitaux supplementaires. Cela meme est brillamment incarne par le metteur-en-scene et interprete par les comediens. Pendant une heure et demi, le spectateur observe avec beaucoup d’attention et se moque du denuement des personnages boschiens hyperrealistes.

D’apres les paroles de l’auteur, dans ses pieces, il essaie de demasquer les manifestations diaboliques de l’epoque, tout en enflammant les forces lumineuses des valeurs humanistes de la culture de l’humanite. Un rire sain et les ovations de la salle a la
fin du spectacle, mis par Germann Grekov, temoignent d’une renaissance des dignes defenseurs d’envergure epique.

Cet impressionnant succes du metteur-en-scene en chef du Theatre est souligne par une interpretation en filigrane d’Olga Chtchelokova et Vladimir Vorobiev, artistes emerites de la Russie, dans une enorme et terrifiante tragicomedie mondiale historique et sociale.


Texte francais: Nikita Krougly-Encke



4)

Mikhail Volokhov

UN PUTAIN DE SAFARI A ROUBLIOVKA

Tragicomedie

Texte francais : Nikita Krougly-Encke

PERSONNAGES :

N a s t i a - jeune fille super
G a r i k - gazoligarque
M i k I t o n - petroligarque
P e t r o - garde de securite

Un salon chique d’une datcha a Roubliovka. A notre epoque.
Deux oligarques en peignoirs solides faisant l’amour.

G a r i k. Ta bite est gonfle comme au levain… si lisse et cylindrique.
M i k i t o n. Qu’est-ce que tu racontes la sur ma bite?
G a r i k. T’es con, Miki, encule. Ta bite a gonfle sur les subsides de l’Etat jusqu’a la taille de l’Everest. J’ai du mal a l’avaler, ce lingot, connard, tout recouvert de peau douce et emeri de serpent et de crocodile.
M i k i t o n. Quelle peau de serpent et de crocodile? Elle est surement glissante comme une anguille en gelee et mobile, elle va tout droit dans la bouche telle lettre de change entravee. Et tous tes bobards pleins d’epithetes indistincts sont vachement incomprehensibles. T’as aucun respect, ta mere. T’as des couilles de dinosaure couverts de poils raides de porc-epic et tu oses calomnier ma bite gouvernementale! J’ai ecorche ma langue jusqu’au sang, espece de pede, contre tes couilles abrasives. T’es trop paresseux pour les gratter avec un rasoir avant notre rendez-vous royal, amical et texture. T’es con, petit oligarque avec te cervelle de Roubliovka impenetrable pour les balles.
G a r i k. Arretes de raconter tes conneries abstruses poete de mes deux, heros de la pede. A la limite, la peau de mes couilles est un peu rugueuse comme la peau de kiwi. Au moins, tu peux sentir dans le gosier que c’est pas une bite de chien, mais des couilles humaines toute chaudes dans ta bouche douce et celeste de heraut dechu. Les couilles de Garik, la pedale cosmique cometaire, et non une chatte dessechee d’un Edik-pedique medical, procto en chef du pays.
M i k i t o n. Et oui, avec Edik on est a l’interception - c’est pas tous les jours qu’on se fait la pipe. Il faut qu’on l’envoie se faire foutre - je veux plus de ce Edik-pedique, procto du pays de la caverne du mausolee.
G a r i k. Et moi, je veux!
M i k i t o n. Tu veux putain, quoi - Edik?
G a r i k. Je te veux toi, saboteur en chef!
M i k i t o n. C’est bien articule. Je te veux aussi, putain. Et au diable Edik!
G a r i k. Suce-moi, je te veux le premier, putain.
M i k i t o n. Il me veux le premier, putain! Et bien, suce-moi le premier comme un Gagarin cosmique, ta mere! Z’y va!
G a r i k. Je t’ai trop suce comme un Gagarin dans l’apesanteur. Je voudrais t’en mettre une dans le cul avec toute la gravitation terrestre, mon pote.
M i k i t o n. Ce theme de bouffe a travers la gravitation est venu en reve a Newton quand il etait sous le pommier. Mais d’abord, je voudrais lecher un peu de sperme de ta bite. Et ta bite, elle debande, ta mere - elle plonge comme un plongeon, le petit oiseau.
G a r i k. C’est la cinquieme fois que j’ejecte mon sperme dans ta gueule, je suis nase et mon appareil s’est ramolli.
M i k i t o n. Et moi, vois-tu, j’ai pas compte combien de fois t’as ejecte sur moi.
G a r i k. Et pourquoi donc?
M i k i t o n. Qui compte l’amour, nom de chien, encule?!
G a r i k. C’est vrai que tu m’aimes?
M i k i t o n. Je te prends en exemple. J’ai failli me pendre a New York quand vous etes alles tout les deux avec cet Edik- pedique au Bolchoi et on vous a montres a l’orchestre tous les deux a la tele sur la 1re chaine. Etant dans les States je vous ai vus sur le cable - deux chiennes habillees en smoking et n;uds-papillons. Et toi, tu croyais que je verrais que dalle etant aux States? Et moi, je vous ai vu, tel sanglier a l’;il percant, putain.
G a r i k. Mais tu n’etais pas en Russie pour plus d’un mois. Et tu le baises toi aussi, quand je suis absent pour plus d’un
mois! On s’est mis d’accord a parite qu’on pouvait baiser avec Edik quand quelqu’un est absent de la Russie pour longtemps. Il a pas le SIDA, ce pede. Il ne baise qu’avec nous pour nos dollars de cheval. Pourquoi tu t’enerves pour un rien? Ta bite est en gloire - laisses-moi te faire la pipe que tu te calme un chouia. Quelle mouche t’as pique que tu remues le passe et chiales comme une gonzesse? C’est pour ca qu’on est des oligarques - qu’on vive dans l’avenir d’outre-pille. Le cerveau male dechire l’hymen du future. Je peux te la sucer?
M i k i t o n. Et ben, suce-la. Sans le demander. Ca fait longtemps je ne suis plus un hymen vibrant.

Garik fait la pipe a Mikiton.

Oui, oui, c’est si bien articule, si fabuleux, si chique! Avec ta langue, le cou du gland, oui, oui, c’est ca! T’es un membre correspondent, un academicien! Ah!… (il jouit.)
G a r i k. A la bonne sante, putain, de la viande fraiche! Et ma colombe morveuse s’est secouee. Maintenant, tu va sucer ma banane a ton tour du bazar des victuailles, putain.
M i k i t o n. J’aime pas attendre mon tour, Garik. Me bourre pas la cervelle. Ca fait longtemps que j’ai oublie ce mot, “le tour”.
G a r i k. Pourquoi tu deviens d’un coup un linguiste ecrasant, une sorte de locomotive? Ben, ca fait longtemps qu’on a pas baise - et maintenant on s’arrime comme deux vaisseaux de Roubliovka dans l’espace cosmique. La vie a bord est belle, Miki. Je te suce le bonbon, apres tu me suce la marmelade. Ca s’appelle se faire la pipe a son tour sans
se secouer, d’une maniere super-intellectuelle et amicale. Tu me suis, putain? J’ai aussi oublie, ce que c’est que “son tour”. On s’est deja suce les batons cinq fois chacun a son tour comme deux copines. Mais on peut se sucer en meme temps sans faire la queue, en 69. A vos ordres, marechal!
M i k i t o n. Tu compte encore l’amour en chiffres?
G a r i k. Mais Miki, dessoule-toi - bois du whisky!
M i k i t o n. On se met d’accord de plus baiser avec Edik a l’interception quand on est separes pour longtemps. J’ai des renseignements absolument surs de la FSB - Edik s’est bien noye dans le SIDA, putain - c’est les generaux qui en parlent.
G a r i k. Edik s’est bien noye dans le SIDA?
M i k i t o n. Edik a bu une putain de tasse du SIDA.
G a r I k. Et ben, ca c’est une putain de declaration!
M i k i t o n. Tout le monde a fait le test. C’etait quand que t’a tourne avec lui pour la derniere fois?
G a r i k. Ca fait cinq semaines que je l’ai laisse penetrer mon cul choye, quand t’etais envole aux States. Et toi, c’etait quand que t’as frotte avec lui?
M i k i t o n. Ben, ca fait aussi plus d’un mois que je l’ai fait venir aux States sur mon jet prive.
G a r i k. Et c’est la que la FSB t’a gazouille?
M i k i t o n. Fedor m’a appele hier.
G a r i k. On doit faire confiance a Fedor. Mais on payait Edik, cette pute, qu’il ne baise avec personne a part nous- memes!
M i k i t o n. Fedor dit qu’il a ete viole dans le Parc Izmailovsky par les SDF sidaiques.
G a r i k. Et quel diable l’a pris de se promener dans ce Parc de pedes! Comme si moi, par exemple, j’etais pas attire par ce Parc pour rafraichir les souvenirs de ma jeunesse?
M i k i t o n. Et moi alors?! La nostalgie de revoir ses endroits voluptueux et fatals pleins de pedes et de champignons. Le Parc Izmailovsky, c’est notre Ecole Superieure de Pedales! OK - Edik s’y est promene en dehors des sentiers, quand ils lui ont visse le SIDA dans le cul. Et nous, on s’enculait avec lui un peu avant.
G a r i k. Dieu merci, putain. Tu m’as fait vraiment peur. Dieu merci, putain.
M i k i t o n. Tout est bien, Garik. Je flippe moi-meme - c’est pour ca que je suis si enerve, encule. Apparemment, on a de la chance. Dorenavant, il faut s’empaler seulement sur des garcons bien verifies.
G a r i k. Autrement, on pourrait pas etre oligarques. Je ressens tout le temps ta bite d’acier dans mon cul. C’est pourquoi, tout comme Stalin, je fais du business bien assure.
M i k i t o n. Et moi, a mon tour, je fais du business de Gengis-Khan avec un piston de cuir veineux dans ma lunette.
G a r i k. T’es un jongleur, Miki, quand tu avales mes deux couilles dans ta gueule et tu commence a jongler avec - de quoi ai-je besoin de plus dans ma vie, a part ta pipe parfumee et energique aux grandes decibels, saloperie! J’ai besoin de ton energie sexuelle et spermatique pour grimper dans le futur aux sommet d’une montagne de dollars. On gagne ces dollars enormes avec ce travail lourd au-dessus de nos forces et dangereux a la limite du SIDA. Mon Miki est
un petit pede d’amiral-joker comme un heros venu de l’epoque grecque classique. Mais ta pipe d’enfer avec ma bite dans le gosier et les couilles derriere les dents - meme les negres avec leurs bites dans mon cul m’ont pas donne autant de plaisir.
M i k i t o n. Je te fais la pipe parce que tu me la fais aussi comme un habitant des cieux. Quand tu avales ma bite jusqu’a l’estomac - je flippe toujours que tu commence a la digerer dans ton estomac avec de l’acide gastrique. Ca commence a pincer au gland a cause de ta digestion d’entrailles. Et je suis force a le supporter pour l’amour surnaturel. Tu veux quoi, transformer ma banane en merde dans ton estomac? Je te laisserai pas faire, bouffeur de bites!
G a r i k. Avant de te faire la pipe, je te dis a chaque fois de tremper ta bite dans de l’huile d’olive. Pour ca on t’a livre de l’Europe une cruche de dix litres de meilleur huile d’olive, et la cruche a ete estimee a trente mille dollars par l’Interpol. C’est de l’antiquite de musee, ta mere! On te l’a monte de l’Atlantide en plongeant avec un grand risque dans musee a ciel ouvert en Grece!
M i k i t o n. Avec ton huile d’olive tu me bouffera la bite sans te faire etrangler.
G a r i k. Mais quelle idee a la con t’a pris de venir au monde avec une bite moqueuse de 40 centimetres! Va appeler ta mere pour qu’elle te remanie et te remette au monde.
M i k i t o n. C’est toi qui va appeler ta mere pour dire qu’elle a mis au monde un tel pede bavard avec ta gueule extensible! Va te faire!… (Il le repousse.)
G a r i k. A quoi bon, putain, digerer ta bite, mon frere? Qui alors me vissera apres son boulon au cul? J’aime zigouiller quelqu’un - tu le sais - on est parti de la meme bande de tueurs en gage pour pomper du sang a notre capital initial de l’enorme business. Et pour te bouffer la queue, a un frere que tu es, c’est la meme chose que de se faire une omelette de ses propres couilles et de sa bite hachee comme du saucisson. Pour moi, ta bite est sacree, et vive, elle est plus appetissante.
M i k i t o n. Pour moi aussi ton torpedo est epoustouflant. Se demagnetiser avec toi et zigouiller quelqu’un en couple - c’est de l’extase divine evidente et annoncee. Avec ta bite, je deviens comme un Dieu Tout-Puissant. Pourtant, on va pas ici, a la datcha, papoter a la pede, meme de facon savante, sur le theme du pouvoir de pedales detonnantes. On va s’enculer tout simplement, chastement et naivement, comme si dans notre ame, on etait des garcons pionniers de trois ans.
G a r i k. Qu’on s’encule chastement - je suis pour.
M i k i t o n. Sinon, je pourrais me mettre en colere et te mitrailler ici a Roubliovka sans faire de proces pour la question ecrasante du pouvoir de pedale, putain.
G a r i k. C’est du delire. Oui, on peut se mitrailler mutuellement avec un succes et un zele egaux. On s’est deja mitrailles ici a Roubliovka. Ta balle a rencontre la mienne - ainsi elles sont tombees au milieu de la chaussee de Roubliovka - deux petites betes de plomb, qui se sont penetrees dans l’amour, tout comme nous, jusqu’a la tombe.
M i k i t o n. C’etait quand? - rappelle-le moi.
 
G a r i k. C’etait dans un reve de somnambule, Miki, ca fait un pair d’annees stellaires. Quand on se sucait l’un a l’autre nos archers intimes a Roubliovka. T’en rappelle pas?
M i k i t o n. Mais c’est tout le temps qu’on se sucait nos archers en parallele a Roubliovka, t’es mon vrai jumeau! Tu exprimes des pensees superstellaires - on peut pas avoir le dernier mot avec toi. C’est dans ce bazar des babillards qu’on coupe notre fric, Garik - sur le seul verbiage babillard. G a r i k. Savoir babiller les mots - c’est un metier des plus sacres. Pour comprendre sensement - notre vie dans le fric jaillit comme le sperme d’une pompe a incendie - impetueusement et droit dans les fonds sacres. C’est pour ca qu’on a le sex reciproque, viril et puissant coupe a l’amour. Mais dans mon enfance, j’aimais que des filles - figure-toi! Du marasme total.
M i k i t o n. Tu parles, Garik! Dans mon enfance, je savais meme pas qu’on pouvait embrocher aussi les garcons - par ces trous feeriques! Tu sais, dans mon enfance, ma bite se dressait le matin comme une helice d’helico et se remontait avec une telle puissance, putain, que j’imaginer m’envoler comme Gagarin dans le vide absolu du cosmos. Et je passais toute la journee comme ca, avec une bite qui se dressait et vrombissait comme une fusee. Et a l’ecole, et dans le camp de concentration des pionniers, encule. Et dans le sommeil, c’etait la totale - qui seulement j’ai pas baise dans mes reves! Toutes les patineuses, putain, toutes les chiennes de championnes du monde et olympiques venues de la tele! Toutes les gymnastes du grand ecart, putain! Et de quelle maniere seulement je les ai pas baisees! Et en levrette, et dans le cul, dans les oreilles et les yeux,
putain! Et les danseuses? Comment j’ai baise ces ballerines en groupes! Tout le staff du Bolchoi, je le baisait a mort toute la nuit, en mettant 40 batons a chacune!
G a r i k. Et moi, comment j’avais ces ballerines en levrette - des troupes entieres de toute l’Union Sovietique! Et la nuit suivante elle redemandaient de s’empaler et d’en gemir! Elle faisaient la queue pour avoir ma bite - celles que j’ai eu en levrettes cordialement constituaient un nuage enorme qui faisait plusieurs fois le tour de la terre.
M i k i t o n. Meme chose avec moi - les ballerines faisaient la queue des centaines de kilometres pour avoir ma bite! S’est seulement cette queue des centaines de kilometres que j’apprecie de facon nostalgique et la considere comme une grace celeste bien meritee.
G a r i k. C’est pourquoi nous, on s’apprecie mutuellement d’une facon digne et cordiale, putain. Meme maintenant, je dois l’avouer, je reve toujours de cette baise cosmique et celeste, impermeable pour les balles.
M i k i t o n. C’est ca. Dans mon enfance, avant de m’endormir, je foutais ma bite dans le matelas en faisant le poteau sur ma bite seule pendant trois minutes, putain. A cette epoque, je voudrais percer ton cul avec mon helice, putain. Tout le bonheur volatile partait dans le matelas, dans le neant au fond du gouffre, putain.
G a r i k. Dans mon enfance, le matelas s’est transforme en crible a cause de ma grosse canine. Dans mon enfance, je faisais le poteau - c’etait pour m’endormir apres avec une bite debandee. Sinon, t’avais aucun sommeil, quand t’as la bite en veille comme un coq chanteur.
M i k i t o n. Mais non - a moi, trois minutes de poteau me su;saient pour jouir quand j’etais gosse. Apres, j’ai ma bite 40 centimetres en erection. Elle etait deja 40 centimetres, ma belle, quand j’etais gosse. Putain, t’as quoi alors? Je suis champion du monde o;cieux en sauts a la perche inflexible avec ma propre bite impulsive. Et ces reves de fenil! Quant a la campagne t’agrippe une bergere dans un champ de ble - et toute la journee, et apres toute la nuit tu continues a la griller dans une meule de foin au milieu d’une ecologie rustique torride et odorante! Les cigales qui chantent dans les bles si stridulantes! T’as quoi, putain? T’as besoin de rien dans la vie, putain. Passer toute la vie comme ca en culbutant dans le fenil sans jamais sortir ta bite de sa chatte ebouriffee ou de son cul ou bien de la bouche merveilleuse de la trayeuse de dix ans, et toute la vie jouir et jouir, et vivre grace a la bite dans cette chatte ebouriffee dans l’epanouissement commun jusque la mort nous separe, putain, comme une plante vivace et odoriferante.
G a r i k. Mieux encore de ne pas crever du tout.
M i k i t o n. Que les autres crevent!
G a r i k. C’est une affaire sacree - que les autres crevent, putain. Et si ils ne savent pas crever tous seuls - c’est qu’il faut les zigouiller tout simplement, putain, les ecraser comme des punaises. Nous, on sais comment pas crever, mais comment zigouiller les autres. Et la-bas, a la campagne, au fenil, t’es quoi - c’est, putain, aussi mes reves de trayeuses nymphettes. Et quand j’ai vraiment grandi et j’etais comme etudiant en vacances, j’ai attire une pionniere bergere la-bas au fenil, au grenier - je l’ai baisee
comme une chevre, comme elle etait toujours prete a la russe de l’avoir a la Kama-Soutra indienne dans la bouche - qu’est-ce qu’on a gemi comme des betes, putain! J’ai cru qu’on allait incendier le grenier avec nos huiles chauffees!
M i k i t o n. Oh! Tu parles alors! Quand j’etais etudiant, moi
- j’etais envoye a ramasser les patates… On s’est frotte avec nos genitaux - c’etait l’horreur noire et malicieuse! Ce qu’il restait apres dans ces meules - plus de notre sperme dessechee, des menstrues ou du foin - il y a que des vaches qui pourraient le raconter, quand elles bouffaient de ce foin fertilise de sperme et des menstrues.
G a r i k. Mais qu’est-ce qu’il y avait d’autre a faire, au ramassage? A part de boire et de s’accoupler.
M i k i t o n. On pouvait faire les deux en meme temps - la baise allait tres bien avec le ramassage.
G a r i k. Si ta bite et jeune et vigoureuse, meme en buvant au ramassage, on peut l’arrimer a la baise. La baise va bien meme avec la gnole, au ramassage. Et la gnole, on peut la faire avec du miel - y avait un apiculteur qui savait en faire. J’ai jamais dissolu en moi une telle merveille curative! Ca fait deux ans que j’ai envoye Petro en voiture dans ce village. L’apiculteur etait bien creve en important le secret de la gnole de miel dans sa tombe, putain, et ca, pour toujours.
M i k i t o n. C’est comme ca, tout ce qui est genial en Russie doit perir.
G a r i k. Qu’est-ce que tu dis, Miki - emporter la gnole de miel dans sa tombe! C’est que cette paysannerie russe transformee a la maniere du Gaucher en betail n’a aucune responsabilite! Et tu sais, une fois quand j’ai ete sur le chemin de l’ecole a Moscou - j’etais en SM2 - ma bite s’est
mise a bander. Et a l’epoque, je savais pas encore ce que c’etait d’avoir une bite de morse personnelle qui bandait dans le pantalon. Et elle me serrait, elle me dechirait le pantalon etant trop grande et vigoureuse avant l’heure. Alors, je l’ai sotie dehors qu’elle ne serre plus le pantalon et qu’elle se sente un peu plus libre. Et figure-toi - je suis parti a la maison avec une bite dressee comme ca! Ainsi, dans le metro, putain. Et tu sais, personne n’a dit un mot. Je marchais en souriant, ta mere. Et tout le monde autour marchaient aussi en regardant ma bite d’un gamin de sept ans qui se dressait, et ils souriaient aussi. Je me marrais et me sentais a l’aise. Je rentre a la maison et mes parents se marrent en souriant eux aussi. Apres mon pere m’amene dans la salle de bain et me dit severement: “Si je vois encore une fois ton zizi dresse et sorti du pantalon, je le tendrai par dessous de ton cul, rembobinerai autour de ton cou en faisant de toi un arc a tirer et je tirerai sur les corbeaux avec des barres rouillees d’armature du beton arme. Et ton zizi se dressera plus jamais de la vie. Et du coup, j’ai debande pour une raison quelconque. Pourtant, a l’epoque, je ne savais pas encore ce que c’etait que des barres d’armature. Mais quand mon pere me l’a dit, j’ai tout de suite compris que ma bite souffrirait plus ce que ces corbeaux et mon corps tout entier souffrirait aussi a cause de cette armature rouillee. Figure-toi, j’ai tout de suite pige que ca serait fort desagreable si mon pere transformait mon corps en arc a tirer et mon zizi, en corde, et si il tirait sur les corbeaux avec des barres rouillees d’armature avec mon zizi en guise de corde a tirer.
M i k i t o n. Ton pere, tel roi OEdipe, etait un complexe sportif tres serieux.
G a r i k. Ben, mon pere, c’etait un sadique sportif et artistique, un putain de Salvador Dal;. Des qu’il creait un image a la con - Salvador Dal; pouvait se noyer dans son propre cul, putain. Et a cette epoque, j’aimais ma bite plus que tout au monde. J’etais gosse de sept ans et j’aimais deja ma bite plus que tout au monde, putain.
M i k i t o n. T’es quoi, moi, je l’ai compris quand j’avais deux ans que ma trompe cherie, c’etait mon jouet prefere de tous les jouets du monde. Et quand t’es devenu pede, t’avais quel age, mon pote?
G a r i k. Ben, j’avais aussi sept ans, t’as quoi - c’etait hilarant.
M i k i t o n. A sept ans, putain? C’etait un mec quelconque qui t’as encule entre des hangars d’arriere?
G a r i k. Mais quel mec, putain? On etait cinq gamins qui se sont rassembles dans la cour. Y en avait qui a propose qu’on aille baiser dans l’escalier. Et tout le monde a accepte avec joie dans son inconscient et on est alles baiser dans l’escalier. C'est dans l’inconscient qu’on comprenait, que la baise, c’etait la meilleure occupation dans la vie. Alors, on entre dans l’escalier. Personne ne sais reellement, comment on baise en pratique. Bon, une certaine Zina du CM2, comme je me souviens, boum - remonte sa jupe et enleve concretement sa culotte - et par sa chatte jeune, mais puante, non lavee apres qu’elle pissait par son hymen, elle a arrose nous tous, les gosses, par le parfum de cette chatte eternelle, putain. Nous, tous les autres gosses, avons fait de meme sur le coup par inertie en denudant nos hymens et
 
nos zizis. Les garcons ont deja leurs zizis dresses comme des carottes de combat, et on a que sept ans, figure-toi. Et les filles n’ont rien du tout sous le ventre - y a que la puanteur qui monte de leurs hymens au plafond. Et putain, on sais pas ou il faut les baiser, ces filles, quand tu ne connait pas encore la destination du vagin, et en generale, qu’elles ont un trou entre les jambes, qu’il faudrait baiser et baiser par sa bite qui penetre ce trou tout droit. La porno n’existait pas, on avait pas de tele. Et dans notre enfance - souviens-toi - ont marchait dans l’obscurite totale avec nos bites de trait qui bandaient dans le pantalon comme des brancards sanguins, putain. Et les garcons ont commence a se frotter avec leurs bites les uns aux autres. C’etait pour nous apparemment acceptable et comprehensible. C’etait clair, que nos bites bandaient et qu’on pouvait se frotter avec en recevant un plaisir immense, et que ca s’appelle, baiser. Tu parles, c’etait un plaisir feerique, la fin de tout, putain - je le ressens jusqu’a maintenant - ce premier plaisir incomparable dans l’escalier, celui de se frotter avec des carottes les uns aux autres, a nos sept ans feeriques. Et les filles nymphettes avec leurs hymens nous regardaient toujours. Et elles sont parties apres absolument mal baisees au naturel, putain.
M i k i t o n. Mais elle sont toujours mal baisees, ces filles -
quel qu’il soit leurs age plus tard, putain. T’aura bon de la baiser, cette poil-de-carotte - elle va rester toujours mal baisee. Nous, on baise, et apres on peut babiller de ces gonzesses, putain. Tout est clair, putain. Et si tu baises une gonzesse - tu va quoi, bavarder avec elle des autres gonzesses? Elle decidera tout de suite de t’arracher la bite
avec ou bien elle t’enfoncera tout raide ses dents dans la gorge. Et de quoi veux-tu qu’on parle apres la baise? Des gonzesses ou de Dieu. Mais avec les gonzesses tu peux pas parler de tout ca. Tu commence a bavarder de Dieu apres la baise avec la gonzesse - et elle veux avoir des gosses avec toi. Et quel diable devrais-je avoir des batards avec elle quand on vient juste pour baiser, comme des gens normaux, seulement pour baiser - que du sexe pur avec la perspective des plaisirs infinis!
M i k i t o n. Mais elle te crevera les yeux avec des aiguilles a tricoter si tu lui verse de la sperme sur son ventre quand elle est decidee a tomber enceinte de toi!
G a r i k. Ta femme Elvira, la mere de tes enfants, elle tricote aux aiguilles, elle?
M i k i t o n. Ma femme Elvira tricote aux aiguilles de char, de mitrailleuse, putain, la mere de mes enfants - et dans l’embuscade totale du bunker. Elle tricote des palmes, putain, en marchant, avec ces aiguilles atomiques et nucleaires, putain. Je cache les dollars dans l’Encyclopedie. Y en a 100 volumes - tu peux jamais deviner dans lequel je les cache. Elle les trouve en cinq minutes. C’est ca - le flaire de gonzesse au dollars, putain. Un baiser de ma femme a son mari coute 100 dollars, putain.
G a r i k. Et t’as besoin de ses bisous? Pourquoi tu depenses pour elle tant d’energie sexuelle en vain, quand j’existe moi avec mes bisous pour toi?
M i k i t o n. Mais ces pour la toiture, encule! Ici, j’ai des ebats sexuels secrets avec toi, mon gars pede, que personne ne le voie et n’en sache rien!!! Je suis un homme
d’Etat, saloperie, Garik le bavard!!! T’as quoi, toujours pas pige ca, putain?
G a r i k. J’ai tout pige, Miki. Moi aussi, je suis a moitie homme d’Etat et je gagne ma vie ici sur les subsides de pede avec toi, dans l’hypostase egalitaire!!!
M i k i t o n. Et toi, comme si t’avais pas Aniouta, ta toiture a toi, sorte de pedale, comme si tu l’embrassais pas et depensais jamais en vain notre energie commune?
G a r i k. Mais ma toiture - ma femme Aniouta - on l’embrochait tous les deux ensemble, putain. T’en souviens pas, encule?
M i k i t o n. On est la famille maintenant, ta mere. Et ma femme a moi, Elvira - on l’a pas baisee ensemble, putain? Peut-etre que maintenant, sous le meme toit, nos toitures - nos femmes - se lechent elles aussi dans l’etat nu lesbien, en meme temps que nous ici, on se detend en peignoirs. Et encore comment elles baisent toutes ramollies, se sucent et se lechent en ce moment quelque part dans un grand hotel parisien. Elles peuvent jouir 100 fois par jour, ces filles d’hymen, putain. Elles s’en foutent - il su;t qu’elles ecartent les jambes et la chatte de ces filles d’hymen aux cabas sans taille est prete pour la bataille sexuelle, et elle jouissent en position couchee autant que le desirent leurs ames et leurs clitoris. Je le sens par mon cul qu’elles baisent en ce moment, putain, mon Elvira la chienne avec ton Aniouta! Mais qu’elles baisent ensemble! Nous, on en aura plus de coup de bite dressees. Nos femmes ont de la chance, nos toitures contrepedales! Si tu baises pas ta gonzesse - il faut la massacrer tout de suite, sinon, ca sera ta mort sur le coup, a cause de sa chatte lepreuse.
G a r i k. T’as entierement raison dans ton babillage, putain. T’es precisement un fonctionnaire d’Etat absolu et global, encule. Tu sais enfoncer la hache des bons discours d’Etat, homme de budget, ta mere!
M i k i t o n. Mais toi aussi, tu sais comment frapper les oreilles avec ton sabre de slogan. Ne fait pas la modeste. T’es au minimum le roi du gaz de Moscou.
G a r i k. Toi aussi, te fais pas le petit. Tout le tuyau de petrole du taiga est a toi.
M i k i t o n. Ecoute, faut pas faire de boucan autour de mon tuyau du taiga a haute voix. Je t’ai deja averti - c’est en chuchotant les mots dans la tete qu’on apprend a parler de la politique a la datcha. Les temps ont change. Les pedes de Roubliovka, dans notre etat, on les coupe sous les couille et le cul, ce sont ceux qui veulent occuper nos places comme oligarques sur notre fric vole.
G a r i k. Mais t’es quoi - qui fait du boucan a haute voix, putain, qu’y a-t-il de factieux dans la politique budgetaire personnelle? Qu’est-ce que tu flippes on ne sais pas pourquoi, putain? Qui peut t’enregistrer, putan, a cette datcha de Roubliovka, qui est a moi, et qui est a toi aussi d’ailleurs?
M i k i t o n. Je vais enculer quiconque m’enregistrerait ici!!!
G a r i k. C’est bien comme ca, c’est plus gai, ca a plus d’uniforme et d’epaulettes, encule! Sinon, t’es comme un deserteur, tu flippes jusqu’a la trahison. C’est tout, c’est OK hockey. On se met bien soudes en position en levrette. Sans verser le sang - on se rend et se livre a personne!
M i k i t o n. Quand tu me parles - c’est comme si tu me penetrais. On voudrait reellement se faire la pipe a-la generaux.
G a r i k. La, il faut me demander qu’on se fasse la pipe a-la generaux. Pour ca, il faut jamais me demander qu’on se fasse la pipe - je suis toujours pret qu’on se la fasse a-la generaux, camarde sous-marechal petit crocodile de la pipe imperiale!
M i k i t o n. Oh toi, enseigne de pedale, plus haut qu’un general, putain. Instituteur omnipotent des droits de tous les pedes de la puissance de l’Etat. Et bien - on se fait la pipe mutuelle?
G a r i k. A tes ordres de la gourmandise dans la bouche appetissante.

Ils se font la pipe.

M i k i t o n. Oh, ce que c’est bon! Et comment on le fait pour jouir toujours si precisement ensemble, putain, comme si on vidait des verres de vodka. T’as beau d’essayer de jouir avec une nana toute intelligente et mignonne qu’elle soit, d’une facon si rythmique et harmonique! C’est qu’avec toi qu’on se le fait en resonance, mon pote correct, putain.
G a r i k. Moi aussi, s’est avec toi, mon pote, que je jouis d’une facon adequate, encule.
M i k i t o n. Putain, c’est comme ca parait-il que les hussards pendant la Guerre Patriotique, se buttaient et culbutaient en chassant activement Napoleon dans les champs enneiges et geles, putain, avec leurs bites de combat.
G a r i k. Ces Francais, ces pedes du tres Hauts, croyaient, parait-il, qu’ils etaient les pedes du rivetage de fer de la Tour Eiffel et de la mitraille de plomb, putain. Que dalle - on les a montre “chercher la femme” comment chier avec nos canons d’ouvriers et de paysans de Koutouzov comme des bites avec des boulets volants comme des couilles!
M i k i t o n. Et Hitler! Lui aussi, putain, quelle colombe de pede - c’est exact, y a des temoignages historiques bien verifies.
G a r i k. Lui aussi, putain, colombe bleue allemande, a saute sur nos bites d’ouvriers et de paysans omnipotentes activement ideologiques. Hen, cette chienne? Si j’etait Leon Tolstoi, j’ecrirais un bouquin sur ce monstre d’Hitler.
M i k i t o n. On a besoin de livres pour cacher le fric de nos femmes. Je les ouvre bien sur de temps en temps, putain, Leon Tolstoi en plusieurs volumes, comme toi, pour cacher le fric de ma femme. Un billet de cent dollars, putain.
G a r i k. Putain, t’en a des millions de dollars, et tu caches dans Leon Tolstoi cent dollars de ta femme, putain? La honte!
M i k i t o n. C’est de toi, pede de rapiat, que je prends un exemple, encule.
G a r i k. Moi, je les cache pour qu’elle les cherche, putain. Qu’elle ne perde pas le flaire aux dollars.
M i k i t o n. Et moi, qu’est-ce que je fais? Qu’elle comprenne, espece de pute, avec quel effort ils incombent. Et cette pute d’Elvira - tu peux la bourrer autant que tu veux
- c’est toujours insu;sant pour elle! Autant que tu la bourre!
G a r i k. Il faudrait les egorger, ces putes, d’un rasoir de non-securite. Elle comprennent pas un autre langage, a part celui d’un rasoir.
M i k i t o n. C’est comme ca qu’on a fait avec cette Avdotia de Vologda. On lui a fait la cesarienne avec nos rasoirs, ca fait un mois - on l’a baisee, depecee et apres on l’a jetee comme chachlik aux bergers allemands, putain. Toute gonzesse est un vagin de lacis de ruse et d’adresse.
G a r i k. Au moins, elle font des gosses, ces lacis de ruse. Et parmi les gosses, y a la moitie qui sont des garcons qu’on pourrait enculer dans un temps avec beaucoup de plaisir apres que les apprends a faire la pipe.
M i k i t o n. C’est ca - une gonzesse n’est qu’un clitoris instable et ingerable.
G a r i k. Et le clitoris fait partie de leurs fentes d’entrejambe ingerable.
M i k i t o n. Plutot, c’est cette fente qui fait partie de leurs clitoris ingerables.
G a r i k. Et on peut boire a ca, putain, et comme zakouski, se faire la pipe de nos bites bien dirigees! T’en penses quoi?
 M i k i t o n. Je le soutiens activement, nom d’une pipe!

Il boivent la vodka et se font la pipe.

M i k i t o n. Y a rien de mieux que de faire la pipe a ces mignons bien sales. C’est ca - la recette de nos bars a biere russes. Figure-toi: dans tous nos bars a biere, nos mecs russes sucent d’abord naturellement la biere, mais au lieu du gardon sale, ils se sucent reciproquement les anguilles vivantes a ressort sorties du pantalon. Mais quelle economie
des ressources poissonneuses dans le pays, encule. T’imagines?
G a r i k. Tu devrais avoir le Prix Nobel de peche pour cette recette economico-ecologique. Ou un Prix d’Etat. L’Etat devrait t’octroyer pour ca cinq derricks.
M i k i t o n. A celui qui sait apprecier des actions et des idees correctes.

Un appel sur le mobile de Miki.

Salut, sculpteur! Quoi? Pourquoi un travail si lent? Il chante quelles chansons a l’etranger? Quand il rentre de Paris - tu l’attrape et lui donne un coup sur la tete, a ce chien! Une tiree de mitraillette sur ses roues, putain. De telles chansons, putain. Tu peux lui tirer dans les jambes. Et dans le cul, de cote. Seulement, prends garde de lui casser l’appareil du trou et de la pipe, putain. Je te l’ai dit hier. J’ai mon Kalachnikov qui chante - ca, je le comprends comme les chansons, putain. La fin du bazar. Quand tu finis de chanter - tu me fais signe.
G a r i k. Qu’est-ce le sculpteur a sculpte?
M i k i t o n. Ben, ce chanteur, espece de crete d’oiseau, putain, y a trois semaines, il a pas voulu me faire la pipe - je t’en ai parle. Je l’ai sorti sur des hauteurs stellaires. Avant, il me faisait la pipe regulierement. Il a commence a me tromper en me faisant la greve, putain. Maintenant, le sculpteur lui fera la lecon de subordination avec son Kalachnikov, encule. Ce chanteur, putain, quelle espece de canari a la crete, encule! La, le sculpteur va te couper les plumes, chienne. Ecoute, et nous, on zigouille qui
aujourd’hui? Ca fait une semaine entiere que j’ai zigouille personne - je me sens si mal sur ce theme de manque- zigouille.
G a r i k. Moi-meme, je suis, putain, comme assis sur les aiguilles. Toi, t’as fait un voyage sue les fjords de la Norvege. Et moi, j’ai aucun interet a zigouiller quelqu’un tout seul. Nous, sur ce fond gouteux de zigouille, on se suce delicieusement nos bites.
M i k i t o n. Mais j’ai promis a ma fille ces fjords norvegiens, excuse-moi, mon frere, encule!
G a r i k. Une fille - c’est sacre. Elle grandit en garconne.
M i k i t o n. Ma fille n’est pas une garconne, putain. Ma fille est une grande personne, qui te fera des petits-enfants, qui vont surement t’enterrer, putain, a la fin de ton destin florissant. Peut-etre que ta fille va venir avec un arrosoir pour arroser des fleurs sur ta tombe, et tu va te sentir bien frais, dans ta tombe ou ta bite refroidira pour toujours.
G a r i k. Oh, faut pas dire du mal sur ma bite refroidie, tant qu’elle est vivante, putain. On se relaxe ici sur la surface sans le bavardage d’outre-tombe et se sodomise humainement, putain - au diable tes poemes sur la bite refroidie dans le cercueil.
M i k i t o n. Ecoute, qu’est-ce t’as a m’emmerder? Je peux etre un poete un peu lyrique ou tragique. T’es quoi - a cause de ca, y a plus d’amour, encule?
G a r i k. Mais qu’est-ce qui te prend? - je t’aime pour ca, putain. Je t’aime entierement et totalement, tel lapin blanc et duveteux avec ta bite miraculeuse d’un demi-metre, putain. Mais ta bite miraculeuse d’un demi-metre, je l’ai choisi et je l’aime un peu plus, que tes histoires sur la bite
gelee dans le cercueil. T’as quoi, frere, perdu les boules, pour fourrer de telles conneries de bazar dans nos rapports de colombes via contrebande schizophrene? Faut pas, frere. Toi, par exemple, t’aime plus ta bite gelee d’outre- tombe ou bien mon coq bien chaud?
M i k i t o n. La question est sacrale, putain. Et qui t’aimes plus? Celui que tu zigouilles ou celui que tu baises?
G a r i k. On peut aimer, zigouiller et baiser avec le meme plaisir dans des plans virtuels non-intersectees, putain. T’as reellement amorce dans ton bazar des themes amorales et tragiques. Finis-en avec cette connerie morale clinique et depressive sur ta propre bite gelee retrecie dans le cercueil, putain. Reellement, on baise avec un optimisme chaud et on domine sur les suceurs de bites debiles et des suceuses a la cervelle d’hymen. C’est ca, encule.
M i k i t o n. OK, faut pas me presser le cerveau. Je baise ce que je veux. Toi aussi, tu dis ce que tu veux a propos des hymens qui te sucent la cervelle etc. C’est la ou se trouvent la liberte et la democratie de nos rapports naturels et non- ostentatoires, putain. Je suis dur comme le mur pour cette morale libre. Il me su;t que j’expulse jusqu’a en gerber cette morale artificielle d’Etat transmise par la tele comme un serf aux ordres, encule. Mais ici, on a des rapports de pipe sympas, harmonieux et libres dans le bavardage et dans l’action. Mais enfin, est-ce que les oligarques ont droit a leur bonheur oligarchique et une pensee sensible et victorieuse, aussi oligarchique? A quoi bon on a combattu? Il faut donc comprendre correctement tout notre developpement oligarchique, qui est aussi dans nos ames et non seulement dans les banques. Je viens vers toi pour
trouver le bonheur, Garik, pour attraper notre bonheur oligarchique correct commun dans notre amitie virile, et basta. Et si tu piges pas encore avec ta cervelle quand je cause de quelque chose hautement poetique et oligarchique sur la vie - pose-moi les questions et suce-moi la bite en silence et ecoute attentivement. Nique ta-mere! Et suce-moi dans le silence!!! Et toi, tu me fais des reproches et me racontes des bobards, putain. Moi, je seme pas du pessimisme, Garik! Je voudrais comprendre le monde dans toutes ces nuances colorees d’arc-en-ciel. Si nous deux, on est oligarques, on est des oligarques aussi dans l’Esprit! Et on doit exprimer des pensees aussi spirituellement oligarchiques, victorieuses de tout, encule! Hier, on etait des SDF, et aujourd’hui, on ne sait pas pour quelle raison a la con, on est devenu oligarques! Eh, vie de chienne? Jusqu’a l’enfer!
G a r i k. Mais c’est si plein de gaite, mon pote! J’ai
seulement, des que j’entends le theme de ta bite gelee dans le cercueil - il apparait des visions de la prison dans mon ame, putain. J’ai simplement une sensation de vie, que ces prisonniers s’accouplent avec leurs bites, surement tres dures, mais gelees comme de la glace, putain. Et moi, je veux pas aller en prison, dans les chiottes, putain, Miki, pour avoir une bite gelee pour toujours, dans le periple eternel sans possibilite de s’en sortir.
M i k i t o n. Ecoute, espece de chienne - qui veut aller en prison, dans les chiottes, putain? Degele-toi, sois plus simple, encule. On foncera. T’es quoi, t’es pas Russe, ta mere, pas un brise-glace Lenin?
G a r i k. Y a une chose que je sais absolument, c’est qu’a la difference de quelques camarades, comme Karl Marx, suis pas un Juif, putain.
M i k i t o n. Tu fais quoi, des allusions? Moi, je suis un Juif, alors?
G a r i k. Je t’ai appele par ce mot, putain, ou quoi? C’est bon, Mikiton, assez de se gratter avec des paroles intelligentes, on est en liberte, a Roubliovka, avec nos grades d’oligarques et on s’allume mutuellement dans le kif total ici.
M i k i t o n. C’est ca - on est assis au bord des fleuves cremeuses de petrole et de gaz, on galope comme des cowboys sur les tuyaux en safari russe - toi, les gazoducs, et moi, les oleoducs de la taiga. On va pas toucher les Juifs, mais il faut etre juste - c’est eux qui nous ont appris a s’asseoir correctement sur les tuyaux - une fois qu’on en parle.
G a r i k. Le A et le B etaient assis sur un tuyau. Le A est tombe, le B a disparu - qui est reste sur le tuyau?
M i k i t o n. C’est nous qui sommes restes, putain. Et le Semite est tombe, putain, il a beau de s’accrocher, cette chienne de B. Il a pas su s’arrimer avec qui il fallait - la bite dans le cul d’apres les regles acceptees dans l’Etat - et il est tombe dans la merde sepulcrale, putain. On lui a donne a piller la moitie du pays, qu’il partage apres avec ceux qui lui ont permis le pillage, putain de chienne. Tu nous jettes de l’ombre, aux autres oligarques, chienne, comme si on est pas des mecs reglos. En Russie, il faut savoir etre un mec reglo, surtout si pilles a l’Etat des gisements entiers sur un territoire egal a trois fois l’Europe, ta mere. Et le plus
important - il faut s’approprier l’experience sexuelle d’autrui d’une facon expeditive, a-la entreprise socialiste, instantanement et correctement! Quand a l’epoque d’Eltsine, deux Juifs ont decide, que la Russie, c’est le fric qui resout tous les problemes - on les a tout de suite jete dans les chiottes. Toi, tu desires pas cette version de chiotte, et moi non plus, je veux pas cette version pour mon depart au-dela. J’aime mon pays, je suis pas un dissident, putain, et je partage avec ceux dans l’Etat qui m’ont aide et continuent a m’aider a piller en douceur, ce qui perirait de toute facon! Et j’aime ces garcons pedes comme toi-meme, je les instruit, et il faut pas, Garik, se jeter sur moi injustement, encule!
G a r i k. Mais qu’est-ce que t’as, nique ta mere - je me jette d’une facon tres juste sur ta bite de prof avec ma bouche et le petit trou de mon cul bien tendre, putain! Toi, tu hennis et gemis de plaisir ici, dans notre Etat de Roubliovka, comme un cheval assouvi, encule.
M i k i t o n. Mais quand tu fourres ta bite dans mon cul et la tournes en filigrane dans ma gueule, et apres quand tu me suce a la maniere des habitants celestes - je hennis naturellement et actuellement, t’es ma chienne bienaimee, Garik le Lippu a-la Mme Angelina Joly.
G a r i k. Tu m’aimes vraiment et sincerement, petit Miki?
M i k i t o n. Mais putain, Garik! Je donnerais la moitie d’un tuyau de la taiga pour ta pipe celeste, nique ta chere mere, encule.
G a r i k. Et moi, je donnerais la moitie de mon gazoduc pour ta pipe stellaire, petit Miki.
M i k i t o n. Mais je donnerais tout le tuyau, Garik, pour ta pipe celeste!
G a r i k. Et moi, je donnerais tout le tuyau pour ta pipe stellaire!
M i k i t o n. C’est comme ca qu’il faut frapper le verbiage comme des pieces, a-la camaraderie, a-la amitie, a-la humanite, encule. Y a pas de Juifs en Russie, Garik. Tous les Juifs sont partis a l’etranger, putain. Et ceux qui ont ete vomis par la Russie, c’est des Juifs, et basta. Et aucune jacasserie a ce sujet, putain, Garik. Et dans mes reves y a que toi, mon Garik, que je vois avec tes levres enormes africaines a la Pouchkine bonnes pour la pipe a-la Angelina Joly. Je viens au boulot - et c’est le meme Garik a-la Angelina Joly qui me hante. Mais personne au monde ne fait la pipe comme Garik. Tu devrais ouvrir une ecole de pipe - t’aurais suce plus de dollars qu’avec ton gazoduc.
G a r i k. Mais on a de bons eleves, putain.
M i k i t o n. Mais prends alors des dollars pour l’apprentissage, putain.
G a r i k. Pour l’apprentissage, je prends en nature, Miki. Et les dollars, je les suce avec mon gazoduc.
M i k i t o n. C’est bien, chienne - il faut savoir sucer - d’abords, avec son propre pipeline guttural. Alors, ton pipeline pourras sucer mortellement aussi. Pourtant, Garik, putain, tous tes eleves suceurs garcons mignons que tu m’as envoyes - j’echangerais jamais tes propres pipes, encule. Et voila quelle etrangete existe dans le monde, chienne - la gonzesse, quand elle vieillit, t’as de moins en moins envie de la baiser. Toi aussi, Garik, tu vieillis, mais tes pipes trouvent des dimensions cosmogoniques des plaisirs
alimentaires. C’est comme dans le grand art - y a un premier plan, y en a un deuxieme, mais seulement les plus grands peintres, ont comme toi, Garik, ce deuxieme plan, et je dirais meme, non pas un deuxieme, mais un hyper stellaire, celui de la pipe de Garik. Et je rajoute rien, je te parle sincerement, sans aucune faussete, Garik.
G a r i k. Type un discours d’Etat a la Douma? Tu resonne comme un carillon, avec la raison et la classe. Je suce ta bite avec tout mon ame, Miki - avec mon ame sainte, sincere et devouee, une ame personnelle mais aussi etatique - ta bite d’Etat enorme et incomparable.
M i k i t o n. Mais tu sais tourner les verbes comme une bite dans le gosier pendant la pipe, putain. C’est comme ca qu’il faut les tourner comme une vrille cerebrale. Avec amour, avec une ame sincere. Mais qui va-t-on zigouiller ce soir?
G a r i k. Et pourquoi pas zigouiller cette chienne de Nastia gymnaste du grand ecart avec son caviar?
M i k i t o n. La gymnaste du grand ecart? Et de qui elle tient ce caviar?
G a r i k. Qu’en sais-je? Nous deux, on l’a baisee, arroses de whisky y a trois mois - c’est peut-etre de toi, de moi ou de l’oncle Hippopotame. Mais elle dit que c’est de nous. Je l’ai deja appelee - elle y sera bientot.
M i k i t o n. C’est mauvais quand la pisseuse ne sais pas de qui elle porte le caviar. C’est deja une raison pour qu’on l’etouffe avec un grand plaisir. Comment va-t-on la zigouiller?
G a r i k. Lentement, mais surement. Comme toujours et comme tout le monde. Qu’elle vive plus longtemps et qu’elle   goute   les   tortures   de   Roubliovka   jusqu’a
l’epuisement. Qu’elle sente profondement, chienne, avec quel effort on gagne du fric, avec quelle depense de nerfs, putain. Qu’on est oblige zigouiller quelqu’un toutes les semaines, pour ranger nos nerfs a l’ordre sovietique stalinien, encule.
M i k i t o n. Lentement et surement, parce qu’autrement on aura pas le kif et on pourra pas sauver nos nerfs. Et comment on va zigouiller cette fois-ci? On a apparemment zigouiller de toutes les facons divertissantes, putain. Peut- etre que Nastia va essayer de s’asseoir au grand ecart avec son hymen denude sur notre aiguille elitaire? Cette une fille de grand ecart, putain. Elle sera d’accord pour un million de dollars. (Il enfonce une grande aiguille dans le parquet.)
G a r i k. T'as bien decide. Une aiguille de 8 cm est notre plat prefere sur le parquet pour des gymnaste du grand ecart et des ballerines, notre prelude infaillible pour une multitude de chiennes a l’hymen dechire. Sans le sang, chienne, elle va jamais s’assoir sur l’aiguille pour un million de dollars. Et a la place d’un million en billets verts, si elle s’assoit en laissant du sang - elle recevra une punition pour sa maladresse et on l’empiffra de diamants a l’exces.
M i k i t o n. Et comment on s’empiffre de diamants, putain - c’est du nouveau?
G a r i k. Y faut les avaler sans les macher. Et je permettrai jamais de les macher a personne, si seulement ca se machait. Si elle avale un kilo de diamants - elle va crever lentement et peniblement, putain. La semaine derniere, quand tu t’es envole en Norvege, je suis alle en Siberie voir mon pote Simeon le Diamantaire avec Tania Nepospelova, la copine de cette Nastia, putain. Tu sais, c’etait une sorte
safari dans la taiga - la zigouille dans les cedres. On zigouillait Tania si delicieusement, chienne. T’aurais vu! Je kif toujours. Apres, il m’a paye pour Tania 500.000 dollars. La fille mourait si delicieusement! Tu dois essayer d’urgence et personnellement cette facon de zigouille. Tu vivras le reste de ta vie avec cet adrenaline de zigouille.
M i k i t o n. Tu m’as jamais parle de ce safari dans la taiga.
G a r i k. Et bien, c’est une surprise, puree de vermicelles. J’adore te faire des surprises - c’est pour ca que tu me tiens dans les premiers amants de diamant! (Il sort un sac avec des diamants.) Voila - un cadeau de Simeon le Diamantaire - y en aura deux kilos de diamants. C’est du genre d’un supplice chinois. La-bas, en Chine, ils faisaient avaler du sable. Tu avales du sable pendant six heures, et apres ils t’enterrent dans des souffrances atroces. Mais non, je vais pas enterrer Nastia avec les diamants. On va etriper Nastia avant de l’enterrer, tout comme Tania en Siberie. Il faut donc rendre les diamants a Simeon. Il les a juste loues pour le safari, putain, qu’on s’amuse pendant le safari, encule.
M i k i t o n. Et si elle va aux chiottes pour s’alleger et chie tes diamants dehors?
G a r i k. Ces diamants n’auront pas le temps d’arriver jusqu’a son cul, Mikiton. On va vite l’etriper apres qu'elle creve, cette Nastia, et les diamants seront dans nos poches, putain. Il faut donc les rendre a Simeon, je t’ai dit qu’il les a loues pour le safari, encule.
M i k i t o n. On s’en fout - qu’elle s’etouffe jusqu’a la mort avec ces diamants, cette chienne de caviar! Mais il faut quelque chose d’encore plus pervers, que ma bite bande naturellement, que tu la suces divinement sur le fond de ses
souffrances et gemissements supremes. Et mutuellement, je te sucerai positivement. L’important pour nous - c’est notre pipe reciproque de classe sur le fond de zigouille royale, putain.
G a r i k. Et encore, on lui coupe les nibards et on les lui fait bouffer par morceaux en les melangeant avec les diamants, putain.
M i k i t o n. Mais t’es, Garik, completement autosadique, putain. Y en a des veines dans ses nibards, chienne - y aura du sang partout et elle va beugler. Et on a le parquet de bouleau de Carelie. Combien de fois on a lave le sang du parquet - il pourrait se deteriorer un jour a cause des abus. L’important, qu’elle chiale et gemisse, mais pas trop fort. T’as bien sur une bonne isolation ici. Mais j’ai pitie de mes tympans a cause de mon age. La derniere fois qu’on zigouillait quelqu’un - c’etait ce couple amoureux, Sveta et Pavlik - de dix-sept ans. Non - tout etait si merveilleux au niveau des impressions sado et au niveau des pipes. Mais comment ils glapissait, Garik! Ca, c’etait de trop. C’est eux qui te torturaient, putain. Ils comprenaient qu’il nous torturaient avec ce cri d’orfraie et il le faisaient consciemment, putain, avec ce glapissement de decibels au max, putain. Jusqu’a ce que je m’approche et leurs donne un coup de marteau sur la caboche. La, ils se sont tus sur le lieu. Parce qu’ils ont creve. Personnellement, on en a pas besoin - on a eu qu’une demi-heure a peine de musique sexuelle prefunebre, et c’est tout. Pour avoir des pipes a valeur requise, il nous faudrait un fond de gemissements sacrificatoires plus prolonge - 4 heures minimum pour se sucer normalement, comme des hommes.
G a r i k. 4 heures, c’est tout a fait su;sant pour se sucer comme des hommes.
M i k i t o n. Et je me repete, que si t’as pas pitie de tes tympans, soi gentil - traite mes tympans avec plus de soins. J’ai encore une vie a vivre avec mes tympans, encule.
G a r i k. Moi, personnellement, je prends le pied des decibels au max, putain. Tu pourrais, chienne, te boucher les oreilles avec cette merde qu’on vend en pharmacie - des boules qui se serrent. Sinon, t’es comme ces Allemands fascistes, putain, qui eux aussi ont invente des chambres de gaz pour ne pas s’infliger des tueries de masse.
M i k i t o n. Garik, je suis pas un doux Allemand fasciste, j’aime un son sacrificiel vivant. Mais je ne veux pas que ce glapissement de la victime soit a la limite du plaisir. On devrait avoir le kif rythmique a la vapeur. En avalant les diamants Tania Nepospelova n’a pas pousse des sons trop gutturaux?
G a r i k. Moderement, en s’etouffant - juste ce qu’il fallait.
M i k i t o n. C’est bien ca - c’est ce que j’apprecie et respecte. Tu te rappelles comment on zigouillait ce type, le punk rocker tatoue avec une crete sur la caboche.
G a r i k. On lui enlevait le crete comme un scalpe. Et on lui a creve l’;il droit, putain, en le forcant de l’avaler avec du champagne.
M i k i t o n. On lui a laisse le gauche comme a un cyclope, chienne. Sinon, il souffrait moins si il voyait que dalle autour.
G a r i k. Et on lui a enfonce une queue de billard dans le cul. D’ailleurs, c’est toi, Miki, qui lui as foutu cette queue de billard comme un pieu d’Ivan le Terrible. C’est parce qu’il voulait pas te sucer la bite. Et toi, pour te venger et pour lui
faire peur - une queue de billard droit au cul. C’etait un chef- d’;uvre - de l’embrocher avec une queue rugueuse. J’ai recemment revu l’enregistrement - c’etait notre chef- d’;uvre absolu. Si y avaient des festivals de cinema de ce genre, on serait prise d'une Palme d’Or, putain. Je te garantis.
M i k i t o n. Sois prudent avec nos cinemas de ce genre. Ce sont des docs, encule. C’est la peine capitale, et puis, on te demande pas combien de millions t’en as. Tout sera a eux. Bon, on te donnera la perpete. Apres, une injection medicale penitentiaire d’un poison du genre polonium et une croix sans nom, putain, deux semaines apres sur ta tombe - que tu geles ta bite pour toujours, encule.
G a r i k. Mais, putain, Miki - je sais pas ou je pourrais garder les pellicules de notre perpete.
M i k i t o n. Je sais, je sais - je sais tout. Simplement, c’est pas inutile de rappeler la vigilance.
G a r i k. Tu m’apprends. Tu m’apprends a sucer ta bite avec vigilance. Je sais, Miki, sucer ta bite avec vigilance, et il faut pas me l’apprendre.

Sonne le mobile de Garik.

Ah, Nastia! On attend ta chatte poilue bien mure. T’es deja dans la porte? Comment ca: Petro, les gardiens te laissent pas entrer? Mais fout un coup de genou dans le perinee a ce Petro. Passe-le moi. - Petro! Mais laisse entrer Nastia, encule. T’es completement tare ou quoi? Combien faut-il t’apprendre? Pourquoi je te paye en euros, Petro, espece de politicien malintentionne, ma bite alerte?
 

Entre Nastia.

N a s t i a. Oh, putain, les gars, vous etes tous couverts de peinture.
M i k i t o n. Putain de ta mere, c’est toi, petit chaton, qui est couverte de peinture. Jusqu’aux oreilles. Combien de couches de rouge a levre?
N a s t i a. En ce qui concerne la couche - une seule. Parce que entre les couches, y a pas d’intervalle.
G a r i k. Elle raconte des bobards comme Hammer a Trotzky.
M i k i t o n. Tu bois quelque chose?
N a s t i a. Je suis Nastia - une sportive au grand ecart, et je veux seulement baiser sainement, et pour mes ecarts, c’est pour du fric.
G a r i k. Eh ben - elle commence a gazouiller positivement la juste chanson d’orgue de barbarie. Mais t'es quoi? Est-ce qu’on t’a offense la derniere fois en ce qui est du fric? Nous aussi, on veut baiser sainement et doucement, mais non sobrement. Pourtant, on va pas te payer en argent. Pourtant, baiser gratuitement et sobrement avec une fille aussi   stupefiante   comme   toi   -   c'est   tout   betement inconvenant pour nous. Tu piges?
N a s t i a. Je comprends quand on sort de mon vagin propret et plastique, sans hymen ni poils.
M i k i t o n. Et nous alors, Nastia, quels tubes cosmiques avec des boules, si proprets et bien leches qu’on a - c’est fantastique!
N a s t i a. Je sais! Je sais! Je sais! Vous avez deja pompe tout votre sperme? Et avec quelle energie vous allez me baiser maintenant? Pour quel diable vous m’avez appelee? Je suis enceinte au deuxieme mois, probablement de vous, j’arrive ici, putain, a travers les embouteillages, putain, je me dechire au GPS de l’espace sur ma bagnole voir les garcons-pisse-en-lit qui s’etaient deja pompes.
G a r i k. Tu chantes joliment et avec de l’humour, mon oiselet. Mais si, a notre joie artistique, tu peux t’asseoir maintenant sur cette aiguille de 8 cm enfoncee dans le parquet, d’un bond et avec elan avec ta chatte denudee et sans te blesser, mon hirondelle, et si cette aiguille s’enfonce pas en toi quelque part et il y aura pas de sang sur la serviette (il enfile une serviette blanche sur l’aiguille qui sort du parquet) - t’auras un million entier des dollars authentiques. Et l’aiguille est inoxydable et elastique.

Il ouvre le co;re-fort et sort un million de dollars.

N a s t i a (en reniflant l’argent). Ces dollars, ca sent la verdure.
G a r i k. Et l’aiguille brille et reflete si joliment sur le parquet.
N a s t i a. Mais attendez, comment ca - m’asseoir avec mon hymen au grand ecart avec elan sur une aiguille de 8 cm?
M i k i t o n. Legerement, comme un brin de duvet, petit oiseau. L’important, c’est de ne pas te blesser, Nastia. Je me repete. C’est seulement a cette condition qu’on te paye du fric pour ce chef-d’;uvre cosmique d’hymen- atterrissage!
N a s t i a. Quoi, c’est une blague, les gars?
M i k i t o n. Mais tu nous connais, Nastia. On est des oligarques pede bissexuels pervers et cultives. Toutes nos blagues, c’est de la veritable verite de nos milliards de dollars, qu’on paye en partie, si de bonnes filles et de bons garcons peuvent nous contenter avec leur innocence fougueuse. C’est comme tu veux - c’est ton choix. Tu peux retourner chez toi - dans ton HLM sans le fric. Et on s’oublie mutuellement   pour   toujours.   On   va   appeler   en   deux secondes quelqu’un a ta place qu’elle saute sur l’aiguille au grand ecart pour un million. Tu nous crois pas?
N a s t i a. Et je percerai pas l’enfant qui est en moi?
M i k i t o n. L’aiguille est de huit centimetres. Mais t’es venue pour t’empaler sur ma bite qui est quatre fois plus longue!
N a s t i a. On s’ennuie pas avec vous.
 G a r i k. On se marre bien avec nous.
M i k i t o n. Tout le monde le dit.
N a s t i a. Du bateau ou les matelots m’ont baisee comme des matelots, je tombe dans le bal des pedales.
G a r i k. T’es amusante et sais raconter des blagues.
N a s t i a. Garik, je suis pas une fille mechante, tu me connais. Je l’ai dit pour m’encourager - je peux donc plaisanter? A partir d’ou je dois prendre mon elan toute nue?
M i k i t o n. Du mur lateral.
N a s t i a. Eh bien, especes de chiennes, tenez-vous. (Elle se deshabille et s’ecarte vers le mur lateral.)
M i k i t o n. Qu’est-ce tu hesites? Vas-y. Voici le fric, il est deja a toi.
N a s t i a. Du calme, les gars, du calme. C’est la premiere fois que je m’empale sur une aiguille au grand ecart pour du fric. Du calme. (Elle prend son elan et d’un bond atterrit au grand ecart sur l’aiguille.) Aaah!!!
G a r i k. Quel kif qu’elle prend en sautant, chienne. Et t’as pas mal?
M i k i t o n. Elle kiffe pour de bon. Tu vois comme elle sourit de bonheur. Quel chapeau a toi, Nastia. Comment tu sens l’aiguille, doucement? Elle s’enfonce pas dans l’hymen, aucun coup de corne? Alors, sors de l’aiguille - on va voir si y a du sang sur la serviette.

Nastia sort de l’aiguille.

M i k i t o n (en ramassant la serviette). S’est ca, t’as rate d’un peu ton coup, fillette. Le sang de l’aiguille, putain, le voila sur la serviette.
G a r i k. C’est peut-etre des menstrues?
M i k i t o n. Mais quelles menstrues? - elle est enceinte, encule!
N a s t i a. Je suis la un peu hebetee avec vous.
G a r i k. Attends, tant que t’es pas devenue completement folle.
M i k i t o n. Tu vas bouffer maintenant les diamants - la, tu deviens vraiment folle. On va te nourrir maintenant avec de l’energie diamantaire, baby. Et nous, on se suce en se remontant etc. et on kiffe. Les diamants, c’est les meilleurs amis des filles.

Il verse un monticule de diamant sur la table.
 
N a s t i a. Pour ce monticule on baisera pour de vrai. Il sont vrais?
M i k i t o n. C’est vexant. Tu peux les lecher d’abord.
N a s t i a (elle les goute). C’est comme du verre, et y en a combien de carats?
G a r i k. Un peu moins que le Sansy, qui etait achete par Demidov.
N a s t i a. Et celui-ci, combien exactement?
G a r i k. Que ton estomac te reponde combien de carats y en a. Vas-y, avale le diamant, chienne, on s’envoie dans le cosmos, Terechkova, putain.
N a s t i a. Que je l’avale comment?
M i k i t o n. Par la gueule.
N a s t i a. Je suis quoi, completement taree? Que j’avale du verre? T’as quoi, Miki? J’ai pas signe pour bouffer de ce verre de merde.
G a r i k. On a signe nous-memes pour bouffer ce verre de merde. Excuse-nous. T’as perdu avec cette aiguille, petite conne, et pas seulement un million. Tu t’es perdue toute entiere avec cette aiguille, chienne!
N a s t i a. Quoi?
M i k i t o n. C’est fini, chienne de chatte Mania - t’es a l’echafaud de Roubliovka. Y a pas de temps pour miauler des discours justificatifs. Nous, espece de chienne, on a besoin de se faire la pipe au plus vite, en regardant ta mort de ces diamants celestes, vile creature! Vas-y, Garik, aide- moi!
 
Mikiton et Garik sort un rasoir de non-surete, des menottes et attache une main de Nastia a son pied.

Comme ca tu pourras pas t’echapper, putain, gymnaste au grand ecart. Avale les diamants, salope! Si tu veux vivre encore un peu. Sinon je te donne un coup de rasoir sur le cou. Tu me connais, espece de chienne!
N a s t i a (avale un diamant). Apparemment, je l’ai avale effectivement. Mais vous etes quoi ici - des schizopedes completement tares? Vous avez completement perdu les boules? Je vais vraiment crever.
G a r i k. C’est ce qu’on veut, Nastia. Voila, fais passer avec un coup de whisky, au plaisir. (Il lui verse du whisky, Nastia le fait passer.) C’est bon?
N a s t i a. C’est pas bon. Pourquoi vous voulez que je creve?
M i k i t o n. Je le repete pour des gonzesses debiles, putain. C’est pour kiffer comme des hommes, en se faisant la pipe, encule. Alors, quelles sont tes sensations?
N a s t i a. Personnellement, j’ai des sensations merdiques, pas du tout comme votre kif des pipes.
G a r i k. Tu souffre un peu de l’;sophage a cause des diamants?
N a s t i a. Je souffre beaucoup. Je dois avaler ces diamants pour que quand vous allez me baiser a travers la bouche jusqu’a l’estomac - vos glands se frottent contre quelque chose de dur, pour un kif maxi?
M i k i t o n. Oho! Tu reflechis et raisonnes dans la bonne direction perverse a notre echelle, putain. Vas-y, continue a avaler les diamants, encule.
N a s t i a. Et ils vont bien sortir du cul apres?
G a r i k. Alors, c’est la troisieme fois qu’on l’explique a une gonzesse debile - ces diamants, c’est pas pour qu’ils sortent du cul. On te fait nourrir avec des diamants non pas pour que tu les chies apres et que tu deviennes millionnaire a notre joie commune de connards. Tu va les avaler jusqu’a ce que tu creves ici concretement en nature, putain. Et Miki et moi, on va se pomper mutuellement en se passant de tes pipes, en se remontant impetueusement et en observant ta mort douloureuse a cause des diamants avales. Tu piges, connasse? Suis-je bien intelligible?
M i k i t o n. Elle nous emmerde reellement avec ses questions debiles. Avale et tais-toi, chienne, et vie encore un peu. Sinon, on te coupe la tete avec ce rasoir de rage. Alors, c’est sur que tu n’avaleras pas les diamants et creveras ici en nature sur le moment.
N a s t i a. Et si j’avale les diamants - pourquoi vous allez sucer vos?…
M i k i t o n. Mais t’es vraiment con a 100%, putain, fillette prostituee non-moscovite.
N a s t i a. Je viens de l’Oural, fillette prostituee! Et sur le fond de mes pattes rejetees, vous allez vous sucer vos saucisses pendantes? Ou suis-je, putain?
G a r i k. Les pattes rejetees, des saucisses pendantes. Mais quelles paroles appetissantes et delicieuses qu’elle utilise, dans cet etat! C’est plus chaud! T’es tombee sur notre safari de label de Roubliovka, putain! T’es tombee dans le tuyau de pipe, putain, d’ou pour toi, fillette, y a aucune sortie dans ce monde, encule! Et uniquement par l’estime de ton hymen d’Oural appetissant au grand risque,
je te repete que si tu te conduis bien en glapissant moderement, comme Mikiton aime pas quand on glapisse trop fort, a la quatrieme heure de tes tourments, apres qu’on aurait joui huit fois de suite, et on en aura pas besoin d’avantage, - je t’ouvre la gorge, et tu arretes de souffrir, encule. Vas-y, commence a avaler ce tas de diamants sans piauler. (Il lui fourre de force les diamants dans la bouche, elle les avale.)
N a s t i a. J’ai mal au ventre!!! Il y a votre enfant la-dedans!
M i k i t o n. C’est tres bien, c’est original que tu rejettes les pattes avec notre caviar d’enfant, putain.  C’est bien,  continues a gueuler comme ca, mais pas trop fort. Vas-y,  Garik, suce-moi la bite - le temps passe, le temps limite de la vie zigouillee de Nastia.

Garik fait la pipe a Mikiton.

N a s t i a. Especes de pervers! Sales pedales!
M i k i t o n. Vas-y, vas-y comme ca - insulte-nous, putain! Oh, Garik. Vas-y plus activement avec ta langue sur le col du gland! N’oublie pas que sur le col du gland y a tout mon bonheur draconien plein d’amour, putain!!!
N a s t i a. Peut-etre que je peux vous sucer les dragons - je veux pas avaler les diamants. J’ai trop mal au ventre - j’ai donc un enfant qui y grandit et l’un de vous deux est surement son papa.
G a r i k. Et tu sais qui est concretement le papa de ton petit?
N a s t i a. Je sais pas, j’ai mal au ventre.
M i k i t o n. Et si tu sais pas, chienne, avale alors les diamants. Il vont te sou;er qui est son papa! (Il fourre une poignee de diamants dans la bouche de Nastia.) Les diamants ameliorent le systeme hormonal et cerebral!
N a s t i a. Mais j’ai trop mal au ventre!
M i k i t o n. Oh! Comme elle gueule bien en panique moderee. Une glapisseuse de fond de classe pour notre safari sacrificiel au son vif, putain. Laisse-moi, Garik, te faire la pipe maintenant. (Il fait la pipe a Garik.)
N a s t i a. Je ne veux pas mourir!!!
M i k i t o n. Personne ne veux mourir, baby!!! Si tout le monde voulait mourir - la vie n’aurait aucun interet!!!
N a s t i a. Vous n’aurez pas le temps de jouir trois fois avant que je meure, putain!!!
M i k i t o n. Bien sur qu’on aura le temps, ma fille, ma bonne - c’est pas la premiere fois qu’on se remonte comme ca - t’inquiete, nique ta mere. Pense a ton ventre rempli de diamants - tu va rester quatre heures une chienne millionnaire a-la khalife, putain. Les amis des femmes, c’est les diamants - en quatre heures, tous les reves de ta vie perdue seront exauces, putain.
N a s t i a. Pas la premiere fois? Et qui avant a avale des diamants comme ca jusqu’a la mort?
G a r i k. C’etait ta Tania Nepospelova, en Siberie, chez mes compagnons petroliers. T’as eu donc une amie Tania Nepospelova?
N a s t i a. J’ai bien eu une amie Tania Nepospelova. C’est moi qui vous ai fait connaitre, Garik, espece de pedale!
G a r i k. C’est bien ca. Et bien, tous ces diamants, on les a etripes de son estomac, quand tous nos freres siberiens
s’etaient suces les bites dix fois de suite, avant qu’elle rejette, comme tu dis, ses pattes en six heures.
N a s t i a. Tous ces diamants viennent de l’estomac cadaverique de Tania?
G a r i k. De son estomac cadaverique, naturellement. Qu’est-ce qui peut arriver aux diamants? La, tu prononce correctement des mots populaires.

Nastia vomit sur le sol tous les diamants avales.

M i k i t o n. Putain de merde! Elle a degueule tous les diamants, cette chienne!
N a s t i a. Ca veut dire que mon organisme delicat ne supporte pas les diamants cadaveriques, putain.
G a r i k. Qu’est-ce tu fous, espece de pute - j’ai ma bite qui debande a cause de ton vomi.
M i k i t o n. Et la mienne aussi - elle pend sur le sol. On arrive avec toi a une connerie diamantaire et degueue, Nastia. Pour quelle connerie, Garik, tu lui as dit que vous avez etripe ces diamants de l’estomac de Tania Nepospelova?
G a r i k. Et ben, c’est toujours de ma faute, putain.
 N a s t i a. Vous etes quoi, des assassins?
G a r i k. La, tu nous insultes. On est des killers, des pros - des canons optiques, des chiens de fusil. On a commence par la - fendre du fric a Roubliovka, ma petite. Elle nous insulte, cette insultrice!
M i k i t o n. Mais comment ne pas t’insulter, Garik? Bien sur que tu sais sucer la bite comme un maitre, mais dans la vie t’es qu’un connard fini. Tu sais pas ce qu’on peut dire a une
gonzesse quand elle avale des diamants pour sa mort, putain.
G a r i k. Mais qu’elle avale ces diamants pour la deuxieme fois et qu’elle souffre encore. Elle a plus de bouffe dans l’estomac - ca sera pas possible qu’elle degueule encore les diamants avec du jus gastrique et ils vont rester dans son estomac.
N a s t i a. Mais si j’avale les diamants degueules - je jure sur ma tombe - je vais les degueuler sur votre parquet avec du jus gastrique seul, putain. Je le jure sur ma tombe - je repond pour moi et mon estomac.
G a r i k. Merci pour l’avoir dit. T’es une chienne bien elevee et prevenante en ce qui concerne cette question. Et nous, on va les laver pour toi dans du Chanel N°5, Nastia. (Il appelle sur le mobile.) Petro, putain! Apporte-nous un seau d’eau et un torchon. Et un flacon de Chanel N°5. En un tour. Un pied ici, un autre la. C’est ca - comme un demembre, encule.
N a s t i a. Quoi? Vous demembrez aussi des corps humains?
M i k i t o n. Mais on est des pros de la zigouille, baby - on demembrait des corps avant, on les demembre maintenant et on va les demembrer toujours! C’etait ma profession, ta mere, pendant des annees! Mon business dans le petrole, et celui de Garik, dans le gaz a commence quand on etait des tueurs a gage. Et maintenant on peut plus s’arreter a zigouiller. L’organisme est habitue - c’est un reflexe conditionne-inconditionne. Tu piges un peu en psychologie? T’as lu Freud-le-Fou ou Pavlov?
N a s t i a. J’ai lu.
M i k i t o n. Nous aussi, on est des gens avec des reflexes humains conditionnes, putain.
G a r i k. Mais on prend plus de fric pour cette zigouille conditionnee - on zigouille pour une zigouille propre, comme un theme de l’art pur - pour se calmer les nerfs et charger le corps d’adrenaline zigouilleur, encule.
N a s t i a. Vous zigouillez en se faisant la pipe?
M i k i t o n. Et comment vivre autrement? C’est pour produire plus d’adrenaline dans le sang. On se suce nos saucisses et les boules parce que c’est une necessite vitale
- autrement, c’est la mort pour nous, putain. Si on ne zigouille pas - c’est aussi la mort pour nous, putain - a cause des nerfs insatisfaits de zigouille, encule. Un cercle vicieux. La fin finale. La mort rode tout autour, putain. Mais vous, les gonzesses, vous multipliez la mort, chiennes, a travers vos batards a chier, en plus sans savoir qui est leur papa, encule.
N a s t i a. Quoi? Avec vous, sorte de pedes, on devient dingue.
G a r i k. Maintenant, tout le monde devient pede, Nastia. Les uns, actifs, les autres, passifs. Dehors, c’est la democratie et la liberte, putain. Tous autour tournent et se penetrent comme des animaux pedes. Et toi? Les jambes au grand ecart et en marche pour baiser tout le monde en roue - t’as a peine le temps de remonter ta bite. Mais l’aiguille, tu l’as ratee, et maintenant tu va repondre et nous payer, pedes actifs, de ta vie, parce que, t’as pas eu, espece de chienne, cette aiguille tout en voulant recevoir un million.
 
Entre Petro avec un flacon de Chanel, un seau et un torchon.

P e t r o. De l’eau, du Chanel et un torchon imbibe d’eau sont livres, camarade general.
G a r i k. Parce que notre fillette Nastia a gerbe les diamants
- essuie la gerbe, Petro. Tu peux prendre deux diamants pour ton boulot. Mais les autres, tu les rinces et les ramenes dans une soucoupe. Et tu les parfumes avec du Chanel N°5.
 P e t r o. Ce qui est dit, est fait. (Il commence a essuyer le vomi.)
G a r i k (a Nastia). Tu aime le parfum Chanel N°5?
N a s t i a. Je gerbe apres le Chanel N°5 dix fois plus vite qu’apres les diamants.
M i k i t o n. Et c’est apres quelle substance dans la nature que tu gerbes pas?
N a s t i a. Je gerbe pas apres la substance du vrai sperme masculin. Je ne gerbe pas apres le parfum de ton sperme, Garik. Apres le parfum du sperme de Mikiton, je gerbe pas non plus. Vous le savez parfaitement.
M i k i t o n. C’est clair et net. Voila quel poisson on a attrape a l’hamecon, chienne! Mais ou on peut prendre autant de sperme gratuit pour tes diamants gerbes que tu les avales normalement? Nous, on avale notre sperme nous-memes - on a besoin de notre sperme naturel comme d’une drogue. C’est pour ca qu’on se suce nos bites reciproquement. On trouve le temps pour se voir ici comme des humains une fois par semaine.
N a s t i a. Y a trois mois, vous m’avez juste baisee et je vous faisait merveilleusement la pipe. Vous ne vous plaigniez pas, mais gemissiez d’adrenaline avec joie.
G a r i k. Mais s’etait il y a trois mois, Nastia! C’etait un jeu d’initiation avec toi. On se familiarisait. Maintenant, le temps est passe, la chaine est enclenchee, le compteur de la zigouille est lance a la bobine finale, putain. T’as un enfant- caviar. Peut-etre bien que ce caviar est notre. Et avec notre caviar, les filles vont maintenant avaler seulement des diamants vite et irrevocablement, en crevant, en glapissant, et nous, on va se sucer nos tresors en regardant ces torsions bien meritees. D’autant plus, quand les filles ne savent pas de qui elles tiennent ce caviar - il y a une raison de les zigouiller. Voila quelles sont nos intentions et nos plans epoustouflants en ce qui concerne ce thematique. Et plus de bazar. Et ne nous baise plus la cervelle, connasse.
M i k i t o n. Peut-etre que le sperme de Petro peut lui servir, comme une sauce aux diamants? Petro, viens ici. Nastia, arrete de faire la debile et palpe la bite de Petro.
N a s t i a (palpe la bite de Petro). Mais il ne bande pas.
P e t r o. Attention! Ma bite ne bande jamais pour les filles. (Il s’ecarte des mains de Nastia.) Je ne bande que quand un mec mature me la fout dans le cul. Ou encore mieux quand j’encule des chevaux. Si vous permettez, je pourrais vous la mettre aussi. (Il met sa main sur l’epaule de Mikiton.)
G a r i k. Voila encore un pervers animalier - et encore dans notre garde! Petro, touche pas a notre Mikiton. Mikiton n'est pas un cheval, putain! Je t’es deja permis une fois de m’enfoncer ta bite dans le cul! Apres cette incarnation altruiste de ta bite dans mon cul, j’ai pas pu travailler
pendant six mois. Je ne pouvais pas sortir tout simplement. Pendant six mois, je suis reste a plat. J’ai pas gagne vingt cinq millions de dollars, putain. Cette incarnation de ta bite dans mon cul m’a coute trop cher, Petro!!! Tu encules mes chevaux dans mon ecurie - tu peux toujours les enculer!
M i k i t o n. Peut-etre qu’il pourrait enculer cette chienne de Nastia, putain? Peut-etre qu’elle pourrait en crever, et pendant qu’elle gemisse et creve de cette incarnation mortelle - on va se sucer mutuellement nos supports a la merveille.
P e t r o. Mais ma bite ne peut pas bander sur un cul de gonzesse, les gars - meme a cote du cul, chaque gonzesse a cette puanteur clitorale qui sort. Et a cause des chattes poilues de gonzesse, j’ai des syncopes et attaques cardiaques, et je peux crever, les gars, putain. Je veux vivre, les gars, dans votre garde de generaux, d’autant plus, pour les euros natifs, encule.
M i k i t o n. Pour toi, on va bourrer son vagin de cette nappe de table.
P e t r o. Et si elle s’en echappe, cette nappe? Si j’encule cette chienne - n’importe quelle nappe s’en echappe. Je veux pas prendre le risque, les gars. Je veux vivre encore, mes freres, putain, je vous le dis precisement, sans facon.
M i k i t o n. Mais peut-etre que Petro peut bien m’enculer un peu avec sa bite? Hein? Ca fait longtemps que j’observe ton garde-corps magicien, Garik. J’ai le droit de risquer mon anus, Garik, en fin de compte! Excuse-moi, Garik! Tu aimes donc l’expression “faire la queue”. En vue de Petro, j’ai de l’estime pour ce mot apres toi.
G a r i k. Apres moi, tu veux toi aussi risquer ton seul cul de pede avec Petro, Miki, putain?! En plus, t’as un cul etroit! Quand je te fourre avec effort ma bite d’un millimetre dans ton cul - tu faillis mourir de douleur, encule. Et si Petro te fout sa bite de cheval sous le coccyx - tu peux mourir en une seconde, tu marchera tout droit dans l’enfer, putain. Et t'aura directement ta bite gelee de reve dans le cercueil. Encore l’annee derniere, je me souviens, t’as mis les tentacules de ton ;il sur Petro - et alors, je t’ai tout explique en ce qui le concerne. T’as la sclerose en plaques dans ta caboche de chene, ou quoi?
M i k i t o n. Et si j’utilise de la vaseline?
G a r i k. C’est apres les States que t’es devenu schizo, avec le sperme des negres, putain? Si tu ne creves pas sur place - tu passeras cinq ans sur le ventre, je te garantis. Tu va perdre tous tes millions. En six mois d’hospitalisation qui ont suivi la baise avec Petro, mes compagnons m’ont failli couper du gazoduc, je suis sincere. Et toi, tes copains de l’oleoduc tels ours bruns de la taiga vont t’enterrer dans une taniere, putain. Moi, je sais quelle sorte de safari de tempete de neige extraordinaire qu’ils font dans tes tempetes de la taiga, tu peux me croire sur parole, ton ami pede sincere.
M i k i t o n. Non, non - t’as bien raison, Garik, putain. Je vais attendre pour risquer mon anus. Mais qu’est-ce qu’on fait avec Nastia? Ou on va prendre du sperme pour elle?
G a r i k. Quoi faire? Je sais pas moi-meme quoi faire avec elle, putain. Si on appelait la banque de sperme gele? Ils te livrent en une heure n’importe quel sperme, meme de Michael Jackson! Bien sur que ca va nous couter.
 
N a s t i a. Je gerbe encore plus vite a cause du speme gele que du Chanel - la, je gerbe sur le coup, je vous jure.
M i k i t o n. Mais quelle fille gourmette honnete et malsaine qui nous tombe!
G a r i k. Et si on attrape dans la rue n’importe quel type qu’il baise une fille de classe pour 100 dollars - n’importe qui serait meme d’accord de le faire gratos! Ici, on aura tout de suite une fontaine de Versailles de sperme.
M i k i t o n. Mais ou t’as vu des rues ici, a Roubliovka? Ici, putain, y a que des bandits millionnaires qui conduisent des Mercedes comme des chars. Nastia, elle beugle apres et ces pedes d’oligarques se rassemblent pour me zigouiller et me font avaler les diamants. Elle nous vendra sur place, garcons oligarques, encule.
N a s t i a. Je vous vendrai a coup sur, putain, oligarques pedes d’alligators.
M i k i t o n. Tu vois, qu’elles sont toutes devenues des filles indics, encule.
G a r i k. Mais qu’est-ce qu’on peut faire, Miki, nom de chien? Vas-y, suce-moi juste comme ca, fais-moi une pipe banale. Sans le fond mortel de cette chienne, cette aide- gerbe qui peut pas crever des diamant, meme si elle le veut bien. Je t’ai deja un peu suce. Moi aussi, je meurt d’envie de te sucer.
M i k i t o n. Vas-y, vas-y. Seulement, t’enerve pas trop. (Il lui fait la pipe.) Je sais pas, mais elle bande pas ta bite.
G a r i k. Putain, j’ai tellement envie qu’on se fasse la pipe, encule. S’est parce que cette Nastia-la-Gerbe nous casse les nerfs et la fete, au lieu d’aider les gens d’une facon honnete et sincere quand elle doit crever ici de toute facon -
voila qu’elle couvre de gerbe tout le living de notre villa a plusieurs millions! Est-ce que tu sais, espece de chienne, quel parquet t’as couvert de gerbe? C’est un parquet de bouleau de Carelie, espece de chienne au grand ecart!
N a s t i a. Mais vous, pedes, vous etes quand meme des mecs - j’ai un hymen si joliment dechiree, tout lisse, bien rase, et un cul sans aucune cellulite. Vous m’avez deja baisee avec plaisir, baisez-moi encore, je vous demande pas d’argent. Et apres relachez-moi gentiment. Apres, je viendrai gentiment et gratos chaque fois sur un coup de fil pour baiser et sans caviar. Ce bebe-caviar, je le decouperai par avortement.
M i k i t o n. Elle le decoupera par avortement, vois-tu! Si tu est tellement honnete, tais-toi et arrete de papoter quand on te demande pas, putain!
G a r i k. Et va avec ton hymen dechire et ton cul sans cellulite tu sais ou, chienne, putain.
N a s t i a. Ou ca?
G a r i k. Va sous ton clitoris, chienne, encule. Si tu sors d’ici
- tu nous denonces au premier flic.
N a s t i a. Et meme si je vous denonce - qui va me croire?
M i k i t o n. Et bien, c’est fini, tais-toi, chienne, avec tes p r o p o s i t i o n s i r r e a l i s t e s . O n v a t e  z i g o u i l l e r    professionnellement avec un rasoir, c’est tout, putain.   Combien de temps on a deja tue pour toi, espece de chienne?
P e t r o. Vous pouvez juste lui tirer dessus d’un pistolet automatique, comme vous l’avez fait avec Vera la semaine derniere. Elle gemit pendant trois heures avant de mourir. Pendant ce temps, vous avez eu le temps de vous faire la
pipe dix fois sur ce fond mortel. Et moi, je peux lui tirer du pistolet pneumatique, comme l’autre fois.
G a r i k. Aucun interet de refaire la meme chose. T'est intelligent, Petro. Hier t’as bien combine - raconte-le a Mikiton. Fais-nous de la bonne humeur.
P e t r o. Oh, hier - c’est ca! Hier, putain, c’etait a se tordre de rire. Y avait un mec, un travailleur etranger chez Roma - a la datcha d’en face. Il avait plus de sel. Il sort et frappe a notre porte, espece de frappeur. Donne-lui du sel, vois-tu. Il a plus de sel, vois-tu, a Roubliovka. Je lui parle en russe. - Y a pas de sel dans cette maison, cher travailleur etranger. Et alors, il me demande - et qui habite cette maison? Alors, je sert mon poing les doigts a l’interieur et lui donne un coup de poing dans sa gueule de travailleur qu’il tombe en se faisant mal avec sa machoire cassee sur votre sol de Roubliovka, ce travailleur etranger de cuisinier avec ses questions betes et inadequates. Qu’il comprenne, putain, malgre qu’il est travailleur etranger tout comme moi, que pour des questions du type “qui habite a une telle ou telle datcha”, on frappe sans hesitation ou au pire, on tue sur le coup. Et le maitre Roma sort apres que l’ambulance a emmene le cuisinier et me donne mille dollars parce que j’ai appris la raison de Roubliovka a son nouveau travailleur etranger de cuisinier inacheve. Pour ca, je vais tirer cette gonzesse de travailleuse etrangere de l’Oural completement sans excedents nerveux, mes freres. Je vous le dis.
G a r i k. On a plus besoin ici de tes tirs sur les filles, Petro.
Tu baise cordialement tes juments a mon ecurie - je t’ai autorise - pour le plaisir de ces juments, alors, continue a les baiser cordialement sans te faire de nerfs.
M i k i t o n. Et continue a apprendre des cuisiniers voisins avec des coups sur la gueule, comme tu sais le faire. T’as bien raconte.
N a s t i a. Vous pouvez peut-etre juste sucer la bite de Petro que son sperme gicle et me permette d’avaler les diamants?
G a r i k. Ca, c’est une idee royale, putain.   
M i k i t o n. On va faire comme ca.
N a s t i a. Oh, quelle conne que je suis d’avoir dit ca contre moi-meme! Peut-etre que vous n’allez pas me tuer finalement pour cette idee geniale, les gars?
G a r i k. Si on tue - c’est toujours finalement, baby. Et a quel diable nous servira ton idee si on te tue pas, fillette? Il su;t de reflechir logiquement, putain. T’as une cervelle, quand meme? T’etais vraiment excellente eleve?
N a s t i a. J’ai bien ete excellente eleve a l’ecole. Toujours assise au premier pupitre. Alors, je reprends mon idee, especes de pedes. Et je sort de votre classe de bandits pedes!!!
M i k i t o n. Mais enfin arrete de jaser! Qui te rendra ton idee? Voila que tu redeviens cancre naive et toquee, bien qu’excellente eleve! T’obtiens zero, putain!!! On te met zero pour ton hymen dechire qui a pas pu s’atterrir sur l’aiguille sans laisser du sang. C’est pour ca qu’on te tue comme punition. C’est clair, ca? Point, c’est tout!
G a r i k. La seule chose, je me repete, on peut t’ouvrir la gorge que tu souffre pas trop longtemps, non pas apres 4 heures, mais que Petro te donne un coup sur la tete avec quelque chose de lourd apres 3 heures et demi.
P e t r o. Naturellement, en lui donnant un coup de poing sur la tete qu’elle souffre pas trop - je donnerai une forme de cadavre commande a cette fille gentille.
N a s t i a. Et vous avez aucune pitie de moi?
G a r i k. C’est bien ca la question que nous avons bien pitie de toi, fillette, chienne. On etait des tueurs a gage pleins de morale interieure, putain de ta mere, fillette. Mais maintenant, on a plus de plaisir de savoir qu’on a humainement pitie de toi, chienne. Tu vois, comme on parle tous de l’ame sincere.
N a s t i a. C’est tres nefaste et pas bon du tout.
M i k i t o n. On le comprend et c’est pour ca qu’on se sent si bien, que s’est pas bon mais nefaste. Voila qu’elle sais nous en fait accroire, connasse morale, espece de chienne! Arrete de nous gonfler avec ta parlotte, putain! Vas-y, sort ta bite de la braguette, Petro, ou enleve completement ton pantalon, putain. Pompe-nous de ton sperme. On a deja perdu tant de temps et d’argent!

Petro sort sa bite enorme de la braguette et se branle.

C’est vrai que sa bite est comme celle d’un cheval - t’auras du mal a l’aborder de quelque part que ce soit, putain. Non
- c’est vraiment flippant, putain. Tu le prends dans la bouche, et ca sort par le cul pour respirer - et toi, t’es mort.
G a r i k. C’est ce que je disais, Miki, ta mere, - qu’il a une bite de cyclope ou de King-Kong, ce Petro, mon garde d’elite.
M i k i t o n. Mais qu’est-ce qu’on a envie, putain, de se la foutre dans le cul, cette bite de garde d’elite! Hein?
G a r i k. Je sais que t’as envie de te la foutre dans le cul. Une fois deja je suis tomber dans l’embuscade avec mon cul, putain!!! Combien de fois je devrai le repeter!
N a s t i a. Moi aussi, je veux ta bite, Petro!!! Avant la mort, au moins, un petit peu. Je peux au moins, toucher le gland de sa bite d’elite?
P e t r o. Tu peux pas, putain! Il est interdit de toucher ma bite aux gonzesses, encule - encore moins, son gland!!!
N a s t i a. Et moi, je le veux!!! Tant que je vis - je suis immortelle! (Elle s’ingenie a prendre le gland de Petro dans ses mains.)
P e t r o. A-a-ah!!! Je le disais bien qu’il est interdit aux gonzesses de toucher le gland de ma bite… La, y a ma vie… et ma mort… (Il tombe et meurt.)
M i k i t o n. Mais quelle merde qu’elle a foutu, cette vivace immortelle. Quel King-Kong t’as fait croule… gele… notre commandant principal…
N a s t i a. Je l’ai saisi tres doucement au gland de la bite. Parole d’excellente eleve!
G a r i k. Comment tu l’as saisi tres doucement au gland de la bite? Il respire plus avec sa tete d’homme, ou il a sa bouche et son nez.
N a s t i a (en se penchant sur la poitrine de Petro, tombe pres d’elle, elle ecoute). C’est ca - ses poumons respirent plus. C’est pour ca qu’il respire pas avec sa tete.
M i k i t o n. Ses poumons respirent plus - c’est pour ca qu’il respire plus avec sa tete ou il a sa bouche et son nez… Voici comment cette chienne sais habilement parler par sa logique viperine de gonzesse. Elle a zigouille Petro avec ses doigts delicats en saisissant le gland de sa bite geante,
putain! T’imagines, putain - c’est une merdouille de gonzesse naturelle!
G a r i k. Personne pouvait zigouiller mon Petro, putain - il zigouillait lui-meme quiconque a notre joie a Roubliovka, putain! Il enculait mes chevaux de race et apres ses enculades, ils gagnaient pour nous des millions a toutes les courses gouvernementales a l’hippodrome! Et cette chienne avec ses doigts manucures, vois-tu, l’a accroche doucement par le gland de sa bite, en le gelant jusqu’a la mort. Tu sais ce qu’il faudrait faire maintenant avec toi, chienne? De la viande hachee, juste de la farce!!! Pour en faire des boulettes!!! Des boulettes a jeter aux chiens de la decharge! Tu iras lentement au hache-viande sous la scie pour le bois de cheminee, un millimetre par heure, en commencant par les doigts griffus de tes mains douces. Si seulement tu savais, espece de chienne, combien il m’a coute, mon Petro?!!
N a s t i a. Je ne voulais pas, je savais pas! Je m’excuse sincerement et cordialement. Pardonnez-moi.
G a r i k. Elle voulait pas. Tu le voulais beaucoup trop, chienne!!! C’est encore rien - de te passer au hache-viande pour de la farce! Je voudrais que cette chienne juste disparaisse, qu’elle s’evapore de la Terre et point c’est tout, putain, Miki!
M i k i t o n. Il te reste de l’acide chlorhydrique? On pourrait la dissoudre comme ces cinq travailleurs etrangers du sud aux grands nez. On a recu un million de dollars pour chacun a l’aube de notre jeunesse de tueurs de gage, encule.
G a r i k. Mais qu’est-ce qu’on a peine avec des bocaux de l’acide! On etait encore des tueurs pauvres, putain. Pour ce
fait, il faudrait juste la noyer dans une fosse d’aisance sous dix metres de merde, c’est tout.
M i k i t o n. T’as ici a la datcha une fosse d’aisance de dix metres de merde?
G a r i k. Malheureusement, j’ai pas ici a la datcha une fosse de dix metres de merde. C’est une datcha civilisee - pour dix millions de dollars. Je ne tiens pas de fosse d’aisance. J’ai des installations sanitaires de ville ici.
N a s t i a. Je vais me pendre toute seule ici a cause de vos bazars d’aisance et orduriers, putain. Je viens honnetement a Roubliovka pour baiser pour des dollars - comme une pute ouverte de label, agreable, excellente, sympathique et vierge a cause de votre vie de pedes accomplie. Et on me jette d’abords sur cette aiguille de fer, et maintenant, a avaler les diamants. Et lui, il commence deja a sentir le cadavre, votre Petro d’elite.
M i k i t o n. C’est vrai - il commence a puer trop tot.
G a r i k. C’est parce qu’il a un organisme follement etrange habitue juste a enculer quelqu’un et apres a se reposer avec mollesse sur la plage, ou au pire, a zigouiller quelqu’un avec son revolver. Il enculait des chevaux et apres des mecs dans l’anus, putain. Et a cause des griffes manucures d’une gonzesse schizo, eleve excellente de pute - il tombe raide sur le sol, putain, et il creve. Elle a zigouille mon commandant principal, chienne. Il nous protegeait ici de tous les bandits, putain. Il zigouiller tout le monde pour nous ici - et il zigouillait avec resignation, comme un chef de file. Avec ses griffes osseuses, tendres et miniatures de gonzesse, elle transforme un mec enorme, muscle, a sang
chaud, putain - en viande froide cadaverique, putain. Je le croirais jamais si c’etait pas un fait, encule.
N a s t i a. Mais prenez-moi au service, dans votre garde a sa place. Je vais aussi zigouiller tous le monde pour vous avec mes griffes osseuses, putain, je peux zigouiller par le gland de la bite et meme a travers le pantalon.
M i k i t o n. Avec tes griffes, c’est Petro seul que t’as pu zigouiller, chienne, putain, par sa bite nue! Ferme-la, connasse! Sinon je te casse la gueule, putain!
N a s t i a. Si on pouvait pas te casser la gueule a toi, putain!!! (D’un seul mouvement, elle dechire les menottes d’acier, arrache a Garik le rasoir de non-surete, attrape Mikiton par le penis a travers le pantalon et l’arrache avec ses couilles.) Voila a quelle vitesse je sais arracher les bites avec les couilles aux killers pedes goujats, encule!
M i k i t o n. Rends-moi ma bite, espece de chienne! Seigneur…
N a s t i a. Etouffe-toi, connard, avec ta bite inutile - seulement, ne gerbe pas toi-meme sur le parquet avec ta morve sanglante, espece de pede puant, encule! (Elle lui rend son penis et les couilles.) Et ne jette pas partout ici tes bites sanglantes sur le parquet.
M i k i t o n. Non!!! Mi… - non. A moi… la fin… (Il tombe et meurt.)
G a r i k. En voila des requins de requetes! (Il se protege l’aine avec les mains comme un footballeur.)
N a s t i a. Alors - ca t’a plu? Je peux aussi transformer ta bite en un segment d’un tuyau de gaz et d'oxygene. Tu croyais que c’etait vous qui preniez pied avec le sex sadique ou autre chose? Oh, mon Garik pede si naif. Ou est
maintenant ton Miki pompier de bites? Il se repose enlace avec sa bite toute libre. Et ou tu seras maintenant - ensemble avec lui, pompier de bites?
G a r i k. Il faut pas me couper le tuyau d’oxygene qui est dans ma bite, Nastia! Comment tu l’as fait si bien adroitement comme une jongleuse en lui arrachant sa bite et ses couilles avec tes doigts osseux manucures miniatures et feeriques? J’ai encore naturellement un tuyau de gaz expres pour toi, Nastia. Je vais rediriger sur toi tout le tuyau petrolier de Mikiton, Nastia - dans tes banques futures. Tu veux lequel des deux, putain?
N a s t i a. Je veux tout et tout de suite.
G a r i k. Eh ben… Si tu veux, pour moi, une parole de femme - c’est la loi de l’Univers. Desobeir une parole de femme - c’est comme se lester de la merde.
N a s t i a. Du verbiage primitif, decidement - dans la merde de Garik pede mourant, tueur a gage, vipere si;ante, putain.
G a r i k. Ou t’as appris cet art non-primitif - de nous arracher instantanement les bites avec les couilles? T’es pas une gymnaste specialiste des grands ecarts?
N a s t i a. Je suis karateka shitoryu, une vraie specialiste des grands ecarts, putain, Garik. Dans le karate, les grands ecarts, c’est une fiche principale.
G a r i k. Et pourquoi avant t’as jamais parle du karate shitoryu?
N a s t i a. Mais vous avez rien demande. Quand y a trois mois, j’ai fait toute nue devant vous un grand ecart - vous avez dit: oh! - quelle gymnaste! Et comme vous avez aime et m’avez donne du fric, je vous ai chante que j’etais
vraiment une gymnaste championne du monde des grands ecarts. Mais dans mon ame, j’ai pas menti. Je suis une fille honnete. Je baise en pute douce et honnete pour du fric. J’ai un hymen bien dechire, lisse et vermeil et je fais des grands ecarts en or.
G a r i k. Et un petit cul sans cellulite.
N a s t i a. Exactement, Garik. Et je gagnais pour mon hymen d’or et de diamants ce qu’il coutait.
G a r i k. Pour etre honnete, tout comme tu le dis honnetement, tu pourrais gagner plus en arrachant les couilles avec leurs bites associees. Je te propose qu’on travail comme ca ensemble dans le futur, Nastia, putain. Tous les deux, on pourrait passer au hache-viande tous les oligarques alligators de Courchevel et de Roubliovka, encule. Il y aura que nous comme oligarques dans le monde entier.
N a s t i a. Mais on travaille deja tous les deux, t’es quoi, Garik, bandit SDF d’oligarque mortel, tu te confonds devant ta mort? Je gagne deja du fric d’oligarque ici, avec toi et sur toi, comme une cavaliere. Vas-y, ecris le contrat tout de suite, tant que j’ai pas casse tes bras et j’aie pas pitie de toi. Ou quoi encore, quel papier tu sais ecrire, que la moitie de ton gazoduc de propane et de butane est dorenavant a moi, ecris-le. Et ou est ton coffre-fort?
G a r i k. La-bas.
N a s t i a. Y a des sceaux et du liquide?
G a r i k. Y en a.
N a s t i a. Sur ton cou, c’est la clef du coffre-fort? 
G a r i k. Oui.
N a s t i a (arrache la clef de son cou et ouvre le co;re-fort). C’est le Moyen-Age, putain. Il porte la clef sur son cou, sale pedale. Je l’ai deja remarque l’autre fois. Oh, et y a du liquide dans le coffre-fort, putain. Y en a combien?
G a r i k. Tout est a toi. Trois millions de dollars.
N a s t i a. Combien de vies il faut vivre pour depenser tout ca? Vas-y, gaspille pas le temps, ecris le papier, et moi, je mettrai apres le sceau en bas, ou va pavaner ta signature, putain.
G a r i k. Quel papier, que j’ecrive quoi? C’est pas si simple avec des papiers financiers juridiques d’auteur ecrits a la main, fillette - t’aura du mal a te presenter devant le notaire sans moi.
N a s t i a. Mais je suis notaire moi-meme, Garik! Qu’est-ce que j’adore ce mot intelligent, qui est celui de notaire! Qu’est-ce qu’il m’excite! Je serais connasse si j’avais pas plus de plaisir de baiser avec un homme nomme Notaire qu’avec un homme nomme Oligarque. Vas-y, ecris, et moi, je vais m’orienter apres vers quoi faire avec ces papiers ecrits. Dans quelles chiottes les chasser. (Elle frappe Garik avec son pied.) Ecris le papier, chienne!
G a r i k. J’ecris deja, putain. Mais ecrire quoi?
N a s t i a. Ecris: je, Garik un tel, apres ma mort, legue tous mes avoirs a Nastia Chokoladnaya.
G a r i k. Mais si tu me tues - t’auras que dalle - t’auras des preuves directs contre toi.
N a s t i a. Ah! Merci pour le conseil - il vaut mieux que tu ecrives toi-meme: je, Garik un tel, apres l’assassinat de Mikiton et de Petro, me suicide en avalant tous mes diamants.
G a r i k. Je vais pas avaler les diamants.
N a s t i a. Autrement, je t’arrache les couilles. Tu vas crever d’une mort plus breve mais plus douloureuse. Parce que des que tu avales les diamants, je te couperai instantanement le cou avec le rasoir, comme tu le voulais. D’autant plus que je ne peux plus rester ici parmi tous ces cadavres refroidissants et puants avec toutes ces couilles et ces bites arrachees et eparpillees partout dans le salon. Je risque de gerber encore.
G a r i k. C’est bon, Nastia. Mais ecoute, j’ai vraiment commence a t’aimer et a t’estimer, Nastia. Tu merite vraiment d’avoir gratos rien que pour toi tous mes avoirs innombrables des gazes merdeux intestinaux, putain!!! Je veux pas mourir!!! T’as aucune pitie de moi, Nastia?
N a s t i a. Je du plaisir de la pitie de te tuer, espece de pede zigouilleur. Vas-y, ecris, fils de chien. Autrement, tu mourras d’une facon primitive tres douloureuse. Tu le veux vraiment?
G a r i k. Je serais d’ accord pour vivre t res douloureusement.
N a s t i a. Mon pede, ma colombe, ecris donc. Je, Garik un tel, bien qu’un peu fou, pourtant en possession de mes facultes de puissance et de raison, apres l’assassinat de mon ami Mikiton et de mon gardien Petro, me suicide en avalant tous mes diamants.
G a r i k. Que j’ecrive de facon si rude?
N a s t i a. Que tu l’ecrives de facon si rude. T’es pas vraiment un pede toque zigouilleur absolu. Et t’ecris plus loin: Je legue tous mes avoirs a Nastia Chokoladnaya et a sa future fille Vassilissa, qui est aussi ma fille. Et tu signes.
G a r i k. Je signe. Voila. (Il lui passe le papier.)
N a s t i a. Parfait. Et le sceau de label. (Elle oppose le sceau.) Et maintenant, on accede a l’essentiel - vas-y, avale les diamants que je puisse apres sortir tous les cadavres en meme temps. Mais prend-les dans les deux mains et avale d’un coup.
G a r i k. Tu pourrais au moins les laver - ils sont tous couverts de ta gerbe.
N a s t i a. Avale-les comme ca, avec la gerbe, sale pede! (Elle le prend par l’aine.) Sinon je t’arrache la bite. Tu peux les passer avec du whisky - et ca passera. Moi, j’ai avale. (Elle prend quelques poignees de diamants couverts de gerbe du sceau ou Petro les a ramasses, les lui met dans la bouche en lui donnant du whisky.) Et voila, ca marche! C’est tout - maintenant, zigouille-toi avec le rasoir, putain - j’ai deja mal au ventre de me trouver ici avec tous ces cadavres et j’en souffre. Et je dois encore sortir ces sacs hyper lourds remplis de 4 millions de dollars. (Elle reflechit - si elle lui donne le rasoir de non-surete ou non.)
G a r i k. Je souffre enormement, putain, Nastia. A-a-ah! (Il s’etou;e et vomit tous les diamants.) Ca marche pas, Nastia. Je sais pas, mais on se ressemble par nos organismes, fillette. On pourrait peut-etre vivre ensemble et elever dans le futur notre fille Vassilissa? Je vais tout faire pour ma future fille et pour toi aussi, putain.
N a s t i a. Mais tu m’as deja tout fait, encule de monstre. Et du mal, et du bien. Et ce que tu m’aurais fait de plus - je vais y reflechir toute seule le reste de ma vie. Avec toi, je pourrais jamais y arriver - et deviendrais dingue. Meme si tu m’aimes pour de vrai et me guettes pas dans 30 minutes dans la court pour me frapper sur la tete avec quelque
 
chose de lourd. Faut pas divaguer. Detends-toi. Accepte ta mort comme un plaisir de te debarrasser de cette vie completement inutile, putain! (Elle lui donne un coup de pied au plexus et allume devant son visage le papier qu’il avait signe.)
G a r i k (en s’etou;ant). Et quel diable tu m’as fais ecrire tout ce papier juridique?
N a s t i a. C’est pas moi qui devais te lire la sentence capitale signee. Mais toi-meme, de ta propre main.
G a r i k. Mais quelle sentence de ma propre mort y avait dans ce papier?
N a s t i a. Celui que t’es dans ta vie, Garik, un pede et un connard accompli. J’ai besoin que dalle de tes tuyaux, putain, quand j’ai deja ici 4 millions de dollars en liquide. Mais quel connard que t’es, Garik! Et comme t’es un connard, Garik - j’ai absolument aucune pitie de te massacrer, tout comme Mikiton. Espece de pede de merde!!!

Elle le frappe d’un pied au cou en le cassant. Garik meurt.

Voyez-vous, ces oligarques ont completement perdu la boule! Tueurs a gage, alligators! Ils avaient l’intention de zigouiller une fille eleve excellente pour leur sucette de pipe. Connards a chier, gerbant dans le sang, SDF morveux pseudoligarques, putain! Oh! J’ai mal par tout! Il faut que je traine tous ces dollars a la maison. Heureusement, y a la voiture. Y a pas de mec qui pourrait aider une fille importunee avec ces trucs hyper lourds. Dans la vie, je vois aucun vrai mec en face. Jusqu’a ce que tu deviennes toi-
meme un mec et aimes toi-meme. Et c’est comme ca qu’arrive ce dedoublement de personnalite schizophrenique viril et narcissique, dont on peut se soigner avec de belles filles aux Caraibes. Quels vieux pedes puants! (Elle regarde le salon toute pensive, met en marche le tourne-disque avec un disque de Leonard Cohen, verse du whisky sur le parquet et incendie le salon avec un briquet et… traine de la scene les sacs avec des millions de dollars.)

O b s c u r i t e




La piece de M. Volokhov “Un Safari a Roubliovka, putain”

“…Seulement que Volokhov lui-meme est alle plus loin, au 21e siecle, vers “Un putain de safari a Roubliovka”, et cela a mon avis est deja tres serieux. Je presume que maintenant le trace “Moscou - Petouchki” a eu son prolongement - peut- etre, Petouchki - Vladimir. En premier lieu, Volokhov a une tonalite qui exclut la delectation, en second lieu, tous ces details non appetissants du sujet d’”Un putain de safari a Roubliovka” sont plutot symboliques que naturalistes, et en troisieme lieu, ils ne constituent un but et encore moins un but en soi-meme, mais seulement un moyen, permettant de parvenir au but par la plus courte voie propre a l’auteur - une sorte de carnavalisation, si vous comprenez. A propos, son but n’est pas une hallucination qui se dit catharsis pour une raison inconnue, mais une caracterisation rude, d’une grande capacite et bien ajustee, de notre folle actualite. “C’est un principe sacre - que les autres crevent, putain! Et si ils ne crevent pas tous seules, si ils ne savent pas crever - c’est qu’il faudrait les zigouiller, putain, en les ecrasant comme des punaises parasites”. “T’as pas baise avec quelqu’un qu’il fallait selon les notions admises dans l’Etat - comme consequent, tu glisse dans la merde, putain… En Russie, il faut etre un gars regulier, en particulier si tu pille des gisements entiers, egaux a trois fois l’Europe, ta mere… J’aime mon pays, je ne suis pas un dissident, putain, et je partage avec les gens de l’Etat qui m’ont aide et continuent a m’aider de le piller en douceur”. Essayer de l’exprimer autrement - vous n’obtiendrez rien, sinon un article de presse (?). Volokhov donne une image precise de la vie russe par le biais d’une pipe reciproque et multiple. Venedikt
 
[Erofeev] obtint cette effet par le biais d’une longue dipsomanie de son heros…”

Alexei Bitov


“Mikhail Volokhov m’interesse parce que si vous l’interviewer, vous ne comprendrez pas la moitie de ce qu’il dit. Ca sera un langage culturologue et philosophique tellement complique avec questionnement sur les sujets cosmiques. Meme un intellectuel avere serait embarrasse a dechiffrer tout ses symboles. Volokhov est une sorte de Joice embulant, vivant parmi les vivants. Ensuite, vous ouvrez la piece, et dans cette piece de Volokhov commence a parler notre peuple Russe, qu’il connait bien, par un langage de la rue, rude et vulgaire, ordurier et underground. Tournait-il lui-meme parmi les personnages de sa piece “Et a Paris”, voyageait-il avec eux sur les toits des trains a marchandises, ou bien faisait-il la prison avec eux… J’ai aussi vu un spectacle epoustouflant mis sur sa piece “Des lesbiennes au bruit d’un tsunami” avec les costumes de Viatcheslav Zaitsev. Je ne comprends pas comment peut-on connaitre ainsi notre rue de l’interieur jusqu’aux moindres details. Parce que la Russie d’aujourd’hui est celle de la rue. L’intelligentsia n’a plus aucune importance. Elle est tout simplement zero. Et si un intellectuel comme Volokhov se prend a ce qui est ordurier, c’est qu’il peut faire comprendre ce qu’un intellectuel pense vraiment de la Russie d’aujourd’hui, et ce que la Russie pense d’elle meme. Apparemment, on y arrive pas autrement. Et sur ce plan, Volokhov a atteint une forme scandaleuse et parfaitement metaphorique.
 
Pour moi, Volokhov est tout d’abord un artiste qui a un talent de vivre et de creer, bien qu’il vit les mauvais jours. Aujourd’hui, c’est le temps des mauvais jours, quand ce n’est branche de vivre, de creer et de subir des passions. Point d’argent, ni de rien. Quand le theatre ne peut reprendre ses sens et se mettre a dire la verite. Et le postmodernisme socialement rude, du genre Pelevin, nous emmerde quelque peu. On voudrait un peu de conservatisme et de vrai grand art. Et Volokhov s’obstine a creer un vrai art. Un autre se briserait deja en ecrivant quelque chose de plus simple, de plus intellectuel pour passer a travers. Mais Volokhov ne s’efforce pas pour passer a travers le chas d’aiguille. D’une facon ou d’une autre. En passant ou en lechant. Non! Il y a quelque chose de sincere, comme un nerf d’un vrai artiste qui maitrise la parole en filigrane.

Volokhov est un dramaturge excellent et original. Ce n’est pas sans raison qu’Ionesco s’en extasie. L’erotisme et le vocabulaire obscene de ses pieces ne sont pas la pour epater, mais pour secouer d’une facon dramatique nos emotions et nos sens engraisses.

J’ai aussi des amis qui ont lu la piece “Un putain de safari a Roubliovka” et ont dit: “Ce langage obscene est a la hauteur de Shakespear! C’est magnifique!”

Irina Khakamada (dans un interview televise)


“La piece “Un putain de safari a Roubliovka” bouleverse tout d’abord parce qu’elle parle des dessous du pouvoir par moyen ud’n rire hyperrealiste. On a confiance au
personnages de Volokhov a un tel point, qu’il nous semble que ce n’est pas une piece avant-gardiste qui est arrivee dans le monde theatral afin de faire exploser ses fondements routiniers et petit bourgeois. Mais la vie elle- meme devient si theatrale, avant-gardiste et rebelle, que l’on ne voit aucune avant-garde a part la dramaturgie de Volokhov. Et comme toujours, devrait-on rendre justice a  Volokhov. Son talent d’auteur qui s’est revele encore une fois dans une forme theatrale succincte et metaphorique, d’un jeu theatral vraiment grand, fixa un vrai temps tragique avec une precision metaphorique et globale d’optimisme d’une eternite culturelle”.

Igor Doudinsky

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5)


Mikhail Volokhov

KILIMANJARO SUR TES LEVRES

Comedie dramatique

Texte francais : Nikita Krougly-Encke

PERSONNAGES :

D a c h a - acrtice
M i t i a - businessman, ex-cineaste
L i a I i a - jeune fille charmante
K i l i a - etudiant charmant

Moscou, a notre epoque.

L’action se passe dans l’appartement de Dacha.

M i t i a. Oh, Paris! Oh, Nice, les Pyrenees, les Alpes, Strasbourg et Bourges! Quels chateaux! Arcachon, la cote Atlantique, les dunes les plus hautes de l’Europe, le Nord de Nice! Un mois s’est envole en une seconde. L’annee prochaine, je vais en France en vacances pour tout l’ete.
D a c h a. Et moi?
M i t i a. On te prendra avec. Je te l’ai propose cette annee. Tu as refuse toi-meme.
D a c h a. Tu n’y etais pas seul.
M i t i a. C’est une fille chique. Meme trop. Mais elle n’etait pas contre notre fol amour a trois.
D a c h a. Tu as garni ta bourse et t’es devenu trop simple.
M i t i a. Tout va bien, je t’aime. Respire de l’oxygene francais. (Il lui passe une boite de parfum.)
D a c h a. Chanel ¹5? Maintenant, on le vend chez nous aussi.
M i t i a. Celui-ci vient quand meme de Paris. J’arrive dans ta tragedie? Seigneur! Tout est si gai autour, Dacha. C’est pas une vie, mais un carrousel, ma bonne.
D a c h a. Je suis surement bonne, mais pas ta bonne.
M i t i a. Il est qui, ton nouveau mec?
D a c h a. Jesus Christ qui n’a pas d’argent.
M i t i a. Un grand amour pur et non-venal?
D a c h a. Sans ton argent adore.
M i t i a. C’est des bobards. T’as aussi de l’argent adore.
D a c h a. Tu m’en donnes. Merci. Les acteurs sont maintenant mal payes au theatre.
M i t i a. C’est pourquoi j’ai envoye ce theatre se faire paitre! Pardon. Maintenant, je bosse et je gagne. Je bosse comme un damne, et c’est comme ca que je gagne ma vie. Et, ma cherie, il ne faut que je me relaxe, sinon je vais juste crever. Tu continues a servir au theatre. Pour toi, ca represente une sainte religion et ton destin. Pour moi aussi. Mais il faut que je bouffe, et l’on veut bouffer d’avantage quand ils fabriquent de la bouffe chique en commencant par les Mercedes jusqu’aux datchas. Je suis content que je peux t’aider avec de l’argent que tu n’abandonne ta ceremonie religieuse au Temple theatral. Je te suis reconnaissant que tu acceptes cet argent.
D a c h a. Pourquoi etre si tristement mercantile, monsieur? Denudez vite ma taille. Ce qui est au-dessus de ma taille. Ce qui est en dessous. Glissez avec audace sur mes bas de soie noire. Vous pouvez le faire avec avec vos mains, ou vos levres, ou encore votre langue, vous pouvez le faire avec… J’en ai par dessus la tete! Ce glissement, ce fusionnement, ce mucus des scories, ces soupirs du bonheur celeste. Et le matin, j’ai juste envie de t’egorger tout betement.
M i t i a. En restant longtemps cote a cote, on se brulera.
D a c h a. Mais deux jour apres tout se repete. Tu m’appelles au telephone, tu declares ton amour. Combien de mensonges afin de serrer tout simplement nos corps dans cette extase carnivore. Est-ce naturel? Je vous en prie, monsieur, caressez-moi la-bas avec votre langue. Il y a une telle concentration erogene de l’amour! Encore! Encore!!! Et je contemple un jardin paradisiaque de fleurs avec mes yeux fermes. Je te declare mon amour, un sexe sans l’amour! Encore! Encore!!! (Elle pleure.) Ah, vous etes juste fatigue. Maintenant, vous pouvez me juste lecher. Mais vous voulez tant de l’amour fou! Et moi aussi. Pourtant, on est des gens avec des circonvolutions viperines bien rangees, bien construites. Oh que oui! On ne peut repeter la folie de l’amour… J’ai pratique l’avortement toute seule…
M i t i a. Eh bien, l’autre automne fut si melancolique. Il pleuvait sans repit! On ne voulait pas vivre.
D a c h a. Et apres cet avortement, je ne peux plus avoir d’enfants.
M i t i a. Pardon. Combien de temps s’est-il ecoule depuis!
D a c h a. Autrefois, tu n’avais pas d’argent pour nourrir deux bouches de plus. Moi aussi, j’ai ete faible, une nature
poetique a la con. La vie a bord est belle, Miki. Je te suce le bonbon, apres tu me suce la marmelade. Qu’est-ce qu’on fait dans ce monde? On respire et on reve. L’existence humaine est faite des hombres des autres gens seuls, de leurs machines et leurs bequilles, tombeaux et chevaux, chiens, chiottes et hochequeues… Et apres ta mort, tu respireras sous la terre ton propre air sepulcral et toxique.
M i t i a. Tu es de bonne humeur, mon cendrillon bienheureux. Le theatre, c’est quelque chose… Il a trahi. La vie. Mais j’ai toujours avec moi le pepin de la cerise, notre grigri.
D a c h a. Tu vis du passe, Mitia, et c’est insupportable! Et tu ne veux pas reconnaitre qu’il ne reste aucun pepin de toute la cerisaie.
M i t i a. Je te veux toi, ma cerise.
D a c h a. L’actrice est toujours aux ordres du metteur-en- scene. Le metteur-en-scene, c’est le pouvoir. Le pouvoir, c’est le metteur-en-scene.
M i t i a. S’est sexy. Repete-le encore.
D a c h a. Je me repete. Les metteurs-en-scene - aux rares exceptions - s’est une sorte de perinee sous-couche qui parasite sur des textes et le genie de l’acteur. C’est un zizi morveux et inutile de maniaque, qui debande toujours mais qui, on ne sait pas de quelle maniere, sursaute et baise dans une extase bestiale tout ce qui est vivant dans le theatre et dans la vie.
M i t i a. Tu grandis toujours - c’est tout simplement genial.
D a c h a. Toi aussi, bravo - tu fais tout comme il faut.
M i t i a. Quoi exactement?
D a c h a. Tu vis comme tous les hommes - comme un perfide metteur-en-scene.
M i t i a. Tu vis comme toutes les femmes - comme une actrice cordiale et souffrante.
D a c h a. Comme une cabotine au petit trottin sexuel. De l’art russe, fier, miserable, geniale et biblique. A toi, gloire eternelle! Sauve-nous, ai pitie de nous.
M i t i a. Chere Dacha, il faut juste vivre tranquillement et positivement, c’est elementaire. Aller dans la foret cueillir des fraises des bois! Des champignons! Des myrtilles! Et etre metteur-en-scene du seul ton propre bonheur naturel. Oh, mon Dieu! Comme tout est simple si tu reflechis d’une facon meditee. Comme il est important d’ecouter et d’entendre une femme sincere, bienveillante et aimee. Et nous, on violente ces femmes bonnes et sinceres, on les pervertit et transforme en putes insupportables. Et ca nous fait du plaisir. Et apres, on les reproche et les punit. Et ca nous fait encore plus de plaisir. Mon Dieu! Qu’est-ce qu’il se passe dans ce monde, messieurs!
D a c h a. T’es un hooligan. Et non-affecte en plus.
M i t i a. Elle aima un hooligan. Et il y’en avait pour quoi.
D a c h a. Elle aima un assassin.
M i t i a. Et comment! Quoi?
D a c h a. Maintenant, etre branche, c’est etre un assassin, un tueur a gage. Quel beau mot en vogue! On s’arrache a te payer.
M i t i a. C’est exact.
D a c h a. C’est ce que tu fais?
M i t i a. Bien sur.
D a c h a. T’en es un?
M i t i a. Si cela te fait plaisir.
D a c h a. Tu n’as jamais imagine, qu’un tueur a gage pourrait devenir la victime d’un autre tueur a gage, apres qu’il aurait tue pas mal de monde et aurait su trop de choses.
D a c h a. En tout, tu en as tue combien?
M i t i a. Quoi?
D a c h a. Tu ne m’as jamais dit combien de personnes tu as tue en tout pour tout, killer.
M i t i a. C’est une piece que tu repetes maintenant avec moi? Je n’ai jamais tue personne. Je ne te comprend pas. Tu es drole. Je n’ai pas de texte de cette piece, Dacha.
D a c h a. Tu te distords?! Pourquoi tu ments comme un ver puant?
M i t i a. Quoi?!
D a c h a. Reconnais calmement combien de personnes tu as tue, killer.
M i t i a. Tu veux bien freiner?
D a c h a. Je freine. On cale.
M i t i a. Tu devrais pas consulter un psychiatre?
 D a c h a. Je l’ai deja consulte.
M i t i a. Et qu’est-ce qu’il t’a dit, ce docteur mysterieux?
D a c h a. Ce docteur mysterieux m’a dit que je suis absolument saine d’esprit.
M i t i a. Quel honnete docteur Tchekhov!
D a c h a. Et moi aussi, je veux que tu, honnete docteur Tchekhov, m’avoues sincerement combien nommement de personnes tu as tue avec ton pistolet avec un silencieux.
M i t i a. J’ai pas compris.
D a c h a. T’as pas compris?
M i t i a. J’ai pas compris. Mais je suis sain d’esprit et je veux comprendre ta fantaisie feminine!
D a c h a. Il faut que je repete la simple question a un miserable millionnaire qui feint un idiot?
M i t i a. Tu commences a m’ennuyer. Quelle question?
D a c h a. Je me repete. Je veux que tu, un homme sain masculin, me dises honnetement, combien nommement d’autres personnes vivantes et non mortes, ces vils personnages des deux sexes, as tue avec ce pistolet avec un silencieux.
M i t i a. Dacha, je n’ai aucun pistolet, encore moins, avec un silencieux. Je suis millionnaire, certes, petit, mais en dollars, et imagine-toi, je marche sans pistolet et sans gardes-corps. Les gardes-corps ne font qu’attirer l’attention. Tu as toute ta tete?
D a c h a. Un pistolet personnel n’est jamais de trop.
M i t i a. Si ils veulent tuer, ils tuerons meme si tu as un pistolet personnel. Tu veux des exemples?
D a c h a. Je n’ai pas besoin d’exemples. Ca, c’est quoi?
(Elle sort d’un tiroir un pistolet avec un silencieux.)
M i t i a. C’est un pistolet. Avec un silencieux.
D a c h a. Tu reconnais?
M i t i a. Il n’est pas a moi.
D a c h a. Et il est a qui?
M i t i a. Comment pourrais-je le savoir? Comment tu l’as eu?
D a c h a. Du tiroir.
M i t i a. De quel tiroir?
D a c h a. De ton tiroir. La, ou se trouvent tes chaussettes et tes calecons. C’est la ou j’ai trouve ce jouet.
M i t i a. Il faut que tu sois prudente avec ce jouet.
D a c h a. Naturellement. Je ne suis pas folle.
M i t i a. Ou tu l’as pris?
D a c h a. J’explique encore une fois a un homme masculin sain d’esprit que j’ai trouve ce pistolet avec un silencieux dans ton tiroir avec tes chaussettes et tes calecons.
M i t i a. Je t’aime, je garde chez toi la plupart de mes vetements, et non chez elle. Maintenant, nous avons tout comme avant. Avec elle, je ne fais meme pas les courses. Parce que ca serait une trahison envers toi. Car a sa place, je te vois toi aux magasins. Je perds les boules. Je suis obsede par cette idee, mais ce n’est pas ainsi. Parce que je t’aime a la folie! Et apres, je n’ai pas tellement de temps pour faire les courses. Apres, elle a plein de temps libre - elle est jeune et en pleine sante. Je lui donne de l’argent, en fin de compte! Je ne l’exploite pas. Je la possede, mais par l’amour, je ne suis pas sadique. Elle m’aime aussi, cette fille. Mais je t’aime non moins, sinon encore plus. Naturellement, je t’aime plus. Je garde chez toi mes chaussettes et mes calecons, je le repete, en fin de compte. Seigneur. Dans un tiroir.
D a c h a. Mais d’ou enfin, je le redemande, vient ce pistolet avec unsilencieux dans ton tiroir?
M i t i a. Tu plaisantes?
D a c h a. Je plaisante souvent sur des choses serieuses?
M i t i a. Pourtant, je t’aime pour ton humour doux.
D a c h a. Mais ces plaisanteries serieuses sur des pistolets avec un silencieux dans des tiroirs ne resonnent pas pour moi comme des plaisanteries.
M i t i a. Ce n’est pas ma plaisanterie, Dacha.
D a c h a. Chez moi, ici, personne ne vient a part toi, Mitia. Ton pistolet se trouve dans ton tiroir avec tes chaussettes.
M i t i a. Dans mon tiroir avec mes chaussettes…
D a c h a. Et tes calecons.
M i t i a. Et mes calecons… il n’y avait jamais de MON pistolet!
D a c h a. Avec un silencieux.
M i t i a. Avec un silencieux.
D a c h a. Parce que ce pistolet a toi, Mitia, se trouvait quelque part ailleurs, et c’est tout.
M i t i a. Non, Dacha.
D a c h a. Si, Mitia.
M i t i a. Ou ca ailleurs mon soit disant pistolet se trouvait-il, Dacha?
D a c h a. Tu dois le savoir mieux que quiconque, petit tueur a gage, cher Mitia.
M i t i a. Qui t’a dit que c’est mon pistolet? Et d’ou vient-il chez toi?
D a c h a. Je l’ai trouve dans ton tiroir avec tes chaussettes et tes calecons. Et tu viens d’a;rmer que c’est ton pistolet avec un silencieux, Mitia! Ce n’est pas drole, en fin de compte.
M i t i a. Je l’ai a;rme ironiquement!!! T’es quoi - tombee du ciel, t’es si bete ou malade, tu comprends pas quand je dis quelque chose ironiquement? T’es apparemment une comedienne, tu dois etre pro. Ou bien t’es quoi? T’es plus une   comedienne?   Tu   es   qui,   fillette?   Ou   t’as   perdu completement les boules? Ou bien, c’est moi qui ai perdu les boules apres la France. On est ou?
D a c h a. En Russie.
M i t i a. Et toi, t’es qui?
D a c h a. Moi, je suis Dacha, papillon-addition du killer.
M i t i a. Tu es Dacha, papillon-addition du killer? En voila une declaration. Et moi alors, qui suis-je?
D a c h a. Tu es Mitia, un killer, un sadique. Et moi, Dacha, je suis ton papillon-addition pestifere. Dans le passer.
M i t i a. Quoi? La peste?
D a c h a. Sur nos deux maisons, espece de sadique.
M i t i a. Oui, putain, un killer qui n’est pas un sadique. Il ne fait que buter - et c’est la fin, la victime ne souffre plus.
D a c h a. Mais moi, vois-tu, je souffre, je ne sais pas pourquoi! Et je souffre fort, putain, espece de killer.
M i t i a. Mais qui est killer ici?!
 D a c h a. Toi.
M i t i a. Quoi?!!! (Il la gifle.) Pardon, Dacha!
D a c h a. Un killer-healer galant - et pas sadique. Un gentleman francais de Goujatville.
M i t i a. Je suis comme je suis.
D a c h a. Un Francais de Bordeaux. T’as pas oublie ton fouet en allant chez une dame.
M i t i a. Friedrich Nietzsche a eu completement raison.
D a c h a. C’est le camarade Mauser seul qui a completement raison. Avec un silencieux. Pour envoyer a l’enfer silencieusement, intimement, plombement et eternellement. (Elle embrasse le pistolet.)
M i t i a. Honnetement, ou tu l’as trouve?
D a c h a. Je l’ai ramasse dans la rue.
M i t i a. Dans quelle rue?
D a c h a. A cote du Parc Izmailovsky. Il y a une semaine. Je m’y etais promenee. Un soir. Devant moi, il y avait un
homme. Apres, il est - boum! - tombe par terre. Sur le goudron. Et l’homme qui marchait derriere nous… a 20 metres - je dois me tromper - a 30 metres… Il y avait aussi un poteau electrique - plusieurs poteaux. C’est la distance standard entre les poteaux electriques?
M i t i a. Bien sur.
D a c h a. Voila. L’homme qui marchait derriere nous, a tire a 30 metres. Et il s’est mis a fuir apres ce tire qu’on a peine entendu - son pistolet avait un silencieux. Alors, quand il s’est mis a fuir - de sa poche, ou je ne sais pas d’ou encore,
- est tombe sur le goudron quelque chose de metallique, d’apres le son. Mais il ne l’a pas ramassee, et s’est mis a se sauver a toutes jambes. Apres, il a pris une Merce, comme la tienne - et a file a toute allure.
M i t i a. Serieusement?
D a c h a. On ne peut etre plus serieux. Je me suis tout de suite approchee de l’homme qui est tombe - il avait un ;il arrache, avec des morceaux du cerveau ensanglantes - il y avait tout. Horreur! Sur la nuque, il avait un petit trou de balle. Ha! J’ai tout de suite pige que le fuyant etait bien un tueur a gage et qu’il a jete son pistolet en se debarrassant d’une piece a conviction. Je me suis approchee pour ramasser ce morceau de ferraille qui est tombe avec un fracas, et c’etait effectivement ce pistolet avec un silencieux. Apres j’ai saute dans une cabine telephonique et j’ai appele la police et l’ambulance.
M i t i a. Oh-la-la! Quel cauchemar! Tu marches sur la terre naif et heureux… C’est vrai, tu n’affabules rien, tout ca est serieux?
D a c h a. Mais j’ai failli devenir dingue!!! Tu n’affabules rien… Ca fait longtemps que t’as harasse ton cheval. Pendant toute une semaine j’avais peur de prendre cette rue. On a tue ce malheureux, mais s’est moi, a coup sur, a cent pour cent, qu’on a visee avec ce Colt de superman, et on m’a ratee. Ou bien, on s’est trompe de personne? Peut- etre que tu peux me le dire? Moi, je ne sais pas. Je n’ai aucune dette derriere, mais tout le monde est au courant que tu m’as, moi.
M i t i a. C’est du delire clinique - un triage de mafia. Mais si tu veux, je te ferai le droit de port d’arme. Je t’apprendrai a tirer. Concretement. Mais cela n’aidera pas, si il arrive quelque chose.
D a c h a. Et qu’est-ce qui peut aider si il arrive quelque chose, mon Boby-le-Concret?
M i t i a. C’est bon. Il faut demenager, changer de travail que personne ne puisse calculer ta location territoriale.
D a c h a. C’est toute une histore.
M i t i a. Et quand cela est arrive?
D a c h a. Ca fait une semaine, je te l’ai dit. Quant tu etais avec ta Lialia aux bords de la Loire.
M i t i a. Il fallait qu’on y ait alle tout les trois. Putain de merde! Qui a eu besoin de toi? Je veux dire, qui n’avait pas besoin?
D a c h a. J’y ai reflechi pendant une semaine. J’en ai des membranes cervicales qui eclatent.
M i t i a. Et tu y es parvenue?
D a c h a. J’y suis parvenue.
M i t i a. Et t’es parvenu a quoi?
D a c h a. Je suis parvenue a ce que tu n’avait plus besoin de moi. Tout est simple comme une feuille d’automne dans les bains.
M i t i a. C’est logique.
D a c h a. Logique a cent pour cent.
M i k i t o n. C’est a dire, comment - logique a cent pour cent? Qu’est-ce que tu racontes?
D a c h a. C’est toi qui racontes que tout est logique et concret!
M i t i a. Quoi?!
D a c h a. Quelqu’un a tire sur moi! Cela est illogique! (Elle pleurniche.)
M i t i a. Pas de bazar. Pardon. Excuse-moi. C’est serieux qu’on t'a tiree?
D a c h a. Quand ils me tueront - ca sera ca peut pas etre plus serieux! Sans aucun bazar.
M i t i a. OK. Ecoute, va en Corse, pour un mois. Je t’acheterai un tour. Tu vas te reposer, naturellement. Tu vas te baigner, tu vas bronzer. Hein?
D a c h a. Et apres?
M i t i a. Apres tu changeras d’appartement et de travail. On va inventer quelque chose de concret. Ouf! Mais il y en a des salauds qui veulent assassiner une fille comme toi!
D a c h a. Et oui - il y en a. Je ne peux pas changer de travail au theatre, Mitia. Je suis comedienne. Avec notre nom de famille commun bien connu.
M i t i a. Mais je trouverai celui qui veut te tuer et je lui ferai tres, tres mal, mortellement mal.
D a c h a. Tu es un chevalier, comme Hamlet.
M i t i a. Je ne suis pas Hamlet, mais je t’aime d’une facon chevaleresque.
D a c h a. Comme Ophelie?
M i t i a. Comme ma belle Ophelie.
D a c h a. Tu veux que je deraille et me noie?
M i t i a. Que tu emerges et abandonnes notre turpitude terrestre. Ma plus merveilleuse fille.
D a c h a. Mais pourquoi tu places entre nous cette nymphette, ce mal de tete, si terrible pour moi.
M i t i a. Oh, mais elle a sa place qui n’est pas entre nous. Mais apres toi et loin de toi. On en a deja parle.
D a c h a. La, ou je n’existe plus du tout.
M i t i a. Chacun a sa propre place, Dacha. Tout n’est pas si simple. Chacun a son sort.
D a c h a. C’est ce qui a ete ecrit sur la porte d’Auschwitz? A chacun son sort. Tout se repete? Ou bien, tout reste comme ca l’etait?
M i t i a. Tout sera comme il sera. Il faut etre optimiste. Que la mort s’etouffe avec ses morts.
D a c h a. Pour cela, il faudrait qu’au debut un homme vivant tue un autre homme vivant. Sur ta Corse, on tire mieux qu’a Moscou. La-bas, on ne me ratera pas. Je ne souffrirai tant.
M i t i a. Eh bien, la-bas, on tire moins bien. On l’a deja explique a Napoleon d’une facon populaire.
D a c h a. Moi aussi, je te l’explique d’une facon populaire. Ce pistolet silencieux, je l’ai ramasse du goudron avec beaucoup de precaution, a l’aide d’un sac plastique, et je l’ai range dans mon sac. Et Svetlana - c’est ma copine comedienne que tu connais - a un ami criminaliste
specialise en dactyloscopie. Oh, maintenant c’est une profession tres lucrative. Et bien. Sur le manche du pistolet avec un silencieux, Mitia, il a decouvert les empreintes de tes doigts. Comment ca te plaira?
M i t i a. Ca ne me plaira d’aucune facon. C’est quoi, cette connerie?
D a c h a. Dactyloscopie.
M i t i a. Mais j’ai ete en France, ta dactyloscopie.
D a c h a. Ca me surprend aussi. C’est un enigme francais. M i t i a. Et ou est la solution russe?
D a c h a. Dans la barbe du diable.
M i t i a. On a bien rit, on peut maintenant s’arreter?
D a c h a. Dans cet humour noir, il y a plus de noirceur que d’humour.
M i t i a. J’ai passe un mois entier a Paris avec Lialia!
D a c h a. Et avant, tu as dit que vous aviez fait un tour de toute la France.
M i t i a. Mais cela s’est passe comme ca en verite.
D a c h a. Et comment tu dis que tu as passe un mois a Paris avec Lialia?
M i t i a. Mais, c’est au sens figure, espece de comedienne - il ne faut pas me dactyloscopier sur la parole.
D a c h a. Et quant aux empreintes de tes doigts sur ce pistolet avec un silencieux et sur le tiroir avec tes calecons et tes chaussettes? (Elle lui montre deux photos.) Tu vois ces deux photos? - Ce sont des pieces a conviction, des empreintes de tes doigts provenantes de ton tiroir et de TON pistolet avec un silencieux, l’on peut l’a;rmer d’une facon absolue.
M i t i a. C’est un travail serieux de photographe. (Il inspecte les photos.) Qui a manigance tout ca? Qui a besoin de tout ca?
D a c h a. Si ce n’est pas toi, c’est Lialia.
M i t i a. Elle n’a que 15 ans.
D a c h a. Aujourd’hui, les filles de 15 ans sont des cochonnes tres adroites.
M i t i a. C’est bon, c’est bon! Attends! Mais elle t’aime!
D a c h a. Qui m’aime?
M i t i a. Ma Lialia, elle t’aime.
D a c h a. En plus, elle est lesbienne, cette Lialia?
M i t i a. Elle t’aime parce que je t’aime, moi.
D a c h a. Tu fais confiance a une femme?
M i t i a. Tu es aussi une femme.
D a c h a. Tu me connais depuis longtemps, cheri. Est-ce que je t’ai menti une seule fois? Ou trahi?
M i t i a. Je ne sais pas.
D a c h a. Tu ne sais pas?
M i t i a. Que toi, tu m’aime - ca, je le sens. Je te crois et je t’aime. Tu dors dans tes reves comme une sainte. Et cet image me suis partout et me redonne des forces.
D a c h a. Et ta Lialia, elle dort comment?
M i t i a. Je ne sais pas. Pour l’instant, je ne l’ai pas encore observee. Je dors avec comme un mort apres… Tu le comprend toi-meme. Cette Anka a des passions comme une mitraillette de Tchapaev et Petka.
D a c h a. Mais si une femme dort dans ses reves comme une chienne qui a trop chasse, c’est qu’elle en est une. Et des   Don   Juan   aiment   les   chiennes   jusqu’ a   la consommation, pourvu qu’on leurs permette de tirer un peu
aussi. Mais putain! D’ou les empreintes de tes doigts sur le pistolet avec le silencieux viennent-ils, Dmitry Petrovitch Tchapaev?
M i t i a. Et aussi sur le silencieux?
D a c h a. Sur le silencieux, la poignee et la detente - par tout. Tout est souille dans l’extase.
M i t i a. C’est une force malefique. Ca peut etre une force malefique? Maintenant, se propagent beaucoup de gnomes. Hein?
D a c h a. Un gnome, ca brule les empreintes.
M i t i a. Chez Muller a la Gestapo, tu pourrais faire une carriere brillante, Dacha.
D a c h a. Tu peux me repondre, Mitia, metteur-en-scene a- la Stierlitz, par quel biais ce pistolet silencieux est-il souille par les empreintes de tes doigts si ce n’etais pas toi qui m’a manquee l’autre soir?
M i t i a. Moi, je ne te manquerais pas. Je sais tres bien tirer et je ne raterais pas le but.
D a c h a. En moi?
M i t i a. Pourquoi tirais-je en toi?
D a c h a. Ca, tu le demandes a Desdemona?
M i t i a. Otello etait un jaloux.
D a c h a. Tout ca etait abominable - c’est Jago qui l’a manigance. Tout est comme ca l’etait, tout tourne en rond et sera comme ca l’etait.
M i t i a. Pourtant, tu ne m’as jamais trahi - pas une seule fois. Tu es une fille sainte, je le redis. C’est pour ca que je t’aime. Bien sur, je ne sais pas pourquoi tu m’aimes.
D a c h a. Personne ne le sais - pourquoi aime-t-on. C’est une sorte de maladie psychique - le schizophrenie.
M i t i a. Je te suis reconnaissant pour cette schizophrenie.
D a c h a. C’est pourquoi tu me trahis avec cette nymphette au cul nu.
M i t i a. Vous, filles divines, avez toutes des culs nus celestes.
D a c h a. Toutes les filles divines portent un short dix fois plus petite que leurs culs nus de nibards charnus.
M i t i a. Leurs culs de nibards!!!.. Maintenant, je t’assure que c’est dit au niveau de Dal; par une femme qui a du bon gout et qui merite un grand eloge. Mais elle encore tres jeune, un baby. Ai pitie, Dacha. Elle grandira et sera plus sage.
D a c h a. Elle grandira, et toi, tu te trouveras une autre nymphette au cul nu de nibards affaire. Argent ne manquera pas. Des nymphettes affamees font la queue et se gonflent les nibards.
M i t i a. Elle attend un enfant et notre bonheur commun.
P a u s e
D a c h a. Mes felicitations.
M i t i a. Merci.
D a c h a. L’enfant est de toi?
M i t i a. Tu la detestes, et je te comprends.
D a c h a. Je l‘aime. Je ne l’aime pas quand elle est avec toi. Mais je l’aime et je la comprends en tant que femme.
M i t i a. Tu as bien dit. C’est une fille sympa et tres noble. Tout comme toi. C’est juste qu’elle est nee un peu plus tard que toi et m’a rencontre quand j’ai aussi un peu vieilli. Mais tu as un biochamps des plus positifs au monde. Quand je
prends tes mains, je deviens heureux, tranquille, et a part toi, je n’ai besoin de personne dans le monde entier. Je peux? (Il essaye de prendre ses mains.)
D a c h a. On va parler sans laisser de traces des mains.
(Elle retire ses mains.)
M i t i a. Ils ont fendu en deux a la hache la vie de notre generation. Ils nous ont jetes comme des chiots dans l’eau - sortez comme vous pouvez! Et bien, je m’en sors tout seul. Le theatre, c’est le passe sacre, c’est toi. Le business, c’est l’avenir qui est aussi sacre, c’est elle. Mais toi aussi, tu vaux autant pour nous tous dans notre vie continuelle commune. Elle attend un bebe, de moi! Mais c’est pour toi aussi. Donc, on est tous ensemble… On disait… Tu l’aime et la comprends comme une femme. Qu’est-ce qu’on a a departager? Tu fais expres d’en rajouter toutes ces histoires avec des killers, des pistolets etc.
D a c h a. Je n’en rajoute rien! C’est la verite! La verite toute nue! Comme un cul nu de tambour!!! Quelqu’un a tire sur moi!!! Il y a tes empreintes sur le pistolet. Dis-moi merci, que je n’ai pas appele la police et je fais l’enquete moi-meme, pour la premiere fois dans ma vie. Et figures-toi, le meme soir qu’on a tire sur moi, quelqu’un m’a appelee au telephone en me disant de comparer les empreintes de tes doigts sur le tiroir avec tes chaussettes et tes calecons avec celles sur le pistolet avec un silencieux. Voici un detail concret et non sans importance.
M i t i a. Tu mens.
D a c h a. Je mens comme ce pistolet.
M i t i a. Ecoute, ce coup d’appel pouvait faire seule une personne qui visitait cette maison. Et qui savait tout du tiroir avec tes calecons et tes chaussettes.
D a c h a. Il m’a fait tellement peur, j’ai failli crever d’effroi.
M i t i a. C’est du fascisme. Il faut juste comprendre a qui ca profite. Moi, je n’en ai aucun besoin.
D a c h a. A moi, non plus - ils ont tire sur moi.
 M i t i a. Ils ont abattu quelqu’un d’autre.
D a c h a. Tu voudrais, que ce sois moi?
M i t i a. Mais bien sur que non! Mais j’ai aussi pitie de cet homme assassine. Une grande pitie. On est tous des hommes de la meme humanite. J’aime tous les gens du monde. Meme si ca parait etrange - jusqu’a maintenant.
D a c h a. Et par dessus de tous, tu m’aime moi, qui t’a donne, a toi, chretien, toute sa jeunesse - une fleur ecarlate.
M i t i a. C’est une heureuse et divine destinee des femmes
- celle de donner des fleurs de la jeunesse. Je t’ai aussi donne ma jeunesse et continue a te donner mon amour. Et mon estime. Tu le partages encore.
D a c h a. C’est ta baby qui a tout manigance. Voila que concretement elle ne veut pas partager avec moi tes billets verts bien materiels. Parce que maintenant, elle te donne sa jeunesse. Et si elle a comme amant un jeune killer - elle aurait pu juste lui demander a la chretienne de m’eliminer - il n’aurait fallu engager personne d’autre.
M i t i a. Elle n’a aucun jeune amant killer!!!
D a c h a. Peut-etre qu’aujourd’hui son jeune amant n’est pas encore un killer. Mais si demain elle le demande - il sera un killer au nom de l’amour pour son jeune cul nu et parfume.
M i t i a. Elle n’a aucun amant!!! Ni jeune, ni quelqu’autre!
D a c h a. Mais elle est une sucette d’echarde tellement chaude! Tu l’a achetee et empochee. Tu pense qu’elle a du mal a trouver quelqu’un de plus jeune, qui pourrait payer plus pour ses pipes gourmandes?
M i t i a. Elle n’a aucun autre amant!!!
D a c h a. Pourquoi beugler autant si tu n’en es pas sur?
 M i t i a. J’en suis sur!!!
D a c h a. T’es absolument sur? Epargne ta gorge.
M i t i a. Elle n’a pas d’amant. Personne ne l’appelle… En ma presence.
D a c h a. C’est ca. On l’appelle pas en ta presence. Et quand tu es absent, on l’appelle. Peut-etre, c’est elle qui l’appelle, quand tu n’es pas la. Elle va se promener toute seule, sans toi?
M i t i a. Mais, oui, elle va se promener toute seule naturellement.
D a c h a. C’est la qu’elle appelle. Et devant toi, elle envoie des SMS en toute silence pour parler de son amour a son jeune homme bien-aime.
M i t i a. Je ne te crois pas. Mes femmes m’ont jamais trahi.
 D a c h a. Tu avais d’autres femmes?
M i t i a. Mais toi, tu ne m’as jamais trahi?
D a c h a. Pour moi, tu etais un jeune cornichon. Mais combien de femme tu as eu en tout?
M i t i a. Je n’ai jamais compte. Toutes etaient a moi.
D a c h a. Bref, un harem entier.
M i t i a. C’est comme tu le veux. Tant de choses se sont brusquement ecroulees sur moi, et toi, tu me charges encore avec le harem. Tu as toute ta tete? Je n’ai jamais eu
personne a part toi! Et au theatre, je n’avais personne, je n’ai jamais utilise ma position de metteur-en-scene en chef. Je n’avais que toi, la Sainte Marie d’Olympe, et c’est tout. Je t’ai donne la blennorragie une seule fois?
D a c h a. Dieu m’en a gardee. Mais ces derniers temps, je suis quand meme inquiete pour toi - ta nymphette est si seduisante, et toi, tu perds toutes tes forces au travail.
M i t i a. J'en ai beaucoup perdues?
D a c h a. T’es encore pas mal, Apollon. Tu jouis combien de fois par nuit avec elle?
M i t i a. Dacha. Ne t’inquiete pas avec ca. C’est OK.
D a c h a. Je m’inquiete pas. D’ou tu le sors? Tu jouis une dizaine de fois?
M i t i a. Beaucoup plus.
D a c h a. Et avec moi, beaucoup moins. (Elle pleure.)
M i t i a. Calme-toi, Dacha. Mais qu’est-ce que tu as?
D a c h a. Ta saloppe de Lialia a un Jules-killer qui est contre nous, et tu le regarde entre tes doigts dechausses quand il commence son tir par moi.
M i t i a. Je le regarde entre mes doigts dechausses! Et comment ma Lialia a-t-elle encore un Jules, un killer en plus? Apparemment, tu tournes le guidon dans le mauvais sens, Dacha ma belle.
D a c h a. Ils ont meme trame que tes empreintes soient presentes sur la poignee de ce pistolet. On t’a reduit a l’etat quand tu ne sens plus ce que palpent tes doigts: ma poitrine, le cul de nibards de Lialia ou bien ce canon de Colt avec un silencieux, d’ou on a tire sur moi en me ratant, Dieu merci.
M i t i a. Je leurs arrangerai une colonie sepulcrale sur mes doigts dechausses! (Il saisit le pistolet.)
D a c h a. Qu’est-ce que tu veux faire?
M i t i a. Il faut riposter. Tirer sur les killers. Tuer ce killer Bill avec son Colt, directement dans son ;il de killer.
D a c h a. Et pourquoi alors braques-tu mon ;il si tu veux tirer avec ce Colt exactement dans l’;il de tarentule de Bill- le-killer?
M i t i a. Tu parles juste. Je deviens fou. Quand tu tombes de nouveau en Russie, tu deviens schizo “malheureux a cause de la raison”. (Il la serre a la taille.) Pardonne-moi pour la gifle. Mais si tu veux, tu peux me frapper en reponse dans la figure. Je n’insiste pas. Mais si tu le veux, je n’ai aucune objection.
D a c h a. Tu n’es pas rase. Ca fait mal de frapper dans la figure non-rasee. Le Monsieur ne se rase qu’avant de se coucher quant il se faufile au lit de cette Lialia. Est-ce qu’elle te bande les yeux avec un foulard noir quand tu la possedes?
M i t i a. Pourquoi tu veux savoir encore ca?
D a c h a. Tu l’aime beaucoup, des caresses inattendues. Si tu me demandes de te bander les yeux avant de baiser, tu le lui demande a elle aussi comme un maniaque.
M i t i a. Et qu’est-ce qui en suit?
D a c h a. Tu te tiens a quoi quand tu la baises avec les yeux bandes?
M i t i a. Mais tu poses des questions si vulgaires!
D a c h a. Tu tiens son cul a ressorts?
M i t i a. Est-ce que s’est mal? C’est bien!
D a c h a. Et si elle, tout comme moi, fixe sa chatte contre le dos de ton lit de fer, pour t’exposer au max son cul gelatineux et elastique? Que tu sois plus confortable pour amortir un coup solide et elastique en tenant le dos de ton lit de fer.
M i t i a. C’est de la Kama-Soutra, ma chere, dans des conditions actuelles sur le dos de mon lit de fer. Ca s’appelle un coup de javelot. C’est bon. Ce procede te frappe au cul aussi, comme tu dis.
D a c h a. A l’heure fatale de la Kama-Soutra, au lieu du dos du lit de fer, tu pourrais tenir un pistolet avec les yeux fermes au monde par un foulard noir.
M i t i a. Quoi? Mais j’aurais senti une arme chaude comme un pistolet… Tu piges…
D a c h a. Tu piges quand tu retire ta tige. Mais pendant de la Kama-Soutra, tous tes sentiments sont dans ce javelot d’un demi-metre -avec les yeux fermes en plus. Qui veux-tu convaincre que ce n’est pas ca? C’est moi que tu veux convaincre, Monsieur le marquis de Sade, espece de maniaque aveugle et pervers?
M i t i a. Je te jure de ne plus baiser avec les yeux bandes.
D a c h a. Avec moi, tu peux quand meme t’amuser que ta peau puisse respirer.
M i t i a. Avec personne.
D a c h a. Eh bien - avec personne, c’est avec personne. La loi d’abstinence. Tu commence avec des verres, tu finis avec des bouteilles et la geole. Moi, je suis pour.
M i t i a. Bon, avec toi, c’est possible que tout respire et crie a haute voix.
D a c h a. Si je baise encore avec toi apres ce tir organise sur moi, une femme sans defense.
M i t i a. Ca ne peut pas etre Lialia. C’est une personne si humaine et genereuse! Elle m’a dit plusieurs fois a Paris de t’acheter un cadeau cher.
D a c h a. Un cadeau achete avec de l’argent qui n’est pas a toi - c’est genereux.
M i t i a. Mais tu sais, elle est humainement emue par le fait que tu dois maintenant me partager avec elle. Plusieurs fois, elle voulait faire connaissance avec toi - c’est toi qui ne voulais pas. Te tuer pour mes billets verts, elle? Jamais!
D a c h a. Peut-etre, elle le ferait par jalousie?
M i t i a. Etre jalouse avec sa beaute?
D a c h a. Tu ne connais pas les femmes.
M i t i a. Moi, je ne connais pas les femmes? Mais je ne connais personne ni rien d’autre au monde a part les femmes! La, je vais l’appeller pour lui demander en face pourquoi son amant, cette tarentule de killer de Bill mythique voulait te tuer.
D a c h a. Il est loin d’etre mythique. Tu vas l’effrayer, peut- etre, l’effaroucher. Peut-etre qu’il faudrait tout tirer peu a peu, au fur et a mesure? Et assurement. Ce serait pas mal de l’espionner avec son amant killer jusqu’a ton lit. Ce serait comme tuer raide.
M i t i a. Et non! Pendant qu’on l’espionne, on t’enverra, ma chere, dans l’autre monde.
D a c h a. La vie est devenu absurde. Qu’est-ce que je peux te dire d’autre?
M i t i a. Je l’appelle. Le telephone. (Il prend le recepteur.) Je lui demande en face comme un char.
D a c h a. Elle va tout te raconter au telephone, tiens donc. Simule ta voix - demande seulement une telephoniste numerisee. Il faut regarder le verite dans les yeux, mon cher.
M i t i a. On peut la livrer ici pour l’interroger. En meme temps, on l’inspectera avec nos yeux. Tu feras aussi sa connaissance. Elle sera la dans deux minutes - sa maison est juste en face. J’ai prevu tous mes arrieres en metres carres de l’appart. Je l’appelle. (Il compose le numero.) Allo! Lialia? Je suis chez Dacha. Comme je te l’ai dit. Dacha va bien, comme toujours. On parle de la France. Elle aussi, elle veut te connaitre. Merci. (A Dacha.) Elle t’embrasse.
D a c h a. Je l’embrasse aussi.
M i t i a (au recepteur). Elle t’embrasse aussi. Tres fort - tout comme moi. Viens tout de suite. C’est ca. La maison d’en face. Au 12e etage. L’appart 115. Vas-y, on t’attend. OK. (Il eteint le telephone.) Elle sera la dans deux minutes.
D a c h a. En attendant, je me presse un jus d’orange.

P a u s e

On sonne a la porte.

M i t i a. Bon, c’est elle. Et je t’en prie, Dacha - pas de vulgarite. C'est encore un enfant. On va rester des filles et des garcons bien eleves pour montrer a la jeunesse un bon exemple.
D a c h a. Le sexe avec les yeux bandes est un tres bon exemple.
M i t i a. Dacha, je vais ouvrir la porte. Je t’en supplie - aime-la avec les yeux ouverts! C’est tout.
D a c h a. La, on va montrer a la jeunesse l’exemple de l’amour, Mitia, avec les yeux fermes - ne t’inquiete pas comme dans le meilleur film de Stanley Kubrik, comme dans les meilleurs villas de Nice sur la Cote d’Azur.
M i t i a. Seulement, ne monte pas la tempete, Dacha.
D a c h a. Au travail, Bosco, ouvre la cabine du bateau a la jeune fille.
M i t i a. Capitaine, capitaine… Souriez donc…

Mitia ouvre la porte, entre Lialia.

M i t i a. Chere Lialia!
L i a l i a. Mon Mitia! Bonjour! Je suis Lialia, et vous, c’est Dacha?
D a c h a. Bonjour, Lialia, je suis Dacha.
M i t i a. On a tellement parle de toi en bien, chere Lialia.
L i a l i a. Et nous, on a tellement parle en bien de vous, Dacha - vous n’imaginez meme pas, a quel point Mitia vous aime, vous estime, et moi aussi!
D a c h a. Et nous donc, combien de choses bonnes et sublimes on disait sur vous, chere Lialia. On ne faisait que parler de vous, et toujours de vous. Vous ne pouvez pas vous imaginer a quel point petit Mitia vous aime, vous adore, vous estime, vous exalte, et moi apres lui!
L i a l i a. Je suis si heureuse. Vous ne vous imaginez pas a quel point je suis heureuse! Vous etes une comedienne si connue et extraordinaire! Quand j’avais dix ans - c’etait il y a cinq ans - on est alle avec maman au theatre voir “La Mouette”. Vous avez interprete Nina Zaretchnaia, cette comedienne ratee, peut-etre pas tres talentueuse avec son
triste amour. Mais avec quel talant avez-vous joue cette comedienne, je me repete, pas tres talentueuse, qu’on avait vraiment pitie d’elle, parce que dans votre interpretation, elle devenait si talentueuse parce qu’elle avait tant d’amour vrai et sincere. Vous deveniez une mouette si ardente, sublime et celeste. Et quand Treplev se suicidait - j’ai pleure. Dieu merci, vous etes restee en vie, sinon je deviendrais completement folle.
D a c h a. Chere enfant! A quel point vous etes un miracle des mondes follement feeriques!
L i a l i a. Un monstre miraculeux mi-baleine, mi-poisson.
D a c h a. Vous revez devenir comedienne aussi?
L i a l i a. Pour l’instant, je ne l’ai pas decide. Mitia voulait me donner des cours. Mais maintenant c’est l’epoque de l’economie qui dit d’apprendre les langues, l’informatique, l’economie. Et si je reussie de devenir une comedienne reconnue - ca devrait venir tout seul, si Dieu le veut.
D a c h a. Vous croyez en Dieu?
L i a l i a. Dieu se trouve dans les gens de bonne volonte, et je les crois.
D a c h a. Vous parlez parfaitement. Vous chantez plutot que parlez.
L i a l i a. Ah! Si je savais seulement chanter, je serais si heureuse!
D a c h a. Je pourrais vous apprendre. L i a l i a. Merci. Je n’ai pas de voix.
D a c h a. Vous avez une voix extraordinaire - vous gazouillez comme un rossignol.
L i a l i a. Si s’etait seulement vrai.
D a c h a. Mitia, je te felicite avec Lialia-la-Mouette.
M i t i a. Merci.
L i a l i a. Et moi, Mitia, je te felicite avec Dacha. Oh! Pardon
- quel est votre patronyme?
D a c h a. Mais quel patronyme, Lialia?! Ca me plait beaucoup que vous m’appeliez Dacha tout simplement. Soyons comme en Occident. Et j’espere de ne pas etre si vieille qu’on m’appelle avec le patronyme.
L i a l i a. Oh! Pardon. Pardonnez-moi, s’il vous plait. Je ne voulais pas vous offenser.
D a c h a. Mais que dites-vous - arretez donc. Est-ce possible d’etre offensee par vous, mon enfant?
L i a l i a. Parfois, je peux dire quelque chose qui apres m’horrifie moi-meme.
D a c h a. Vous dites absolument ce qu’il faut dire. Pourquoi, Mitia, tu ne m’as pas presente ta charmante Lialia avant?
M i t i a. Et bien, ca ne s’est pas passe… Je le voulais. Dieu m’en est temoin.
D a c h a. Je vous envie tellement, Lialia. Vous attendez un bebe, un enfant?
L i a l i a. C’est Mitia qui vous l’a dit? Je ne sais pas encore.
M i t i a. Nous l’attendons…
D a c h a. On l’attendra tous ensemble. La vie est toute devant nous. La est toute la magie. Et bien - buvons du jus d’orange a notre rencontre!

Elle verse du jus dans les verres. Tous boivent.

L i a l i a. Comme c’est bon. Du pur vitamine C.
D a c h a. Oui. Et moi, je n’ai pas eu de bebe.
L i a l i a. C’est tres triste. Mais vous savez - maintenant, on peut adopter un fils ou une fille.
D a c h a. Et on peut vous adopter, tout simplement?
L i a l i a. J’ai deja des parents, tout betement.
D a c h a. C’est bien d’avoir des parents.
L i a l i a. Bien sur.
M i t i a. C’est encore mieux d’avoir des amis. On les choisit nous-memes.
D a c h a. On les trahit aussi nous-memes.
L i a l i a. On ne peut pas trahir ces amis.
D a c h a. Mais nous, on les trahit.
L i a l i a. C’est mal.
D a c h a. C’est insupportable, comme c’est mal.
L i a l i a. Mais nous, on ne va pas nous trahir. Qu’on boive a l’amitie fidele et imperissable.
D a c h a. Absolument!
M i t i a. A l’amitie intarissable et sincere, mes cheres dames!
D a c h a. Et seulement a ca! (Ils boivent du jus.) Et maintenant, notre sincere et amical Mitia nous permettra de dire tout sur lui en sa presence!
L i a l i a. Oh, comme c’est magnifique!!! (Elle applaudit.)
Enfin, on va tout savoir sur Mitia!
M i t i a. Mais qu’est-ce que vous ne savez pas encore sur moi?
D a c h a. Et quand on partagera maintenant des savoirs sacrales et dissimules - on saura tout ce que chacune de nous ne savait pas encore.
M i t i a. Et bien, les filles, - vous etes de vraies criminelles fatales.
L i a l i a. Plus que tout, Mitia aime les pasteques et les melons.
D a c h a. Avec la vodka, Mitia aime de l’ail marine.
L i a l i a. Le ne le savais pas.
M i t i a. Et quoi encore?
D a c h a. Apres la vodka, Mitia aime baiser.
M i t i a. Ca, c’est trop!
L i a l i a. Apres les pasteques et les melons, Mitia aime aussi baiser. Oui, oui, oui, oui, oui!!! (Elle applaudit.)
D a c h a. Et pardessus de tout, Mitia aime baiser avec les yeux bandes.
L i a l i a. C’est vrai!!!
M i t i a. Les filles, vous etes vraiment des recidivistes.
L i a l i a. Nous, Dacha, on est vraiment des recidivistes?
D a c h a. Les filles qui baisent avec les yeux ouverts, ne peuvent aucunement etre recidivistes.
M i t i a. Pourquoi donc les filles qui baisent avec les yeux ouverts, ne peuvent-elles aucunement etre recidivistes?
L i a l i a. Parce que les filles qui baisent avec yeux ouverts, Mitia, ne peuvent mais d’aucune facon etre recidivistes, parce qu’elle voient avec les yeux ouverts et d’une facon honnete comment elles baisent. Elles voient et savent ce qu’elles font. Elle font l’amour avec les yeux ouverts!
D a c h a. L’amour n’existe qu’avec les yeux ouverts. Bravo! Bravissimo!!! Lialia!!! (Elle applaudit et embrasse Lialia.) L’amour avec les yeux bandes - c’est juste du sex vulgaire. Et figurez-vous - vous ne pouvez pas imaginer - j’ai ete fidele a ce sex vulgaire, a ce zizi qui baisait avec les yeux bandes au nom de Mitia, pendant 20 ans. Pendant 20 ans, je l’aimais avec les yeux grands ouverts, et lui, tout comme
un maniaque recidiviste me baisait avec les yeux bandes et ne jouissait que de mon corps tout seul. Pendant l’orgasme, il bavait d’une giclee de salive sur ma poitrine. J’avais du degout, mais il ne voyait rien de tout ca, car il me baisait avec les yeux bandes. Ces yeux bleus etaient bien serres avec un foulard de soie noire qui, d’ailleurs, je lui ai donne pour son cou bohemien… qu’il se couvre de la lumiere de l’amour.
M i t i a. Eh bien, Dacha…
D a c h a. Le juponnier baveux se connait en corps immoraux, sacrement baises au nom de “ma femme adoree”… Bon, pourquoi m’ecoutez? Je suis une vieille vadrouille qu’on a bien matelotee et qu’on jete par-dessus du bord. C’est mon lot. Dieu vous en garde, Lialia, que cette jetee par-dessus du bord n’ait pas le temps de vous arriver. Vous avez de la chance. Quand Mitia depassera de loin la cinquantaine, vous n’aurez que la trentaine. Comment pourra-t-il vous satisfaire avec cette calvitie chenue? Se sont ses problemes. Comment avoir pitie d’un male qui ne desirait que devorer votre fleche de nymphete? C’est ainsi qu’est fait notre monde sublunaire fabuleux, merveilleux et feerique.
M i t i a. Et bien, Dacha, ce que tu aimes jouer les tragedies! La, tu est vraiment geniale!
L i a l i a. J’aime Mitia tres-tres fort. Et Mitia…
M i t i a. Oui.
D a c h a. Le troisieme doit s’evaporer et non jouer des tragedies, c’est vrai. Et si le troisieme ne disparait pas de bon gre - on l’eliminera tout betement. A notre epoque de l’economie, on agit ainsi. Que ce se passe vite. L’argent,
c’est le temps. Avec un appui sur le chien au temps et au lieu voulu. Mais il vaut mieux tirer plus juste. Que la balle arrache un ;il pourvu que la mort soit instantanee.
M i t i a. Tu comprends, Lialia, quelqu’un a tire sur Dacha. De ce pistolet avec un silencieux. (Il lui montre le pistolet.) Heureusement qu’on l’a ratee.
L i a l I a. Wow!
D a c h a. Vous n’etes pas au courant, Lialia? On m’a ratee, malheureusement. Donc, on me tirera dessus encore.
M i t i a. Ca ne peut etre plus serieux - tu vois comment elle est peinee?
L i a l i a. C’est un cauchemar. C’est tout simplement un crime sauvage, detestable et cauchemardesque sans limite!
D a c h a. Quelqu’un devait commander un tueur a gage pro, et de toute facon, ne pas baiser avec ce jeune killer juste avant l’execution d’une mission si responsable de liquidation du premier amour du president plein d’amour de notre compagnie moderne de theatre petrolier, de nymphettes bonbonnieres et de finance transatlantique. En parlant du premier amour, j’exagere, bien sur, en ce qui concerne mon role dans l’appareil de la suite. Je comprends que le killer a besoin de remplir son estomac de viande que son penis bande comme un chene afin de baiser jusqu’au fond l’hymen d’une nymphette de 15 ans pour avoir de l’inspiration. Mais apres, comment faire pour avoir le tir cible, quand tout le sang inspire est parti du cerveau vers l’estomac et apres, a son tour, dans la bite - je ne peux pas l’imaginer.
L i a l i a. Je ne comprends rien: un killer, la viande, la bite, le cerveau, l’estomac, le president… Un hymen inspire a ses 15 ans printaniers. C’est peut-etre moi ou quoi?
D a c h a. Que Dieu t’en garde!
L i a l i a. Non, je peux etre encore un hymen a mes 15 ans. Tout a fait. Comme vous le dites.
D a c h a. Ah! Vous etes encore un hymen? Mitia, toutes mes felicitations!
L i a l i a. Pardon - je ne suis pas un hymen, je vous demande pardon - je ne pleure pas, tout comme vous - un fil… dechire…
D a c h a. Un fil de Nika Zaretchnaia…
L i a l i a. Oui, oui! Et qui sera notre president? Mitia?
M i t i a. De toute facon, je suis president de ma societe de marketing.
L i a l i a. Et vous, Dacha, vous etes le premier amour de notre president Mitia? J’ai tout bien compris. Et quelqu’un a tire sur vous, comme sur le president Kennedy. Et qui est alors le tueur a gage?
D a c h a. Mais, c’est Mitia, apparemment.
M i t i a. Quoi?! Je suis le president!
D a c h a. Le killer a la toiture d’un president?
L i a l i a. Oui.
D a c h a. Voila.
M i t i a. Quoi?! Et qui est alors le president? - Sans la toiture?
D a c h a. Le president sans la toiture, c’est celui a qui met les cornes l’hymen du killer a ses 15 ans printaniers.
L i a l i a. Oui! C’est ca! Hourra!!!
M i t i a. Quoi?!
D a c h a. Tout est clair, Mitia - tu n’es pas forcement le killer
- reste comme tu es, un president cornu sans la toiture. Mais son amant de 15 ans peut bien etre le killer.
L i a l i a. Un amant de 15 ans a qui peut-il bien etre le killer?
 D a c h a. Mais a toi, chere Lialia, ton amant de 15 ans peut bien etre le killer.
L i a l i a. Chiche! Qu’est-ce qu’elle se permet ici, cette ballerine? Je ne comprends rien, Mitia!
D a c h a. Cette ballerine se permet ici de se defendre et rien de plus! (Elle saisit le pistolet.) Ce killer, c’est quand- meme toi, Mitia. Reconnaissez-le. Apres le sexe avec les yeux bandes, apres un verre de vodka avec de l’ail marine et un morceau de viande, Mitia, les mains tremblantes, les yeux collants de fatigue, a rate sa premiere putain presidentielle, c’est a dire, moi. Ca s’est passe comme ca, camarades killers?
L i a l i a. On etait en France!
D a c h a. Des killers ont toujours un alibi de fer!
M i t i a. Le pistolet, est-il charge?
D a c h a. Bien sur qu’il est charge! (Elle tire dans la direction de la cuisine, on entend le bruit du verre eclate.) Le Parlement, a-t-il encore des doutes?
M i t i a. Qu’est-ce que t’as touche la-bas?
D a c h a. J’ai touche la le bocal en verre, ou tu fais mariner ton ail. Ne t’inquiete pas - dans ton cercueil, tu n’aura plus besoin de l’ail marine. Et moi, je n’en mange pas.
M i t i a. Tu plaisantes ou tu ne plaisantes plus, Dacha? Tu as toute ta raison?
D a c h a. Reconnais-le - ce buvard t’as force a t’avilir jusqu’a ce que tu attentes a ma vie?
L i a l i a. Mais quelle vadrouille! Tu es pire qu’une vadrouille
- t’es qu’une serpillere dechiree avec tous ses fils de Nina Zaretchnaia rompus a l’interieur, et point, c’est tout! Dis-lui, Mitia, qu’elle n’est qu’une serpillere dechiree et pourrie, a laquelle l’on peut et il se devrait essuyer ses sales chaussures! (Elle se cache derriere Mitia.)
M i t i a. Lialia! Dacha!!! Calmez-vous, les filles!
D a c h a. Retire-toi, Mitia! Je vais la flinguer comme une caille!
L i a l i a. Pourquoi, comme une caille?!
D a c h a. C’est parce que c’est moi qui tire. J’appelle comme je veux celle a qui j’arrache sa tete!
M i t i a. Je t’en supplie, chere Dacha! (Il se jette devant elle a genoux.)
L i a l i a. Par quelle fantaisie cette furie a-t-elle decide que t’as tire sur elle?
M i t i a. Le killer a jete le pistolet. C’est ca, Dacha? Voila. Et Dacha, n’etant pas bete, a ramasse ce pistolet. Et elle a une copine comedienne Svetlana-la-Rosette, dont un amant domestique est un dactyloscopiste.
L i a l i a. Un dactyloscopiste domestique? Camarades, on est bien arrive au point final.
M   i   t   i   a.   Mais   juste   un   homme   tres   bien.   Les dactyloscopistes gagnent actuellement pas mal d’argent.
L i a l i a. Et apres?
M i t i a. Et apres, ce dactyloscopiste a pris les empreintes d’abord, du pistolet, et puis de mon tiroir chez Dacha ou je garde toujours mes calecons et mes chaussettes. Le soir meme ou l’on a tire sur Dacha, quelqu’un l’a appelee en
conseillant de prendre les empreintes du pistolet et du tiroir, pour comparer. Ca c’est passe comme ca, Dacha?
D a c h a. C’est exactement comme ca.
L i a l i a. Et toi, tu crois cette chevre jalouse qui bele?
M i t i a. Je crois toujours ma petite chevre cherie avec son poil duveteux et lisse.
D a c h a. Et maintenant tu vas crever pour cette croyance, espece de vieille peau perverse! Et pas seulement toi! (Elle tire dans la direction de la cuisine. On entend le bruit du verre eclate.)
M i t i a. Ton tir est vraiment genial, Dacha - qui t’as-t-il appris?
D a c h a. Celui qui m’aime pour de vrai. Mais tu n’auras pas de chance de le connaitre. Dis-moi merci que tu vas mourrir maintenant d’une facon instantanee, espece de parasite!
M i t i a. Merci, Dacha, merci. Maie peut-etre que l’on pourrait vivre encore un peu jusqu’au matin, et apres, on dessoulera un peu?
D a c h a. On dessoulera et on ne priera pas. Si tu veux, on peut faire comme ca. (Elle tire dans la direction de la cuisine et on entend le bruit du verre eclate.) Il nous reste encore 5 balles - y en a assez pour faire la priere.
L i a l i a. Mais de quelle facon fantasmagorique pouvaient se trouver sur ce pistolet les empreintes des doigts de Mitia, il y a une semaine ici, a Moscou, quand on a passe cette semaine, lui et moi, a Nice sur la Cote d’Azur, et ces doigts de Mitia n’ont pas quitte ma peau pour une seconde?
D a c h a. Tu l’as aide a palper ce pistolet par avance, encore avant d’aller en France, espece de cloporte des fonds!
L i a l i a. Ah!.. En plus, je l’ai aide a palper ce pistolet avant d’aller en France? Et toi, tu te tais, Mitia, quand on me denonce avec des mots vulgaires?
M i t i a. Tu vois, qu’elle sait tirer, ma chere Lialia!
D a c h a. Et en plus, je tire bien!
L i a l i a. Je l’ai aide a palper le pistolet? Mais comment et quand - est-ce qu’elle a toute sa tete? Reponds-lui quelque chose, Mitia!
M i t i a. Peut-etre, qu’elle a vraiment raison - c’etait quand je t’ai baise les yeux bandes. Effectivement, on s’agitait avec toi sur le dos de mon lit de fer, et j’aurais pu palper le pistolet par megarde avec ma main. Ca c’est bien passe comme ca, mes cheres Lialia et Dacha?
L i a I i a. Et quel rapport avec ta Dacha?
D a c h a. Le rapport est que mon tir est tres juste! Et je peux tirer dans le mauvais ;il! (Elle tire dans la direction de la cuisine et on entend le bruit du verre eclate.) Comme je suis triste, o gens, cygnes, creatures! (Elle tire dans la direction de la cuisine et on entend encore le bruit du verre eclate.)
L i a l i a. C’est logique, poetique et horrifiant - reellement, une vieille salope adulte! Avec qui vivais-tu, Mitia? Et alors apres, ce jeune amant a moi prend avec precaution ce pistolet avec un silencieux palpe par les doigts de Mitia et tire sur cette salope de Ninotchka Otretchnaia, espece de mouette et de plongeon completement nul?! Je voudrais la zigouiller moi-meme, cette cabotine - je kifferais au max!
D a c h a. Un excellent critique theatral est en train de mourir et va enfin mourir pour de bon! (Elle passe a Mitia et a Lialia des photos.) Rarement je suis d’aussi bonne humeur
comme aujourd’hui. Vous avez de la chance, petits chromosomes. Je vous donne encore cinq minutes de vie gratos. Rejouissez-vous de l’art de ces photos, mes petits chatons, mes petits poussins. D’abord, j’ai appris a tirer avec un canon optique de ma fenetre sur tes fenetres ouvertes et fermees, Mitia-le-chien et Lialia, ta copie. Ne jugez pas et vous ne serez pas juges, mais vous serez des victimes.
M i t i a. C’est ton petit killer, Lialia, tout nu, et toi, tu lui embrasses la poitrine, dans mon appartement meme!
L i a l i a. Oui, c’est Kilia qui est sur la photo, Mitia! C’est un hyper chef d’;uvre!
M i t i a. C’est Kilia sur la photo? Qu’est-ce que ca veut dire, Kilia? Ca veut dire, killer?!!
L i a l i a. Mais non - juste Kilia, mon petit mec du kiosque des glaces. Celui-la qui se trouve dans notre court. Encore enfant, Kilia revait de vendre les glaces, et voila que son reve d’enfance s’est realise. Et apres, il est etudiant a l’Institut pour devenir programmeur et il a fait sa premiere annee. Il prend pas du fric a ses parents, mais il les aide a son tour, parce qu’il est un bucheur.
M i t i a. Un bucheur.
L i a l i a. Mais non - c’est un gars tellement sympa et rigolo. Laissez-moi vous faire connaissance avec lui. Tout deviendra clair et net pour vous.
M i t i a. Et tu as baise avec lui comme une chatte folle?!
L i a l i a. Mais t’es quoi? Il m’a meme pas baise la main!
M i t i a. Et toi, tu lui embrasses la poitrine sur la photo! Et lui, juste en calecon, pend sur tes levres avec sa poitrine.
L i a l i a. Mais c’est un Kilimanjaro, Mitia!
M i t i a. Quoi, quoi? Kilimanjaro? Voila, Dacha, tout ce galimatias s’appelle chez les jeunes Kilimanjaro, un mot en vogue.
L i a l i a. Mais non - chez Kilia, tout est Kilimanjaro, si tout est bien de facon humaine.
M i t i a. Kilia, aime-t-il le Sir Hem, c’est-a-dire Hemingway?
L i l i a. Il aime beaucoup Hem, c’est exact.
M i t i a. Et les filles des autres, il les aime encore plus?
L i a l i a. Mais non… Je suis en train d’expliquer. Je suis allee faire les courses et mes deux bras etaient occupees. Et quand je passais comme toujours devant le kiosque des glaces, car il se trouve sur le chemin, - j’ai voulu acheter des glaces, comme toujours, pour le dessert. Alors, j’ai achete quelques glaces, mais je n’ai pas une dizaine de bras, et Kilia l’a vu que je n’avais pas une dizaine de bras, mais que j’etais surchargee et a eu l’idee de monter les glaces dans l’appartement. Et bien sur qu’il a pris une bretelle et encore un sac, meme deux sacs. A son kiosque, il a accroche un panneau, qu’il etait parti pour 15 minutes. Et s’est comme ca que cette image est arrive.
M i t i a. Et comment s’est arrive que Kilia est debout, et apres il est couche nu, et toi, tu est sur lui et lui embrasses sa poitrine nue?
L i a l i a. C’est ce que je raconte - c’est Kilimanjaro. Quand on est entre dans l’immeuble, on a appele l’ascenseur et on est monte au dixieme etage. On arrive, les portes de l’ascenseur s’ouvrent, et je sors la premiere, comme une dame, et Kilia - apres moi, comme un homme. Il est un gentleman tres galant. C’est ca. Pourtant, Kilia trainasse un peu a cause de Kilimanjaro, il l’a explique lui-meme - et
reste coince par les portes de l’ascenseur. Et ca, avec un sac plein de glaces. Et toute cette glace s’ecrase sur sa poitrine en se transformant en un Kilimanjaro - c’etait hilarant a en crever. Naturellement, apres, il a fallu le deshabiller, bien doucher et lui donner une chemise propre. A propos, je lui ai donne ta chemise, Mitia. Et deux jours apres, Kilia l’a lavee, sechee, repassee et m’a rendue d’une facon tres disciplinee.
M i t i a. Tu l’a lave dans la douche?
L i a l i a. Mais non - Kilia, c’est une poire, mais pas jusqu’a etre primitif a un tel degre.
D a c h a. Kilia. Quel beau prenom! En complet, il est probablement Nikolai ou Innokenty?
L i a l i a. Je n’ai pas demande a preciser. Il est Kilimanjaro.
M i t i a. Kilimanjaro. Un Killer. On va le preciser. Rendez-moi ce Kilia!!!
L i a l i a. Pourquoi veux-tu Kilia ici?
M i t i a. On voudrait un peu de glace - pour se refroidir au dessert.
L i a l i a. Bon, je peux aller en chercher.
M i t i a. Que tu puisses d’avance te mettre d’accord avec lui? Il ne faut pas.
L i a l i a. Mais sur quoi me mettre d’accord avec lui? Seigneur. Vous etes tous toques ici, les vieux. Businessmen, metteurs-en-scene, comediennes celebres. Vous etes pervertis jusqu’a l’os, et vous osez nous precher la morale. Naturellement, vous croyez en debauche que vous avez creee et dont nous sommes obliges de sortir, nous aussi, mais ne nous empechez pas d’emerger par nos propres moyens. Je suis terriblement desolee. Mitia… Dacha… Je
ne voulais pas vous parler ainsi. Vous etes tres intelligents vous-memes. C’est bien. Vous me plaisez. Je savais ou je mettais les pieds…
M i t i a. Lia… Da… lia… cha…
D a c h a. Les enfants eduquent leurs parents - ca, c’est bien… C’est bien que tu ne pleures pas.
L i a l i a. Vous avez ici des patates?
D a c h a. Pourquoi tu veux des patates?
L i a l i a. Parce qu’a partir de la fenetre d’ici, l’on peut atteindre le toit du kiosque des glaces de Kilia. Si l’on vise bien. Kilia va surement sortir - nous avons avec lui un signal convenu.
M i t i a. Un signal convenu?
L i a l i a. C’est ca. Et quoi alors? Apres, je vais lui faire signe de la fenetre et il apportera ici des glaces pour le dessert apres notre jus d’orange. Kilia n’a pas de mobile dans son kiosque des glaces. Le chef principal des kiosques des glaces s’est revele un connard qui interdit l’utilisation des mobiles pendant le travail, parce que ca generait soit disant la vente des glaces. Et le chef immediat de Kilia est un homme hyper honnete, applique, bien eleve et gentil. Il ne veut eduquer personne - vous pouvez en etre sur. Maintenant, a cause de vous, je suis completement cassee. Mais Kilia va venir, et je deviendrai tout de suite gaie et gentille. Pardon encore une fois. La faute est entierement a moi. Mitia plus Dacha… Allez, donnez-moi une patate.
D a c h a. Combien t’en as besoin - Lialia plus Kilia?
L i a l i a. Mais ca depend comment je vise. D’habitude, je reussie avec quatre patates.
D a c h a (apporte de la cuisine quatre patates). Je vous prie
- quatre pieces tubereuses.
L i t i a. Et si tu atteins un passant? Tu pourrais tuer quelqu’un. Peut-etre que je peux aller chercher Kilia moi- meme?
D a c h a. Mitia, tu es metteur-en-scene, et tu nous gaches tout le spectacle. Halte! Je jette la premiere.
L i a l i a. Et pourquoi?
D a c h a. Je suis desolee, mais c’est mon appart, mes patates, suis la plus perverse et j’ai toutes les cartes. (Elle jette une patate par la fenetre.) J’y suis! Hourra!!! J’ai reussi des la premiere fois. Maintenant, je comprends, pourquoi je n’ai pas de chance dans l’amour.
L i a l i a. Maintenant, Kilia va sortir du kiosque. Laissez-moi que je l’appelle. Il va s’etonner de ne pas me voir chez moi, mais dans la maison d’en face. (Elle crie par la fenetre.) Kilia!!! Je suis la!!! Salut, Kilia!!! Tu peux m’apporter ici quatre esquimaux? Merci! Au douzieme etage. L’appart 115. On t’attend.
D a c h a. Tous les voisins vont savoir qu’on aime l’esquimau.

P a u s e

On sonne a la porte.

L i a l i a. C’est Kilia. Je vais ouvrir. Je peux?
D a c h a. Bien sur, comme disent les Francais.

Lialia ouvre la porte, entre Kilia.
 

K i l i a. Bonjour et Bonne Annee! (Il distribue les esquimaux.)
L i a l i a. Je te prie, Kilia, prend l’argent. (Elle passe l’argent a Kilia.)
K i l i a. Mais il ne faut pas - c’est juste comme ca - un cadeau.
L i a l i a. Tiens-le, tiens, un cadeau! (Elle met l’argent dans la poche de sa veste.)
K i l i a. C’est ca - maintenant sans argent en nature c’est devenu completement foutu, c’est vraiment pas Byzance.
D a c h a. Quand est-ce que sans argent, c’etait pas foutu? Quel beau prenom que vous avez, Kilia. C’est un derive de quoi?
K i l i a. De Kilimanjaro.
M i t i a. C’est une montagne en Afrique - les neiges de Kilimanjaro.
K i l i a. C’est ca - un volcan en Tanzanie. 5.895 metres au- dessus du niveau de la mer. Les neiges de Kilimanjaro - c’est exact.
D a c h a. Et quel rapport avec vous?
K i l i a. Mais ca me rend fou, cette montagne au nom de Kilimanjaro, c’est tout. Je la kiffe comme Ernest qui est Hem, celui qui a ecrit “Les Neiges de Kilimanjaro”. C’etais un mec americain de genie.
D a c h a. Un mec americain de genie.
K i l i a. Bonne Annee, mesdames, messieurs! (Il clappe la glace, comme si il lui donnait un baiser bruyant, en mangeant un morceau.) Kilimanjaro, la Bonne Annee - c’est kif!
M i t i a. Pourtant, quelle Bonne Annee? Dehors, c’est l’ete!
K i l i a. Ici, c’est l’ete, et a Kilimanjaro, c’est l’hiver, c’est la Bonne Annee, c’est kif! (Il clappe la glace, comme si il lui donnait un baiser bruyant, en mangeant un morceau.)
D a c h a. C’est kif!!! (Elle clappe la glace, comme si elle lui donnait un baiser bruyant, en mangeant un morceau.) Je veux aller en Tanzanie - a Kilimanjaro!!!
K i l i a. C’est kif! Je le veux aussi. Je vais epargner un peu d’argent - et l’on pourrait y aller tous ensemble.
D a c h a. Bien sur, qu’on y ira tous ensemble, Kilia! Kilimanjaro! (Elle donne un baiser bruyant a Kilia.)
K i l i a. Quel parfum! Quelles dames du beau monde!
M i t i a. Vous voulez etre programmeur? C’est Lialia qui l’a dit.
K i l i a. Et vous etes son papa?
M i t i a. Son papa.
K i l i a. Vous comprenez, papa, monter a Kilimanjaro est tres seduisant, mais pas simple du tout. C’est pourquoi chaque pas de l'ascension doit etre programme en bas. C’est pourquoi, maintenant j’apprends a etre programmeur.
M i t i a. Peut-etre que dans votre cas de fanatique de Kilimanjaro, vous devriez apprendre l’alpinisme? Pour ne pas tomber de la montagne.
K i l i a. Je suis, papa, alpiniste des mon enfance. C’est un hobby des ma naissance.
M i t i a. C’est Vyssotsky qui a appris l’ascension a tout le monde. Et l’americain Hem.
K i l i a. Vyssotsky, c’est un Hem qui chante.
D a c h a. Exactement. Tout les deux, on ira ensemble partout, Kilia, on va monter a Kilimanjaro, ecouter Vyssotsky et lire le genial Hem. C’est bon?
K i l i a. On peut le faire a deux, a trois, ou a quatre - il faut seulement tout programmer d’avance.
D a c h a. Et seulement a deux - on le peut?
K i l i a. On le peut seulement a deux, mais de toute facon, il faut tout programmer d’avance.
M i t i a. Mais pourquoi si vite, Dacha? Toi et Kilia, ca fait mille ans que vous vous connaissez?
D a c h a. Ca fait mille ans qu’on se connait par le biais des glaces! (Elle serre Kilia dans ses bras.)
K i l i a. Mais les glaces, c’est kif, bien sur, tout comme Kilimanjaro. Et ta bouche apres un verre, c’est comme l’Afrique. La Tanzanie brulee par la canicule. Et toi, espece de glaciere, tu te la fout dans la bouche comme de la neige
- et c’est l’harmonie, la beaute de la fraicheur, - comme Kilimanjaro enneige en Afrique, et oh! Mon Dieu!
M i t i a. Un specialiste a connaissances variees. Et qu’est- ce que tu as fait d’autre, Kilimanjaro, vetu de nu, avec… ma fille?

Il montre a Kilia les photos.

K i l i a. C’est qui qui nous a pris? Mais c’est kif - Kilimanjaro
- donnez-moi une photo en souvenir. Je peux?
D a c h a. Prenez-la. S’il vous plait, c’est votre tresor.
K i l i a. Merci, punaise! C’est kif, pure - un putain d’Hollywood.
M i t i a. Pourquoi tu es ici tout nu, Hollywood?
K i l i a. Mais papa, pourquoi t’es si pressant et courrouce? Je me suis tache avec des glaces dans votre ascenseur. J’ai porte les aliments avec les glaces pour Lialia jusqu’a la porte. Et comme j’ai ete plonge dans mes pensees sur Kilimanjaro, les portes de l’ascenseur - boum! - m’ont saisi par la poitrine, et c’est loin d’etre poetique. C’est pas partout qu’il faut penser a Kilimanjaro.
M i t i a. Sur cette photo, je vois comme Lialia, c’est a dire, bien sur, Lena, ma fille, t’embrasse ici sur ta poitrine de Kilimanjaro toute nue.
L i a l i a. Mais la glace a ete ecrasee sur toute sa poitrine, papa. Et il n’en restait que sur sa poitrine. Et moi, j’en voulais tellement… De la glace…
K i l i a. Et bien, toute cette glace a vraiment colle sur ma poitrine, papa. Ca me chatouillait si fort! Quand la glace collait sur ma poitrine, ca me chatouillait, et quand votre Lena me lechait la glace de la poitrine, ca me chatouillait aussi d’enfer. Sur cette photo, il ne reste plus rien de Kilimanjaro, de la glace. Alors, cette glace se dressait sur ma poitrine comme la montagne Kilimanjaro et le restait toujours. J’ai du meme me coucher un peu. Sinon tout Kilimanjaro serait tombe par terre. Et votre Lena n’aurait pas leche, papa, de mon Kilimanjaro.
M i t i a. Et donc t’as eu du plaisir, Kilia, c’est-a-dire, putain, Kilimanjaro, quand Lialia, c’est-a-dire Lena, sucait sur ta poitrine, putain, ce Kilimanjaro. Ou bien t’as pas eu de plaisir, espece d’aborigene d’alpiniste et programmeur?
K i l i a. Non, mais quoi, papa, lecher Kilimanjaro - c’est concretement kif. Dis, Lena. Je voudrais lecher Kilimanjaro moi-meme sur ma poitrine - mais comment pourrais-je y
atteindre? Vous vous tourmentez pour rien, papa. Ce, a quoi vous pensez, je ne l’ai pas fait avec Lena et je ne pouvais pas le faire. Je suis puceau par nature, papa.
D a c h a. Tu es puceau par nature, Kilia?
K i l i a. Je suis puceau par nature. Vous etes sa maman? Je l’ai compris tout de suite - vous vous ressembler comme deux bouvreuils. Et moi, je suis toujours puceau d’aborigene programmeur et alpiniste par nature. J’accumule toute l’energie pour Kilimanjaro.
M i t i a. Qu’est-ce que ca veut dire, un puceau? Comment est-ce possible? Quelque chose m’echappe la.
D a c h a. Si tu comprends pas - c’est que ce ne t’est pas donne. Tu t’es completement perverti, Mitia, au grand regret.
M i t i a. Tu as quel age, puceau?
K i l i a. Dix-sept - c’est pas beaucoup, je suis encore etudiant.
M i t i a. Tu apprends la virginite? Tu es un pervers qui apprend la virginite?
L i a l i a. Mais Mitia, il est vraiment puceau, papa, bien sur, ce Kilimanjaro - je ne sais pas exactement.
M i t i a. Tu le sais comment? L’as-tu essaye?
D a c h a. Il est bien puceau, Mitia - j’ai l’ai bien essaye!
K i l i a. Quoi?!! Comment?!! Quand est-ce que vous m’avez essaye, camarade, pardon, maman?
D a c h a. Dans mon imagination. Un esquimau sans la tige. Quoi, je ne peux pas t’essayer dans mon imagination? Quelles gens materialistes que vous etes tous rassembles ici - on ne peut pas rever, tous les heros s’enfuient dans la broussaille. Fi! (Elle secoue ses doigts.) Vous etes venu,
voyons, chez une dame. Que vous avez tiree dessus. Et vous vous appelez encore Kilimanjaro. Fi!
M i t i a. Peut-etre ce qu’on a titre sur toi, c’etait aussi dans ton imagination?
D a c h a. La dactyloscopie, Mitia, n’imagine rien, arrete de rever.
K i l i a. On a tire sur vous? Mon Dieu! Quand et pourquoi? Ou? Qui? D’un pistolet? Celui-ci? (Il montre le pistolet, qui est sur la table.) Je peux le tenir?
D a c h a (prend le pistolet et le range dans le tiroir). Tant que tu es puceau, tu ne dois pas, Kilia, toucher au choses diaboliques.
K i l i a. J’aimerais tirer une fois sur ma virginite jusqu’a la mort.
D a c h a. Mais si tu n’as rien contre, je pourrais te priver de ta virginite fabuleuse avec un moyen plus humain, sans fusillade. En te donnant en plus un amour fabuleux! Le desires-tu, Kilimanjaro?
K i l i a. Mais je le dis que c’est evidemment tres desirable, et ne sort aucunement du cadre de mon programme, mais en revanche, ca y entre activement. Surtout ces derniers temps. Si je ne suis pas prive de ma virginite d’une facon humaine - je pourrais exploser comme une bombe nucleaire. Et vous, avec Mitia, le papa de Lialia-Lena, ne vivez plus en famille? Je m’introduit, bien sur, mais… Comme des amis?
M i t i a. Comme Kilimanjaro! (Il s’approche de Dacha et la serre a la taille.)
K i l i a. Alors, ca trouble mon programme. Et ce n’est pas pour rien que je le demande.
L i a l i a. Et moi, je peux te pervertir, Kilia?
K i l i a (regarde autour). Si tu le veux vraiment, alors, tu peux, tu dois meme. (Il avale la salive.) Si ton papa et ta maman ne sont pas contre. Je veux dire, surement oui.
D a c h a. Nous sommes d’accord avec Lialia, Kilia. Je veux dire, surement oui.
K i l i a. Alors, je vais maintenant fermer le kiosque des glaces jusqu’au matin, Lena. Et…
L i a l i a. Et tu viens immediatement chez moi, Kilimanjaro! Je suis tres humaine, la fille de Kilimanjaro, Kilia.
K i l i a. Pourvu que je n’explose pas avant… Que je vienne ici   ou   la-bas?   Je   viens   la,   ou   l’on   fait   des   photos d’Hollywood, en nature?
M i t i a. Viens la, ou elle lapait Kilimanjaro de ta poitrine.
D a c h a. Et Lena sera la-bas en avance.
K i l i a. C’est Kilimanjaro total, punaise, c’est kif continu que vous avez ici en nature! Je cours vite au kiosque des glaces, petite Lena, je le ferme, je monte en ascenseur, comme je montais autrefois chez toi avec des glaces a Kilimanjaro!!!
L i a l i a. Je suis avec toi.
K i l i a. Je souhaite bonne nuit a tous dans cette maison, papa, maman, vous etes Kilimanjaro!
L i a l i a. Tchao, les ancetres - je vous aime tres fort. Vous me pardonnez, n’est-ce pas?

Kilia et Lialia s’enfuient.

M i t i a. On te pardonne. Tchao, tchao.
D a c h a. Bonne nuit. Braves enfants. Lialia plus Kilia. Que tout le bien soit pour vous.
M i t i a. Le pistolet, Dacha, tu l’as pris la-bas?
D a c h a. Du tiroir. Je te l’ai dit. Un homme a ete tue. Je marchais a cote. Le killer s’est enfui. Mais il a jete le pistolet par terre. Je l’ai ramasse et l’ai mis dans le tiroir avec tes calecons et tes chaussettes. Ce killer, ce n’etais pas toi, Mitia, bien sur. Mais alors, il m’a semble que c’etait mon Mitia adore qui tirait sur moi. Et en ce qui concerne les empreintes de tes doigts - ca ete entierement mensonger et bluffant. Si tu le veux - tu peux me pardonner.
M i t i a. Je t’aime tant… Et toi?
D a c h a. Mitia, Mitia - ce sont nos annees.
M i t i a. Pardonne-moi, Kilimanjaro. Je ne voulais d’elle que l’enfant…
D a c h a. Tu es bon… Mon Kilimanjaro… (Elle s’approche de Mitia et le prend dans ses bras.)

O b s c u r i t e




Moscou, 2000


Dans la presse americaine, le celebre metteur-en-scene et comedien Mikhail Kozakov, comparait la dramaturgie de Mikhail Volokhov, et, en particulier, sa piece «Kilimanjaro sur tes levres», avec la dramaturgie d’Edward Albee.

Le grand metteur-en-scene Roman Viktiouk mit dans son YouTube.com un enregistrement extraordinaire de sa lecture de la piece de Mikhail Volokhov «Kilimanjaro sur tes levres».


Texte francais: Nikita Krougly-Encke


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6)

Mikhail Volokhov


LES BALLES ENROBEES DE CHOCOLAT

Texte francais : Nikita Krougly-Encke

PERSONNAGES :

U n   S o l d a t   b r e f
U n S o l d a t   l o n g
U n e  J e u n e  f i l l e
et encore quelques mots dits   par deux petits soldats

A notre epoque.

Sur la scene, il y a quelques souches et quelques pierres. Deux soldats rampent a la rencontre. L’un est bref, l’autre est long.

S o l d a t   b r e f. Eh, eh! A l’horisont!
S o l d a t   l o n g. Eh, toi-meme! Derriere la souche!
S o l d a t   b r e f. Qu’est-ce t’as a te masquer derriere ton pave, comme si toi-meme, t’etais un pave?
S o l d a t l o n g. Et toi-meme - t’es une souche, toi?
S o l d a t  b r e f. Je vais te raboter en plein de souches comme ca - tu sauras comment claquer, espece de pave, punaise!
 
S o l d a t  l o n g. Et bien, la souche, arrete de saillir. Ca fait longtemps que t’as pas baise? Pourquoi t’es si agressif? Et si t’es ne une souche, personne n’est responsable! Adresse- toi a Dieu le Seigneur, la souche.
S o l d a t  b r e f. Tu commence vraiment a me faire chier, le pave. Je vais directement te broyer en poussiere!
S o l d a t   l o n g. Avec quoi veux-tu me broyer, espece de souche pourrie, ta buche avec une hache!
S o l d a t   b r e f. Je vais te broyer avec une rafale de Kalachnikov - tu piges, connard, putain?
S o l d a t   l o n g. Oui, connard, je pige, putain, que ta rafale de Kalachnikov, t’en as plus depuis longtemps, putain.
S o l d a t   b r e f. Et alors, pourquoi tu te caches de moi derriere le pave? Tu pisses de peur de recevoir ma petite rafale de Kalachnikov?
S o l d a t   l o n g. Je vais t’envoyer moi-meme une petite rafale de Kalachnikov entre tes cotes et ta nuque - pour te dire bonjour.
S o l d a t   b r e f. Mais c’est deja completement vide dans ta mitraillette, comme ca sera bientot vide dans ton crane troue, connard.
S o l d a t   l o n g. Ecoute, mec, la, tu commences a m’emmerder vraiment. (II se leve, se secoue, s’assoie sur le pave, tire une cigarette, en cherchant du feu.) T’aurais pas du feu a cote, dans ton sein?
S o l d a t   b r e f. Mais t’es tout vieux et chenu. Qu’est-ce que tu fumes?
S o l d a t  l o n g. Camel.
S o l d a t  b r e f. Sorte allege?
S o l d a t   l o n g. Nucleaire.
S o l d a t   b r e f. Tu m’en envoie une en parachute, hein?
S o l d a t   l o n g. T’en auras de quoi allumer?
S o l d a t   b r e f. On va en trouver, fantassin!
S o l d a t   l o n g. Attrappe-la, espece de came. (Il fait tentative d’en lui envoyer une.)
S o l d a t   b r e f. (Il se leve et s’approche du soldat long.) Il faut pas la lancer - elle pourrait se perdre, on est deja en manque de clopes. (Il prend la cigarette et ils les allument.) C’est du pur oxygene - au naturel!
S o l d a t   l o n g. Non de l’oxygene, mais un bouquet de fleurs - d’Amerique.
S o l d a t b r e f. C’est exact. Mais qu’est-ce que tu fais ici a la guerre, si vieux que tu es, tu combats comme un tirailleur de Vorochilov? Tu te venges de quelqu’un pour ta petite-fille violee, ou quoi?
S o l d a t    l o n g. Je veux pas crever dans mon lit a cause des maladies.
S o l d a t  b r e f. Mais t’es fort! Tu veux qu’on t’abatte en plein air dans les montagnes?
S o l d a t   l o n g. Oui, peut-etre. Ou qu’on emporte ma tete d’un abus et point, c’est tout.
S o l d a t    b r e f. Mais tu fournis le pays en charbon!
S o l d a t    l o n g. Et toi, tu serais qui, toi-meme?
S o l d a t    b r e f. Je serais un soldat.
S o l d a t    l o n g. Ca se voit. Et t’es quel type de soldat?
S o l d a t    b r e f. Comment, quel type de soldat? Je serais un bon soldat. C’est clair?
S o l d a t    l o n g. Comment ne pas etre plus clair? Il n’y a rien dans le monde dont on pourrait considerer comme
absolument bon, a part la Toute-Bonne Volonte. C’est ce qu’a dit Immanuel Kant dans les “Fondements de la metaphysique des m;urs” deja en 1785. C’etait il y a 215 ans.
S o l d a t    b r e f. Tu aimes Kant? Tu dois avoir 200 ans comme lui-meme. T’es quand meme louche comme soldat a la guerre. T’as fait la Deuxieme Guerre Mondiale?
S o l d a t   l o n g. Je l’ai faite.
S o l d a t    b r e f. De quel cote? Du cote de Kant, de K;nigsberg, de la Prusse?
S o l d a t   l o n g. Du cote Russe, calme-toi. Est-ce que je ressemble a un Allemand?
S o l d a t    b r e f. La, il y avait aussi des Vlassovets, des traitres Russes.
S o l d a t   l o n g. Pendant la Deuxieme Guerre Mondiale, il y avait beaucoup de choses. Le plus important, c’est qu’on a vaincu l’ennemi fasciste.
S o l d a t    b r e f. Tu existes d’une maniere sensee et categorique. Et tu serais qui, toi-meme?
S o l d a t   l o n g. Je serais un soldat intellectuel.
S o l d a t   b r e f. Et bien, on va voir, regarder, comparer. Et moi, a ton avis, je suis pas du tout un soldat intellectuel?
S o l d a t    l o n g. Mais comment te le dire? Du premier regard, t’es plutot un soldant sensible.
S o l d a t   b r e f. Un soldat sensible - tu m’as bien amadoue. (Il pointe la baionnette contre le Soldat long.) Comment t’as pige si vite au sujet de ma sensibilite?
S o l d a t   l o n g. Je sais pas - je sais mediter. Tu es de quel signe d’horoscope?
S o l d a t  b r e f. De quel horoscope?
S o l d a t  l o n g. Et bien, t’es ne quand? Quelle est la date et l’annee de ta naissance?
S o l d a t    b r e f. Je suis ne le 28 mars 1951. Dans ce sens, je n’ai rien a cacher - j’ai l’air beaucoup plus jeune.
S o l d a t  l o n g. L’important, c’est que t’es belier d’apres l’horoscope occidental, et tigre, d’apres l’horoscope chinois. Et a l’intersection, t’es un macherodonte - tigre aux dents de sabre.
S o l d a t   b r e f. Moi, un tigre aux dents de sabre? La, je vais mordre et dechirer quelque chose a la guise de cet animal aux dents de sabre! Moi, un tigre aux dents de sabre?! (Il pointe la baionnette contre le Soldat long.)
S o l d a t   l o n g. Et bien, se sont tes parents qui t’ont fait comme ca, le jour du tigre aux dents de sabre. Pourquoi t’es si perturbe, quand t’es un vrai tigre aux dents de sabre, t’es ne en tant qu’un tigre aux dents de sabre qui est tellement surexcite sans aucune patience ni retenue et qui s’elance en avant en balayant tout a son passage. Mais en revanche, au tigre aux dents de sabre est inherent d’etre novateur, inventeur, d’etre tres genereux, sur le plan materiel, comme emotionnel. Et l’indomptabilite de tes sentiments, qui t’est inherente des ta naissance, le charme et l’artistisme doivent attirer beaucoup de femmes et d’autre spectateurs, ce qui t’est tellement cher, tigre aux dents de sabre.
S o l d a t    b r e f. Mais je kiffe du fait que je suis un tigre aux dents de sabre. T’es pas le premier qui me le dit, alors t’en fais pas accroire. Et toi, t’es aussi un tigre aux canins, d’apres cet horoscope astrologique?
S o l d a t   l o n g. D’apres cet horoscope astrologique, je suis une chevre mystique, mon ami.
S o l d a t  b r e f. Toi, meme si t’es mystique, t’es plutot un bouc qu’une chevre. A quoi bon cacher les positions personnelles et intimes d’horoscope stellaire et militaire, infanterie?
S o l d a t   l o n g. Ecoute, infanterie toi-meme, tigre aux dents de sabre, je suis une chevre mystique et j’ai des cornes tres longues et aiguisees. Des boucs mystiques, et meme non-mystiques, il y en a pas dans l’horoscope stellaire. Des boucs pietons et bondissants, y en a que sur le terre.
S o l d a t   b r e f. Pourquoi tu me laves le cerveau, comme si je ne connaissait ces horoscopes abstrus. J’avais une copine qui se trouvait genre de capritaure, punaise! - genre de capricorne.
S o l d a t  l o n g. Mais des capritaure, ca n’existe meme pas par nature dans l’horoscope. Et les capricornes de l’horoscope, ce sont pas des boucs, encore moins des chevres.
S o l d a t  b r e f. Des capricornes sont pas des boucs? La, tu me racontes vraiment n’importe quoi! Et alors, qui sont- ils, ces capricornes, sinon des boucs, si meme ma copine etaie, punaise, un capricorne? Je lui disais aussi: “Toi, t’es pas un capricorne, t’es surement une licorne!” Et elle me repondait: “Non, je suis un capricorne!” - telle feministe tetue. Toi aussi, espece de long fantassin tetu qui n’est pas un bouc, mais une chevre. Non, mais vous donner du fumier de fane dans les caisses.
S o l d a t   l o n g. Non, mais le belier avec le capricorne - t’as un caractere d’incompatibilite horoscopique epique et
severe. Et ta copine, elle est de quelle annee dans l’horoscope oriental?
S o l d a t  b r e f. Mais elle est de l’annee de taureau , dans l’horoscope oriental.
S o l d a t  l o n g. Le taureau et le capricorne. Mais la, c’est exactement un capritaure, une licorne. La, vraiment, je t’envie pas comme un tigre aux dents de sabre.
S o l d a t   b r e f. Elle est si minuscule, si mignonne, ma copine - encore plus petite que moi, - mais pourtant elle est tellement capritaure de licorne - c’est vraiment une nana de diable! Et toi alors, chevre mystique - qu’est-ce a dire d’apres l’horoscope astrologique?
S o l d a t   l o n g. Le principal, c’est que la chevre mystique a plus de cervelle qu’il n’en faut pour la vie. Il est recommande de sacrifier des chevres mystiques aux dieux. L’aspect exterieur d’une telle chevre mystique est naif d’une facon trompeuse, mais quand tu apprends a mieux la connaitre, ses partenaires changent leur attitude envers elle. Une chevre mystique peut etre un tres bon conseiller ou juge. Elle a une personnalite altruiste qui apprecie sa propre liberte, ainsi que celle des autres. C’est pour ca qu’elle a des rapports chaleureux et amicaux avec beaucoup de gens.
S o l d a t    b r e f. Toi, mon ami, tu peux di;cilement etre soldat ennemi.
S o l d a t    l o n g. C’est vrai. Si j’abats un soldat ennemi - apres je pleure et je pleure et je pleure.
S o l d a t    b r e f. Et bien, apparemment, t'as pas besoin de me tuer. On a avec toi, a ce qui me semble, conclu la paix ici.
S o l d a t  l o n g. Je suis pour la paix des soldats.
S o l d a t    b r e f. Et dans la vie familiale, par rapport a l’horoscope, comment la chevre mystique se sent-elle?
S o l d a t   l o n g. A la vie familiale, la chevre mystique n’est pas bien adoptee non plus. La chevre mystique considere que son partenaire n’est pas digne d’elle. Dans de rares cas seulement, une telle personne peut rencontrer un partenaire digne et devenir un bon membre de famille.
S o l d a t   b r e f. Et comment tu peux vivre sur la terre comme une chevre mystique de la sorte?
S o l d a t   l o n g. Rien a faire - je vie comme une chevre mystique, mais comme l’inebranlable soldat de plomb et, en meme temps, avec un c;ur rempli de sang humain.
S o l d a t    b r e f. Et oui - t’es un soldat mystique interessant. Tu devrais etre un president, et toi, tu demeures ici un soldat inconnu dans des gorges de montagne pas du tout mystiques.
S o l d a t    l o n g. Le grade supreme - c’est de rester soldat inconnu.

“Notre union est seulement dans l’exces, Devant nous - non echec, mais sondage. Et lutter pour avoir l’air vital a l’acces - Cette gloire est aux autres un outrage…

Des millions de tues froufroutent Avec leurs semelles sur ma retine. Bonne nuit! A eux, bonne route!
C’est la vue du prophete de la ruine”.
 
En se consacrant personnellement a Mikhailo Lomonossov, par Ossip Mandelstam - la mouche de marbre. La verite a transmis la Beaute sacrement dediee a tout le monde.
S o l d a t   b r e f. T’es un habitant celeste si cultive et hyper humaniste. T’es pas du tout du plomb. Et t’as surement un c;ur humain. Ne sois pas triste. T’es peut-etre triste parce que tu m’as manque avec ton plomb il y a une demi-heure?
S o l d a t   l o n g. Et oui, mes plombs sont depuis longtemps envoles pour les autres comme des oiseaux.
S o l d a t  b r e f. Ca fait longtemps qu’on fait la guerre. Et a propos des oiseaux, il m’en reste un bec - ma baionnette. (Il met sa baionnette a la gorge du Soldat long.) Et bien, t’as fini de te pavaner, espece d’orateur, le bouc de soliste intello?
S o l d a t   l o n g. J’ai aussi une baionnette.
S o l d a t    b r e f. Et ou est-elle, ta baionnette? Elle est derriere ton dos. Et ma baionnette a moi, elle est a ta gorge. T’es vraiment un phraseur et un reveur sans limites - tu me vexes reellement avec ton pis de chevre a lunettes. Ou sont tes lunettes?
S o l d a t   l o n g. J’ai pas de lunettes, je n’en porte pas. Tu veux quoi, m’envoyer, comme Spartacus le gladiateur, comme Kirk Douglas, au fond du gouffre, a l’enfer, comme l’autre negre avec son trident? On est sur le plateau de tournage, ecoute-moi, le centre! Apparemment, on a conclu la paix avec toi?
S o l d a t    b r e f. T’es un Spartacus, espece de phraseur? Et un Kirk Douglas en plus? Et moi, tu m’inscris dans les negres?
S o l d a t    l o n g. Mais attends! Ronaldo, il est aussi un negre. Pourquoi t’es si offense? Il joue au football comme un dieu. On lui paye des millions de dollars pour ses jambes d’ange. Je ne sais pas exactement, combien de millions, mais beaucoup plus que le budget total de Spartacus, ca parait evident sans qu’on regarde la tele et sans consulter Abramovitch.
S o l d a t    b r e f. Tu supportais qui, espece d’intello, quand l’Inter injectait deux balles sous la peau de Spartacus a Loujniki, putain?
S o l d a t   l o n g. Des mon enfance, j’etais un malade chronique   de   Spartacus.   Mais   qui   d’autre   pourrais-je supporter, mec, espece de legume trop cuit?
S o l d a t  b r e f. Ronaldo n’est pas un negre, il est bresilien - ca fait la difference.
S o l d a t   l o n g. Pourtant, il s’est vendu a l’Inter.
S o l d a t   b r e f. Vendu a l’Inter. Et bien, l’Inter jette du fric en devises de dollars pour les jambes de Ronaldo et ses mollets de caviar, punaise.
S o l d a t  l o n g. Et oui, l’Inter a du fric - et naturellement, il le paye autant que coutent les jambes de ce Ronaldo bresilien bien roti aux joues vermeil. Bientot, on va donner le nom de Ronaldo a tout ce qu’il y a de meilleur au Bresil, tout comme jusqu’alors, ils appelaient tout par le nom de Pele. Et toi, quel negre tu fais? T’es tout a fait normal comme Spartacus, avec ta peau blanche de porc, seulement plus petit et plus propret que Kirk Douglas, son fils. Mais baisse ta baionnette un peu plus loin de ma gorge. Et le soleil me tape directement dans les yeux - des mon enfance, je ne supporte pas les reflets et tout ce qui les genere, comme
des morceaux de ferraille ou des eclats de verre. (Il repousse la baionnette du Soldat bref de sa gorge.)
S o l d a t    b r e f. Je me regarde souvent dans ma baionnette comme dans un miroir quand j’ai un moucheron quelconque dans l’;il, pour l’en sortir.
S o l d a t  l o n g. Avec ta baionnette?
S o l d a t   b r e f. Mais non, pas avec la baionnette. Si tu fourres la baionnette dans ton ;il, tu peux le debourrer completement au diable, qu’est-ce que dis-tu, papa, en aucun cas! Tu ne fait que te regarder dans la baionnette, et apres, tu remonte la paupiere superieure vers le ciel, et apres tu la baisse un peu plus bas que la paupiere inferieure vers la terre, en la frottant contre l’inferieure, en frottant et en soulevant, et en soulevant deja la superieure. Tu piges la strategie infirmiere? Et le moucheron reste sur la paupiere inferieure, d’apres la loi de gravitation, tu piges, papa?
S o l d a t    l o n g. Je pige, comme Newton. Tu sais tout, je le kiffe.
S o l d a t   b r e f. La guerre est un instructeur tres precis.
S o l d a t   l o n g. Et bien, que ce soit sur la paupiere superieure ou inferieure, le moucheron, cette contagion, ca reste. Quel interet de le convoyer dans l’;il d’une place a l’autre?
S o l d a t   b r e f. Mais si, tu peux sou;er facilement le moucheron de la paupiere inferieure, et c’est tout - t’as tout compris et point de problemes.
S o l d a t    l o n g. T’as un cerveau brillant dans ton crane, brillant comme ta baionnette. Et la mienne, elle est toute rouillee comme un minable Cendrillon.
S o l d a t   b r e f. Elle est rouillee a cause du sang.
S o l d a t   l o n g. Mais quel sang! Si par hasard tu eventres quelqu’un, il y a de l’acide chlorhydrique dans l’intestin, et t’as une reaction chimiothermique avec le metal - et la baionnette rouille.
S o l d a t   b r e f. T’aurais pu au moins te froncer du degout, quand tu parlais des intestins et de l’acide chlorhydrique, espece d’etrippeur intello.
S o l d a t   l o n g. Mais je suis entierement fronce comme une morille par cette guerre ecrasante.
S o l d a t    b r e f. Mais apres les intestins, il faudrais la graisser avec de l’huile de graissage. Ce n’est pas la faute de la baionnette que les intestins humains abondent d’acide chlorhydrique.
S o l d a t   l o n g. Mais ou vas-tu chercher de l’huile de graissage dans le combat?
S o l d a t   b r e f. Apres le combat, a loisir.
S o l d a t    l o n g. Apres le combat, a loisir, bien sur, tu peux la graisser avec de l’huile de graissage, ou est le probleme, si tu peux en trouver.
S o l d a t   b r e f. Si on cherche, on trouve.
S o l d a t    l o n g. Il vaut mieux ne pas chercher. La baionnette est donc rouillee, si elle rentre sous la peau d’un eloigne quelconque, un ennemi terrible, ca vaudrait mieux qu’il creve plus vite d’une septicemie en plus.
S o l d a t    b r e f. Mais t’es vraiment un intello… Ecoute… t’es simplement… t’y comprends dans la question militaire, que je me couche par terre et je me leve plus en nature, tu piges, humain-putain? Du cote rationnel, bien sur, du cote militaire, je t’estime sincerement, mon ami tombal. Tu frappe dans le mille dans la profondeur de la pensee militaire et
funebre. Je t’apprecie en nature, autant qu’on voudrait te faire sur place une gueule de bouc.
S o l d a t    l o n g. Et moi, mon frere, je t’estime aussi, humainement et comme soldat, frere, d’une facon expiatoire. Je ne divise pas, bien que je le comprends, ou est le cote militaire, et ou il faut pardonner comme un homme a la facon populaire en toute conscience. La guerre a troue l’ame et a corrompu la conscience. Je ne peux plus tuer, mais je tue quand meme.
S o l d a t  b r e f. Je tue tous l’un apres l’autre, mais sans les regarder dans les yeux, meme quand je les tue d’un demi metre avec ma baionnette.
S o l d a t  l o n g. Et moi, je regarde. Je ne sais pourquoi. Si je regarde dans mes propres yeux - c’est comme si je me tuais moi-meme. Mais comme resultat, je reste encore en vie pour continuer a tuer encore.
S o l d a t  b r e f. Non, il ne faut pas regarder dans les yeux. A la distance de cinq cents metres, l’on peux regarder dans les yeux, quand tu ne vois pas les yeux venaux de l’ennemi, comme ils veulent te tuer pour de l’argent. Alors, tu le tue le premier pour l’;uvre Sacree, tu l’elimine dans le neant.
S o l d a t   l o n g. Pour de l’argent a la guerre, on peut pas tuer, si tu veux rester vif et garder ta conscience.
S o l d a t   b r e f. L’argent a la guerre, c’est la mort. Que l’ennemi pense au fric a la guerre. Et toi, tu lui enfonce entre ses yeux mercantiles de rat, un moulage de plomb alchimique, a cinq cents metres, dans son crane pour faire le poids, afin qu’il reflechisse dans sa tombe comment dans la terre transformer son plomb en or. Tu assomme l’ennemi
comme Judas le traitre, cette chienne mercantile, c’est pourquoi tu restes moralement pur.
S o l d a t   l o n g. C’est exactement comme ca. C’est comme si tu violais une gonzesse ou tu l’avais par amour. C’est un tel delice de carillon, si tu as une gonzesse ici, a la guerre, dans la tranchee.
S o l d a t   b r e f. Mais quelles gonzesses y aurait-il ici a la montagne, dans nos tranchees caverneuses, punaise?
S o l d a t  l o n g. Mais je parle au figure. On n’a pas besoin de beaucoup avant la mort. Juste d’ecouter et de dire un mot. Et avant cela - de mesurer sa vie par un meurtre a la guerre, noble et honnete. Ah! Qu’est-ce un soldat eternel, authentique et merveilleux? J’aurais pu le raconter par mon silence desespere, mais quel dommage - on n’a pas de vodka!
S o l d a t  b r e f. Tu me vexe, mon ami Platon. (Il retire une gourde de sa poche et la tend au Soldat long.) Bois, rejouis- toi et dis des mots de soldat - la verite m’est plus chere.
S o l d a t  l o n g. A quoi devrais-je boire et me rejouir dans mon cerveau, si la balle est bete et la baionnette est brave? Je suis, mon frere, si profondement blesse dans mon ame par notre conversation cordiale, que j’ai meme perdu le fil du recit. Et bien, a quoi boit-on fraternellement?
S o l d a t    b r e f. Pour gagner a la guerre des etoiles aux epaulettes.
S o l d a t   l o n g. La loi humaine de la guerre, c’est d’arracher une etoile du ciel et de gagner moralement une redingote sur une vie quelconque.
S o l d a t    b r e f. A la guerre comme a la guerre. Aujourd’hui tu vis et demain tu auras vecu.
S o l d a t  l o n g. Dieu seul nous donne la vie, et la canaille de toute sorte nous en prive.
S o l d a t  b r e f. A la guerre, un soldat tue un autre soldat ennemi non pour soi-meme, mais pour le serment et son pays.
S o l d a t  l o n g. Et a quoi on trinque?
S o l d a t   b r e f. Pour que tous les soldats vivent dans la paix et l’amour.
S o l d a t    l o n g. Tu sais dire des paroles sinceres. (Il boit.)
 S o l d a t    b r e f. La langue est petite, mais elle domine tout le corps.
S o l d a t  l o n g. La langue est un os convoite par l’ennemi. Anna Akhmatova parlait de la part de la Mere Patrie, bien qu’elle haissait Stalin farouchement.
S o l d a t  b r e f. Une nana accouche toujours la verite pour nous. Et toi, quel est ton commandant?
S o l d a t  l o n g. Mon commandant est a cheval.
S o l d a t    b r e f. Les chevaux - c’est juste des poeles au froid.
S o l d a t  l o n g. Des poeles vivantes.
S o l d a t  b r e f. Il a de la chance, ce commandant… sur un poele.
S o l d a t   l o n g. Il n'a plus de chance, mon commandant… sur un poele.
S o l d a t   b r e f. Ils ont tue le cheval?
S o l d a t  l o n g. Le commandant meme.
S o l d a t   b r e f. Moi, j’ai cru que c’etait le cheval.
S o l d a t    l o n g. Mais non - lui-meme, un coup de plomb direct et ajuste dans le front. A distance de cinq cents metres de votre tranchee. Apparemment, ce n’est pas facile
de frapper, surtout au milieu du front. Et il a sorti sa tete de la tranchee juste pour une seconde. Je lui disais, a mon chef, de ne pas sortir son toupillon au risque d’outrepasser. Il fit un pas dans la Leta.
S o l d a t  b r e f. Directement dans l’os du front?
S o l d a t   l o n g. Ils l’ont frappe directement dans l’os du front - justement au milieu. Et a travers.
S o l d a t  b r e f. Hier, a 10 heures 20 Greenwich, vous avez perdu votre commandant?
S o l d a t    l o n g. C’est exactement a cette heure que ces salauds ont fait sa carte astrologique. C’est qui d’entre vous qui sais tirer si ajuste avec des balles meurtrieres? (Il prend le Soldat bref par la gorge.)
S o l d a t    b r e f. Mais je ne savais pas qu’il etait ton commandant.
S o l d a t  l o n g. Juste entre les yeux - t’auras pas le temps de reagir. Chaque ;il considere que ce n’est pas sa tache de donner la commande au cerveau de se cacher, meme si un ;il pouvait voir cette balle dans son vol. Un tir supermaconnique et cheramique!
S o l d a t  b r e f. Quand au tir - on connait bien ses secrets magiques. Comment s’appelait-il?
S o l d a t    l o n g. Il s’appelait bien! Mon commandant, il s’appelait tres bien!!! Un tel homme impenetrable! Si seulement tu le connaissais! Si seulement tu pouvais le connaitre, tireur d’elite!
S o l d a t    b r e f. Mais pardonne-moi.. Mais…
S o l d a t   l o n g. On peut te pardonner. On peut pas oublier. Comment je vais vivre sans mon commandant?
S o l d a t  b r e f. Et bien, ecoute toi-meme.
 
S o l d a t  l o n g. L’homme commandant n’est plus la.
S o l d a t  b r e f. La guerre, c’est une telle bete, frere. Toi- meme, t’es si grand et grandiose, une cible de predilection, et t’es toujours vivant. T’as du bol. Tu dois prier.
S o l d a t    l o n g. C’est mes parents qui m’ont octroye la grande taille. En plus, je reflechis d’avance, quand je peux sortir de la tranchee et quand je ne peux pas.
S o l d a t  b r e f. T’as du bol de toute facon. T’as peut etre aussi ce machin, tu sais, long… excessivement. Hein?
S o l d a t  l o n g. Quoi?!
S o l d a t  b r e f. Je veux dire que les filles doivent t’aimer si fort. Que tu devrais avoir une division de ces cygnes. Hein?
S o l d a t    l o n g. Pas une seule.
S o l d a t    b r e f. Pas une seule?!
S o l d a t    l o n g. Pas une seule au monde entier.
S o l d a t   b r e f. Meme avec un machin aussi long? Meme pas une seule capritaure?
S o l d a t     l o n g. Tu es vulgaire a l’outrance, espece de botte en cuir artificiel.
S o l d a t    b r e f. C’est juste naturel qu’avec cette taille longue, ce pisse-en-lit aux ;ufs devrait etre extraordinaire sans limites, et tellement frise et goitreux, qu’il est impossible pour une fille digne et forte de poitrine, aux yeux de grenouill au cul pulpeux, truculent et elastique.
S o l d a t    l o n g. Pour aimer, quelqu’un l’aime tout- puissamment. Pourtant moi, je ne l’aime pas en retour en reconnaissance.
S o l d a t   b r e f. On l’aime etonnamment, et toi, en retour, tu denigre?
S o l d a t    l o n g. Je suis moi-meme decu en addition.
S o l d a t  b r e f. T’es un brave forgeron bien poivre.
S o l d a t  l o n g. Et toi, pourquoi t’es pas comme ca?
S o l d a t    b r e f. Moi? Mais qui aimera, qui s’interessera a mon ecorcheur si petit, pourtant bien gros? Je suis donc un courtaud.
S o l d a t    l o n g. Pourquoi tu complexes vraiment? Petit, mais vaillant en nature. Tout les courtauds etaient des grands hommes. Roland Bykov, Napoleon Bonaparte. C’est ecrit dans la destinee des courtauds qu’ils rebondissent jusqu’au ciel. Si j’etais une jeune fille comme Juliette, je serais tomber amoureuse d’un tel courtaud comme Romeo.
S o l d a t    b r e f. Mais ca serait ainsi si t’etais une jeune fille, chaussette russe. Mais vas expliquer a une jeune fille, si elle n’est pas une capritaure, bien sur, qu’il faut aimer les courtauds parce qu’ils sont tous talentueux dans tous les domaines de la vie. Vas expliquer a cette jeune fille que je l’aime toujours, comme un dernier pion sans issue.
S o l d a t    l o n g. Je vais l’expliquer. La guerre etant finie, je vais expliquer a ta jeune fille bienaimee comment il est vaillant, ton modeste ejaculateur de bonheur avec ton intelligence insaisissable en plus, et non seulement.
S o l d a t    b r e f. Ma jeune fille bienaimee, cette capritaure, ca fait longtemps qu’elle est devenue une capricrocodyle avec son autre capricrocodyle a elle.
S o l d a t     l o n g. Et bien, c’est la vie. Rejouis-toi. Tu te trouveras une autre qui n’est pas une capricrocodyle. Avec tes talents de raisonnement fatidique, tu peux pas para;ner une bouillotte a ta mesure?
S o l d a t    b r e f. Je veux pas me chercher une autre bouillotte. Si je grimpais une bouillotte avec mes aiguilles de herisson mental, je pourrais la crever. Je montre les dents comme un tigre aux dents sabres.
S o l d a t   l o n g. Et moi, je me trouve trop long pour ma passion, j’etais une girafe trop pas court pour ma biche.
S o l d a t   b r e f. Il nous faudrait trouver une femelle a nous deux.
S o l d a t  l o n g. Ou vas-tu trouver sur le coup une femelle a nous deux? (Il pleure.)
S o l d a t    b r e f. Pour un courtaud comme moi, c’est beaucoup plus complique. Et toi, tu pleures encore et tu piques une crise. Deja on manque de nerfs a la guerre.
S o l d a t    l o n g. C’est plus complique pour toi? Au moins, tu peux ne pas t’enerver a cette guerre. Va essayer de t’atteindre, tout petit comme tu es. Surtout quand tu te caches en courant et en sautant entre les souches. Combien de balles ai-je perdu en tirant sur toi? (Il pleure.)
S o l d a t    b r e f. Mais moi aussi, j’en ai beaucoup perdu - tout le cartouchier. C’est beaucoup d’argent pour le budget. T’es si long, comme un serpent, tu peux filer dans n’importe quel trou entre les cailloux que personne ne puisse te buter, et tu pleures encore. (Il pleure.)
S o l d a t    l o n g. Mais je veux vivre quand-meme. (Il pleure.)
S o l d a t    b r e f. Mais tout le monde veut vivre toujours, plus encore a la guerre. (Il pleure.)

P a u s e
 
Mon commandant etait encore plus petit. Vos salopes de balles l’ont atteint quand-meme.
S o l d a t    l o n g. C’est quoi, a l’abreuvoir oursin?
S o l d a t    b r e f. A l’abreuvoir oursin.
S o l d a t    l o n g. Au matin de la lune pleine?
 S o l d a t    b r e f. Au matin de la lune pleine.
S o l d a t    l o n g. Ca fait trois semaines?
S o l d a t    b r e f. Ca fait trois semaines. Un tireur d’elite. Dans le front. Au milieu entre les yeux.
S o l d a t    l o n g. Un tireur d’elite. Dans le front. Au milieu - enfonce exactement entre les yeux.
S o l d a t    b r e f. Toi?
S o l d a t    l o n g. Pardon.
S o l d a t   b r e f. C’est pourquoi hier Dieu en ta personne pris aussi votre commandant, putain. Ce que Dieu a donne - Dieu l’a pris.
S o l d a t  l o n g. Tu l’as pris a la place de Dieu? Alors, moi aussi, j’ai pris a la place de Dieu, seulement notre Dieu a nous.
S o l d a t     b r e f. C’est notre Dieu qui nous a donne cette terre!
S o l d a t   l o n g. Excusez-moi et ecartez-vous - c’est notre Dieu qui nous a donne cette terre.
S o l d a t  b r e f. Ca, on le verra encore!
S o l d a t  l o n g. Nous, on le verra encore! Division! Salve!! Feu!!!
S o l d a t    b r e f. Salaud! Batard! Sans prevenir? Escadron! Sur la division!!! Salve!!! Feu!!!
S o l d a t    l o n g.  Ai! Ai-ai! (Il s’a;aisse par terre.)
S o l d a t    b r e f. Qu’est-ce que t’as, division? Eh?
S o l d a t    l o n g. C’est la tension, escadron.
S o l d a t    b r e f. La tension, c’est mauvais, tu peux avoir une apoplexie.
S o l d a t    l o n g. C’est ce que je crains.
S o l d a t    b r e f. Une apoplexie peux te clouer au lit paralyse pour dix ans.
S o l d a t    l o n g. C’est ce que je crains plus que tout.
S o l d a t    b r e f. Il n’y a personne pour te soigner?
S o l d a t    l o n g. Pratiquement, personne. Theoriquement, je ne veux meme pas y penser.
S o l d a t   b r e f. Si j’ai un capillaire qui pete dans le cerveau, j’avale tout de suite du cyanure - je le garde a l’interieur de ce bouton. Tu vois? (Il lui montre le bouton.)
S o l d a t    l o n g. Je vois. T’es assure comme Stierlitz.
S o l d a t    b r e f. Non Stierlitz, mais Docteur Pleischner.
S o l d a t    l o n g. C’etait un bonhomme, ce Docteur Pleischner. Un tel amour-Pompadour-cyanure.
S o l d a t    b r e f. Quand il tomba du 6-eme etage et s’ecrasa a mort apres qu’il ait avale une ampoule avec du cyanure - qu’est-ce qu’il m’a fait pitie alors! J’ai pleure. J’ai pleure si fort, que ma bonne mere hospitaliere de beignets m’a interdit de regarder les series suivantes. Et elle avait raison. Comme elle avait toujours divinement raison, ma mere!
S o l d a t    l o n g. Moi aussi, j’ai pleure si fort quand le Docteur Pleischner s’est jete a mort par la fenetre en avalant une dose mortelle de cyanure pour eviter qu’on le torture dans un camp de concentration. J’ai aussi beaucoup pleure avec ma mere. Mais ma mere m’a quand meme permis de regarder toutes les series. Ma mere est totalement bonne.
Comment elle cuisine du poisson farci, meme quand elle est fachee! Tu te leche les doigts avec les griffes.
S o l d a t    b r e f. J’au aussi ma mere qui a beaucoup de talent. C’est juste qu’elle est stricte et juste, quand on etait tous ensemble a table pour manger sa merveilleuse soupe de label avec des quenelles, et c’est tout.
S o l d a t  l o n g. Ma mere a moi, elle n’est pas stricte. Mais elle est juste aussi. Elle est tellement bonne, meme quand je mettais sur mon assiette une cinquieme portion de tarte au chocolat, pour l’avaler sur le champ.
S o l d a t   b r e f. Ma mere est aussi bonne. Meme si elle est aussi bonne gardienne de la tarte.
S o l d a t     l o n g. T’es si merveilleux et parfaitement bon, tel garcon de caramel de ta mere sincere et parfaitement charmante de vanille, d’apres ce que t’as dit.
S o l d a t   b r e f. C’est toi qui es si merveilleux et bon de ta mere tout permissible de chocolat.
S o l d a t    l o n g. Et pourquoi tu ne serais pas bon et merveilleux chez ta mere celeste de quenelles?
S o l d a t  b r e f. C’est parce que je voulais te tuer, espece d’epouvantail! Je devais le faire. Tu comprends - il y a cinq minutes, je voulais te tuer et je serais tres content si il y a cinq minutes je serais pour toi non un dieu, mais un assassin ensevelissant. Alors, tu ne te rappellerais plus jamais de ta mere celeste de tarte.
S o l d a t  l o n g. Ca pourrais etre a l’envers?
S o l d a t  b r e f. Quelqu’un de nous doit avoir un coup sur la tete.

Entre une jeune fille.
 

Qui es tu, la biche qui arrive vers nous a coup de vent?
S o l d a t     l o n g (a la jeune fille.) Qui est tu, jeune fille charmante?
J e u n e     f i l l e. La jeune fille.
S o l d a t     l o n g (au Soldat court.) Une jeune fille.
S o l d a t     b r e f (au Soldat long.) Une jeune fille? Elle est charmante. A la guerre?
S o l d a t     l o n g (au Soldat bref.) Il dit qu’i y a vraiment une jeune fille a la guerre. Mais elle est charmante!
S o l d a t     b r e f. T’es quoi, vraiment une jeune fille a la guerre, charmante?
J e u n e    f i l l e. Vous voulez que je me deshabille?
S o l d a t     b r e f (au Soldat long.) Tu veux qu’elle se deshabille?
S o l d a t   l o n g. Oui, en general, je ne suis pas contre les jeunes filles deshabillees - je ne sais pas. Je ne me suis pas lave depuis trois jours. C’est peut etre genant?
S o l d a t     b r e f. Mais quel rapport - je suis pas lave depuis une semaine! Elle est justement a la place de nos deux dames, comme femelle - moitie pour toi et moitie pour moi.
S o l d a t  l o n g. Et elle est toute seule, sans garde?
S o l d a t     b r e f. Je ne sais pas. Tu es seule, sans garde?
J e u n e     f i l l e. Je suis seule, sans garde. Mais je me suis lavee hier. Dans un ruisseau de montagne. J’ai meme plonge.
S o l d a t     l o n g. Oh, dans un ruisseau de montagne, toute seule - ca ne compte pas.
 
S o l d a t    b r e f. Une jeune fille qui se lave dans un ruisseau de montagne, toute seule en plus - ca ne compte pas.
S o l d a t     l o n g. Moi, je me lave dans un ruisseau de montagne tous les jours, et en plus pas seul. Surtout quand il y a une attaque - c’est un va et viens a travers le ruisseau. Ou bien quand il faut deguerpir - ca arrive aussi.
S o l d a t     b r e f. C’est exact - il arrive d’avoir tant d’attaques, surtout autour du ruisseau d’une berge a l’autre, que tu saute apres l’ennemi le long de la berge dans l’eau jusqu’au coup. Essaye de nous etonner en te baignant seule dans un ruisseau de montagne et en y plongeant. Ca ne compte pas.
J e u n e  f i l l e. Et seule dans un bain chauffe, ca compte?
S o l d a t   l o n g, S o l d a t  b r e f (ensemble). Dans un bain chauffe, ca compte, bien sur! Et peut etre pas seule!
J e u n e   f i l l e. Et bien, justement aujourd’hui, tout a l’heure je me suis baigne dans un bain chauffe.
S o l d a t  b r e f. Et ou t’as pu trouver aujourd’hui ici, dans les montagnes steppiques, dans aux circonstances militaires et imprevisibles, un bain chauffe, jeune fille, notre amie? Quels bobards nous racontes-tu? Tu n’as pas honte? J e u n e f i l l e. Ou et ou? - Dans le cul!
S o l d a t  l o n g. (Au Soldat bref.) Dans le cul!
S o l d a t  b r e f. (Au Soldat long.) Dans le cul! Elle tente de nous conjurer. Chere jeune fille, pour l’instant, on n’a pas mal aux dents - il ne faut pas les conjurer. Tu comprend, il ne faut pas soigner d’avance - on est des beignets soignes a fond.
S o l d a t     l o n g. D’ici, ca fait plus de deux cents kilometres jusqu’a la plus proche habitation, jeune fille.
J e u n e     f i l l e. Ici, on m’a parachutee de l’avion.
S o l d a t     b r e f. Et ou est le parachute?
J e u n e    f i l l e. C’est le ruisseau qui l’a emporte. J’ai atterri dans le ruisseau. Et pour eviter de me noyer, j’ai deboucle le parachute dans le ruisseau. Comment faire autrement?
S o l d a t    l o n g. C’est correct, en principe.
S o l d a t    b r e f. T’es quoi, une espionne? Une diversante?
J e u n e   f i l l e. Une simple chercheuse.
S o l d a t    l o n g. Une chercheuse de quoi?
J e u n e  f i l l e. Et bien, des gens, bien sur, des coutumes, du folklore.
S o l d a t   b r e f. T’es forte! C’est genre Chourik de “La Prisonniere du Caucase”?
J e u n e  f i l l e. De ce genre.
S o l d a t    b r e f. Une komsomol, une sportive et juste une belle fille. Dit donc. Rien n’a change.
S o l d a t   l o n g. Sauf les temps.
J e u n e  f i l l e. Vous allez me violer?
S o l d a t  b r e f. Pourquoi violer une jeune fille si bonne et appetissante? Comme ca, d’un coup, sans avoir fait la court. T’es qui d’apres l’horoscope?
J e u n e  f i l l e. Capricorne.
S o l d a t  b r e f. Et pourquoi t’es capricorne?
J e u n e  f i l l e. Parce que je suis nee le 6 janvier. Au mois du capricorne, a l’an du bu;e.
S o l d a t   l o n g. En plus t’es nee a l’an du bu;e?
S o l d a t  b r e f. Mais t’es forte! Encore une capritaure.
J e u n e  f i l l e. Vous allez me violer?
S o l d a t   b r e f. Mais non. On ne viole pas des capritaures. C’est nous qu’elle violent, ces capritaures. Tu la regardes comme ca - c’est une jeune fille, on peut rien dire, mais en fait, c’est une capritaure.
J e u n e   f i l l e. Ca veut dire que vous allez surement me violer.
S o l d a t  b r e f. Mais tu nous emmerdes. Mon ami a en plus la basse tension. Comment va-t-il te violer, meme si il le voulait bien?
J e u n e  f i l l e. La basse tension - c’est tres dangereux, tu peux avoir une apoplexie.
S o l d a t    b r e f. C’est ce que j’essais de lui expliquer depuis une heure.
J e u n e   f i l l e. Et lui, qu’est-ce qu’il dit?
S o l d a t     b r e f. Lui? Il prend acte de l’information strategique.
J e u n e   f i l l e. Une telle merde peut te coller au lit pour dix ans avec une paralysie.
S o l d a t  b r e f. Ce sont mes paroles.
J e u n e     f i l l e. Ce sont des paroles internationales.
S o l d a t    b r e f. C’est serieux?
J e u n e     f i l l e. C’est serieux d’une facon inconcevable.
S o l d a t     b r e f. Voila, je lui ai dit le premier ces paroles internationales, fatidiques meme, comprends-tu.
J e u n e     f i l l e. Il faut manger des arachides - des noisettes. Ca aide beaucoup a l’atherosclerose.
S o l d a t    l o n g. Il y a beaucoup de choses qu’il faut manger, jeune fille. Ou trouver des noisettes a la montagne a deux cents kilometres d’une habitation?
J e u n e    f i l l e. Moi, j’ai des noisettes - prenez-en. (Elle leurs donne des noisettes.) Elles sont pas mouillees, comme elles etaient enfermees dans un sachet hermetique en cellophane et placees dans le sac-a-dos.
S o l d a t  b r e f. Des noisettes - c’est chic, c’est raisonne.
(Il en mange.) Et c’est quoi - l’atherosclerose?
J e u n e     f i l l e. C’est quand des sortes de plaques se deposent sur les parois des arteres.
S o l d a t     l o n g. Et elles bouchent les arteres.
J e u n e     f i l l e. C’es ca.
S o l d a t     b r e f. Des plaques, ce sont des plaques. Non, mais qu’elles sont bonnes, ces noisettes, surtout si t’as pas mange depuis dix jours. Bon, c’est clair - d’abord, ces plaques te bouchent ces putains d’arteres, et apres t’as une apoplexie. C’est clair. Et droit au lit pour dix ans de paralysie. Non, c’est la cata - on te mettra par dessous une bassine et tu va defecter dedans, sorte d’handicape. Tu ne pourras pas te tourner ni a gauche, ni a droite. Si il n’y a personne pour te tourner.
J e u n e   f i l l e. Pourquoi personne?
S o l d a t   b r e f. Il peut arriver qu’il n’y aura personne.
J e u n e   f i l l e. Ca peut arriver, ca?
S o l d a t    l o n g. Tout peut arriver dans notre vie bordelique et egoiste qu’on se fait meme la guerre en enlevant les uns aux autres, sans dire qu’on ne se tend de l’eau a boire.
J e u n e  f i l l e. Mais on peut tourner quelqu’un d’un cote a l’autre si il le faut vraiment, ce n’est pas comme si on se faisait la guerre.
S o l d a t     b r e f. Si on le peut, alors il faut le faire. Sinon, sans mouvement, tu peux avoir des decubitus quand il n’y a aucun proche a cote pour te retourner. Et vous savez ce que c’est, un cubitus? Vous ne savez pas ce qu’un cubitus? C’est quand une personne encore toute vivante commence a pourrir par le dos. Et bien, elle reste sur le dos toute vivante, mais n’a pas de forces pour se tourner, meme si elle comprend qu’il a besoin de se tourner immediatement, sinon il va tout pourrir en commencant par le dos. Mais il n’y a personne pour le tourner d’un cote a l’autre. Et lui, sans qu’il derange apparemment personne, commence a pourrir par le dos. Qu’est-ce qu’on peut y faire? La nature, elle ne supporte pas le vide. Les bacteries de putrefaction, en sentant la base putrefiante et nutritive sur le dos ou il n’y a pas assez de sang en circulation, se developpent, produisent dans l’amour des enfants, ces microbes minuscules de putrefaction. Ceux-la, a leur tour, produisent dans l’amour leurs enfants microbes a eux. C’est a dire, des petits-enfants des microbes qui produisent d’autre microbes. En somme, une infinite feroce de microbes, de ces bacilles, se reproduit pour leur bonheur et a notre ruine. Et apres, c’est des vers. Oh! Ces vers, qu’est-ce qu’ils aiment cette pourriture de cubitus. J’ai tellement parle de ce qu’il ne faut pas, quand je veux parler de ce qu’il faut… dire avec des mots d’amour. Mais ici, a la guerre je suis fatigue et tres enerve, que je mourrai non selon la raison et sans
avoir aime quelqu’un pour de vrai, bien qu’on m’appele tres brave parce que je me considere comme un brave.
S o l d a t   l o n g. C’est ainsi en verite.
J e u n e    f i l l e. Bien sur. (Au Soldat bref.) Vous savez franchement tout d’une maniere si profonde et intrepide.
S o l d a t    l o n g. Oui, il sais franchement tout d’une maniere si profonde et intrepide. C’est un homme vaillant, un homme militaire qui cherche toujours avec sincerite en foncant tout droit, exactement comme il faut.
S o l d a t    b r e f. C’est bon, c’est bon, il ne faut pas. Je sais vraiment tout ce que je sais vraiment tout quand non seulement je raisonne, mais je sens aussi non seulement avec le c;ur, mais aussi avec la meme raison, punaise. Et je raisonne toujours si sensiblement. Et point, c’est tout.
J e u n e     f i l l e. Quels soldats dignes et raisonnables que vous etes!
S o l d a t    b r e f. Mais tout simplement il faut toujours penser tres sensiblement avec des pensees. Comment faire autrement? Dans le Monde Unique, tout est si sensiblement pensif, que dans le Tout est l’Absolu Commun. C’est pourquoi il faut obligatoirement croire en Dieu, Dieu unique, et uniquement avec le c;ur. Si tu ne veux pas, tu ne crois pas, n’aimes pas avec ton cerveau non-croyant, et neanmoins, a travers ce je-n’aime-pas cervical, ce terrible, ce mathematiquement catastrophique je-ne-crois-pas, il faut, par la force, en surmontant tous ses non-desirs athees nefastes et uses, depassements et des pensees suicidaire d’un lecteur de Sartre, il faut rejeter toute l’intelligentsia de bachotage de cuisine relative et occidentale des chemises de force cervicales, et en laissant dans les toilettes leur
bouquins, il faut en sortir propre et croire sensiblement et sincerement comme nous leguent les prophetes merveilleux du c;ur et de l’amour - Lev Chestov, Martin Luther, Dostoievsky, Pouchkine, Kjerkegaard, Blaise Pascal. A la guerre, tu comprends d’une facon percante que sans la foi en Dieu, tu ne pourrais jamais rencontrer a la guerre une jeune fille a deux cents kilometres de la plus proche habitation. C’est comme avec Job - Dieu l’a prive de tout afin qu’il croie. C’est pourquoi je crois que je laperai de l’eau du verre tendu par la jeune fille bien-aimee jusqu’a mon dernier soupir et ma mort.
S o l d a t  l o n g. Je le crois aussi.
J e u n e  f i l l e. Moi aussi! Moi aussi!! Moi aussi!!!
S o l d a t  b r e f. Merci. Quoi d’autre.
S o l d a t    l o n g. Tu est si brave - je ne l’attendais meme pas. Tu es plus qu’un intello - tu es comme un noyau du peuple, un prophete de Dieu.
J e u n e  f i l l e. Il faut etre comme lui. Il faut etre digne de lui, de ce prophete chrysostome a la guerre!
S o l d a t    b r e f. Laissez tomber. On tue les prophetes - moi, je suis encore en vie et je veux vivre encore.
J e u n e    f i l l e. Mais pour ne pas mourir en prophete et, encore moins, de ces maudits decubitus, il faut juste prendre du corenade.
S o l d a t    b r e f. C’est quoi, le corenade?
J e u n e     f i l l e. Des comprimes.
S o l d a t     l o n g. Des comprimes?
S o l d a t     b r e f. Elle dit que ce sont des comprimes.
 S o l d a t     l o n g. Corenade?
J e u n e     f i l l e. Corenade.
S o l d a t     b r e f. Je n’ai jamais entendu parler de ces comprimes.
S o l d a t   l o n g. D’importation?
J e u n e  f i l l e. Notre produit national!
S o l d a t  b r e f. Un produit national - c’est mieux. Des que tu avales un comprime national, tu le sens tout de suite que t’a avale quelque chose de metaphysique puissance X du calcul integral.
S o l d a t    l o n g. Se sont des comprimes naturels?
 J e u n e    f i l l e. A base de l’ail.
S o l d a t     b r e f. L’ail therapeutique, ca continue depuis des siecles. Das ist sehr gut.
J e u n e     f i l l e. Das ist sehr gut sans aucun doute et depuis des siecles.
S o l d a t     b r e f. Et pourquoi le corenade? L’ail s’appelle maintenant le corenade?
J e u n e    f i l l e. Mais non. Le corenade, c’est une substance contre le cancer qui contenue dans tout les legumes de couleur et les fruits. Mais dans les comprimes de corenade, ce precieux corenade est contenu dans des quantites tres concentres. Dans un comprime de corenade, il y a deja une dose de ce precieux corenade des plusieurs centaines de kilos des fruits et legumes de couleur que tu devrais manger. Voila. Et comme ca, tu prends un comprime le matin, un autre, le soir, et t’as le plein dosage et continue a prophetiser et a vivre plus encore!
S o l d a t    b r e f. Et alors, tu le prends deja, ce comprime de corenade?
J e u n e   f i l l e. Non ce comprime, mais ces comprimes. Les comprimes au pluriel. Quoi, on se tutoie deja?
S o l d a t    b r e f. Pardon. Mais on peux se tutoyer. On est plusieurs - c’est plus court comme ca.
J e u n e    f i l l e. C’est extraordinaire! Je m’appelle Elena.
S o l d a t     b r e f. Je suis Charles. C’est un plaisir, Elena. (Il lui baise la main.)
J e u n e    f i l l e. Oh, tout le plaisir est a moi, Charles!
S o l d a t    l o n g. Moi, je suis Ferdinand.
J e u n e     f i l l e. Oh, quel plaisir, Ferdinand!
S o l d a t     l o n g (en lui baisant la main.) A moi, ca me fait plaisir mille fois plus!
S o l d a t     b r e f. Et bien, Elena, tu le prends deja, ce corenade?
J e u n e     f i l l e. Mais bien sur que j’en prends!
S o l d a t     l o n g. C’est extraordinaire! Et ca aide?
J e u n e     f i l l e. Bien sur que ca aide!
S o l d a t     b r e f. Ca aide contre l’apoplexie?
J e u n e      f i l l e. En ce qui concerne l’apoplexie, je n’en sais rien. Moi, je prends le corenade contre le cancer.
S o l d a t     b r e f. Quoi, tu as le cancer?
J e u n e    f i l l e. Voyons, je n’ai pas de cancer.
S o l d a t     b r e f. Tu fais de la prophylaxie?
J e u n e      f i l l e. Bah oui!
S o l d a t     b r e f. Toi, Elena, tu es la jeune fille medicale tres naturelle, ecologique, radieuse et solaire!
J e u n e     f i l l e. Je suis Elena, la jeune fille medicale tres naturelle, ecologique, radieuse et solaire! Je te remercie!
S o l d a t     l o n g. Mais on parle de l’apoplexie qui amene des decubitus. Qu'on parle plus serieusement.
S o l d a t     b r e f. Des plaques d’apoplexie! Cet homme a une apoplexie imminente! (Il montre le Soldat long.)
J e u n e   f i l l e. Cet homme a une apoplexie imminente? (Elle regarde avec attention le Soldat long.) Mais je ne vois aucune apoplexie imminente.
S o l d a t  l o n g. Mais tu es bete ou tu fais semblant?
J e u n e  f i l l e. Je fais semblant.
S o l d a t   b r e f. Elle est a la guerre un veritable jeune fille, tres philosophique et perspicace avec un c;ur sincere et etincelant, ecoute-moi bien, mon cher.
J e u n e   f i l l e. Je suis une veritable jeune fille, tres philosophique et perspicace avec un c;ur sincere et etincelant, a la guerre heroique en plus. Oh, comme je desire de me deshabiller et prendre un bain de soleil… Que vous soyez completement rassures que je suis une jeune fille absolument academique, cosmologique, et totalement raisonnable.
S o l d a t  b r e f. Mais bien sur, deshabille-toi vite et prend un bain de soleil, ou est le probleme - on est tres presses de nous rassurer que tu es Elena, la jeune fille absolument academique, cosmologique, ideomotrice et totalement raisonnable. Il su;ra de la place sous le soleil pour tout le monde pour identifier lyriquement l’espace.
J e u n e    f i l l e. Oh! Merci pour la resolution d’une question culturelle si serree, compliquee et eternelle.
S o l d a t    l o n g. Mais… attendez! Je commence a m’exciter!!!
S o l d a t  b r e f. Alors, excite-toi, mon cher, a ta sante. Je m’excite aussi - la pensee secrete va donc se renforcer, la pensee de l’indiscutable Rozanov.
S o l d a t    l o n g. Mais comment je peux regarder calmement a l’interieur de mon ame si elle bronze ici devant nous toute nue?
S o l d a t    b r e f. Comment comment - mais c’est elementaire. Tu peux lui tourner le dos comme un Origene castre, et eructer tes saintes pensees sur l’amour et l’amitie. Et moi, je me mettrai face a elles simplement comme l’Esprit Saint, juste comme ca. Et c’est tout. On continue a deliberer de ton apoplexie et du corenade que tu te calme d’avantage. Tout est soluble de facon elementaire.
J e u n e    f i l l e. Tout ce qui est naturel et genial est toujours soluble d’une facon simple. (Elle se deshabille derriere le dos du Soldat long.)
S o l d a t  l o n g. Mais j’ai des yeux dans le dos!
S o l d a t    b r e f. Ou t’as des yeux dans le dos? Qu’est-ce tu racontes que t’as des yeux dans le dos?! (Il inspecte son dos.) La, il racontes vraiment des bobards. Des yeux dans le dos! Peut-etre que t’as aussi les yeux dans le cul?
S o l d a t    l o n g. Qui t’as donne le droit de m’insulter devant une jeune fille, espece de goujat?
S o l d a t    b r e f. Mais c’est Dieu, le detenteur des actions des vies humaines de ce monde indigent, qui m’a bien donne ce droit. Et toi, pourquoi tu racontes des bobards a la jeune fille que t’as des yeux dans le dos? Peut-etre que t’as aussi les yeux dans le cul? On l’insulte qu'il a des yeux ecarquilles dans le dos, voyons. Peut-etre que t’as aussi les yeux ecarquilles dans le cul?!
S o l d a t    l o n g. (Il se saisie le c;ur et s’assoie sur la souche.) Je n’ai pas d’yeux dans le cul. Si j’avais les yeux dans le cul, je ne pourrais pas m’assoir sur la souche.
S o l d a t  b r e f. Comment tu ne pourrais pas? Tu fermerais les yeux dans le cul pour t’assoir sur la souche et manger un pirojki. Tu t’imagines, Elena, avec quel espece de Tchouktche je fais la guerre ici?
J e u n e   f i l l e. Je le comprends tout a fait.
S o l d a t  b r e f. Tu piges, Ferdinand, que c’est a cause de ce tchouktchisme que cette guerre s’est declenchee a la joie de tous ces Tchouktches muets de souche pro- etranger? Il a des yeux ecarquilles dans le dos, voyons! Peut-etre que t’as des yeux ecarquilles sur tes couilles et sur ta belle d’un metre et demi? Tu peux nous le dire, te gene pas - on comprendra.
S o l d a t     l o n g. Mais je suis pas gene. Je n’ai pas d’yeux sur les couilles - c’est exact. Tout comme sur le cul, je n’en n’ai pas. Et sur la belle, il n’y a pas non plus!!!
S o l d a t     b r e f. Mais pourquoi t’es si enerve? Du calme, a la guerre tout est calme quand on ne tue pas. Pour l’instant, on te tue pas, espece de Tchouktche.
S o l d a t  l o n g. Et sur ma belle… Qui est loin d’en avoir un metre et demi, bref, sur elle-meme… A quoi bon les yeux? Elle est deja sensible comme un ;il.
S o l d a t  b r e f. T’es un comique, toi. Il fallait blaguer des le debut, camarade Terkine oncle crocodile.
S o l d a t     l o n g. Et sur les couilles. A quoi serviraient au combat les yeux sur les couilles dans le pantalon?
S o l d a t     b r e f. Eh, voyons comment il est, ce Ferdinand!
S o l d a t     l o n g. Et quel combat? Mon combat est dans le c;ur - voici quel combat! Et sur les couilles j’ai juste des boutons, et non des yeux.
J e u n e    f i l l e. Il a des boutons sur les couilles. (Elle rigole.)
S o l d a t    b r e f. Peut-etre que t’as de la syphilis sur les couilles, Ferdinand? Tu peux le dire, Ferdinand - on comprendra.
S o l d a t    l o n g. Je n’ai pas de syphilis sur les couilles, Terkine. Je n’ai nulle part de la syphilis. Je suis pas un pervers matelot qui visite une multitude de ports, je suis une force concretement terrestre. T’as pas pige? Tu va le comprendre maintenant avec ta caboche parlante indistinctement.
S o l d a t    b r e f. C’est ca - je vais le comprendre, peut- etre. Mais la, force terrestre, la syphilis ne distingue pas si t’appartiens a la force terrestre ou marine. La syphilis, en tant que force invisible microscopique, va gonfler comme une pustule profonde. En plus, t’as une apoplexie imminente, ton organisme est affaibli, et la syphilis, la voila qui arrive avec une simple poignee de mains avec un malade latent.
J e u n e    f i l l e. Peut-etre que Ferdinand a un c;ur malade, et ce n’est que de la ruse militaire afin d’induire l’ennemi en erreur?
S o l d a t   b r e f. Ca, c’est une vrai nana qui frappe toute la verite dans le but! Reconnais-le, Ferdinand, t’as un c;ur malade afin d’induire l’ennemi en erreur?
S o l d a t  l o n g. J’ai un c;ur qui bat a peine, les gars. J’ai mal, vraiment mal. (Il se met par terre.)
J e u n e  f i l l e. Il est mort ou quoi? Ferdinand!
S o l d a t  b r e f. Il faut lui palper le pouls. (Il palpe le pouls a Ferdinand.) Ferdinand, t’es mort ou quoi? Arrete avec tes blagues!
S o l d a t  l o n g. Tu sens le pouls?
S o l d a t   b r e f. Je le sens sensiblement.
S o l d a t   l o n g. Alors, je suis apparemment vivant.
J e u n e    f I l l e. Il vit! Il vit, Charles!!! (Elle serre Charles dans ses bras.) Qu’est-ce qui t’es arrive, Ferdinand?
S o l d a t    l o n g. J’ai chie dans le froc quand vous m’avez dit que j’avais de la syphilis qui surgit sur les couilles.
J e u n e  f i l l e. Mais Ferdinand, maintenant la syphilis est une maladie qu’on soigne meme avec 300 $. Ce n’est pas comme le SIDA, dont on ne peut te sauver meme pour un million.
S o l d a t    l o n g. Le SIDA, c’est vraiment la cata illimitee. J’ai si peur du SIDA, les gars. Si un aborigene de negre te prend dans le cul, c’est la fin, fais-en ton deuil! La bacille du SIDA des singes verts de la CIA commence a ce multiplier, pleine d’amour, dans ton rectum. J’ai si peur de ce SIDA!! J’ai peur de tout les negres de l’OTAN! (Il pleur.)
J e u n e  f i l l e. Mais, Ferdinand, pourquoi tu pleures, mon petit? Mais ou est-ce que tu vois les negres de l’OTAN, qui te mettraient dans le cul les bacilles du SIDA des singes verts de la CIA?
S o l d a t    l o n g. Je l’ai dans mon imagination, ce negre sidaique de l’OTAN.
S o l d a t    b r e f (joyeusement). T’as juste une imagination maladive, Ferdinand, c’est tout.
J e u n e     f i l l e. Ecoute, Charles. Ton Charles est tellement non case, si sans defense, si vierge, si impuissant, si minuscule, si ange maladif - je te comprends ainsi, Charles.
S o l d a t b r e f. D’ou est-ce que tu sors que je suis amoureux de Ferdinand sans mesure? Je suis pas encore un negre gay pede sidaique de la CIA.
J e u n e    f i l l e. Bien sur que t’es pas un negre gay pede sidaique de la CIA, pourtant, tu ne l’as pas tue, son ennemi tchouktchoide, tu l’a pas acheve, surtout quand il etait mourant tout a l’heure.
S o l d a t    b r e f. Primo, pour moi, l’humanisme n’est pas un dernier mot. Deuxio, je pensais qu’il rendrait l’ame tout seul, sans aide exterieur. Si ton ennemi meurt de son propre gre, quel interet de l’achever en depensant ses forces et son energie nerveuse sans parler des balles manquantes de toute facon. D’autant plus que l’humanisme, pour moi, n’est pas un dernier mot, tout comme je viens de le constater.
S o l d a t   l o n g. T’es vraiment un sophiste, Charles. Mais quel sophiste impossible que tu es, Charles!
S o l d a t    b r e f. Mais je ne suis pas un sophiste. Seulement, ces balles coutent plus que ce chetif Ferdinand. Telle est la realite, telle est la verite. Oui, elle est terrible, mais c’est la verite, vous, qui etes des infideles traitres de la Patrie.
S o l d a t    l o n g. C’est nous, les traitres infideles de la Patrie?
J e u n e    f i l l e. Pourquoi est-ce qu’on est des traitres infideles de la Patrie?
S o l d a t    b r e f. Et vous etes qui alors? Quand vous voulez prendre le bain de soleil, vous vous mettez derriere le
dos de Ferdinand, et quand vous faites frou-frou, c’est devant les yeux de Charles. Je m’y attendais. Oh, Dieu m’est temoin - je l’attendais, cette traitrise! Qui suis-je? Un courtaud qui comme toujours, est naivement bavard sans mesure, ce qui me ruine d’une facon primitive.
J e u n e    f i l l e. Mais quel rapport, Charles? Nous, on ne veut aucune traitrise, on veut que tout soit ouvert et ouvert dans les paroles naives, mais pas primitives, Charles!
S o l d a t   b r e f. La traitrise ouverte reste de toute facon une traitrise ignoble, vous, qui etes des gens futiles, laches, mesquins et sournois. Ai! (Il se saisi le c;ur.) Et moi, qui revais deja d’etre utile a quelqu’un dans l’amour comme dans la souffrance. Frou-frou, frou-frou!
J e u n e  f i l l e. Mais Charles! (Elle le prends dans les bras.) Personne ici ne veut te trahir, Charles.
S o l d a t    b r e f. Mais j’ai donc tout vu, Elena. Les yeux que tu as.
J e u n e   f i l l e. Quels yeux que j’ai?
S o l d a t    b r e f. Tu as des yeux noirs merveilleux et insondables de tzigane qui contrastent avec tes cheveux blonds aeres qui creent un image mystique d’un mystere entrainant et incommensurable. Et bien que ce mystere mystique et entrainant est comme toujours imprevisible, insupportablement indecis et faux d’une facon capritaurique dans sa faction cornue incommensurable, ce mystere feminin qui est a toi, malgre toute cette vacherie cornue, se fraye le chemin avec des fleurs fabuleux de mai. Ma chere Elena, je t’ai aimee si fort que je veux t’ache… t’ache… t’achever… (Il se saisi le c;ur et tombe par terre.)
J e u n e   f i l l e. Viola comme il est! Voila ce qu’il est!!! Hein?! Charles! Surtout ne meurs pas!! Charles!!! (Elle secoue le Soldat bref.) Tue-moi d’abord, Charles!!!
S o l d a t  l o n g. Le pouls! Palpe-lui le pouls!
J e u n e   f i l l e (en palpant le pouls au Soldat bref). Oui, apparemment ca bat.
S o l d a t  b r e f. Mais je suis pas mort, pas encore mort. (Il se leve.) Vous pouvez ne pas vous rejouir avec eloquence. Qu’on   t’acheve   d’abord,   ma   petite   fille?   Que   Charles prennes la responsabilite d’assassinat d’une coquine sans principes? A quel but? Pour l’amour qui ne fut ni est? Pourtant, tuer, ca ne serait pas genant.
S o l d a t  l o n g. Mais la, tu envoie vraiment les bateaux au fond!
J e u n e    f i l l e (au Soldat bref.). Tu es quoi, jaloux, espece d’Otello?
S o l d a t    b r e f. Otello n’est pas jaloux. Otello est souffrant. Et apres, il zigouille ce qu’il faut et ce qui il faut pas, au depourvu et pour le bonheur. S’est la vie, eteignez les bougies, il n’y a pas de bonheur sur la terre sous le soleil, Dieu nous en garde.
J e u n e  f i l l e. Oh, je vous aime tous les deux de la meme facon. Vous etes si differents, mais des natures si integres. C’est etonnant.
S o l d a t   b r e f. On ne peut pas aimer deux personnes de la meme facon. Quelle serait au diable cette famille si tu aimes deux personnes de la meme facon? Je voudrais avoir avec toi des enfants a moi, non incommensurablement longs, mais un peu intelligents quand meme et rondelets et actifs comme moi.
S o l d a t    l o n g. Et moi, je peinerais a avoir des enfants brefs entetes avec Elena.
S o l d a t   b r e f. Avec ta basse tension, tu veux te fourrer au meme endroit, espece de hongre long? Ou tu vas prendre assez de sang pour ta longue hyperboreique? Pour faire des enfants, il faut que ca bande droit dans l’espace et que ca pende pas.
S o l d a t  l o n g. Moi, je bande. Et tres haut et beau a 95;. Tu veux t’en assurer, espece de gnome a la haute tension?
S o l d a t    b r e f. Tu sais, je m’en rassure periodiquement, espece d’apoplectique.
S o l d a t   l o n g. Toi meme, l’apoplexie te ronge aussi. Tu tombes a cause de ton c;ur a haute tension comme si on te fauchait, autant qu'on ne sait pas quoi faire avec toi et a quels dieux en appeler.
S o l d a t   b r e f. Mais je suis fier de tomber a cause de la haute tension, j’en suis fier comme un Job!
S o l d a t   l o n g. Et bien, une fois tu tomberas comme ca a plat, mais comme Charles, ca sera au lit d’un hopital avec ton apoplexie a haute tension.
S o l d a t   b r e f. De quelle apoplexie a haute tension je tomberai au lit d’un hopital?!
J e u n e   f i l l e. Mais s’est mieux, que de tomber au lit a cause d’apoplexie a basse tension, petit Charlemagne!
S o l d a t    b r e f. Petit Charlemagne?
J e u n e   f i l l e. Petit Charlemagne.
S o l d a t    l o n g. Et pourquoi tomber au lit a cause d’apoplexie a basse tension est pire que de tomber a cause d’apoplexie a haute tension, ma petite Elena?
J e u n e    f i l l e. Et bien, a un egard, c’est pire et a l’autre egard c’est mieux, mon petit Ferdinand. (Elle lui caresse la tete.)
S o l d a t    b r e f. A quel egard, me permets-je demander, c’est pire de tomber a cause d’apoplexie a haute tension?
J e u n e    f i l l e. Mais comment ca, a quel egard? Si tu as une apoplexie a basse tension, tu ne pourra ramper meme pas deux metres jusqu’au telephone. L’egalite entre les vaisseaux communicants, la pression a l’entree et a la sortie, veineuse et arterielle, est la meme. La, ou tu arrives a l’equilibre, tu pars dans le cosmos chez Dieu.
S o l d a t  l o n g. Quoi?!
J e u n e    f i l l e. Mais, a mon avis, c’est beaucoup pire quand t’es frappe d’une apoplexie a haute tension. Avec cette sorte d’apoplexie, tu auras meme le temps de courir jusqu’a tes voisins. Mais apres, meme si arrive l’ambulance et ils t’administreront des injections qu’il faut et qu’il faut pas, de toute facon, tu resteras paralyse jusqu’a la fin de tes jours.
S o l d a t    b r e f. Mais ca, on le sais deja, on l’as deja etudie tout a l’heure. Il faut pas nous le repeter et croasser sur notre tete.
J e u n e  f i l l e. Mais comment est-ce que je peux savoir ce que vous avez deja etudie sans moi ici? Je n’etais pas la.
S o l d a t     l o n g. Neanmoins, freres lapins, moi, je choisirais une apoplexie a haute tension. Je ferais mieux de rester vivant au lit, meme immobile, 10 ans de plus. Je fermerais les yeux et me deplacerais ou je voudrais - aux Caraibes ou aux Hawai. Je trouverais ou me deplacer.
S o l d a t    b r e f. Tu nous etonnes. Et qui voudrait te soigner pendant 10 ans dans cet etat deplace et immobile, Ferdi?!
S o l d a t    l o n g. Qui, qui - je sais pas qui! Je ne te le demande pas. Et Elena, il faudrait peut-etre meme pas lui demander.
J e u n e  f i l l e. Il a raison.
S o l d a t    b r e f. Quoi?! Tu reve trop! Mais toi, espece de buvette apoplectique, quand t’auras une apoplexie a basse tension dans ton cerveau, tu pourras ramper meme pas deux metres jusqu’au telephone. Tu peux le comprendre avec tes hemispheres apoplectiques glacees?!
S o l d a t    l o n g. Elena ne me laisserait pas aller a cette apoplexie perfide.
S o l d a t   b r e f. Ah, c’est ca a quoi tu fais allusion? Elena ne te laisserait pas aller jusqu’a cette apoplexie perfide?!
J e u n e  f i l l e. Je ne le laisserait pas!
S o l d a t    b r e f. Ah-ah-ah! La trahison au Royaume du Danemark est inchangee. C’est triste comme c’est ridicule.
J e u n e    f i l l e. Toi, Charles, je ne te laisserais pas non plus aller jusqu’a cette horrible apoplexie pourvu qu’on soit unifie d’un seul destin et un seul amour! (Elle serre Charles dans ses bras.)
S o l d a t    l o n g (avec les larmes aux yeux). Toi, toi, tu es ma Elena coquine bienaimee! Charles! C’est une coquine! C’est ce qu’elle est! Tu dois etre tres attentif avec elle, Charles!!! Ne vois-tu donc pas qu’elle nous tourne comme des paliers d’une trottinette sur du goudron craque?!
S o l d a t    b r e f. Mais s’est une belle femme, Ferdi, elle a donc le droit de rouler ou desire son ame bestiale, pardon,
 
pittoresque, et sa poitrine et ses fesses. Laisse-la se degourdir et sortir de cette entropie quotidienne, qu’elle dirige son ;il persant infailliblement sur l’un d’entre nous. Et toi, Elena, ne tire pas le chat par la queue, le temps nous amene toujours plus pres de la mort par la voie de cette apoplexie de merde. On voudrait vivre hors du lit avec des decubitus sur le dos et la foi dans les miracles.
J e u n e    f i l l e. Mais comment pourrais-je choisir entre vous, d’apres quel critere, si vous m’etes sympathiques tous les deux jusque a la perte de la pensee feminine?
S o l d a t    b r e f. Mais tu as deja un c;ur sublime, tu dois donc choisir d’apres le signe de fatalite qu'elle soit basse ou haute, comme gagnant, si elle est haute, selon le processus apoplectique d’apres le point de vue de fatalite instantanee et eternelle, et execrable, si elle est basse.
S o l d a t   l o n g. T’es un Ciceron.
J e u n e   f i l l e. Un Ciceron couvert de gloire. (Elle donne un bruyant baiser au Soldat bref.)
S o l d a t   l o n g. Et bien, je suis un duexieme Ciceron, d’ou je deguerpi le premier. (Il veut partir.)
J e u n e   f i l l e (en l’arretant). Mais c’est toi que j’ai choisi, mon petit Ciceron de Ferdinand, avec mon c;ur sublime tout pour toi.
S o l d a t     b r e f. Quoi, quoi?! Et moi alors, je suis pas un bon Ciceron?
J e u n e    f i l l e. Tu est excellent, tres excellent, mon brillant Charles, mais je veux me reunir avec Ferdi - Ferdinand. Il est si grand, si bon, si fort, il ne me laissera jamais tomber. Tu es intelligent, tu dois donc comprendre que tu peux rester notre meilleur ami.
S o l d a t   l o n g. C’est juste merveilleux, qu’est-ce qu’elle est magnifique, Charles! (Il embrasse la Jeune fille.)
S o l d a t   b r e f. C’est un miracle des merveilles, ouvre tes yeux, Ferdi - elle a ignore d’une facon ignoble un malheureux apoplectique a haute tension pour ne pas passer 10 ans, voire plus, de torture et de travail de forcat en soignant ma paralysie. Personne ne sais combien de temps je peux passer jusqu’a ce que mes decubitus ne m’auront devorer completement. Mais avec toi, Ferdi, quelles tortures peuvent-elles arriver? Si tu attrape ton apoplexie a basse tension elle t’amene instantanement et pour toujours dans l'abysse. Et la jeune fille Elena n’aura pas a se torturer avec toi.
J e u n e     f i l l e. Ce n’est pas vrai, Ferdi, ne l’ecoute pas, c’est un mechant.
S o l d a t  b r e f. Je suis mechant seulement dans ma verite et sincerite de l’esprit, bien sur. Je ne le renie sans doute pas.
S o l d a t  l o n g. Charles! Elena!! Charles!!! Tu evoques en moi de tels sentiments humains et inhumains, oh Charles! (Elle met sa main sur l’epaule du Soldat bref.) Tu sais, Charles, tu dois savoir qui est Ferdinand… Je… je… qu’est- ce que je suis triste, mais… mais je te cede notre celeste Elena, Charles.
J e u n e   f i l l e. Quoi???!!!
S o l d a t    l o n g. Je te cede, Elena, au tres grand, tres sage, tres confuceen Charles. Soyez heureux de facon celeste, oh vous, les etres terrestres.
S o l d a t    b r e f. Merci, Ferdinand, t’es un veritable connaisseur magnifique de la verite, je n’ai jamais arrete de
croire en toi comme je crois en Dieu. (Il prend le Soldat long dans ses bras.)
J e u n e    f i l l e. Mais je ne le veux pas!!! Je ne veux pas de Charles!!! Je veux Ferdinand!!! Ferdinand!!! (Elle pleure.)
S o l d a t     b r e f. Tu vois, Ferdi, comme ellechante, cet oiselet, de facon realiste et deprave?
S o l d a t     l o n g. Je le vois, je le vois a travers les larmes.
 S o l d a t     b r e f. Oh jeune fille, Elena-Maroussia. Qui ici a la guerre t’as demande ce que tu veux et ce que ne veux pas? C’est bon, les enfants, vous connaissez deja le c;ur de Charles a haute tension - Elena, je la laisse a Ferdinand, seulement arrete de pleurer, de chatouiller mes nerfs - ils sont deja effrites sans les bacilles.
J e u n e    f i l l e. Je ne pleure pas. Maintenant, je n’ai plus besoin de Ferdinand non plus. Vous, les hommes, vous pouvez vous tout permettre. Tromper, ceder les femmes aimees, declarer la guerre, envoyer les jeunes a la mort, et avec ca, se remplir les poches avec les dollars et declarer la Paix defectueuse, ce qui est pire que la guerre, car annonce des guerres a venir. Bref, si vous voulez que j’appartienne a quelqu’un, battez-vous ici et maintenant devant moi. Celui qui sera vainqueur - je l’aimerai a la mort.
S o l d a t  b r e f. Tu quoi, tu veux du sang, jeune fille?
J e u n e   f i l l e. Oui, je veux du sang, petit Poucet!
S o l d a t    b r e f. Mais quelle transformation d’un ange en megere! Ecoute, elle devient la jeune fille si incroyablement sanguinaire et depassee des temps chevaleresques brutaux et ignares. Je ne suis pas pour toi un mouton capritaurique que tu sois envieuse de mon sang. Je suis un tigre aux
dents de sabre - je te previens. C’est Ferdi qui a du levain de bouc, pourtant lui aussi a des cornes aiguises au cas ou.
J e u n e     f i l l e. Mais quel rapport avec ces animaux, Charles, Ferdi?!
S o l d a t    b r e f. Tu veux notre sang, espece de capritaure, que diable t’emporte!
J e u n e  f i l l e. Mais quelle capritaure? Je ne suis pas une capritaure! C’est que c’etait ainsi a toutes les epoques que la jeune fille revenait au vainqueur! D’autant plus que vous faites deja la guerre!
S o l d a t     b r e f. Nous, on voulait faire la paix, oh toi, malheureuse, on voulait vraiment faire la paix, et non pour les guerres a venir, comme tu l’a dit justement, mon or.
S o l d a t  l o n g. Bref, tiens cette baionnette rouillee (il lui passe la baionnette) - ca sera sans faute, abats qui tu veux comme ton capritaure a toi.
J e u n e  f i l l e. Mais non - vous n’etes pas des capritaures, Dieu m’en garde… Qu’on vive a trois, mais qu’on vive… Qu’est-ce que vous en dites? Sinon, je m’abats moi-meme avec cette baionnette.
S o l d a t     b r e f. Rends-moi cette arme! (Il lui retire la baionnette.) Espece de suicidaire.
S o l d a t   l o n g. Et qu’est-ce qu’on va faire?
S o l d a t    b r e f. Qu’est-ce qu’on va faire, mais qu’est-ce qu’on va faire? Je ne sais pas ce qu’on va faire.
S o l d a t   l o n g. Mais tu es notre gourou.
S o l d a t     b r e f. Je suis peut etre votre gourou, mais elle nous propose l’amour a trois. T’es quoi - d’accord?
S o l d a t   l o n g. Mais c’est quand meme mieux que ce qu’on s’acheve mutuellement?
S o l d a t    b r e f. Autrement, on va crever d’une facon morale dans ce monde immoral. Tu pourrais vivre a trois avec cette salope d’une facon morale-amorale?
J e u n e   f i l l e. Pour l’instant, je ne suis pas une salope!
S o l d a t    b r e f. Si on commence a vivre a trois - tu deviens une salope, ma cherie.
J e u n e    f i l l e. Je reve follement de devenir une salope, mes chers!!!
S o l d a t  l o n g. Tu reves devenir une salope, Elena?
J e u n e   f i l l e. C’est avec vous que le reve devenir une salope, c’est uniquement avec vous, les gars! Oh…

Sur la scene des deux cotes surgissent deux soldats avec des Kalachnikovs et mitraillent les Soldats long et bref.

P r e m i e r    s o l d a t (s’approchant du Soldat long). Ouf, c’est un des notres, putain, espece de traitre.
D e u x I e m e   s o l d a t (s’approchant du Soldat bref). Ouf, c’est un des notres, putain, espece de traitre.

Avec les cris “putain”, “traitre”, “salaud”, ils se mitraillent mutuellement.

J e u n e   f i l l e. Et moi, de qui suis-je la salope? Je suis une salope de personne. Je suis une salope et une chienne de personne au monde… (Elle se saisi le c;ur, elle est mal. Elle se met par terre et… se tait.)

O b s c u r I t e


Moscou, 2000




«Les balles enrobees de chocolat» - ce n’est pas pour les cons
Lev NOVOJENOV


Le metteur-en-scene Vladimir Kimmelman a monte a Moscou la piece de Mikhail Volokhov “Les Balles enrobees de chocolat” dans le genre de l’absurde trash tragicomique.

“Les Balles enrobees de chocolat” est une piece qui declare que les imbeciles se font la guerre et les intelligents tendent a negocier et a s’aimer… Mais les imbeciles les en empechent.

Le metteur-en-scene et les comediens ont montre une representation scenique sous la forme d’une action vivante avec la compassion immediate du spectateur. Ici est presente une large amplitude des sentiment - d’une protestation et une curiosite banale des la premiere connaissance, jusqu’a l’acceptation entiere et profonde de la lecture theatrale de la piece. Dans ce spectacle est realise une magie theatrale cachee rarissime sans aucun fakirisme. De la pure feerie scenique. Cette piece a permis aux auteurs du spectacle de creer un theatre vivant sublime, noble et tout- compatissant. Celui qui est proche au c;ur de toutes les generations. La qualite distinctive de Mikhail Volokhov en tant que dramaturge, c’est de creer une profondeur recherchee avec une simplicite d’enonciation. Pour le dramaturge, ce n’est pas une simplification d’auteur, ni une sorte de primitivisme. En revanche, c’est l’idee du modernisme de Volokhov. Plus simple est le style dramaturgique de l’auteur, plus fins et raffinees sont les demarches du metteur-en-scene et des acteurs, qui font des “Balles enrobees de chocolat” un spectacle vraiment theatral et impressionnant. Sur la scene jouent les acteurs Stanislav Pekhovskiy, Nina Dronova et Andrei Klavdiev.
 

Le spectacle feerique “Les Balles enrobees de chocolat” est represente dans l’espace de la galerie “Le Labyrinthe de Minotaure” dans la ruelle Vetochny - tout pres de la Place Rouge.


Texte francais: Nikita Krougly-Encke

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7)

LE CALVAIRE DE TCHIKATILO

De Mikhail VOLOKHOV
(texte-film)



Texte francais :
Rene Guerra



Pendant que la vie demeure inconcevablement eternelle - les connaissances et les espoirs de l’homme se sont renfermes sur l'amour envers ses semblables mortels. Or, les vraies connaissances a la mesure de l'eternite, ayant pour but de vaincre la mort et de douer l’homme des possibilites d’ordonner l'univers a sa guise, sont obtenues, tout comme dans les siecles passes, seulement au paroxysme d’actions sanglantes et barbares avec les corps et les ames de ces memes mortels, tant cheris …
Il n'est pas au monde de tristesse que la neige ne guerisse pas.
Oui, putain. Il n'est pas au monde de tristesse que la neige ne guerisse pas.
Ah, putain. Boris Leonidovich Pasternak - Juif intelligent, putain, qui est mort dans son lit, qui a Elabouga, putain, a donne une corde a Tsvetaieva pour qu’elle puisse se pendre,
et qui, putain, n’a pas sauve Mandelstam de Staline par le verbe russe... Oui, putain. Ah, putain.
"Je vous aimais…
Peut-etre cette flamme
A mon insu court encore en mes veines… Mais la, soyez tranquille - vous etes la femme A qui j'epargnerais la moindre peine.
Je vous aimais - confus, desespere - Tantot timide, tantot jaloux, en veille… Je vous aimais d'amour si doux, si vrai
Que Dieu vous prete un autre amant pareil."
"Le Bien et le Mal, tout est egal", Alexandre Sergueievitch Pouchkine. Mon poete prefere, harmonisateur inegale de l'Univers.
Promoteur de la revolution russe. Il a rendu la langue plus simple, la conscience plus dense, et il ne restait plus a Lenine qu’a comprimer l'alphabet de quarante a trente trois… avec du sang humain.
Puis, bien sur, Lermontov, salopard, avec son mechant esprit de revolte qui a fait un pas en arriere, tout en lancant, putain, les "narodniks" contre le peuple.
Un dimanche, on dit, Lenine a baise sa chere Nadine - par derriere… Puis apres, il a pondu "Un pas en avant, deux en arriere", un chef d’;uvre de sa carriere.
 
Eh oui, Lermontov n'a pas merite des festivites d'anniversaire, quoi qu'il fit pour, se mettant en quatre devant le peuple avec toute l'ardeur de sa hargne d'intellectuel.
Les gens, eux, preferent de loin leur propre hargne candide et simple.
Pouchkine, lui, n'a pas fait le con avec sa hargne d'intellectuel, et le peuple l'aime bien.
Voila, Alexandre Sergueievitch, c’est comme ca que nous vivons, continuant notre glissade dans ce con d'amour au nom de l'Esprit universel avec l'aide de la Russie.
Les idees sont immaculees, aucune souillure n'y colle. Penetrer une idee pour devenir quelqu'un.
Le peche - axiome structurel de la vie en tant que message - doit etre expie immediatement.
Et le monde est agremente avec du peche - la juiverie. Tous nos gestes en tant qu'humains sont fragmentaires - a la juive.
C'est pourquoi notre demarche serpente, putain - c'est le Serpent.
Disant "Juifs", j'entends par la une philosophie, une conception - je ne suis pas raciste, disons-le bien.
Mais, avec ca, on aimerait reussir un Coup Double et vivre en meme temps dans la contemplation a la Oblomov - sans ouvrir les yeux, voir quand meme - tel un dieu -
ce que t'as fait dans ta vie reflective "juive" fondee sur les faux axiomes de la sensiblerie juive.
C'est ainsi que les Juifs avaient engendre le nazisme - pour qu'Hitler puisse jouer a l'elu du Ciel.
Les Juifs c'est une notion du Temporel qui embrasse l'Eternite, qui egale
l'Eternite, mais qui n'a conscience d'etre que d'une facon discrete - a un moment donne du Temps relatif, a force des limites de notre esprit et de l'Etre.
C'est la, bordel de merde, que reside toute la Tragedie Humaine. On voit les Merveilles de la Creation sans remarquer la Creation elle-meme.
On est tous comme ca, les hommes - tous des Juifs: j'ai echappe a la vieille, j'ai echappe au vieux…
Allez, vous pouvez toujours courir, bordel de merde. Mais dis donc, cet appel le matin, il me les casse, c'est une mauvaise farce, voyons: Tchikatilo?
- Mais oui, putain, je suis la. Et le surveillant: - Mais bien sur que t'es la, mon cul.
- Et moi, putain, au gardien - le voici, le gardien, putain, je lui dis, moi: mais dis donc, bordel de merde, ou peux-tu passer - tonton Stepa, putain de merde, toi, espece d’idiot - deux billes et un stylo?
Et c'est ainsi que nous tous, des youpins nazis, vivons dans ce monde a l'envers, on y est, on y demeure.
Est-ce qu'on peut echapper, putain, a ce con d'Esprit de l'Evolution Universelle, bordel!
Mais si l'Esprit sauve des millions, la vie va y passer, putain, toute vie sur Terre! Le Ciel est inhumain, quoi, merde! Pas une priere n'a ete entendue.
Il n'y a pas eu et il n'y a toujours pas un seul saint, putain.
 
Car si le bon Dieu fait du bien a quelqu'un comme ca, gratuitement, et personne ne s'elancerait plus interieurement ou il faut s'elancer par intuition: vers l'Idee
immaculee,
en balayant tout sur son passage.
Le fait de ne pas connaitre la loi n'enleve pas la responsabilite de ses actes. Ah, putain, y’fait froid, bordel de merde.
Staline, lui, il s'elancait interieurement, putain, et - exterieurement - il a jete plusieurs millions de vies de ses camarades concitoyens au nom de cette idee viscerale et originelle de Lenine, mais plutot de Pouchkine qu'est de simplifier et de comprimer le langage et la logique de l'esprit.
Et de comprimer des millions d'hommes dans les goulags - il en a simplifie la conscience, toujours d'apres Pouchkine, suivant le fameux programme - d'une facon geniale!
Pourtant l'Esprit de l'Evolution de la Creation, il s'en fout, lui, ce putain d'Esprit, il evolue gratis par tous ces massacres - on ne sait vers ou, dans quel sens mais il evolue ainsi, quoi, merde!
Qui deja fut le premier Juif assassin, Cain? Un maniaque, un homme obsede d'une Idee -
comme quoi, tuer un humain comme lui, c'etait pas mal du tout!
Eh bien, ce n'est pas en arpentant ma cellule comme un pauvre con que j'apprendrai la Verite universelle.
Tel quel, a l'etat pur le Russe est le frere du Juif. Les deux nations les plus fortes du monde, quoi.
Tres semblables. Les Russes c'est meta - la contemplation c'est pour ca qu'ils portent Dieu en eux - et les Juifs c'est la physique, le mouvement. Ce qui ensemble fait metaphysique, mouvement contemplatif, quoi, merde!
Ne vous en faites pas, en ce qui concerne la physique, j'ai deja assez fait le Juif, mais pour ce qui est du russe, j'aimerais bien faire un peu de blabla metaphorique avant la Meta Mort pour essayer de comprendre ce qu'est le "Moi" a part ma bite.
La Mort toujours engendre l'Espoir et le Sublime.
"Ce qui est sublime l'est cent fois plus, couronne du joyau de la Verite" -
William Shakespeare. Alors, cui-la il ne comprenait pas lui-meme quel genie il etait, putain!
Le "Nous" il faut le comprendre par la lettre de l'Intelligence, la lettre Zero ou la gueule et le cul se rejoignent - et alors, tu comprendras ce que c'est le "Moi", putain!
Ou donc peut-on le comprendre definitivement sinon en prison?
Ici tout est si bien reglemente - On m’amene a manger a heures fixes. On ne crie pas, on ne m’insulte pas, personne ne me fait subir de vexations.
Les soldats qui me gardent sont meme plus polis que ce pede d’avocat youpin. Qu’est ce que j’en ai a foutre de cet avocat? Je suis moi-meme mon propre avocat, quoi, merde!
 
On me l’a impose. Ils ont compris que j’etais un brave type et ils m’ont refile ce youpin d’avocat qui a travaille contre moi pour ces putains de flics qui surveillent le metro.
Est-ce qu’on a gagne notre proces? On m’a condamne a la mort physique et ca s’appelle avoir gagne le proces.
Ah, putain. Oui, putain - ici on ne passe pas, bordel de merde.
C’est moi que l’on jugeait. Est ce bien moi que l’on jugeait? Eh bien, ils se sont juges eux-memes et ils ne se sont pas condamnes parce c’est moi qu’ils ont condamne a mort.
Je me suis condamne moi-meme a la peine supreme, et c'est bien autre chose - le Calvaire de Tchikatilo!
Pourquoi y avait-il tant de victimes? Et chaque jour elles etaient differentes, des mamans, des papas, des tantes, des oncles,  et des amis differents.
Des que quelqu’un avait une attaque cardiaque, on lui faisait une piqure et d’autres le remplacaient.
Vraiment, le peuple est degenere maintenant.
Essayez voir d’aller en reconnaissance avec eux pendant une guerre. Des le premier cadavre, il faut appeler police secours a la rescousse pour leur faire une piqure et les remettre d’aplomb.
Et si le combattant avec qui il est parti en reconnaissance a une crise cardiaque a la seule vue d’un cadavre ennemi ou encore mieux en voyant le cadavre de son camarade de
combat.
Et faut-il trainer sur son dos ce cardiaque pour le ramener a l’Etat Major,
mais ce chien avec sa putain d’attaque cardiaque on peut l’abandonner sur le terrain ennemi..
C’est comme ca, bordel de merde.
Apres, il peut encore reprendre ses esprits du cote ennemi et se laisser faire prisonnier au lieu de se tirer une balle dans son petit front.
Que voulez vous faire avec ce genre de combattant cardiaque?
Trainer sur son dos et risquer de ne pas remplir la mission de combat d'un pays entier?
Et pendant ce temps-la, l’ennemi brulerait nos maisons.
On le laisserait bruler et violer nos chers enfants et nos femmes bien aimees. Non, excusez-moi, nous n’avons pas le droit de risquer la vie de notre cher peuple,
nous n’avons pas le droit de prendre le risque de ne pas remplir notre mission qui plus est en reconnaissance pour un camarade de combat si fragile de coeur. Et il faut donner un coup de baionnette, au coeur de ce camarade cardiaque.
Quand il suffit de faire tourner la baionnette dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.
Quand c’est pres du coeur, on ne souffre pas et on meurt meme plus vite.
Et ce cher coeur se dechire en morceaux du fait de cette rotation dans le sens inverse des aiguilles d’une montre...
 
En bien, on peut une, putain, ah, putain, - ah, putain, p’tite baionnette, ah, putain, p’tite baionnette et la tourner dans le sens des aiguilles d’une montre, bien sur.
Chacun fait son boulot, comme ca l’arrange. Il y a bien des gauchers et des droitiers.
Tout depend des genes que la nature vous a donnes. Tout se passe ainsi, sur cette terre diabolique et divine, messieurs.
Que voulez vous? Soit pede, soit assassin, con ou poete. Ou alors, putain, tout ca a la fois dans une seule et meme personne.
Mais au tribunal putain, il y avait une foule de cardiaques, de cafards, ah, putain, et chaque jour que fait le bon dieu il y en avait une flopee. Bien sur, d’un cote, ...ah, on ne passera, bordel de merde
...c’est attendrissant de contempler ce cardiaque...
on est passe, quoi, merde ... qui porte ses mains a son coeur ... qu’ils ont plante ce bois d’arbres, putain...
...en pleine crise cardiaque charnelle...
qu’ils ont plante, putain, des arbres dans le bois …
et ce putain d’oiseau il fait vraiment plaisir a voir comme il voltige en agitant ses pattes dans sa joie de vivre, cretin.
Mais, d’un autre cote, j’ai massacre cinquante quatre combattants, fils et filles du regiment et autres putes de l’etat-major.
Et je comprends que chaque enfant a beaucoup de parents !
Le pere, la mere, un oncle, une tante, des amis. Mais les cinquante que j’ai tues ne pouvaient avoir des milliers de parents.
Je ne suis pas Boris Godounov, je n’ai pas assassine le tsarevitch.
Je ne suis pas plus ce chien d’Ivan le Terrible - cet Uranus devorant ses enfants, mais je ne suis pas, putain, un deuxieme Joseph Staline - animateur, clown avec sa rengaine comme quoi vos nanas vous en feraient d’autres...
Partout, toujours et en toute chose, le seul probleme se pose - celui du Pouvoir. Et le fait que je leur ai donne une mort digne des bienheureux et qu’ils sont maintenant laves de tout peche, ca, ils ne veulent pas le comprendre, pas plus que leurs enfants sont alles directement au paradis en evitant l’enfer terrible de
la vie.
Ils n’ont pas eu le temps d’entrer en sixieme qu’ils sont deja montes au paradis. Certes, ils ont un peu souffert avant de mourir... Et dites moi, qui meurt sans souffrances, dans cette vallee des pleurs, putain, dans cette vallee cosmique? Il faut gagner, putain, et meriter le chemin qui mene au paradis, au prix de grandes souffrances.
Quand je tournais et retournais en sens inverse des aiguilles d’une montre le petit couteau dans un endroit, loin du coeur, et qu’ensuite les petits enfants criaient, pleuraient et gemissaient pataugeant dans leur sang de Tsarevitch
immole, - vous croyez que ca m’etait facile a supporter - bien que ce fut, naturellement, agreable - c’etait vraiment tres agreable.
Et pour les enfants eux-memes, c’etait mieux d’avoir encore cinq petites minutes a vivre en ce bas monde, certes, pas tres serein, mais oh combien noir, messieurs ...
 
on est passe, quoi, merde...- au nom de l'evolution de l'Esprit Universel.
Vous n’avez qu’a lire Dostoievski - lisez seulement ce psychanalyste le plus juif qui soit,
le porte-drapeau de tous les Juifs d'Esprit Occidental.
Dans son oeuvre, il est clairement dit : donnez a l’homme une place sur un rocher - dix centimetres - et qu’un aigle sauvage affreux et sanguinaire vienne, chaque jour que Dieu fait, lui donner des coups de bec dans le foie...
Ah, oui - ca n’te serre pas, putain, bordel de merde...
eh bien l’homme, avec une grande joie, acceptera une telle vie masochiste plutot que la mort.
Et Dostoievski etait un prophete qui parle haut.
Il a ecrit tout ceci a propos de nous - petits Russes sovietiques rabougris, juif, chetifs, lubriques et sales...
Il a ecrit a l’avance tout ce qui allait se produire avec nous, les Russes - menus bestioles juives qu'on est, quel bonheur-malheur marxiste allait arriver et ecraser notre ame, putain de bordel !
Et est-ce qu’on ecoutait ce genie, ce prophete, putain?
Merde s’ils ont ecoute, putain... et ils l’ont condamne a mort, comme moi, ces chiens.
Et cinq minutes avant l’execution, ils ont commue la peine capitale en prison. Et ce que l’homme a vecu pendant ces cinq minutes avant l’execution,
lui, le plus grand ecrivain russe, vous n’en avez rien a branler!
Eh! que voulez-vous, apres un tel choc moral, putain, il s’est mis a ecrire des romans chaleureux a propos des gens, sonetchkas, putes et assassins...
Les prophetes, les genies sont des gars qui ont du coeur. C’est pour ca qu’ils sont des genies et des prophetes.
Et les gens ne pardonnent pas aux genies leur coeur.
Pouchkine, ils l’ont tue, Lermontov aussi, Goumiliov, Mandelstam - il l'ont eu lui aussi, tout poete pastoral de l'Avenir qu'il etait.
Lorca a ete flingue dans une orangerie. Quelle perversion.
Moi, cardiaque, ils vont me crever en taule, putain. Comme Goumiliov, comme Mandelstam!
C’est le destin metaphysique juif des Russes - celui du troupeau qu'on mene a l'abattoir.
Que puis-je ajouter a cela? A qui prouveras-tu quoi que ce soit par cette verite geniale, doux reveur?
On tue pour la verite.
A fortiori pour la verite juive et russe.
Et on les tue d’une facon tellement cruelle, putain, des betes!
Ñe betail qui tue comme du betail et tue les prophetes de la terre russe compatissante.
Et vous voulez, vous, espece de sales abrutis, que les petits enfants avec leurs ames pures deviennent du betail, des brutes comme vous?
Qu’ils deviennent des commercants, des raquetteurs de passage, et qu’ils soient prets a s’entr’egorger pour une poignee de dollars?
 
Oui, putain?
N'avez-vous pas entendu parler de Tchitchikov et de notre Eglise sans Dieu qui n'a pas laisse Gogol aller aux saints ermites et il a du bruler son roman et mourir avec l'aide d'un
moine?
N'a-t-on pas eu a vivre un Tsar qui etait le seul philosophe admis et qui seul pouvait laisser vivre un philosophe comme Dostoievski - juste pour rire?
Et qui a excommunie Tolstoi, ca a ete fait a cause de votre putain de pouvoir clerical? Oui, putain?
La, vraiment, on a tout lieu de s'enerver - historiquement parlant.
Et si, parmi vos enfants, l’un etait devenu un maniaque comme moi, seriez vous pret a envoyer a Dieu, au paradis, vos enfants innocents?
Vous n’avez rien contre le fait que j’envoie au paradis, chez le Bon Dieu des futurs maniaques cordiaux qui sont encore aujourd’hui innocents et en germe? Mon avocat de juif, putain, n’a pas encore dit pour ma defense cette verite geniale et humaine, ce sale youpin, cette gueule d’enfoire.
Quel con cet avocat, pourquoi doit-il encore toucher des honoraires alors qu’on m’a condamne a mort.
Et pourquoi est ce que j’ai enleve mon pantalon au tribunal, et que je leur ai montre ma queue a tous et que je lui ai fait prendre froid?
La-bas, pendant le proces, c’etait sans arret un vrai bordel avec ce courant d’air. La porte s’ouvre, se ferme, les medecins entrent pour flanquer des piqures contre les crises cardiaques a ces abrutis, et ils creent le courant d’air et cette puanteur avec ces
medicaments.
Un tribunal populaire, d’Etat et il n’y a aucun ordre et on s’etonne, apres ca.
Staline a mis de l’ordre et ca n’a pas plu. Ils ont couvert de merde Lenine, quand c’est devenu possible, quand on a donne l’autorisation de jouer aux dissidents.
Lenine bien sur est un connard, mais promoteur d'une idee universelle
immaculee, putain, du developpement de la langue russe dans la liberte, egalite et fraternite.
Tout prendre a l’oeil. L'idee, putain, et l'Esprit ne sont pas impitoyable comme une fin en soi. Lenine, lui c'est la paresse lenifiante, le caractere contemplatif de la langue, quoi,
merde !
Mais cette putain de paresse elle est nee bien avant nous. Lenine, putain, l'a tres nettement exprime, putain, par son existence dans le langage.
Staline, lui, a lance un langage tout nouveau, et qui l'empechait de le faire, eh bien on l'a couche une bonne fois dans la boue de la vie.
Dans le monde physique ils sont certes des bisons egares.
Pourtant, la manne du communisme - merde, que c'est bon! Tout se fait sans scrupules.
A propos de l'idee grandiose au sujet de Marechal.
Bismark avait un porte-cigares avec ce mot grave en russe: "Rien".
 
Il avait fait ses eeudes en Russie et comprenait ce qui importe le plus aux Russes dans leur putain de tuyau aerodynamique - dans leur territoire incontestable dans l'Esprit - "rien" egale toujours "tout".
Tout ou rien c'est notre reponse russe au casse-tete du monde.
C'est pour cela qu'on ne doit jamais agresser les Russes. Par ce "rien" qui egale "tout" on est invincibles, putain !
Mais ils se sont rue, les Teutons a tatons, car ils flairent ou est le mot de
l'enigme, ils comprennent, eux, que la Russie est la poesie de la Terre - ils ont recu "rien",
pour "tout" ce qu'ils nous ont fait de bien, bordel de merde !
Et voila que maintenant, putain, le Tchitchikov Occidental, notre Juif originel s'amene de nouveau sur des charrettes physiques avec un essieu casse "sans idee" - sur les roues des jeeps - recuperer les denrees de nos ames mortes ou pour ainsi dire - sans "rien" avec "tout". Et finalement ils recevront "rien" sur
"tous" les points.
Eh bien, c’est absolument comme baiser Ninel sous le porche au froid. Faire de l’onanisme, se masturber ?
Ca, ce n'est "rien", egalement. Et c'est aussi - "tout". C'est comme posseder une nana, une conscience: c'est oui ou non, quoi, merde !
Et quand on ne baise pas, putain, alors la c'est un bordel metaphysique, on ne pige pas vraiment c'est oui ou c'est non... et les connaissances il n’y en a pas non plus... Et puis quel bordel d’hypocrisie.
Tu restes trois heures a te geler sous le porche serre contre elle dans ses bras et elle ne t’invite pas a monter chez elle pour baiser - et c'est au moment ou tu commences a t'en ressentir a son endroit, ou tu triques comme un ane.
Eh quoi, Ninel - cette "sainte nithouch" - a aussi reveille et provoque en moi le sadique. Une bete.
Pendant trois mois, tout l’hiver, je lui ai offert des fleurs, des oeillets couleur bordeaux, comme la couleur de l’amour, de la violence et du sang.
Et elle ne m’a pas laisse baiser - d'un mouvement si juif d'aller-retour, de bas en haut et en arriere…
Avec cette merde d'amour platonique a la russe, elle m’a baise, m'a pollue le cerveau, cette garce.
Et cet amour m’a frappe aux endroits les plus vulnerables comme des coups aux couilles.
Je n’ai fourre ma main dans ton slip qu’une seule fois et j’ai saisi ta chatte. La fete, ca n’arrive qu’une fois dans la vie.
Moi, je te declamais du Voznessenski, mon poete prefere a la television.
Retirez l’effigie de Lenine des billets de banque. I1 est pour les drapeaux et les etendards.
Alors que Brodsky, putain, ce con de poete juif maniere, lui, recoit le prix Nobel. Tandis qu'Andre le pitre, tout polichinelle qu'il est - aux yeux tels des oeufs poches,
 
au pif en virgule s'en donne a coeur joie a la tele de la dextre, et avec son proto-oeil droitgauche leninien pond un couplet aux rayons "x" dans la pose "Longjumeau"
en louchant a la monnaie convertible du prix Nobel.
Mais on te le donne pas - mon cul - mon tres cher Andre, putain - on le decroche a ce petit youpin de Brodski, ce jongleur de mots pourri en anglais americain des affaires.
Mais lorsque toi tu ecrivais, putain, que tu entres au Mausolee comme dans un cabinet de radiographie, tu etais alors plus proche de la Verite metaphysique du Monde, putain,
que lorsque tu as renonce a ce genre de visions, bordel de merde!
Mais c'est la Verite Supreme du Monde, que la tombe de Lenine est le berceau de l'Humanite toute entiere.
Car la paresse lenifiante est nee bien avant nous autres, putain.
Et les conards revolutionnaires qui avaient pleure alors la mort de Lenine, mais ils etaient sinceres, quoi, merde, dans leur temps sincere.
Et il n'y a rien de plus durable, de plus sacre lorsqu'on ecrit sincere, par amour, putain !
Les genies ne font pas de vieux os ici-bas, qui plus est dans la geniale Russie.
En Russie, nous sommes tous des genies dans le vice et c’est pour ca qu’il y a le bordel le plus
genial.
Si on donnait le prix Nobel du sadisme, merde! On en trouverait des masses de perles rares en Russie.
J’ai cueilli des fleurs rouges quand les fleurs etaient toutes epanouies et elles ont repandu le sang de l’amour quand je les tuais d’un amour tendre.
Il ne faut vivre, on ne peut vivre sur Terre que dix ans - pas plus!
Ensuite, si vous etes un poete merveilleux de l'Esprit Universel, vous sentirez, vous comprendrez que l’on ne doit, que l’on ne peut vivre que dix ans sur cette terre.
Et, si vous etes un genie hors pair et l’ami numero un de la nature cosmique et que vous avez vecu ici bas quarante ans, alors, la nature elle-meme vous appellera pour l’aider a briller, a cueillir les petits enfants a arracher ces fleurs d’enfants qui n’ont pas quarante ans - qui ont dix ans, et a elever au paradis leurs ames sans peche,
et attendre un jeune vieux qui viendra un jour nous sauver, dans la casse.
Le Christ a ressuscite au nom de la Verite - c'est ce qu'il faut bien comprendre. Et maintenant, putain, pour cette poesie metaphysique foncierement vraie, ces enfoires vont me flinguer.
Nicolas, mon compagnon de taule, disait que le pistolet etait relie a un systeme de detection electronique.
Un beau jour, tu passes par le couloir pour aller a la promenade et le systeme se met en marche et le pistolet electronique envoie une balle qui vient te trouer le crane.
 
Et c’est comme qui dirait personne n’a appuye sur la gachette et ne porte la responsabilite.
Pas besoin, putain, de se repentir ensuite.
Qu’est ce que Svetlana, ma petite femme peut bien penser de moi ?
Il fallait y penser plus tot. Et elle ne sait meme pas baiser dans la baignoire.
Je veux lui apprendre mais elle ne veut pas. Je lui demande de me sucer la bitte et elle me dit que mon filet lui semble etre trop sale.
Putain, une bitte trop salee c'est comme si l'Esprit Divin Universel de la Creation etait trop sale, quoi, merde! A cette echelle, quant a ma bitte amoi, je me tais par modestie.
C’est bien sa faute, putain, et il lui a fallu quitter la maison et eloigner d’ici nos merveilleux petits Stiopotchka et Lydotchka.
Sinon, ces salopards de gens vont, par vengeance, saigner ces innocents de dix ans, mon propre sang.
Ils vont les assassiner de leurs regards meprisants ces creatures de quais de gare !
Moi, je trucidais et je baisais sur un plan et un espace spirituel pour gagner de l'energie de l'Ame Cosmique.
Ca, vous ne pouvez pas le comprendre, vous, serpents, larves, youpins que vous etes !
Vous, putain, vous vivez dans cette putain de matiere de merde comme si la mort n’allait pas arriver.
Savez-vous ce qu'est la Mort, putain ?
Quel est cet Espoir puissant de la Vie - je le redis, putain - pour que la Vie continue, quoi, merde!
Faut guere souiller la Vie par votre grise mediocrite, putain, lorsque, meme des genies ne parviennent a se trouver une place sous le soleil. Une strophe est catastrophe pour un
poete castrat.
Khlebnikov Velemir, ou est il ? Eh bien, il est mort, le Velemir.
Vous l'avez perdu, lui qui a penetre jusque dans le trefond syllabique du langage, lui qui vous a donne des perles de la langue!
Mon peuple, il me fait vraiment chier !
Tout comme meme, d'ailleurs, mon pays - mais les gens c'est le comble ! Tout le monde s'est colle, putaina cette TV religion electronique des youpins satyriques originaires d'Odessa, c'est dingue !
Il suffit de montrer un doigt aux gens pour qu'ils se marrent comme des fous en ecoutant comme un tel a brillament reussi a baiser un tel… lui chiper, disons,
l'electorat, putain, ou du pognon en monnaie convertible.
On oublie deja quoi au juste a ete chipe, la seule chose dont on est sur c'est que quelque chose avait ete chipe.
Parce qu'en Russie, il y a deux choses qu'on fait d'une facon geniale a la rendre contagieuse: on pique quelque chose a quelqu'un d'abord pour en crever de rire ensuite.
 
Non, bien sur, lorsque vous chipez quelque chose a quelqu'un d'une facon geniale, vous devez savoir au juste de quoi il s'agit - naturellement.
Mais lorsqu'on en rigole - alors la, on n'est plus tenu du tout de savoir au juste ce qui a ete vole pour pouvoir se marrer de bon coeur, putain…
Alors, vraiment, mon pays juif me fait chier. Ces youpins de Russes se marrent, putain, qu'on continue de voler, et ils continuent de voler pour pouvoir se marrer. Il brillent par des trucs de banlieue provinciale et puent de loin la contrepeterie,
les pitres! Ca me rend dingue! Mais rira bien qui rira le dernier.
La langue, on ne peut pas la chiper - elle appartient a tout le monde, putain !
Et quand, putain, un petit enfant creve dans de terribles souffrances sous ce petit couteau qui tourne comme une vrille, alors, tu percois le gout mortel de la vie russe.
Il n’y a pas de pays plus genial pour se detruire.
Et, putain, tu egorges, tu tues un petit enfant en dix, maximum quinze minutes en faisant tourner progressivement le couteau dans la plaie.
Et si on multiplie cinquante petites fois, ne fut-ce que par deux petites heures, cela donne cent petites heures.
Et le proces, lui, putain, il a dure sept annees.
Voila ou j’ai pu prendre mon pied, mon plaisir pour de vrai !
Et on m’a expres fixe un chatiment juif sans souffrances, sans le plaisir de la souffrance russe.
Le systeme electronique s’enclenche, et voila, plus de Andre.
Avant, il y en avait des chatiments, sur cette terre. On empalait, oui, on vous enfoncait un pieu dans votre charmant trou de balle, on vous ecartelait, putain, sur la roue d’un carrousel, devant le peuple.
En Chine, pays a la plus ancienne culture, un bambou, grace au fait qu’il poussait rapidement attire par le soleil lentement vous dechirait le ventre, ou on vous mettait dans une fourmiliere, putain, on vous jetait en pature aux fourmis. Et pendant des annees cela a ete agreable pour tout le monde, tous y trouvaient leur compte, les bourreaux, les victimes, et le peuple.
Votre peuple aussi est venu avec enthousiasme assister a mon jugement. Ce serait un peche de se plaindre, putain, j’ai eu un vache de succes !
Les televisions, les photo reporters de nombreux pays juifs ont filme le forcene temeraire pour permettre aux autres de prendre leur pied grace a moi.
Quand j'ai montre ma queue toute chaude a la camera pour qu'ils la filment,
... d’y mettre des tisons erotiques ... ca a fait l'effet d'un coup de vapeur dans un bain russe, un coup de salete juive.
Mon avocat m'a conseille de faire semblant d'etre schizophrene.
Ah ca, non, putain, camarade avocat juif, vous n'avez qu'a faire semblant d'etre fou vous meme.
Pour ce qui est de la folie, je suis a jour comme un abat-jour, j'ai montre a toute cette belle et chere humanite juive ma bite simplement comme ca.
Les juifs, vous avez entendu parler de l'altruisme ?
 
C'est vous qui, a la television, avec votre sperme judaique inondez les cerveaux et recevez, putain, en echange, pour avoir totalement perverti des gens simples aux yeux bleus, le prix Nobel.
Et ici cette Ninel, petite maitresse tartare boiteuse, je l'ai embrassee par un froid russe siberien et cette chienne, putain, elle ne m'a pas laisse baiser sa petite chatte dure comme du papier de verre, comme un melon juif.
Putain, le derniere fois que je l'ai embrassee, pour que ma queue ne fasse pas craquer mon pantalon, je l'ai sortie expres de ma braguette et elle, putain, naive, elle s'est mise a ejaculer toute sa semence sur ses chaussures.
Et cette salope a tout de suite reagi.
Elle s'est mise a gerber sur la neige du chemin.
Quand son athlete Kgebiste, Kolochine, l'halterophile, champion du monde, lui baisait la gueule, ca ne la faisait pas vomir.
La, elle ne degueulait pas cette chienne. Et moi, j'ai pas fait expres d'ejaculer sur cette salope; mais elle, elle a recouvert de ses vomissures toute la neige du chemin.
Elle disait que Kolochine avait une bite de 45 centimetres.
Sur une plage sauvage des environs de Moscou, elle a fait la connaissance de la queue de Kolochine et comme un serpent, comme par hypnose, il lui a enfonce
la bitte dans le cul.
Il lui a fait croire qu'en Occident ou il s'est branle plus d'une fois avec ses halteres, les athletes halterophiles tout nus sont allonges sur la plage et, putain, les ninels, avec un metre, passent entre eux et mesurent leurs bittes.
Et, sur place, elles choisissent la plus longue queue pour se faire tringler.
Et moi, pendant tout l'hiver, cette bien-aimee je l'ai embrassee dans le froid et je lui ai offert les fleurs les plus cheres du marche, et je l'ai couverte de cadeaux cette connasse.
Naturellement, putain, je ne suis pas Kolochine, ni un halterophile avec une bitte de cinquante centimetres, mais, Ninel cherie, c'est pas avec sa queue qu'on fait l'amour,
mais avec son ame, putain, dans l'harmonie avec l'Univers.
Pour toi, connasse, j'ai trompe ma femme Svetlana, sans me cacher, pretextant que j'etais reste pour faire des heures supplementaires au LEP,
que, soi-disant, j'y dirige un seminaire sur la litterature occidentale, ou je parle de Nietsche et de Camus, existentialistes egoistes.
Comment voulez-vous que Ninel apprecie tout cela.
Si je l'avais saignee, elle aurait apprecie mon amour cette chienne -
Mon ame tendre et poetique, tres feminine, morale et amorale qui a atteint l'essence meme du peche pour absoudre et detruire dans l'oeuf le peche, pour se repentir en jurant par la Verite Sacree, putain, par l'enfer de l'ame qui finalement decidera tout !!!
0 comme la jeunesse m'aimait. Putain, ce n'est pas un mensonge !!!
Et on m'aimait au LEP comme individu et comme professeur de russe competent et capable d'enseigner la litterature russe.
De quelle facon j'arrivais a attirer les petits enfants dans la foret?
 
Genre de ce bois.
Ici, il ne faut pas jouer selon la methode Stanislavski la vie de l'esprit humain.
Ici, l'ame doit etre originellement angelique et bonne
pour convaincre 54 personnes d'aller, comme a l'abattoir, dans une foret
impenetrable avec un pede de bourreau pour se faire tuer par l'oncle Andre. Il nous faut un Heros, un Hercule egal des Dieux - SVIATOGOR…
Et non point un Ilia de Mourom quelconque qui n'a pris qu'une moitie de la respiration en mi-juif physique qu'il etait.
Or, pour un Russe, il faut "tout" ou "rien".
Ce n'est pas les trente deniers qui batissent la vie, mais plutot "Trente Trois". Rien qu'a prendre aussi cette petite chose qu'est "trois" - la Sainte trinite, quoi, merde!
Mais non, ils ne peuvent pas, ca ne se laisse pas prendre comme ca! "Je gisais, seul, inanime,
La voix de Dieu vint m'appeler:
"Debout, prophete, entends et vois, Que ma volonte te penetre
Et que ton verbe, en tout endroit Brule le coeur de tous les etres."
... Et moi, j'ajoutais le petit couteau pour les seriner. J'ai en cas le premier probablement feerique.
Quand ce droit commun de Guenadi m'a perverti et a deflore mon joli trou
du cul et l'a raconte a mes voisins, ces salopards ont commence a se moquer de moi.
Ils n'osaient pas se moquer de Guenadi parce que, lui, il n'est pas passif. Mais, le passif, ensuite il a serine l'actif.
On n'a rien a bouffer dans les bois en hiver, bordel de merde.
Il me les gonflait, ce Guenadi. J'avais bien calcule mon coup, et monte mon stratageme,
tous ont pense que c'etait les autres prisonniers qui lui avaient regle son compte au cours d’un reglement de comptes, justement.
Amitie mortelle, putain.
Il y a eu, avec Guenadi, un petit moment ou j'ai eu la chair de poule, j'ai fait mon petit delicat, putain, quelque part dans le dos, quand je lui ai enfonce le tournevis jusqu'au manche, et alors, putain, le fort Guenadi a gonfle sa poitrine d'air.
Il m'a semble, freres, qu'il avait repris vie, comme le Christ, que Guenadi, le detenu, avec la rage d'un detenu allait m'achever.
Alors j'ai encore eu la chair de poule, plus fort, quand avec sa puissante grosse main droite, il a saisi le manche du tournevis et a retire de son coeur la partie metallique recouverte d'un peu de rouille et sur la rouille du tournevis, nous voyions le sang vivant du detenu qui fumait et toute une fontaine jaillit de la blessure, on se croirait a Versailles…
Oh, comme Raspoutine, Grishka, ce pederaste de Guenadi, n'a pas ressucite apres cette blessure rouillee et il s'est effondre par terre, enfoncant dans le sol ce tournevis !
 
Alors, j'ai repris du poil de la bete, et j'ai aussitot telephone a Ninel de chez Guenadi qui etait deja mort, et une demi heure apres, j'ai rencontre Ninel. Naturellement, j'etais un peu dans les cieux, j'ai lache mon sperme sur ses bottines, o combien terrestres.
Quand Ninel, ensuite, a vomit tout le long du chemin et que la vapeur a commence a s'elever du vomi vers les cieux, moi, putain, j'ai commence a redescendre sur terre, et l'espace d'un instant, me vint l'idee, ma foi pas si mauvaise, de tuer Ninel, apres l'avoir baisee par tous les trous, mais, putain, elle puait tellement la vomissure que moi meme j'ai failli me mettre a degueuler autour d'elle, c'est pourquoi, j'ai pris la ferme decision de disparaitre de sa vue a tout jamais.
Et le lendemain, tout etait parfait. J'ai rencontre un petit garcon, Victor, encore ephebe, dans le petit train de banlieue, et je l'ai amene dans le petit bois, comme on amene un petit cabri.
La, je lui ai raconte l'histoire du petit Chaperon Rouge, et puis en recompense, je l'ai baise et je l'ai egorge, putain.
Comment, apres cela, comparer avec cette vomissure de Ninel, qu'elle aille se faire foutre.
Ensuite c'a ete le tour de Dimotchka, putain, de la classe 4A, puis Oksanouchka, putain, eleve de la 5B, ensuite, Igorotchka, eleve de 4'eme, etc., putain, etc.
Comment peut-on comparer Ninel avec ces ephebes, les nanas ne valent rien en comparaison, putain, de ces nymphettes, ces petits garcons, ces petits enfants. Ce serait un peche de me plaindre de mon destin.
J'en ai quand meme essaye cinquante quatre, bien plus a fond que Volodia Nabokov,
d'une facon plus riche. Jusqu'au coeur meme de la mort, putain, j'ai bu jusqu'a la lie le calice vivifiant du cosmos terrestre de ces nymphettes.
Åt ou etes vous mes chers petits trains ou j'attrapai ces petits papillons innocents, putain,
a la flamme de l'ame meme au nom de l'Enfance du Monde.
Et meme ce manque de justice m'empeche de me branler, si cette salope de salle de gare me laissait au moins choisir la mort que je desire, comme, putain, j'ai trucide ces enfants tels des tsarevitchs, eh bien, tue avec souffrance, putain, et que cette souffrance soit grandiose digne d'un tsar.
Mais ou, putain, trouver un bourreau qui soit capable d'abord de me bourrer le cul,
et ensuite, de m'enfoncer sadiquement le couteau en le faisant vriller.
Naturellement, Guenotchka, lui, aurait ete capable de remplir cette mission, mais putain, Guenotchka, je l'ai acheve avec le tournevis.
Ah, comme je soupirerais, comme je pleurerais comme je geindrais, comme je crierais au secours comme un possede, mais avant tout je me plaindrais sans paroles, et je demanderais qu'on fasse tourner le couteau et que l'on prolonge indefiniment cette souffrance extreme, que cette ultime souffrance soit royale.
Oh Seigneur! aide moi, Dieu, fils de chien, a mourir dans des douleurs terribles, si tu existes au monde, Dieu, fils de chien, Oh !
 
Dieu, Dieu, fils de chien, tu as ressuscite des hommes, je ne te demande pas de ressusciter, je te demande seulement de crever et putain, dans la merde !!!
Cosmique russe, de mourir de la facon la plus atroce et la plus miserable, la plus degueulasse dans la lettre zero, putain !
Notre alphabet leninien contient trente trois lettres, les clericaux, eux, en conservent quarante - un nouveau decalage preludant une explosion nouvelle qui menace.
Pour un maximum d’extase, bordel de merde.
Mais non, on dedaigne toujours la Lettre Zero lorsqu'on la leur donne gracieusement en tant que Verite de la Terre sous forme d'egorgement de gosses.
Putain, la consolation est simple, que je ne suis pas seul - comme prophete - a crever sans bourreau, sur cette terre proyoupine.
Ce pistolet teleguide, ce sera comme si je n'avais jamais ete sur cette terre. Et c'est comme si, putain je n'avais jamais existe.
Et les enfants vont pouvoir dormir tranquillement et faire des reves merveilleux. Comme si je n'avais existe.
Nous tous, on est pas la, dans le monde, bordel de merde - on est des ombres platoniennes - rien que forets, bois et steppe putain couverte de neige tout autour, bordel de merde.
La Morale n'existe pas, il n'y a que la Verite sur Terre - la Nature palpitante. La Vie vraie reside dans l'Absurde - basse et sourdine - le masculin et le feminin…
Tertulien dixit: Je crois parce que c'est absurde.
Or, il ne faut pas rigoler des autres et faire le pitre, il faut baiser - lorsqu'on baise on croit vraiment a ce qu'on fait.
Je suis d'accord avec l'accusation et le procureur.
Qu'ils me trucident le plus rapidement possible et un point c'est tout - comme si il n'y avait eu personne et que rien ne s'etait produit.
Pourquoi ce proces avec moi, ils le font durer si longtemps ? Pour me procurer du plaisir philosophique de songerie contemplative aux frais de la Couronne ? Est-ce qu'ils font ca pour leur plaisir? Îui, ils ne veulent faire durer le plaisir que pour eux, putain, je ne vois pas pour qui d'autre.
Aux frais de l'Etat, putain, la jouissance.
Le systeme sovietique m'a enfante, m'a fait tel que je suis, un loup. Je suis un homme de coeur, putain qui vit avec son temps.
Ce n'est pas le malheur d'avoir trop d'esprit, mais c'est le malheur d'une ame chaleureuse. Putain, que vais-je faire?
Comme les anciens, plus experimentes me l'avaient appris, moi, j'ai toujours agi suivant la morale de ce pays, si ce pays a une morale fasciste, alors tu dois etre fasciste, et putain, c'est moral et c'est humain.
Staline, Lenine ils ont trucide des millions de gens, putain, ils ont montre
l'exemple de ce qu'etait le stakhanovisme maniacal pour batir le communisme en plein dans le "dix".
II faut accuser notre epoque juive et non pas moi.
 
Je suis un homme normal, un homme de coeur, putain qui vit avec son temps. Je ne suis pas un schizo complexe, comme vous tous, ou la plupart d'entre vous. Et ce sont des schizos, bien entendu, qui m'ont condamne, moi un homme - a la tombe.
Mais, putain, cette fosse est la bosse du bon Dieu.
Et ce n'est pas la tombe qui guerira un bossu, mon oeil !
Et c'est a moi, le seul etre humain normal a me repentir aupres d'eux, cette bande de putes.
Quand je chatiais ces petits enfants, veritables tsarevitchs, c'etait pour leur bien. Car, c'etait une torture pour moi, et c'est moi que je chatiais en premier lieu avec votre "Nous", putain, car, de mon propre gre, je sacrifiais mon ame sur le bucher, inspire comme j'etais par l'Esprit universel sur la facon d'agir, mais, putain, je n'aurais pas du car votre monde venal de youpins change tout en merde, bordel ! Pourtant je faisais ce que je faisais - j'Agissais merde !
Comment passeras-tu ici ? Mon cul que tu passeras.
Avec les gosses t’es passe, bordel de merde. Voila, putain.
Ces petits enfants tsarevitchs que j'immolais, putain, eux, simplement ils mouraient, en quelque sorte, de mort naturelle. Non pas en moutons a sacrifier d'Abraham.
C'est seulement moi, connard d'ukrainien tsarevitch sovietique qui restait vivre dans ce monde degueulasse, noir et sovietique !!!
Pour continuer a demontrer l'Idee Immaculee leninienne comme quoi on ne peut plus continuer a vivre en sales youpins a n'en plus tenir, dans le sang, putain.
Mais il est pourtant impossible de vivre autrement, sacre Dieu.
Nulle part sur terre ni sur mer, il est impossible de vivre autrement qu'en youpins, putain de merde.
L'homme est une engeance diabolique - il n'y a pas d'autre diable - vous ne le verrez pas ! On est tous petris de la meme pate.
Le vrai homme c'est le souvenir du Futur. C'est la Face du Siecle. C'est la
Conscience morale et le fondement de la Creation. C'est la mesure de toute chose, bordel de merde.
Et nous autres, putain, on ne fait que s'approprier ces noms et prendre l'imaginaire pour le reel.
Chacun se croit grand homme, croit detenir la Verite, connard, des qu'il apprend a parler !
Personne n'eleve les yeux au Ciel, pour ne pas avoir a tomber toujours en pleurant, putain.
Et de nombreux tsarevitchs russes-juifs n'ont meme pas pleure.
Naturellement, ils grincaient de leurs petites dents comme les petits volontaires de la deuxieme guerre mondiale, putain, mais il arrivait qu'ils ne pleurent meme pas,
c'est avec une grande reconnaissance celeste qu'ils me regardaient dans les yeux, dans mes yeux gentils et moi, je regardais leurs yeux d'anges.
Et pour nous, pour eux comme pour moi, on se sentait bien, sur ce lit de souffrances et de sacrifice.
 
Et ensuite, moi, je leur mettais leurs petits habits de pionniers, je leur creusais une petite tombe et je les enterrais royalement d'une facon humaine.
C'est que je tuais seulement des anges celestes pour qu'ils puissent s'envoler directement vers Dieu, au plus haut des cieux, pour qu'ils ne deviennent pas des trognes youpines, putain, des psychopathes, et pour qu'ils ne perdent pas leur ame sur cette terre infernale comme la salle d’attente d'une gare.
Moi, je n'ai jamais touche ces gueules d'enfoires, si ce n'est Guenotchka. Vous, mes chers juges, l'enfer, putain est deja surpeuple de gens de votre espece.
C'est ainsi que le diable se faufile en Russie - et c'est la meme chose que Dieu, que l'Esprit de l'Evolution de la Nature universelle ou il ne fait jamais mauvais temps.
Ma seule faute est d'etre le plus humain des hommes, un altruiste -
j'ai permis a l'Esprit universel de passer par moi, sans devenir d'abord un Secretaire General du Parti Communiste Cosmique, merde.
Car alors, j’aurais fait voir, mes petits qui etes des millions de parasites puants, ce que veut dire Staline dans votre monde des Judas.
A vous faire du bien, vous me tuerez comme vous avez tue le Christ ! Et qu'est-ce que le Christ - c'est un poisson.
Vous ne l'avalerez de travers.
Non, le Saint Augustin il y donne une image simplifiee du Christ en tant que poisson des profondeurs.
Or, le poisson c'est sans doute la metaphore des eternels maitres et esclaves. Tandis que chez David il est dit que les riches et les pauvres se rejoignent en tant que creatures du Seigneur, les uns comme les autres. C'est tout de meme plus juste que ce que deballe Saint Augustin au sujet du Christ.
Le Christ est comme un poisson que plonge en profondeur - c’est aussi vrai. Toujours il y a quelqu'un qui domine les autres, il y a toujours quelqu'un a etre victimise.
C'est ce qui se produit et se reproduit en ce bas monde, putain !
On n'est pas des esclaves, nous !!! Criait-on au debut de ce siecle. Il ne reste que les maitres fascistes.
Et si c'est moi qui suis dans le vrai et non pas vous, sale espece d'esclaves, avec tout votre putain de monde des dominateurs ?
Et si quand meme j'ai raison - meme devant votre Dieu judaique, vous, la vermine humaine, bordel de merde ?
Si "Moi", c'est votre "Nous", sales tordus, si tous les hommes sont des juifs youpins ?
Putain, pour avoir assassine une petite cinquantaine de gosses - pour vous faire remuer les meninges en vous lancant une nouvelle theorie juive de la relativite a la Tchikatilo -
voila qu'on me condamne a cette merde de peine "capitale", putain, moi - le grand, le saint SVIATOGOR, Dieu russe - sans appel !
 
Maintenant que toute l'humanite se montre sterile, incapable de penser - tout ce bordel de merde accablant, putain, refuse de participer a l'Evolution de ce putain d'Esprit Universel.
Et comme je suis franc avec le Bon Dieu ? Vos raisons ne m'interessent pas. Et moi, j'ai raison ? Et vous n'avez rien a me dire.
J’suis a plat, bordel de merde, tout glace, putain.
Merde, putain, bordel de merde, impossible de vous faire comprendre quoi que ce soit de raison.
Il n'est pas au monde de tristesse telle que la neige ne guerisse pas. "Je vous aimais…
Peut-etre cette flamme
A mon insu me court encore en veines… Mais la, soyez tranquille - vous etes la femme A qui j'epargnerais la moindre peine.




Le calvaire de Tchikatilo


De Mikhail VOLOKHOV



Texte francais :
Rene Guerra




En prison. La cellule d’un condamne a mort. Tchikatilo, sans se presser, arpente la cellule et se parle a lui meme.



T c h i k a t i l o: La Morale n'existe pas - il n'y a que la Verite. Le Vide est vecu et le message passe a l'Infini.
Tout en machant un bout de pain, il chantonne.
On n’entend pas le bruit de la ville... Le cocher est assis sur son siege. "Je vous aimais… Peut-etre cette flamme
A mon insu me coure encore en veines… Mais la, soyez tranquille - vous etes la femme A qui j'epargnerais la moindre peine.
Je vous aimais - confus, desespere - Tantot timide, tantot jaloux, en veille… Je vous aimais d'amour si doux, si vrai
Que Dieu vous prete un autre amant pareil." [traduit par I.Iskhakov]
"Le Bien et le Mal, tout est egal", Alexandre Sergueievitch Pouchkine. Mon cher poete, prefere et Harmonisateur inegale de l'Univers. Promoteur de la revolution russe. Il a rendu la langue plus simple, la consicience - plus dense, et - a Lenine
- il ne restait plus que comprimer l'alphabet - de quarante a trente trois… avec
 
du sang humain. Puis, bien sur, Lermontov, salopard, avec son mechant esprit de revolte qui a fait un pas en arriere, tout en lancant, putain, les "narodniks" contre le peuple. Un dimanche, on dit, Lenine a baise sa chere Nadine - pa
r derriere… Puis apres il a pondu "Un pas en avant, deux - en arriere", un chef d'oeuvre de sa carriere. Pourtant chez nous, on adore ca - quand au lieux d'ecarter les cuisses, on t'assomme et te culpabilise. Eh oui, Lermontov n'a pas merite des festivites d'anniversaire, quoi qu'il fit pour, se mettant en quatre devant ce peuple avec toute l'ardeur de sa hargne d'intellectuel. Les gens, eux, preferent de loin leur propre hargne - candide et simple. Pouchkine, lui, n'a pas fait le con avec sa hargne d'intellectuel, et le peuple l'aime bien. Voila, Alexandre Sergueievitch, c’est comme ca que nous vivons, continuant notre glissade dans ce con d'amour au nom de l'Esprit universel avec l'aide de la Russie. Les idees sont immaculees, aucune souillure n'y colle. Penetrer une idee pour devenir quelqu'un. C'est aussi simple. Le peche - axiome structurel de la vie en tant que message - doit etre expie immediatement. Toujours aussi simple. Et le monde est agremente avec du peche - la juiverie - toujours parfaitement comprehensible. Tous nos gestes en tant qu'humains sont fragmentaires - a la
juive. C'est pourquoi notre demarche serpente, putain - c'est le Serpent. Disant "Juifs", j'entends par la une philosophie, une conception - je ne suis pas raciste, disons-le bien. Au fond, a force de vivre en ce monde d'ici bas, on est tous plus ou moins juifs… Mais, avec ca, on aimerait reussir un Coup Double et vivre en meme temps dans la contemplation a la Oblomov - sans ouvrir les yeux, voir quand meme - tel un dieu - ce que t'as fait dans ta vie reflective "juive" fondee sur les faux axiomes de la sensiblerie juive. Eh oui, toute la Vie de notre
Reflexion Physique - et de l'Estomac d'autant plus - est juive de toutes parts: ne faire de tout qu'une bouchee, putain, avaler autant que possible… La Boule de Suif du conte folklorique russe est si chicanier parce qu'elle est petrie de miettes. Elle a toujours un cote qui cloche. Et c'est pour ca que le Renard l'a mange, le moment venu. Le symbole de tout ce est riquiqui est aiussi cruel.
C'est ainsi que les Juifs avaient engendre le nazisme - pour qu'Hitler puisse jouer a l'elu du Ciel. Les Juifs c'est une notion du Temporel qui embrasse
l'Eternite, qui egale l'Eternite, mais qui n'a conscience d'etre que d'une facon
 
discrete - a un moment donne du Temps relatif, a force des limites de notre esprit et de l'Etre. Tres comprehesible. C'est la, putain, bordel de merde, que reside toute la Tragedie Humaine. On voit les Merveilles de la Creation sans remarquer la Creation elle-meme. On est tous comme ca, les hommes - tous des Juifs: j'ai echappe a la vieille, j'ai echappe au vieux… Allez, vous pouvez toujours courir, bordel de merde. Mais dis donc, cet appel le matin, il me les casse, c'est une mauvaise farce, voyons: Tchikatilo? - Mais oui, putain, je suis la. Et le surveillant: - Mais bien sur que t'es la, mon cul. Et moi, de lui rendre la replique: Eh bien, toi aussi es la, con comme tu es… Et c'est ainsi que nous tous, des youpins nazis, vivons dans ce monde a l'envers, on y est, on y demeure. Est-ce qu'on peut echapper, putain, a ce con d'Esprit de l'Evolution
Unverselle, bordel! Mais si l'Esprit sauve des millions, la vie va y passer, putain, toute vie sur Terre! Le Ciel est inhumain, quoi, merde! Pas une priere n'a ete entendue. Il n'y a pas eu et il n'y a toujours pas un seul saint, putain. Car si le bon Dieu fait du bien a quelqu'un comme ca, gratuitement, tout le monde acourra avec son bol, les gens arreteraient de travailler et personne ne s'elancerait plus interieurement ou il faut s'elancer par intuition: vers l'Idee
immaculee, en balayant tout sur son passage. Le fait de ne pas connaitre la loi n'enleve pas la responsabilite de ses actes. Staline, lui, il s'elancait
interieurement, putain, et - exterieurement - il a jete plusieurs millions de vies de ses camarades concitoyens au nom de cette idee viscerale et originelle de Lenine, mais plutot de Pouchkine qu'est de simplifier et de comprimer le langage et la logique de l'esprit. Et de comprimer des millions d'hommes dans les goulags - il en a simplifie la consicence, toujours d'apres Pouchkine, suivant le fameux programme - d'une facon geniale! Pourtant l'Esprit de l'Evolution de la
Creation, il s'en fout, lui, cette putain d'Esprit, il evolue gratis par tous ces massacres - on ne sait vers ou, dans quel sens mais il evolue ainsi, quoi, merde! Qui deja fut le premier Juif assassin, Cain? Un maniaque, un homme obsede d'une Idee - comme quoi, tuer un humain comme lui, c'etait pas mal du tout!
Eh bien, ce n'est pas en arpentant ma cellule comme un pauvre con que
j'apprendrai la Verite universelle. (Il s'assied) Qui est vraiment beau? Celui qui a de longues jambes qui lui poussent, pour ainsi dire, des molaires. Et qui dit-on
avorton rabougri? Celui dont les jambes lui poussent de son cul juif, mes chers cheris! Allons, allons tout est calme et serein. Tel quel, a l'etat pur le Russe est le frere du Juif. Les deux nations les plus fortes du monde, quoi. Tres semblabes. Les Russes c'est meta - la contemplation (c'est pour ca qu'ils portent Dieu en eux) - et les Juifs c'est la physique, le mouvement. Ce qui ensemble fait metaphysique, mouvement contemplatif, quoi, merde! Et la metaphysique batit
la demeure pour Sophia la sagesse divine, putain! Ne vous en faites pas, en ce qui concerne la physique, j'ai deja assez fait le Juif (se passe le doigt sur la gorge), mais pour ce qui est du russe, j'aimerais bien faire un peu de blabla metaphorique avant la Meta Mort pour essayer de comprendre ce qu'est le "Moi" a part ma bite. La Mort toujours engendre l'Espoir et le Sublime. "Ce qui est sublime l'est cent fois plus, couronne du joyau de la Verite" - William
Shakespeare. Alors, cui-la il ne comprenait pas lui-meme quel genie il etait, putain! La verite est le privilege du mensonge. Dieu est cent fois plus, et
Socrates est demagogue, putain. Le "Nous" il faut le comprendre par la lettre de l'Intelligence, la lettre Zero ou la gueule et le cul se rejoignent - et alors, tu comprendras ce que c'est le "Moi", putain! Et dans la douceur des mots, on cherchera la prophetie ce qu'on est nous, putain, dans l'Esprit de l'Evolution de
l'Univers Divin. Tandis que la connaissance ne recele point de monstres. Ou donc peut-on le comprendre definitivement sinon en prison? Ici tout est si bien reglemente - comme dans cette bonne Mort Eternelle, inerte et decantee.
On m’amene a manger a heures fixes. On ne crie pas, on ne m’insulte pas, personne ne me fait subir de vexations. Les soldats qui me gardent sont meme plus polis que ce pede d’avocat youpin. Qu’est ce que j’en ai a foutre de cet avocat? Je suis moi-meme mon propre avocat, quoi, merde! On me l’a impose. Ils ont compris que j’etais un brave type et ils m’ont refile ce youpin d’avocat qui a travaille contre moi pour ces putains de flics qui surveillent le metro. Est-ce qu’on a gagne notre proces? On m’a condamne a la mort physique et ca s’appelle avoir gagne le proces. Je me suis condamne moi-meme a la peine supreme, et c'est bien autre chose - le Calvaire de Tchikatilo! C’est moi que l’on jugeait. Est ce bien moi que l’on jugeait? Eh bien, ils se sont juges eux-memes et ils ne se sont pas condamnes parce c’est moi qu’ils m’ont condamne a mort.
 
Voila. Pourquoi y avait-il tant de victimes? Et chaque jour elles etaient differentes, des mamans, des papas, des tantes, des oncles, et des amis differents. Des que quelqu’un avait une attaque cardiaque, on lui faisait une piqure et d’autres le remplacaient. Vraiment, le peuple est degenere maintenant. Essayez voir d’aller en reconnaissance avec eux pendant une guerre. Des le premier cadavre, il faut appeler police secours a la rescousse pour leur faire une piqure et les remettre d’aplomb.. Et ou trouver une voiture de police secours lors d’une reconnaissance des partisans. Et si le combattant avec qui il est parti en reconnaissance a une crise cardiaque a la seule vue d’un cadavre ennemi ou encore mieux en voyant le cadavre de son camarade de combat. Et faut-il trainer sur son dos ce cardiaque pour le ramener a l’Etat Major, mais ce chien avec sa putain d’attaque cardiaque on peut l’abandonner sur le terrain ennemi.. Apres, il peut encore reprendre ses esprits et se laisser faire prisonnier au lieu de se tirer une balle dans son petit front. Que voulez vous faire avec ce genre de combattant cardiaque? Trainer sur son dos et risquer de ne pas remplir la mission de combat d'un pays entier? Et pendant ce temps-la, l’ennemi brulerait nos maisons. On le laisserait bruler et violer nos chers enfants et nos femmes bien aimees. Non, excusez-moi, nous n’avons pas le droit de risquer la vie de notre cher peuple, nous n’avons pas le droit de prendre le risque de ne pas remplis notre mission qui plus est en reconnaissance pour un camarade de combat si fragile de coeur. Et il faut donner un coup de baionnette, au coeur de ce camarade cardiaque. Quand il suffit de faire tourner la baionnette dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Quand c’est pres du coeur, on ne souffre pas et on meurt meme plus vite. Et ce cher coeur se dechire en morceaux du fait de cette rotation dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.. Mais on peut aussi, naturellement, faire tourner la baionnette dans le sens aiguilles. Chacun fait son boulot, comme ca l’arrange. Il y a bien des gauchers et des droitiers. Tout depend des genes que la nature vous a donnes. Tout se passe ainsi, sur cette terre diabolique et divine, messieurs. Que voulez vous? Soit pede, soit assassin, con ou poete. Ou alors, putain, tout ca a la fois dans une seule et meme personne. Mais au tribunal putain, il y avait une foule de cardiaques, de cafards, et chaque jour que fait le bon dieu il y en avait une
flopee. Bien sur, d’un cote, c’est attendrissant de contempler ce cardiaque qui porte ses mains a son coeur en pleine crise cardiaque charnelle. Mais, d’un autre cote, j’ai massacre cinquante quatre combattants, fils et filles du regiment et autres putes de l’etat-major. Et je comprends que chaque enfant a beaucoup de parents. Le pere, la mere, un oncle, une tante, des amis. Mais les cinquante que j’ai tues ne pouvaient avoir des milliers de parents. Je ne suis pas Boris Godounov, je n’ai pas assassine le tsarevitch. Je ne suis pas plus ce chien d’Ivan le Terrible - cet Uranus devorant ses enfants, mais je ne suis pas, putain, un deuxieme Joseph Staline - animateur, clown avec sa rengaine comme quoi vos nanas vous en feraient d’autres... Partout, toujours et en toute chose, le seul probleme se pose – celui du Pouvoir. Et le fait que je leur ai donne une mort digne des bienheureux et qu’ils sont maintenant laves de tout peche, ca, ils ne veulent pas le comprendre, pas plus que leurs enfants sont alles directement au paradis en evitant l’enfer terrible de la vie. Ils n’ont pas eu le temps d’entrer en sixieme qu’ils sont deja montes au paradis. Certes, ils ont un peu souffert avant de mourir... Et dites moi, qui meurt sans souffrances, dans cette vallee des pleurs, putain, dans cette vallee cosmique? Il faut gagner, putain, et meriter le chemin qui mene au paradis, au prix de grandes souffrances. Il m’etait beaucoup plus facile de les tuer d’un seul coup de couteau au coeur sans pleurnichements superflus – comme on scrafait une sentinelle nazi... Quand je tournais et retournais en sens inverse des aiguilles d’une montre le petit couteau dans un endroit, loin du coeur, et qu’ensuite les petits enfants criaient, pleuraient et gemissaient pataugeant dans leur sang de Tsarevitch immole, -vous croyez que ca m’etait facile a supporter - bien que ce fut, naturellement, agreable- c’etait vraiment tres agreable. Mais je ne travaillais pas pour le seul plaisir. Et pour les enfants eux-memes, c’etait mieux d’avoir encore cinq petites minutes a vivre en ce bas monde, certes, pas tres serein, mais oh combien noir, messieurs
- au nom de l'evolution de l'Esprit Universel. Vous n’avez qu’a lire Dostoievski -
lisez seulement ce psychanalyste le plus juif qui soit, le porte-drapeau de tous les Juifs d'Esprit Occidental. Dans son oeuvre, il est clairement dit : donnez a l’homme une place sur un rocher - dix centimetres- et qu’un aigle sauvage
affreux et sanguinaire vienne, chaque jour que Dieu fait, lui donner des coups de
bec dans le foie, eh bien l’homme, avec une grande joie, acceptera une telle vie masochiste plutot que la mort. Et Dostoievski etait un prophete qui parle haut. Il a ecrit tout ceci a propos de nous - petits Russes sovietiques rabougris, juif, chetifs, lubriques et sales... Il a ecrit a l’avance tout ce qui allait se produire avec nous, les Russes - menus bestioles juives qu'on est, quel bonheur-malheur marxiste allait arriver et ecraser notre ame, putain de bordel. Et est-ce qu’on ecoutait ce genie, ce prophete, putain? et ils l’ont condamne a mort, comme moi, ces chiens. Et cinq minutes avant l’execution, ils ont commue la peine capitale en prison. Et ce que l’homme a vecu pendant ces cinq minutes avant
l’execution, lui, le plus grand ecrivain russe, vous n’en avez rien a branler. Eh! que voulez-vous, apres un tel choc moral, putain, il s’est mis a ecrire des romans chaleureux a propos des gens, sonetchkas, putes et assassins... Les prophetes, les genies sont des gars qui ont du coeur. C’est pour ca qu’ils sont des genies et des prophetes. Et les gens ne pardonnent pas aux genies leur coeur. Pouchkine, ils l’ont tue, Lermontov aussi, Goumiliov, Mandelstam - il l'ont eu lui aussi, tout poete pastoral de l'Avenir qu'il etait. Lorca a ete flingue dans une orangerie. Quelle perversion. Moi, cardiaque, ils vont me crever en taule, putain. Comme Goumiliov, comme Mandelstam. C’est le destin metaphysique
juif des Russes - celui du troupeau qu'on mene a l'abattoir. Que puis-je ajouter a cela?
A qui prouveras-tu quoi que ce soit par cette verite geniale, doux reveur? On tue pour la verite. A fortiori pour la verite juive et russe. Et on les tue d’une facon tellement cruelle, putain, des betes! ce betail qui tue comme du betail et tue les prophetes de la terre russe compatissante. Et vous voulez ,vous, espece sales abrutis, que les petits enfants avec leurs ames pures deviennent du betail, des brutes comme vous? Qu’ils deviennent des commercants, des raquetteurs de passage, et qu’ils soient prets a s’entr’egorger pour une poignee de dollars? N'avez-vous pas entendu parler de Tchitchikov et de notre Eglise sans Dieu qui n'a pas laisse Gogol aller aux saints ermites et il a du bruler son roman et mourir avec l'aide d'un moine? N'a-t-on pas eu a vivre un Tsar qui etait le seul philosophe admis et qui seul pouvait laisser vivre un philosophe comme Dostoievski - juste pour rire? Est-ce que vous ne vous revoltez pas tous contre cet ordre des choses, contre le sens des aiguilles d’une montre? Et qui a excommunie Tolstoi, ca ete fait a cause de votre putain de pouvoir clerical? La,
vraiment, on a tout lieu de s'enerver - historiquement parlant. Et si, parmi vos enfants, l’un etait devenu un maniaque comme moi, seriez vous pret a envoyer a Dieu, au paradis, vos enfants innocents? Vous n’avez rien contre le fait que j’envoie au paradis, chez le Bon Dieu des futurs maniaques cordiaux qui sont encore aujourd’hui innocents et en germe? Mon avocat de juif, putain, n’a pas encore dit pour ma defense cette verite geniale et humaine, ce sale youpin, cette gueule d’enfoire. Moi, je n’ai pas peur de la mort, surtout si on me la donne d’une balle au cours d’un combat. Quel con cet avocat, pourquoi doit-il encore toucher des honoraires alors qu’on m’a condamne a mort. Et pourquoi est ce que j’ai enleve mon pantalon au tribunal, et que je leur ai montre ma queue a tous et que je lui ai fait prendre froid? Cet avocat juif, putain, cet incapable, m’a appris a jouer la schizophrenie. Et moi, je suis ce genre d’homme qui ne peut rien refuser a personne, qui plus est a un avocat. A mon nullard d’avocat. Et encore, comment je me suis refroidi la verge. Sous les couilles est sorti un furoncle, oui, juste sous les couilles, a l’endroit le plus sensible et le plus douloureux pour le combattant. Je suis reste a poil, au tribunal, en plein courant d’air, avec ma queue a l’air. C’est comme baiser avec Ninel dehors quand il gele. La-bas, pendant le proces, c’etait sans arrets un vrai bordel avec ce courant d’air. La porte s’ouvre, se ferme, les medecins entrent avec des infirmieres, tous en blouses blanches pour flanquer des piqures contre les crises cardiaques a ces abrutis, et ils creent le courant d’air et cette puanteur avec ces medicaments. Un tribunal populaire, d’Etat et il n’y a aucun ordre et on s’etonne, apres ca . Staline a mis de l’ordre et ca n’a pas plu. Ils ont couvert de merde Lenine, quand s’est devenu possible, quand on a donne l’autorisation de jouer aux dissidents. Lenine bien sur est un connard, mais promoteur d'une uidee universelle immaculee, putain, du developpement de la langue russe dans la liberte, egalite et fraternite. L'idee, putain, et l'Esprit ne sont pas impitoyable comme une fin en soi. Lenine, lui c'est la paresse lenifiante, le caractere contemplatif de la langue, quoi, merde! Mais cette putain de paresse elle est nee bien avant nous. Lenine, putain, l'a tres nettement exprime, putain, par son existence dans le langage. Staline, lui, a lance un langage tout nouveau, et qui l'empechait de le faire, eh bien on l'a couche une bonne fois dans la boue de la vie. Dans le monde physique ils sont certes des bisons egares. Pourtant, la manne du communisme - merde, que c'est bon! Tout se fait sans scrupules. Bien dit, facile! Bismark avait un porte-cigares avec ce mot grave en russe: "Rien". Il avait fait ses etudes en Russie et comprenait ce qui importe le plus aux Russes dans leur putain de tuyau aerodynamique - dans leur territoire incontestable dans l'Esprit - "rien" egale toujours "tout". Tout ou rien c'est notre reponse russe
au casse-tete du monde. C'est pour cela qu'on ne doit jamais agresser les Russes. Par ce "rien" qui egale "tout" on est invincibles, putain! Mais ils se sont rue, les Teutons a tatons, car ils flairent ou est le mot de l'enigme, ils comprennent, eux, que la Rusie est la poesie de la Terre - ils ont recu "rien", pour "tout" ce qu'ils nous ont fait de bien, bordel de merde! Et voila que maintenant, putain, le Tchitchikov Occidental, notre Juif originel s'amene de nouveau sur des charettes physiques avec un essieu casse "sans idee" - sur les roues des jeeps - recuperer les denrees de nos ames mortes ou pour ainsi dire - sans "rien" avec "tout". Et finalement ils recevront "rien" sur "tous" les points.
Eh bien, c’est absolument comme baiser Ninel sous le porche au froid. Faire de l’onanisme, se masturber? Ca, ce n'est "rien", egalement. Et c'est aussi - "tout". C'est comme posseder une nana, une conscience: c'est oui ou non, quoi, merde! Et quand on ne baise pas, putain, alors la c'est un bordel metaphysique, on ne pige pas vraiment c'est oui ou c'est non... Et puis quel bordel d’hypocrisie. Tu restes trois heures a te geler sous le porche serre contre elle dans ses bras et elle ne t’invite pas a monter chez elle pour baiser - et c'est au moment ou tu commences a t'en ressentir a son endroit, ou tu triques comme un ane. Eh quoi, Ninel - cette "sainte nithouch" - a aussi reveille et provoque en moi le sadique. Une bete. Pendant trois mois, tout l’hiver, je lui ai offert des fleurs, des oeillets couleur bordeaux, comme la couleur de l’amour, de la violence et du sang et je les achetais au marche, chez les caucasiens - les plus chers et les plus beaux. Et elle ne m’a pas laisse baiser - d'un mouvement si juif d'aller-retour, de bas en haut et en arriere… Avec cette merde d'amour platonique a la russe, elle m’a baise, m'a pollue le cerveau, cette garce. Et cet amour m’a frappe aux endroits les plus vulnerables comme des coups aux couilles. Et elle me disait que j’etais une femmelette et qu’il n’y avait rien en moi de male. Et tu as vu, maintenant, un reportage sur moi a la television et tu as du te mettre dans le vagin une ampoule electrique de 100 watts et elle devait se branler en se fourrant dans la conasse un saucisson pur porc bon marche qu’elle s’enfoncait jusqu’aux entrailles. A une bitte si gaillarde tu n’as pas donne ta chatte a baiser. Voila quel amant platonique tu avais - un assassin. Tu as, ma Ninel, un clitoris gros comme une prune avec un gout de melon. Je n’ai fourre ma main dans ton slip qu’une seule fois et j’ai saisi ta chatte. La fete, ca n’arrive qu’un’ fois dans la vie. Tu m’as fait ma fete en me balancant des fleurs rouges sur la gueule quand j’ai glisse seulement une fois ma main dans ta conasse et que j’ai tate ta petite chatte comme une baie sauvage. Je ne sais pas avec quoi Glafirka, cette putain, branle sa conasse toute noire.
 

Son vagin est si grand qu’une boite de conserve de trois litres sera large dans sa chatte vaste comme un ravin. Quels toasts, et avec quels poemes j’eructais quand on buvait ensemble la vodka le soir. Putain, putain, putain, moi, je te declamais du Voznessenski, mon poete prefere a la television. Retirez l’effigie de Lenine des billets de banque. I1 est pour les drapeaux et les etendards. Alors que Brodsky, putain, ce con de poete juif maniere, lui, recoit le prix Nobel. Tandis qu'Andre le pitre, tout polichinelle qu'il est - aux yeux tels des oeufs poches, au pif en virgule s'en donne a coeur joie a la tele de la dextre, et avec son proto-oeil droitgauche leninien pond un couplet aux rayons "x" dans la pose "Longjumeau" en louchant a la monnaie convertible du prix Nobel. Mais on te le donne pas - mon cul - mon tres cher Andre, putain - on le decroche a ce petit youpin de Brodski, ce jongleur de mots pourri en anglais americain des affaires. Mais lorsque toi tu ecrivais, putain, que tu entres au Mausolee comme dans un cabinet de radiographie, tu etais alors plus proche de la Verite metaphysique du Monde, putain, que lorsque tu as renonce a ce genre de visions, bordel de merde! Mais c'est la Verite Supreme du Monde, que la tombe de Lenine est le berceau de l'Humanite toute entiere. Car, je repete, la paresse lenifiante est nee bien avant nous autres, putain. Et les conards revolutionnaires qui avaient pleure alors la mort de Lenine, mais ils etaient sinceres, quoi, merde, dans leur temps sincere. Et il n'y a rien de plus durable, de plus sacre lorsqu'on ecrit sincere, par amour, putain! De l'etincelle, naitra la flamme, bordel de merde! Je ne parle pas la du journal du meme nom des connards bolcheviks, je vous parle la du caractere sacre de l'Univers, putain!
Et Staline a aide tous ces cons de juifs a obtenir le prix Nobel. Et Pasternak et Cholokhov et Soljenitsine et ce pede croulant de Gorbatchev. Celui-la n’ayant pas reussie a retenir la Russie par les cornes, a bien essaye de la retenir par la queue, connard et salopard de premiere ! Putain, c’est toute une autre histoire. I1 a donne, merde, la liberte a la Russie. Eh bien, tu m’as donne la liberte, Gorbatchev. Et voila, j’ai tue, comme ca, pour rien des enfants en bas age, merde. Merci, putain, pour des siecles, pour cette liberte. Et merci pour cette peine capitale. Putain, je suis un combattant, un stalinien et je n’ai rien a foutre qu’on va me tuer. Les prophetes en Russie en ont vu d’autres depuis Mathusalem. On va me descendre d’une balle comme un vrai poete. Les genies ne font pas de vieux os ici-bas, qui plus est dans la geniale Russie. En Russie, nous sommes tous des genies dans le vice et c’est pour ca qu’il y a le bordel le plus genial. Et de perles rares comme moi, vous pouvez longtemps chercher avant de trouver. Et je suis le seul en Russie a etre comme ca. Je suis le seul a
avoir obtenu une gloire mondiale, universelle. Et combien y a-t-il au monde de sadiques geniaux qui, comme des cons font leurs grandioses affaires dans l’anonymat. Putain d’enfoires. Si on donnait le prix Nobel du sadisme, merde! On en trouverait des masses de perles rares en Russie. Jugez, vous memes d’ou on vient et ou on va. Nous. avancons. joyeux amis. Joyeux voisins et toute la chere famille. Pa pa pa « » » ». Nous emmenons avec nous le chat. Le singe et le perroquet, en voila une equipe. Quelle equipe ! Je leur ai demontre a tous ces fils de putes que je suis le genie du joli meurtre. L’amour et le sang, les enfants, sont ici-bas de la meme couleur. Les etendards rouges, les combattants rouges
- prepare moi, Klava, des goloubtsi avec la chair des petits cherubins. Ah! ah! ah! j’ai cueilli des fleurs rouges quand les fleurs etaient toutes epanouies et elles ont repandu le sang de l’amour quand je les tuais d’un amour tendre. Il ne faut vivre, on ne peut vivre sur Terre que dix ans - pas plus! Ensuite, si vous etes un poete merveilleux de l'Esprit Universel, vous sentirez, vous comprendrez que l’on ne doit, que l’on ne peut vivre que dix ans sur cette terre. Et, si vous etes un genie hors pair et l’ami numero un de la nature cosmique et que vous avez vecu ici bas quarante ans, alors, la nature elle-meme vous appellera pour l’aider a briller, a cueillir les petits enfants de dix ans et a elever au paradis leurs ames sans peche, et attendre un jeune vieux qui viendra un jour nous sauver, dans la casse. Le Christ a ressuscite au nom de la Verite - c'est ce qu'il faut bien comprendre. Et maintenant, putain, pour cette poesie metaphysique foncierement vraie, ces enfoires vont me flinguer. Nicolas, mon compagnon de tole, disait que le pistolet etait relie a un systeme de detection electronique. Un beau jour, tu passes par le couloir pour aller a la promenade et le systeme se met en marche et le pistolet electronique envoie une balle qui vient te trouer le crane. Et c’est comme qui dirait personne n’a appuye sur la gachette et ne porte la responsabilite. Pas besoin, putain, de se repentir ensuite. Qu’est ce que Svetlana, ma petite femme peut bien penser de moi ? Il fallait y penser plus tot. Et elle ne sait meme pas baiser dans la baignoire. Je veux lui apprendre mais elle ne veut pas. Je lui demande de me sucer la bitte et elle me dit que mon filet lui semble etre trop sale. Putain, une bitte trop salee c'est comme si l'Esprit Divin Universel de la Creation etait trop sale, quoi, merde! A cette echelle, quant a ma bitte a moi, je me tais par modestie. C’est bien sa faute, putain, et il lui a fallu quitter la maison et eloigner d’ici nos merveilleux petits Stiopotchka et Lydotchka. Sinon, ces salopards de gens vont, par vengeance, saigner ces innocents de dix ans, mon propre sang. Ils vont les assassiner de leurs regards meprisants ces creatures de quais de gare. Moi, je trucidais et je baisais sur un plan et un espace spirituel pour gagner de l'energie de l'Ame Cosmique. Ca,
vous ne pouvez pas le comprendre, vous, serpents, larves, youpins que vous etes ! Cela ne vous est pas donne a vous, creatures meprisables. Vous, putain, vous vivez dans cette putain de matiere de merde comme si la mort n’allait pas arriver. Savez-vous ce qu'est la Mort, putain? Quelle est cet Espoir puissant de la Vie - je le redis, putain - pour que la Vie continue, quoi, merde! Si Staline boucher et connard vivait eternellement, il n'y aurait plus de Vie sur Terre. Et c'est aussi vrai pour tout un chacun! Chacun a son destin, sa limite d'existence - un point, c'est tout! Faut guere souiller la Vie par votre grise mediocrite, putain, lorsque, meme des genies ne parviennent a se trouver une place sous le soleil. Une strophe est catastrophe pour un poete castrat. Khlebnikov Velemir, ou est il? Eh bien, il est mort, le Velemir. Vous l'avez perdu, lui qui a penetre jusque dans le trefond syllabique du langage, lui qui vous a donne des perles de la langue! Certes, Khlebnikov lui-meme pouvait bel et bien passer devant un malheureux sans l'aider. Mais il avait la meme attitude envers soi meme, itou. Or ce ne veux point dire que tout conard sans talent puisse ainsi traiter Khlebnikov le genie - avec autant d'indifference. Mon peuple, il me fait vraiment chier! Tout comme meme, d'ailleurs, mon pays - mais les gens c'est le comble! Tout le monde s'est colle, putain, a cette TV religion electronique des youpins satyriques originaires d'Odessa, c'est dingue! Il suffit de montrer un doigt aux gens pour qu'ils se marrent comme des fous en ecoutant comme un tel a brillament reussi a baiser un tel… lui chiper, disons, l'electorat, putain, ou du pognon en monnaie convertible. On oublie deja quoi au juste a ete chipe, la seule chose dont on est sur c'est que quelque chose avait ete chipee. Parce qu'en Russie, il y a deux choses qu'on fait d'une facon geniale a la rendre contagieuse: on pique quelque chose a quelqu'un d'abord pour en crever de rire ensuite. Non, bien sur, lorsque vous chipez quelque chose a quelqu'un d'une facon geniale, vous devez savoir au juste de quoi il s'agit - naturellement. Mais lorsqu'on en rigole - alors la, on n'est plus tenu du tout de savoir au juste ce qui a ete vole pour pouvoir se marrer de bon coeur, putain… C'est comme les croyants ne sont pas tenus de savoir que le Christ a ressuscite et qu'il y aura une vie eternelle apres. C'est sur ca qu'est batie toute cette tele-religion electronique. C'est que d'emblee tu crois que quelque chose a ete barbotee - pour sur. Parce que il va de soi que, le temps passant, on a du forcement choppe quelque chose en Russie. Mais voyons, c'est tres marrant lorsqu'on pique quelque chose de vraiment bon dans notre Russie bien-aimee, quoi, merde, a un connard de juif capitaliste et materialiste de surcroit, putain! Alors, vraiment, mon pays juif me fait chier. Ces youpins de Russes se marrent, putain, qu'on continue de voler, et ils continuent de voler pour pouvoir se marrer. C'est dingue, je vous dis! Mais, bordel de
merde, ils continuent de se fendre, putain, et ce n'est point le rire metaphysique gogolien russe, bordel! Il brillent par des trucs de banlieue provinciale et puent de loin la contrepeterie, les pitres! Ca me rend dingue! Mais rira bien qui rira le dernier. La langue, on ne peut pas la chiper - elle appartient a tout le monde, putain! Si tu te mets a depecer des gosses, ces cons-la ils continuent de rire, bordel! On me passe a l'antenne a une chaine de TV, la ils ne rigolent plus autant, parait-il – nuance ! Ils peuvent ne pas se marrer, mais alors ils ricanent. Parce que ce connard de moi-meme s'est laisse coince comme un con par les flics. Ils ricanent vilain. Ils voudraient bien pouvoir se defouler a la maniaque eux-memes - seulement, ils voudraient que la tuerie soit bien organisee a l'avance, putain! Simplement, les gens ont d'autres occupations, un peu differentes, ils n'ont pas de temps libre pour - et pourtant, tout le monde aimerait bien pouvoir scrafer quelqu'un, meme si ce n'est pas un ennemi… Moi, j'avais un peu plus de loisir - genre profession liberale, quoi, merde! Et pour meubler mes loisirs, putain, j'ai experie cette experience en harmonie avec l'evolution de la nature au travers du "Nous" metaphysique.
Du reste - globalement et concretement parlant - notre populace me rend dingo. Et croyez-vous que l’on vive encore longtemps dans ce monde de merde. Chaque fois, on baise et on bute les gens a peu pres de la meme facon. Il n’y a pas trop de variete dans ces deux choses, meme en ce qui concerne les enfants innocents ca ne fait aucune difference. Certes, c’est plus agreable naturellement de le faire avec ces cherubins. Mais ensuite, je dois vous avouer tres sincerement que le moral est non seulement au plus bas, mais tout a fait degueulasse. Et pour relever ce moral bien bas, putain, dans le Grand Esprit - il faut de nouveau choper et tuer un de ces petits agneaux. Mais, avant que je ne commence a tuer, a coups de couteau, ces tendres cabris, mon moral, je vous le dis carrement, etait tout simplement on ne peut plus bas - aucun lien avec l'Histoire. C’est pourquoi je me suis mis a buter et a tuer de tout petits enfants et je ne me suis pas trompe, merde, qu’est ce que cela m’a remonte le moral quand je me suis mis a trucider les enfants des autres en faisant tourner le couteau dans le sens des aiguilles d’une montre et ensuite dans le sens inverse, pour une plus grande jouissance. Et quand, putain, un petit enfant creve dans de terribles souffrances sous ce petit couteau qui tourne comme une vrille , alors, tu percois le gout mortel de la vie russe. Il n’y a pas de pays plus genial pour se detruire . Et encore faut-il prouver qui prenait le plus de plaisir. Le petit gosse, naturellement, mourait, mais, la cause de ses souffrances, riches et douees comme l’amour, etait un couteau reel. Je pensais qu’ici, dans cette taule russe, ils allaient me torturer, putain, et je me suis rendu veritablement, livre a eux
volontairement, a ces putains de juifs. Et voila, putain, ils vont me flinguer avec ruse a la juive, d’une balle dans la tete et ils me laisseront pas le temps de souffrir a la russe. Et je les ai moi-meme aides a me mettre le grappin dessus, pauvre tsarevitch immole, et a ma jeter dans cette sale prison russe. Et dans cette prison russe, putain, l’ordre juif regne. Et les sionistes, putain, sont arrives a penetrer jusque dans cette prison russe. Et j’ai, quand meme, pris mon pied, comme un russe, lors du proces. C’etait aussi agreable de conduire les flics, d’observer leurs reactions quand ils deterraient le petit cadavre d’un enfant. Et aussi etrange que cela puisse paraitre, tu eprouves le plus grand et le plus tendre plaisir - energetique, resonnant - apres tous ces merveilleux crimes. Et, putain, tu egorges, tu tues un petit enfant en dix, maximum quinze minutes en faisant tourner progressivement le couteau dans la plaie. Et si tu violes pendant une heure et demie, pendant tout ce temps la, tu as la queue comme une gaule. Et voila, comme ca, plus de cinquante fois, j’en ai eu des aventures sexuelles. Et si on multiplie cinquante petites fois, ne fut-ce que par deux petites heures, cela donne cent petites heures, un peu plus de deux fois quarante huit heures. Et le proces, lui, putain, il a dure sept annees. Voila ou j’ai pu prendre mon pied, mon plaisir pour de vrai. Au tribunal, en public, tu prends ton pied et quand tu retournes dans ta cellule tu te branles en te souvenant et le plaisir n’en est que plus grand. Maintenant, ils n’ont qu’a me mettre une balle dans la peau et s’en sera fini de la jouissance, comme de la vie. Ma bitte, en sept annees de prison, s’est ramollie et j’accueille comme un reconfort le debut de la fin de la vie. Putain, quand ma queue ne se recouvre pas de sperme couleur de neige ce n’est pas une vie. Et on m’a expres fixe un chatiment juif sans souffrances, sans le plaisir de la souffrance russe. Le systeme electronique s’enclenche, et voila, plus de serge. Avant, il y en avait des chatiments, sur cette terre. On empalait, oui, on vous enfoncait un pieu dans votre charmant trou de balle, on vous ecartelait, putain, sur la roue d’un carrousel, devant le peuple. En Chine, pays a la plus ancienne culture, un bambou, grace au fait qu’il poussait rapidement attire par le soleil lentement vous dechirait le ventre, ou on vous mettait dans une fourmiliere, putain, on vous jetait en pature aux fourmis, ou on vous soumettait au supplice de la goutte d’eau qui pendant des jours s’ecoulait d’une source d’eau minerale et tombant sur votre petit crane ou on vous tailladait lentement en mille morceaux et vous mourriez progressivement, a petit feu. Et pendant des annees cela a ete agreable pour tout le monde, tous y trouvaient leur compte, les bourreaux, les victimes, et le peuple. Votre peuple aussi est venu avec enthousiasme assister a mon jugement. Ce serait un peche de se plaindre, putain, j’ai eu un vache de succes. Les televisions, les photo reporters
de nombreux pays juifs ont filme le forcene temeraire pour permettre aux autres de prendre leur pied grace a moi. Quand j'ai montre ma queue toute chaude a la camera pour qu'ils la filment, ca a fait l'effet d'un coup de vapeur dans un bain russe, un coup de salete juive. Mon avocat m'a conseille de faire semblant d'etre schizophrene. A ca, non, putain, camarade avocat juif, vous n'avez qu'a faire semblant d'etre fou vous meme. Pour ce qui est de la folie, je suis a jour comme un abat-jour, j'ai montre a toute cette belle et chere humanite juive ma bite simplement comme ca. Les juifs, vous avez entendu parler de l'altruisme? C'est vous qui, a la television, avec votre sperme judaique innondez les cerveaux et recevez, putain, en echange, pour avoir totalement perverti des gens simples aux yeux bleus, le prix Nobel. Et ici cette Ninel, petite maitresse tartare boiteuse, je l'ai embrassee par un froid russe siberien et cette chienne, putain, elle ne m'a pas laisse baiser sa petite chatte dure comme du papier de verre, comme un melon juif. Putain, le derniere fois que je l'ai embrassee, pour que ma queue ne fasse pas craquer mon pantalon, je l'ai sortie expres de ma braguette et elle, putain , naive, elle s'est mise a ejaculer toute sa semence sur ses chaussures. Et cette salope a tout de suite reagit. Elle s'est mise a gerber sur la neige du chemin. Quand son athlete Kgebiste, Kolochine, l'halterophile, champion du monde, lui baisait la gueule, ca ne la faisait pas vomir. La, elle ne degueulait pas cette chienne. Et moi, j'ai pas fait expres d'ejaculer sur cette salope; mais elle, elle a recouvert de ses vomissures toute la neige du chemin. Elle disait que Kolochine avait une bite de 45 centimetres. Sur une plage sauvage des environs de Moscou, elle a fait la connaissance de la queue de Kolochine et comme un serpent, comme par hypnose, il lui a enfonce la bitte dans le cul. Il lui a fait croire qu'en Occident ou il s'est branle plus d'une fois avec ses halteres, les athletes hatiterophiles tout nus sont allonges sur la plage et, putain, les ninels, avec un metre, passent entre eux et mesurent leurs bittes. Et, sur place, elles choisissent la plus longue queue pour se faire tringler. Et moi, pendant tout l'hiver, cette bien-aimee je l'ai embrassee dans le froid et je lui ai offert les fleurs les plus cheres du marche, et je l'ai couverte de cadeaux cette connasse . Naturellement, putain, je ne suis pas Kolochine, ni un halterophile avec une bitte de cinquante centimetres, mais, Ninel cherie, c'est pas avec sa queue qu'on fait l'amour, mais avec son ame, putain, dans l'harmonie avec l'Univers. Pour toi, connasse, j'ai trompe ma femme Svetlana, sans me cacher, pretextant que j'etais reste pour faire des heures supplementaire au LEP, que, soi-disant, j'y dirige un seminaire sur la litterature occidentale, ou je parle de Niestsche et de Camus, existencialistes egoistes. Comment voulez-vous que Ninel apprecie tout cela. Si je l'avais saignee, elle aurait apprecie mon amour cette chienne. A
l'epoque, je ne pensais pas encore que j'allais trucider des hommes et des petits enfants. Tuer et baiser. Les baiser d'abord, les poignarder ensuite. Ce juif d'avocat insistait pour que je dise que je faisais, ensuite, l'amour avec le cadavre. Non, a quoi bon baiser encore les cadavres. C'est qu'ils ne soupirent pas, apres la mort, ils ne gemissent pas dans des douleurs pleines de volupte. Pourquoi devrais-je faire semblant d'etre schizo? Je suis un etre humain normal avec une ame tendre et poetique, tres feminine, morale et amorale qui a atteint l'essence meme du peche pour absoudre et detruire dans l'oeuf le peche, pour se repentir en jurant par la Verite Sacree, putain, par l'enfer de l'ame qui finalement decidera tout!!! 0 comme la jeunesse m'aimait. Putain, ce n'est pas un mensonge !!! Comme la jeunesse m'aimait au LEP!!! Et ce n'est pas de la connerie. Et on m'aimait au LEP comme individu et comme professeur de russe competent et capable d'enseigner la litterature russe. Et on m'appelait familierement et amicalement oncle Andre, car j'etais humain avec toutes ces petites putes du LEP. Je suis devenu un assassin maniaque parce que je suis ne homme, humain et sensible. De quelle facon j'arrivais a attirer les petits enfants dans la foret? Uniquement avec un discours humain et chaleureux. Ici, il ne faut pas jouer selon la methode Stanislavski la vie de l'esprit humain. Ici, l'ame doit etre originellement angelique et bonne pour convaincre 54 personnes d'aller, comme a l'abattoir, dans une foret impenetrable avec un pede de bourreau pour se faire tuer par l'oncle Andre. De fil en aiguille, sans rien glander, nous pouvions donner le change et faire marcher les gens. J'en ai lu des livres interessants et des contes et avant de les tuer, je leur en ai raconte, aux tout petits enfants, des contes tres interessants qui parlaient de Kotchei l'immortel, putain, SVIATOGOR. Il nous faut un Heros, un Hercule egal des Dieux. Et non point un Ilia de Mourom quelconque qui n'a pris qu'une moitie de la respiration en mi-juif physique qu'il etait. Or, pour un Russe, il faut "tout" ou "rien". Ce n'est pas les trente deniers qui batissent la vie, mais plutot "Trente Trois". Rien qu'a prendre aussi cette petite chose qu'est "trois" - la Sainte trinite, quoi, merde! Mais non, ils ne peuvent pas, ca ne se laisse pas prendre comme ca! Et le chat savant qui miaulait d'une facon tres douce. 0, chez Pouchkine, le loup s'y connaissant, le prophete:
"Je gisais, seul, inanime,
La voix de Dieu vint m'appeler:
"Debout, prophete, entends et vois, Que ma volonte te penetre
Et que ton verbe, en tout endroit Brule le coeur de tous les etres.""
.. Et moi, j'ajoutais le petit couteau pour les seriner. On m'aimait a mon travail au LEP. Les voisins avec qui je jouais aux dominos se moquaient de moi, putain.
 
Pouchkine ne les interessait pas. Ils se moquaient de mon gros cul. Et les femmes - c'est demontre par la science - aiment les hommes en premier lieu pour leur gros derriere. Mais ces alcolos de voisins et les Ninels ne sont pas concernes par la science. Putain, il suffit que je pense a mon derriere pour aussitot avoir envie de chier (II s'assied sur le chiotte et chie) On me donne a manger de la merde et c'est de la merde qui ressort. Et, putain, on en fait des crottes dans le quartier des condamnes a mort. Ma crotte est comme la bitte de Guenadi, aussi grosse, longue et arrondie. Quand ce droit commmun de Guenadi m'a perverti et a deflore mon joli trou du cul et l'a raconte a mes voisins, ces salopards ont commence a se moquer de moi. Ils n'osaient pas se moquer de Guenadi parce que, lui, il n'est pas passif. Mais, le passif, ensuite il a serine l'actif. J'en avais ma claque de ce mec. Il me les gonflait, ce Guenadi. J'avais bien calcule mon coup, et monte mon stratageme, tous ont pense que c'etait les autres prisonniers qui lui avaient regle son compte au cours d’un reglement de comptes, justement. Amitie mortelle, putain. Cette amitie dont les liens se tissent en prison, mais je leur ai declare que c'etait moi qui l'avait tue, votre humble serviteur. Simplement, j'en avais ma claque de baiser avec ce Guenadi puant, merde. Ou alors, il se bourre la gueule a la vodka et il a la queue flasque, il arrive pas a bander toute la nuit il faut encore lui sucer sa bitte toute fletrie, putain, qu'il aille se faire foutre, ce Guenadi, il est devenu beaucoup trop exigeant, putain. Et pourtant, c'est un detenu, et en plus, il ne se lavait pas! Vous ne connaissez pas Guenadi? Alors, putain, vous ne connaissez pas la Russie. Et en plus, il me demandait de lui lecher les couilles jusqu'au trou du cul, ses couilles puantes. Et il pensait, lui Guenadi, que j'allait bouffer ses oeufs pourris toute la vie. Non. Quand il me baisait normalement dans le cul, rien a dire, je prenais mon pied, comme dans les meilleures maisons du monde et de Paris, putain, il avait une bitte longue, dure, tendue; il me l'enfoncait, a fond, putain, ca me faisait mal, et le plaisir montait, putain, et c'etait fort. Quel plaisir peut on avoir sans la douleur? Il n'y a pas de vie sans douleur J'ai enfonce, dans le coeur de Guenadi, ce tournevis, et je l'ai enfonce avec un plaisir, ce plaisir que connait le detenu. Putain, dans cette taule qu'est la Russie, on a tous maintenant des habitudes de droits communs, qui ne font que se renforcer. Malheureusement,putain, en tournant le couteau, il n'etait pas possible de torturer Guena, putain, il avait des biceps plus costauds que ceux de Kolochine, il serait redevenu lucide si je l'avais torture et il m'aurait envoye dans l'au-dela, putain, sans autre forme de proces. C'est mon instinct de conservation qui m'a poussse a lui enfoncer dans le coeur, pour toujours, le tournevis acere. Je l'ai calmement tue, comme on tue un vulgaire cafard, un cafard a moustaches d'un simple coup d'epingle. Guenadi, mon premier, mon inoubliable. Il a soupire une ou deux fois, profondement, et a haute voix, et mon cherubin, ce cher Guenadi, s'est endormi dans la paix du Seigneur. Naturellement, c'est beaucoup plus jouissif de tuer et baiser les petits garcons et les petites filles qui sont encore a l'ecole primaire. La, deja, quand ils entrent au college, ca fait une grande difference. L'age de la fete disparait en sixieme, a choisir, bien sur, mieux vaut une fillette de vingt ans que Guenadi. Mais ce premier amour, je ne l'ai pas choisi, c'est Dieu lui meme qui me l'a mis comme on met un offrande sur l'autel des sacrifices, et ensuite, je l'ai simplement trucide simplement avec un tournevis, comme un cafard avec ses moustaches, et je n'ai ressenti aucun sentiment humain, non, pardon, je raconte des bobards - il y a eu, avec
Guenadi, un petit moment ou j'ai eu la chair de poule, j'ai fait mon petit delicat, putain, quelque part dans le dos, quand je lui ai enfonce le tournevis jusqu'au manche, et alors, putain, le fort Guenadi a gonfle sa poitrine d'air, et voila que, putain, comme je l'ai deja dit, mais je vais le dire completement et jusqu'au bout, il m'a semble, freres, qu'il avait repris vie, comme le Christ, que Guenadi, le detenu, avec la rage d'un detenu allait m'achever, alors j'ai encore eu la chair de poule, plus fort, quand avec sa puissante grosse main droite, il a saisi le manche du tournevis et a retire de son coeur la partie metallique recouverte d'un peu de rouille et sur la rouille du tournevis, nous voyions le sang vivant du detenu qui fumait et toute une fontaine jaillit de la blessure, on se croirait a Versailles… Oh, comme Raspoutine, Grishka, ce pederaste de Guenadi, n'a pas ressucite apres cette blessure rouillee et il s'est effondre par terre, enfoncant dans le sol ce tournevis. Alors, j'ai repris du poil de la bete, et j'ai aussitot telephone a Ninel de chez Guenadi qui etait deja mort, et une demi heure apres, j'ai rencontre Ninel. Naturellement, j'etais un peu dans les cieux, j'ai lache mon sperme sur ses bottines, o combien terrestres. Quand Ninel, ensuite, a vomit tout le long du chemin et que la vapeur a commence a s'elever du vomi vers les cieux, moi, putain, j'ai commence a redescendre sur terre, et l'espace d'un instant, me vint l'idee, ma foi pas si mauvaise, de tuer Ninel, apres l'avoir baisee par tous les trous, mais, putain, elle puait tellement la vomissure que moi meme j'ai failli me mettre a degueuler autour d'elle, c'est pourquoi, j'ai pris la ferme decision de disparaitre de sa vue a tout jamais. Et le lendemain, tout etait parfait. J'ai rencontre un petit garcon, Victor, encore ephebe, dans le petit train de banlieue, et je l'ai amene dans le petit bois, comme on amene un petit cabri. La, je lui ai raconte l'histoire du petit Chaperon Rouge, et puis en recompense, je l'ai baise et je l'ai egorge, putain, en faisant tourner le couteau dans le sens des aiguilles d'une montre et puis dans le sens contraire. Ca, je comprends, ca a ete vraiment le pied. Comment, apres cela, comparer avec cette vomissure de Ninel, qu'elle aille se faire foutre. Ensuite elle m'a telephone, elle-meme, pendant des mois, putain, en me proposant directement elle-meme que je la baise, putain, salope. Est-ce que Kolochine s'est abime la queue, sa queue tendue comme une trique, a force de la violer avec sa gaule assyrienne, mais moi, Ninel, j'ai meme pas envie de l'egorger, apres le jeune Vitia, ca, ca a vraiment ete un delice. Ensuite c'a ete le tour de Dimotchka, putain, de la classe 4A, puis Oksanouchka, putain, eleve de la 5B, ensuite, Igorotchka, eleve de 4'eme, etc., putain, etc. Comment peut-on comparer Ninel avec ces ephebes, les nanas ne valent rien en comparaison, putain, de ces nymphettes, ces petits garcons, ces petits enfants. Ce serait un peche de me plaindre de mon destin. J'en ai quand meme essaye cinquante quatre, bien plus a fond que Volodia Nabokov, d'une facon plus riche. Jusqu'au coeur meme de la mort, putain, j'ai bu jusqu'a la lie le calice vivifiant du cosmos terrestre de ces nymphettes, et ou etes vous mes chers petits trains ou j'attrappai ces petits papillons innocents, putain, a la flamme de l'ame meme au nom de l'Enfance du Monde -il se branle- Naturellement, actuellement, ce ne sont pas des temps merveilleux, et ce n'est pas avant le chatiment, ni putain, je n'ai meme pas la tele ou on dit des conneries sur moi aux nouvelles - sur moi, putain, ou on me debine le monde entier, et on montre, gratuit, ma bitte a l'humanite. Eh bien, en fait d'honnoraires, il recevra des clopinettes pour sa branlette le pauvre condamne a mort, le prisonnier qui avait un amour infini pour les petits enfants. Et meme ce manque de justice m'empeche de me branler, si
cette salope de salle de gare me laissait au moins choisir la mort que je desire, comme, putain, j'ai trucide ces enfants tels des tsarevitchs, eh bien, tue avec souffrance, putain, et que cette souffrance soit grandiose digne d'un tsar. Mais ou, putain, trouver un bourreau qui soit capable d'abord de me bourrer le cul, et ensuite, de m'enfoncer sadiquement le couteau en le faisant vriller. Naturellement, Guenotchka, lui, aurait ete capable de remplir cette mission, mais putain, Guenotchka, je l'ai acheve avec le tournevis. Ah, comme je soupirerais, comme je pleurerais comme je geindrais, comme je crierais au secours comme un possede, mais avant tout je me plaindrais sans paroles, et je demanderais qu'on fasse tourner le couteau et que l'on prolonge indefiniment cette souffrance extreme, que cette ultime souffrance soit royale. Il pleure et sanglotte . Oh Seigneur! aide moi, Dieu, fils de chien, a mourir dans des douleurs terribles, si tu existe au monde, Dieu, fils de chien, Oh! Dieu, Dieu, fils de chien, tu as ressucite des hommes, je ne te demande pas de ressuciter, je te demande seulement de crever et putain, dans la merde cosmique russe, de mourir de la facon la plus atroce et la plus miserable, la plus degueulasse dans la lettre zero, putain! Brutalement cesse de gemir, et d'un ton banal Notre alphabet leninien contient trente trois lettres, les clericaux, eux, en conservent quarante - un nouveau decalage preludant une explosion nouvelle qui menace. Quand arrivera-t-on enfin au Silence, a la Verite - a la Solution Zero, pour qu'il n'y ait plus de revolutions sanglantes. Mais non, on dedaignent toujours la Lettre Zero lorsqu'on la leur donne gracieusement en tant que Verite de la Terre sous forme d'egorgement de gosses. Or, le fait d'ignorer la loi ne soustraira pas ces miserables a la responsabilite devant le Destin Implacable. Non, eh bien, que l'on me trouve, dans le camp siberien le plus perdu et le plus eloigne, un bourreau cruel et trie sur le volet. Oui, on m'aurait pas mis tout simplement comme ca, dans une baraque avec des assassins a qui on aurait remplace la potence par des mines d'uranium ou ils devraient crever. Eh bien, on me mettrait das une baraque, comme un simple violeur, putain, comme un pede boiteux qui a failli. Et la bas, les detenus m'auraient trouve une place sur le sceau hygienique, et ils se seraient mis, tel un choeur de l'Armee rouge a baiser le cher combattant, et la-bas, j'aurais pu apprivoiser et, la-bas, je me serais bichone un bourreau, mais le destin n'a pas voulu que je termine ma vie dans la souffrance. Je ne suis pas Pouchkine, pour, putain, crever d'une jolie mort qui traine au nom de la Verite Zero et du Pourpre de la Conscience tourmentee aux joues - dans de grandes souffrances et dans mon petit lit chaud, toi, dans cette prison de condamnes a morts termine d'une balle dans la tempe tiree par un pistolet automatique teleguide. Et tu n'entendras meme pas siffler cette balle. Mais moi-meme me tuer dans la douleur, c'est pas interessant, putain, pas du tout. La alors, ce serait vraiment de l'onanisme maniaque.
Quand tu tues les autres, putain,tu prends ton pied, mais tourner dans soi-meme le couteau, ca, ca fait mal, les gars, c'est pas interessant, donnez moi un partenaire, un bourreau a ma hauteur, seulement, putain, la consolation est simple, que je ne suis pas seul - comme Nostradamus - a crever sans bourreau, sur cette terre proyoupine. Le bourreau aussi n'est pas venu chez Volodia, Guenka chez mon cher petit garcon qui venait du LEP, cet excellent eleve qui etait mon prefere. On n'a pas pu baiser, putain, avec toi, avant de crever. Tu es venu plusieurs fois, putain, vers moi, au tribunal, nos petits yeux se sont
rencontres eh bien quoi, Volodienka, j'ai lu dans tes yeux, dans tes petits yeux si chaleureux, le desir d'enfoncer dans ton petit derriere ma bitte, et ensuite, t'enfoncer en tournant mon couteau, et peut-etre, que tes chers petits yeux, je devrais d'abord, les sortir de tes paupieres et ensuite retirer ton petit coeur sans abimer les veines, pour que ton petit coeur batte egalement au soleil russe, putain, en se rejouissant de voir la lune juive qui se balade ou ces putains de nuages, mais d'abord il devrait etre content de me voir, ma petite ame innocente, mon Volodienka, mon prefere, mon super prefere, mon chouchou, putain, dans ce LEP pourri. La bas, dans ton groupe, on te battait ferocement, comme platre, serieusement et en finesse. On te battait d'un facon merveilleuse et ces enfants de putes, tes camarades, te battaient comme on me battait dans mon enfance, putain. J'ai tout de suite reconnu en toi un ame frere, mon cher petit garcon. Et comme il etait agreable et poignant de voir les autres te battre et te donner des coups dans le foie et quand meme, putain, j'ai eu pitie, mon tres doux, mon cherubin. J'avais ordonne a Martin l'ataman. avec ses enormes biceps, de te defendre un peu, dans le foyer, surtout quand aucun oeil etranger n'etait la pour voir, putain, et que tes copains de la campagne, ces fils de garse apres avoir bouffe cette viande, congelee crue, volee, qui traine depuis plus de vingt ans, et s'etant charge d'energie avec cette nourriture, commencaient la-bas, avec jouissance, a te battre, a te baiser dans le cul et a te nourrir de gauffres, de gauffres humaines. Et commencaient avec delectation a te battre, a t'enfoncer leur bitte dans le cul et a ejaculer le sperme dont ils pretendaient te nourrir en le repandant comme on repand de la creme sur une gauffre. Moi, putain, j'ai achete pour toi Martin, ce nullard, et je lui ai mis une bonne note en russe et en litterature pour qu'il ait son bac, pour qu'il te protege un peu, ce Martin contre les bandits infantiles de la bande, mais, il m'a baise, ce petit russien teigneux de Martin, putain, ce jeune ukrainien, putain, il a baise le viel ukrainien, putain. On m'a rapporte ensuite que, apres que j'ai eu mis une bonne note a Martin, ce meme Martin il t'a baise dans le cul au foyer, putain, l'enfoire. Et il n'a pas rompu notre accord, il t'a simplement defendu devant ses propres bandits mais il a quand meme baise ton petit cul mignon, en y enfoncant sa grosse bitte, veritable gaule. Volodienka, moi-meme, je me ferais bien baiser par ce Martin, quel merveilleux bourreau de SVIATOGOR tectonique aurait pu donner ce Martin. On a beau rever, les reves passent, la merde reste… Ce mignon petit Martin, c'est pas comme Guena avec sa queue flasque, ses couilles pourries. Volodienka, j'avais pour toi la meme gentillesse que pour la baie sauvage la plus precieuse. Au moment ou nous nous sommes rencontres, putain, lors des cours, au LEP, j'avais deja , a cette epoque, Volodienka, toi, mon Oulianov leniniste, j'avais deja chatouille avec mon petit couteau 52 petits pionniers. Et avec leur petit foulard rouge, putain, je les avais attaches, tout ensanglante, et j'avais baise leur petit cul. Toi, je t'avais garde pour la bonne bouche, pour ce dernier dessert digne des rois. Je t'avais garde pour les fetes de mai des pionniers, pour cet avenir radieux, putain, je t'avais garde, pour la revolution mondiale de l'ame, je voulais te louanger, putain, au nom de la revolution mondiale de mon ame, je voulais
retourner de nouveau dans ce paradis sans peche et plein de raison. Et voila, c'est comme ca, le destin - cette juive toute blonde a baise cet honnete ukrainien. Tu n'as pas pu terminer notre LEP, tu t'es barre en province loin de Martin. Et tu t'es pointe de nouveau pour mon proces, et le train, putain, est parti, et il ne reviendra pas. Si seulement tu savais, comme en reve je te baisais et je te lacerais, putain, de mon couteau que je faisais vriller et que je tournais et retournais longuement dans ton corps. Et pourquoi moi, pauvre con, espece de trou du cul, je me gelais au travail, je faisais encore des manieres a mon boulot, au LEP, pour prendre des petits enfants, petits cabris, et les emmener dans la foret. Tu avais peur, toi, ukrainien, du pouvoir sovietique, comme un sovietique ordinaire. Toi, l'ukrainien juif et communiste, avec une ame russe d'homme sovietique, tu avais peur du pouvoir sovietique. Moi, combattant d'envergure cosmique? Allons! Jamais je ne me pardonnerai, putain de merde, d'avoir laisse echapper de mes mains Volodka Illitch. Ne vis pas ou tu baises, ne baises pas ou tu vis. Mais, non, tu es un bon et cher ukrainien sovietique, tu avais tout simplement peur du pouvoir sovietique comme tous ces autre pederastes de la salle des pas perdus. Que ce pouvoir sovietique a baise par tous les trous et lentement faisait tourner, dans le sens des aiguilles d'une montre, et dans le sens inverse, son couteau comme une bitte, une bitte comme un couteau. Et putain, en fin de compte, le pouvoir nous a tous completement deglingue. Et toi, homme russo-sovietique ordinaire d'Ukraine, putain, juif avec du sale sang tatare, Andre, petit mec des faubourgs, de ces maisons cages a lapin, putain. Ce pistolet teleguide, ce sera comme si je n'avais jamais ete sur cette terre. Et c'est comme si, putain je n'avais jamais existe. Et les enfants vont pouvoir dormir tranquillement et faire des reves merveilleux. Comme si je n'avais existe. Et ce sera comme si tu n'avais jamais existe en ce bas monde. Mais bien sur, nous tous on n'existe pas du tout. On est des ombres platoniennes. Il n'y a au Monde que des idees. Ce n'est qu'en devenant une Idee qu'on devient un Homme - qu'en associant en soi-meme Platon a Aristote, la Poesie au Nombre et tu deviens alors la Lettre Zero qui voit le vrai Silence de l'Univers. La Morale n'existe pas, il n'y a que la Verite sur Terre - la Nature palpitante. La Vie vraie reside dans l'Absurde - basse et sourdine - le masculin et le feminin… Tertulien dixit: Je crois parce que c'est absurde. Or, il ne faut pas rigoler des autres et faire le pitre, il faut baiser - lorsqu'on baise on croit vraiment a ce qu'on fait. Je suis d'accord avec l'accusation et le procureur. Qu'ils me trucident le plus rapidement possible et un point c'est tout - comme si il n'y avait eu personne et que rien ne s'etait produit. Pourquoi ce proces avec moi, il le font durer si longtemps? Je ne comprends pas pourquoi ce proces qui m'est intente traine tant. Pour me procurer du plaisir philosophique de songerie contemplative aux frais de la Couronne? Je ne pense pas. Est-ce qu'ils font ca pour leur plaisir? pour eux, putain; oui, ils ne veulent faire durer le plaisir que pour eux, putain, je ne vois pas pour qui d'autre. Aux frais de l'Etat, putain, la jouissance. Et toutes ces putes sovietiques ont pris leur pied pendant le proces, ils se sont eclates jusqu'a l'apoplexie, tous ces cardiaques. Le systeme sovietique m'a enfante, m'a
fait tel que je suis, un loup. Putain, que vais-je faire? Comme les anciens, plus experimentes me l'avaient apris, moi, j'ai toujours agi suivant la morale de ce pays, si ce pays a une morale fasciste, alors tu dois etre fasciste, et putain, c'est moral et c'est humain. Quand a moi, putain, je ne suis pas une bete sauvage, moi, je suis un homme humain avec un coeur, putain de merde. Allez tous vous faire foutre, Staline, Lenine ils ont trucide des millions de gens, putain, ils ont montre l'exemple de ce qu'etait le stakhanovisme maniacal pour batir le communisme en plein dans le "dix". II faut accuser notre epoque juive et non pas moi. Je suis un homme normal, un homme de coeur, putain qui vit avec son temps. Je ne suis pas un shizo complexe, comme vous tous, ou la plupart d'entre vous. Ce n'est pas le malheur d'avoir trop d'esprit, mais c'est le malheur d'une ame normale humaine, putain, et chaleureuse. Et ce sont des shizos, bien entendu, qui m'ont condamne, moi un homme - a la tombe. Mais, putain, cette fosse est la bosse du bon Dieu. Et ce n'est pas la tombe qui guerira un bossu, mon oeil! Et c'est a moi, le seul etre humain normal a me repentir aupres d'eux, cette bande de putes. Quand je chatiais ces petits enfants, veritables tsarevitchs, c'etait pour leur bien. Car, c'etait une torture pour moi, et c'est moi que je chatiais en premier lieu avec votre "Nous", putain, car, de mon propre gre, je sacrifiais mon ame sur le bucher, inspire comme j'etais par l'Esprit universel sur la facon d'agir, mais, putain, je n'aurais pas du car votre monde venal de youpins tout change en merde, bordel! Pourtant je faisais ce que je faisais - j'Agissais merde! Ces petits enfants tsarevitchs que j'immolais, putain, eux, simplement ils mouraient, en quelque sorte, de mort naturelle. Non pas en moutons a sacrifier d'Avraam. C'est seulement moi, connard d'ukrainien tsarevitch sovietique qui restait vivre dans ce monde degueulasse, noir et sovietique!!! Pour continuer a demontrer l'Idee Immaculee leninienne comme quoi on ne peut plus continuer a vivre en sales youpins a n'en plus tenir, dans le sang, putain!!! Mais il est pourtant impossible de vivre autrement, sacre Dieu!!! Nulle part sur terre ni sur mer, il est impossible de vivre autrement qu'en youpins, putain de merde!!!!! L'homme est une engence diabolique - il n'y a pas d'autre diable - vous ne le verrez pas! On est tous petris de la meme pate. Le vrai homme c'est le souvenir du Futur. C'est la Face du Siecle. C'est la Conscience morale et le fondement de la Creation - le comprenez-vous seulement, putain?! C'est la mesure de toute chose, bordel de merde. Et nous autres, putain, on ne fait que s'approprier ces noms et prendre l'imaginaire pour le reel. Chacun se croit grand homme, croit detenir la Verite, connard, des qu'il apprend a parler. Personne n'eleve les yeux au Ciel, pour ne pas avoir a tomber toujours en pleurant, putain, - il pleure - et de nombreux tsarevitchs russes-juifs n'ont meme pas pleure. Naturellement, ils grincaient de leurs petites dents comme les petits volontaires de la deuxieme guerre mondiale, putain, mais il arrivait qu'ils ne pleurent meme pas, c'est avec une grande reconnaissance celeste qu'ils me regardaient dans les yeux, dans mes yeux gentils et moi, je regardais leurs yeux d'anges. Et pour nous, pour eux comme pour moi, on se sentait bien, sur ce lit de souffrances et de sacrifice. Et ensuite, moi, je leur
mettait leurs petits habits de pionniers, je leur creusait une petite tombe et je les enterrait royalement d'une facon humaine, comme ces petits de la revolution d'Octobre. Je faisais tout d'une facon tres humaine. C'est que je tuais seulement des anges celestes pour qu'ils puissent s'envoler directement vers Dieu, au plus haut des cieux, pour qu'ils ne deviennent pas des trognes youpines, putain, des psychopates, et pour qu'ils ne perdent pas leur ame sur cette terre infernale comme la salle d’attente d'une gare. Moi, je n'ai jamais touche ces gueules d'enfoires, si ce n'est Guenotchka. Vous, mes chers juges, l'enfer, putain est deja surpeuple de gens de votre espece. C'est ainsi que le diable se faufile en Russie - et c'est la meme chose que Dieu, que l'Esprit de l'Evolution de la Nature universelle ou il ne fait jamais mauvais temps. Ma seule faute est d'etre ne le plus humain des hommes, un altruiste - j'ai permis a l'Esprit universel de passer par moi, sans devenir d'abord un Secretaire General du Parti Communiste Cosmique, merde. Car alors, j’aurais fait voir, mes petits qui etes des millions de parasites puants, ce que veut dire Staline dans votre monde des Judas. Vous devrez m'en remercier de cette theorie juive de similitude relative de Tchikatilo. A vous faire du bien, vous me tuerez comme vous avez tue le Christ! Et le Christ a ressuscite au nom de la Verite. Amen. Et qu'est-ce que le Christ - c'est un poisson. Non, le Saint Augustin il y donne une image simplifiee du Christ en tant que poisson des profondeurs. Or, le poisson c'est sans doute la metaphore des eternels maitres et esclaves. Tandis que chez David il est dit que les riches et les pauvres se rejoignent en tant que creatures du Seigneur, les uns comme les autres. C'est tout de meme plus juste que ce que deballe Saint Augustin au sujet du Christ - comme quoi il est un poisson a manger. Toujours il y a quelqu'un qui domine les autres, il y a toujours quelqu'un a etre victimise. C'est ce qui se produit et se reproduit en ce bas monde, putain! On n'est pas des esclaves, nous!!! criait-on au debut de ce siecle. Il ne reste que les maitres fascistes. Et si c'est moi qui suis dans le vrai et non pas vous, sale espece d'esclaves, avec tout votre putain de monde des dominateurs?! Et si quand meme j'ai raison - meme devant votre Dieu judaique, vous, la vermine humaine, bordel de merde?!!! Si "Moi", c'est votre "Nous", sales tordus, si tous les hommes sont des juifs youpins? Putain, pour avoir assassine une petite cinquantaine de gosses - pour vous faire remuer les meninges en vous lancant une nouvelle theorie juive de la relativite a la Tchikatilo - voila qu'on me condamne a cette merde de peine "capitale", putain, moi - le grand, le saint SVIATOGOR, Dieu russe - sans appel!!! Maintenant que toute l'humanite se montre sterile, incapable de penser - tout ce bordel de merde accablant, putain, refuse de participer a l'Evolution de ce putain d'Esprit Universel. Ce que ca me fait chier, putain…

Noir
 







Dramaturge, prosateur, conteur, theoricien du theatre, 
Mikhail Volokhov est …


Dramaturge, prosateur, conteur, theoricien du theatre, Mikhail Volokhov est une personnalite fort connue dans les cercles de l’elite theatrale aussi bien en Russie qu’en Europe – il suffit de dire qu’il fut ami avec le grand Ionesco,
lui-meme. Qu’a donc ecrit de tel cet auteur encore juene dont les pieces etaient jouees avec un constant succes par des stars de la scene a Paris, en Allemagne, en Suisse et qui fut - a grand “scandale”- mis en scene a Moscou par Andrei Jitinkine? Pour bien apprecier la dramaturgie de Mikhail Volokhov il faut la considerer dans le contexte de la culture mondiale.
Je suis de pres la litterature contemporaine russe et etrangere, y compris la dramaturgie, mais malheureusement je ne trouve pas d’oeuvres adequates qui puissent exprimer les problemes universels majeurs, les plus essentiels. Lorsque j’ai fait connaissance avec les pieces de Volokhov, j’ai cru d’abord a encore un moderniste comme les autres qui a present pullulent en Russie et qui representent ce que je considere comme une impasse, une voie totalement fausse. A l’issue de la periode sovietique les gens se sont grises par la liberte,  se sont grises du fait meme que tout est permis – en effet
c’est-la une drogue vraiment enivrante. Et ils se sont lances a qui mieux mieux - a faire des trucs de cirque, par excellence…C’est-a-dire qu’il n’y a ni theme, ni idee – rien que le desir de faire de l’epate. Et meme des gens
incontestablement talentueux qui se font ecrivains de nos jours ne peuvent point resister a cette tentation de l’epatage – aguicher le public a tout prix, peu importent les moyens. Tels sont par exemple les auteurs du recueil “Le temps d’accoucher” edite par V. Erofeev.
Or, avant tout, je tiens a parler de deux pieces de Volokhov qui m’ont particulierement “accroche”: “Cache-cache avec la mort” et “Le Calvaire de Tchikatilo”.
Prenons, pour theme central, “Le Calvaire de Tchikatilo”. De quoi s’agit-il donc dans cette piece et qu’est-ce que j’y ai vu, personnellement. J’y ai vu un touche “en plein dans le mille” – les problemes humains universels du Bien et du Mal, qui – historiquement, des l’apparition meme du theatre – tiennent a coeur les plus grands des auteurs dramatiques - et c’est bien cela qu’il vaut vraiment la peine d’evoquer! Bien que le langage de la piece soit on ne peut plus grossier, voire vulgaire – il n’en reste pas moins qu’elle concretise l’aspiration inextinguible de l’homme a s’expliquer a soi meme ce qu’est le Bien et ce qu’est le Mal. Encore a l’aube de la dramaturgie, les grands auteurs de la Grece antique – Eschyle, Sophocle et autres – faisant agir dans leurs tragedies dieux, heros et simples mortels, ont donne dans
cette etude du Bien et du Mal – de ce qui est permis a l’homme et de ce qui ne l’est pas, par qui et pourquoi… Et toute l’evolution consecutive de la dramaturgie a suivi cette verticale en spirale – gravitant precisement autour de ce theme central. Et si l’on jette un regard retrospectif pour avoir une “vue d’ensemble” du processus, eh bien on constatera que, partant des tragedies grecques antiques, en passant par les grans auteurs de la Renaissance, par Shakespeare, Racine et Corneille, et plus loin – par les auteurs modernes tels que Camus et Sartre – se poursuit cette etude magistrale de l’esprit humain se trouvant, comme disaient les existentialistes, en situation frontiere – entre
le Bien et le Mal.
Par ailleurs, dans “Le Calvaire de Tchikatilo” (d’une facon surprenante, mysterieuse, paradoxale – ce qui a ete pour moi une decouverte extraordinaire) j’ai vu l’auteur poser des problemes theologiques de la plus haute importance, dont celui - crucial – de la nature “taree” de l’homme – du fait meme d’evoquer dans cette piece un theme aussi horrifiant, si loin de la thematique habituelle. Cette “alteration” de la nature humaine qui, selon les theologiens, tient du peche originel et qui se developpe de plus en plus du fait du libre arbitre dont Dieu avait dote l’homme pour choisir entre le Bien et le Mal. Eh bien, il se trouve que cette “alteration” des le commencement de
l’histoire humaine n’a fait que se developper et se deployer toujours davantage. C’est-a-dire que le Mal n’avait cesse d’empieter sur l’Esprit de
l’homme qui, n’oublions point, fut cree a l’image de Dieu mais dont la nature a ete “alteree”. Et au vingtieme siecle, l’humanite s’est trouvee au bord du goufre, devant une catastrophe de l’Esprit du fait que les genies du mal de ce siecle – de Lenine, Staline, Hitler et jusqu’a Pol Pot – ont revele des abimes du mal tels qu’ils ne peuvent pas ne pas affecter l’humanite, et que cette derniere doit faire un effort extraordinaire, hors du commun pour comprendre ou elle est en train de degringoler et ce qu’il est advenu de l’Esprit de
l’Humanite toute entiere et de celui de chaque individu concret – car, comme disait Dostoievski, tout est permis. C’est cette permissivite absolue pour (C’est cette permissivite absolue pour) l’individu, d’un cote, et de l’autre – les grands programmes offciels de grands Etats orientes vers le mal, la destruction, visant a realiser de facon tres concrete probablement des objectifs les plus hauts mais en versant des mers, des oceans de sang – ce grand theme s’est exprime dans cette piece. C’est pourquoi j’ose affirmer que c’est la une grande piece, simplement.
Juste a propos - a ma grande surprise, en potassant le “portefeille” d’echos et critiques le concernant que Volokhov m’avait passe – et c’est-la tout un enorme volume (je souhaite a tout auteur d’en avoir autant meme s’il n’est point plus jeune, meme a un veteran de la litterature – oui, je souhaite que tout homme de lettres puisse avoir autant d’echos a la tres faible partie de son oeuvre qui seule avait ete publiee ou portee a la scene), et bien, a lire ces propos, j’ai ete vraiment frappe par le fait combien cette lecture des pieces de Volokhov par les critiques etait surperficielle. La plupart des auteurs tout en sentant comme par instinct l’importance des pieces en question – ressentant par des bouts de nerfs quelconque la portee des problemes evoques – se laisse pourtant emporter par des aspects tres secondaires qu’on y trouve, certes, mais qui sont loin d’etre capitaux: le KGB,
l’homosexualite, le milieu, le jargon du milieu, les camps de detention, le parler vulgaire (le “mat”).
Pour ce qui est de ce dernier phenomene – le “mat” russe – il s’agit la d’un lexique appele a designer cet aspect “tare”, perverti, denature que revetent les choses dans ce monde “altere”. Or, le mat en est l’instrument precis maniant lequel avec maitrise, en virtuose, Volokhov parvient a rendre l’image adequate de ce bas monde gisant dans le Mal. Car les termes des epoques revolues ne suffisent guere a le cerner et a le rendre dans son essence et sa totalite – sinon on risque de produire encore un mievre conte pour les enfants. Comment peut-on, disons, face a un Auschwitz ou Dachau, devant cette hecatombe de millions de cadavres entasses, se mettre d’en parler dans le langage du debut du XIX° siecle, par exemple? Pour moi, il est bien clair que l’auteur y emploie le mat non point pour epater son public, et si cela produit quand bien meme de l’epate, il faut absolument chercher a le
juguler, cet effet secondaire, le surmonter par une mise en scene experte - nette et precise. Une legere bavure d’interpretation de la piece par le metteur en scene, et les “sales mots” du coup eclipsent l’essentiel. Simplement, les metteurs en scene qui ont monte jusqu’ici les pieces de Volokhov se sont montres trop “comme les autres” – comme tout un chacun, trop fascines par
les “tabous” que representent pour le commun des mortels les “sales mots” et le sexe. Or, il se trouve qu’ils n’ont pas compris Volokhov, n’ont pas compris que le mat est le seul moyen possible de rendre - non point la nature d’un assassin seriel (qui, lui, dans cette piece ne represente guere un personnage reel mais – qu’on me pardonne une telle licence – c’est la l’image generique de l’Humanite au seuil du XXI siecle. “Le Calvaire de Tchikatilo” c’est
l’Humanite entiere avec tous ses peches d’”ici-bas” et de “la haut”.
D’ailleurs le titre meme de la piece qui veut dire en russe precisement “La peine capitale de Tchikatilo” est destine a faire comprendre au public de facon claire et percutante a quelle horreur de l’existence totalement vicieuse il est confronte. Or, cette horreur, ce n’est pas dans le personnage de l’assassin seriel qu’elle reside mais dans la politique des Etats totalitaires – de l’Union
Sovietique, et de l’Allemagne hitlerienne, et du Kampuchea, et ainsi de suite – car elle a engendre ce phenomene d’etres anti-humains si infiniment denatures.
Dans l’univers de la culture, tout a ses racines. De facon tres nette et incontestable mais aussi tres significative, les pieces de Volokhov s’inscrivent dans la tendance universelle de l’evolution de la dramaturgie qui,
logiquement, vers le milieu du XX siecle en est venue a explorer la philosophie du meurtre, se concretisant avec le plus d’eclat a l’epoque dans la prose et les pieces de Camus. Helas, cet auteur qui, en son temps, se presentait comme tres percutant, ecorcheur meme, a ete largement depasse par l’histoire reelle. La seconde moitie du XX siecle a quand meme montre que le niveau du “mal en sous-sol” de chez Camus, Genet et Sartre n’est que des “fleurs de cabinet”. Je ne veux point dire de mal a leur adresse, ce sont tous la de grands ecrivains, mais voila que vient soudain un obscur Volokhov qui de but en blanc touche le gros lot – c’est un vrai tresor cache qu’il revele au grand jour avec son “Calvaire de Tchikatilo”. C’est Volhokhov justement qui a trouve un nouveau tour si inattendu de ma “theorie de la spirale” qui
developpe constamment la culture autour du tronc central. Eh bien Volokhov a trouve non point l’une des, mais l’image la plus significative, la plus percutante et precise, a aspects multiples. Et a lire le “Calvaire” attentivement, on verra que chaque alinea de monologue de l’Humanite represente dans telle ou telle mesure une reaction, une replique, un “a parte” non pas tant dramaturgique, mais – je tiens a le souliger – aux grandes reflexions et theories philosophiques et aux grands problemes philosophiques et theologiques. Sous une forme concentree, condensee, cette piece contient pour ainsi dire des volumes et des volumes de Kierkegaard, Heidegger,
Niethsche, Tertullien qui,lui, y est explicitement present… Etc., etc. “Fide quia absurdum!” c’est ainsi qu’explique l’origine premiere de sa foi inebranlable en Dieu Tertullien – theologien qui a vecu dans un inimaginable IV siecle.
Et voila que depuis quinze siecles deja theologiens comme athees se cassent la tete cherchant a cerner cette verite – tout le monde en a besoin, la trouve importante, la cite a l’appui de ses theses…Cette pensee pourtant simple s’est averee profonde: a quoi sert donc la foi si tout est logique et juste dans la vie? Et la vie posait des colles: d’ou vient le Mal dans ce monde si
judicieusement ordonne? On ne peut l’expliquer que par l’absurde… Or, c’est en lui qu’il FAUT CROIRE!
Du reste, le “Calvaire” n’est pas uniquement un repertoire des maux et themes universels. C’est que Volokhov a reussi sous une forme supercondensee – sorte de super-digest en somme – a brosser une image tres artistique de notre Etre universel. C’est en cela que consiste le grand phenomene de l’art dramaturgique de Volokhov qui a pu comprimer des volumes epais, disons, de Schopenhauer et de Kant et les rendre en un bref alinea et dire pourtant non pas moins mais plus grace a une image condensee, absolument exacte, infiniment polyvalente.
Pour monter cette piece au theatre, il convient absolument de trouver un metteur en scene et des couleurs tels qui la presenteraient non point comme une piece des moeurs, une chronique judiciaire ou une ironie sur nos realites post-sovietiques – tout cela n’est qu’enfantillage par rapport a ce que doit etre son interpretation theatrale. Je suis convaincu qu’elle doit etre
interpretee et presentee comme une tragedie antique. Et evidemment, ce
Heros – je ne crains pas d’emplyer ce mot parce que ce n’est pas l’assassin Tchikatilo qui est le heros de la piece volokhovienne, mais le coeur souffrant de l’Humanite en quete de la Verite, au bord de l’autodestruction (de
l’Humanite, j’entends, et non pas d’un seul individu quelconque) – un coeur emprisonne dans une cage. Il faut montrer la l’image du coeur de l’Humanite enferme a l’interieur de la cage thoracique et qui bat la chamade, au bord de l’infarctus. La scene doit representer une maquette de la cage thoracique –
une metaphore deployee de la “cage” a l’interieur de laquelle comme le coeur, se debat le heros en desarroi et dont les agitations, accompagees ca et la du son du coeur qui bat, completent l’image. Comme epigraphe et metaphore donnant le ton, il faut donner: “l’ame enfermee dans la prison du corps” et “l’esprit emprisonne dans le camp de concentration du subconscient”?
La piece doit etre accompagnee d’un “choeur grec” a quatre personnages: critique deplume et bigleux a des remarques dans le genre de critique litteraire, agent de milice avec des remarques d’enqueteur, un “local”
– voisin au parler ukrainien et une femme dans une tunique tranparente figurant tour a tour toutes les filles
mentionnees par le heros. Lui-meme doit etre en pantalon de concert noir et chemise a la Beatles et, a un moment donne, arborer la toge d’un philosophe grec antique.
A propos, les remarques scabreuses du genre “il chie”, etc., il doit les donner lui-meme sans pour autant executer les details naturalistes en question a la Stanislavski. Le spectacle doit se terminer par un choeur puissant chantant l’“Ode de la Liberte”…
Derriere la scene, il faut installer deux ecrans ou de temps en temps sont projetes les diapos des peintures de Caravage (garcon au luth), Leonard de Vinci, Glazounov (jeune prince Dimitri la gorge tranchee), etc. J’entrevois une foule de couleurs et de possibilites pour presenter cette piece de facon a l’expurger de tout le superficiel qui accroche tant l’attention du spectateur et qui doit s’estomper et se dissiper degageant l’essence si profonde de l’oeuvre qui nous parle de la Grande Tragedie de l’Humanite - et non point d’un seul pays – en tant que nature humaine alteree par les horrifiants regimes totalitaires, par toutes les autres especes du Mal imposees par l’Etat lorsque, sous pretexte de rechercher la prosperite, des millions d’humains sont sacrifies et d’autres millions transformes en assassins, puis a leur tour - en victimes, suivant ce meme cercle vicieux.
Toute ma vie durant j’ai ete avant-gardiste, non-conformiste, or le temps est venu ou l’on se doit d’evoquer les themes les plus douloureux – autrement, on risque de disparaitre en tant que genre humain s’etranglant dans nos propres sang et convoitise.
Pour moi, les pieces de Volokhov n’appartiennent guere au theatre de l’absurde de Beckett, Ionesco et ainsi de suite. Et je m’en rejouis. A mon sens, elles sont tres russes. A vrai dire, leur appartenance a la tradition dramaturgique et litteraire russe dite de “philosophie concrete” est encore une revelation surprenante de Volokhov. Car rien de plus facile que de se dire: en voici encore un de ces auteurs de la “semi-emigration”, tres profond, tres
interessant, mais somme toute, vous savez, d’esprit si europeen… Bien au courant de ceci-cela, connaissant meme le grand Ionesco en personne. Eh bien, le fait d’appartenir a la culture et a la dramaturgie russe est une autre revelation qualitative que nous reserve cet auteur. Parce que, depuis Tchekhov, le theatre russe est pour ainsi tres appauvri et ne nous a menage pratiquement nulle decouverte. D’autant plus, a present. Tandis que Volokhov, lui, par sa portee philosophique fondamentale absolue, surclasse en ce meme present mais au score de l’eternite des figures telles que Beckett,
Camus, Ionesco, Sartre, etc.
En cotoyant quasi quotidiennement des gens de grand talent, l’on ne se rend pas toujours compte que, disons, cet homme en chemise a carreaux et en jean est l’egal des grands dramaturges du passe (je le dis sans ironie aucune, tres serieusement). Et je suis sincerement persuade que la valeur de Volokhov n’est aucunement inferieure a celle de Corneille, Schiller, Sophocle, Shakespeare. Et je n’ai point ete etonne lorsque apres ces mots, Volokhov m’a appris que Bernard Sobel, le grand maitre du theatre francais, lui aussi, avait monte a Paris “Cache-cache avec la mort” comme volet d’une trilogie
 
composee en outre de “Cerisaie” de Tchekhov et de “Marie” de Babel, voulant souligner ainsi la valeur de la dramaturgie de Volokhov.
Dans la vie, j’ai connu bien des gens de talent et pour beaucoup j’ai meme deploye pas mal d’efforts pour les lancer. Mais c’est la premiere fois de toute mon existence que j’ai rencontre la un theme et un talent qui me semblent dignes de tous efforts et tous eloges.


Anatoli BROUSSILOVSKI








8)

PARIS! PARIS!

de Mikhail VOLOKHOV
 
 



Texte francais :
Rene Guerra


Personnages :

Pivot (jeune tolard)
Globe (vieux tolard) Lieu d'action : toit d'un wagon de marchandise De nos jours


C'est l'hiver. La taiga. Le toit d'un wagon de marchandise. La nuit. La lune et les etoiles brillent. On entend le fracas des roues d'un wagon de marchandise sur le ballast. Le train roule. Sur le toit du wagon est allonge un prisonnier qui repond au surnom de Pivot. Sous sa tete, lui servant de coussin, un petit baluchon.

Pivot (chante) - La locomotive vole dans la taiga, Vole, on ne sait ou...
Moi, jeune garcon, je me suis fait passer pour un filou et un voleur. Et s'en etait fini pour moi de la liberte.

Un vieux prisonnier de droit commun repondant au surnom de Globe se hisse sur le toit. Il tient un baluchon.

Pivot (ayant vu Globe) - Putain de merde, va t'faire foutre.

Globe - Sh'uis des tiens, artiste.

P. - Alors, how do you do.

G. - Ce train, il va ou?

P. - A Paris, putain, vers la liberte.

G. - A Paris, putain, vers la liberte. C'est justement ce qu'il me faut.

P. - Alors, viens, petit-pere, sur notre banquise. Quel est ton p’tit nom ?

G. - Globe, putain, c'est comme ca qu'on m'appelle.
 
P. - J'ai entendu parler d’un Globe, un specialiste des coffres-forts.

G. - C'est bien ca.

P. - J'ai entendu aussi dire que ce Globe, le specialiste, est une tapette.

G. - Paris dira ou est la verite.

P. - Ou trouveras-tu, putain, a Paris cette chienne de verite?

G. - Ah, si je savais ou la trouver, je ne chercherais pas.

P. - Et bien, petit-pere, on va faire un bout de chemin ensemble.

G. - Mon tres cher, comment dois-je m'adresser a toi?

P. - Pivot, petit-pere, Pivot, et non Epingle, merde.

G. - Pickpocket de renom?

P. - T'as donc entendu parler de moi ?

G. - Notre monde des droits communs est elitiste, il est donc ferme, mon cher petit Pivot.

P. - Comme mon nom sonne bien dans ta bouche. "Petit Pivot" - quel son merveilleux, mon glorieux cambrioleur! J'aime la beaute, comprends-tu?

G. - Sans aimer la beaute, on n'arriverait pas a la voler. Si le fric ne faisait pas partie de la beaute, quel sens y aurait-il de le faucher, frangin?

P. - Petit-pere, sacrees sont tes paroles, tu es Ciceron tout crache. T'as donc entendu parler du petit Pivot! C'est agreable.

G. - Les surnoms de telle qualite restent sur les dents, telles des couronnes d'or. Ceux qui entendent Mendelsson et Chopin dans les coffres-forts et qui les entament sans faire du bruit, sont les rois - c'est comme ca la vie.

P. - Et a ceux qui se sont fourvoyes - la mort!

G. - La mort ne vient pas, mon frangin. Longtemps je l'appelle tout haut, je fais mes incantations pour elle tout bas, mais la mort ne vient toujours pas. Mais je n'ai jamais ete un chien. Je n'ai jamais vendu aucun des notres. Ce chacal, Faux Veston, m'a colle cette reputation de chien, car j'entends mieux que lui la musique des coffres-forts. Il etait jaloux de moi comme Salieri etait jaloux de Mozart. Comme Salieri de Mozart, te dis-je, il etait jaloux de moi, pas moins! (Il pleure).
 
P. - Allons, petit-pere, ne te tracasse pas pour ce minus, pour ce putain gandin de Veston. Je le connais ce petit pede minable de Veston, putain, je le connais en personne. Ce n'est qu'un miteux, ce Salieri-Veston, crois-moi.

G. - A l'etape, quand j'etais couche sur les planches tout seul, sans mes potes, ce Veston a reuni une assemblee. Il n'y avait que ses potes dans la baraque. Et la, ils m'ont colle cette etiquette de chien. (pleure).

P. - Sois pas triste, petit-pere, seche tes larmes ameres. C'est quand meme a Paris qu'on va! La bas, les marronniers sont en fleurs au printemps. Et sur les berges de la Seine se promenent les amoureux enlaces. Et qui s'embrassent, qui s'avouent leur amour sans limites. Et ils s'embrassent de nouveau, et ensuite ils baisent, putain.

G. - Mon petit Pivot! (il prend Pivot dans ses bras et fond en sanglots). Mon preux, merveilleux!

P. - Mon petit Globe, petit-pere, qu'est-ce que tu as?

G. - Je veux partir pour Paris, mon rossignol!

P. - Et bien, nous foncons vers Paris, mon cheri.

G. - Mon fils bien-aime, mon merveilleux petit Pivot!

P. - Et nous arriverons a Paris, mon petit-pere, et nous le taterons. Et nous le baiserons, ce petit Paris!

G. - Mieux vaut baiser une fois que de tater cent fois, mon gentil garcon. Qu’en penses-tu?

P. - Toutes les verites de tous les dieux universels se recoupent sur cette verite la plus eclatante, la plus sexuelle, sur cette etoile de l'univers, petit-pere. S'il faut baiser, que ce soit une reine.

G. - Ton eloquence, mon prince, est celle d'un roi. Et quelle reine royale as-tu ciblee pour baiser a Paris?

P. - Celle qui porte un petit chapeau, une etrangere, la reine d'Angleterre!

G. - Avec son petit chapeau! La reine d'Angleterre!!! Mon fils!!! Et pourquoi une etrangere, oserais-je demander?

P. - Car a Londres la reine d'Angleterre ne quitte presque pas son chateau, rivee a lui comme a son clou. Et moi, je n'ai besoin de la baiser que quelques heures par jour. Pas besoin qu'elle me baise la cervelle le reste du temps.

G. - Mais toi, putain, tu es un veritable Lenine ! Toi, qui sais tout clouer, ou plutot tout perforer aussi correctement, tout prevoir a fond. Je suis fier de toi (l'embrasse}. Je nous vois deja tous les deux a deux bites lui defoncer son cul anglais.
 
P. - Sorry, petit-pere, je ne vois pas ca comme ca. La cohesion de deux bites dans un cul anglais, putain, je ne la remarque, pas, bordel! Je veux enfiler la reine d'Angleterre tout seul, sans ces partouzes perverses.

G. - Pardonne-moi, je voulais seulement te faire plaisir. Pour que ce soit plus sexuel pour elle et toi, dans votre court-circuit royal. Crois-tu qu'avec ma vieille bite flasque j'irai te barrer le chemin vers le petit cul anglais au petit chapeau?

P. Et toi, que ferais-tu au moment ou ma bite penetrera dans son cul anglais et s'immobilisera un instant et commencera ensuite les mouvements glissants a fond jusqu'aux reins et remontera vers l'ouverture du paradis de son cul royal ? Et ensuite, quand je commencerai a lui bourrer la connasse jusqu'a la vessie, putain? Pour qu'elle hurle des saloperies, et en russe s'il vous plait! Je lui apprendrai. Et ensuite - dans la gueule, et y finir. Et de faire jaillir le sperme sur sa tronche, dans ses yeux! De lui barbouiller de sperme toute sa gueule! Et de se rejeter ensuite en arriere, putain, sur le canape, d'allumer une clope, de boire un verre de vin, de bavarder un peu avec la reine des choses importantes : peut-etre signer quelques arrets de mort ou de gracier quelqu'un. C'est comme ca que je l'entends. Et apres, putain, l'enchainer cette salope anglaise a une planche cloutee, la fouetter avec un martinet et la baiser, baiser, baiser!!! Comme c'est de coutume chez eux, dans cette Occident de bordel de merde. Apres quoi elle n'a qu'a retourner a Londres pour 4 jours ou 3 ou 2, en fonction du desir de la bite et du con. Je suis tout de meme conscient que les genisses royales anglaises sont reglees de la meme facon que nos putes de baraque. Qu'avec ses regles, elle ne bouge pas de Londres! A Paris les petites francaises ont aussi envie de baiser, il ne faut pas les vexer, et nous n'allons pas le faire ! Alors, mon vieux, que vas-tu faire, putain, avec ta bite flasque? A part la baise, qu'ont-ils d'autre comme passe-temps la bas, je ne sais pas. Iras-tu bosser comme bourreau?

G. - Pourquoi pas bourreau, putain ? C'est divertissant! Mais ecoute, ne serait-il pas mieux si on me designe pour surveiller leur fric parisien en devises ? Je ne le quitterais pas des yeux! Leurs specialistes de coffres-forts sont tous des Mozarts! Il faut ouvrir l'oeil et le bon, putain. T'as eu du bol de me rencontrer, putain, pour tes affaires royales au petit chapeau a Paris. Voila ce que je vais te dire.

P. - Laisse-moi seulement lui bourrer le cul, putain de merde, et des que j'aurais retire ma bite, tu peux deja te considerer, putain, ministre des Finances.

G. - Putain, de putain de bordel de merde !.. Et si tu te cognais d'abord la reine d'Angleterre, pour que leur baise anglaise avec l'amour veridique russe, l'amour a coup de bottes soit case, les papiers en regle, la-bas, a Paris!

P. - T'es maboule, elle crevera au premier coup de bottes, ah ? Et si elle creve, putain, adieu a tous nos reves, Globe.

G. - Mais pourquoi l'achever. T'as qu'a la cogner legerement. Brosse-lui la gueule pour qu'elle brille comme une botte ciree. Pour qu'elle tombe d'elle-meme sous la bite, en position de levrette, le cul en l'air, il faut lui fracasser les reins, tout simplement. Mes putes, c'est comme ca que je les mets en condition. A ton age, bien sur, je le faisais avec
plus de precision. Des qu'elle commence a cracher du sang, enfonce-lui ta bite dans la glaire chaude! ! !

P. - Ecoute, Globe, bien que moi, j'ai moins vecu que toi. Si ma jument anglaise, putain, se met a cracher le sang - car elle n'est pas comme tes putes des camps - elle va crever au premier coup, c'est comme ca que je l'entends. Morte, je pourrai la baiser, evidemment, la question n'est pas la. Mais une fois dans le cercueil, elle ne te fera pas ministre du Tresor, et mon ascension vers le pouvoir sera stoppee net. Remue un peu ta cervelle, pense un peu a toi, puisque tu chies completement sur moi.

G. - Sois magnanime, mon petit Pivot. Je suis devenu completement dingue de bonheur a l'idee que le poste de ministre du Tresor, putain, va me tomber comme ca dans leur royaume parisien. Tu me connais si peu en tant qu'homme, et tu me proposes un poste a responsabilite, putain, et a l'etranger, en plus !

P. - Tes yeux doux m'ont touche le coeur, mon petit Globe.

G. - Aux Finances nous ferons l'amour. Et les Finances nous rendront pour notre bonte, avec amour, et avec des taux d'interets bien ronds, putain, bien amoureux. Et pour ce qui est des putes, ne t'en fais pas, je t'en fournirai a la chaine, hors programme, en supplement, puisqu'il faut garder le vie a la bonne femme anglaise. Et soit dit entre nous, salopard, veux-tu de moi recevoir un conseil, beau jeune hommå?

P. - Je suis tout oui. Profere!

G. - Toi, avec ta bite tel un pylone vertical, putain, tu peux vite la ressusciter, cette salope, lorsque ton boyau tu enfonceras dans son boyau. Et bouche a bouche, boyau contre boyau, et de nouveau la vie dans la merde, comme dans l'engrais, refleurira. C'est en ce moment qu'elle t'aimera, cette pute, royalement, bien a l'anglaise. Ca sera un veritable conte de fees!

P. - Ca sera comme dans un conte, petit papa, merci pour le conseil, je te suis redevable.

G. - Laisse tomber, pour toi tous mes conseils je les prodigue a l'oeil. N'en parlons plus, ce n'est que vanite. On verra apres. Faut penser a l'eternel, au spirituel. Faut contempler les etoiles les yeux grands-ouverts. Et voir Dieu la-haut, dans les constellations. Le remercier d'avoir vecu, d'avoir vu les etoiles. Regarde, on est en train de galoper vers Paris pour baiser la reine anglaise, tandis qu'on aurait pu ne pas venir au monde.

P. - Comment sans toi aurais-je pu tout seul aller a Paris, je ne sais plus maintenant. En ta personne le vrai bonheur m'est tombe du ciel!

G. - Vois-tu, j'ai apercu un homme bien qui voyage tout seul vers Paris pour se divertir de sexe anglais, et l'idee m'est venue de m'associer a lui, ne serait-ce que pour lui tenir la chandelle...

P. - T'as agi de facon raisonnable, tres raisonnable. Vois-tu, ca fait des semaines que je me tire de la tole et il ne me reste a bouffer qu'une boule de bouffe humaine. Et du coup,
 
Dieu m'envoie un homme royal pour agrementer mon chemin vers Paris et pour oublier la bouffe terrestre et ne penser qu'a la nourriture spirituelle!

G. - Merci de tes bonnes paroles, mon petit Pivot.

P. - Merci pour ce que tu es, mon petit Globe.

G. - Tiens, ne me fais-tu pas un peu la cour comme a la connasse anglaise?

P. - Mais n'est-ce pas agreable, mon cheri?

G. - Tres agreable, comme dans le petit jardin de Luxembourg sous le beau soleil sur l'herbe, aussi agreable que le chant de Joe Dassin.

P. - Comme tu sais merveilleusement bien tout ce qui concerne Paris et tous ces Joe Dassin au petit jardin de Luxembourg!

G. - C'est a cause de ca que les bonnes gens m'ont traite de Globe.

P. - Mon petit monstre cheri (il caresse Globe sur la tete). Il est peut-etre temps de te faire la peau en guise de bouffe divine. Ou bien veux-tu encore vivre?

G. - As-tu besoin de moi mort a Paris?

P. - J'ai besoin de toi, mon cher, vivant a Paris, continue donc de vivre.

G. - Avec quel grand amour tu me contemples, je pete les plombs!

P. - Avec ce grand amour je peux te baiser jusqu'a ce que tu petes les plombs jusqu'aux etoiles!

G. - Et tu ne vas pas me cogner a coups des bottes dans les reins en guise de preliminaires?

P. - Tu te soucies de ta sante, espece d'egoiste?

G. - L'egoiste veut vivre, putain, non seulement pour lui.

P. - Mon petit moustique, putain, mon petit pelican. Et en quoi, dis-moi, un tolard est pire qu'une putain de moustique qui veut vivre, a tel point qu'il n'est pas gene de se bourrer la panse avec du sang humain?

G. - Quelles verites absolues tu proferes, moi tout simplement je degouline d'une menstruation amoureuse.

P. - Amen?

G. - Un million d'amen, bordel de merde!
 
P. - Et que diras-tu d'un million de pipes?

G. - Mon ame uterine, mon unique! (il serre Pivot dans ses bras).

P. - Si tu te mettais a quatre pattes et si tu baissais ton calecon de ton plein gre, alors je ne te cognerais pas a coups de bottes dans les reins et je prendrai soin de ta sante de ministre en te baisant la maintenant.

G. - Comme la reine d'Angleterre, Pivot?

P. - Comme la reine d'Angleterre, petit Globe. Allez, baisse ta culotte!

G. - Ce n'est pas un probleme mondial. ( il baisse son pantalon et se met a quatre-pattes devant Pivot). Mais je j'en prie, cheri, applique-toi, baise-moi dans le cul comme une reine anglaise. Peux-tu te representer que ce n'est pas mon cul devant toi, mais une chatte vaporeuse anglaise?

P. - On va se representer le spectacle, et toi, ferme ta gueule/ (il pointe sa bite sur le trou du cul de Globe) Oooh, non! Va te faire foutre! Globe! tu pues tellement la merde! (il fait, un bond de cote) Va representer ici avec toi un spectacle, connard ! Heureusement on est a l'air libre! Une puanteur de merde de plouc detruit tout l'amour fabuleux, peux-tu realiser, vieux con, cette simple verite ? Aupres de moi tu postulais pour etre mon ministre tel un homme adulte et sense, et tu avais le cul tout degueulasse comme un mome merdeux, putain! (il cache sa bite dans le pantalon)

G. - (il enfile son froc) Mais ca fait des semaines que je cavale a travers la taiga. Ou veux-tu que je me lave ? Dans la foret?

P. - Et tu ne vois pas, putain, la neige sous tes pieds?

G. - Mais j'ai l'habitude de me laver qu'a l'eau chaude. C'est pour ca, putain, que je me propose d'etre ton ministre!

P. - Je ne sais plus maintenant, putain, quoi faire de toi, un tel merdeux!

G. - Mais je le laverai mon cul, putain, une fois a Paris, et on baisera a volonte, j’en reponds de ma vie, je te promets.

P. - Mais a Paris c'est la reine que je baiserai, a Paris ! J’en n’ai rien a foutre de ton cul, et de toi avec ton cul merdeux, je n'en ai rien a foutre a Paris!

G. - Ben, a Paris je peux te fournir des pages tout jeunes pendant que la connasse anglaise ira periodiquement a Londres pour eructer ses menstruations.

P. - Ce serait sympa de faire la chasse aux pages a travers Paris avec sa queue.

G. - Tu peux considerer, que tu as deja recu, grace a ma personne, des pages par wagons a Paris.
 
P. - Et bien, putain, je te remercie.

G. - L'essentiel, c'est de trainer le boulet presidentiel a Paris tel un batelier de la Volga, pour meriter la confiance du con de la reine anglaise sur ce point essentiel, et alors les pages te tomberont du ciel tels les gouttes de pluie sur la statuette d'Eiffel comme sur une bite geante de ma geniale creation.

P. - Je trainerai le boulet du president, sois tranquille. J'ai vu tout recemment a la tele, putain, avec quelle cervelle de merde les gens presentent leur candidature a la presidence de Russie et je te dirai, putain, sincerement, mon frere, qu'avec ma cervelle baiseuse je la leur baiserai cent fois.

G. - Et avec ta bite, putain, en supplement.

P. - C'est justement ca que je veux dire!

G. - Toi, putain, tu es un homme naturel, putain, un homme divin, c'est tout. Je n'ai pas d'autre comparaison. Tu merites de ressusciter par le cul la reine anglaise. Et dans la gueule on peut lui enfoncer la bite pour la resurrection finale. Toi, en tout cas, avec tout cela, tu seras surement ressuscite!

P. - Evidemment, car je ne suis pas egoiste comme toi, putain, et si j'ejacule dans sa gueule, ce n'est que pour sa resurrection.

G. - Je veux dire, qu'apres la baise, il faut rester vivant, pour que le lendemain la baise puisse reprendre de plus belle, putain, dans le fauteuil presidentiel.

P. - Ca, c'est un conseil ministeriel, putain. Tu peux parfois pondre une idee quand tu as une approche responsable de la question. Quel est ton nom laique?

G. - Mes parents m'ont baptise Anton.

P. - (chante) - a trouver
(P. et G. chantent ensemble)

G. - Oh, putain, l'enfance aux caramels mous et des pickpockets! Et toi, comment on t'a appele au berceau ?

P. - Illitch. Tchaikovsky. Piotr. Et toi, putain, tu es alors Pavlych Tchekhov, bordel? Puisque tu es Anton ! Puisqu'en Russie tu es ne comme tout le monde!

G. - Tu raisonnes, putain, tout simplement en president. On le baisera, ce petit Paris, le tout c'est d'y arriver. A deux, on le baisera, putain, de facon classique. J'ai confiance en toi. Et lorsque j'ai confiance en quelqu'un, je le sers de toutes mes tripes. Et ma pensee ministerielle pour lui s'eclaircit de plus en plus.

P. - Excuse-moi, putain, Pavlovitch Tchekhov, bordel de merde, Anton, de ne pas t'avoir baise de facon feerique. Mais ton trou du cul puait vraiment trop la merde, a faire gerber de tout mon etre.
 
G – Laisse ! Entre nous, les aristocrates, il ne peut y avoir de malentendus. Tu baiseras, t'auras le temps. On baisera. La vie devant nous, tel le cul face a la bite. Le tout c'est qu'on bande de notre vivant. Et des que je me rincerai le cul dans le petit bain chaud parisien, enfonce-moi sans crainte ta bite dans le cul, il n'y aura plus de puanteur de merde. Quant a la princesse anglaise, il vaut tout de meme mieux la ressusciter par le cul avec ton petit tube succulent. Car suite a la resurrection orale, elle peut tout simplement suffoquer, la salope. Mais selon les circonstances tu verras toi-meme, dans quel trou caser le petit. L'essentiel, c'est, quand tu t'installeras dans le fauteuil presidentiel, de ne pas m'oublier, moi, ton vieux branleur. Et alors fais de moi le ministre du Tresor et des coffres-forts, selon ma specialite. Et tu n'auras pas de problemes speciaux pour ce qui est de la baise.

P. - Tres important de caser chacun selon sa specialite, mais allons-nous vraiment a Paris, putain, Globe?

G. - L'etoile polaire, semble-t-il, est a sa place. (Il montre l'etoile polaire)

P. - A quelle place? (Il regarde le ciel)

G. - A la queue de la petite ourse. Regarde les yeux plisses. Alors, putain, tu verras les fleches indiquant la route de Paris.

P. - Au moins le cosmos ne cherche pas a nous baiser dans ce monde lunaire spirituel et froid. Veux-tu casser la croute, petit-pere? Sinon nous n'arriverons pas vivants a Paris. Nous mourrons geles de faim sur le toit, putain, de ce wagon de marchandise de merde.

G. - Ecoute, c'est une idee presidentielle ! J'ai tellement le cul gele que j'ai failli oublier. Et de la a la gangrene du cul ... Merde, crever d'une gangrene de cul, putain !..

P. - Y aura-t'il a bouffer dans ton baluchon, espece de gangrene?

G. - (sortant du baluchon une tete humaine) - Ben, vois-tu, il ne me reste qu'une petite boule humaine. Toi, tu consommes des surgeles de temps en temps ? Je me suis tire de la tole avec un bleu, je crois que je suis tombe sur un Ukrainien biologique. Il en reste encore de lui quelque chose, comme une tete.

P. - Nous sommes, petit-pere, tout simplement des ames-soeurs (il sort de son baluchon une tete d'homme), sans parler des estomacs. Moi aussi, je me suis tire avec un bleu, putain, un pauv’ type. Les citadins sont tous, putain, empoisonnes par le gaz d'echappement et par toutes ces saloperies urbanistiques.

G. - Paroles sacrees, Pivot, mon president. Et bien, mon malheureux petit Simeon, mon Ukrainien poilu. (Il embrasse sur la bouche la tete "surgelee", ensuite lui croque les levres et le ?) Comme il m'aimait, putain, mon petit Simeon, le malheureux. Et moi, je l'aimais et je l'aime toujours autant (Il arrache le nez de la tete et le mange). Ah, mon doux congele! Pourquoi ne manges-tu pas, petit Pivot? Veux-tu gouter a mon petit Simeon?
 
P. - Merci, putain, petit-pere, j'ai mon propre petit Eiie congele. Pour la derniere fois, merde, j'admire ses traits. Ma petite fraise des bois, ma petite baie sauvage. (Il embrasse la tete sur la bouche, lui croque les levres et les mange). Pour ce qui est de la conservation de la viande, il est sans doute preferable de se tirer pendant les gels.

G. - Tu parles! Sans aucun doute. Fais honneur a mon petit Simeon tant qu'il en reste encore, pour varier ta table. (Il croque l'oreille de "petit Simeon" et la donne a Pivot).

P. - Je te remercie vraiment beaucoup, petit-pere. (Il lui prend l'oreille, croque a son tour l'oreille d'Elie el la tend a Globe) Et toi aussi, prends ca et bon appetit.

G. - Tu m'as tout simplement honore - un tel regal des mains du president! (Il mange l'oreille)-Ca fond dans la bouche, putain, tel le sperme d'un jouvenceau, bordel de merde!

P. - Et ton petit Simeon aussi est du premier choix.

G. - En nous tirant, nous ne faisons pas de provisions de merde. Mais avec quel amour me baisait merveilleusement mon petit Simeon! Que veux-tu, je ne bande plus a mon age, mais j'ai encore une si forte et si perverse envie de baiser!

P. - Quand il s'agit, putain, de vrai amour, quel difference, bordel, entre a qui est la bite et dans quel trou de quel cul elle s'enfonce. Si l'on examinait de pres cette question du cul et de la bite du point de vue de l'amour, putain!

G. - Mais c'est bien ca! A qui pourrait-on expliquer, putain ? Qui l'entendra ? Il n'y a que des connards, bordel, espece de pieux pourris, rouilles, putain ! Il ne faut pas rever de leur passer par dessus, ils t'enfonceront toute leur gangrene dans le cul, tel un pivot.

P. - Que dis-tu? Un pivot? Toi, petit-pere, ministre de merde, me semble-t-il tu as crache la une espece de gangrene?

G. - Je parle dans le sens ou pivot n'est qu'un qualificatif, quand aux pieux et la gangrene, c'est le substantif, et c'est de la que je parle. Je parle de connasse puante, non point de la connasse anglaise, de la bite gangreneuse des pieux et non du pivot. Les pivots, ils fixent les rails du chemin de fer sur lequel nous foncons vers Paris. Les pivots, ils ont des proprietes spirituelles, leur essence dans la nature est substantielle.

P. - Fais gaffe, Globe, dans les virages de la creation des mots, putain !

G. - Excuse-moi dans la grandeur de ton ame, mon petit Pivot, mon gentil Pierrot Tchekhov, mon president. C'est le diable qui m'a fourre ce mot pivotant dans mon discours de pieux.

P. - Mot pivotant ! Toi, putain, tu te fous completement de ma gueule?

G. - Je ne sais pas, putain, comment je fais un amalgame entre pieu et pivot. Je ne veux pas, mais le mot colle de lui-meme, je te jure, mais dans mon ame je t'aime, Pivot, je te respecte, putain, comme un Dieu, bordel de merde.
 
P. - Mais quand meme, espece de connard encule, il faut connaitre les bornes. Surtout que tu as decide de t'introniser ministre, putain, va te faire foutre!

G. - Ne t'inquiete pas, je vais en tenir compte. T'enerve surtout pas, tu ne dois pas gaspiller ton energie nerveuse. Plutot mange encore un tout petit peu, veux-tu? (Il arrache avec les dents l'oreille de la tele de "petit Simeon" et la donne a Pivot). L'amour pour le president est veritable, il loge dans l'estomac.

P. - Toi, putain, espece de seducteur de merde! (il prend l'oreille et la mange) Vraiment, il est fort succulent, putain, ton Simeon. Tu t'y connais, putain, dans les gens, Globe.

G. - C'est pour toi si je m'y connais ! C'est pour Paris.

P. - Je ne veux qu'une petite chose : ressusciter le cul anglais pour le bien, de tous, putain, pour le bien de ce monde perdu de bordel de merde ! Et je vais y mettre, putain, toute l'energie de mon corps. Mais on appreciera que dalle, putain, a l'altruisme de ma bite, merde! L'humanite est ingrate vis-a-vis de ses ressusciteurs!

G. - L'ingratitude, il faut la depasser et ressusciter le cul et le jour et la nuit, putain. Tel est ton destin. Pas simple. Repare tes forces, putain, en mangeant encore ce bout de langue fort en calories. (Il arrache avec ses dents la langue au "petit Simeon" et la donne a Pivot).

P. - Je te remercie, petit-papa de ministre, j'te remercie. (Il mange la langue} Bien nourrissant et succulent, il n'y a rien a dire.

G. - Comme on dit, putain, - cuisine-maison (II brise le crane de "petit Simeon" contre le toit du wagon). Et que diras-tu pour ce qui est de gouter de la cervelle? (Il tend a Pivot de la cervelle).

P. - Qu'est ce que tu me gates, petit-papa! (Il mange le cerveau de "petit Simeon") C'est comme une baguette de pain blanc, putain, c'est comme du miel! Et la cervelle de petit Elie on va aussi la briser en deux (Brise le crane de "petit Elie" contre le toit du wagon). Accepte, petit-pere, ce morceau vivifiant. (Il donne a Globe un morceau de cerveau).

G. - Merci beaucoup! (Il mange le cerveau). Je vais te dire que ta cervelle, petit Pivot, jamais je n'en ai goute une telle depuis ma venue au monde!

P. - Avec l'energie de la cervelle ma bite se met tout simplement a dechirer mon froc. C'est la qu'il me faudrait, putain, la reine d'Angleterre, le cul en l'air.

G. - Avec quel homme, putain, je vais a Paris, chers camarades! Si je le racontais, personne ne me croirait.

P. - Je veux la reine anglaise le cul en l'air (il fond en sanglot)
 

G. - Oh, que je te comprends et je compatis, putain, bordel de merde! (Il sanglote et prend Pivot dans ses bras). Mais il n'y a pas ici sur notre chemin de reine d'Angleterre, c'est comme si c'est ma faute qu'il n'y a pas cette salope de reine anglaise sur notre chemin! (il fond en larmes). Mais a Paris, je te promets, que je te trouverais de la cervelle humaine, et la ta bite geante se dressera, putain, pour honorer la reine anglaise, sois sur.

P. - Tout de suite je veux le petit cul de la reine, tout de suite!! Tout de suite!!! (sanglots)

G. - Putain de con, bordel, putain de merde, il n'y a pas de "tout de suite"!

P. - Et toi, tu fais couler comme une douche froide par ce froid siberien de surcroit!

G - Mais que veux-tu, putain, que je fasse? Je ne peux tout de meme pas accoucher d'une reine d'Angleterre ici, maintenant, en Siberie, sur le toit de ce foutu train de marchandise ! Je n'ai pas eu ce don de la nature, je ne suis pas un magicien, un
Andersen, putain!

P. - Mais du moins accouche d'une simple idee ministerielle, puisque tu te proposes de faire le ministre chez moi!

G. - Oh, putain ! Oh, putain ! Oh, putain ! Mais sais-tu bien te branler?

P. - Je ne m'en suis jamais prive. Qui en tole ne sait pas s'branler!

G. - Alors, branle-toi, ferme tes petits yeux, dans ton ordinateur imaginaire dessine-toi le cul royal et moi, je t'aiderai en te faisant une pipe.

P. - En me faisant une pipe, tu m'as dit? Alors, allons nous entraider mutuellement avec ta pipe. (II sort sa bite de sa braguette et ferme les yeux).

G - Alors, on y va, camarade president?

P. - Allez, suce-moi la bite, premier ministre, sinon ma bite presidentielle va prendre froid.

G. - J'y vais, j'y vais, ma chere. (11 se met a sucer la bite de Pivot).

P. - Oh, putain, bordel de merde, oh, que c'est bon, mon petit moustique... Aaaah! va t'faire foutre! (il arrache sa bite de la bouche de Globe).

G. - Qu'est-ce qui t'arrive, mon garcon?

P. - J'aime bien, putain, lorsqu'on me la suce, mais ne n'aime guere que l'on me la croque, merde!

G. - Je me suis oublie, putain, excuse-moi, je me suis oublie. Apres la cervelle de petit Simeon, j'ai eu envie a nouveau de chaire humaine, excuse-moi!!!
 
P. - Allez nommer quelqu'un premier ministre, et cette saloperie te mord tout de suite la queue!

G. - Excuse-moi, Pierrot Tchaikovsky, Dieu m'est temoin, je ne voulais pas te mordre ta bite presidentielle ! Tu peux me traiter de pede, putain, si ce n'est pas vrai. Mais elle est vachement belle, ta bite, camarade president, bordel de merde!

P. - Allez, va t'faire foutre, je te laisse la vie, je te pardonne. Pour apprecier a sa juste valeur ma bite, je te pardonne, putain de merde, toi, mon impossible ministre, mon cannibale de pede, putain.

G. - Ta bite, mon petit Pivot, est hors de prix! Nous prendrons a l'abordage n'importe quelle reine anglaise. Des qu'elle verra ta bite de tempete, cette pucelle enculee se livrera sans bataille, sans bataille, je te dis, putain!

P. - Tout de suite je veux baiser la petite reine anglaise! J'ai un trop plein de sperme cerebral! Je ne peux plus le contenir, putain, je vais exploser, merde, comme une bombe a l'hydrogene ou une bombe spermatogene! Allons, putain, nous branler normalement, comme tout le monde, putain, sans s'arracher la bite avec les dents!

G. - D'accord, mon cher ami, ferme vite tes petits yeux!

P. - (II ferme les yeux) Fermons vite les petits yeux!

G. - Et maintenant, dessine dans ton ordinateur imaginaire la reine anglaise, le cul nu et les deux seins nus aussi. As-tu bien dessine? Reponds-moi!

P. - Bordel, je n'arrive a rien avec le dessin. Depuis tout petit, Globe, je ne savais pas dessiner, putain!

G. - Attends, je vais venir, putain a ta rescousse, ne t'inquiete pas, surtout ne baisse pas ta bite.

P. - Mais elle s'envole au ciel, ma bite, il n'y a aucun moyen de la retenir sur terre, putain!

G. - Au moins, le chateau royal tout ruisselant d'or, peux-tu le dessiner sur ton ordinateur?

P. - Le chateau, putain, il me semble, je l'ai dessine! (il commence a se branler).

G. - Et voila, tu decouvres en toi des talents!

P. - Putain, Globe, je decouvre!

G. - Maintenant dessine qu'au lieu du platre, putain, c'est des diamants, merde, qui tombent du plafond la-bas!

P. - J'ai dessine, bordel, la chute des diamants, putain!
 
G. - Et des petits robinets d'or, putain, partout s'ecoule la vodka, bordel de merde ! De la vodka transparente! Et des petits robinets d'argent jaillit, bordel, le Champagne!

P. - Putain, la-bas chez moi c'est une vrai inondation d'alcool qui commence!

G. - Et toi, tu la canalises vers un petit etang, cette inondation, sinon, tu vas t'y noyer, putain.

P. - Ca y est, j'ai dirige les flots vers un etang. Non ! Dans deux etangs je les ai diriges. Dans un petit etang c'est le Champagne, putain, qui petille, dans l'autre, la vodka fraiche se languit, putain!

G. - Et dans toutes les salles de la reine anglaise, les demoiselles de compagnie errent et se grattent la chatte a toutes les fenetres au soleil, putain!

P. - Oh! qu'est-ce qu'elles se grattent bien, putain! Quel bon premier ministre tu feras, petit-pere, a vu d'oeil tu grandis commun une bite a la vue du cul anglais, putain !

G. - Je suis heureux de te servir, de meriter ta distinction, sa majeste presidentielle! Et les jeunes pages ont commence deja a me caresser par derriere sur un tapis persan a cote du lit ou, putain, tu vas commencer a ressusciter avec ta bite dans son cul la reine anglaise.

P. - Je dirais pas non de baiser des petits pages. Pourquoi, Globe, tu m'as rogne ma part en pages ?!

G. - Mais les pages me baisent uniquement pour que tu bandes mieux pour la reine anglaise. C'est pour t'exciter qu'ils me baisent, les pages!

P. - Alors, qu'ils te baisent, les pages, je n'ai rien contre - et moi, putain, pendant c'temps-la, je vais, putain, les enculer, les pages!

G. - Et la reine anglaise, qui va donc la ressusciter, putain ? Pouchkine, putain de merde, Alexandre? Elle nous fera rentrer a nouveau en Siberie, si nous ne lui ressuscitons pas la chatte!

P. - Allez, petit-pere, elle ne peut pas nous faire rentrer en Siberie, morte comme elle est.

G. - Mais morte, elle ne pourra pas non plus faire de toi donc un president!

P. - Mais laisse-moi baiser les pages cinq minutes, petit-pere, mais cinq petites minutes seulement! Et ensuite je la ressusciterai, la reine d'Angleterre de ma queue en feu!

G. - J'ai l'impression que mes pages desirent d'abord te sucer ta tendre queue, si tu permets!

P. - Naturellement, je le permets! Mais qu'ils me la sucent, merde, dans l'ordre, c'est a dire, a tour de role, pour qu'il n'y ait pas de bagarre, pour qu'ils ne me l'arrachent pas avec les dents dans le tumulte!
 
G. - Je veillerai de l'ordre, seulement ferme fort tes petits yeux, putain, mon petit Pivot (il commence a sucer la bite de Pivot).

P. - C'est tout comme dans la realite, petit-pere, je jouis!

G. - Tu dis, c'est pas pour rien que tu m'as fait premier ministre?

P. - Oui, ce n'est pas pour rien, mon petit-pere, mon petit Globe de premier ministre!

G. - Et maintenant tu veux pas enculer les petits pages, mon tres doux?

P. - Oh! je veux, mon petit-papa, oh! je veux, mon cheri!

G. - (il s'assied sur la bite et se fait baiser) Es-tu bien, es-tu dans l'extase?

P. - Oh, c'est vachement bien, oh! c'est vachement extasiant!!! (il renifle}. Mais sa chlingue a nouveau partout ta merde, putain de petit-pere! N'as-tu pas chie de plaisir? (Il ouvre les yeux) Espece de pede, putain ! Toi, encule de Globe! Retire-toi de ma bite, espece de sale escroc! (Il repousse Globe). A peine tu fais de quelqu'un un homme d'etat, tout de suite il commence a profiter de sa position, putain, a des fins personnels, putain, egoistes! Moi, putain, je me sacrifie pour la cause commune, j'enfile la reine d'Angleterre, et lui, allez voir! Il m'a degueulasse encore toute la bite avec sa merde puante!

G. - Ce n'est que dans l'amour extatique que je t'ai baise, mon cher camarade president Pivot. Dans l'amour extatique que je t'ai baise. Quel premier-ministre serais-je, si par amour extatique, putain, pour mon president, je ne pourrais baiser le president lui-meme pour son propre bien du president!

P. - Si, putain, tu te fais enculer pour la moindre petite extase, il serait opportun de nettoyer d'abord ton cul avec un peu de neige! Sinon, putain c'est la deuxieme fois que je nettoie ma bite avec la neige. (Il nettoie sa queue avec la neige).

G. - Et bien, je peux tres bien te nettoyer la bite de ma merde en te la lechant avec ma langue, si tu le veux! Je ne te l'arracherai pas avec les dents, sois sur. Tout a l'heure, quand je te sucais la bite pour les pages, je ne te l'ai pas mordue, alors que j'aurais pu. Pour Paris j'ai besoin de toi vivant, reflechis objectivement toi-meme.

P. - Mais alors, c'est ta gueule qui va puer la merde. Comment pourrai-je discuter avec toi alors, premier-ministre?

G. - Alors, pardonne-moi au nom du Christ!

P. - Ce n'est qu'au nom du Christ que j'te pardonne, merde!

G. - Mais ta bite est en effet vachement bonne, putain, elle represente un cadeau inestimable pour la chatte anglaise.

P. - On verra bien qui est a qui et qu’est-ce que j'arracherai. Et qui mordra quoi.
 
G. - Si tu veux, je te preparerai le ragout avec des pages aux legumes et je te le porterai au petit dejeuner dans ton petit lit.

P. - De tels details au visage humain, mon petit-pere, j'adore.

G. - Moi, je sais, putain, quel homme trop humain tu es.

P. - Tu sais, putain, je ne sais pas comment dire, je veux meme avoir des gosses avec la reine, pour que tout soit comme chez les bonnes gens.

G. - Et tu ne crains pas de les manger, tes gosses a toi avec un grand amour, comme Saturne a mange ses rejetons?

P. - Tu crois, putain, je ne saurais pas me retenir, petit-pere?

G. - Il te serait trop difficile de te retenir dans une affaire aussi compliquee. Il faudrait te nourrir toutes les heures avec des pages. Mais, bordel de merde, je vais resoudre pour toi ce probleme. Si tout de meme tu bouffes un de tes enfants, n'oublie pas que la mere de cet enfant est la reine d'Angleterre. Elle serait tres fachee, putain, a cause d'un tel evenement anthropophage dans la famille, putain. Elle se vengera, la salope, en nous envoyant a nouveau en Siberie. Et pour nos relations commerciales avec elle, nos propres presidents nous boufferont, putain. Le monde est complique et tres petit, putain, mon petit Pivot. Partout il y a des barrieres, putain, partout des pieux se dressent.

P. - Que faire alors, dans ce cas, mon cher ami?

G. - Lecher la chatte anglaise avec la langue, et n'enfoncer la bite que dans la gueule ou dans le cul, pour que ton sperme ne soit pas noye dans la cannasse. Personne ne peut nous comprendre, nous autres, les pauvres cannibales, sauf nous-memes!

P. - Que je te comprends bien, putain!

G. - C'est justement de ca, putain, dont je parlais!

P. - Oh, on va s'faire baiser a Paris, on va s'faire bouffer des qu'on apprendra que nous sommes anthropophages, en Christ!

G. - II faut les depasser dans la baise et dans la bouffe, alors, putain, personne ne saura rien. Dans les tripes, la langue et le cerveau se transforment, putain, en simple merde!

P. - Oui, putain, telle est la mere-nature! Et ta cervelle, putain, vaut chere!

G. - Ta bite, putain, ne vaut pas moins!

P. - Faut faire gaffe de ne pas s'entrebouffer en essayant de se devancer.

G. - On ne peut pas s'entre-bouffer, mon cher. Un bouffera et l’autre sera bouffe.
 
P. - Je deviens dingue face a ta cervelle! Qu'allons nous faire, putain, les pauvres!

G. - II n'y a qu'a supporter, putain, qu'a supporter. Et foncer unis a Paris!

P. - T'as simplement une cervelle juive, petit-pere! Dans les camps on ne trouve plus aucun juif comestible. A quoi bon te mangerais-je, putain ? Je te le dis : un juif est plus comestible.

G. - En gros, la viande des juifs est moins contaminee. En gros, ils ingurgitent moins de vodka que nos freres russes. Il m'est arrive de m'evader avec des juifs et d'en gouter. Mais ou trouveras-tu maintenant un juif pour l'evasion, mon petit ? Il se sont tous barres a l'etranger. On est force de s'tirer avec des Ukrainiens. En plus l'Ukraine se separe, merde ! Et va chercher alors un Ukrainien, putain, pour la cavale dans une tole russe ! Et si l'on emigrait en Ukraine?

P. - Et bien, nous emigrons a Paris. On dit que dans leurs toles, les mecs, putain, ne sont pas pourris. Il y a assez de Juifs.

G. - Comme sous Staline, tu ne trouveras plus de Juifs dans aucune tole, putain, meme etrangere. Il faisait du lard avant la revolution. Mais sous Brejnev le Juif etait deja degueulasse. Et sous Gorby, putain de merde, tous les Juifs, putain, se sont evapores de nos toles. S'il n'y avait pas d'Ukrainiens, putain, moi, sans aucun doute, j'aurais creve.

P. - Qu'est-ce que tu racontes la, putain ? J'ai bouffe du Juif sous Brejnev ! J'ai eu une de ces intoxications, a peine je suis reste en vie. Je me suis fait soigner, putain, pendant six mois dans differents hopitaux. Et maintenant, ce n'est que des pauv’ types que je prends avec moi en cavale, putain.

G. - Et moi, putain, je me tire qu'avec des Ukrainiens, bordel de merde.

P. - Et si tu tombes sur un Ukrainien de Tchernobyl?

G. - Oui, mais je le questionne, putain, cet Ukrainien, avec lequel j'm'apprete a me tirer.

P. - Les questions, putain, c'est comme des cigarettes, elles terminent en fumee. En devancant il faut saisir le moment, vois-tu, putain?

G. - Devancer, mon cher petit...

P. - Et le globe doit tourner sur un pivot, qu'est-ce que t'en penses?

G. - C'est la verite que tu proferes la, mon cher garcon...

P. - II ne faut pas la proferer, la verite, putain ! La verite, il faut la faire. Recois, Globe, dans la peau un pivot, putain ! Moi, j'ai faim! (Il porte un coup mortel au ventre de Globe avec un gros pivot en metal).

G. - Bon appetit, putain, mon president de merde... (Il tombe raide-mort).
 
P. - Mon ventre a faim, un point, c'est tout! (Il coupe la tete de Globe, la fracasse contre le toit du wagon et mange le cerveau). Elle est mangeable, on dirait, cette cervelle de merde. (1l continue a manger) Ooooh! maman! maman!! Putain !!! (1l se saisit le ventre). Elle est empoisonnee, cette putain de cervelle humaine dans ce royaume russe de bordel de merde! Il n'y a plus rien, et c'est la fin... (Il tombe raide-mort).
FIN





On est bien, merde! – ou notre reponse a "Hamlet". (Sur le spectacle de M.Voloêhov «Paris ! Paris !»)



Quand le prince Hamlet a dit que le Danemark n’est qu’une grande prison, il ne pouvait pas ne pas accrocher les sentiments de notre fierte nationale. Et – c’est ce qui est facheux – il continue de le faire chaque soir sur les diverses planches theatrales du monde.
Et ce n’est point-la chose negligeable! Ici reside une question de principe - avec qui on est: avec Hamlet ou avec la Russie? Avec Popov ou avec Marconi ? Avec l’anglais Watt ou avec nos freres Tcherepanov?
Est-ce que Radichtchev, Tchernychevski, Dostoievski, Lenine, Staline, Korolev, Soljenitsyne (impossible de les enumerer tous) avaient purge leurs peines, que nos premiers poetes Pouchkine et Brodski ont ete proscrits et exiles pour qu’un quelconque prince danois ait le toupet de contester la priorite penitentiaire a la Russie ?!
Vous pouvez toujours courir, monsieur Hamlet, comme dirait sans doute notre president enclin – et probablement point fortuitement – a s'exprimer en argot.
Mais abandonnons un peu le president pour parler d’une figure bien plus modeste, mais non moins interessante – celle du dramaturge Mikhail Volokhov, et de sa nouvelle piece
«Paris ! Paris !», monte par Mikhail Salov et joue par lui avec Dmitry Petoukhov.
Qui, d’apres vous, sont les heros principaux et – pratiquement seuls – du spectacle ?
Devinez! Mais oui, des detenus de droit commun! Vous avez gagne...
D’aucuns diraient : «Eh bien soit … tel est le caprice de l’auteur, le choix dicte, pour ainsi dire, par un caprice de l'imagination».
Et moi je repondrais: il ne s’agit guere d’un caprice, mais d'un acte conscient de grande signification civique. C’est notre reponse a Hamlet! On rend ainsi le coup a monsieur Shakespeare.
Le sujet de la piece est le suivant: deux prisonniers, deux hamlets russes en cavale se dirigent vers Paris sur le toit d’un wagon de marchandises. Eh bien, du moment qu’ils sont des hamlets, ils philosophent. Et ils le font dans le langage principal de cette science des sciences – celui de la poesie, assaisonne epais de jurons de bas fond ce qui aussi est tout a fait a la page : aujourd'hui les sentiments qui nous etouffent sont si particulierement forts, et si enigmatiquement sombres les realites qui nous entourent que les simples mots ne suffisent guere.
Une evasion vers Paris – est aussi une idee traditionnellement russe. D’ou qu’on s’evade – des cours dont on a marre ou de sa femme qu’on ne peut plus gober, d’une maniere ou d'une autre c’est vers Paris qu’on court – celui, miserable, des casinos de Moscou, celui, onirique, des toxicomanes ou celui, touristique, petit bourgeois russe qui avec ses economies s’achete un tour d'une semaine a Paris, cette capitale du monde.
Or, Paris reste Paris justement parce que, au fond, il demeure inaccessible. Autrement, est-ce que c'est vraiment Paris?
Et la prison n’est point une prison si on peut s’en evader. Et ce n’est pas du tout les grilles solides et la garde vigilante qui comptent, mais le fait qu’on la transporte avec nous-memes partout – ou qu’on aille – comme l'escargot sa coquille.
Et peu importe que ses portes aujourd'hui – pour un moment historique – soient entrouvertes, la plupart des Russes ne songent guere a s'evader, pensant – fort raisonnablement – a quoi bon, si de toute maniere on sera force d’y revenir tot ou tard.
 
Et ce mot de Pouchkine «il y a longtemps, esclave fatigue, je songe a m’evader» – n’est qu’une figure rhetorique.
Et toutes nos conversations, y compris les mots – c’est du flan.
Il est temps de terminer. C’est l’heure du repas dans notre prison. On est bien, quoi, merde!
Et le public dans la salle du theatre rit aux eclats a faire tomber les lustres. Salut a monsieur Khodorkovski!

Lev Novojenov

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9)
 
Les lesbiennes du bruit de tsunami

de Mikhail Volokhov

Tragi-comedie

Personnages:
E l i e - la maitresse d’un millionnaire nouveau-russe
C a m i l l e - la maitresse d’un autre millionnaire nouveau-russe

Une ile solitaire au milieu du Pacifique
Le salon d’une grande et riche villa. Sur la scene on voit plusieurs tableaux. Ce sont les portraits d’Elie par Camille. Elie est peinte sur le fond de l’ocean, des palmes, des plages de sable. Mais surtout elle est peinte sur le fond des grandes vagues d’ocean. Un tableau est couvert d’un tissu blanc.
Le chant des oiseaux et la stridulation des cigales se font entendre. De loin on entend le bruit de l’ocean.
De nos jours

E l i e.
(*)Nombreux et solitaire comme un agneau dans la prairie Unique mais similaire a tous ses freres dans le ciel gris
Abreuvant dans son voyage toutes les terres et les pays Gracieux comme une rose qui le matin s’epanouit
Et leger comme la plume volant vers l’infini……
C a m i l l e. Tu m’enchantes par tes poesies dechirantes, mon amazone.
E l i e (elle arrache un cheveu de sa tete). Le cheveu de l’amazone est pareil a une lame de rasoir.
C a m i l l e. Il peut percer comme une aiguile, une lance, une fleche pour ... ressusciter... en Atlantide.
E l i e. Voir ta langue, la toucher - et je n’ai plus besoin d’une Altantide. Et les fleches, nous les ferons sortir du fond de nous-meme - tout juste comme Bouddha l’a enseigne.
 
C a m i l l e. Pour chasser les demons - pour se sauver. Tu es mon salut. (Elle embrasse Elie). Elie, regarde, l’ombre du palmier couvre les ongles manucures de tes pieds blancs de baisers tremblants et fremissants. Suivant la revolution magique de l’Univers l’ombre monte - plus haut, plus haut, encore plus haut - pour t’offrir toute sa fraicheur.
Et si tu restes, amazone, aussi fiere, autoritaire et severe dans ton immobilite, - en serrant passionement et chaudement ma tete ebouriffee et argentee par le sel de l’ocean dans tes bras de danseuse pareils aux ailes de cygne, moi, oh, moi j’introduirai ma langue chaude et soupirante dans ta fente magique, nue, odorante, sucree, innocente comme celle d’un bebe - pour reveiller le volcan eteint pour que le magma de la passion vivifiante bouillonne et ecume dans tes veines nerveuses et corporelles et pour qu’il y ait des eclairs dans les fibres soupirantes de mon corps et de mon ame..... et pour que des tsumamis, des tsunamis ne se fassent plus attendre pour qu’ils bouillonnent, bouillonnent d’une eau vive pour qu’ils nous couvrent de leur puissance universelle, de leur puissance destructive de Nirvana.
E l i e. Les yeux fermees nous allons nous voir clairement dans le pays ou les etoiles s’ unissent dans un cercle indissoluble du bonheur dansant. (Elle croise ses jambes). C’est tellement agreable et tellement tragique! Je n’ai plus besoin de rien. Rester comme ca et sentir que tu me tiens dans cette vie.
C a m i l l e. Tu as croise tes jambes, je le vois. Tu as joui, ma belle?
E l i e. Lorsqu tu balbuties comme ca en parlant de ta langue qui s’introduit sous mon clitoris et le caresse si tendrement est-ce que j’ai d’autre chose a faire que de jouir? Pour jouir il me suffit de toucher ma fente ebouriffee par un seul poil. Et voila, ma chere sorciere, je croise mes jambes pour faire bouger mon poil.
C a m i l l e. Continue, parle toujours - moi aussi, je veux jouir, ma chere amie - et je peux le faire en ecoutant ta voix, Elie, mon cher amour.
E l i e. Lorsque je croise mes jambes la levre droite de mon ebouriffee frotte tendrement la levre gauche de ma fente mouillee et mon clitoris qui est au milieu se pame de plaisir d’une facon poetique. Il parait que tout se passe tres vite: une jambe passe au dessus de l’ autre en un instant, mais le corps et l’ame s’explosent a coup de vent au fond de toutes mes veines et j’ai envie de le repeter encore devant toi, ma deesse, ma reine de l'univers.
C a m i l l e. Tu es a moi, a moi !!! (Elle croisent leurs jambes) Oh, mon amour, ma fille spatiale, Elie !
E l i e. C'est fou! Oh, mon amour, oh, mon etoile, Camille !!!
C a m i l l e. Et toi, tu es ma chaleur terrestre. (Pause). Il n’y a pas de vent, l’helice du transfo qui est sur le toit ne fonctionne pas. Je n’ai aucun envie de peindre. Mettre en fonction la dynamo a diesel ca vaut pas la peine non plus. Il fait trop de bruit et puis ca sent l’essence. Lorsqu’il fait si chaud il peut exploser et ce sera rape.
E l i e. Est-ce qu’il y une chose qui ne puisse exploser lorsqu’il fait si chaud? C a m i l l e. Tout peut exploser, meme le cerveau.
E l i e. Le cerveau il va exploser avant tout. Dieu merci notre petit helico nous apportera de la bonne glace dans une heure. Je l’adore cet helico a la glace du continent. Et surtout ca ne fait que trois cent dolluches. Ces bons gens de mecs ils ont parfois des chose joliement bon marche!
C a m i l l e. L’helico rend des services medicaux non seulement a notre ile. Du coup c’est bon marche, agreable et humain.
E l i e. Trois cent dolluches - y a de quoi se ruiner.
C a m i l l e. Se ruiner avec les vingt millions que nous avons chacune de par le monde, tu penses. Surtout que notre fantastique ile du Pacifique, notre «Le-le» est rachetee grace a la bonte divine et aux bites masculines. Elle est rachetee tout entiere, avec tout ce qu’il y a dedans. Pour la vie que nous menons ici dans cette ile de Nirvana cinq milles dolluches par mois nous suffisent largement. Pour se ruiner il faut faire pas mal d’efforts. (Elle s’approche de la toile et commence a peindre).
E l i e. Le medecin il connait toute l’histoire de notre maladie - notre medecin personnel, medecin da famille, Gogo a helico! ( Elle penetre dans le slip de Camille). Tu fais encore un portrait a moi? (Elle regarde ce que Camille a peint).
C a m i l l e. Je t’aime. ( Elle embrasse Eli).
E l i e. Mes portraits il y en a partout dans la maison! Je suis comme Alice aux pays des merveilles. Ton amour mille fois miroite dans le mien, dans toutes nos vies vecues m’etouffe. Et si on vendait un portrait il couterait cher.
C a m i l l e. Nous ne vendrons jamais aucun de tes portraits. Calme-toi. Nous sommes dans l’Eden, sur cette ile promise on se reposes des problemes. Nous
avons tout ce qu’il nous faut: des albumines et des vitamines. Nous sommes condamnees a l'amour perpetuel dans ce paradis sans schizos urbanistiques.
E l i e. Et si on ne s’aime plus?
C a m i l l e. Comment peut-on ne plus s’aimer lorsque mon amour devient de plus en plus fou? Quant a moi, cette peste me monte a la tete.
E l i e. La mienne est encore plus noire, plus contagieuse.
C a m i l l e. Ici personne ne se mele de nos affaires avec des conseils faux et hypocrites, avec des respirations et des sentiments. Le pilote d’helicoptere n’atterrit pas sur notre ile - il descend tout ce qu'il nous faut par un cable - le pilote d’helicoptere transcontinental. Il a peur. L’ennemi ne passera pas. Notre Gogo, esculape arthropode, meme ici dans le Pacifique du sud il ne nous parle russe que par son portable.
E l i e. Evidemment leur societe transpacifique est plus interessee de payer un pilote russe qui parle anglais qu’un pilote aborigene anglophone, il est paye a prix quatre fois plus bas. En plus a chaque pilote aborigene il aurait fallu adjoindre une interprete russe et la bien payer aussi. En un clin d’oeuil les interpretes russes - qui ont d’ailleurs perdu leur pucelage depuis longtemps - sont mises en cloque par les pilotes aborigenes. Cela arrive parce que les aborigenes males ont l’habitude de baiser avec plaisir, mais sans capotes et les interpretes russes elles sont mal reglees. Aucune des nanas russes ne se fait avorter et elles accouchent pour epouser ces pigmees, pour ne pas rentrer dans la miserable vie sovietique avec cent roubles par mois. Finalement cette respectable entreprise transpacifique est obligee de chercher d’autres interpretes russes vaginales. Mais ces salopes seront en cloque a leur tour. A ce rythme elles vont mettre fin au capitalisme, elles le feront deposer le bilan. Quant a Gogo, il a meme graisse la patte.
C a m i l l e. Pour nous traiter sans facons. (Elle caresse Elie). Avoir sa peau c’est beaucoup moins cher. Tu es tres calee en finances etrangeres, en faillites de toute sorte.
E l i e. Si tu n’es pas cale en finances etrangeres tu va mourir de faim dans ton pays natal. Cela se passe tres vite. Nous pouvons jouir ici jusqu’a ce que nous jouissons de notre argent. Autrement on ne jouira plus meme dans notre pays natal.
Toute notre nirvana sera defonce comme l’hymen est defonce par la bite. Tu realises, mon amour?
C a m i l l e. Mais nous avons nos millions aux banques!
E l i e. La medecin a ausculte nos coeurs.
C a m i l l e. Le cas echeant je pourrai peindre a l’Arbat. Quelque joli visage de fille qui nous plaira a toutes les deux.
E l i e. A l’Arbat pour quatre sous!
C a m i l l e. Tu es jalouse, toi.
E l i e. C’est a cela que Gogo nous reduit, a la misere noire! (Elle embrasse Camille).
C a m i l l e. Mais en attendant tout est gratuit dans notre ile - le soleil, la plage. Notre amour tragique est aussi gratuit. Par rapport a ces millons banals et tuants notre amour reciproque est sans valeur.
E l i e. Et si on fait une croisiere de boheme? Nous pourrons y depenser a la legere tous nos millions banals, tuants et degoutants. Pour ne plus y penser, ne plus en parler jamais de la vie.
C a m i l l e. On nous enlevera toutes les deux dans cette croisere de boheme.
E l i e. Cette separation nous ne la supporterons pas.
C a m i l l e. Ne me parle plus de la separation! Je serai toquee, j’en creverai.
E l i e. Mais pendant cette croisiere on peut jouer au casino. Nous pouvons gagner quelque chose a la roulette. Au casino on gagne non pas des billets banals qui froufroutent mais des pieces sonnantes et trebuchantes tres chics et risquees. Et en plus toutes ces pieces seront a nous!
C a m i l l e. Oui, mais ceux qui ont de la chance en amour ne gagnent jamais a la roulette du tonnerre. Dieu t’en preserve, Elie. Dieu merci tu touches quatre pour-cents de vingt millons de dollars. Ca fait huit cent milles dolluches tandis que tu te tournes les pouces et tu fais l’amour a ta bien-aimee. Tu preferes alors te suicider d’une facon banale, sanglante et terre a terre en te rendant en voyage quelconque a la va-comme-je-te-pousse? Une jolie pute mediocre nous y separera c’est sur ! Tu seras d’abord contente de me voir exploitee et puis plaquee parce que tu seras seduite a ton tour par une jeune nymphe dont le for interieur est vieillot et pourri ! Et si cette peste est en plus malade de SIDA ou de quelque hepatite - un autre SIDA
ralenti? Et toi, tu me contamineras apres, non? Dans ce cas, ma biche, nous nous mettrons a nous hair en mourant comme deux idiotes insouciantes du SIDA cause par nos trahisons banales. Du moment que ta tete n’est pas encore malade il faut gamberger un peu. Je ne t’abandonnerai surement pas si tu tombes malade. J’espere que tu feras la meme chose. A quoi bon faire des betises paranoiaques lorsqu’on peut etre heureuses, tranquilles et gaies.
E l i e. Tu as raison, cette croisiere de boheme ne vaut pas la peine.
C a m i l l e. Ah, mon amour cheri, si tu pouvais imaginer a quel point je t’aime!
E l i e. Arrete, arrete, j’ai croise mes jambes et je vais jouir. Attends - ca y est , j’ai joui. Ah-ah-ah! Tu as commence a gazouiller que je serai seduite par quelqu’une et voila que j’ai joui. En plus j’ai croise mes jambes et je me suis rapelle de notre medecin de famille, de notre Gogo transsexuel. Coiffe d’un chapeau de cowboy il nous baise devant le miroir en serrant une cigarette entre ses dents. De sa main droite il appuie un petard contre nos reins et la main gauche, il la pose sur ses propres reins. Nous sommes mises en position de levrette et il defonce nos culs debout, debout, debout!!! Je te regarde et je me demande: puis-je etre seduite par quelqu’un d’autre? Non, jamais! Tu m’as seduite pour la vie! Et moi aussi, je veux te seduire sans cesse, rien d’autre. Surtout pas travailler, travailler sans arret comme tout le monde. Je crois qu’en Russie on ne peut travailler qu’apres la mort.
C a m i l l e. Oh, j’ai aussi explose. Et moi non plus je n’ai aucune envie de faire quelque chose. En Russie, je n’y travaillerais pas meme apres la mort. En Russie il faut se reposer, s’aimer, aimer son pays et creer sans cesse. La creation c’est un vrai bonheur. J’ai pas meme remue ma jambe, tu l’as bien vu. Ca c’est du travail. J’ai joui en ecoutant la vibration de ta voix. Je m’eclate plus passionemment lorsque tu te mets a parler amour au lieu de me convaincre de ton amour fou. Tu essaies de me persuader que tu m’aimes a la folie sans faire aucune attention a notre medecin de famille qui baise comme s’il avait mille bites a la fois. J’y crois tout naturellement et il n’est pas question de partir en croisiere banale avec une fille aussi naive et legere que toi. Tu peux partir toute seule. Et moi, je vais rester ici dans notre ile de Le-le en esperant que tu ne seras pas seduite au cours de cette croisere de boheme et de roulette. Mais au casino, tu vas perdre a coup sur, tu vas perdre d’une facon evidente, primitive et tout a fait banale. Ca, c’est garanti. Si tu m’aimes vraiment tu
peux abandonner a la legere ta bien-aimee a son sort, c’est a toi de choisir! Mais dans ce cas tu vas aussi perir toute seule.
E l i e. Ne te tracasse pas, je reste. Je ne t’abandonnerai jamais, je t’aime. Tu me crois vraiment toquee, quoi? Est-ce que je ressemble a une maboule?
C a m i l l e. Alors c’est moi qui est toquee?
E l i e. Qui te l’a dit?
C a m i l l e. Tu ne l’as pas dit mais tu l’as pense.
E l i e. Comment tu peux savoir a quoi je pense?   
C a m i l l e. Elie, je te comprends tres bien. C’est parce que j’ai des meilleurs sentiments pour toi.
E l i e. C’est aussi mon cas. Camille, cessons de nous chamailler. Il n’y a aucune raison
C a m i l l e. Est-ce qu’on se chamaille?
E l i e. J’ai deja oublie.   
C a m i l l e. Et moi, je n’en sais rien parce que je suis une vraie connasse. Je ne me rappelle de rien. Je ne sais rien. Mais je parlerai de tout a tout le monde. C’est pourquoi je t’aime et j’aime aussi notre poetesse de boheme, notre Sapho, notre chere Tsvetaieva. Notre amour c’est notre puissance reciproque.
E l i e. Je t’aime parce que tu ressembles a la charmante et folle artiste francaise Rose Bonnet. Tu as une tristesse dans les yeux - une sainte tristesse identique a celle des chiens du XVIII- eme - je l’ ai vue dans les yeux du chien de Sovotchka qui est tres loin. a Moscou.
C a m i l l e. Et si on prend un chien - je te l’ai deja propose. Je voudrais peindre des animaux que j’aime. comme Rose Bonnet au XVIII- eme.
E l i e. Ecoute, Camille, on va s’entendre une fois pour toute - pas de chiens ni de chats, ni de souris! Les chiens, les chats et les souris ils sont tres bons a voir chez les autres. Et ici chez nous ils seront manges par nos cobras affames et amoureux. En plus, je ne veux pas depenser nos sentiments et nos forces sur des chiens, des chats et des souris.
C a m i l l e. Je te comprends parfaitement bien, Elie. Le chien peut lecher la ou il ne doit pas le faire   - et en plus au lieu d’un chien il se trouve parfois une bonne petite chienne tres caline aux obsessions sexuelles des rues.
E l i e. Bien que tu sois mon ainee, tu ne comprends rien. Dis-moi franchement, Camille, est-ce que je te satisfais?
C a m i l l e. Beaucoup. Si c’etait autrement pourrais-je vivre avec une pareille charmeuse hygienique et responsable?
E l i e. Peux-tu m’embrasser, Camille, par ta bouche dont la levre superieure est couverte de givre noir piquant.
C a m i l l e. Je peux t’embrasser, Elie, par ma bouche dont la levre superieure est couverte de givre noir piquant.
E l i e. Vas-y, embrasse-moi, Camille.
C a m i l l e. Bien sur, Elie, bien sur, ma chere!!! (Elle embrasse Elie).
E l i e. Nous sommes tres bien ensemble, Camille, nous n’avons besoin de personne ici dans notre ile d’amour.
C a m i l l e. Nous n’avons besoin de personne ici dans notre ile d’amour, surtout pas de medecin.
E l i e. On n’est jamais en cloque, on n’a pas besoin d’un avorteur.
C a m i l l e. Ici, au paradis on n’est jamais malade.
E l i e. Et si on enleve tout et on se met au lit?
C a m i l l e. Bien sur, il est deja l’heure parce que midi a deja sonne. Je jouis d’avance.
(Elles enlevent tout et se mettent au lit).
E l i e. Ecartons nos jambes pour que nos boutons puissent s’unir comme deux moities d’un abricot fendu.
C a m i l l e. Tu es mon abricot fendu, ma petite Elie!
E l i e. Tu eprouves de la douceur?
C a m i l l e. J’eprouve de la douceur divine, je pete du feu. Ton bouton abricot est le plus doux et le plus odorant au monde.
E l i e. Le tien est aussi le plus doux et le plus odorant au monde. J’explose, je pete du feu.
C a m i l l e. Et moi je jouis chaudement.
E l i e. Je t’aime tellement, ma petite Camille. Je n’ai besoin de personne d’autre. C a m i l l e. Et moi aussi, je t’aime, Elie. J’ai pas besoin de personne non plus.
E l i e. Je jouis encore
C a m i l l e. Et moi aussi. C’est merveilleux. Je sens aussi le gout des cerises.
E l i e. Je vole. Toute legere, je survole notre cerisaie, notre ile de palme. Tu voles a cote en me caressant. Peins le tableau ou nous, telles deux cerises amoureuses, survolons notre cerisaie, notre ile de palme.
C a m i l l e. Je vais le peindre, c’est sur. Mais je ne veux voler que de mon vivant sans faire de l'ombre. Oh, j’ai eu l’impression de ne plus avoir de force, mais j’ai toujours envie de voler et de jouir, de voler et de jouir en volant. Et que cela ne finisse jamais. Je ne sais pas ou je prends des forces. Mais je suis si fatiguee, si fatiguee. Le plasir d’apesanteur est tres fatigant, mais seduisant. Si on savait comme il est fatigant et seduisant a la fois, ce plasir d’apesanteur. Si on le savait. Et notre pilote-medecin il va casser sa pipe j’en suis sur.
E l i e. Pour nous apparenter il s’est meme fait faire un con, mais ca ne change rien. Nous allons voler en pleine liberte contre tous les vents fatiguants, contre toutes les tempetes. Nous allons voler et jouir de notre fierte et de notre bonheur. Moi aussi je suis tellement fatiguee, tellement fatiguee. Mais je t’aime de plus en plus.
C a m i l l e. Ce qui est important c’est qu’on ne casse pas la pipe, nous autres.
E l i e. Ne te casse pas la tete, Camille, il va arriver, notre pilote-medecin Gogo. A part de la glace ce merdeux nous apportera quelque chose de bon. Il est important qu’il descende de l'helico. Et alors avant qu’il sorte son revolver et qu’il nous deshabille...
C a m i l l e. Il ne sort jamais son revolver avant de nous deshabiller.
E l i e. C’est son point faible, Camille. Je n’ai plus de force non plus, mais c’est avec toi que je veux jouir et etre heureuse. Je suis extremement fatiguee, mais la jouissance c’est une merveille. C’est un salut, une preuve d'amour. C'est l’amour meme qui nous donne de nouvelles forces et qui nous permet de rester vivantes et amoureuses.
C a m i l l e. Lorsque je jouis de toi, je me reunis a l'Univers, aux etoiles, a toutes les galaxies, a la Voie lactee. Par ton aura plein d’amour et d’euphorie tu chasses tous ces mauvais asteroides qui peuvent tomber sur la Terre et t’empecher de realiser l’union divine - la multiplicaton de l’amour a l’infini. Je suis pleine de bonheur universel qui importe non seulement pour moi. Tu me rends folle, Elie. Tu mets en rond toutes ces bonnes etoiles amoureuses, tu fais une fete celeste. Je n’y
comprend plus rien, moi. Tu troubles mon esprit et je ne cherche rien outre ton abricot fendu et ton ame en fleur qui me font perdre la tete. Il n’est que trois heures de l’apres-midi et j’ai deja joui trente trois fois.
E l i e. Le principal est de ne pas devenir dingue. Moi aussi, j’ai joui trente trois fois a partir du petit matin ensoleille. Ce que je ne te permettrai jamais, ma chere Camille, c’est de jouir plus que moi.
C a m i l l e. Moi non plus, ma chere.
E l i e. Il faut se lever - toute la journee est devant nous. Sinon nous serons bientot epuisees. En plus, notre pilote va venir. Nous devons sortir et l’accueillir tres bien. Nous devons reserver un accueil exeptionnel a notre paria transsexuel, a notre maitre d’ecole.
C a m i l l e. Attends, j’explose a l’instant - ca y est. Il est aussi notre dernier maitre d’ecole, chere Elie.
E l i e. J’explose.
C a m i l l e. C’est merveilleux.
E l i e. Oui, c’est merveilleux - c’est tellement merveilleux, c’est meme inimaginable.
C a m i l l e. Je pete du feu. Est-ce qu’on peut etre si bien ici, dans ce monde?
E l i e. Nous sommes favorites du bonheur.
C a m i l l e. Et bien, on se leve toutes heureuses? Nous sommes comme des championnes de gymnastique qui ne prennent rien sauf de l’eau minerale.
E l i e. D’accord. On se leve vite comme des championnes de gymnastique qui ne prennent rien sauf de l’eau minerale
C a m i l l e. Veux-tu que je te fasse un jus d’orage lacte?
E l i e. Oh, j’ai soif, j’ai soif. Presse-moi une orange vitaminee a la facon d’un consrticteur.
C a m i l l e (Elle presse une orange dans un verre et elle le donne a Elie). Tiens, ma fille, prend du karma divin d’orange.
E l i e. Merci. (Elle prend du jus). Qu’allons nous faire avec notre karma historique?
C a m i l l e. Nous allons presser notre histoire a la facon draconienne pour survivre, pour etre serrees l’une contre l’autre et pour etrangler Gogo. (Elle embrasse Elie).
Le bruit d’une enorme vague brisee se fait entendre.
E l i e. Souviens-toi des belles et sages paroles - elles m’emouvaient toujours - que Maxi nous adressaient en nous baisant?
C a m i l l e. Oui, je me souviens bien de Maxi qui se prenait pour le plus grand homme; pour le champion des pourparlers, des banques et des coffres-fort - de toute cette lutte universelle de baise.
 E l i e. Tous les grands hommes de la banque qui ont pris contact avec Maxi dans les couloirs des bourses de change disaient qu’ il a ete superintelligent et sage tel un serpent et ne depensait sa salive que pour l’argent.
C a m i l l e. C’etait un grand esprit digne d’ordinateur des quanta.
E l i e. C’etait un cerveau d’ordinateur a circonvolutions extra.
C a m i l l e. Et si ces hommes de la banque avaient pu voir sa bite a charniere en etat de marche, s’il avaient pu voir comment cette bite de cinquante ans secouait deux belle filles de race, deux amazones audacieuses, ils auraient pris Maxi pour la plus puissante Bite du milieu d’affaires et d’intellectuels, ils auraient compris que les petites bites des hackers et des internautes ne valent rien.
E l i e. C’est la pure verite. Si les grands hommes du monde avaient pu voir sa bite longue de vingt huit centimetres en marche, s’ils avaient pu voir comment cette bite d’orang-outang nous secouait jour et nuit, jour apres jour, d’une annee a l’autre, tous ces grands castrats auraient pris Maxi pour la plus grande Bite, la Bite maniaque non-virtuelle.
C a m i l l e. Maxi-Bite a ete docteur es sciences aeronautiques et erotiques, membre d’honneur des academies aeronautiques, il s’est occupe des dirigeables – grandes bites volantes gonflees d’helium. C’est vrai. Il a ete une grande bite de vol et de business . Personne n’a pu le coincer, le saisir par les couilles. Il a toujours reussi comme le dompteur des tigresses sauvages au cirque.
E l i e. Il a meme reussi a nous faire tomber amoureuses – nous, deux abricots fendus, deux petites oiseaux pudiques – grace a des sommes en devises dignes d’amour. Il nous a emmenees ci dans cette ile du Pacifique sauvage, mais tres sexy
et nous nous sommes passionnement abandonnees a lui pour son fric. Il a toujours realise ses voeux, ce Maxi-Bite, n’est-ce pas ? C’etait un mec ruse tel un serpent.
C a m i l l e. C’est Maxi-Bite qui nous forcait a nous frotter les boutons devant lui. (Elles se mettent a faire l’amour). Et lui, Maxi-Bite le rouquin, il s’astiquait avec amour et devenait plus sage. Au debut nous avons fait l’amour pour son plaisir.
E l i e. Nous, championnes de gymnastique sexuelle, nous avons eu de la souplesse pour ne pas s’opposer a ses demandes payees et lamentables. Nous avons compris que nous prendrions bientot plaisir a faire ces exercices erotico-dynamiques.
C a m i l l e. Oui, nous avons trouve nos caresses erotiques et artistiques beaucoup plus agreables que la baise de Maxi. Il nous mettait a quatre pattes comme des chiennes et nous baisait avec aspiration. Oh, mon amour, oh, cul de la Rose de l’Univers, Elie!!!
E l i e. Et voila qu’un beau jour de soleil nous avons voulu unir artistiquement nos abricots fendus. Nous avons voulu nous aimer sans eprouver la pression de sa bite.
C a m i l l e. Nous nous sommes liberees de sa pression. Nous autres, amazones, nous avons gagne ces Jeux Olympiques. Oh-oh-oh!!!
E l i e. C’etait le triomphe du Dieu des filles. Nous etions au sommet de l’Olympe sans Maxi-Bite, sans chef, sans entraineur. Oh-oh-oh!!!
C a m i l l e.Ce jour-la nous nous sommes aimees en filles comme deux deesses olympiques.
E l i e. Et ces degoutants dolluches de Maxi-Bite, tous ces millions etaient deja vires a nos comptes de par le monde.
C a m i l l e. Maxi pede, il n’a pas pu garder l’ argent vole, cet argent fou a ses comptes personnels.
Il a ete le plus ruse de tous les voleurs du monde, ce Maxi pede.
E l i e. Il nous a ferme dans cette ile specialement pour nous empecher de profiter de ces milllions, salaud.
C a m i l l e Oui, nous avons ete ici, dans cette ile comme esclaves de son sexe et de son argent.
E l i e. Qu’il aille se faire foutre ce rouquin de Maxi-bite, chiche et mal rase, avons-nous pense un jour. Cette bite a ordinateur, il n’a pas meme prevu que nous pourrions la devisser avec notre petit cerveau feminin.
C a m i l l e. Surtout que ce serait Gogo - son medecin de famille - qui nous donnerait cette idee.
E l i e. Et bien, maintenant c’est Gogo, le salaud , qui a le dessus, putain. Quelle difference?
C a m i l l e.  Il y a quand meme une difference. On ne peut pas tout faire a la fois.
(Elle embrasse Elie).
E l i e. Il est quand meme agreable de descendre ces mecs au fur et a mesure.
C a m i l l e. Surtout que l’argent y est pour rien. Il faut avouer que Maxi a largement paye cet amour pervers et degoutant et il a bien alimente nos comptes.
E l i e. Il t’as demandee en mariage et il a voulu un enfant de toi, n’est-ce pas, Camille.
(Elle lui pince les tetins).
C a m i l l e. Et pour toi il a trouve un beau jeune homme. Et voila qu’un jour ce salaud de Sovotchka est arrive chez nous en helicoptere. (Elle pince les tetins de Camille).
E l i e. Tu veux dire que nous avons tue tous les deux a cause de cette partouze qu'ils ont organisee? Ils se sont mis a enfoncer leurs bites dans leurs culs a tour de role et nous avons du lecher l’une l’autre avec soin tout en imitant le hurlement de la tempete de neige dans «La fille du capitaine».
C a m i l l e. Tu veux dire que finalement ils ont fait l’amour pede dans le style de Brecht devant nos yeux?
E l i e. Mais c’etait vraiment degoutant a les voir lecher leurs culs et sucer leurs bites avec tant de bruit. C’est pour ca qu’on les a baptise pederastes. Ceux qui ont du degout a les voir enfoncer leurs bites longues et tendres dans les sales culs masculins, ils ont trouve ce nom. Nous le repetons seulement apres les autres, apres les gens de Brecht.
C a m i l l e. Il est insupportable de voir des mecs qui enfoncent leurs bites longues et tendres dans les culs des autres mecs et surtout lorsqu’il obligent les filles
a lecher l’une l’autre sous la pression d’argent. Les filles ne peuvent pas voir les pederastes au travail, elles degueulent.
E l i e. Lorsqu’on etait trois, Max nous a sincerement dit qu’il aimait les lesbiennes, mais qu’il n'aimait pas du tout les pedes. .
C a m i l l e. Et nous lui avons demande: pourquoi, Maxi, pourquoi? On ne pas savait a l'epoque a quel point c’est degoutant. On ne savait pas non plus que Max etait un pederaste ostensible.
E l i e. Nous ne savions rien a l’epoque. Nous etons des filles naives et pudiques, des natures artistiques et sublimes. Maxi nous a repondu ouvertement et simplement pourquoi il aimait les lesbiennes et n’aimait pas les pedes? Voila ce qu’il nous a dit, cet hypocrite: c’est parce que je baise des lesbiennes et des pedes je ne les baise pas. Fils de ma mere, je ne suis pas pede de naissance.
C a m i l l e. C’etait du mensonge, du mensonge masculin - c’est ca la pederastie - la marque physique.
E l i e. De sa naissance il n’a pas ete pede, c’est probable. Mais en ce qui est son cul et sa bite, il l’a ete d'une facon ostensible. Il tient cela de son pere
C a m i l l e. Seules les lesbiennes ne mentent jamais.
E l i e. Les lesbiennes, amazones olympiques, s’aiment a la folie lorsqu’elles se transpercent l’une l’autre. (Elles font l’amour).
C a m i l l e. Nous leur avons coupe les nez de marque jusqu’aux couilles, a ces males hypocrites pour qu’ils ne puissent nous empecher de faire l’amour en pleine silence lorsqu’on se comprend a mi-mot, a mi-voix
E l i e. Lorsqu’on n’entend que des oiseaux et le bruit des vagues.
C a m i l l e. Nous les avons tue a l’aide du poison de nos cobras. C’est notre propre poison ecologique!!!
E l i e. Nous avons ici deux cobras phalliques. De temps en temps nous les prenons dans les bras, ces longs phallus noirs mortellement venimeux, ces phallus a lunettes qui bandent.
C a m i l l e. Et nous faisons goutter le poison dans un petit pot.
E l i e. Et puis nous laissons nos cobras en pleine liberte pour qu’ils reprennent leurs forces.
C a m.i l l e. Lorsque Maxi et Sovotchka se sont endormis nous leurs avons mis des menottes sexuelles et nous avons colle du scotch sur leurs bouches pour qu’ils ne crient pas, putain.
E l i e. Nous avons aussi lie leurs jambes.
C a m i l l e. A l’aide d’une seringue nous avons fait deux piqures au bras de Max et a la jambe Sovotchka a la distance de trois centimetre comme si c’etaient les traces des dents du serpent.
E l i e. Tous ces mecs pedes doivent mourir des morsures du cobra phallico-intellectuel!
C a m i l l e. Tel est notre hymne olympique.
E l i e. Tel est notre hymne musical.
C a m i l l e.Dans une heure les deux pedes superintelligents etaient morts des morsures du cobra phallique. Ce fait ne peut eveiller aucun soupcon.
E l i e. Nous y sommes pour rien. Ils ont ete mordus par des cobras - serpents pernicieux et veneneux, mais naturels pour etre utilises contre tous les mecs pedes du monde.
C a m i l l e. Gogo le medecin est arrive en helicoptere pour constater la mort des deux frangins pedes provoquee par les morsures des cobras. On est devenu amis tous les trois. Pour etre de nos proches Gogo est devenu transsexuel. Il s’est fait couper le trou mais il bande toujours et il n’a pas cesse de baiser le revolver a la main.
E l i e. Putain, putain, putain!!! (Elle embrasse Camille).
C a m i l l e. Il connait tout de nous et de nos comptes courant en devise. Si seuIement il nous baise mais il nous fait chanter par le meurtre.
E l i e. Il menace de nous revaloir - Max a toi et Sovotchka a moi.
C a m i l l e. Il veut nous partager pour regner.
E l i e. Tu sais ces derniers temps je ne pouvais plus supporter les cravates et les lacets de Sovotchka. J’avais toujours l’impression qu’il allait m’etrangler avec. J’avais toujours l’impression qu’il avait dans ses souliers des serpents qui sifflent. Et sa cravate c’etait un cobra tout crache , un cobra qui se prete a te sauter a la figure.
C a m i l l e. Moi aussi, toute ma vie j’avais peur d’etre etranglee par la capote. Lorsqu’on fait l’amour avec un mec, on ne pense qu’aux capotes pour ne pas etre en
cloque. Toi et moi, nous pouvons nous en donner sans penser aux capotes. C’est tout propre et admirable parce qu’il n’y a pas de sperme, de ce sale sperme venimeux comme le poison d’un serpent. Mais leur sperme phallique est toujours present dans la subconscience, c’est inne. Pendant les nuits blanches tu t’imagines etranglee par une capote. On dirait que c’est toi qui est coupable de ce que la capote enleve le plaisir sexuel. Je vois la scene: je suis a quatre pattes et je prete mon cul pour que le mec puisse y enfoncer sa bite tandis qu’il allonge la capote, mais au lieu de l’enfiler sur sa bite pour me baiser il la met autour de mon cou et commence a m’etrangler par vengeance comme si cette capote est de ma faute - baise sans plaisir ou panne en plein travail. Dans ce cas en a-t-on besoin?
E l i e. Mourir cul nu, menacee d’un revolver et etranglee par une capote inutile, quelle horreur!
C a m i l l e. Est-ce qu’ils ont quelque chose d’autre a faire, ces phallopederastes lorsqu’ils ne bandent plus meme sans capote? Un bambou ne leur suffit pas, ils veulent encore mais ils ne bandent plus, la nature a ses limites. Ils comprennent de toutes leurs tripes phalliques que nous autres, filles-chattes, nous ne sommes pas satisfaites: il s’en faut pour jouir a l’aise. Ceux qui demandent un coup de main a un ami athlete dont la bite a des dimensions olympiques, sont peu nombreux. Ils sont tres chiches dans la majorite et ils preferent garder leur con pour eux-meme. Il ne veulent pas partager contrairement aux commandements du Seigneur. Donc, pour prolonger le kief volupteux ces phallocrates impuissants n’ont rien d’autre a faire que d’etouffer la fille par la capote dans le cadre de la vengeance fatalo-anale.
E l i e. A vrai dire je l’ai propose a Sovotchka moi-meme. Je lui ai dit - etouffe-moi un peu   par la capote, mon cher Sovotchka bien-aime, pour que je puisse jouir encore vu que apres cinq bambous tu ne bandes plus.
C a m i l l e. Et moi, ne l’ai-je pas propose a Max? Il m’a regarde comme ca comme une etrangere, il m’a dit sorciere et vampiresse, mais il a enleve la capote. Sais-tu ce qu’il a fait apres? Il s’est mis a la gonfler comme un ballon et il l’a laisse voler. Le sperme s’est disperse partout. Il pendait meme du lustre telle la morve et c’etait comme s’il voulait dire - mon maitre est un impuissant morveux.
E l i e. Ces morveux ne sont capables de rien d’autre. L’amour vrai n’est pas pour eux. (Elle prend la main de Camille et l’introduit dans son slip). C’est incroyable. La, la - oh, oui - j’explose.
C a m i l l e. Moi de meme, mon harmonieuse, ma bien-aimee, mon escargot.
E l i e. Je ne peux pas te voir sans que je jouisse. Des que je vois tes cils qui bougent je les imagine frotter mon clitoris et je jouis, je pete du feu.
C a m i l l e. Et moi, j'imagine que ton souffle enveloppe mon petit trou et il commence a respirer, a gonfler, il commence a chanter, a danser, a tourner sous l”inflence de ton souffle et j'explose de nouveau.
E l i e. C’est aussi mon cas. Il me suffit de t’entendre parler de ta jouissance et d’y penser, il me suffit de toucher du doigt mon slip qui s’enfonce un tout petit peu dans mon trou pour m’eclater.
   C a m i l l e. Je fais pareil. Le reste ne vaut rien
E l i e. C’est aussi mon avis. Mais a part ca il faut quand meme agrandir nos comptes courant et descendre Gogo le medecin - ce raketteur transsexuel. Alors notre vie guidee par notre histoire d’amour spirituel se deroulera doucement, doucement comme dans un conte de fees tel un nirvana. Qu’on puisse ne pas penser a notre argent dans les banques et que cet argent multiplie toujours qu’on ait autant d’argent qu’il y a de reflets de soleil sur l’herbe a travers les epines des pins dans une foret Balte!!!
C a m i l l e. On n’est pas dans les pays Baltes, Elie. Il n’y a que des palmiers. Mais il y a autant de reflets de soleil qui passent a travers les palmes. Je te jure, Elie. Y en a pas moins.
E l i e. Je te crois, Camille. Je ne peux pas me mefier de toi. J'ai confiance en toi, toute seule, a part l’univers entier que je serre dans mon bras.
(***) La Nature est un temple ou de vivants piliers Laissant parfois sortir de confuses paroles;
L’homme y passe a travers des forets de symboles Qui l’observent avec des regards familiers.
C a m i l l e.
Comme de longs echos qui de loin se confondent Dans une tenebreuse et profonde unite,
Vaste comme la nuit et comme la clarte,
Les parfums, les couleurs et les sons se repondent.
E l i e.
Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants
Doux comme des hautbois, verts comme des prairies,
- Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,
C a m i l l e.
Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens, Qui chantent des transports de l’esprit et des sens.
Moi aussi, je n’ai confiance qu’en toi, Elie. Dans cette ile de Le-le toute solitaire il n’y a personne a croire.
E l i e. Sauf les oiseaux, les araignees et les cigales?
C a m i l l e. Les oiseaux, les araignees et les cigales sont aussi fiables que toi et moi, je l’espere.
E l i e. Bien sur, mon tresor adore!!!
Je n’arrive pas a realiser comment les gens peuvent travailler pour quelqu’un, surtout pour ces mecs insatiables aux bites salees. Pour ces mecs qui nous obligent a nous mettre a genoux et a sucer leur bite pendant la pause du dejeuner, une demi-heure au moins.
C a m i l l e. Et apres tu n’as aucun envie de manger parce que leur sperme coupe l’appetit
E l i e. Et tu deviens de plus en plus epuisee
C a m i l l e. A vrai dire tu m’epuise beaucoup plus, mais je m’en fiche parce que je t’aime
E l i e. Avec toi, je suis d’accord de m’epuiser comme dans un camp de concentration. A l’unique condition: qu’ on barre notre lit des barbeles et qu’ on nous donne une fois par jour quelque chose a manger. Je serais d’accord.
C a m i l l e. Moi, je serais aussi d’accord si on nous permettait une fois par jour de nous baigner.
E l i e. Oh, oui. Et si encore on pouvait se dorer sur la plage. Il n’y aurait rien d’autre a desirer.
C a m i l l e. Bien sur. Tu t’assieds au bord de la mer, ecartes les jambe, enleves le slip et tu exposes   ta chatte aux vagues qui la caressent, caressent, caressent. Et moi j’ai le plaisir de te regarder, de jouir et de m’epuiser
E l i e. Apres la baignade tu expose ta chatte au vent en ecartant tes jambes de plus en plus largement.
C a m i l l e. Et je t’embrasse a la bouche comme ca (Elle embrasse Elie et caresse sa chatte). Je peux t’embrasser dedans.
E l i e. Je peux aussi t’embrasser dedans.
C a m i l l e. Et si on s’allonge tete-beche?
E l i e. Pourquoi pas? (Elles s’allongent tete-beche et lechent leurs «tresors celestes»).
C a m i l l e. J’explose!!!
E l i e. Et moi aussi!!!
C a m i l l e. Veux-tu un jus d’orange?
E l i e. Fais-moi en!!!
C a m i l l e (Elle presse une orange). Prenez du jus lacte, prenez des vitamines E l i e. C'est une elixir de longue vie.
C a m i l l e. Sais-tu que la femme de Bounine l’a trompe avec une fille.
E l i e. Elle l’a bien fait, cette fille
C a m i l l e. Tous les hommes ont ete choques. Ils disaient que l’amour lesbien est un grand probleme pour l’humanite - la destruction de la vie comme la drogue.
E l i e. Ils ne comprennent pas ce plaisir, c’est naturel, puisqu’ils ne sont pas des filles. Mais dis-moi qu’est-ce qu’est-ce qu’ils representent, les hommes: bandeurs et egoistes qui ne pensent qu’a leurs bites. Lorsqu’ils bandent on les refuse et lorsqu’on les accepte ils ne bandent plus. C’est ca leurs problemes de philosophie, leurs problemes vitaux et cosmiques. L’amour d’une fille celeste envers une autre est-ce qu’ils peuvent s’y connaitre? Lorsque les filles s’aiment, elles ne refusent jamais, elles acceptent toujours de bon gre et a tout moment pour jouir d’une facon celeste et cosmique.
C a m i l l e. Ils s’indignent - tu vois - parce que la femme du grand ecrivain, sa muse, l’a cocufie avec une pute marginale tandis que ce grand ecrivain russe a tout sacrifie a sa muse - son oeuvre, son argent, son destin, son amour et meme sa bite bandant de temps en temps.
E l i e. Oh, oui, les hommes savent defendre leur culte des bites, leur egoisme d’elite. Mais qu’est-ce qu’ils peuvent proposer d’autre a la bien-aimee, a la fille au petit trou odorant au moment crucial da sa vie sauf la bite de morse salee et vieillie telle un cornichon sale qui est chauffe a 36,6 degres. C’est a vomir.
C a m i l l e. Et cette bite d’ecrivain tu ne peux pas la mettre au frigo.
E l i e. Bien sur, c’est tout a fait impossible. Je ne realise pas la situation ou le grand ecrivain russe emigre Ivan Alexeevitch Bounin va mettre sa bite au frigo parce que sa femme lui a envoye l’ultimatum: ou tu mets ta bite au frigo pour que je puisse la sucer froide ou tu vas te faire foutre avec ta bite chaude et moi je vais faire l’amour a une fille a la chatte fraiche. Telles sont les quatre verites que tu n’entraves pas, Ivan Alexeevitch Bounine, grand ecrivain russe.
C a m i l l e. A vrai dire dans tous ses recits les filles s’en foutaient des heros qui font flanelle.
E l i e. Il ecrit qu’a la fin des comptes elles entraient au couvent. Mais dans quel but? Elles y entraient pour trouver une gousse. En ce qui est du cul sacre peut-on trouver meilleur qu’au couvent?
C a m i l l e. La vie a fait ses corrections, elle a indique a Bounine ou sont les quatre verites. Toutes ses heroines entraient au couvent et elles avaient raison. Elles y cherchaient des culs et le bon Dieu les gardaient .
E l i e. Mais Bounine aurait pu se faire faire une fente entre les couilles si sa femme en voulait une. Tout comme l’a fait notre petit polisson de Gogo. (Elles s’embrassent).
C a m i l l e. A cette epoque la on ne savait pas encore.
E l i e. Dommage. Autrement Bounine auraient ete le premier transsexuel au monde. On le disait genial mais il n’a pas pu parvenir a l’idee de se faire faire une fente entre les couilles et le voila qui serait le premier Nobel transsexuel. Sa muse ne se serait pas enfuite a coup sur et il auraient vecu au-dela de ses quatre-vingt trois ans.
C a m i l l e. Donc, il n’a pas ete aussi genial puisqu’il a pas compris une chose tres simple - pour garder le con de sa muse il ne lui fallait que se faire faire un con tout ordinaire. Je l’ai propose aussi a Max - et si tu devenais transsexuel, si tu te faisais faire une fente et ta bite, tu peux la garder. Sais-tu ce qu’il m’a repondu - vas te faire faire une bite, si tu veux - et c’est tout, fini le megotage. Mais si bien meme je me faisait faire une bite - ce serait une bite d’un cadavre toute a fait etrangere, elle pourrait ne pas prendre.
E l i e. Les transsexsuelles se font faire des bites de la chair et de la peau de leurs ventres, mais ces bites ne bandent pas c’est purement decoratif. Pour te faire une bite on t’ampute d’une bonne moitie du ventre. Ca nous suffit largement qu’ on nous ampute des seins a cause des pathologies mammaires.
C a m i l l e. Est-ce qu’ils peuvent connaitre ce que c’est une pathologie mammaire?
E l i e. Est-ce qu’ils peuvent connaitre ce que c’est un avortement?
C a m i l l e. Est-ce qu’ils peuvent connaitre ce que c’est l’accouchement? E l i e. Ils ne connaissent rien et surtout ils ne veulent rien connaitre.
C a m i l l e. Ils bandent ca veut dire qu’ils sont epris, que leur muse les a visite. La muse de ces baiseurs c’est la bite tendue je te le jure, je reponds de ma vie.
E l i e. Il y a une chose que je n’arrive pas a comprendre: comment ca se fait que la bite bande?
C a m i l l e. C’est vraiment etonnant, il n’y a que des veines, du sang et de la peau tout autour, pas le moindre os et lorsque ca se redresse ca vaut mille comme celle de Max.
E l i e. Oh, oui, une bite dure comme la pierre on aurait dit une tige de fer. C a m i l l e. Des bites comme ca on aurait pu briser des trottoirs avec.
E l i e. Et celle de Gogo, putain?
C a m i l l e. La bite de Gogo c’est un vrai anaconda, une tour de Babylone. Il nous baise d’une tour de Babylone. (Elle penetre dans le slip d”Elie).
E l i e. Des clitoris c’est tout autre chose. (Elle penetre dans le slip de Camille).
C a m i l l e. Des clitoris c’est une chose parfaite, suffisante parce qu’ils n’ont pas besoin de se redresser pour annoncer l’amour. (Elle penetre dans le slip d”Elie).
E l i e. Je veux chez toi. (Elle penetre dans le slip de Camille).
C a m i l l e. Tu as joui?
E l i e. Oh, oui !
C a m i l l e. Et moi aussi !!!
E l i e. Tu es une vraie merveille, une merveille infinie.
C a m i l l e. Et toi, tu es la plus grande merveille du monde sans fin ni limite
E l i e. Oui, c’est comme ca que je suis. Pendant la derniere periode de notre vie avec Sovotchka je l’ai aime comme s’il etait une fille - autrement j’aurais perdu la bobeche.
C a m i l l e. T’ as raison C’est l’unique facon de vivre avec ces bites sans degueuler.
E l i e. Je rasais de pres tout son corps, je le lavais bien et puis je le lechais, lechais, lechais comme s’il etait une fille. Il gemissait aussi comme une fille. J’ai appris a ce con d’aimer les filles.
C a m i l l e. Et moi avec Maxi je me mettais en levrette et j’ecartais mes jambes....
E l i e. Comme pour le sexe anal ? (Elle glisse sa main dans le slip de Camille et celle-ci fait pareil).
C a m i l l e. Presque. Mais il a ete entendu entre nous qu’au lieu de m’enfoncer la bite dans les fesses il faisait entrer ses couilles dans ma fente il prenait sa bite et commencait a s’astiquer. Alors ses couilles commencaient a danser d’une facon abracadabrante dont le souvenir me fait fremir de plaisir. Je jouis m’en souvenant surtout lorsque tu carresses ma chatte. Ah-ah-ah-ah-ah!!! Ca y est.
E l i e. J’ai joui aussi par intermediaire des vibrations aeriennes de ta parole et de ton doigt qui est sous mon clitoris. Mais je vois la langue qui palpite merveilleusement dans ta bouche et j’imagine que mon clitoris palpite dedans comme une mouche saisie a la patte qui bat ses ailes.
C a m i l l e. C’est epatant ce que tu as comme fantaisie. La derniere fois avec Max j’ai ete tellement allumee que j’ai pris un rasoir - pas le rasoir de surete que tu as utilise pour Sovotchka - un grand rasoir a main, le rasoir personnel de Max qu’il aimait beaucoup et dont il ne se blessait jamais - et je lui ai coupe ses couilles bien-aimees.
E l i e. Tu es une fille originale et inventive.
C a m i l l e. Bien sur. J’ai prepare le rasoir d’avance - je l’ai cache sous l’oreiller. Tu peux imaginer la situation: les couilles sont restees dans ma fente et lui, avec sa bite bandante, il s’est separe de ses couilles.
E l i e. Tu ne t’es pas blessee par hasard, ma cocotte?
C a m i l l e. Non, pas du tout. Je me suis prepare d’avance et je me suis graisse la chatte. C’etait tout reflechi.
E l i e. Et Max, qu’est-ce qu’il a fait apres? Evidemment il s’est fache.
C a m i l l e. Et apres c’etait du theatre et des outrages. Il a ecarquille les yeux et s’est mis a crier - Qu’est-ce que tu as fait, connasse, tu m’as prive de mes couilles, moi, un cinquanteraire solide et genial, tu m’as laisse sans couilles, sale putaine illettree. Et pourquoi, pourqoi, sale megere? Voila, je reproduis mot a mot ses propos outrages et entremeles de crachements.
E l i e. Il t’a jure d’une facon si grossiere et il a meme crache?
C a m i l l e. Je reproduis, bien sur; ce male, ce cochon a la facon feminine et polie. Ce qu’il y avait en realite j’ai du mal a me souvenir de cette horreur. Il voulait m’enlever le rasoir. Dans ce cas il m’aurait coupe en petits morceaux comme on le fait pendant l’execution chinoise. J’ai saisi par intuition ce qu’il devait arriver d’apres sujet de la piece. Si je ne l’avais pas coupe en morceaux il m’aurait coupe. Je lui ai donne un coup de rasoir au ventre et aux mains pour qu’il ne puisse plus les tendre a ce qui est interdit. Il a commence a hurler: au secours! appelle l’ambulance, sale pute. Appelle mon medecin Gogo, putain. Aide-moi a panser les veines, je ne peux pas le faire moi-meme. Il avait raison d’ailleurs parce que je lui ai coupe les veines avec son rasoir prefere, ca n’a pas loupe. Pour le faucher j’ai porte plusieurs coups de rasoir aux mains et puis aux pieds, je lui ai coupe les tendons, dans le cul la balayette. Autrement il aurait pu m’abattre par les pieds, putain. Pour la bataille c’etait une bataille, un blitz krieg, putain. Celui qui attaque gagne. C’est ce principe que les males suivent lorsqu’ils violent des filles. Et bien, ma chere, ma bien-aimee qu’est-ce qui ne va pas? Dans cette situation il fallait gamberger tres vite ce que je devais couper a ce con et ou. Voila. C’etait tout reflechi et donc facile. Apres avoir paralyse ses mains et ses pieds je me suis permis un petit repos. A ce moment-la j’ai senti ses couilles qui etaient toujours dans ma fente. Evidemment les couilles, elles ont eu peur de la fille qui agite le rasoir de cote et d’autre et qui touche leur maitre et
elles se sont coincees dans la fente, putain. C’est a mourir de rire - les couilles se sont coincees dans la fente! (Elle rit).
E l i e. Tu es une vraie amazone- tu t’y es collee en amazone.
C a m i l l e.Tu dis, ma fille! Pour ce qui est des couchages reussis j’en avais la chiee.
E l i e. Je me rejouis tellement de toi. Tu as produis un miracle d’une facon tres simple. Tu n’as pas seulement le genie de la peinture. Et bien, raconte-moi comment Maxi le Premier a tourne de l’oeil lorsqu’il a perdu tout son sang
C a m i l l e. C’etait genial, on dirait de l’impressionisme absolu tellement c’etait beau. C’etait du Matisse. Des couleurs pures, rouges et dansantes. Ce con a enfonce sa bite dans la blessure faite par le coup de son rasoir prefere et magique, de son rasoir porte-bonheur. Ou bien il a essaye d’arreter l’hemorragie ou bien il a voulu s’astiquer la-dedans tandis que le sang jaillissait de la blessure dans tous les sens - j’ai pas pige - on dirait un tableau surrealiste de Dali, un miroir a double face, ma chere Alice, enfant prodige.
E l i e. Et tu ne lui as pas demande ce qu’il voulait faire? Il s’est vu peut-etre peintre surrealiste.
C a m i l l e. Je lui ai bien demande: qu’est-ce que tu fais, pauvre diable de Maxi le Premier? Tu astiques ta colonne dans la plaie ou bien tu essaies d’arreter l’hemorragie par ta bite aux couilles amputees. Est-ce que ton sperme possede des capacites hemostatiques ou bien tu vas utiliser ta bite comme pinceau et tu vas peindre avec pour immortaliser ton nom?
E l i e. Et lui, qu’est-ce qu'il a repondu?
C a m i l l e. Mais rien du tout, il s’est mis a pleurer sans rime ni raison pour une simple question. Il enfoncait sa bite aux couilles amputees dans la plaie ou deux veines incisees se sont gonflees et jaillissait du sang. Mais a vrai dire il s’agissait des deux bouts d’une seule veine.
E l i e. Oui, je comprends, c’est tout a fait naturel. Continue toujours.
C a m i l l e. Et bien, tu peux imaginer la situation ou ton mec s’astique la colonne aux couilles amputees dans la plaie jaillissante du sang et il pleure comme une Madeleine. Ce pauvret verse des larmes dans la plaie ou il astique sa colonne.
E l i e. Mais ca doit piquer.
C a m i l l e. Bien sur que ca pique. Il a crispe sa balle qui avait rougi sous l’effet du wisky et en plus ce con s’est mis a s’essuyer les larmes et il s’est barbouille du sang ejacule par ses veines incisees. On aurait dit un vrai Arlequin - du cirque chinois a la maniere de Matisse.
E l i e. Etre clown c’est une profession masculine.
C a m i l l e. Je comprends.
E l i e. Et quoi donc, sa bite aux couilles amputees, elle bandait toujours lorsqu’il s’astiquait dans la plaie?C a m i l l e. C’etait vraiment etonnant, mais elle bandait toujours comme si elle etait gonflee, elle ne s’abaissait pas. Cinq minutes se sont ecoulees - j’ai consulte ma montre - et la bite aux couilles amputees et au sang jaillissant de ses veines incisees dans tous les sens ne s’abaissait pas.
E l i e. Mais c’est une balayette infernale, ton Maxi le Premier.
C a m i l l e. Oui, une vraie balayette. Je me suis enervee a tel point, ma chere fille bien-aimee.
E l i e. J’en suis folle. Je jouis en une seconde.
C a m i l l e. Ma chatte agonise a cause de ces souvenirs - en le racontant j’ai deja joui pas moins de dix fois.
E l i e. C’est aussi mon cas.
C a m i l l e. Je le sens. C’est pourquoi j’essaie de raconter avec les moindres details et sans mentir. Autrement tu ne comprendrais pas.
E l i e. A force de souffrir autant tu es un vrai martyre.
C a m i l l e. Souffrir dans ce sens je n’y trouve pas du kief.
E l i e. Il faut etre patiente, ma cherie. C’est ca la grandeur des femmes.
C a m i l l e. J'ai ete patiente, tres patiente - c’est pourquoi maintenant je suis heureuse avec toi.
E l i e. Et moi aussi.Mais dis-moi comment Maxi le Premier a passe de vie a trepas, est-ce qu’ il t’a souhaite une longue vie?
C a m i l l e. Et bien, comme j’ai deja dit il a astique pendant cinq minutes dans sa veine incisee. Au total cette branlee a dure dix minutes. Et puis Maxi s’est mis a respirer d’une facon etrange, convulsive, il s’est renverse sur le dos et a commence
a se tordre, finalement il s’est arrete, son regard s’est fixe sur le plafond et son visage s’est epanoui, peux-tu l’imaginer?
E l i e.. C’est du cinema vraiment extra.
C a m i l l e. Je lui ai dit: pardonne-moi, Maxi. Je ai dit en toute sincerite: pardonne-moi, Maxi.
E l i e. Bravo. Et lui?
C a m i l l e. Il a murmure: je te pardonne. Il l’a murmure tout doucement - je te pardonne.
E l i e. C’est du cinema, de premiere. Et ses yeux, ils sont restes ouverts?
C a m i l l e. Ses yeux etaient ouverts tres largement et ils sont restes comme ca. E l i e. C’est du cinema, de premeere. Est-ce qu’il te souriait de ses yeux?
C a m i l l e. Il me souriait de ses yeux et m’accordait son pardon, ma chere Elie. On dirait qu’il souriait de toutes les fibres de son corps mourant, de toutes les fibres de son ame qu’il allait rendre et il m’accordait son pardon, Elie. (Elle pleure).
Le bruit d’une enorme vague brisee se fait entendre.
E l i e. Ne pleure pas surtout. Pourquoi pleures-tu, Camille. Je t’envie.
C a m i l l e. Tu as des raison pour etre envieuse
E l i e. Ma jalousie n’est pas mauvaise, elle est bienveillante.
C a m i l l e. Ca c’est bien.
E l i e. Et Gogo le medecin qu’est-ce qu’il a fait? N’est-ce pas tu as invite Gogo pour qu’il puisse t’aider a demembrer le cadavre, le faire cuire et le liquider ?
C a m i l l e. Ce salaud m’as posee sur le cadavre de Max et il m’a baise de sorte que j’ai oublie tout le plaisir du meurtre et je pete du feu jusqu’aujourd’hui. Il m’a baise en anaconda son petard a la main. Tout ce qu’il y avait apres - on a scie Max, on l’a fait cuire et on l’a liquide - est sans aucune importance.
E l i e. Gogo est un tres bon medecin, un medecin de la taule. Souviens-toi que Sovotchka le Premier souriait aussi avant d’expirer, je te l’ai raconte.
C a m i l l e. Tu peux me le rappeler. Je t’en prie. J’aime ce genre de souvenir.
Veux-tu que je presse une orange pour toi?
E l i e. Presse-la-moi, etrangle-la comme si tu etait un serpent, j’ai besoin de vitamines.
C a m i l l e. Avec plaisir.J’aime bien te soigner. (Elle presse une orange dans un verre et le tend a Elie).
E l i e (Elle prend le jus). Tu fais ce jus lacte a merveille.
C a m i l l e. Je sais faire, mon serpent. Et bien, parle-moi de Sovotchka le Premier. (Elle presse une orange dans son verre et prend le jus).
E l i e. Un soir je n’avais rien a faire, mais mon rythme biologique exigeait une bonne baise.
C a m i l l e. Le Seigneur nous a programmees pour ces souffrances endocrines, ces souffrances du corps qui portent bonheur a l’ame. (Sa main glisse dans le slip d”Elie).
E l i e. Comme toujours Sovotchka s’est allonge au lit. On a coite deux fois. Il ejaculait sur mon minois et il etalait son sperme de marque, il ejaculait et etalait, salaud. (Elle glisse sa main dans le slip de Camille).
C a m i l l e. Quel voyou ce Gulliver!
E l i e. C’est qu’il ne pouvait pas jouir autrement qu’en ejaculant sur mon minois. C a m i l l e. Une bonne formation, quoi.
E l i e. Oh, oui, il provenait du milieu tres intellectuel. A l’age de vingt quatre ans il avait deja soutenu sa these de doctorat.
C a m i l l e. Bravo, bravo!
E l i e. Des le plus jeune age il etait tres intelligent et bien mignon. Et moi, je revais toujours de devenir epouse du docteur. En plus il etait un grand amateur du theatre, il a vu tous les spectacles, pour ainsi dire un boheme. Il m’a appris aussi a me passionner pour le theatre. Nous avons vu du Stein ensemble. Il aimait surtout Hamlet par Stein qui le faisait jouir. C’est ca. Ce Stein il etait pour moi une vraie casse-couille parce que Sovotchka y jouissait toujours. A cause de ce Stein Sovotchka salissait son pantalon de sperme. Un pantalon tres cher dont le lavage est defendu. Il fallait le donner au nettoyage. La receveuse faisait des gros yeux lorsque j’apportais quatre pantalons de chez Versacci salis de sperme. Tu imagines la situation? Je ne pouvais pas lui dire que mon Sovotchka le Premier jouissait pendant les spectacles de Stein. Mais a vrai dire il n’y a rien a jouir dans ce Hamlet, c’est une flanelle. Je peux te raconter tout , tu me comprendras.
C a m i l l e. Je comprendrai tout, c’est sur. En realite je comprends que ton mec Sovotchka le Premier jouissait de rien du tout au spectacles de Stein comme un vrai con morveux, il jouissait a la vue des bites de theatre qui font flanelle.
E l i e. En ce qui est des bites il y en avait dans ce spectacle. Elles couraient a travers la scene, elles sautaient, elles jouaient au saxophone, on dirait Bill Clinton tout crache. Elles faisaient des contorsions en cherchant le tueur du pere de Hamlet. Entre temps elles ont noye Ophelia - une fille toute simple et innocente - dans la riviere. Ecoute, ici au milieu du Pacifique la langue russe s’oublie vite.
C a m i l l e. Moi; je ne te permettrai pas de l’oublier.
E l i e. Je jouis.
C a m i l l e. Je jouis aussi sans te quitter d’une semelle.
E l i e. Et voila. Sovotchka le Premier qui bandait pour ce Hamlet ou bien pour ce Stein seche sur pied etait tellement sensible et mignon pour ainsi dire une balayette de boheme que je ne pouvais plus supporter l’idee de le voir jouir sur mon canape pendant toute la vie. Tu me comprends?
C a m i l l e. Je te comprends parfaitement bien.
E l i e. Et puis tout a ete de premiere. Apres la seconde ejaculation etalee sur mon visage j’ai attache comme toujours ses quatres membres au lit avec une corde a nylon. Je me suis arrache un cheveu et j’ai lui ai promis de le tuer par ce cheveu pour venger Ophelia la fillette. Il a consenti de bonne volonte, mon mignon et il a souri - tu realises - il a baise a son plaisir: deux ejaculations etalees sur le visage de la fille - il etait donc content et vaillant, putain.
C a m i l l e. Un mec comme ca - intellectuel, parfait et mignon - peut se contenter de peu de chose.
E l i e. C’est ca. Veux-tu savoir comment je l’ai efface a l’aide d’un cheveu? C a m i l l e. Naturellement. Raconte-le-moi.
E l i e. Ce cheveu a ete long de trente centimetres comme celui -ci
C a m i l l e. Un cheveu de premiere - magnetque, caressant (elle passe le cheveu sur son cou) et tres erotique.
E l i e. C’est ce que je te chante. Je lui ai mordu la peau au-dessus de la carotide par mes incisives. Tu sais bien que c’est une zone tres erogene.
C a m i l l e. Oui, on s’y embrasse toujours.
E l i e. Pour le cas de Sovotchka il n’etait plus question de s’embrasser parce qu’il s’est mis a hurler: qu’est-ce que tu fais, vampiresse, chienne berger, on s’est entendu juste pour un cheveu et non pas pour les dents. Je lui ai dit nettement: je n’ai aucune intention de te descendre avec les dents, je ne fais que prerarer le terrain, j’ai incise la peau pour te descendre apres sans douleur a l’aide d’ un cheveu. Comment tu prepares le terrain si tu m’as dechire le cou comme un cobra veneneux. Je lui ai repondu nettement et en toute tranquillite: je n’ai pas dechire ton cou, je n’ai mordu qu’un tout petit morceau de peau dans ton cou au-dessus de la carotide pour que je puisse la scier apres avec mon cheveu. Une vraie engueulade.
C a m i l l e. Avec ces mecs il n’y a que des engueulades et des bandaisons. Sans compter le sperme veneneux il n’y a plus rien. C’est assommant.
E l i e. On s’engueulait a tel point que je lui ai coupe la carotide par desespoir. Pas possible de s’enerver autant. Je n’ai pas tenu ma parole - descendre cet intellectuel seche sur pied d’une facon creative et sadique a l’aide d’un cheveu - par sa faute.
C a m i l l e. Naturellement c’etait de sa faute. Il n’a pas du s’agiter. Pourquoi il a pris l’habitude d’ejaculer sur ton visage? On croirait un professeur. Pour le visage comme le tien je lui couperais toutes les arteres, dans le cul la balayette. Il a eu de la chance de ne pas m’avoir a cote, putain. J’arracherais sa bite et ses couilles theatrales avec mes dents et je les rongerais sans m’etrangler avec. Il regretterait mille fois de ne pas mourir autrement.
E l i e. Ne t’enerve pas, Camille, calme-toi!
C a m i l l e. Tu parles. Comment je peux me calmer lorsqu’une bite de professeur, putain, ejecte son sperme lepreux sur la figure celeste de ma fille bien-aimee. Il n’est pas question de me calmer dans cette situation. C’est hors de nos traditions de famille.
E l i e. Calme-toi, Camille, je t’en prie.
C a m i l l e. Je vais me calmer, Elie. Ces connards de mecs m’enervent a couper la chique. On s’enerve jusqu’a s’aliter, putain.
E l i e. De cette facon notre situation s’est eclaircie. Toutes nos relations avec Sovotchka sont devenues transparentes. Les visites au theatre et les ejaculations dans le pantalon de chez Versacci pendant les spectacles de Stein n’ont pas valu la peine.
C a m i l l e. Et lorsqu’il rentrait chez lui, salaud, il a pris l’habitude d’ejaculer son sperme de marque sur ta figure et de l’etaler. Un vrai pede de boheme, putain.
E l i e. Un pede absolu et culotte. Lorsque le destin a fait son apparition devant ses yeux   - qui se sont avere non pas intelligents mais maniaques et ternes, des yeux d’un con, quoi - il a fait voir son for intereur terre a terre et pourri pour empoisonner le monde par sa puanteur.
C a m i l l e. C’est le cas de tous ces mecs de boheme pourris et ambitieux.
E l i e. Je ne pouvais plus le regarder dans les yeux. J’ai mis un oreiller sur sa balle pour que le sang ne jaillisse pas dans tous les sens et j’y ai pose mes fesses qu’il adorait d’ailleurs. Lorsque ce con a realise que sa fille bien-aimee allait le descendre par amour pour lui, il s’est mis a hurler. Il a compris, cette pedale, qu’il n’avait pas pu satisfaire cet amour.
C a m i l l e. Il s’est mis a hurler?
E l i e. Oui, il hurlait a la mort. Pour ne pas deranger les voisins j’ai monte le son de la television. J’ai bien fait de fermer d’avance toutes les fenetres. On dirait que j’avais prevu ces hurlements. Voila. J’ai ete tres nerveuse. Rien a voir avec ton Maxi le Premier qui souriait avant de mourir. C’est pourquoi je te jalouse mais d’une bonne jalousie bienveillante. Tu ne sais pas que Sovotchka possedait un chien boxeur Charles qui lui gagnait beaucoup d’argent en tuant des chats. Sovotchka pariait pour ce chien boxeur avec d’autres mecs, qui lui apportaient des chats. Ils pariaient que Charles ne pourrait tuer tel ou tel chat. Mais Charles les battait toujours dans le dos par ses pattes avant et leur cassait la colonne vertebrale. Il n’a jamais perdu. Parce que les chats ils font toujours le gros dos et avec l’aide de Sovotchka Charles a appris a frapper de toutes ses forces sur le sommet de la colonne vertebrale des chats. (Elle pleure).
Le bruit d’une enorme vague brisee se fait entendre.
C’etait insupportable, Camille
C a m i l l e. Il faut l’oublier mais retenir pour toujours. Ma chere fille, tu as autant souffert. Laisse-moi t’embrasser. Nous sommes, toi et moi, deux chattes survivantes. E l i e. Bien sur, Camille. J’ai tellement envie de t’embrasser! (Elles s’embrassent).
Nous avons offert tant de sacriffices a ces mecs sadiques, a ces trompeurs, nous leurs avons sacrifie tant de chattes. Il doivent en etre satisfaits. Parce que....
 
(**) Au milieu des racines d’un hiboux a epines, Une marionnette etait,
Decapitee, morte, sacrifiee… Gisant autour de son tronc,
Bras, jambes et tete eparpilles… Du coton sort de son cou tranche
Ses cheveux blonds sont arraches, Impossible de la reparer,
Il faudrait rever…
C a m i l l e. Je jouis, ma merveille.
E l i e. Et moi aussi, mon salut eternel.
C a m i l l e. Nous avons eu la chance de nous trouver, nous sommes sauvees par notre amour.
E l i e. Nous avons de la chance dans ce Pacifique bleu et hypocrite inonde de canaille masculine, de bandeurs baisant la cervelle.
C a m i l l e. Et Gogo lorsqu’il est venu pour t’aider a decomposer Sovotchka et a le liquider, comment s’est-il comporte avec toi?
E l i e. Ce salaud, lorsqu’il est venu pour m’aider, il a coupe la bite de Sovotchka et m’a force de la prendre dans ma bouche et lui, il a mis un chapeau de cowboy et puis en appuyant un petard contre ma nuque il m’a mise en quatre pattes devant un miroir et m’a baise d’une facon inouie. Cette baise m’a ote tout le plasir du meurtre. Je n’ai meme pas pu me souvenir apres d’un moindre detail agreable. En ce qui est de la baise il en tate, ce salaud. ( Elle enlace Camille passionnement).C a m i l l e. Mais nous allons le faire mettre, ma chere! (Elle embrasse Elie passionnement).
E l i e. Pas possible qu’on n’aille pas le faire mettre!!!
C a m i l l e. Tu te rappelles de notre premiere rencontre? E l i e. Je m’en rappelle comme d’un conte de fees
C a m i l l e. Comme d’une histoire de princesses lointaines.
E l i e.Ta mere etait au travail lorsque je suis venue chez toi a trois heures de l’apres-midi. La veille au soir je t’ai demande de poinconner mon ticket au trolley, tu l’as fait et m’as demande apres mon prenom et je t’ai repondu que je m’appelais Elie.
C a m i l l e. J’ai beaucoup aime ton prenom. Il se conjuguait tres bien avec ton physique en fleur.
E l i e. J’ai beaucoup aime ton prenom aussi. Il ressemblait beaucoup au mien et tu etais une fille en fleur et odorante.
C a m i l l e. On s’est echange nos numeros de telephone et on s’est pris un rendez-vous pour le lendemain. Je t’ai propose de venir chez moi parce que maman ne revenait qu’a sept heures. De cette facon si on se retrouvait a trois heures de l’apres-midi apres les classes on avait quatre heures devant nous. Tu m’as apporte un bouquet de glaieuls rouges et une grande boite de chocolat .
E l i e. Et tu as prepare une bouteille de Sauterne tres chic et aussi tu m’as offert un bracelet en ambre jaune.
C a m i l l e. Mais on ne s’est pas dit d’avance que tu apporterais du chocolat et que je preparerais une bouteille de vin.
E l i e. Tout s’est passe comme dans un reve. Pendant la nuit precedente je t’ai vue en reve comme reine du royaume des glaieuls.
C a m i l l e. Et moi je t’ai vue comme un oiseau en ambre jaune, vive et transparente qui voltigeait dans le ciel. A peine entree tu t’es deshabillee. Tu as fais cliquer une fermeture sur ton epaule, ta robe de soie a glisse sur le plancher et tu es restee toute nue, telle une fille celeste de marbre. C’etait comme ca. (Elle fait cliquer la fermeture, sa robe tombe par terre et elle reste toute nue).
E l i e. Tu a pris ta robe par le bas, tu l’as tiree par dessus la tete et l’as rejetee comme une chose tout a fait inutile.
C a m i l l e. Et puis nous nous sommes approchees et on s’est mis a s’embrasser.
(Elles s’approchent et se mettent a s’embrasser).
E l i e. Puis on s’est allonge sur ton canape magique et on y est restee inseparables jusqu’au signal de ton reveil a sept heures moins le quart parce que a ce moment-la je devais prendre une douche et partir avant l’arrivee de ta mere.
C a m i l l e. Le lendemain tu es venue chez moi a neuf heures trente pile - juste deux minutes apres le depart de ma mere
E l i e. Il n’y avait aucune possibilite de nous separer avant sept heures moins le quart - l’heure du retour de ta mere.
C a m i l l e. Cela a dure pendant six semaines. Nous avons passe nos examens grace aux notes des autres etudiants
E l i e. Cela a dure pendant six semaines jusqu’au moment ou ta mere est rentree a l’improviste a sept heure, elle a ouvert la porte et nous a vu accouplees, bouton en bouton, nous etions pretes a jouir, nous ne pouvions pas nous arreter et finalement nous avons joui devant les yeux de ta mere petrifiee.
C a m i l l e. Ma mere s’est evanouie et en tombant sa tempe a bute contre une chaise et j’ai tout de suite compris que je n’avais plus de maman.
E l i e. C’etait triste.
C a m i l l e. La vie est dure. Ma maman on l’a brulee et depuis je n’ai que toi dans ce monde.
E l i e. Pardonne-moi
C a m i l l e. Ce n’est pas de ta faute ni la faute a personne d’autre. Ma mere ne me comprenait jamais. C’est que tout homme apparait au monde pour y faire ses propres culbutes predestinees.
E l i e. Et l’amour est aussi une culbute e la va-comme-je-te-pousse?
C a m i l l e. L’amour c’est quelque chose de divin, de superdivin meme. C’est tout ce qu’il me faut dans cette vie.
E l i e. Et pourquoi donc tu parles alors d’une tristesse?
C a m i l l e. C’est qu’on est malheureux lorsqu’on aime. E l i e. Y a-t-il donc une solution?
C a m i l l e. La solutuion est pareille au meme - aimer toujours. Lorsque l’amour prend l’offensive, il remporte la victoire.
E l i e. Lorsque l’amour prend l’offensive, il remporte la victoire.
C a m i l l e. Il faut s’en rejouir et jouir.
E l i e. Je jouis, je jouis, je jouis.C a m i l l e. J’ai faim et Gogo le pilote, Coco le medecin de quatre sous n’arrive toujours pas, putain. (Elle serre Elie dans ses bras et l’embrasse).
E l i e. Je vais tirer ce pilote. Achete-moi un fusil pour que je puisse finalement tirer ce male inutile qui n’arrive jamais a temps. (Elle embrasse Camille).C a m i l l e. Je t’acheterai un fusil, Elie et tu nous feras la joie de tirer ce pilote inutile parce qu’il n’arrive jamais a temps. (Elle embrasse Elie).
E l i e. Il arrive a des heures indues lorsque nous ne voulons pas de lui. Il dit que nous n’avons aucune ile dans le Pacifique!!! Camille, il dit que nous n’avons pas d’argent!!! (Elle embrasse Camille).
C a m i l l e. Il veut s’emparer de notre argent et de notre ile pour y loger des petits enfants de dix ans. Ce pedophile veut y loger des garcons et des filles de dix ans. (Elle embrasse Elie).
E l i e. Il ne sait pas que notre amour aussi bien que notre ile ne peuvent jamais sombrer. (Elle embrasse Camille).
C a m i l l e. Oh, oui, ma petite fee. Pour toi, pour notre amour j’ai abandonne celui que j’aimais , j’ai abandonne ma famillle et ma fille. Maxi a tout fait pour moi, un jour il m’a tiree de la boue. Mais   j’ai vu ton bouton je me suis sentie envahie par la grande vague, par le tsunami magique et odoriferant. Et lorsque ton bouton a penetre dans le mien j’ai compris une fois pour toute que je n’appartiens qu’a toi - a ton bouton precieux et a ton ame pure - c’est a eux que j’appartiens. Tu fais partie de moi, Elie et je ferai tout pour que ca reste comme ca. Je suis incapable de quitter ton bouton pour une demi-heure de peur d’en etre separee pour toujours. Parce que ca va me tuer, je vais mourir sans ton bouton vivifiant, Elie. Mais du moment que je suis ici, qu’on est ensemble, je ne puis peindre que ton joli visage.
E l i e. Moi non plus, je ne peux pas vivre sans toi, sans ton bouton vivifiant, ma petite Camille. C’est pour toi que j’ai aneanti Sovotchka et ... Mais lorsqu’on est ensemble je ne pense pas a Sovotchka - je n’ai besoin de personne d’autre que toi, Camille. (Elle se met a sangloter). Si tu veux je peux accoucher pour toi. J’acheterai du sperme de joli garcon et j’accoucherai d’un joli enfant pour toi .
C a m i l l e. Je peux aussi acheter du sperme d’un joli garcon et accoucher d’un joli enfant pour toi. Nous y penserons apres. Qu’est-ce que tu prendras pour le diner: des cocos ou des bananes?
E l i e. Des cocos au lait?
C a m i l l e. Comme toujours.
E l i e. D’accord si c’est comme toujours.
C a m i l l e. Nous vivrons de notre amour. Rien d’autre. Du coup cette grande vague mechante, ce tsunami qui va effacer le monde des males, ce monde venal, impuissant, demoniaque et pervers n’est pas dangereuse pour nous puisque nous
avons notre propre tsunami celui de notre amour. Il serait seul a faire face a la vague de la destruction totale et du mal universel.
E l i e. Le tsunami de notre amour saint et sincere va eteindre le tsunami de leur demons phalliques. Les fleurs pousseront au milieu de la mer et le silence de l’Amour salutaire regnera. Nous y croyons. Nous nous donnerons la main et nous serons fieres de faire voir notre amour a tout le monde. Qu’ils nous regardent, tous les mechants puritains du monde, tous ces males pervers et pedes et qu’ils nous jalousent. Nous serons peut-etre les plus malheureuses parmi toutes les jeunes filles amoureuses, peu importe, mais nous nous tiendrons par la main toutes fieres de montrer notre amour a tout le monde. Nous allons marcher et jouir sans males pervers et nous en serons heureuses.
C a m i l l e. Nous allons enfiler sur nos fesses divines des slips etroits qui vont serrer nos boutons a chaque pas. Nous allons marcher en jouissant et jouir en marchant jusqu’a l’horizon de l’Univers, jusqu’au bout de notre Amour sans limite.
E l i e. Et si le sort nous destine de tomber nous prendrons l’envol en tombant - j’y crois - nous prendrons l’envol en tombant. Parce que nous volons deja, Camille, tu vois que nous volons deja!!!
C a m i l l e. Je le vois, Elie, je le vois.
E l i e. Mais tu m’acheteras un fusil et je tuerai un jour ce sacre baton a bout, ce pilote de Gogo qui nous couvre le ciel et nous empeche de voler parce qu’il ne veut que baiser, baiser sans amour avec sa bite bandante. Qu’il tombe et qu’il se brise en miettes sur cette ile sacree, qu’il tombe et se brise sur cette ile sauvage au milieu du Pacifique. Ce salaud de pilote il n’est qu’un male pede a la bite bandante et aux couilles en helice. C’est qu’ils n’aiment pas, ils ne volent pas ces males. Pourquoi nous ment-il, ce baton merdeux en nous assurant qu’il aime et qu’il vole et en nous traitant comme des cobras rampant dans la cave? Pourquoi le fait-il, cette tata, ce pedophile, ce maniaque? Mais pour ce qui est la baise, il en tate, oh, ce qu’il en tate!!! (Elle se met a sangloter en embrassant Camille).
C a m i l l e. C’est un bandeur a peter du feu. mais nous allons en finir avec. Dieu sait - il n’a pas voulu de paix ce Gogo. Ne pleure pas, Camille, surtout ne pleure pas. On ne va pas louper. Parce que je t’aime, Elie. (Elle se met a sangloter en embrassant Elie).
E l i e. Mais je suis fille quand meme, j’ai besoin de pleurer de temps en temps, Camille. Autrement tu ne dois pleurer non plus.
C a m i l l e. Moi, je suis fille aussi et j’ai donc besoin de pleurer, Elie.
E l i e. Mais on n’est pas des cobras, Camille?
C a m i l l e. Non, on n’est pas des cobras.
E l i e. Et nous ne donnons la vie qu’a des cobras comme nous, Camille?
C a m i l l e. Nous ne donnons la vie qu’a des cobras comme nous, Elie.
(On entend le bruit d’un helico qui s’approche).
E l i e. Il est tout pres. Tu entends? (Elle prend une seringue et la cache dans son slip). Nous, on a voulu de la paix, n’est-ce pas?
C a m i l l e. Mais la paix n’est accessible que par la guerre.
E l i e. Pourtant ce qu’il sait baiser, Camille!!!
C a m i l l e. Il le savait peut-etre, Elie. (Elle prend un rasoir et le cache dans son slip). Mais nous, on ne baise que par amour.
E l i e. Nous ne baisons que par amour.
C a m i l l e. Pour cette fois nous l’excederons par la baise et nous le descenderons.
E l i e. Pour cette fois nous l’excederons par la baise et nous le descenderons. C a m i l l e. Tu es mon tsunami.
E l i e. Et toi, tu es le mien.
C a m i l l e. Je fais le plus Beau Reve de l’Humanite, Elie. Nous sommes seules dans ce monde.
E l i e. Je fais aussi le plus Beau Reve de l’Humanite, Camille. Nous sommes seules dans ce monde.
C a m i l l e. Je vole, Elie
E l i e. Je vole aussi, Camille
C a m i l l e. Allons-y?
E l i e. Allons-y.
C a m i l l e. Il faut decouvrir le tableau.
E l i e. Nous le faisons toujours lorsque nous sortons.
C a m i l l e. C’est ton tour aujourd’hui de le decouvrir, Elie.
E l i e. Oui, c’est mon tour aujourd’hui, mais j’ai peur, Camille
C a m i l l e. N’aie pas peur, Elie, n’aie pas peur - il n’y a que des couleurs E l i e. Puis-je te tenir par la main, Camille?
C a m i l l e. Je te permets de me tenir par la main, Elie
E l i e (en tenant Camille par la main elle enleve la toile blanche qui couvre un tableau - on y voit deux cobras qui s’enlacent) . Des cobras?
C a m i l l e. Des cobras?
E l i e. Deux petits cobras, Camille.
C a m i l l e. Mais ils ne se mordent pas ces cobras, Elie?
E l i e. Ils s’aiment, Camille. Ils ne jettent pas d’ombres. C’est ton meilleur tableau, Camille, il represente la nature sauvage, mais si vivante. Tu as atteint a la clairvoyance comme Bouddha, tu es une autre Rose Bonnet.
C a m i l l e. Lorsque nous sortirons les cobras vont aussi sortir du tableau pour garder notre foyer jusqu’a notre retour. Apres ils vont garder notre sommeil et notre amour tout le reste de la nuit et ils nous aideront a prendre le dessus sur Gogo, Elie! (Elle serre Elie dans ses bras).
E l i e. J’ai l’impression qu’ils vont sortir de ce tableau, qu’ils sortent deja, Camille!
J’ai peur! Partons vite!
C a m i l l e. Mais les cobras amoureux ne se mordent pas, Elie. Qu’est-ce que tu as aujourd'hui, ma petite? Les cobras amoureux ne se mordent pas. (Elle se jette sur Elie et commence a l’embrasser avec passion).
E l i e. Les cobras amoureux ne se mordent pas. ( Elle embrasse Camille avec passion).
C a m i l l e. Je t’aime, ma petite. Tu es mon salut.
E l i e. Je t’aime aussi, maman. Tu es mon salut. Mais le serpent c’est un phallus, Camille
C a m i l l e. Saint Augustin disait que lorsque nous atteignons a la clairvoyance nous pouvons ne pas penser au Bien et au Mal. Nous sommes deja sauves.
E l i e. Parce que nous faisons du Bien sans y penser.
C a m i l l e. Parce que nous faisons du Bien sans y penser.
E l i e. Mais le serpent c’est un phallus masculin, Camille!
C a m i l l e. Dans ce cas qu’est-ce qu'il nous faut encore? Nous sommes capables de tout! (Elles s’embrassent).
 
E l i e.
(****) MOi aiMer toI pRimiTivE Tu doNneZ mOi boNs bonsBons
MOi quAnd voiR tOi etRe uNe enDiVe Tu etRe poUr mOi un vRai poIsoN MOi reSter boUchE beE
QuaNd mOi vOiR tOi paSseR Y a dU seNt bOn suR mOi
Plein mOn pUll cOulEur cAca d’oiE C a m i l l e. Gogo ?
E l i e. Gogo.
C a m i l l e   et E l i e. I –gogo.
(Elles s’embrassent et partent en se tenant par la main).
On entend le bruit d’un helico qui atterrit et d’une vague geante qui se brise.


Moscou, juillet-aout 2002.


(*) «Volage, petit nuage...» De Maria Volokhov
(**) «Sacrifice» De Maria Volokhov
(***) «Correspondances» De Charles Beaudelaire
(****) «PriMiTivE» De Maria Volokhov







« Lesbiennes du bruit de tsunami » de M.Volokhov.

La piece de Mikhail Volohov «Lesbiennes du bruit de tsunami» me semble une etude extraordinairement importante et philosophique des problemes du monde moderne.
Il se trouve que la dramaturgie de Volokhov est une serieuse penetration dans tous les douloureux defis auxquels se heurte l'humanite moderne. Dans la piece en question l’auteur en evoque un, au plus haut point actuel: la perte par le monde moderne de qualites humaines fondamentales, a savoir, tendresse, amour, rapports humains, amitie, mariage, etc. Le monde contemporain perd ces valeurs qui, de tout temps, ont ete autant des composantes de la culture humaine, les perd irrevocablement, et le nouveau millenaire apporte des formes de plus en plus dures de l'existence excluant ces qualites humaines de base.
Les deux heroines de la piece - si on lit le texte de facon serieuse et attentive - ne me paraissent pas des etres d’un age, ni meme d’un sexe, determines.
Pratiquement, ce sont-la des etres dans lesquels sanglote, hurle l’absence de Dieu dans ce monde qui ne laisse pas de place pour l'amour, ou l'amour est rudement eprouve par le mal universel, la cruaute generalisee, le terrorisme, les guerres,
l’immoralite, la toxicomanie, etc. etc.
Cette liste, malheureusement, est tres longue. C'est pourquoi, tout au long de la piece, les deux heroines tentent en tatonnant, d'embrasser de tous les cotes le probleme qu’est le fait d’etre «laissees pour compte» dans ce monde pour elles denue de vie.
Pourquoi ai-je dit que leur sexe et leur age importent peu? En fait, les heroines pourraient se ranger entre adolescentes et femmes voire hommes, pour ainsi dire, sans age. Quant a leur sexe – en l’occurence, il n'est point important qu’elles soient ou non lesbiennes. La encore, c’est le jeu ordinaire et constant de Volokhov avec les notions qui, au depart, nous semblent choquantes, tandis qu’en fait,
l’auteur ne fait que designer son objet. Volokhov designe la une certaine lacune, un vide a l'interieur duquel se deroule, au fond, l'action. En effet, les hommes sont tout autant abandonne par Dieu – seulement, il leur manque un certain appareil avec
lequel ils pourraient capter et mesurer la qualite et le degre de la chute dans les abimes surhumains des delicats sentiments humains. Les femmes parviennent donc mieux en l’occurrence, a fouiller leurs ames, meme si les hommes pourraient au niveau du subconscient comprendre et sentir la meme chose.
Dans cette piece, l'action constitue une tentative d'organiser un oasis de sentiments, de moyens d’expression - fuyants, s’evanouissant, se precipitant dans une coquille geante - comme le sable dans un sablier. Et le spectacle doit
justement avoir pour but de saisir et d’attraper cette sensation fuyante dont vit
justement l'amour et l'attraction entre humains. Et a mon avis, la mise en scene de la piece doit correspondre a cet immense theme que souleve Volokhov. À savoir - elle doit etre concue comme une haute tragedie pareille a celles de la Grece antique, comparable avec les hautes passions du theatre japonais No. La musique, elle aussi, doit etre adequate. Il est evident que, derriere la scene, retentissent des tam-tams rythmiques - sans nulle phrase musicale - alternant avec
 
les sanglots de la cithare japonaise. Cela cree une sorte de pulsation de l’energie
«chi», celle d’une sensibilite au plus haut point emotive.
Il importe tout autant que les heroines ne se touchent pas physiquement. Et n'importe quel trait qui ramenerait la piece a la platitude realiste pulveriserait l'idee-meme de la piece de Volokhov.
Les dialogues doivent etre prononces presque dans une bulle vide. Et les heroines ne se parlent meme pas l'une a l'autre. Ces mots, au fond, elles ne les prononcent meme pas. Peut-etre est-ce la un contact direct des ames. Sorte de seance telepathique. Un ecoulement quasi imperceptible dans une forme verbale des pulsations des sentiments fins. Donc, aucun contact physique entre personnage. Sans parler des etreintes ou quoi que ce soit qui, d’une maniere ou d'autre, puisse etre percu comme preliminaire au sexe. Et meme un maquillage et ou des costumes concrets, reconnaissables feront devier de l'idee de la piece.
C'est pourquoi, il peut y avoir sur scene deux grands symboles du sexe feminin - des cercles gonfles comprimes par en-dessus, peut-etre meme illumines de
l’interieur (ampoules ou conduites lumineuses). Les femmes peuvent s’en servir comme des balancoires, y dire des monologues, passer a travers, etc. – il y la tout un nombre de moyens plastiques a mettre en oeuvre, que peuvent donner ces symboles volumineux. Et rien de plus sur la scene! Rien qui ressemble a des chaises ou une table, des bicyclette ou peu importe quoi de concret, en general... Les costumes des personnages doivent aussi etre minimes, mais en aucun cas des bikinis. Ce doit etre des bouts de tissu tres fin flottant autour sans rien cacher ni mouler. Qu'ils fassent simplement l’effet de deux nuages ou, plutot, nebuleuses. Plus largement sera comprise la base metaphorique de la piece, et mieux ce sera, car il est extremement important pour le public – des le premier mot, des le premier moment de la piece - de se concentrer sur le texte. Parce que c’est le texte qui seul importe ici. Tout le reste n’en est qu’arrangement plastique qui, d’ailleurs, ne doit point l’illustrer, mais symboliser cet etat d’alienation de la personne humaine de l'image divine. Dans un contexte religieux, on dirait qu’il s’agit justement du fait d’etre abandonne par Dieu, des consequences d’un tel abandon, a savoir - la destruction des relations humaines fondamentales. Et je pense que cette piece est une percee proprement revolutionnaire dans le domaine de l'esprit dans lequel travaille ordinairement Volokhov.
Le texte doit etre dit hors de la maniere theatrale habituelle, sans nul realisme illustratif quelconque, il ne faut absolument pas chercher a «incarner le
personnage», a rendre telle ou telle caracteristique concrete de l'heroine. Cela ne doit pas etre, il ne doit pas interesser le spectateur comment s’appelle l'heroine, ou quel age elle a, etc.
Il peut paraitre que ce serait-la un spectacle evide. Au contraire. On est normalement attire par toute chose qui nous releve, qui fait prendre l’envol a notre esprit.
Le texte doit etre prononce tantot par rafales, tantot avec des pauses, des pauses infinies.
Les heroines ne parlent pas au sens ordinaire du terme. Tout ce qu’elles font, toute leur communication n’est que vie de l'Esprit, douleur de l'Esprit et pleur de l'Esprit. La solitude, l’abandon, l'absurdite de l'existence dans ce desert brule de l'Esprit. Tout cela reuni rendra la piece reellement fascinante.
Connaissant bien la dramaturgie de Becket et Ionesco, je tiens a souligner que Volokhov a depasse cette limite du theatre de marionnettes, de l'absurde de chambre, et que sa dramaturgie est celle du troisieme millenaire. Et que trop
 
l’archaiser - a-la milieu du vingtieme siecle - serait tout a fait incorrect, parce que le monde a enormement change depuis, ainsi que les ames, le caractere-meme des relations entre hommes a subi des cataclysmes enormes qui ont detruit nombre d’objets ayant existe a l’epoque ou ecrivaient Becket et Ionesco et beaucoup d’autres... D’autant plus que Volokhov cree ses pieces de repentir, catharsisantes «de vive voix» au sein de l’imperatif ethique chretien fondamental
«tu ne tueras pas», ce qui eleve ses spectacles au niveau sans precedent du
«Mystere du Calvaire» lorsque tous les peches du monde, assumes par ses personnages, sont consumes jusqu’a l’etat de cendres des simples verites guerissantes.
Quant àu Theatre avec une majuscule, aux grandes tragedies du passe – Euripide, Shakespeare, Racine, Corneille, etc., toute cette grande voie dramaturgique qu’a passee l'humanite, elle est presente dans l’oeuvre de Volokhov comme sensation de la voie parcourue.
Et dans le «Calvaire de Tchikatilo» volokhovien on peut trouver l'echo de tous les chef-d'oeuvres de la dramaturgie mondiale - des Grecs et jusqu’a nos jours.
ANATOLY BROUSSIOVSKI


10)

Mikhail Volokhov


Lioudmila Gourtchenko vivante


Monodrame

Texte francais: Nikita Krougly-Encke

Au premier plan, dans un decor improvise, se place Lioudmila Gourtchenko.

Au fond de la scene, se trouve un gibet. Sa corde serre d’un n;ud le goulot d’un vase avec des fleurs qui se tient sur un tabouret.


L’infideliteest le leitmotiv de ma creation, celle de Lioudmila Gourtchenko.
Je ne supporte pas les trahisons. Pour moi, la fideliteest une base de la vie. Et aussi, des mecs superbes comme Alain Delon.
Mais avant tout, j’essayais d’etre une tres bonne et fidele actrice, afin que toi, mon publique cheri, me sois fidele et reconnaissant pendant toute ma vie.
C’est pourquoi je me suis toujours efforcee de rester toujours jeune et belle. C’est tres important pour ma profession, de rester toujours en forme, parse que toi, le publique dans la salle, dois te redresser avec moi, ca veut
 
dire, etre aussi reussi, talentueux et beau comme moi…
(Elle efface une larme.)
On ne peut ni demander, ni se plaindre. “Le matin, t’es un mi-monstre, le soir, une deesse”. Ainsi parlait de moi mon papa.

Moi, Lioudmila Gourtchenko, suis une femme fragile avec un caractere fort, une vraie demoiselle sovietique qui est nee le 12 novembre 1935 sur le territoire de l’ex-Union Sovietique, etat puissant et totalitaire.
Et apropos, cela est tres apropos, mon quasi frere jumeau francais, oui, un frere spirituel, Alain Delon, que j’ai aimetoute ma vie, passionnement, mais sans le dire, je l’ai aimereellement d’une facon silencieuse, est nejuste 4 jours avant moi, le 8 novembre 1935.
Avant tout, il est cet homme veritable que j’ai cherchependant toute ma vie. Et je ne l’ai pas trouve.
Et bien s;r, j’allais voir sans fin des films avec sa participation, ou j’ai pu admirer mon propre jeune homme dans le film triste et affligede Visconti “Rocco et Ses Freres”.
Ensuite, Delon m’a remontele moral dans ses pellicules criminelles et lyriques: “Melodie en Sous-sol”, “Borsalino and co.”. Apres, quand Alain Delon et moi sommes devenus plus ;ges, je l’ai admiredans les pellicules comme “La Piscine” avec Romy Schneider et “Adieu l’Ami” avec Charles Bronson.
Et bien s;r, dans “Soleil Rouge” avec Ursula Andress acheval.
Ce role, dans “Soleil Rouge” avec Ursula Andress acheval, et dans ce triangle feerique avec Delon, Bronson et Toshiro Mifune, l’acteur prefered’Akira Kurosawa, je l’aurais jouer beaucoup mieux qu’Ursula Andress.
 
Comme m’a captivece role incendiaire de la volage Christina, petite amie de Gauche [interprete] par Alain Delon.
Quel bonheur - galoper ainsi un cheval bai et abattre tout le monde avec son buste elastique percant les boucles du chemisier! Je vous assure - mon buste etais mille fois plus beau dans ces annees de ma jeunesse sensationnelle.
Et le dernier film de Delon, amusant et hilarant “Une Chance sur Deux”. L;, Delon et Belmondo essayent d’eclaircir de qui est la fille Vanessa Paradis.
Il m’a sembleque j’etais cette fille aeux, mais depassait dejade loin la soixante-dizaine, dans une Russie froide et enneigee.
C’est vraiment etonnant - Alain Delon qui est mon ainede quatre jours seulement, mon fatal frere aineRocco, est du meme groupe sanguin.
Apres avoir vu le film “Rocco et Ses Freres” ou Delon interpretait le role du frere le plus fort, je suis tombee amoureuse de lui aperdre la memoire. Dans ce film, je voulais etre Annie Girardot. Elle est tuee par le frere de Rocco Simone interprete par Renato Salvatori, juste un monstre fini qui dechire le corps entier de Girardot avec son couteau.
Apres, j’ai etejalouse de Delon aMireille Darc. Souvenez-vous de cette comedienne dans le film “Le
Grand Blond avec une Chaussure Noire” avec son cul nu de satin sortant de sa robe de satin noire coupeau dos plus large que son dos et ses fesses.
Oui, cette blonde fatale de Mireille Darc a vecu avec Alain Delon les 18 ans entiers, mais ne put lui donner un enfant et ils se sont separes.
Moi, je lui ferais un enfant…
Je suis Lioudmila Gourtchenko - un element feminin de comedienne qui se suffit asoi-meme - aimais plus que tout au monde de faire des roles tout d’abord pour mon
 
propre reconfort creatif, d’engendrer des personnages feminins eternels sains, memorables, apart entiere.
Et apres, ca venait si naturellement, ces vivifiants personnages feminins qui etaient miennes remontaient l’esprit des hommes beaux, ideaux et des femmes non moins belles et ideales, au nom de la vie et de l’amour.

En aimant soi-meme, un grand comedien aide tout le monde atravers la scene!
On va se mettre en effet adonner des enfants aux maris domestiques de litiere!
Ces maris, telles vieilles femmes, ne peuvent que rester ala maison, en comptant ton fric pour eux-memes, le fric que tu as gagneavec ta sueur et ton sang aux concerts et aux films.
Et encore qu’ils consideraient leur celebre femme comme moi la plus haute realisation de leur vie pour trahir une femme aussi celebre comme moi.
Je n'avais aucun interet de rester une personne domestique dans la norme.
Dieu m’a donnele talent, pour reincarner le reve de mon pere, celui de devenir une grande comedienne dans une compagnie gaie et saine, une zone creative gaie et saine de sa propre folie culturelle et bienheureuse controlee: Et non dans une zone plate et sans talent d’une vaniteuse affirmation de soi comme cela arrivait aux personnages pistonnes bohemiens ala comediens aux liens
parentaux.
Alain Delon me comprend parfaitement. Et acelui qui ne l’accepte pas, Alain Delon cassera la gueule avec un grand plaisir, aces aventuriers de l’art sans talent nevrotiques et schizophrenes.
Ils ne se calmeront jamais - ces imperfections simulacres a chier  - ils  sont  gravement malades  de  leur
 
incurable absence de talent en reportant sur les autres leur infection nerveuse et pernicieuse.
Concretement, des killers affaires empechent des gens de vrai talent adecouvrir leur celeste don brillant en pleine sonnerie de cloche. Mais seulement un don d’acteur supreme est capable de transmettre au peuple, aux gens l’Illumination Spirituelle et Salutaire afin d’acquerir le bonheur possible dans cette vie insupportablement maladroite qui est la notre.
Mais nous, les vrais, les “Gens audacieux” Russes creatifs non-nevrotiques sommes toujours acheval de bataille blanc et sain.
Serguei Gourzo, un comedien contagieusement chic. Tres lyrique et naturel comme la nature montagneuse traversee par son cheval galopant vers les etoiles. Je voulais etre comme lui.
En meme temps, au quotidien, je ne suis pas une bonne mere, al’avis de ma fille infirmiere l’avare Macha.
En revanche, je suis une tres bonne grand-mere, al’avis de mon celeste petit-fils Marik.
Et je suis une fille particulierement extraordinaire, al’avis de mon pere bienaimeMark!
Et ma mere m’a aussi aimee dans les pauses entre les cigarettes russes, et apres, les cigarettes tout court, avec ma fille infirmiere Macha.

Avec maman on a passetoute l’occupation allemande de Kharkov. On a meme eviteune chambre agaz toutes les deux ensemble.
C’etait une sorte de camion de mort fasciste pour des executions sommaires avec un tuyau d’echappement dirigevers la carrosserie. Les fascistes fourraient les gens dans ces camions, une cinquantaine de personnes en meme temps, serres comme des harengs dans un tonneau.
 
Et quant ce camion se mettait arouler, dans une cinquantaine de minutes, tous les gens qui se trouvaient dans ce fumoir meurtrier etaient etouffes et morts. Une execution sauvage.
Les allemands ont inventede telles executions par etouffement sommaires afin de ne pas soi-disant etre tortures par la conscience, comme en appuyant la g;chette du pistolet, si il fallait qu’un seul militaire allemand abatte plusieurs centaines de captifs.
Alors aKharkov fasciste, maman et moi, on faisait du commerce au marche.
Et les Allemands, ces deuxiemes Allemands des S.S. qui sont arrives apres les premiers Allemands pas aussi mechants qui au debut ont eteexpulses pour deux semaines par nos soldats de l’Armee Rouge glorieux, mais si peu nombreux et si extenues.
Alors, ces deuxiemes Allemands qui ont dejaexpulsenos glorieux soldats de l’Armee Rouge, ont etedes Allemands des S.S. tres mechants, comme des bergers allemands, et faisaient des embuscades au marche, ou nous, des enfants, des meres et des grands-meres kharkoviens occupes, pouvaient vendre quelque chose afin de survivre plus ou moins comme des chiens.
Ca a eteterrible, quand ces allemands fascistes nous traquaient avec leurs bergers aux grands crocs, ceux qui n’ont pas eu le temps afuir le marche, nous, orphelins kharkoviens, affames et geles, ils nous poussaient dans ces camions agaz infernaux.
A quel but? Ainsi les fascistes essayaient de ratifier et ecraser la population de Kharkov, fiere et resistante. Et maman et moi qui vendait au marchedu tabac afin qu’on ne meure pas de faim, on a failli de tomber une fois dans ce camion agaz infernal ala suite d’une telle embuscade.
 
C’est quelque chose de terriblement similaire au taureau de Phalaris, cet ancien instrument d’execution. C’est quand on placait des anciens Romains condamnes ala mort dans un taureau creux fait de tole d’airain. On allumait le feu sous le ventre de ce taureau. Et la personne mourait dans des tourments atroces.
Et tous les spectateurs de cette execution entendaient comme si c’etait le vrai taureau qui mugissait car dans les narines du taureau etaient places des convertisseurs des cris humains en mugissements de taureau.
Dans ces camions agaz entendaient leurs propres gemissements seulement les gens qui eux-memes s’etouffaient avec du monoxyde de carbone de ce camion agaz infernal.
Ces temps-l;, les Allemands gardaient et choyaient precieusement leur conscience et leur sante.
Quand ils jetaient les gens dans cette machine infernale, ala fin, beaucoup, au seuil de la carrosserie du camion, prenaient le maximum d’air frais. Cela ne pouvait pas les aider, bien s;r.
Je me rappelle particulierement d'un de nos etonnant bienheureux qui est aussi tombedans cette infernale embuscade fasciste.
Il s’est mis adanser en se trouvant dejaau seuil de la carrosserie du camion infernal.
Au debut, les Allemands restaient bouche bee devant cette bouffonade russe, et ils lui ont permis de finir sa danse en jouant leur harmonica allemande. Mais apres, sous les ses rires et leurs rires melanges, ils l’ont pousseen dernier dans ce camion de gaz en fermant hermetiquement sa porte derriere lui.
Je me rappelle comme les larmes ont coulede mes yeux. J’ai etechoquepar cette scene ala grande tragedie shakespearienne.
 
Ca a eteun numero d’acteur extraordinaire d’un bienheureux Russe inconnu, un soldat de notre juste art russe performant noblement et heroiquement devant ces Allemands engraisses, frenetiques et zombifies jusqu’aux meurtres par ce nevrotique d’Hitler.
Alors, en cette annee 43 de mauvaise memoire, j’ai compris que meme si le publique aimait l’acteur et le laissait finir adanser son numero inegale, peuvent le tuer impitoyablement sous des rires et des hurlements communs des hommes imbibes de biere.

La meme execution masculine imbibee de biere m’est arrivee amoi aussi apres la succes retentissant du film “La Nuit du Carnaval” adorepar le publique de la patrie Sovietique bienaimee.
La coutume chinoise demande qu’on br;le les dragons du carnaval! Chez nous, les commis des fetes aux cravates du KGB doivent transformer en mouchardes des filles asucces telles Poucettes-Lioudmilas.
Et si tu resistes, on va te torturer et t’achever comme une meuf qui va trop loin, apres ton vol culturel cosmique. Quand tu commence atrop rever, que t’as gagnel’Eterniteavec la gloire de “La Nuit de carnaval”…
L’Eternitede la Reconnaissance, de l’Amour, de la Fidelite, de l’Amitieet du Devouement du monde entier, aqui ce film a donnel’espoir de vie subsequente honnete et pleine d’amour.
Mais… T’as recu ta gloire, c’est parse que t’es une sorciere. Et comme au Moyen Age, une telle fille merite des tiges et des aiguillons avec decapitation de sa belle tete.

Quand les Allemands ont tout juste occupeKharkov, je n’avais que six ans. Et c’est apartir de cet ;ge que j’ai
 
commencemon education meurtriere de vie kafkaienne sur les executions fascistes.
Pendent l ’ occupation allemande, nous les kharkoviens, les S.S. nous sortaient souvent sur la place. L;, ils executaient les partisans et les autre dignes Sovietiques qui faisaient de la resistance au fascistes.
A debut, ames six ans, je ne comprenais pas ce qui se passait avec la personne qu’ils mettaient sur un banc sous la barre de la potence.
Apres, ils mettaient sur son cou une corde avec un n;ud attachee acette barre.
Apres, ils donnaient un coup de pied au banc et la personne se trouvait dans l’air pendue au cou ala corde.
Apres, la personne encore vivante se contractait en emettant des sons rauques et se taisait, cette personne heroique, notre proche, pendue par les Allemands.

Et moi, une fille de six ans, ne realisais pas ce que c’etait la mort.
Je ne comprenais pas que ces executions des Sovietiques par les Allemands etait une punition anos gens heroiques pour la raison qu’ils voulaient rester libres et honnetes.
Qu’ils approchaient notre victoire commune, une pour
tous.
La victoire, apres laquelle nous sommes tous
devenus libres et heureux, nous avons appris achanter, adanser, aentrer dans la classe de Guerassimov ala fac de comedie au VGIK.
Apres, aaller au Mosfilm en jupe ajustee telle Poucette, en montrant atous les entourants sa taille de guepe inegalee.
Et Ivan Pyriev qui venait ata rencontre!
 
Il m’amene sans tarder au plateau de tournage, ou Riazanov tournait sa “Nuit de carnaval”!
On m’as confirmee dans le role principal cosmique ala place d’une nevrotique!
Et voilaqu’apres quatre mois de tournage dans un decors naturel du the;tre de l’Armee Rouge Sovietique Legendaire, le film est sorti litteralement sur les ecrans de tous les cinemas sovietiques!
Et en un seul instant, je deviens, tout comme Gagarine, la celebre comedienne sovietique bien meritee!
Mais… mais apres ”La Nuit de carnaval” inegalee, nos kaguebistes adores, especes de Stierlitz, m’ont proposede chanter aux concerts avec des VIP-personnes de l’Union Sovietique pour les moucharder apres!
Et moi, pour cette proposition, je les envoyais se faire enfiler du mot “cul”.
Ils me repondaient qu’acause de cet envoi de se faire enfiler, ils me broieraient en sciure.
Et… ils tenaient leur parole. Les b;cherons du KGB aimaient tenir leur parole.
On ne me donnait plus de premiers roles pendant 15
ans.
Et pendant ces 15 ans toutes les nuits, je voyais dans
mes reves ces executions fascistes.
J’ai eteconduite, telle Zoia Kosmodemianskaia, parse qu’elle a commis un exploit populaire, ame faire executer pieds nus sur la neige epineuse et j’ai etependue.
Pendue… pendue… pendue…
Mais! Pendue anotre temps de paix par nos bons mais kaguebistes, pas du tout ala Stierlitz ni ala Richard Sorge, tels nos agents vaillants et heroiques, par nos kaguebistes sovietiques gris et banaux, l;ches et corrompus.
 
Et alors, pendant la reelle occupation fasciste de Kharkov, ames six ans, j’ai tout de meme reellement compris, que l’execution et la mort, c’est quelque chose de plus vil et dego;tant que les gens puissent inventer et faire aux autres.
Pendant ces executions, je mettais mon visage dans le ventre de ma mere, pour ne pas voir toute cette horreur.
Mais l’Allemand qui surveillait l’exactitude de tous les details de l’execution, s’approchait de nous et par la manche de son fouet retournait mon visage du ventre de ma mere. Afin que je vois et memorise tout comme c’est effectivement effrayant, insupportablement effrayant de regarder comme ces gens moqueurs al’uniforme allemand fasciste repassee pendent les autres gens, nos gens sovietiques heroiques en vieux vetements dechires, souilles et couverts de sang.
Je comprends que les Allemands suivaient l’ordre d’Hitler afin que nous, les enfants sovietiques de Gaidar en grandissant ne devenions les partisans qui auraient combattu ces monstres de fascistes…
C’est pourquoi anos six ans, nous devons voir ce qui advient pour ce combat contre les fascistes allemands.
Mais alors, j’ai commenceacomprendre autre chose, que ces fascistes allemands sont des vers qui on ne sait pas comment ont percenotre terre en sortant dans notre court et qu’il fallait ecraser, ecraser et encore une fois ecraser comme des cafards qu’il n’y en a plus dans le monde.
J’ai eteformee, comme vous le comprenez, pas du tout comme une jeune fille tolstoienne prete aexposer sa joue droite quand on lui frappe aplein essor la gauche!
Les executions fascistes ont formemon caractere apartir de six ans. Et c’est gr;ce aca que j’ai commenceacomprendre ce qui est bien et ce qui mal.
C’est le plus important dans la vie. Oui, c’est oui, non, c’est non.
 
Je comprenais clairement qu'un gars sovietique heroique parlant notre langue russe audacieusement et impertinemment a crieavant sa mort au gibier des paroles de victoire - ala Patrie! - cet homme russe glorieux ressemblait tellement mon pere parti comme volontaire sur le front.
Celui qui a donnesa vie pour nous afin que vous et nous parlions maintenant notre russe natal et comprenions les uns les autres en un mot et que nous nous aimions eternellement!
Et le soldat allemand qui a donneun coup de pied au banc sous les pieds de notre gars heroique, etait une vermine et un cafard.
Je me rappelle comment j’a eteinquiete alors de pas etre un garcon, sans possibilitede participer ala guerre et de tuer mon ennemi dans un honnete combat au champ de bataille.
Mais voilale paradoxe - ces Allemands occupants de Kharkov acotedesquels nous vivions dans la ville pendant deux ans - je ne voulais pas les tuer.
Je n’ai meme pas appris ales hair. Et ce n’est pas parse que plusieurs Allemands me donnaient amanger apres mes representations enfantines en concert devant eux. Grace aquoi on a survecu, ma mere et moi.
Et quand en 1944, lis ont montreaKharkov le film allemand “La Femme de mes reves” (“Die Frau mener Tr;ume”) avec Marika R;kk, je sui tombee follement amoureuse de cette actrice allemande et me suis mise achanter ses chansons anos occupants en leur langue allemande.
Et je me suis juree de devenir une comedienne aussi charmante et celebre, pourtant naturellement Russe, comme cette Allemande inegalee de Marika R;kk qui est quand
 
meme loin d’etre Marlene Dietrich qui s’est faite une renommee mondiale avec ses deux octaves.
J’ai reellement pitiede Jean Gabin qui aimait cette diva de Dietrich aux plumes d’autruche.
Mais aucune Marika R;kk n’a subi de ses admirateurs m;les de telles tortures douloureuses de Gestapo que j’ai subi moi, de nos agents du KGB.

Aucun metteur-en-scene al’instigation des agents du KGB ne m’a invitedans de bons roles principaux pendant quinze ans, quand j’avais entre vingt et trente cinq ans.
Et ca, c’est l’;ge feminin d’actrice le plus prospere et le plus sain.
En plus, il est arrivela tyrannie de la masque de “La nuit du carnaval”, celle d’une fille au sourire. Parmi les metteurs-en-scene, personne ne voulait me voir avec un autre masque.
C’est comme ca que vivait votre celebre actrice, celle qui n’a pas voulu moucharder par le KGB - qui a dit quoi et aquoi il a voulu boire.
Mon pere, bien s;r, me disait des paroles de soutien et d’aide: si le destin presse un bon homme - s’est pour le rel;cher apres”. Ma canneberge et ma deesse - c’est ainsi que mon papa m’appelait.
J’achetait de la canneberge glacee de sucre blanc - et j’en mangeais apleines mains toute seule. Parfois, c’etait meme tres bon, surtout avec du theindien, dans un emballage jaune. C’est nostalgique!

Mais Dieu merci, le destin m’a donneala fin de la vie le bonheur supreme - celui d’une mort subite!
Comment c’est arrive? C’est une une histoire gaie.
Voici, moi, une comedienne completement noyee dans ma gloire amere, sur les talons aiguilles et en manteau
 
de vison dans la nouvelle Russie, ames jeunes 76 ans, je promenais en plein centre de Moscou, acotede la maison, mon bureau du bonheur, mes deux chiens nains.
C’est quand mon teckel Touzik est mort, je me suis achetee deux chiens nains. Et voila, l’hiver, je suis sorti ales promener. Et je n’est pas fait attention au verglas.
J’ai glisse- comme c’est marrant! Je tombe - rire sauvage! Je me casse le col du femur - je ris juste comme une folle!
Un mois apres, mes poumons sont bouches par une thrombose - voila ce que la vieille caisse peut inventer - de tels trucs infirmes et excentriques!
L’ambulance a mis 20 minutes infinies - c’est notre cirque anecdotique habituel - et cette ambulance n’a as pas pu ranimer la comedienne preferee du publique pour me sortir de l’au-delavers notre monde.
C’est ainsi que la pellicule s’est terminee - tout le monde se tort de rire, et moi, je dirige encore, et apres, je fais le montage, et me tords de rire!
J’ai rendu l’;me aDieu dans un etat d’esprit feerique et joyeux, celui de “La nuit du carnaval”.
Ainsi, j’arrive aDieu et rends mon ;me dans une enveloppe fermee et scellee.
Et bien, pour etre tranquille, Dieu a ouvert mon enveloppe, sorti mon ;me, l’a peut-etre mordu, essayesur les dents, la langue. Je ne sais pas comment il le fait, Dieu, avant de decider si il faut envoyer la personne au Paradis ou al’Enfer.
Peut-etre, ce n’est pas de la facon si vulgaire que Dieu le fait avec nos ;mes, bien s;r, ce n’est pas comme un accapareur-expert des joyaux d’or et diamantaires et reliques dans notre royaume terrestre et humain corrompu.
Dans le monde, tout est equilibred’une facon equitable.
 
Pourquoi le vison a-t-il rendu son ;me quand on lui ecorcha la fourrure pour m’en faire le manteau? Ce vison-las’est vengede moi par le biais des chiens nains que je sortais pour promenade.
Le vison qui se venge, s’est trouveen lien astral cyno- mustelin avec mes chiens nains. Ces chiens nains m’ont tiree expres par la laisse que je marche avec mon pied sur la glace glissante et - en miettes!
Mais comme l’a dit justement de mon depart Nikita Mikhalkov que si l’on me mettait devant le choix de quitter la vie si instantanement sans souffrances avec une thrombose aux poumons ou bien une plante domestique sans maintien quelconque - moi, je prefererais la premiere variante d’un tel depart letal.
Seulement qu’apres ma mort, je n’arrive pas am’elancer vers le ciel d’une facon reelle et detaillee, comme j’ai reussi aflotter au ciel apres “La nuit du carnaval” stellaire. (Elle pleure.)

En fait, ma vie reelle s’est terminee encore plus tot, apres la mort de mon petit-fils inoubliable et adoreMarik qui avait quinze ans.
Il m’appelait malgreles calomnies de ses parents, autrement ma fille Macha, de ne pas appeler sa grand-mere, c’est adire moi, Lioudmila Gourtchenko.
Je ne savais pas que Marik etait adepte des drogues. Ma fille me cachait cette information, celle que Marik, mon adorable petit-fils Marik, etait adepte des drogues.
Quelqu’un est adepte de sport, un autre, de the;tre, quelqu’un aime voler dans les avions, et Marik aimait voler apres la prise des drogues. Et bien… il s’est envole…
Il n’a pas etele premier.
 
Seulement, comprenez-vous, Marik etait le premier et le dernier, c’etait mon seul petit-fils, toujours vivant et aimesans mesure, mon petit-fils adoreMarik. (Elle pleure.)
Je venais souvent voir mes deux Marik au cimetiere de Vagan’kovskoie. Marik-papa et Marik-petit-fils.
Quand je ne venais pas les voir au cimetiere pendant tres longtemps, plus d’un mois, je me sentais tres mal dans mon ;me.
Et maintenant, je gis au cimetiere de Novodievitchie, et eux, mes deux Maris, au Vagan’kovskoie. Que peut-il etre plus triste au monde, ami Horacio?
Maintenant, acause de cette eternelle separation de cimetiere, je continue amourir sans fin dans ma mort froide et solitaire, ici, au cimetiere de Novodievitchiesans mes Marik qui restent seuls eux aussi au cimetiere de Vagan’kovskoie.
C’est une souffrance insupportable, celle de continuer amourir dans sa propre mort insupportable acause d’une separation insupportable et surmortelle.
Marik est mort ases quinze ans. Moi aussi, je n’avais pas de roles pendant quinze ans.
Vous, mon publique, pendant trois quinquennaux, avez eteprivede mon attention artistique et humain, bien s;r.
Pendant ces annees-l;, je souffrais de privation des tournages parse que mon publique, atravers mes images d’ecran n’avait pas de possibilitede voir comment fallait-il, d’apres mon amere experience, se liberer de nos souffrances populaires internes et cycliques.
Sauver soi-meme par l’Amour et la Creation. Si l’on peut se sauver que par l’Amour et la Creation.
Pourtant, en vrai, il vaut mieux s’habituer ases souffrances afin de recevoir de ces souffrances la sagesse vitale.
 
Parse que sans cet engrais martyre, notre amere souffrance russe, nous commencons tout de suite as’enlaidir, se faner et crever comme des mouches.
On va betement bouffer des Snickers et, comme des ploucs, joyeusement et mievrement crever pour leurs cause!

Mais alors, jeune fi l le, j ’ etais loin de tels raisonnements. J’avais besoin alors, jeune fille, de subsides pour vivre tout simplement.
J’ai etejeune fille tres fiere et independante. Bien s;r, j’etais pressee de vivre.
Et je courais toujours devant mon bonheur. Habituellement, tout le monde prend du retard par rapport ason bonheur. Et moi, je courais toujours loin devant mon bonheur sans y tomber non plus, dans mon bonheur.
Mais quand tu cours devant ton bonheur, tu rattrapes et tombes dans le malheur de ton prochain qui court derriere son bonheur.
Et si tu es vraiment une personne forte et honnete, alors tu es s;rement capable de prendre ton prochain qui a du retard avec son malheur afin de l’approcher de son bonheur.
Et meme si avec cela tu ne tombes pas dans le champ de ton bonheur, tu es heureux du bonheur de ton prochain que tu as aide.
Et si tu es vraiment capable d'etre heureux du bonheur de ton prochain, alors tu es une personne honnete et pure.
Pendant ces 15 ans malheureux et inactifs, je volais avec des avions de l’Aeroflot et je donnais sans cesse des concerts gais dans toute l’Union Sovietique.
J’ai aussi appris acoudre et avendre des robes self made. Et pendant ce temps, “La nuit de carnaval” continuait acollecter ces 350 millions de vues aux cinemas.
 
Et moi, sur les honoraires de “La nuit de carnaval”, j’ai pu m’acheter un voyage aSotchi, mais pour un billet au cinema pour me voir dans “La nuit de carnaval”, j’en avais pas assez.

Et en meme temps Alain Delon sortait avec Jean Gabin dans le film “Melodie en sous-sol”.
Et bien, dans le film, Jean Gabin et Alain Delon vont aMonte Carlo pour braquer le Casino. Et tout ce qui leur arrive, se presente d’une facon merveilleuse. Le braquage est un bijoux elegant, presqu’ala Robin des Bois.
Rappelez-vous de la scene finale du film - des millions de francs braques sont dejadans deux sacs entre leurs mains.
Jean Gabin demande Alain Delon d’apporter les deux sacs ala plage. A Monte Carlo, il y a une telle grande plage ouverte avec des piscines et des cafes.
Et voici qu’Alain Delon apparait avec ces deux sacs enormes remplis d’argent et Jean Gabin etait assis et l’attendait au cafed’en face… et voici - la police qui arrive.
Mes chers camarades - c’etait la police ordinaire pour attraper des personnages tres dignes comme Jean Gabin et Alain Delon qui n’ont pas dormi la nuit d’avant pour braquer de la facon geniale le Casino de Monte Carlo.
Et remarquez - ils l’ont fait sans faire un seul coup de feu, sans verser une goutte de sang. Et bien, Alain Delon, a donneun gentil coup sur la nuque de quelqu’un qu’il ne fasse des mouvements de trop et se conduise comme il faut. Et Jean Gabin et lui ont braquedes directeurs du Casino desagreables et mi-frauduleux.
Et voila, cette apparition de la police, tout comme l’apparition dans mon destin des agents du KGB apres la sortie de “La nuit du carnaval” afin que je devienne leur moucharde.
 
Des types si soignes, mais en meme temps si desagreables - ces eternels policiers d’agents kaguebistes.
Ils se promenent sur la plage devant Alain Delon, devant le cafeouvert, la piscine, devant ces sacs avec l’argent qu’Alain Delon doit passer aJean Gabin et se cacher de ces policiers fascistes.
A la maison, Jean Gabin est attendu par sa femme bonne et fidele.
Alain Delon doit aussi s’installer dans la vie apres la prison ou il a injustement passequelques annees pour les drogues…
A cause desquelles, Marik, o mon pauvre Marik… C’est en prison qu’Alain Delon et Jean Gabin ont fait
connaissance. Et voila, aAlain Delon il ne restait plus rien que de descendre et de plonger ces sacs remplis d’argent dans la piscine.
Oui, ces sacs remplis d’argent descendaient si silencieusement et si lentement au fond de la piscine.
J’ai etesi contente pour Alain Delon! Il a donc trouvela solution d’une situation inesperee sous les yeux des policiers-agents kqguebistes qui circulaient adeux pas de lui.
Alain Delon trouve la solution!
Tout lentement et silencieusement, ces sacs remplis d’argent descendent au fond de la piscine.
Et qu’est-ce qui vous imaginez? Un petit clerc du KGB, un technicien attacheacette piscine qui s’occupe de son nettoyage, ouvre une vanne de cette piscine en mettant en mouvement les sous-courants au fond de la piscine, ou se reposent les sacs remplis de l’argent durement gagnepar Alain Delon et Jean Gabin.
Et l’argent commence asortir des sacs en remontant ala surface!!!
A cette scene, je me suis reellement senti mal.
 
Apres “La nuit du carnaval”, je ne pouvais voir quand l’argent remontait sans revenir au gens qui le meritaient.
Comme on a besoin de cet argent pour ne pas devenir alcoolique ou toxicomane, etre toujours bien coiffe, au chemises ou robes propres, avoir une taille de guepe et travailler toujours!
Un acteur ne peut se passer de travail. Sans travail, l’acteur est mort.
Vous imaginez, mes cheris, quand l’argent gagnepar un travail d’acteur, travail de forcat, honnete et nerveux, remonte ala surface et s’en va.
Beaucoup d’argent en devises occidentales s’en va, l’argent avec lequel l’on pourrait acheter des yachts, des villas, des bateaux, pour ne pas coudre le soir des robes apres “La nuit du carnaval”, quand on m’a coupee toutes les issues en tant qu’actrice, mes sorties vers vous, mes spectateurs heroiques sovietiques bienaimes.
Et pratiquement le meme argent de “La nuit du carnaval” gagned’une facon meritee, tout comme l’argent de Robin des Bois du braquage carnavalesque d’Alain Delon et Jean Gabin, cet argent commence amonter ala surface et… as’evaporer.
C’est exactement mon etat imagedans ces terribles annees, quand apres le succes fou de “La nuit du carnaval”, tout comme le braquage chic par Alain Delon du Casino de nuit aMonaco, tout mon argent, ainsi que le sien a remonteala surface et est tombeentre les mains de la police et ces escros kaguebistes du Casino qui l’ont s;rement partageavec la police.
Et bien, pour le cacher du fisc, pour s’acheter des nymphettes bebe-nues etc. Voila, ils savent le faire non moins bien que nos Russes libres actuels.
Et la difference entre Alain Delon et moi, c’etait seulement qu’Alain Delon jouait ce personnage al’argent
 
remonteau cinema et a recu pour ce miracle cinematographique des honoraires dignes en devises de sa caisse artistique pour une vie de star meritee.
Et moi, Lioudmila Gourtchenko, vivais ma vie de star reelle pratiquement dans la misere totale sans travail meriteni morceau de pain rassis.

C’est seulement apartir de 1966 qu’on m’a tourneavec Oleg Borissov dans “Citeouvriere”, pourtant dans un second role.
Apres “La nuit du carnaval”, 11 annees pluvieuses se sont ecoulees. Comme resultat, ce film mi-dissident a etepoussesur l’etagere.
Bien s;r qu’apres - je leurs ai tous prouveen montrant que mes annees ne sont pas passees en vain - j’ai appris acomprendre et aaimer les gens Russes toujours en retard par rapport aleur bonheur legal et qui courent derriere un bonheur insaisissable.
Et moi, d’abord aeux, ces gens, j’ai essayede leur donner de l’aide en tant qu’heroine du film “Les vieux murs”.
Il y a beaucoup de Dieu dans les Vieux Murs des eglises delabrees.
Dans “Les vieux murs”, j’ai etesoliste.
Armen Djigarkhanian m’a un peu accompagneau debut et ala fin du film. Il m’a personnellement reconnu et honnetement confessequ’il ne comprenait pas comment je pouvais apartir de rien atteindre des hauteurs cosmiques artistiques et humaines.
Il interprete un pilote de longues lignes. Mais moi, je l’ai s;rement eclipse, Armen. Sans intention malveillante.
C’est comme ca que c’est arrivetout naturellement. Dieu m’a soutenu ainsi. L;, ou Dieu accorde son soutien, il ne peut pas etre le sentiment du narcissisme, de vaniteet encore moins, de mechancete.
 
Ce film est entierement sur moi et Dieu. Peut-etre, un seul film qui est sur moi seule et Dieu seul.
Mais j’avais encore un film sur l’Amour Divin - sur moi seule et Dieu!
“La femme adoree du mecanicien Gavrilov”.
L;, durant toute la pellicule, j’ai attendu mon incomparable chevalier d’ivrogne de mari Serge Chakourov.
Il y avait aussi “Cinq soirees” de Nikita Mikhalkov. L;, Dieu etait litteralement en Tout!
Et apres, Djigarkhanian tournait avec Alain Delon dans “Teheran 43” - il s’est vengede moi, notre Jean Gabin Russe, par son apparition avec Alain Delon dans le meme cadre.
Mais je suis heureuse que par le biais des deuxiemes mains artistiques, j’ai toucheAlain Delon dans le cadre, peut-on dire, par la chaleur de l’;me.
Quand en 1979 ils ont ameneau Festival de Cannes “La Siberiade” d’Andron Kontchalovski ou j’ai joueavec un erotisme brillant avec Nikita Mikhalkov le systeme psychologique de Stanislavski.
Je me suis tout simplement feeriquement fondu humainement et artistiquement en tremblant et en entrant dans la resonance avec Nikita Mikhalkov, notre Alan Delon Russe.
Et j’embrassais dans le cadre Nikita Mikhalkov d'une facon incomparable, de tout mon c;ur, d'apres Stanislavski, comme une actrice-gymnaste championne olympique faisant un saut perilleux sans sentir la douleur au pied recemment casse.
Pourquoi j’ai recu d’Andron Kontchalovski un eloge sincere enviable.
Mais je n’ai pas pu embrasser Slava Lioubchine dans “Cinq Soirees” devant Nikita Mikhalkov comme metteur-en- scene. Excuse-moi, Nikita, mais devant toi, homme et
 
metteur-en-scene preferequi m’a donneun role dans ces “Cinq Soirees”, je n’ai pas pu embrasser ce Lioubchine bienheureux d’apres Stanislavski.
Tu n’aurais pas cru ces eventuels baisers artificiels, Stanislavski-Mikhalkov. Mais le film est ala fin tres bien. Un film en noir et blanc qui est colorecomme un arc-en-ciel!

Alain Delon, je l’aurais bien s;r embrassedans le cadre. Et je serais alleapres lui pour tout, comme dans “Le Clan des Siciliens”.
Voila, reellement, je ne peux pas pardonner Jean Gabin qui tue dans le film “Le Clan des Siciliens” Alain Delon et sa petite amie.
Je comprends, ce n’est qu’un film, mais je ne peux pas pardonner Jean Gabin parse qu’il tue Alain Delon.
Je coucherais dans ce film moi-meme sous Alain Delon dans le role de l’actrice qui se couche sous lui sur la plage et ala fin, recoit une balle.
J’ai toujours chercheun homme qui ressemblerait mon pere et qui aurait un tel poing, comme disait mon pere, “cinq doigts remplis de plomb qui sentent la mort”. Et Alain Delon etait un tel homme.
J’aimais d’une facon desinteressee et passionnee les hommes beaux, forts et jeunes.
Parse que je suis une femme chique, tres chere, eternellement jeune qui vit d’un seul art, ou il faut avoir des forces naturelles intarissables.
Pour cela, moi-meme, je dois etre florissante et eternellement jeune.

J’ai voulu etre comprehensible atout le monde en interpretant des roles populaires.
Et etre comprehensible atout le monde, comme Pouchkine, creer des personnages populaires, volumineux,
 
indemodables au fil des annees, c’set le plus difficile du point de vue artistique.
Dans ma creation, je montais cette hauteur artistique et humaine de decalage vertical gagarinien.

Et en Russie en ce temps arrivait l’annee 1975. Le temps de la sortie sur les ecrans sovietiques du film “L’Ironie du Sort” d’Eldar Riazanov.
Naturellement, j’ai fait un essayage pour le role de la reine fatale de Nadejda dans ce film. Serait encore que Riazanov ne m’aurait pas essayepour ce role apres “La Nuit de Carnaval” de Nouvel An asucces illimite.
Mais il s’est reveleque pour le role de jeune fille Russe Nadejda dans ce telefilm, Riazanov a voulu une Polonaise raffinee et decadente de Barbara Brylska.
Et moi, avec mon destin mutilerusso-sovietique, apres dix ans de temps mort apres sa propre geniale “La Nuit de Carnaval”, quand j’ai couru pendant tant d’annees douloureuses de ma vie devant mon bonheur, alui, Riazanov, qui etait g;tepar son bonheur de bouillon familial, toujours assis dans le wagon de marmelade-chocolat de son bonheur quotidien - moi, je ne lui convenais pas en resonance par mon esprit et ma raison.
Mais dans ce film moi, comme d’habitude, en me jouant en course devant mon bonheur, et bien, je freinerais un peu, Riazanov, je condescendrais et aiderais un peu en poussant Miagkov dans le bonheur qui allait toujours loin derriere son bonheur-malheur.
Et on serait si celestement heureux dans ce film.
Et toi, Riazanov, t'aurais eu un grand film courageux et lyrique et non de la morve mievre coulante de toutes les breches.
Mon Dieu - mon Riazanov divin!
 
Si c'etais moi qui tournais ce film, je mettrais ala place de Miagkov toi-meme, et je jouerais moi-meme ala place de Barbara Brylska avec toi. Tu serais un Delon de mes passions, Riazanov!
Mais si tu, Eldar, avais tellement besoin de l’eau de Cologne etranger dans le flacon de ce film - t’aurais pu prendre pour le role de Loukachine un vrai Francais comme Alain Delon.
Notre Alain Delon boit profondement de l’eau de Cologne jours et nuits parisiennes.
En Russie, on fait tous les ans une enquete du type “avec qui vous voudriez passer le Jour de Nouvel An cette annee?” Et c’est Alain Delon qui gagne tous les ans.
Cher Riazanov… Mon tres cher Riazanov… Pour “La Nuit de Carnaval”, ni “Une gare pour deux” ou j'ai jouele meme envol vertical gagarien avec Oleg Bassilachvili, tu n’as pas regletes comptes avec moi et toute l’humanitepleine de compassion representee par le peuple russe.
O, si j’avais seulement joueen 1975 “L’Irionie du Sort” avec Alain Delon, je n’aurais aucune pretention sur notre vie artistique et humaine vers toi, le tres estimeEldar Riazanov.
Et le peuple Russe t’aurait aime, Riazanov, pour moi- meme et pour Alain Delon dans “L’Ironie du Sort Eventuel” - encore plus que pour “La Nuit de Carnaval”.
Mais toi, tu n’es pas un Delon, Riazanov!
C’est comme ca que te trahissent tes meilleurs et fideles, parait-il, amis.
Dans des cas comme celui-ci qu’il faut se ruiner en buvant, en fumant, en se prostituant, et moi dans ces cas, je continuait atout simplement vivre peniblement et sobrement en accumulant les forces souffrantes pour un role futur inhumain comme exemple de survie.
 
Delon aurait pu bien s;r jouer ce gentil ivrogne de Loukachine qui est des notres. Mais Alain Delon jouerait Alain Delon.
Les gens aiment Alain Delon parse qu’il joue toujours l’incomparable soi-meme, Alain Delon.
Et moi, Lioudmila Gourtchenko, je joue toujours moi- meme, la bienaimee Lioudmila Gourtchenko!
C’est le plus difficile dans la profession du comedien - c’est de jouer soi-meme le bienaime, que tout le peuple t’aime apres encore. Pour ca, faut-il etre nait comedien.
Et Riazanov, ala place de me donner Alain Delon comme partenaire, un tel trotteur comme moi-meme, a donneaMiagkov comme partenaire une pretresse pharaonique languissante de Barbara Brylska.
Et il arrive que deux personnes en retard de leur bonheur s’attendrissent aleurs malheurs semblables miroites, en trouvant leur petit tendre bonheur primitif et bon marche.
C’est le choix d’un bonhomme, celui de Riazanov, insouciant, heureux, aimepar tout le monde…

Avec qui parmi des Delon Russes ma vie, j’en suis certaine, aurait pu fleurir, c’est s;rement avec le heros chevalier Nikita Mikhalkov.
Et mon meilleur amour que j’ai joueavec Slava Lioubchine dans “Cinq Soirees”, c’etait sous la direction de Nikita. Lioubchine est un Acteur Chretiennement surhumain.
Exister avec Lioubchine dans le meme cadre, c’est comme exister dans le meme cadre avec un enfant - tu ne peux jamais surjouer, comme Alain Delon.
Si seulement Alain Delon comprenait le russe. Et si tu, Alain Delon, aurais essayer de te trouver dans le meme cadre avec moi, tu aurais compris, mon petit Alain, ce que c’est d’etre Alain Delon acotede Lioudmila Gourtchenko.
 
Et alors, tu n’echangerais jamais Alain Delon acotede Lioudmila Gourtchenko aaucun Alain Delon acotede quelque plus belle femme du monde!!!
Alain Delon avait bien s;r un excellent partenaire masculin Jean Gabin. Je ne suis pas jalouse de lui.

De tout les acteurs Russes, le seul qui ressemble Jean Gabin, ainsi que mon pere, est l’incomparable colporteur des blagues populaires Youri Nikouline.
Il m’a eteenvoyeen salut!
Nous avons tourneavec Youri Nikouline dans “Vingt Jours sans Guerre” d’Alexei Guerman.
Dans ce film, je me plais beaucoup. Je suis tombee sous le charme d’un homme charmant Youri Nikouline, j’ai voulu lui plaire, et voila - je me plais beaucoup amoi-meme aussi, par ma modestie et l’intelligence raffinee.
D’habitude, je regarde plusieurs fois les films avec ma participation, ou j’ai fait reellement quelque chose d’archiextraordinaire.
Dans “Vingt Jours sans Guerre” d’Alexei Guerman precis comme un documentariste qui tourne ses films pendant des decennies, et les scenes, des annees, peut jouer tout comedien ou comedienne.
Bien qu’on me dit que personne ne jouerait mieux dans “Vingt Jours sans Guerre” que moi et Youri Nikouline. Merci atoi, Alexei Guerman, que tu nous a reuni moi et Youri Nikouline, mon pere artistique, dans ton film militaire pour notre patrie bien-aimee. Merci.
Quand on tournait le film, Nikouline racontait sans fin des blagues militaires sur Stierlitz:

Muller va dans la rue. Tout d’un coup, une brique tombe sur sa tete. “En voilaune histoire!” - pense Muller. “En voilaune autre!” - pense Stierlitz en jettant une deuxieme.
 

Un coup retentit. Par le sifflet du vent dans la tete, Stierlitz a compris que le coup a passeatravers.

Stierlitz est sorti de chez lui et s’est heurtesur une branche: “Vous aurez mieux allees ala maison, les filles, c’est quand meme la guerre”.

La nuit, une femme nue arrete le taxi, s’assoit sur la place derriere et jette: “A Beskoudnikovo!”. Le chauffeur est un Tchouktche, il la regarde sans bouger de la place. “Et bien, qu’est-ce que tu regardes? T’as jamais vu une femme nue?” - “Tchoukche dejavu femme nue; Tchoutche pense: d’ou femme nue sortir son argent quand on arriver?”
Ce n’est plus sur Stierlitz.

Viatcheslav Tikhonov, Youri Nikouline, Alain Delon, Mark Bernes, Jean Gabin, Zinovi Gerdt, Slava Lioubchine et, bien s;r, Nikita Mikhalkov, le plus grand connaisseur Russe des ;mes dans l’art… Mes hommes preferes qui m’ont vraiment sauvee…

Et Alain Delon avec sa fille de 20 ans joue maintenant aParis un spectacle pour le publique qui l’aime et qui l’estime. Et moi avec mon petit-fils adoreMarik regardons du ciel ce plus grand bonheur d’Alain Delon et de sa fille bienaimee, celui de jouer sur scene avec un etre le plus proche, le plus aimesur la terre, pour les spectateurs preferes, et ainsi avivre heureusement dans l’avenir!!!

L’homme qui mourra dans ma piece
D’abord ecorchera sa peau et la pendra sur la chaise, Et la chaise lui dira : ca me serre les epaules -
 
Votre mort n’est pas mon probleme.

Et la rose dans le vase interviendra
Et mettra comme exemple le vase de cristal :
Je me meurs dans le vase et le vase n’a rien contre, Il scintille seulement de toutes ses facettes.
Et la chaise leurs dira : ce sont vos propres problemes. Et le sofa cholerique se rappellera
Qu’autrefois sur cette chaise
Se tenait un homme avec un noeud sur le cou, Et la chaise fut joyeuse quand on l’a renversee, Et les jambes de l’homme pendaient dans l’air.

Et la chaise savait, elle savait, elle savait,
Ce qu’il adviendrait quand on mettait l’homme. Et la chaise leurs dira : c’est votre probleme!
L’homme qui mourra dans ma piece Peut s’ecorcher sa peau,
Mais comme signe de respect ala chaise, Qu’il la jette par terre.

La chaise a ses propres problemes,
D’autant plus que tout cela n’est qu’une piece.
 
Elle pousse d’un coup de pied la chaise de dessous un vase avec les fleurs et le vase ”pendu” avec les fleurs pend dans l’air sur un gibet.

Rien de personnel. Je vivais autrefois avos cotes, une Lioudmila vivante.

Elle s’en va.

On entend une chanson “Dans la foret pres du front” dans l’interpretation de Lioudmila Gourtchenko.


Moscou, 2015

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«Lioudmila Gourtchenko vivante», une piece de Mikhail Volokhov
- Article sur la piece -

Vlad STOPALOV

Les spectateurs ont pu voir pour la premiere fois la piece de Mikhail Volokhov “Lioudmila Gourtchenko vivante” au Club Leonardo dans la mise-en-scene d’Andrei Jitinkine avec Galina Bossaia dans le role titre. Les costume ont ete crees par Slava Zaitsev.

Le spectacle represente des moments spectaculaires de la vie d’une celebre comedienne, chanteuse et tout simplement femme, qui s’alternent et qui remontent dans un desordre de la memoire. Une vie a travers la memoire. La memoire a travers nos souvenirs d’elle. Des images documentaires et inventees. Une vie complexe et saturee qui fait partie de la vie du pays. La tension emotionnelle retient l’attention du spectateur tout au long d’une heure et demi.

Le dramaturge Mikhail Volokhov racontait:

“Dans ma piece “Lioubov Gourtchenko vivante” - je determine pour moi-meme cette piece comme “une Tragedie Sacree” - est donnee par le biais d’un langage artistique et un jeu complexe, une Image de la Memoire de Gourtchenko, plusieurs fois repensee, lorsque les faits reels racontes par le recit de la comedienne, recoivent une sonorite prophetique, et l’image de Lioudmila Gourtchenko elle-meme est elevee jusque’a l’horizon extreme de son Humanite ideale.
 
Je suis content que le spectacle a reussi ; recreer l’esprit ressuscite de Gourtchenko qui ne se rappelle pas, mais qui vit dans les Incarnations Imagees de sa memoire avec la Signification de la Verite et la sincerite de la Priere…”

Le metteur-en-scene Andrei Jitinkine rajoute:

“Lioudmila Gourtchenko vivante - c’est le nom de la piece de Mikhail Volokhov - oblige a beaucoup, et nous avons pense que Gourtchenko peut etre vivante seulement a condition que les personnes artistiques d’une autre generation auront interpreter son repertoire qui resonne dans le spectacle, a leur maniere irremplacable et totalement individuelle.

C’est la premiere tentative de montrer Lioudmila Gourtchenko en tant qu’un personnage historique”.

Et la, le plus important - il semble que nous savons tout d’elle, mais le spectateur qui a vu le spectacle fut etourdi, parse qu’il ne savait pas ce qui se passait dans l’ame de l’heroine, derriere cette carte de visite de la fillette brillante et reussie de la Nuit du Carnaval”.

Comme resume, le producteur Andrei Alexeiev decrit cette ;uvre d’une facon breve et succincte:

“Le spectacle “Lioudmila Gourtchenko vivante” [parle] de l’endurance humaine”.



Texte francais: Nikita Krougly-Encke

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11)

LES ANGES SONT PARMI NOUS

de Mikhail Volokhov
volokhov.ru

Texte fran;ais: Chantal Lemaire et Rene Guerra



Les personnages:

K o l i a, Nikolka.
N a d i a, Nadiouch. Kolia et Nadia sont mari et femme.
S e r g u e ;, Serioja.
G a l i a , Galtchonok. Sergue; et Galia sont mari et femme.
P h i l a d e l p h i e Ivanovitch
S v e t l a n k a, Svetik. Philadelphie Ivanovitch et Svetlanka sont amis intimes.
B o r o d a Alexe;






ACTEI


Un deux-pieces dans un nouvel immeuble. Dans la piece principale, il n'y a rien hormis une table de nuit, des etageres avec des livres, trois chaises et une table que sont en train de monter Kolia et Nadia.
C'est l'apres-midi.


K o l i a: File-moi le tourne-vis. Il visse. Allez on se la monte, Nadiouch? Ils
installent une table pres de la fenetre. Qu'est-ce qu'elle brille! La vie sera comme ;a! !
! J'ai faim. Qu'est-ce qu'on bouffe?
N a d i a: Bouffer...
K o l i a: prend un livre sur une etagere. Tiens, lis: "bouffer: synonyme b;frer, casser la croute, s'empiffrer, gueuletonner..." Ah! Le Dahl, fameux dictionnaire. Il remet le livre en place. La belle et grande langue russe! Dis-moi a quoi ;a sert qu'on ait filedeux cents roubles a Galia pour ce dico?!
N a d i a: C'est toi qui les a files, Kolia! Elle va a la cuisine.
K o l i a: Oui, mais pas que pour moi. C'est un dico de valeur... Maintenant, nous, on va pouvoir pour trois fois rien, acheter avec des devises, un tas de choses dans les
magasins a touristes. Tiens, hier, je suis entretout simplement dans l'un d'eux et j'ai achete"Le ma;tre et Marguerite" sans faire la queue! J'ai eu un elan d'estime pour moi-meme. Il n'est pas interdit de bien vivre, n'est-ce pas? C'est Serioja, le trafiquant de meubles qui va faire une crise de jalousie quand il va voir ;a!
Il ramene d'une autre piece deux magnetophones: un "Electronik" et un "Sharp". Il branche l’"Electronik" au telephone.
Ah, tiens! Sa Galia bosse dans un depot de livres. Voleurs! Moi Je vais les recuperer ces deux cents roubles, et avec les interets!
N a d i a: de la cuisine. On fait bouillir les patates?
K o l i a: Ouais, on fait bouillir!
Nadia entre avec des pommes de terre dans un plat.
N a d i a: Aide-moi a les eplucher. Qu'est-ce que tu fais?
K o l i a: Une blague. J'ai branchele vieux magneto au telephone. AU combine: Allo, la gestapo? Le cabinet de M;ller? Ici Schoellenberg. Il verifie l'enregistrement. "Allo, la gestapo? Le bureau de M;ller? Ici Schoellenberg."
Alors? Qu'est-ce que tu penses de ma plaisanterie? Pourquoi tu es triste? Nous allons enregistrer tous les salopards de la terre pour la posterite. Il cache l' Electronik" dans la table de nuit. Fallait y penser. Il branche le "Sharp". On entend de la musique de varieteoccidentale. Il s'assoit pour eplucher des pommes de terre. Meme Hitler aimait les patates. Et Goethe aussi. Des personnes si differentes bien qu'allemandes toutes les deux. Et Dieu crea la pomme de terre. Mais c'est l'homme qui crea Dieu. Ou bien c'est le contraire? Mais peut-etre est-ce le Diable qui a creeDieu, pour brouiller les cartes. Voila ouest la verite. Tu te tais. Tu te sens mieux. Tu accumules tout en toi, non? Tu as du lire toutes sortes de choses delirantes et ;a te gonfle. Tu as raison ma petite, il faut croire en Dieu. Maintenant, on ne punit plus pour cela Mais quand meme, il faut rester discret, pige? Tu es une vache de fille. Non c'est vrai, Nadia, tu es une sainte. Sans toi, je serais crevedepuis longtemps. Tu crois en Dieu depuis que tu es toute petite, hein?
N a d i a: Laisse tomber.
K o l i a: Bravo. C'est parfait. C'est bien d'une sainte femme dont j'ai besoin.
N a d i a: Je ne crois pas en Dieu.
K o l i a: Quoi? Qu'est-ce qui t'arrive, Nadiouch? Qu'est-ce que tu as? Tu te fais beaucoup de mal ces derniers temps, hein? Qu'est-ce qui s'est passe?
N a d i a: Rien.
K o l i a: Tu m'aimes toujours, dis-moi? Oh! Creature divine, merci de bien vouloir encore et toujours m'aimer.
N a d i a: Je ne sais pas...
K o l i a: Voila! C'est toi la premiere qui me blesse. N a d i a: Pardon.
K o l i a: Dieu te pardonne. Pause. Je crois encore en Lui moi aussi, tu me crois? En qui croire d'autre? On peut croire en l'homme, en toi, creature divine. Je t'aime. Il l'embrasse. Philadelphie lui aussi est un etre divin, un beau salaud! Qu'est-ce que tu veux? Nous sommes tous les produits du systeme Une generation perdue. On est passea cotede la vie. Mais qu'est-ce qu'on fout avec ces patates? Maintenant ils vont rappliquer et alors on va faire la fete! C'est aujourd'hui qu'on pend la cremaillere, Nadiouch! Tu ferais mieux de servir des toasts au caviar. Ah ouais, au fait, Philadelphie va venir avec une nana... Tu ne seras pas jalouse si je la drague?
N a d i a: Quoi?
K o l i a: C'est lui qui me l'a demande. Qu'est-ce qu'il veut? Qu'est-ce que tu en penses? Silence. Il veut me mater! Me mater, l'ordure... C'est lui qu'il faut mater. Alors on pourrait enfin vivre normalement, selon la loi divine. ;a ne fait rien, nous vaincrons. Je vais devenir un homme. Tant pis si je creve, mais je creverai en homme. Tu me crois?
N a d i a: J'en ai marre de vivre. J'en ai terriblement marre de vivre.
K o l i a: Qu'est-ce que c'est que ces pleurnicheries, Nadiouch? Tout sera impec'. Il n'y a rien de pire que de dependre de quelqu'un. Nous nous en sortirons nous-meme. Je suis un homme fort, puissant. Il rit. Pour toi, Nadiouch, je ferai tout: pour nous, pour notre bonheur et celui de nos enfants. Tout pour y parvenir. Je ne sais pas. Tout m'ecoeure. Les compromissions, les sacrifices...Perdre son ;me et sa morale. Mais Dieu nous aidera. Nous rattraperons le temps perdu. Il faut lire de bons ouvrages de philosophie, et tout ira bien. Il faut lire la bible, Tolsto;, Chestov, Berdia;ev et naturellement Dosto;evsky... Enfin, tout ce qu'on peut trouver. Et puis il faut aller chez Lui, a l'eglise, comme nous le faisons deja. Il nous aidera. Il nous a deja aides a nous rencontrer. Tu es d'accord Nadiouch?
N a d i a: Qui est-ce qui va encore venir?
K o l i a: Serioja, Galtchonok, c'est tout. On aurait pu inviter toute 1' equipe. Mais peu importe la quantite!
N a d i a: il fallait inviter Alexe;.
K o l i a: Oui mais tu as vu a quoi il ressemble ton Alexe;? Je comprends, sa mere est dans un sale etat. Mais c'est pas une raison pour devenir un alcoolo et detester le monde entier. On l'invitera une autre fois, separement. Pour le coup, on le vexerait plutot si on l'invitait avec les autres.
N a d i a: Alexe; est mille fois meilleur que les autres, meilleur que toi et moi, Nikolka. Et si nous allions chez lui maintenant!
K o l i a: Mais Philadelphie va venir, tu es folle ou quoi? Tout ira bien, Nadiouch. Nous passerons chez lui prendre les photocopies de bouquins interdits, d'accord?
N a d i a: D'accord. Il est mon meilleur ami au monde.
K o l i a: Moi je ne suis pas jaloux. Nadiouch, ne sois pas jalouse. Il est aussi mon plus grand ami.
N a d i a: Sois gentil, Kolia, je t'en prie, sois gentil. Elle l'enlace et pleure.
K o l i a: Nadiouch, qu'est-ce que tu as? Bien sur. Pour toi, je suis toujours gentil. Avec les gens gentils, je suis toujours gentil. Avec les mechants, la bonte;a ne marche pas. Meme si on leur tend toute la vie la joue gauche.
N a d i a: J'en ai marre. Marre de tout. Je n'en peux plus. Oh notre Pere, Qui es aux Cieux...
K o l i a: Notre Pere qui es aux Cieux... N a d i a: Que ton Nom soit sanctifie...
K o l i a: Que ton Nom soit sanctifie...
N a d i a: Que ton regne vienne...
K o l i a: Que ton regne vienne...
N a d i a: Que ta volontesoit faite...
K o l i a: Que ta volontesoit faite...
N a d i a: Sur la terre comme au ciel.
K o l i a: Sur la terre comme au ciel.
N a d i a: Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour.
K o l i a: Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour.
N a d i a: Pardonne-nous nos offenses...
K o l i a: Pardonne-nous nos offenses...
N a d i a: Comme nous pardonnons aussi a ceux qui nous ont offenses.
K o l i a: Comme nous pardonnons aussi a ceux qui nous ont offenses.
N a d i a: Et ne nous soumets-pas a la tentation...
K o l i a: Et ne nous soumets-pas a la tentation...
N a d i a: Mais delivre-nous du mal...
K o l i a: Mais delivre-nous du mal...
N a d i a: Amen. Elle embrasse la croix autour de son cou.
K o l i a: Amen. Il l'embrasse.
N a d i a: Je t'aime, Kolia, je t'aime.
K o l i a: C'est le plus important.
N a d i a: Hier, j'ai telephonea Alexe;. Je lui ai donnenotre nouvelle adresse et je lui ai dit de passer quand il veut.
K o l i a: Sans prevenir?
N a d i a: Comment sans prevenir?
K o l i a: Par telephone.
N a d i a: De quoi tu parles?
K o l i a: du telephone.


Le telephone sonne.

Merde! Il decroche. Ah, salut Serioja. Quoi de neuf? (...) Metro, boulot, dodo, quoi! (...) Nos affaires marchent bien. (...) Je me suis permis un jour de congesupplementaire pour toutes les fois ouje n'ai pas travaille!!! (...) Mais je me mets des devises plein les poches, mon vieux! (...) Il faut savoir travailler pour se faire payer en devises. (...) Philadelphie? On a fait connaissance au Metropole. On s'est retrouvea la meme table. J'ai eu de la chance. (...) Mandelstam? Dans la collection La bibliotheque des poetes? Prends tous les exemplaires que tu pourras te procurer.(...) Mon pote a moi, Serioja, ne vaut pas cela! (...) Ce mec la, il ne s'achete pas. (...) Ouais, il doit bien y avoir un moyen... (...) Ouais, salut, a tout a l'heure! (...) Il raccroche Verifions si ;a a bien eteenregistre.

Il sort le magnetophone de la table de nuit et ecoute l'enregistrement.

K o l i a: "Mon pote a moi, Serioja, ne vaut pas cela!
S e r g u e i: Je l'achete putain, Nikolka, je l'achete tout entier!
K o l i a: Ce mec la, il ne s'achete pas.
S e r g u e i: Mais il doit bien y avoir un moyen de le coincer?
K o l i a: Ouais, il doit bien y avoir un moyen...
S e r g u e i: Reste a le trouver... Bon. Salut?
K o l i a: Ouais, salut; a tout a l'heure!"

K o l i a: Alors, comment tu trouves ma blague? Fais gaffe, Serioja!... Nous allons enregistrer tous les sales types, pour la posterite.
On sonne a la porte.
Qui est-ce que ;a peut bien etre?
Il ouvre la porte. Entrent Galia et Serioja.
Salut les gars. Serioja, tu appelais d'o;?
S e r g u e i: D'en bas, de la cabine.
K o l i a: L'animal!
G a l i a: Saluuut!
N a d i a: Bonjour, debarrassez-vous.
Galia et Serioja se debarrassent. Sergue; pose sur la table une bouteille de Champagne et de vodka et une boite de bonbons.
S e r g u e i: Votre appart' est superbe. Un deux pieces? C'est Versailles!
G a l i a: L'essentiel, c'est que les parents ne vous emmerdent pas avec leurs conseils.
K o l i a: Eins, zwei, drei... Il va a la cuisine et ramene un bar sur roulettes avec des amuse-gueules.
S e r g u e i: ;a tombe bien, j'ai la dalle. Ton chef va bientot arriver?
K o l i a: Nous allons boire le Champagne sans l'attendre. Il ouvre la bouteille et sert le Champagne. Allez, porte un toast!
S e r g u e i: Votre appart' est superbe. Un deux pieces? C'est Versailles!
G a l i a: L'essentiel, c'est que les parents ne vous emmerdent pas avec leurs conseils.
K o l i a: Eins, zwei, drei... Il va a la cuisine et ramene un bar sur roulettes avec des amuses-gueule.
S e r g u e i: ;a tombe bien, j'ai la dalle. Ton chef va bientot arriver?
K o l i a: Nous allons boire le Champagne sans l'attendre. Il ouvre la bouteille et sert le Champagne. Allez, porte un toast!
S e r g u e i: Ben quoi, les gars? Vivons gaiement en paix, sans tuer personne, et sans que personne ne nous tue, que nous puissions a tout moment aller au resto, en taxi, aller en Crimee; que nous ayions toujours, sans aucune restriction, la possibilitede bien vivre, de conna;tre le bonheur dans notre propre merdier; et puis d'avoir droit a 1' amour, bien sur, des le premier contact!
K o l i a: ;a colle! Il embrasse Nadia.

Tous boivent.

Servez-vous, ne vous genez pas. C'est du caviar.
S e r g u e i: La ouil y a de la gene, il n'y a pas de plaisir! Il se sert.
N a d i a: Comment va le petit?
S e r g u e i: Il pousse bien et casse ses jouets! G a l i a: Qu'est-ce que tu en sais?
S e r g u e i: Comment ;a?
N a d i a: Asseyez-vous, les gars.
S e r g u e i: Notre Vitia est chez son grand-pere en ce moment. Quoi? Il n'y a que trois chaises?!
K o l i a: siffle. Merde, j'ai oublie! Il n'y a aucun voisin. Nous sommes les premiers a avoir emmenage!
S e r g u e i: On attend du mobilier classe d'un jour a l'autre. Je te le promets, c'est regle.
En attendant on peut, peut-etre, installer des lits de camp. Sur quoi vous dormez?
N a d i a: Sur des matelas pneumatiques.
G a l i a: Genial!
S e r g u e i: Pour les matelas pneumatiques, on peut boire sans s'asseoir! Il sert le Champagne.

Tous boivent.
 
G a l i a: J'ai envie de danser.
K o l i a: If you want. Il allume le magnetophone.
S e r g u e i: "Corps a corps, cul a cul avec des muses nues..." Oh! Sony!

Les deux couples dansent. Galia et Sergue; sont a l’ avant-scene.

S e r g u e i: Pourquoi tu t'enerves au sujet du gosse? Tu sais que je t'aime. Et Vitia aussi.
G a l i a: Arrete. Tu sais toi-meme que tu es marieavec mon pere, pas avec moi.
S e r g u e i: Bah! Tu dis vraiment n'importe quoi. Maintenant qu'il est mort, je ne t'ai pas laissetomber.
G a l i a: Normal, il faudrait que tu payes une pension alimentaire et que tu loues un appart' a cent roubles.
S e r g u e i: Tu dis que des conneries. Moi, je ne t'ai jamais fait de reproche.. Pourquoi je bosse dans le meuble?
G a l i a: Et moi, pourquoi je bosse dans un depot de livres? Tu m'as trainee jusqu' ici pour me dire tout ;a?
S e r g u e i: Je voudrais bien savoir qui a emmenequi?! Regarde un peu comme Nikolka a vite fait carriere. Deux mois qu'il est a son nouveau poste, et il a deja meublesa baraque. Dans un an, il part en mission aux USA. Et il touchera la moitiede son salaire en devises.
G a l i a: Si tu m'achetais au moins une canadienne?
S e r g u e i: Galtchonok, non seulement je t'acheterai une canadienne, mais je te trouverai aussi un manteau de vison, et en hiver tu te sentiras comme sous les tropiques. Laisse-moi seulement me degoter un boulot correct,, ma gamine adoree. Il l'embrasse.
La musique cesse. Tous s'arretent de danser.
S e r g u e i: J'ai une idee!
K o l i a: Cause toujours. Il verse le Champagne.
S e r g u e i: Bon, c'est tout con. Je propose de boire a la santedes chimistes, des chimistes-analystes. Nous sommes tous des chimistes. Avons-nous oubliepour qui nous avons etudie?
K o l i a: "Aurum" en latin, "or", en russe.
S e r g u e i: C'est ;a, que "aurum" soit toujours "aurum" en latin. Mais que l'or reste toujours et seulement russe. Buvons a l'alchimie de l'or, les mecs!
K o l i a: Aux buchers de l'inquisition, mais sans nos cendres!
S e r g u e i: Mais avec notre feu!
G a l i a: Ouais, avec un feu immense!

Tous boivent.

G a l i a: Nadiouch, j'ai envie de pisser. Tu peux me montrer ouc'est?
N a d i a: Viens.
G a l i a: chantonne: "Pour une semaine et jusqu'au deux, nous partons a Komarovo..."
Elle sort avec Nadia.
 
S e r g u e i: Et toi, Kolia, tu es heureux en amour? Enfin, dans ton menage?
K o l i a: Tu as raison, Serioja.
S e r g u e i: Quoi?
K o l i a: Le bonheur, ;a se gagne a coups de dents.
S e r g u e i: Et quand on peut pas blairer une bonne femme, alors c'est vraiment pas bandant. C'est une veritable epee de Damocles, comme un couteau sur la gorge. Cette putain de milice domestique, un vrai gendarme!
K o l i a: Avec toutes ces chiennes, la vie est un enfer.
S e r g u e i: Ouais, mais toi, avec ton boulot, tu peux partir outu veux pour "affaires", histoire de plus voir le bordel dans ce pays de merde.
K o l i a: Sans femme, on ne peut pas se barrer en mission a l'etranger.
S e r g u e i: Oh! Oh! Faut-il l'empoisonner ou quoi?
K o l i a: ;a, c'est ton probleme, Serioja.
S e r g u e i: Quoi?
K o l i a: Je compatis...
S e r g u e i: Il n'y a personne pour chanter une petite chanson gaie? Comment ;a se fait que Boroda ait disparu sans laisser de trace? Il aurait du venir avec sa guitare. Tu le vois des fois? Comment va-t-il?
K o l i a: Il est malade.
S e r g u e i: Une cirrhose? C'est un brave type, mais un chimiste un peu trop honnete. C'est vrai, il faut bien qu'il y en ait qui se levent a sept heures du mat' pour nourrir les autres et les habiller. Sans ces connards, on pourrait pas trafiquer. A mon boulot, je lui ai proposeun travail de livreur. ;a lui aurait fait cinquante roubles par jour, je comprends, c'est pas un travail stable et on peut finir en cabane. Mais en tole, on peut t'y envoyer pour n'importe quoi, n'importe quand. Contre ;a, il n'y a aucune garantie. En fait je comprends pas pourquoi dans notre pays on met en taule quand on trafique. Cela demande un tel travail, un travail titanesque de se trouver une clientele qui accepte, et sans broncher, de te payer un meuble deux fois son prix. Ce n'est pas ma faute si il y en a qui payent tant! Et puisque ;a se vend deux fois plus cher, on devrait plutot te remercier, ;a prouve qu'il s'agissait du bon prix. Regarde, en Occident, ceux qui magouillent, on les appelle les "businessmen". Et la-bas, les hommes d'affaires, on les respecte, et on les estime. Quand ils viennent ici, nos chefs les respectent aussi et les estiment. Mais pour nous, les petits mecs, c'est la tole. Pourquoi on n'a pas le droit de sortir de la mediocrite? C'est normal qu'on ait envie d'une vie stable, Nikolka. Au fond je m'en fous. Ici, chez nous c'est le communisme, la-bas un socialisme a la con. C'est l'empire du mal avec un capitalisme d'Etat.. Moi, je ne suis pas contre le parti, mais je voudrais qu'il dise clairement, du haut de sa tribune, qu'il ne mettra plus en taule des gens qui veulent vivre d'une fa;on humaine, avec tout ce que cela sous-entend de liberteet de democratie. En principe, je suis un brave type. Est-ce que je tue? Est-ce que je suis un dealer? Je veux vivre simplement comme un homme selon mes possibilites. Ma seule faiblesse, c'est la pornographie. Pour ;a, aujourd'hui, on vous met en taule. Moi, je ne comprends pas: Je suis un adulte, un homme normal, mais j'ai besoin de me defouler de temps en temps. Et puis moi, je ne suis pas pour les bordels. Mais ce qui se passe dans nos cafes, nos hotels, nos the;tres et partout, c'est un vrai bordel! Voila le systeme. Sauf que maintenant ce systeme, c'est un vrai sexe qui se branle. On ne s'en sortira pas, on se fera tous enculer. Ouais, Nikolka. Tiens c'est pour vous, un Pasternak en deux tomes. Et ;a, c'est pour le repas, un petit "Napoleon".
Il sort de son sac des livres et une bouteille de cognac fran;ais.
K o l i a: C'est trop, Serioja.
S e r g u e i: Seulement, dis-moi honnetement, Nikolka, dans ton job, on risque la prison?
Et ton boulot, il y a quelque chose a glander?
K o l i a: Baiser.
S e r g u e i: Comment?
K o l i a: En ma;tre!
S e r g u e i: Pour baiser, OK. Mais on ne risque pas la taule?
K o l i a: Mon cher Serioja, quand tu fais l'amour, et en ma;tre en plus, est-ce que tu penses a la prison? Hein?
S e r g u e i: Et la moitiedu salaire est en devises?
K o l i a: En coupures neuves, direct de l'imprimerie!
S e r g u e i: Comme je t'aime! J'ai envie de me barrer a l'etranger et d'aller au bordel. De faire mon experience sur le plan de la concurrence Est-Ouest.
Galia et Nadia reviennent.
G a l i a: J'ai bien envie d'un petit coup de "Napoleon".
K o l i a: Moi aussi. Il ouvre la bouteille de cognac et sert. A quoi buvons-nous?   
S e r g u e i: A la reussite de ton trust sexuel, Nikolka!
G a l i a: super!
On sonne a la porte.
S e r g u e i: C'est la "chose"?
K o l i a: C'est elle. Il ouvre la porte.

Entrent Philadelphie Ivanovitch et Svetlanka.


K o l i a: Bonsoir, Philadelphie Ivanovitch.
S v e t l a n k a: tend la main a Kolia. Il faut m'appeler Svetlanka .   
K o l i a: Et bien, Svetik, bonsoir. Il lui baise la main,
P h i l a d e l p h i e: Mon cher Nikolka. Il lui donne une tape amicale sur l'epaule. A tous:
Mes respects, dames camarades et messieurs les communistes.
S e r g u e i: tend la main. Sergue;, pour les problemes de livres et de mobilier, c'est mon
affaire.
P h i l a d e l p h i e: Je lis et j'installe du mobilier. Il lui serre la main. Moi, c'est Philadelphie Ivanovitch. Je regle tous les problemes. Je peux vous trouver une place au cimetiere de Novodevitchiji, quand vous voudrez vous y allonger. Ben quoi, Svetlanka , ma poulette, fais-nous un "bonjour maison".
S v e t l a n k a: Allez, lechez-moi la menotte... Je vais tous vous egorger... par amour. Elle presente sa main a Sergue; pour qu'il la lui baise. Je suis des votres, les filles. Elle echange des reverences avec Nadia et Galia.
P h i l a d e l p h i e: C'est beau, Nadiouch, tout est arrangeavec gout. Il lui baise la main. En l'honneur de la lutte anti-alcoolique, mes jeunes amis. Il sort de son sac une bouteille de deux litres de vodka russe. Comme elle s'entend bien, la mignonne, avec le petit cognac Napoleon! Et le saucisson hongrois va transformer leur bonheur en conte de fee. Il sort de son sac un saucisson et divers autres amuses-gueule; il ouvre la bouteille de vodka. Je me retiens? trop tard! Il sert la vodka.
S e r g u e i: Couper ou ne pas couper le saucisson? Il coupe le saucisson.
P h i l a d e l p h i e: Tu es fute, toi! Allez, Svetik , mon petit chat, porte-nous un toast pour la jeunesse!
S v e t l a n k a: leve son verre. Que jamais aucune maladie ne s'abatte sur nous: ni cholera, ni peste, ni lepre, ni syphilis, ni sida... Et que les vilains mechants petits canards se transforment enfin en beaux cygnes blancs, ou en beaux papillons de nuit.
P h i l a d e l p h i e: Mon coeur, mon petit poucet! Il embrasse bruyamment Svetlanka .

Tous boivent.

S e r g u e i: Ma petite fraise des bois. 
P h i l a d e l p h i e: Quoi?
S e r g u e i: Cette annee, les fraises des bois sont tres sexuelles, Philadelphie Ivanovitch. Enfin, je m'excuse, et je propose un toast a l'amitiequi comprend tout, pardonne tout et eleve la vie. N'est-ce pas?
P h i l a d e l p h i e: Oh! Je suis un grand amateur de l'amitieplacee sous le signe de la petite fraise des bois, Serioja.

Tous boivent

Et pourquoi je suis tout seul a grailler? Svetik, assieds-toi.
S v e t l a n k a: s'assoit. Voila.
P h i l a d e l p h i e: Asseyez-vous tous, faites comme chez vous. Mais je ne vois pas de chaises? Il n'en reste qu'une? Dis-donc, tu disais que tu es specialiste des problemes de meuble?
S e r g u e i: On attend d'un jour a l'autre des meubles de Finlande.
P h i l a d e l p h i e: Et les voisins, ;a sert a quoi? Bande de gros malins.
K o l i a: Il n'y a pas de voisins, l'immeuble est encore vide. Nous sommes les premiers
a
avoir emmenage, Philadelphie Ivanovitch.
P h i l a d e l p h i e: Ouais; C'est pas toujours bon d'etre les premiers. Svetlanka , ma petite, viens sur mes genoux.
S v e t l a n k a: Je vais pas te casser les bijoux?
P h i l a d e l p h i e: Lesquels?
S v e t l a n k a: Tes bijoux de famille!
P h i l a d e l p h i e: Mais non, ils sont dans leur boite, ma poulette, bien tranquilles, bien peinards, et en contemplation.
S v e t l a n k a: Verifions. Elle s'asseoit sur ses genoux. C'est dur. Elle embrasse Philadelphie Ivanovitch a pleine bouche. Un vrai diamant. Et eux, qu'est-ce qu'ils glandent?
K o l i a: Les matelas pneumatiques! On a des matelas pneumatiques pour la plage et on dort dessus.
P h i l a d e l p h i e: Bon, il faut les gonfler. ;a fera plus de meubles.
S v e t l a n k a: Ouais, il faut les gonfler!
K o l i a: Une minute. Il apporte d'une autre piece les deux matelas gonflables: l'un est vert, l'autre rouge.
P h i l a d e l p h i e: Ah, la jeunesse des plages... Avec ses matelas pneumatiques a une ou deux places.
K o l i a: Sergue;, gonfle le vert, et moi, le rouge. C'est a celui qui sera le plus rapide.
P h i l a d e l p h i e: Donc, c'est une competition? Et quel en sera le prix?
S v e t l a n k a: Un baiser de la reine de notre soiree.
S e r g u e i: Et qui est la reine de notre soiree?
P h i l a d e l p h i e: Procedons au couronnement. Allons, proposez.
S e r g u e i: Je propose Svetlanka.
S v e t l a n k a: Mon favori.
P h i l a d e l p h i e: Moi, Nadiouch.
K o l i a: Moi, Galtchonok.
P h i l a d e l p h i e: ;a pose probleme.
N a d i a: Je cede.
G a l i a: Pas moi.
S v e t l a n k a: Alors il faudra qu'on tire a la courte paille. Si tu tires la grande, c'est toi la reine, la petite, c'est moi! Tire.
G a l i a: Tire une allumette. La petite.    
S v e t l a n k a: C'est moi la reine.
G a l i a: Et moi, je suis qui?
P h i l a d e l p h i e: La fille de la reine, la princesse.
K o l i a: On est d'accord. Allez, on y va. A vos marques, prets, partez!
Kolia gonfle le matelas vert, Sergue;, le rouge. Les autres les encouragent.
  Sergue; S'arrete de gonfler. Ouh! Je crois que c'est bon.   
K o l i a: S'arrete aussi. Je crois que moi aussi.
S e r g u e i: C'est moi le premier.
K o l i a: J'aurais pu finir avant, moi aussi.
P h i l a d e l p h i e: Eh, les gars, il faut savoir s'arreter. Qui donc est le vainqueur?
S v e t l a n k a: Celui qui a le matelas le plus ferme.
P h i l a d e l p h i e: Voila un mot digne d'une reine. Il t;te les matelas. ;a semble difficile a dire. Reine, prononce ta derniere sentence.
S v e t l a n k a: Je propose le matelas rouge. C'est la couleur de l'amour. Je prefere le matelas de ce chevalier. Elle montre Sergue;. Embrasse-moi, chevalier, n'aie pas peur, je ne te couperai pas la tete.
G a l i a: Je proteste.
S v e t l a n k a: J'en ai rien a foutre! Elle embrasse Sergue; avec passion. Alors, mon baiser a la fran;aise, il te plait, chevalier?
S e r g u e i: Ouais, pas mal.
G a l i a: Quoi?
S e r g u e i: Je voulais dire... Ousommes-nous?
S v e t l a n k a: D'un air envoutant. Sur une etoile appelee "Amour". Elle embrasse Sergue; avec passion. Et ce baiser d'une fra;cheur matinale, chevalier, comment le trouves-tu?
S e r g u e i: Ousuis-je?
S v e t l a n k a: Sensuellement. Dans un espace ouil n'y a pas d'oxygene mais seulement l'amour, rien que l'amour, l'amour... Elle embrasse Sergue; avec passion. Et ce baiser de cherubin, chevalier?
P h i l a d e l p h i e: Bravissimo!
S e r g u e i: Bravissimo!
G a l i a: Quoi?
S e r g u e i: Bravissimo!
G a l i a: Maman.
S v e t l a n k a: Quoi, ma petite, quoi?
P h i l a d e l p h i e: Elle en a envie, elle aussi. Et bien, embrasse Nikolka, princesse. C'est
le
deuxieme chevalier, et peut-etre, le premier.
G a l i a: Alors, je l'embrasse. Elle embrasse Nikolka avec passion.
K o l i a: C'est bon. C'est a dire, Serioja, ne sois pas jaloux. Il rit d'un air idiot.
S v e t l a n k a: Comme s'il pouvait s'agir de jalousie, peut-etre que Kolia me plait plus.
Elle embrasse Kolia qui cesse de rire.
P h i l a d e l p h i e: formidable, formidable! Et moi, je vais embrasser Nadia, ma petite Cendrillon. Il embrasse Nadia. Formidable!
S v e t l a n k a: Genial!
P h i l a d e l p h i e: Ouais,et encore c'est pas tout... On se recupere des matelas apres.
Allez, on repete. Il faut faire mieux que nous. Svetlanka , viens sur mes genoux, hop-la!
S v e t l a n k a: Oh! Oh: Je vais te les casser. Elle s'asseoit brutalement sur les genoux de
Philadelphie.
P h i l a d e l p h i e: Ca va y etre, ;a y est presque, ;a y est!
S e r g u e i: S'est assis sur une chaise. Galtchonok, Hop-la!
Gal;a: Je vais te les casser, youh! Elle s'asseoit brutalement sur les genoux de Serioja.
S e r g u e i: Dans le mille!
K o l i a: S'est assis. Dis "ouille", Nadiouch.
N a d i a: Dis-le toi-meme Elle s'asseoit brutalement sur les genoux de Kolia.
K o l i a: Ouille!
P h i l a d e l p h i e: A l'attaque!
S e r g u e i: Ces femmes nous depassent d'une tete, comme pour l'amour a la fran;aise!
S v e t l a n k a: Apres avoir servi a boire. Mes petits fran;ais, en l'honneur de quoi buvons-nous?
P h i l a d e l p h i e: Pour l'amour a la fran;aise a la lueur des chandelles, tant qu'a faire.
G a l i a: C'est comment?
P h i l a d e l p h i e: On va vous montrer ;a. Svetlanka , amene les chandelles. Svetlanka sort des bougies de son sac et les allume. Toi, Kolia, eteins la lumiere et monte le son. Kolia s'execute. Les flutes, par ici! Il ouvre une bouteille de Champagne et sert. Ben, quoi, mes petits cheris, s'il faut se reposer, reposons-nous. On s'eclate?
S v e t l a n k a: Et ensuite?
P h i l a d e l p h i e: Que le Christ redempteur descende sur notre terre pecheresse et purifie nos ;mes de toutes souillures et basses superstitions. Qu'il nous illumine de son amour celeste. Aimons notre sauveur, comme les meilleurs d'entre nous, et par cet amour sacre, aimons-nous les uns les autres a l'image du ciel...
J'etouffe, j'etouffe! Il se debarrasse de sa veste. Je declare ouverte notre petite, notre modeste partouze maison! Comme le disait Guy de Maupassant: "Que nos ;mes soient plus pres de nos corps"! Alors, quoi? Il fait chaud, il fait chaud! Il retire sa chemise.
Tous sauf Nadia: Il fait chaud, il fait chaud. Plus pres du corps!
Ils retirent les hauts et se tremoussent sur le rythme rapide de la musique.
K o l i a: Ben, deshabille-toi, Nadiouch, mon poussin. Ne fais pas bande a part. 
N a d i a: Je suis deja nue. Elle s'enfuit a la cuisine.
P h i l a d e l p h i e: Laisse-la, je vais la calmer. Occupe-toi de Svetlanka. Ramone-la en long, en large et en travers. Et file-lui cent roubles. On a toujours besoin d'une pute.
K o l i a: Je peux lui filer cent roubles comme ;a.
P h i l a d e l p h i e: Si c'est pour rien, on ne va pas aller loin, Kolia.
K o l i a: Bon, bon...
P h i l a d e l p h i e: Je t'aime, c'est pourquoi je te pardonne. Demain, la question de ta promotion sera reglee. Tu commenceras a toucher des pots-de-vin comme dans le "Le revisor" de Gogol.
 
La piece s'assombrit. La cuisine et la porte de la salle de bain s'eclairent. Nadia est dans la cuisine. Philadelphie y entre.
P h i l a d e l p h i e: Alors, Nadiouch, qu'est-ce qui t'a rendu triste? Qui a oset'offenser, ma petite? Dis-moi que j'aille lui casser la gueule... Tu sais bien ce que je veux.
N a d i a: Sortez.
P h i l a d e l p h i e: Je vous ai trouveun appart'. Tu m'as offert une nuit, et je t'ai trouveun appart. Mais la vie, la belle vie continue. Pas vrai? Ou bien...
N a d i a: J'etais saoule.
P h i l a d e l p h i e: Naturellement, tu etais saoule a ce moment la. Ivre de riviere, de viande grillee et de maison de campagne. Et moi, je crois, je suis un vache de mec. Tu t'es donnee a moi par amour, avec passion.
N a d i a: ;a suff;t. Je me suis trompee. C'est tout.
P h i l a d e l p h i e: Ce n'est pas bien de ne pas aimer ton homme, Nicolka.
N a d i a: Qu'est-ce que ;a peut te faire?
P h i l a d e l p h i e: Et bien si tu l'aimais, tu serais plus douce avec moi! Il l'enlace.
N a d i a: Non! Elle le repousse.
P h i l a d e l p h i e: D'accord. D'accord. Et tu crois en Dieu? Ce n'est pas Dieu, mais moi et moi seul qui t'ai trouvecet appartement. Ton Dieu, il n'a fait que t'envoyer ce mec... Qui t'a refilea moi comme si tu etais un vieux matelas. Et c'est gr;ce a toi s'il a ce boulot et cet appartement... C'est la vie.
N a d i a: Je ne suis pas meilleure, moi non plus.
P h i l a d e l p h i e: Nous sommes tous pecheurs. Nous le somme tous dans ce systeme corrompu, Nadiouch. C'est la verite. Mais ton Nikolka, c'est le diable en personne... Moi aussi, je suis un petit diable parce que je ne crois qu'en lui. Dans notre systeme, il est difficile de croire en Dieu. Tu ne gagneras pas. Dans cette zone, on a piegetout le monde, et vachement habilement. Il n’y a que le Diable qui peut s'en sortir En cinquante annees de vie sur cette terre, j'ai bien compris cela.
N a d i a: Kolia n'est pas le Diable.
P h i l a d e l p h i e: Si ce n'est pas le diable, c'est son serviteur. Tu peux me croire, moi, rouquin de diable! Tu n'as qu'a aller voir comment il est en train de baiser Svetlanka . Je le lui ai ordonneet il la baise. Moi, c'est toi que je veux. J'ai dans la tete de t'offrir un appartement cooperatif ou une petite datcha. Qu'est-ce que tu choisis? Silence. Tu y vivras seule. Pourquoi tu trimes pour ce sale type? Dans la vie, il ne faut penser qu'a soi, ma petite.
N a d i a: Ne m'appelles pas comme ;a, Philadelphie. Il n'y a qu'une seule personne qui a le droit de m'appeler comme ;a.
P h i l a d e l p h i e: OK, ma petite. Tiens, voila deux cent roubles dont je n'ai absolument pas besoin. He, he, he! La vie, c'est un dessin anime, Nadiouch. C'est une jument, une jument sauvage qui brise les renes du doux bonheur. Elle m'a menela vie dure cette jument. Mais elle n'a pas eu ma peau. C'est parce que je suis un gars honnete, ma fille, j'ai toujours tout payeet je payerai pour tout: pour l'avoine, la stalle et l'eau... Reflechis un peu : as-tu l'intention de suivre ce chemin encore longtemps? Est-ce que le cocher te demande cher pour t'emmener, ce cocher fantastique? Peut-etre juste une petite participation du coeur. Mais toi, tu veux tout de suite partir au galop sans dire merci. Tu n'es pas facile a dompter. Ah! Aujourd'hui, je suis d'humeur poetique. J'ai l'eteindien dans l';me. Mais j'ai besoin d'etre soutenu, d'etre aide. Et tu pourrais etre cette toile d'araignee celeste, magique, et qui, comme un tapis volant des mille et une nuits, nous souleverait au-dessus de toute cette agitation merdique. Envolons-nous, Nadiouch. Tout ce que tu me demanderas, je le ferai. Mon ;me aspire a quelque chose de divin, de pur.
Comprends-moi. Meme si je dois te detruire... Mais aime-moi sincerement, comme ton enfant, comme le Christ ton Sauveur. Sans amour, on ne peut pas comprendre la tristesse et la douleur. Et il faut donc prendre de force les saints et y trouver son plaisir.
N a d i a: Brule l'argent.
P h i l a d e l p h i e: ;a veut dire que tu es d'accord? Merci. ;a me fait beaucoup de peine pour toi. Je me voyais justement a ta place. Il met l'argent dans le cendrier et y met le feu. Ce sont comme des blasphemes qui brulent!
N a d i a: De ;a, il restera au moins des cendres. Alors que de nous?
P h i l a d e l p h i e: Il restera l'amour.
N a d i a: Mais qu'est-ce que c'est que l'amour?
P h i l a d e l p h i e: L'amour, il en existe de deux sortes, Nadiouch. Il y a l'amour bete. C'est lorsque sans trop comprendre pourquoi tu deviens subitement triste, corne un nuage ephemere de sentiments melanges, ensuite c'est l'eclair et le tonnerre. Et tu es trempee, en larmes, couchee par terre et tu te dis: quelle idiote et tout ;a pour qui? Et les larmes resonnent comme des gouttes de pluie. Mais nous, nous faisons l'amour sagement ma petite.
N a d i a: Tu es horrible, Philadelphie.
P h i l a d e l p h i e: Je suis fort, fantastique, merveilleux. Je peux tout, tu comprends? Je suis millionnaire, et en plus j'ai du pouvoir. ;a me repugne meme qu'il n’y ait rien que je ne puisse faire. Tiens, si tu veux, je peux meme telephoner a la Pougatchova et elle viendra ici, et elle sera nue, elle chantera son "Iceberg sur l'ocean". Et si pour mille roubles, elle ne vient pas, je lui filerai cinq mille. J'y mettrai le prix. Pour cinq mille, elle viendra. Tu veux, dis-moi, tu veux? La Pougatchova chantera, nue, dans ta cuisine, "Iceberg sur l'ocean", et je l'obligerai meme a monter sur un tabouret et a garder son equilibre!
N a d i a: OK.
P h i l a d e l p h i e: Soit, je vais lui telephoner. Il se dirige vers la porte.
N a d i a: Ce n'est pas la peine, je n'en ai pas besoin. Laisse moi.
P h i l a d e l p h i e: Je ne comprends pas.
N a d i a: Je suis enceinte.
P h i l a d e l p h i e: Pourtant tu n'as pas l'air en cloque. Mais ce n'est que plus bandant, ma petite. Et au moins c'est sans risque... On ne peut pas foutre enceinte une fille qui l'est deja! Il l'enlace.
N a d i a: Pas ici.
P h i l a d e l p h i e: Alors o;? Avec Nikolka, sur le meme matelas? Je peux.
N a d i a: Dans la salle de bain.
P h i l a d e l p h i e: Bon.
N a d i a: Traine-moi jusqu'a la salle de bain.
P h i l a d e l p h i e: Pourquoi cette agressivite?
N a d i a: Je veux me faire violence.
P h i l a d e l p h i e: Petite, pour ;a, on va t'aider, Nadiouch, ma toute adoree, avec plaisir. Il la prend par le bras et la tire dans la salle de bain.




ACTE II
 
Noir total sur la scene. On sonne a la porte. On entend le loquet de la salle de bain, et la tete de Philadelphie appara;t.


P h i l a d e l p h i e: Garde a vous! Levez-vous les indiens, on frappe! Il sort de la salle de bain en courant, une serviette nouee autour de la taille. Ils nous ont trouves, on nous a vendus, vendus pour trente kopeks.
S e r g u e i: Pour le prix de deux bouteilles de lait, c'est bon marche!
P h i l a d e l p h i e: Ousont mes fringues? ;a caille sec, on se croirait en Siberie, brrr! K o l i a: C'est qui les salauds qui nous ont vendus?
S v e t l a n k a: Ouille, maman, c'est qui, qui me passe sur le ventre? A;e, c'est toi
Philadelphie?! Qui t'a vendu, imbecile? Voila qu'il fait dans son froc, le con! Qui a besoin de toi? Tire ta sale patte velue de ma poitrine.
P h i l a d e l p h i e: Oh, la ferme, toi, chienne en chaleur! Ousont mes fringues?
S v e t l a n k a: Qu'est-ce que tu veux que ;a me foute, espece de gros porc. Je retrouve meme pas les miennes!
G a l i a: Et mes guenilles a moi, elles sont o;?
S e r g u e i: On les a balancees quelque part par la.

Sonnerie ininterrompue a la porte.

P h i l a d e l p h i e: Qui ;a peut bien etre, Kolia?
 K o l i a: Je sais pas.
S v e t l a n k a: Moi, j'ai peur de personne. Je telephonerai a un pote a moi, et ils me
laisseront filer. Mais vous, bande de rats, au trou! Vous irez travailler dans une mine d'or.
P h i l a d e l p h i e: Et pourquoi? Qu'ai-je fait de mal?
S v e t l a n k a: Tu pervertis les ;mes pures et les corps vierges. On te jettera au trou, trouillard! Compte sur moi pour te trouver une jolie maison de repos. Ouais, je ne m'attendais pas a trouver la des mauviettes pareilles. On ne m'a meme pas laissele temps de jouir, froussards. Ouais, c'est dans l'epreuve qu'on reconnait la force des gens.
P h i l a d e l p h i e: Allumez la lumiere, on etouffe dans le noir, Kolia!
G a l i a: Pas tout de suite, ;a me gene.
P h i l a d e l p h i e: Allume!
K o l i a: J'arrive pas a trouver l'interrupteur. On n'a emmenagequ'hier, je n'ai pas encore mes reperes.. Il craque une allumette, cherche l'interrupteur.
S v e t l a n k a: T'as qu'a moins boire, empote.
P h i l a d e l p h i e: Il est la, ton interrupteur! Il allume.
Les hommes portent les jupes des filles, les filles portent les vestes des hommes. Pas mal comme apparition! C'est a qui ce soutien-gorge? Il ramasse par terre un soutien-gorge.
  Svetlanka et G a l i a: C'est le mien! Elles tirent chacune le soutien-gorge par un bout.
S v e t l a n k a: C'est mon soutien-gorge! Le soutien-gorge se dechire en deux.
Connasse.
G a l i a: Connasse toi-meme!
S v e t l a n k a: Je vais t'en coller une!
P h i l a d e l p h i e: Eh, Svetik, le tien est anglais?
S v e t l a n k a: Il l'etait.
P h i l a d e l p h i e: Ceux d'Angleterre sont solides.
S v e t l a n k a: Ouais.
P h i l a d e l p h i e: Celui-la est un "fait-maison", Svetik.
G a l i a: Dans ce cas, c'est pas le mien non plus. Elle jette l'autre morceau du soutien- gorge.

Long coup de sonnette a la porte. Nadia sort de la salle de bain, enveloppee d'une serviette.

P h i l a d e l p h i e: Nadia! Tu ressembles a Aphrodite. Tu n'as pas encore d'autres serviettes?
N a d i a: ;a coute vingt-cinq roubles piece.
P h i l a d e l p h i e: Donnes-en une a chacun! Il sort son porte-monnaie.
N a d i a: File-moi deux cent roubles! Ne te trompe pas! Elle prend elle-meme l'argent dans le porte-monnaie. Voila les serviettes. Elle ramene cinq serviettes d'une autre piece.
P h i l a d e l p h i e: Mais tu viens de dire vingt-cinq roubles l'une, rends la monnaie.
N a d i a: Mon prix de gros est plus cher.
P h i l a d e l p h i e: J'aime ;a, Nadiouch j'aime ;a. J'ai meme envie de cogner. Tous se couvrent de serviettes.
Et maintenant, attention: nous allons faire du yoga. Je connais quelques exercices.
C'est moi votre maitre, le mahatma, sachez-le. Asseyez-vous tous dans la position du lotus et regardez-moi. Il prend la position du lotus et tous l'imitent. Et
maintenant, imaginez-vous que votre corps se rechauffe, se rechauffe de plus en plus et qu'aucune Siberie ne peut avoir prise sur lui.
S v e t l a n k a: Personnellement, seuls les exercices de Sutra peuvent rechauffer mon organisme. Je ne connais que l'art de faire l'amour. Elle veut l'embrasser.
P h i l a d e l p h i e: La repousse. Pas "Sutra", mais "Kama-sutra", idiote. Concentrez-vous. Eteins la lumiere, Nikolka. Une seule bougie suffira. Il allume une bougie. C'est une seance de meditation. Parfait. Moi je vais faire le poirier. Il se met sur la tete. Va ouvrir.


Kolia eteint la lumiere et ouvre la porte d'entree. Boroda entre avec sa guitare sur l'epaule. Il a dans sa main une bouteille de "Saliout", dans l'autre, un bouquet d'oeillets rouges.


B o r o d a: Salut, Nikolka! Et moi je sonne, je sonne. Je pensais deja m'etre tromped'adresse. Vous avez une sonnette melodieuse. Vous dormez ou quoi?
K o l i a: Bah, on est un peu dans le cirage. Entre Boroda. Salut! Il lui serre la main.
B o r o d a: Vous etes rudement bien installes. Tiens, a boire. Il donne la bouteille de "Saliout " a Kolia. Il n'y avait plus rien d'autre.
K o l i a: Tu n'as surement pas cherchela ouil fallait.
B o r o d a: OK. Dis-donc, c'est un musee grec, chez vous. Tu fais de la sculpture ou quoi? Il touche Svetlanka.
S v e t l a n k a: On est des sculptures vivantes, idiot!
B o r o d a: Excusez-moi, mademoiselle.
S v e t l a n k a: Il ne faut pas.
B o r o d a: Pourquoi es-tu grossiere?
S v e t l a n k a: Ne me touche pas! Qui s'y frotte s'y pique.. Elle allume la lumiere.
B o r o d a: C'est elle qui s'est piquee. Il aper;oit Nadia. Niadiouch, bonjour! Toutes mes felicitations pour votre nouvel appartement. Il lui tend le bouquet d'oeillets. Dis donc, que vous etes droles, vous tous! C'est marrant chez vous! Vous jouez a l'hopital psychiatrique?
S v e t l a n k a: Non, pour ;a il faut aller a l'asile de Kachtchenka.
B o r o d a: Et moi, vous me prenez? Serioja! Galtchonok! Ca alors, je ne vous avais pas reconnu! Retenez-moi, je tombe. C'est super!
S e r g u e i: Alexe;, ton vocabulaire est ordurier, tu vas faire peur aux gens.
B o r o d a: On amuse les gens, Serioja.
N a d i a: C'est sympa d'etre venu, Alexe;. On est tres content de te voir.
S v e t l a n k a: Tout est au poil, Mahatma. C'est qu'un residu de fausse couche.
P h i l a d e l p h i e: Je vois, laisse tomber.
B o r o d a: fait un signe en direction de Philadelphie. Il tient bon.
K o l i a : Tu peux en faire autant?
B o r o d a : Je peux tout faire.
K o l i a : Et comment ;a va?
B o r o d a : Ca peut aller. Il y a des hauts et des bas. Pause Ma mere ne se leve plus.
Le cancer.

Silence.

N a d i a : Assieds-toi, Alexe;. Elle l'aide a s'asseoir.
B o r o d a : Le medecin a dit qu'il lui restait trois semaines. Je lui ai proposede rentrer a la maison. Mais elle a dit qu'elle voulait mourir a l'hopital. Parce qu'a la maison, elle dit qu'elle se pendrait et elle ne veut pas que je la vois pendue. C'est terrible. Je n'arrive pas a y croire. Je ne sais pas quoi faire. Alors je suis passechez vous. C'est si dur pour moi. Je ne sais pas comment vivre. Je n'ai meme plus envie de vivre. Pause. Allez on boit! Il veut ouvrir la bouteille de "saliout".
Sv e t l a n k a : Le "Saliout" c'est tout juste bon a vous refiler une cirrhose. Boroda : Qu'est-ce qu'on fait?
K o l i a : Il y a de la vodka. Il se sert ainsi que Boroda. Tiens bon, Alexe;, il faut vivre.
Allez, on boit a la santede ta mere, c'est une brave femme.
N a d i a : Courage, Alexe;. B o r o d a : Merci les gars.

Ils boivent.
Pause.

Non, non. Pourquoi? Il frappe avec force sur les cordes de sa guitare.
S e r g u e ; : Tu chantes toujours?
B o r o d a : Pour ma mere. C'est pour elle que je chante.
S v e t l a n k a : Et nous, chante-nous quelque chose.
B o r o d a : Qu'est-ce que je peux vous chanter?
  S v e t l a n k a : Ta chanson preferee.
B o r o d a : Ma preferee?
Pause.
 
Il dit en s'accompagnant a la guitare:

"Ousont tes dix-sept ans? Impasse de
la grande charette. Et ouest le debut de tes malheurs? Impasse de la grande charette. Et ouse trouve ton pistolet noir? Impasse de la grande charette.
Mais oun'es-tu pas aujourd'hui? Impasse de la grande charette..."

Je ne peux pas.

Philadelphie tombe. Sergue; et Kolia l'aident a se relever.

S e r g u e ; : ;a va, vous ne vous etes pas fait mal Philadelphie Ivanovitch?
P h i l a d e l p h i e : C'est bon, je suis restetrop longtemps la tete a l'envers, a B o r o d a:
Vyssotsky, tu aimes, jeune homme?
B o r o d a  : Tout le monde l'aime.
P h i l a d e l p h i e : On a bu de la vodka avec Vyssotsky, un vrai gladiateur.
K o l i a : Boroda est un copain d'universite, Philadelphie Ivanovitch.
P h i l a d e l p h i e : J'afons kompris. Tu bosses o;? Comme quoi?
B o r o d a : Comme contrema;tre, a l'usine.
S e r g u e ; : Il travaille la ouil a eteaffecte.
P h i l a d e l p h i e : J'afons kompris. C'est serieux! On a besoin de gens consciencieux.
Faisons connaissance: Philadelphie Ivanovitch.
B o r o d a : Alexe;. On peut m'appeler Boroda. Ils se serrent la main.
P h i l a d e l p h i e : Pas mal. Oui, toi, a ce que je vois, tu es le genre de type a qui on peut faire confiance. C'est ;a?
B o r o d a : C'est a esperer.
P h i l a d e l p h i e : Il n’y a rien qui t'amuse? Tu veux faire du yoga avec nous?
B o r o d a : Excuse, vieux, j'ai pas le moral.
P h i l a d e l p h i e : Ta mere est malade si j'ai bien compris? Pause. On est tous mortels, Alexe;. Dans ton acte de naissance est inclus ton acte de deces. Tot ou tard on y passera tous.
B o r o d a : Elle est encore jeune. Elle vient d'avoir soixante ans.
P h i l a d e l p h i e : Viens boire. Il sert de la vodka.
B o r o d a : OK.
P h i l a d e l p h i e : Pour ta mere.
B o r o d a : Merci, ami.

Ils boivent.

P h i l a d e l p h i e : Ah, tu es un demerdard, Alexe;. Il serait bien dans notre equipe, les gars.
S e r g u e ; : Honnete, pur, mais debrouillard.
B o r o d a : Serioja, la ferme!
G a l i a : Faut rajouter que notre Alexe; est un chevalier de l'amour. B o r o d a : Galia, obeis a Serioja.
P h i l a d e l p h i e : Si c'est un chevalier de l'amour, il nous est absolument indispensable.
S v e t l a n k a : Je le veux!
P h i l a d e l p h i e : Un peu de discretion, Svetik.
S v e t l a n k a : La discretion m'embellit; il faut bien que je la mette en evidence.
P h i l a d e l p h i e : Alors, Alexe;. Tu joues avec nous a un jeu rigolo? Tu te sentiras mieux apres.
B o r o d a:  ;a m'etonnerait. C'est quoi comme jeu?
P h i l a d e l p h i e : Du yoga modernise.
B o r o d a : Je vois.
P h i l a d e l p h i e : Encore un petit coup pour se mettre en forme. Il sert la vodka.
B o r o d a  : A votre sante.
P h i l a d e l p h i e : A la tienne, jeune homme.

Ils boivent et mangent un morceau.

Elle est bien passee?
B o r o d a : ;a peut aller.
P h i l a d e l p h i e : Tu es un pote, Alexe;, un vrai pote. Allez quoi, mec, on fait du yoga oui ou non?
B o r o d a  : On n'en a pas deja fait?
P h i l a d e l p h i e : T'es un pote! C'est bon. Donc, pour commencer, il faut que tu choisisses une partenaire. Notre yoga ne se pratique pas seul, mais avec une petite esclave venue de l'Inde.
B o r o d a : Comme tu diras.
P h i l a d e l p h i e : Bon. Allez, esclaves de l'Inde, Svetik, Galtchonok, Nadiouch, en rond.
Filez-moi une bouteille vide. Rien ne va plus. Il fait tourner la bouteille; elle s'arrete, le goulot tournevers Nadia Tu es un veinard, Boroda, mon petit. Hum. Allez quoi,
bon Dieu, en avant. Prends Niadiouch: elle est ton esclave sexuelle et fais d'elle ce que tu voudras puisque telle est ta chance.
B o r o d a: OK, vieux, c'est parfait. J'y vais, les gars.
S v e t l a n k a : Et ouva-t-il? On ne va pas te l;cher. Tu nous plais.
B o r o d a  : Vous aussi, vous me plaisez. Mais je n'ai pas le moral. Excusez-moi, si c'est pas ce que vous attendiez de moi. On ne va a la noce sorti d'un enterrement. C'est de ma faute.
P h i l a d e l p h i e : Mais Alexe;, mon cher, quand on te donne une esclave, et qui plus est une esclave sexuelle, et gratuite en plus, il faut la prendre jour et nuit, dans la joie comme dans le malheur. ;a renforce la joie et attenue le chagrin.
B o r o d a : ;a suffit, vieux, je n'ai pas la tete a ;a.
P h i l a d e l p h i e : Tu es vexant, Alexe;, horriblement vexant. Pourquoi tu detruis l'opinion qu'on a de toi, un jour aussi beau que celui de notre rencontre? Tiens ma serviette. Il
lui donne sa serviette. J'offre cela a un stakanoviste de choc. Obeis. Il enfile son pantalon. Allez un peu de courage.
B o r o d a : Je ne comprend pas.
P h i l a d e l p h i e : Grouille-toi.
B o r o d a : Je comprends encore moins.
P h i l a d e l p h i e: Ta connerie me de;oit. Faut te deshabiller?
B o r o d a : Mais je ne me suis pas laveapres le travail, et je pue. Allez, donne-moi une clope, Kolia, je file. J'ai perdu mon paquet quelque part.
P h i l a d e l p h i e : Eh, minute, toi, le resident crasseux de l'impasse de la grande charette. Tu as un toupet extraordinaire! Regarde, on faisait tranquillement du yoga apres une dure journee de labeur et on derangeait personne. Et toi, tu es venu sans gene, nous taxer une cigarette, nous casser la baraque et nous taper sur le systeme!
S v e t l a n k a : Il ne m'a meme pas laissejouir, le sadique.
P h i l a d e l p h i e : Ouais. Et tu ne veux meme pas nous soulager les nerfs. Pour quelle raison? C'est peut-etre cette esclave qui ne te plait pas? Il faut peut-etre te la montrer a poil? Mossieur! S'il vous plait Il arrache la serviette de Nadia. Sucre, peche, miel.
N a d i a  : Salaud! Elle lui reprend la serviette et se la remet Tous des salauds!
P h i l a d e l p h i e : Tu vends trop cher tes serviettes et tu ne rends pas la monnaie. Alors nous nous servons nous-meme, c'est tout.
B o r o d a : Quoi? Kolia, Niadiouch, les gars, pourquoi vous laissez faire cette ordure? Philadelphie : Fais gaffe, salete, ou je t'ecrase.
B o r o d a : Vas-y! Il frappe Philadelphie en pleine m;choire.
P h i l a d e l p h i e: Ouh!
B o r o d a: Ta gueule. C'est pour ce que tu as fait a Nadia, salopard! Il le frappe encore une fois.
P h i l a d e l p h i e: Ouh! Et vous les gars, que faites-vous, regardez! Allez, il faut lui donner une le;on d'education sexuelle. On s'y met tous. Allez! Les zonards cognent fort, mais nous encore plus!

Philadelphie Ivanovitch, Sergue; et Kolia entourent Boroda par trois cotes.
S v e t l a n k a: Il n'y a qu'a le balancer du balcon, c'est tout.
P h i l a d e l p h i e: Non, il ne faut pas, il vaut mieux le torturer un peu. Battez-le!

Tous, sauf Nadia, se jettent sur Boroda, le font tomber et lui donnent des coups de pieds.

Dans les couilles, allez, plus fort!
Il donne un coup de pied.
S v e t l a n k a: Du sadisme! Elle donne un coup de pied. Je l'ai eu, dans le mille!  G a l i a: Sale prolo! Elle donne un coup de pied.
K o l i a: Connard. Il donne un coup de pied
N a d i a: Arretez, arretez! Elle essaie de les ecarter. Vous allez le tuer, monstre! Arretez ou c'est moi qui vais tous vous tuer! elle prend la bouteille de "Saliout" et la casse sur le rebord de la table. C'est moi qui vais vous tuer! ! !
P h i l a d e l p h i e: Arriere toute!

Ils arretent de frapper Boroda.


N a d i a: Se penche sur Boroda. Vous l'avez tue, fascistes.
S e r g u e i: T;te le poul de Boroda. Mais il est vivant. Son pouls bat comme celui d'un champion sportif.
P h i l a d e l p h i e: Legitime defense. Il frotte sa m;choire.
S e r g u e i: Et maintien de l'ordre. 
G a l i a: C'etait de la gym tonique!
S v e t l a n k a: C'etait super! Je lui ai envoyetrois coups de pied dans les couilles!
G a l i a: Et moi cinq!
S v e t l a n k a: Et moi dix!
N a d i a: Monstres!
S v e t l a n k a: On n'est pas des monstres. La preuve, je lui apporte un verre d'eau. Elle apporte un verre d'eau froide.
G a l i a: Et moi je lui met une serviette froide sur le front. Elle apporte une serviette mouillee qu'elle met sur le front de Boroda. C'est beau, un blesse.
K o l i a: t;te le pouls de Boroda. Il revient a lui.

Philadelphie Ivanovitch et Sergue; s'avancent sur scene.

P h i l a d e l p h i e: Tiens, Serioja, ma carte de visite. Passe un coup de fil, n'aie pas peur.
Je t'aiderai. Le devouement avec lequel tu l'as cognem'a plu.
S e r g u e i: Simple routine, on y trouve son plaisir. Je voulais justement vous demander quelque chose.
P h i l a d e l p h i e: Quoi?
S e r g u e i: Non, rien. Une bagatelle de rien du tout. Je me debrouillerai tout seul.
P h i l a d e l p h i e: Je ne pourrais pas vivre sans ces questions a trois sous, Serioja. Parle.
S e r g u e i: Vous pourriez m'indiquer ouje pourrais trouver un manteau de peau retournee importedu Canada pour sept cent roubles environ. C'est pour ma femme, vous comprenez.
P h i l a d e l p h i e: Chez moi, des demain.
S e r g u e i: J'aurai l'argent demain.
P h i l a d e l p h i e: Tu n'en a pas un peu sur toi?
S e r g u e i: Si, trois cent roubles. Faut-il vous les donner?
P h i l a d e l p h i e: Ouais, donne.
S e r g u e i: Une seconde. Il fouille dans les poches de son blouson et donne l'argent a Philadelphie Ivanovitch. Tenez, il y a meme trois cent cinquante roubles. S'il vous plait.
P h i l a d e l p h i e: Tu devras encore quatre cent roubles. Je te retiens cinquante roubles pour ta serviette et celle de Galtchonok.
S e r g u e i: Je vous suis infiniment reconnaissant d'avoir retenu cet argent, Philadelphie Ivanovitch. Parce que je place l'honneteteau dessus de l'amitieet meme du devoir.
P h i l a d e l p h i e: Tu es un filou. Considere que le manteau est deja dans ton coffre-fort.
S e r g u e i: Toute votre malice est dans votre coffre-fort, Philadelphie Ivanovitch.
P h i l a d e l p h i e: Je te fais confiance, Serioja, comme a Kolia, le salaud. Telephone. Passe. ;a me fera toujours plaisir. A tous: Allons, bande de ventres a poil, on se rhabille!
S v e t l a n k a: Allons dans une autre piece. Personnellement le cadavre de ce prolo me souleve le coeur.
P h i l a d e l p h i e: Cadavre! Il est plus vivant qu'une hydre grecque.
S v e t l a n k a: C'est quoi?
S e r g u e i: C'est le dragon de nos contes, mais en Grece.
P h i l a d e l p h i e: Ce sont des reptiles vivants.
S v e t l a n k a: Qui veulent s'envoler?
P h i l a d e l p h i e: C'est ;a!

Tous, sauf Nadia et Boroda, prennent leurs habits et partent dans une autre piece.
 
N a d i a: Alexe;, comment ;a va?
B o r o d a: Ah! Il gemit. Les ordures, ils y ont pas etede main morte. J'ai vieilli, Niadiouch? Je n'ai pas pu faire face a ces trois pourris. Et Kolka est un tra;tre. C'est la vie qui fait les gens. Toi non plus, il ne t'a pas defendue, Nadiouch. C'est le bordel chez vous ou quoi?
N a d i a: Je ne sais pas, Alexe;. Pourquoi es-tu venu?
B o r o d a: Pour qu'on se voit, Niadiouch.
N a d i a: Pourquoi m'as-tu donnee a lui?
B o r o d a: C'est toi qui as preferele beau gosse au "magneto" sous le bras.
N a d i a: Mais moi, je n'aimais que toi, Alexe;. Kolia n'est qu'un maudit cameleon, un etre chimerique. Je n'aime que toi. Je me suis trompee, Alexe;. Il m'a prise avec une passion bestiale, diabolique. Il m'a hypnotisee pour me trainer dans son lit. Et toi, tu n'osais pas m'embrasser. Pourtant, tu m'aimais. Tu n'etais pas un petit gar;on. Pourquoi ne m'as-tu pas prise?
B o r o d a: Je t'aimais a la folie, tu etais sainte et pure. Je ne pouvais pas toucher a ta purete. Ta pureteme deconcertait. A l'epoque, je prenais les autres sans amour. Mais toi, je ne pouvais pas te toucher du doigt. Quand je baisais les autres, je pensais te baiser, toi. Quelle perversion, je suis devenu fou de toi.
N a d i a: Je suis seule coupable. J'ai choisi de plein greNikolka. Il y avait plus de flamme en lui, il etait mieux fringue. Moi, j'etais sa derniere chance pour qu'il puisse rester a Moscou, apres avoir fini l'institut. Il brulait d'une passion diabolique. De quoi d'autre a besoin une femme? Toi, tu avais la voix tremblante et les yeux toujours tristes. Je suis seule coupable.
B o r o d a: Je t'aime, je t'aime a la folie.
N a d i a: Il ne faut pas, Alexe;, il ne faut plus m'aimer.
B o r o d a: sois mienne, Niadiouch.
N a d i a: Moi?
B o r o d a: Toi.
N a d i a:: Comment peux-tu m'aimer? Non! Non! Non!
B o r o d a: Je veux des enfants de toi. Je t'aimerai toute ma vie. Je ferai tout pour que tu sois heureuse. Je te le jure sur la tete de ma mere, ma petite; je te le jure par Dieu.
N a d i a: Alexe;! Elle l'enlace et pleure.


Viennent les autres, habilles, de l'autre piece.


P h i l a d e l p h i e: Ils se font des mamours. Et tout a l'heure, ils ne voulaient pas. La le;on d'education sexuelle leur a eteutile.
B o r o d a: Ta gueule, gros con! On se retrouvera.
P h i l a d e l p h i e: Ce sont des menaces! Oui, oui, on se reverra tres bientot, petit con. S v e t l a n k a: Pauvre type! Bon alors, on se le boit ce Champagne oui ou non?
P h i l a d e l p h i e: Absolument! Il sert le Champagne.
S e r g u e i: Je propose un toast a la santedes salauds.
P h i l a d e l p h i e: Quoi?
S e r g u e i: Ben, je propose de boire aux salauds, car plus il y a de salauds, et plus les gens bien se distinguent!
S v e t l a n k a: remarquable!
 
P h i l a d e l p h i e: Pige, Serioja. Buvons.

Tous boivent.

Tiens et toi, Boroda, vide ton verre a la santedes salauds. Il lui apporte une flute de Champagne.
B o r o d a: C'est ;a, puissiez-vous tous crever, bande de connards! Il arrache la flute des mains de Philadelphie.
P h i l a d e l p h i e: Il n'a pas peur! Soit. Je respecte. Le salaud! Moi je te pardonne, mon salaud, et je te laisse en vie, avec les autres de ton espece.
S v e t l a n k a: T'es un vrai chretien, Philadelphie, Il faut etre plus dur.
S e r g u e i: Avant tout, il faut garder la tete froide.
P h i l a d e l p h i e: C'est la loi.
 B o r o d a: Sortons, Nadia.
K o l i a: Pour aller o;?
B o r o d a: Chez moi.
S e r g u e i: ;a ne lui a pas suffit.
 G a l i a: Il en veut encore.
S v e t l a n k a: Il est maso.
B o r o d a: Vous etes vraiment devenus des degueulasses.
S e r g u e i: Alexe;, les gens bien sont en majoriteet nous pensons que le degueulasse, c'est toi.
P h i l a d e l p h i e: Ce petit mec s'entete a vouloir gagner le Ciel.
S v e t l a n k a: ;a me fait penser, la semaine derniere, dans la cour voisine de notre
immeuble, il y en a qui ont pendu un gamin avec une echarpe au fil a linge. ;a aurait eteinteressant de voir la chose pour de vrai...
G a l i a: Ouais, rudement!!!
S v e t l a n k a: De savoir, par exemple, ce que les gens marmonnent avant de mourir...
S e r g u e i: Il y a beaucoup de choses interessantes, quand on est dans une situation existentielle.
S v e t l a n k a: Si on le balan;ait du balcon, je voudrais entendre ses dernieres paroles.
P h i l a d e l p h i e: ;a suffit, les gars, du calme. Nous sommes quand meme des gens civilises, Svetik.
S v e t l a n k a: Mais chef, il veut nous enlever Nadia.
 G a l i a: C'est vrai, quoi!
P h i l a d e l p h i e: Nadia l'engrossee?
S v e t l a n k a: Engrossee? Quel cirque!
P h i l a d e l p h i e: Eh oui, elle m'a avouela chose dans la salle de bain. Elle ne sait meme pas de qui il est, le b;tard. Si c'est de moi ou de Nikolka.
K o l i a: Quoi?
G a l i a: En gros.
B o r o d a: Les ordures! Partons, Niadiouch. Il ne peut pas se lever de sa chaise.
S e r g u e i: Eh!Eh! Il n'arrive meme pas a lever son cul de la chaise!
S v e t l a n k a: Le capitaine veut mais ne peut pas.
K o l i a: OK. Assez plaisante. Mais pour ce qui est du mome, c'est le mien et je ne te le donnerai pas, Boroda.
N a d i a: Touche pas a mon enfant, charogne. C'est mon bebe. Foutez le camp ou je
ne
reponds plus de rien. Elle s'empare de la bouteille au fond casse.
P h i l a d e l p h i e: Niadiouch, tu es sublime, un veritable brigand. Nous allons partir. Il est deja tard. Svetik, ma toute belle, sortons d'ici, ;a commence a sentir le roussi.
S v e t l a n k a: Mais je n'ai pas reussi a trouver mon slip, Philadelphie.
P h i l a d e l p h i e: Tu en as vraiment besoin?
S v e t l a n k a: Mais quoi. Je ne suis quand meme pas une pute pour me balader sans culotte.
S e r g u e i: Tiens, voila un slip, je ne sais pas a qui il est. Il ramasse un slip de femme.
S v e t l a n k a: C'est pas le mien. Moi, il a des pois.
G a l i a: C'est le mien! Oh! Svetlanka, en me depechant, j'ai du enfiler le tien. S v e t l a n k a: Il ne te serre pas?
G a l i a: Non, impec, mais je l'enleve tout de suite.
S v e t l a n k a: C'est pas la peine. Puisque tu l'as sur toi, garde-le. Et celui-la aussi, prends-le, puisque c'est le tien. Je te fais cadeau du mien.
G a l i a: Thank you.
S v e t l a n k a: Bitte.
P h i l a d e l p h i e: Quel noble geste! Quelle generosite!
S e r g u e i: Nous vous serons eternellement redevable. Il fourre le slip dans sa poche.
P h i l a d e l p h i e: Nous en tiendrons compte. OK. Bon, Serioja, Galia, nous vous attendons en bas dans le voiture. Kolia, haut les coeurs. Nadiouch, prends un bain aux essences de pin. OK, Alexe;, tu es un brave type. Si tu as besoin de moi, fais le moi savoir par Nikolka. Il fallait te mettre a l'epreuve. C'etait cruel? Pardon. Il nous faut des gens surs. Le plus important, c'est que tu ne sois pas un chien. Ne l'oublie pas. Allez! Bien du bonheur a tous! C'est bon, Galtchonok. Il lui baise la main.
S v e t l a n k a: Ciao, bambino.


Philadelphie Ivanovitch et Svetlanka sortent. Galia et Sergue; s'avancent sur la scene.


G a l i a: Dis, j'ai mis son slip. Mais tu ne vois pas qu'elle aurait la syphilis?
S e r g u e i: Un mec pareil n'entretiendrait pas une syphilitique, petite pisseuse.
G a l i a: Ouais, Peut-etre que je vais mettre le mien quand meme? Toi non plus, ;a ne t'est pas egal?
S e r g u e i: Galtchonok, c'est pas le moment de s'occuper de betise. Tu sais a quoi je pense? Je pense a mon ami qui vend des manteaux de fourrure importes du Canada.
G a l i a: Ah bon.
S e r g u e i: En gros, prepare mille roubles pour demain.
G a l i a: C'est si bon marche?
S e r g u e i: C'est parce que c'est pour moi, enfin, pour toi Galtchonok.
G a l i a: Serioja, je te refilerai en prime dix livres de Mandelstam. Et tu pourras en faire ce que tu veux. Tu peux meme aller au troquet et t'y faire des putes. Je ne suis pas
jalouse. Tu m'aimes?
S e r g u e i: Quelle question! Bon, bref descends rejoindre Philadelphie et dis-lui que j'en ai pour une seconde. Surtout ne leur parle pas de ces affaires, vu?
G a l i a: Camarade monstre. Elle embrasse Sergue; "Arrive derci".

Elle sort.
 
S e r g u e i: Quelle garce! Nikolka, une minute. Il amene Kolia a l’ avant-scene. Juste un mot, Nikolka, je te suis infiniment reconnaissant. Je te refilerai cinq Mandelstam, meme six. Non, peut-etre cinq? Cinq, OK.
K o l i a: Radin. Ne sois pas aussi radin.
S e r g u e i: Bon d'accord, six. C'est moi le premier qui ai dit six. Et ce qui est dit est dit; Ouais. Faudrait qu'on puisse l'arnaquer ce gros porc. On va s'en occuper. Oh! Nikolka, on peut boire mon sang en ce moment, comme du vrai Champagne. Il petille comme de la pisse chaude. Je ne suis pas ivre, Kolia. Je suis simplement tres reconnaissant et heureux. Tout est au poil, pas vrai?
K o l i a: Nous tuerons cet animal, Serioja. On peut pas faire autrement.
S e r g u e i: Ouais. Il faut tuer ce salopard, c'est ce qu'il faut, pas vrai? Mais, il vaudrait mieux l'attraper au lasso. Vivant il est plus utile.
K o l i a: Tout a fait d'accord.
S e r g u e i: Nikolka, tu auras six Mandelstam. Il faut quand meme avoir une certaine honnetete. Ne refuse pas! J'ai dit six, ce sera six. C'est compris? Tu sais que je suis un homme de parole.
K o l i a: Bon, Serioja, donne un coupe de fil, passe, cogite bien et agis en fonction de la situation.
S e r g u e i: En fonction de la situation, chef.
K o l i a: Je t'aime, collegue.
S e r g u e i: Nikolka, tu auras sept Mandelstam. Pour les six, tu peux compter dessus.
Pour le septieme, je vais y reflechir tres serieusement. Vu, OK? Bon, c'est tout?
K o l i a: Termine.
S e r g u e i: Le chapitre suivant, on le commencera par une majuscule.
K o l i a: On le terminera comme on le commencera, par une majuscule.
S e r g u e i: Kolia, tu es un Pouchkine! Ouais, tu as la trempe d'un genie. Vrai, non? K o l i a: Serioja, tu reflechis aux sept Mandelstam.
S e r g u e i: C'est tout reflechi.
K o l i a: Et le resultat?
S e r g u e i: Je te le dis pas pour l'instant. Mais ce sera une surprise pour toi. En gros, tu as reveilleen moi, toi Kolia l'immoral, le sens de la morale. Tu es precis comme un reveil!
K o l i a: Allez, ;a va, Serioja, le temps, c'est de l'argent. La bete, en bas, ne doit pas attendre trop longtemps. Garde l'oeil bien ouvert jusqu'a ce soir, compris?
S e r g u e i: Tu peux compter sur moi, Kolia. J'ai un oeil de lynx. Vrai, non? Allez, on ne se dit pas au-revoir... mais, hop-la comme les prisonniers politiques!
K o l i a: Hop-la!
Ils se frappent paume contre paume.
S e r g u e i: Il faut s'y mettre?
K o l i a: Absolument! Bonne chasse, Serioja.
S e r g u e i: Bonne chasse a toi aussi, Nikolka! Il sort.

Pause.


B o r o d a: Tu vis comme un degueulasse, Nikolka, vraiment comme un degueulasse. K o l i a: Que faire? C'est la vie.
B o r o d a: Habille-toi, Niadiouch.
N a d i a: Oui. Elle se rhabille.
B o r o d a: Allez, partons d'ici.
N a d i a: Tout de suite. Elle s'affaisse sur une chaise.
B o r o d a: Tout ira bien.

Pause.

K o l i a: Comme je revais d'avoir un enfant, d'avoir mon enfant. Je suis le dernier des hommes, les gars.
B o r o d a: Mais le premier des salauds.
K o l i a: Tu as raison. Et bien tuez-moi maintenant. Vous vous voulez me laisser, seul, en vie? J'ai peur, les gars, j'ai si peur.
B o r o d a: Sortons, Niadiouch.
N a d i a: J'arrive.
K o l i a: Attendez, les gars, ne nous affolons pas. Ce n'est pas une solution. Pour
personne. Vous ne pourrez pas vivre ensemble, maintenant c'est deja plus possible. Et vous le comprenez.
B o r o d a: Nous le pourrons.
K o l i a: OK, les gars. Mais c'est avec la tete qu'il faut penser, pas avec des lambeaux de coeur. Alexe;, j'aurais pu te frapper cent fois plus fort. Cela ne me justifie pas. Rien ne peut me justifier. Mais les des sont jetes et l'enjeu est de taille. C'est une veritable chasse au tresor. Avec les risques du jeu. Mais qui ne tente rien n'a rien! A force, je finirai bien par m'en sortir un jour! Je suis pret a le tuer ce Philadelphie. Je prendrai bien une mitraillette maintenant et le transformerai en passoire. Un vrai fasciste, c'est bien utile. Et somme toute, tout ceci n'est que fascisme ordinaire. Et Sergue; est un facho. Tous. Et moi le premier. Il faut me conduire au poteau et me flinguer. Je suis pret a prononcer moi-meme la sentence de mort. En tout cas, je boirai sur le champ la cigue. Evidemment je ne suis pas Socrate, je suis aussi un homme. Il va me falloir de nouveau toute une semaine pour pouvoir m'endormir, et une bouteille de vin chaque soir. Je comprends qu'il faut me fusiller. Ce serait plus simple si je ne le comprenais pas. Je ne demande pas pardon. Excusez-moi. En aucun cas, il ne faut pas me pardonner. Si vous voulez, tenez, je vais prendre une fourchette, et l'avaler.
N a d i a: Vas-y.
K o l i a: Ne m'oblige pas a faire le guignol. C'est justement ce qu'il ne faut pas m'obliger a faire. Vous ne vous imaginez pas les gars a quel point vous m'etes cher. Tuez-moi. Je ne sais pas comment continuer a vivre et comment nous pourrons tous continuer a vivre. Ainsi, pas a pas, et c'est l'engrenage. J'aurais tellement aimevous voir tous heureux. Mais maintenant vous n'y arriverez plus, vous ne pourrez pas sortir de ce cauchemar. Mais moi, avec toi, je pourrai, Niadiouch. Et toi avec moi, tu pourras. Nous aurons un enfant, ce sera mon enfant, notre enfant. Et il sera heureux. Je te le jure, je te le jure sur ma tete. Et tous ces tourments, c'etait pour que notre enfant soit heureux, pour qu'il ne manque jamais de rien. C'est a devenir fou. Pardonnez-moi. Pardonne-moi, Niadiouch. ;a ne se repetera plus jamais. Au nom du Christ au nom de Dieu, je te le jure! ;a ne se reproduira plus! Mais que vas-tu faire maintenant?!

Pause.

N a d i a: En larme. Fasciste!
Elle s'empare de la bouteille brisee et veut frapper Kolia, mais il lui saisit le poignet.
B o r o d a: Niadiouch, jette ;a!
Il les separe. Mais Kolia l;che a ce moment le poignet de Nadia qui par inertie, frappe la tete de Boroda avec le fond tranchant. Niadiouch... Il s'effondre.
K o l i a: Bien fait pour vous!
N a d i a: Alexe;! Alexe;!!! Elle se penche au-dessus de lui. Dis quelque chose, Alexe;!
K o l i a: Tu l'as frappeen pleine tempe, espece d'idiote! Il y a du sang. C'est la fin. Et pour sur, on verra le ciel a travers des barreaux. Merde! Sur la bouteille, il y a tes empreintes! Bon, il vaut mieux que ce soit lui qui la tienne. Il glisse le goulot de la bouteille dans la main de Boroda. C'est un suicide, compris... Tu l'as tue, idiote!
N a d i a: Ne me laisse pas Alexe;! A Kolia: Tu as fait expres de desserrer ta main, ordure.
K o l i a: Tu comprends bien que j'avais pas envie d'etre allongea sa place.
N a d i a: Il faut appeler une ambulance. C'est le 03. Le telephone! Elle compose le numero, Kolia bloque le combine. Qu'est-ce que tu fais?
K o l i a: Et s'il est mort quand ils arrivent? On est bon pour la prison et toi aussi. Et ton enfant, il pourra crever! Et puis ils peuvent aussi te condamner a mort pour meurtre premedite.
N a d i a: Rends-moi le telephone.
K o l i a: Non! Ok, Nadiouch je veux bien tous vous aider, pauvre idiote, et Alexe; le premier. Je vais donner un coup de fil a Philadelphie. C'est lui qui a commence, il n'a qu'a terminer. Voila, il pourra nous aider d'une fa;on efficace. Nous, nous allons
l'enregistrer.
N a d i a: Quoi?
K o l i a: Cette ordure doit tout simplement nous aider. Tu ferais mieux de mettre une serviette humide sur le front de Alexe;. Il compose le numero. Philadelphie Ivanovitch, bonsoir. Vous etes bien rentre? (...) Parfait. (...) Rien, ;a va. Seulement, Niadiouch vient de frapper Alexe; en pleine tempe sans le faire expres avec le tesson de bouteille. (...) Il a perdu connaissance. Le sang s'est arretede couler, semble-t-il. (...) Oui.(...) quoi? (...) J'ai compris, oui. (...) J'ai dit "j'ai compris". Donc, il faut le descendre dans la rue et vous allez envoyer une voiture avec un medecin. C'est clair. Il y a eu simple bagarre de rue entre ivrognes. OK. (...) Oui, oui. (...) Mais non, je le connais, il ne nous vendra pas. J'en reponds. (...) Quoi?! (...) Oui, bien sur. Vous avez raison, naturellement (...) Je comprends, mais je suis incapable de le faire. (...) Je ne sais pas. Mais qu'est-ce que vous etes en train de dire? Je ne sais pas. Et bien, il n'a qu'a l'emmener un peu plus loin, pour l'eloigner de notre maison. (...) Je ne sais pas. C'est horrible, Philadelphie Ivanovitch. (...) Un b;ton? (...) Je le saurai. (...) Ah oui. (...) Bon. (...) Je crois. (...) Merci. (...) Entendu. 7/ pose le combine. Tout est possible, fasciste. Mais tu es tombeen plein dans mon filet!
Il sort, de la table de nuit, un magnetophone et le pose dessus. Il s'approche de Boroda qui g;t a terre. Il respire?
N a d i a: Oui, il respire.
K o l i a: Tu as compris? N a d i a: Quoi?
K o l i a: Nous allons le sortir dans la rue et le coucher a cotede la balan;oire.
Philadelphie envoie une voiture avec un medecin et l'emmene a l'hopital.
N a d i a: Qu'est-ce que tu racontes?
K o l i a: L'ambulance aurait mis plus de temps. Et le medecin de Philadelphie Ivanovitch est un medecin tres qualifie. Il va arriver d'une minute a l'autre. Il est surement deja parti.
N a d i a: C'est horrible, Nikolka.
K o l i a: C'est une solution, Nadia. C'est une solution pour tous. Et pour Alexe;, c'est la meilleure, tu comprends? Tout ira bien.
N a d i a: C'est toi qui l'a trouvee?
K o l i a: C'est Philadelphie. Bon, on ne va pas epiloguer. La voiture va arriver d'un moment a l'autre. Il faut sauver Alexe; et nous avec lui. Prends-le par les jambes et moi par les bras. On va le sortir! Il prend Boroda sous les bras.
N a d i a: Non.
K o l i a: A chaque seconde qui passe, tu le tues un peu plus.   
N a d i a: D'accord. Elle prend Boroda par les jambes.
K o l i a: Sortons-le. Qu'est-ce qu'il est lourd. Ils sortent Boroda.



On entend une chanson occidentale tres passionnee. La chanson de Vyssotsky "Impasse de la grande charette" la couvre. Des que Kolia et Nadia tout essouffles font irruption dans la piece, la chanson s'arrete au son d'une corde qui casse.

N a d i a: Nous sommes des assassins, Nikolka. Ce n'est pas possible! Mais si, cela est bien possible!
K o l i a: Arrete de dire des conneries. Ce qui est fait est fait. Tout ira bien.
N a d i a: Nous ne sommes pas des etres humains. On n'a plus le droit de vivre.
K o l i a: Ca te fait du mal de t'inquieter. Prends un calmant. Prends un bain aux essences
de pin. Et va te coucher. Je vais balayer les morceaux de verre et faire le lit.
On entend le bruit d'une voiture.
Ca y est... C'est drole, comme les bruits portent loin cette nuit. On a de la chance que personne n'ait encore emmenagedans cet immeuble. Prends un bain, lave-toi de tes peches! Apres ce sera mon tour.
N a d i a: C'est la fin. Elle entre dans la salle de bain.
K o l i a: Non, le debut! Il rembobine la cassette de l'Elektronic qui est brancheau telephone. Alors, Philadelphie Monstrovitch, toi mon mechant magicien. On est pris au piege?! Il met en route l'enregistrement. A ce moment Nadia entre. Mais elle reste sur le seuil a ecouter la cassette. Kolia ne la voit pas.

L'enregistrement:

"P h i l a d e l p h i e: Un medecin le conduira a l'hopital.
K o l i a: Oui, oui.
P h i l a d e l p h i e: Et dis, et si Boroda reste en vie et qu'il reste handicapea vie, il ne nous
denoncera pas? Et toi en premier? C'est toi qui devra payer une pension, si on ne t'envoie pas en tole.
K o l i a: Mais non, je le connais, il ne nous vendra pas. J'en reponds.
P h i l a d e l p h i e: Vaudrait mieux l'achever, Nikolka.
K o l i a: quoi?
P h i l a d e l p h i e: De toute fa;on, il va crever puisque le coup a eteportea la tempe.
K o l i a: Oui, bien sur. Vous avez raison, naturellement.
P h i l a d e l p h i e: Sinon, meme inconscient, il peut encore vendre la meche. Il faut l'achever.
K o l i a: Je comprends, mais, je suis incapable de le faire.
P h i l a d e l p h i e: et bien Nikolka, tu ne cesses de m'etonner. D'accord. Tu le sors dans la rue, et mon medecin se chargera du reste.
K o l i a: Je ne sais pas. Mais qu'est-ce que vous etes en train de dire? Et bien, il n'a qu'a l'emmener un peu plus loin, pour l'eloigner de notre maison.
P h i l a d e l p h i e: ;a va de soi.
K o l i a: Je ne sais pas. C'est horrible, Philadelphie Ivanovitch.
P h i l a d e l p h i e: Je sais, je sais. Que tu saches ou non, poltron, tu me devras un b;ton. K o l i a: Un b;ton?
P h i l a d e l p h i e: Oui, un million de roubles, jeune homme. Il est temps que tu le saches. K o l i a: Je le saurai.
P h i l a d e l p h i e: tu me devras meme une brique et un peu plus. Eh quoi?! Espece de sclerose, tu as oubliede refiler mille roubles a Svetlanka.
K o l i a: Ah oui.
P h i l a d e l p h i e: Ouais, et puis, pour les serviettes de Nadiouch, tu peux encore rajouter vingt-cinq roubles. Bon allez, ;a suffit. Salut. Vous le transportez en bas a cotede la balan;oire.
K o l i a: Bon.
P h i l a d e l p h i e: C'est tout? K o l i a: Je crois.
P h i l a d e l p h i e: Tu peux dire "merci". K o l i a: Merci.
P h i l a d e l p h i e: On se retelephonera. Entendu?
K o l i a: Entendu."

K o l i a: Eteint le magnetophone. Il serre le poing. C'est moi qui le tiens a present, ce fasciste. La-dedans. Une brique et mille roubles? Et tu mendies encore vingt-cinq roubles?! Tu peux toujours te les accrocher. C'est moi qui vais te dire maintenant "donne-moi le fric pour une gigouli". Et meme une caravane. Voila, Nikolka, comment comment se font les affaires! Seulement comme ;a. C'est un systeme genial! Il remarque tout a coup Nadia. T'as tout entendu?
N a d i a: Oui.
K o l i a: C'est pas bien d'ecouter aux portes, Niadiouch. C'est tres mal.
N a d i a: Nous n'avons plus le droit de vivre ici-bas, Nikolka.
K o l i a: Il faut vivre Niadiouch. Il faut vivre sur terre, pour qu'il n'y ait plus jamais de fascistes comme Philadelphie. Maintenant nous aurons sa peau. Oui, maintenant, a coup sur, nous le tenons. Cette cassette va lui couter plus que la vie. Allez, va te coucher. Il est deja tres tard. Tu as pris un bain?
N a d i a: Jai besoin d'une serviette. Elle prend une serviette dans l'armoire.
K o l i a: Il faudra que nous rendions visite a sa mere jusqu'a son dernier souffle. Nous les enterrerons tous les deux en premiere classe. Nous prendrons l'argent chez ce diable de Philadelphie et nous les enterrerons.
N a d i a: Quoi?
K o l i a: J'ai dit.
N a d i a: Et ouretrouverons-nous Alexe; a present?!!
K o l i a: Gueule pas! A la morgue.
Pause.
 
N a d i a: A la morgue...
K o l i a: Il n'y a plus rien a faire, Niadiouch, plus rien... C'est toi qui l'a bute, idiote. N a d i a: Moi.
K o l i a: C'est aux vivants qu'il faut penser, aux vivants.
N a d i a: Qui est vivant?!
K o l i a: Toi, moi...
N a d i a: Non!
K o l i a: Eh, du calme!
N a d i a: Non.
K o l i a: Prends un bain je te dis.
N a d i a: Qui va te tuer, Nikolka? Elle rentre dans la salle de bain.
K o l i a: Folle a lier! Il se deplace avec le magnetophone. Completement schizophrene.

On sonne a la porte. Kolia ouvre. Sergue; entre.

S e r g u e i: Salut. Nikolka, je peux passer la nuit ici?
K o l i a: Tu t'es engueuleavec Galia?
S e r g u e i: Ben c'est a dire... disons... Philadelphie me prend avec vous.   
K o l i a: Galia est partie avec Philadelphie?!
S e r g u e i: Comment le sais-tu? Ben ouais...Elle devait voir un manteau de peau retournee. C'est Svetlanka qui l'a invitee. Elle devait essayer aussi une robe, je crois bien. Ce sont des affaires strictement feminines. Pourquoi devrais-je rentrer seul a la maison? La-bas, il y a ma belle-mere. Qu'est-ce qu'elle dirait? Ouc'est qu'ils me l'ont emmenee? Hein?
K o l i a: ;a t'inquiete?
S e r g u e i: Absolument pas. Ils peuvent la violer, la crucifier, la bouffer toute crue meme!... Tiens, j'ai rencontreBoroda dans la rue. Il etait assis sur le trottoir a cotede la balan;oire. Il avait l'air triste. Je l'ai mis dans un taxi, j'ai refiledix roubles au chauffeur pour qu'il l'emmene. Il a meme pas pigeque c'etait moi.
K o l i a: Parfait, Kolia, parfait! Il se dirige vers la salle de bain. Tu as entendu, Nadiouch? Boroda est parti en taxi. Tu as entendu, Nadiouch? Nadiouch! Pourquoi tu ne dis rien? Nadiouch! Nadiouch! ! ! Il force la porte. Il ressort. Sergue;!

Sergue; entre dans la salle de bain. Tous deux en ressortent.

K o l i a: C'est incroyable. C'est horrible. Je ne comprends rien. Tout ;a... a cause de son Dieu. Quel cauchemar... Pause. Les lames, ne les touchent pas, il y a ses empreintes dessus... C'est elle, toute seule... Pause. Comme elle est morte doucement. Pourquoi? Pourquoi? C'est pas ma faute. Je ne comprends rien... Elle et l'enfant... Mais elles sont betes, les bonne femmes!...
Il s'assoit. On entend le brait d'une voiture.

Comme les bruits portent loin cette nuit... Mais pourquoi?...

Le telephone sonne. Kolia decroche.
 
Allo. Philadelphie Ivanovitch? (...) Qui est-ce qu'on a apporte? (...) Nadia n'est pas la. (...) Elle est morte. Elle s'est tailladee les veines. (...) Va te faire foutre. (...) Pardon, pardon, de gr;ce pardonnez-moi, Philadelphie Ivanovitch. (...) Non, ne vous inquietez pas. Je ferai tout moi-meme (...) Il raccroche. Dieu n'existe pas, non, n'existe pas!
S e r g u e i: Ne t'en fais pas, tu en trouveras une autre, Nikolka. Moi, j'aimerais bien etre a ta place!...

FIN

*******
12)
Mikhail VOLOKHOV

La Tulipe et La Feuille de Chene

Illustrations et traduction de Maria VOLOKHOV

Conte



 

Mikhail VOLOKHOV
La Tulipe et La Feuille de Chene
 
Illustrations et traduction de Maria VOLOKHOV
Ao;t 2012
 
Conte


Un beau jour de printemps, un jeune homme assis sur un banc, attendait sa bien aimee, un bouquet de tulipes rouges a la main.
La voila.
« Quelles sont jolies ! » s’exclama la demoiselle tout en saisissant les fleurs.
« Je t’ aime, » dit le jeune homme avec un grand sourire.
« Moi aussi, je t’ aime mon Prince ».
« Ma Princesse… Allons nous promener ! »
« Allons-y ! »

Et les amants s’ en allerent, sans se soucier que l’ une des tulipes ayant glisse hors du bouquet, etait tombee au sol.

La Tulipe s’ evanouit, puis rapidement, revint a elle. Elle se sentait seule et triste - toutes ses amies avaient disparu. Elle voulut pleurer mais sans succes. Elle etait une fleur coupee, sans eau pour verser des larmes.

Soudain, un cri strident retentit au-dessus de sa tete :
« Chaud devant ! Attention ! Bougez-vous ! »
Et avant qu’ elle ne realise quoi que ce soit, une Feuille de Chene toute dessechee atterrit a quelques centimetres d’elle.
La Feuille debuta la conversation.
« Coucou toi. Quoi de beau ? »
« On m’ a laisse tomber, et personne n’ a rien remarque », gemit la Tulipe Rouge.
« Je sais - j’ ai tout vu ».
 
La Feuille de Chene tentait de consoler la Tulipe.
« Ca arrive. Ne t’ en fais pas - c’est la vie, c’est comme ca - mais ca va s’ arranger. »
« En fait, je m’ en fiche. »

La Tulipe revivait. Depuis l’ instant ou la Feuille de Chene lui avait adresse la parole, elle se sentait beaucoup mieux.
« S’ il te plait dis-moi, comment t’ appelles-tu ? Et comment es-tu arrive jusqu’ici ? »
« Feuille de Chene. Enchante ! Je viens de voleter jusque la de ce grand arbre. Tu vois cette branche ou l’hirondelle est perchee - j’ etais suspendu la. »
« Etre aussi haut, ca doit etre fantastique ! » s’ exclama La Tulipe envieuse.
« Oh oui, ca l’ est ! C’ est cool la-haut, trop grisant. Tu peux admirer le lever et le coucher du soleil, les fontaines d’eau, les gamins qui font du manege. Le ciel bleu est pile au- dessus de ta tete, les nuages duveteux te chatouillent et les oiseaux te partagent leurs reves, pleins de joie et de bonne humeur. T’ as plus qu’ a imaginer que t’ es un piaf toi aussi ! T’ as plus besoin de rien d’ autre la-haut, t’ es aussi libre que n’ importe quelle Colombe ! »
« Dans ce cas, pourquoi as-tu quitte ta branche et as-tu vole jusqu’ a moi ? »
« Et bien, etre toujours suspendu a la meme place, ca devient penible au bout d’un moment. J’ avais besoin de voyager un peu, de voir ce qu’ une chute libre faisait comme effet. »
« Et c’ etait comment ? »
« Genial ! Inoubliable ! Helas, ce sera mon premier et dernier vol, mais bon je suis content d’ avoir fait ta connaissance d’ ailleurs, c’est la raison pour laquelle j’ ai saute. »
« Pour moi ? »
« Je t’ ai vue tomber. J’ai entendu tes plaintes – alors je suis descendu a ta rescousse pour t’ aider. »
« Oh ! Merci infiniment, noble Feuille de Chene. Mais je t’ en prie, explique-moi, pourquoi tu es marron quand toutes les
autres feuilles de chene, elles, sont vertes ? »
« Ben, j’ ai vieilli ; j’ ai passe tout l’ ete et l’ automne et l’ hiver accroche a ce chene. Normalement, j’ aurais d; tomber l’ automne dernier. Le souci, c’est qu’ en automne t’ es cense finir dans un feu de bois. Moi je voulais continuer a vivre, avoir une amie proche et l’ aimer de tout mon c;ur. Les oiseaux sont heureux parce qu’ ils sont en couple, ils s’ aiment. Je pense que leur bonheur leur procure le pouvoir de voler - t’ en dis quoi ? »
« Pourrait-il y avoir d’ autres raisons ? »
« Bien s;r que non ! »
« Mais qu’ est-ce qu’un feu de bois ? » demanda La Tulipe Rouge.
« Quelque chose d’ immense et dangereux, c’ est rouge et vraiment, vraiment tres br;lant, » expliqua la Feuille de Chene. « Toi aussi si ca te touche tu deviens rouge et br;lante et aussitot apres, tu finis en poussiere. D’ un coup, comme ca. »
« Oh, mais quelle horreur ! » gemit La Tulipe Rouge.
« Tu l’ as dit ! » approuva La Feuille de Chene.
« Comme tu es savant ! - tu connais tellement de choses… » La Tulipe Rouge s’approcha.
« Tu as vecu tant de temps dans ce monde. Je suis sortie de terre il n’ y a meme pas deux semaines. Hier je fleurissais tout juste, et aujourd’ hui j’ ai ete coupee de mes racines, vendue, achetee, donnee et … perdue ! »
« C’ est vraiment trop triste, j’ avoue, » soupira la Feuille de Chene. « Mais ne desespere pas. La chose la plus importante dans la vie, c’ est de ne jamais se decourager - tout finit toujours par s’ arranger. Crois-moi. »
« Je te crois plus que quiconque en ce monde, Feuille de Chene, ! Tu es un etre magnifique, attentionne et si charmant ! »

Soudain, La Tulipe sentit un lancement douloureux. « A;e ! J’ ai terriblement mal a la tete. Ca me relance. Ouille ! Pourquoi cela me fait-il si mal ? A;e, a;e, a;e !!! »
« Pauvre petite ame - tu te deshydrates. »
« Que cela signifie t’ il ? »
« Tu te desseches. Mais ne crains rien - y’ a rien a craindre . Tout mon etre est sec depuis un moment deja. Pourtant, j’ ai survecu, » expliqua La Feuille de Chene.
« Et j’ n ’ai plus mal a la tete maintenant ».
« Cela veut dire que je vais devenir toute seche, tout en gardant mon apparence actuelle, tout comme toi ? »
« Et bien… Ok, je vais etre honnete avec toi, » dit la Feuille de Chene. « Si tu veux devenir comme moi, il faut que tu trouves un humain qui voudrait te ramasser pour faire un herbier. Moi, ca ne me generait pas du tout de finir ma vie dans un herbier. »
« C’ est quoi un herbier ? »
« C’ est comme un conte de fee pour fleurs et feuilles - le seul endroit ou il n’y a plus rien a craindre, et ou tu peux vivre pour toujours, dans le bonheur eternel. »
« C’est merveilleux, » s’extasia La Tulipe Rouge. « Comment s’ y rendre ? »
« Tout d’ abord et avant tout, un homme doit te trouver et t’ aimer. »
« Est-ce difficile ? »
« Pas si t’ es chanceuse ! » repliqua La Feuille de Chene.

A cet instant, un peintre vint s’asseoir sur le banc.
« Regarde - un homme ! » s’ ecria La Tulipe Rouge.
« Il nous regarde avec insistance ! S;rement, il doit nous aimer, tu ne crois pas ? Ah, si seulement il pouvait nous ramasser et nous mettre dans un herbier ! »

Le peintre, en effet, regardait avec insistance la tulipe et la feuille de chene. Il etait venu faire un tour dans ce parc pour peindre, et cherchait autour de lui un sujet capable de l’inspirer.

« Trop beau ! » s’ exclama t-il. « Superbe. Cette feuille de chene morte naturellement et cette magnifique tulipe rouge, encore fraiche, delaissee sans pitie aucune, jonchant le sol et attendant dans une lente agonie sa fin prochaine … Deux destins differents et pourtant similaires … Voila LE sujet que je recherchais ! »

Et le peintre se leva, rapprocha la tulipe et la feuille cote a cote afin d’ obtenir un meilleur contraste, sortit son materiel et commenca sa peinture. Il avait egalement reflechi au titre : « Deux Morts ». Par quel mystere, il ne lui etait pas venu a l’ esprit que la tulipe et la feuille de chene puissent etre encore en vie.

Une brise legere se leva, et d’un doux souffle du vent, la tete de La Tulipe Rouge se rapprocha encore de celle de La Feuille de Chene.

La Feuille de Chene se sentit comblee interieurement. La Tulipe Rouge le fut aussi de meme que le peintre, certain que cela ferait une image magnifique.
« Je pense qu’ il nous aime », dit La Tulipe, pleine d’espoir.
« Il est pret a nous ramasser pour faire un herbier. Qu’ en penses-tu Feuille de Chene ? »
« Pas si vite… Avant tout, c’est un artiste. Notre chance est passee, petite Tulipe - les artistes ne font pas d’herbiers, c’est pas leur truc. Pourquoi est-ce que je n’ ai pas devine que c’etait un peintre quand je l’ ai vu ? Je n’ ai pas l’ habitude d’ observer le monde du rez de chaussee. De la-haut j’ aurai immediatement vu que c’ etait un artiste, » dit La Feuille de Chene, embarrassee.
« Que fait-il ? » demanda La Tulipe Rouge ?
« Il peint. Je suppose qu’il fait un tableau de nous. Tu vois la toile ? On finira dessus bientot. »
« Comment allons nous finir dessus ? »
« Combines ensemble. Comme maintenant. Seulement, on est reellement ensemble en ce moment ; sur la toile on ne
sera ensemble qu’ en apparence. »
« En apparence ? »
« La on est en vie et l’ un contre l’autre, » repliqua La Feuille de Chene, « Mais sur le tableau ce sera seulement nos representations qui seront combinees l’ une a l’autre – seule la peinture s’embrassera pour nous. »

« Ce n’ est pas vrai, ce n’ est pas vrai ! » chanta l’ Hirondelle, qui pouvait voir clairement de sa branche, ce que l’ artiste etait en train de peindre. « Tu sembles vraiment vivant sur ce tableau. Bien entendu, je comprends qu’il s’agit de peinture et non de toi sur cette image. N’ empeche, c’ est du pareil au meme… »

« Est-ce que cette image est pareille a l’ herbier, ou nous pourrons vivre a jamais dans le bonheur le plus complet ? » demanda La Tulipe Rouge.
« Pas vraiment … » repondit La Feuille de Chene. « Mais meme si l’hirondelle chante que la peinture s’ embrasse pour nous - et nous ressemble, ce n’ est tout de meme que de la peinture. »
« Que pourrions-nous faire pour continuer a vivre sur ce tableau a la place de la peinture ? »
« Seulement un bon magicien pourrait nous y aider, » dit La Feuille de Chene. « Malheureusement, les meilleurs d’ entre-eux vivent dans des forets obscures ou dans des marais impenetrables, dans des deserts arides ou des royaumes inondes – enfin, dans ce genre d’ endroits …, c’ est impensable. »
« Pourrions-nous, nous debrouiller sans l’aide d’un quelconque magicien ? » reprit La Tulipe Rouge.
La Feuille de Chene ne savait plus quoi repondre.

« Oui vous le pourrez, vous le pourrez, » chanta l’hirondelle,
« vous pourrez vous en sortir sans l’aide d’ un magicien. »
« Comment ?! » demanderent-ils en ch;ur.
« Je ne sais pas vraiment, mais j’ ai l’intuition que vous le
pourrez, » chantonna l’hirondelle en reponse. « Pour vivre dans une peinture vous devez vivre maintenant, de tout votre c;ur et avec tout l’ amour possible. Vous aimer l’ un et l’ autre avec la meme intensite. Je le sais. »

L’ Hirondelle battit des ailes et vola jusqu’a son nid.
« Je reviendrai vous voir mes chers amis, » chanta t-elle, disparaissant vers le sommet de l’ arbre.
« Nous sommes tellement amoureux, Hirondelle, ! Nous nous aimons profondement ! » crierent La Tulipe Rouge et La Feuille de Chene vers elle. Mais l’ Hirondelle ne pouvait les entendre - elle se trouvait deja trop loin.

« Reviendra t-elle ? » s’ enquit La Tulipe Rouge.
« Elle a promis. C’est un oiseau bon, cette Hirondelle, je sais qu’ elle reviendra, » repondit La Feuille de Chene.

Le soir tombait. L’artiste rangea son materiel sous son bras, murmura « A demain, » soupira pensif, et rentra chez lui.
« Regarde, il s’ eloigne de plus en plus ! » s’ ecria La Tulipe Rouge affolee. « Il a pris sa peinture avec lui, mais nous ne sommes pas vivants sur la toile, pas encore. Et pourquoi cela ? Nous nous aimons tellement, Feuille de Chene ! N’ est-ce pas ? »
« Oui, petite Tulipe Rouge, tu as raison. Mais ne sois pas triste. Le plus probable est que l’ artiste n’ ayant sans doute pas fini, reviendra demain finir son oeuvre. »
« Que se passera t-il si ce n’est pas le cas ? Supposons qu’ il ne revienne pas ? »
« Dans ce cas, j’ imagine - quelqu’ un d’autre voudra notre portrait… Peut-etre nous ramassera t-il au dela de ce sol froid et dur pour nous porter vers un herbier tiede et moelleux, » hesita La Feuille de Chene.
« Pendant la nuit je me fletrirai, et au matin je serai fanee, et tellement hideuse que non seulement tu ne m’ aimeras plus, mais je te degouterai au plus haut point. »
« N’ importe quoi, comment peux-tu avoir une opinion aussi
nulle sur moi. Je pense avoir trouve la solution. Je vais me recroqueviller pour faire comme un vase, et tu devras tendre le bout de ta tige jusqu’a moi. Pendant la nuit, de la rosee se formera dans mon recipient ou tu pourras t’ abreuver, tu seras fraiche et pleine de vie a nouveau. Avec un peu de chance, la premiere personne qui tombera sur toi te ramassera pour completer son herbier. »

Et La Feuille de Chene se recroquevilla tel un bol.
« Et voila - ramene un peu ta tige par ici. »

Mais La Tulipe Rouge trouvait cela tres difficile - elle n’ avait rien bu depuis ce matin et sentait ses dernieres forces la quitter. Affaiblie, elle se disait qu’elle n’ y arriverait jamais.

C’ est alors que par hasard, une fourmi qui passait par la sentit la detresse de la fleur et de la feuille. Attentionnee, forte et habile, elle donna la poussee adequate. La Tulipe pensa qu’ elle avait reussi l’ effort d’ elle meme;; diplomate et occupee a transporter ses propres effets, la fourmi ne s’ en mela pas. Elle etait de part sa nature humble et spontanee mais aussi elle tenait a conserver secret le transport de sa marchandise. Troisiemement, elle observait scrupuleusement la regle de ne jamais se meler de la vie d’autres creatures et pour finir, elle avait a regler d’autres affaires plus urgentes - comme celle de participer aux realisations de sa fourmiliere, et cela avant toutes autres choses.

C’ est ainsi que La Tulipe Rouge et La Feuille de Chene passerent toute la nuit ensemble, dans la fraicheur et le calme du parc baigne par le clair de lune. Les gouttes de rosee perlerent, et s’accumulerent au creux de la feuille. La Tulipe put s’ abreuver comme La Feuille de Chene l’ avait predit.
Au matin, son mal de tete avait diminue et ses joues etaient a nouveau rouges et pleines de vie. Le soleil apparut, les
oiseaux chantaient l’hymne du matin et nos chers amis arboraient des mines joyeuses.
« Si seulement un homme en quete de plantes pouvait nous voir pour completer son herbier, c’ est certain qu’ il nous aimerait, j’ en suis s;r. » pensaient-ils. « Ou si l’ artiste reapparaissait - apres tout, lorsqu’ il disait « A demain », il s’ adressait forcement a nous, sinon a qui ? »

Lorsque le peintre se reveilla, sa premiere pensee fut de courir au parc afin d’ y terminer sa peinture. A ce jour, ca n’ avait jamais ete dans ses habitudes de peindre des le matin. Mais ce jour-la, il prit son petit-dejeuner et partit aussitot. Il se retrouva meme lieu, meme banc. Malheureusement, La Tulipe Rouge et La Vieille Feuille de Chene n’etaient plus la.
« Mince alors, » marmonna t-il en s’ asseyant.
« Il m’ est impossible de finir mon oeuvre sans mes modeles. »
Ses epaules se vo;terent et il resta plante la, triste et desempare.

Il fut arrache a sa melancolie par un flash ecarlate provenant du jardin d’ une maisonnette aux allures alsaciennes. L’ artiste s’ approcha et decouvrit un parterre de tulipes rouges de l’ autre cote du portail.
« Voila une idee. Il me suffit de cueillir une autre tulipe rouge, de trouver une feuille de chene de l’automne dernier et de les mettre ensemble au meme endroit qu’ hier. Comme cela, je pourrai enfin achever mon tableau, » decida-t-il.

« Youhou, me voila ! » A ce moment meme, une vieille feuille de chene virevolta et atterrit doucement sur le banc.
« Ceci dit, je ne serai jamais identique a ton compagnon d’ hier. »
Le peintre sortit son materiel, s’ approcha du banc et trouva que la feuille ressemblait de facon remarquable a sa semblable du jour precedent. Il se dirigea alors vers le parterre rouge.

Au moment meme ou il tendait le bras et s’ appretait a cueillir la plus jolie des tulipes rouges, il ressentit un etrange pressentiment.
« Que se passe t-il ? Qu’est ce que c’est ? Que m’ arrive t-il ? » pleurait l’ artiste surpris.
Il sentit soudainement quel drame cela aurait ete, d’ arracher a la vie cette fleur si sublime. Il retourna vers son tableau.

Et la que vit-il ?! Comment etait ce possible ? L’ ;uvre etait entierement finie ! Quel miracle ! Par on ne sait quel mystere, la peinture etait maintenant complete. Tres expressive aussi
- La Tulipe rouge et La Feuille de Chene semblaient vivants. Le tableau le plus reussi qu’un artiste n’ ait jamais peint.
« C’ est sans doute pour cela que je me sentais aussi coupable de cueillir la tulipe - La Tulipe Rouge et La Feuille de Chene m’ ont sauve des flammes de l’ enfer, » pensa t-il.
« C’ est vraiment mon plus grand chef d’ ;uvre. »
Il se  felicita d’avoir accompli sa tache, se dit qu’ il etait incroyablement talentueux. Il s’ imagina presenter son tableau a sa femme et ses enfants, et comment ils allaient le feliciter et le couvrir de baisers pour le remercier de ce magnifique present.

« Seulement j’ appellerai ce tableau « Deux vies » a la place de « Deux morts », cela conviendra beaucoup mieux, » decida l’artiste.

Il rangea ses affaires, et se dirigea vers sa maison. Apres quelques pas, il rebroussa soudainement chemin, prit sur le banc la feuille de chene qui ressemblait de facon frappante a celle d’hier. Il l’ emmena jusqu’ au parterre de tulipes rouges et la deposa aupres de la plus belle d’entre elles.

« Deux vies ! Deux vies ! » L’ artiste claironnait joyeusement tout en rentrant chez lui avec entrain, satisfait de lui meme. L’ Hirondelle du jour d’ avant, dessinait des cercles au- dessus de lui, le raccompagnant jusqu’a son logis.

Mais que sont devenus notre Tulipe Rouge et son ami La vieille Feuille de Chene ?

Voici ce qui s’est passe.

Ce matin la, un petit garcon et une petite fille vinrent faire un tour au parc. Ils se promenerent sur le meme chemin ou nos deux amies se reposaient.
La petite fille ramassa la Tulipe Rouge :
« Regarde une tulipe. Mais qu’ elle est moche, elle se fane. »
« Ce n’ est pas vrai ?! Oh ! Feuille de Chene, est-ce la verite ?! » cria la Tulipe Rouge affolee. « Feuille de Chene, oh, cher Feuille de Chene, pourquoi ne me reponds-tu pas ? Suis-je tellement vilaine que tu dedaignes m’aimer encore ? Pourquoi ne me reponds-tu pas ? Tu ne m’aimes plus ? »

La Feuille de Chene aimait la Tulipe Rouge passionnement, plus que tout au monde et lui etait totalement devoue. Il repondit le plus fort qu’ il pouvait, mais sa reponse resta inaudible.
Le petit garcon s’ etait, sans le savoir, arrete sur la Feuille de Chene et la recouvrait de sa sandale.
« La Tulipe a soif. Vite, trempe la dans la fontaine, » dit le petit garcon.
La petite fille approuva et les enfants coururent jusqu’ a la fontaine, rigolant bruyamment.

« Prenez-moi, moi aussi ! Prenez-moi, moi aussi !!! » Criait La Feuille de Chene desesperement apres eux.
Mais les enfants ne pouvaient entendre - ils etaient deja trop loin. Et quand bien meme, ils ne pouvaient comprendre le langage des plantes.

C’ est a cet instant que l’Hirondelle choisit de retourner voir ses amis d’hier. Voyant la tournure dramatique que prenaient les evenements, elle saisit La Feuille de Chene avec son bec et la porta vers la fontaine.

Les enfants avaient deja mis La Tulipe dans l’ eau. La tige etait totalement immergee et seule sa tete violacee ballottait au dessus de la surface. La Tulipe assoiffee but l’eau puis pleura amerement. Maintenant elle avait assez d’ eau pour pouvoir pleurer a chaudes larmes.

C’ est alors qu’ un miracle arriva ! L’ Hirondelle deposa La Feuille de Chene juste devant elle ! Quelle joyeuse retrouvaille !
« M’ aimes-tu toujours, ma Feuille de Chene bien aimee ? »
« Plus que jamais, ma Tulipe adoree ! »
Et alors ils s’ eclabousserent, s’ embrasserent, s’ enlacerent et s’ eclabousserent a nouveau. Ils etaient berces par un doux courant. Nos amis etaient envahis de joie et de bonne humeur.
Mais, La Tulipe Rouge cumula trop d’ eau dans ses petales. Et, avant qu’ elle n’ ait le temps de s’ en debarrasser, elle fut entrainee au fond et coula.
« Mon amour, Feuille de Chene bien aimee, aide-moi ! » furent les derniers mots qu’ elle eut le temps de prononcer.
« Accroche-toi, j’ arrive !!! » cria La Feuille de Chene, plongeant de tout son etre dans l’ eau afin de pouvoir couler aupres de sa bien-aimee. Le courant tiede l’ aidait du mieux qu’ il pouvait. Pour finir, il fut lui aussi englouti au fond de l’ eau.
A cet instant, La Tulipe Rouge sourit a La Feuille de Chene qui lui sourit en retour. C’ etait leur moyen de se communiquer l’ un a l’ autre tout leur amour et leur devotion. Etant nes en terrain sec, ils etaient incapables de se parler en milieu aquatique.
Mais le malheur frappa encore. Le courant de la fontaine, plus fort, les entraina dans des directions differentes. C’ etait plus qu’ ils ne pouvaient supporter. Portes a des endroits opposes de la fontaine, dans l’ incapacite de se voir, ils moururent en meme temps simultanement. Seuls leurs corps delicats cederent, et non leurs ames qui demeurerent, elles, eternelles.

Durant un long moment, l’ Hirondelle tourna au-dessus de la fontaine, pleurant de desespoir. Puis, elle vola jusqu’au Chene, esperant que le peintre serait revenu, afin de pouvoir y revoir ses amis sur la peinture.

Finalement il apparut et lorsqu’ elle vit la peinture, son c;ur eclata de joie - La Tulipe Rouge et La Feuille de Chene avaient pris vie sur la toile, leurs ames s’ y etaient transposees.

La Tulipe Rouge et La Feuille de Chene remercierent encore l’Hirondelle pour son aide et sa compassion,. Ils la prierent de rester toujours aupres d’ eux et de batir ainsi une amitie eternelle. L’ Hirondelle approuva et ils l’ entendirent – ils etaient en vie et tout allait parfaitement bien.

Quand l’ artiste revint vers son logis, l’ Hirondelle le suivit aussi loin que fut sa maison. Ainsi elle put savoir ou serait accroche le tableau.
Lorsqu’ il arriva chez lui, sa femme   et   ses   enfants l’ accueillirent, l’ embrasserent et le couvrirent de compliments au sujet de son oeuvre - ils aimaient beaucoup le tableau.

Il fut accroche dans une vaste piece lumineuse, et l’ Hirondelle pouvait contempler l’ oeuvre depuis la fenetre ouverte. Ce jour la, elle y resta tres longtemps, perchee sur le bord, bavardant avec ses amis qui avaient repris vie sur la toile.
Et elle revint, jour apres jour, leur rendre visite.

Les enfants s’ apercurent que l’ Hirondelle revenait ainsi se percher sur le bord de la fenetre, chaque jour. Apres un temps, elle devint plus courageuse et osa voler jusque dans la chambre, ou ils la nourrissaient gentiment de graines et de miettes de pain.
A partir de ce jour, elle revint dans la chambre regulierement, prenant les graines que lui tendaient les enfants et admirant

la peinture, bavardant des heures avec La Tulipe et La Feuille de Chene sur le soleil, le ciel, les nuages blancs et la douce pluie, rapportant les nouvelles du parc et du monde entier.

La Tulipe Rouge et La Feuille de Chene avaient le sentiment de voler comme des oiseaux, voyant et etant au courant de tout, chantant de douces symphonies d’ oiseaux heureux. Leur amour eternel et leur amitie veritable faisaient de leur vie une celebration infinie, pleine de bonheur.

Lorsque l’ Hirondelle devint agee, ses descendants vinrent a leur tour voir le tableau. Et lorsque les enfants de l’ artiste, eux aussi eurent des enfants, ils donnerent aux hirondelles des graines et des miettes de pain pour les entendre chanter avec La Tulipe Rouge et La Feuille de Chene.

Depuis ce jour, les hirondelles vont et viennent dans la chambre regarder la peinture, chantent dans leur propre langue avec La Tulipe et La Feuille de Chene, en vie pour toujours.


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volokhov.ru



LE THEATRE DE KAIROS PAR ESSENCE DE MIKHAIL VOLOKHOV
Mikhail VOLOKHOV Nikita STROUVE

STROUVE. Disons d’emblee que vous etes un auteur dramatique. Combien de pieces avez-vous ecrites ?
VOLOKHOV. Une bonne quinzaine. « Le cache-cache avec la mort », « LE
GRAND CONSOLATEUR», « LE CALVAIRE DE TCHIKATILO », «LES LESBIENNES DU BRUIT DE TSUNAMI»,
« L’IMMACULEE CONCEPTION » - c’est pour ainsi dire Quatre en Un. Or, d’autres qui n’en font pas partie s’etaient ecrites, elles aussi, a un niveau objectif-sincere de penetration dans la Realite – telles que «LES ANGES SONT PARMI NOUS», «SUR LA PENTE D’UNE PLUIE DE MAI», « LE BOURREAU DE SA MAJESTE », «DES BALLES AU CHOCOLAT», «UNE NEIGE NUE NEGLIGEMMENT TENDRE», «LE QUARANTE HUITIEME DEGRE DE LATITUDE SOLAIRE».
S. Pourtant c’est «CACHE-CACHE AVEC LA MORT» qui, jusqu’ici a eu le plus de retentissement.
V. Les Francais, les Allemands, les Suisses ont joue cette piece comme si elle etait sur leur propre acharnement anti-spirituel, la manipulation sanglante de l’homme par l’homme. Neanmoins, ces spectacles partout ont apparu etre «audacieusement spirituels» - on m’a compare a Shakespeare, au «Hamlet» dans ce sens que la pholosophie de la Verite de l’Esprit de l’Evolution du Monde se manifeste dans cette piece a travers la Verite absolue de la Vie. L’idee de cette piece m’etait venue encore en Russie mais je l’ai ecrite au cours des premiers mois de mon sejour en France. La «cristallisation» de cette piece a provoque en moi – spirituellement et physiquement – le phenomene de decouverte de l’au-dela de miroir reel du
«malheur» de la Russie en tant que le malheur le plus tragique de tout notre monde «pollue» par l’absence de pensee. Puis, ma fille etait nee, ma sainte femme de Francaise bien-aimee etait a cote de moi en France – tout cela m’a beaucoup inspire.
S. Une piece de theatre c’est en premier lieu un conflit. En quoi consiste donc le conflit philosophique, «universel» de celle-ci?
V. C’est que dans la realite physique et spirituelle, le soi-disant communisme s’est avere etre pour les gens encore plus terrible que le fascisme. C’est-a-dire que les conceptions on dirait radieuses et en grande partie chretiennes, de l’equite, contenue dans l’idee maitresse du communisme: vivre sans exploiter autrui – or, dans la realite sovietique ces ideees se sont retournees simplement par leur contraire sanglant: litteralement, on ne pouvait vivre «avec foi en communisme» qu’au depends de vies «bouffees» de ses compatriotes. Des dizaines de millions de personnes ont ete exterminees et l’homme en URSS – transforme en un etre abruti et un assassins en puissance qui, au nom d’idees irrealisables – fantasmagoriques, idealement belles et tendant virtuellement en grande partie vers le bien, il faut l’avouer – etait pret en realite a tuer son prochain sans remords entre deux tasses de the.
S. Et en tuant, ce faisant, soi-meme, vous voulez dire.
V. A de nombreux egards, on a assiste alors a une «auto-mutilation» physique et morale de la nation, de la Russie – or, comme la Russie est dans le Monde entier (ce que beaucoup oublient tres souvent) – cette auto-mutilation spirituelle a touche l’humanite toute entiere. Et cette piece retourne metaphoriquement ce paradoxe anti-humain universel: «c’est dans de bonnes
 
intentions que le chemin de l’enfer est pave», et fait une tentative d’expier cette mutilation spirituelle absurde en la denoncant au moyen de l’Absurde Esthetique de toute la piece en entier.
S. Quant a la Russie, vous voulez parler uniquement d’extermination d’humains, ou d’une dehumanisation interieure? C’est que, disons, voila cinquante ans que l’on n’y extermine plus les gens physiquement. Depuis la mort de Staline l’extermination physique est tres limitee. Cela a dure encore quelque temps virtuellement. Mais voici un demi-siecle qu’il n’y eu extermination massive. Qu’est-ce qui s’est produit alors?
V. La charette a continue de rouler. Ce qui avait lieu c’etait une sorte de pourrissement – une decomposition morale et spirituelle – une destruction dans l’ignorance. Le mal d’amoralite qui avait atteint la nation se poursuivait a un niveau de pathologie tres profond – celui de corruption recherchee.
S. Anthropologique, vous voulez dire.
V. Oui, toutes les racines humaines universelles etaient coupees alors en Russie. Il en a resulte un   Absurde   universel   hyper-reel   absolument   aberrant.   Tuer   ses   freres   au   nom   du
«communisme» dans le pays le plus grand et le plus cultive de la planete etait passe – des dizaines d’annees durant – pour le bien supreme, «sacre». Au nom d’idees «sacrees» retournees d’une revolution mise a l’envers. Et tous les autres pays – en la majorite de leurs intellectuels – ont applaudi Staline – ses «hauts» faits pour ainsi dire «etrangers», «magiques» - l’«Oiseau bleu» de «Barbe Bleue» - il avait comme qui dirait gagne la guerre devant Hitler – et a fortiori se presentait en «Sauveur». Qu’est-ce la sinon une aberration - la plus anthropologique, totale et fatale, blasphematoire, universelle et aveugle qui soit. Or, «Cache-cache avec la mort» presente sous une forme theatrale l’essence meme de cette demolition anthropologique de l’homme russe en tant qu’homme universel. Mais rien que son plan purement philosophique, ce qu’on appelle «la colonne philosophique» du jeu de cette piece – comme me l’a dit Andrei Jitinkine, metteur en scene qui de facon litteralement prophetique avait monte «Cache-cache» et
«Le Calvaire de Tchikatilo» a Moscou – rien que cela, a lui seul, place cette piece au rang des anti-sovietiques si   l’on parle de son aspect socio-philosophique. Bien qu’ecrite en partie pour que les gens se reprennent voyant dans le spectacle leur propre fin apocalyptique et inhumaine qui les menace a force de flirter avec le «Jeu» aux «Meurtres benefiques au nom d’idees grisant l’esprit», il me semble quand meme que la piece en question traite plutot du Drame objectif de l’Esprit d’Evolution Universel lequel faillit a sauver des millions d’etres humains au nom de la vie continue de la Vie. Car c’est un fait que le Ciel n’est pas humain, aucune priere n’est entendue a ce jour et que toutes les revolutions sont le pur fruit de l’ignorance. Mais d’un autre cote, le Jugement dernier consiste dans le fait que c’est la Lumiere qui est venue dans ce bas Monde. Et que la Mort engendre toujours l’Esperance. Et que, lorsque l’Espoir est ne et peut aboutir a la connaissance, la Mort, il faut l’esperer, reculera. Car on ne peut obtenir par la priere rien de concret – la priere c’est quelque chose de different: c’est un travail spirituel, la Pensee. Or, la pensee de celui qui s’attele a l’oeuvre de la Parole Spirituelle doit devenir la philosophie de la Vie. L’homme s’est erige par le travail de la Parole. Je pense que «Cache-cache avec la mort» y appelle en fin de compte, disant – au travers de la Parole – que l’absence de pensee, fatale et totale, mene a une mort universelle totale, muette et primitive.
S. L’homme sera ainsi tente. Est-ce que vous attribuez a l’art un tel effet religieux?
V. Dans l’ideal, bien entendu. L’Etincelle Divine doit allumer le feu qui rechauffera par le bien tout notre Monde. Or, le Theatre avec la magiscule au fond doit toujours etre une Cahtedrale, un Temple – au sens large du terme. Le theatre est le petit temple – plutot une sorte de communale
- ou l’on vient pour contempler la Verite et murir soi-meme pour atteindre cette Verite et etre mature – or, matirute implique Connaissances.
Le Theatre c’est la Creation et la Connaissance. L’essence et la fonction memes de toute creation et connaissance consiste a transcender la mort. « …. ». Or, cela n’est possible que si vous avez le Don de Creer au Theatre-temple l’image de la mort sacrale. C’est pour cause que Rilke disait: «Aucun de nous ne connait la mort naturelle». On n’est pas maitres de
 
nous-memes. On ne connait pas l’espace informationnel dans son plein volume absolu. On ignore la culture de l’Eternite. Sa face secretement manifeste – on se derobe, demontes par telles ou telles circonstances, et, dans la plupart des cas, au Theatre ou l’on est destines a Servir justement au Nom de l’Eternite – l’on ne depasse presque jamais le niveau de la joie mesquine et terre-a-terre face au maux des autres et du Monde. Tandis qu’a l’origine on est destines a une Fin – une Fin dans l’Eternite – qui est justement la Vraie Vie Eternelle.
Il existe une Image unique – celle de l’Eternite – celle du Masque figee de la Mort – celui de l’Eternite. C’est elle qui distribue les vraies personae – masques et aspects – demasquant par le masque meme. Et toutes les personae au Theatre-Temple doivent proceder uniquement de ce Masque de l’Eternite – et ce n’est qu’alors qu’on peut realiser un Theatre de Communion Vivant. Et ce n’est que dans un tel Vrai Theatre que tous les autres masques theatraux peuvent etre reconnus non seulement dans leur vil sens quotidien – mais deja par rapport au Masque de l’Eternite. Car celui-ce est la seule Mesure de tous ces autres masques et personae temporels. Car c’est lui seul qui valide la Vie. Sinon, tout devient temporaire – comme quoi, on a fait tout simplement du meeting pour se disperser aussitot.
Le theatre tient par la piece. Et un Vrai Poete du Theatre doit organiser l’action de la piece pour qu’elle contiennent des cretes de dixiemes vagues l’accent mis sur l’Eternite. Et la piece elle-meme doit etre une sorte de dixieme vague cumulant toutes les dixiemes vagues qu’elle contient par l’Idee des Idees. Alors, la piece est bien vivante et agissante – avec la constante de l’Eternite qui englobe tout dans ses limites et qui vivra eternellement.
Il faut absolument acheminer les gens venus au theatre vers une Idee de Communion car ils se sont reunis ici pour communier dans l’Esprit par la Parole. Ils sont la pour ecouter la Parole. Ils saisissent la Parole a travers les mots. Or, la Parole est aussi un facteur de Communion. Lorsque un tel Theatre-Temple embrasse par son Art tous les pour et les contre apocalyptiques du «temps reel vivant», en faisant de tout cela un Sainte Catarsis Philosophique de Tragedie – alors, un tel Theatre-Temple est de nature non seulement a adoucir les moeurs, mais aussi d’assagir l’homme dans le sens chretien. Toute parole et notion dans ce Theatre-Temple doit etre Crucifiee – sur la Croix de la Communion, sur la Croix de la Mesure – sinon, personne ne comprendra toujours rien, sinon Sa Mort n’aurait pas de sens,
Son exemple n’aurait pas de sens: l’Homme a ete crucifie et Il a tant souffert. Le Christ a ressuscite au Nom de la Verite. Or, la quete de la Verite, c’est la Vie. Une telle attitude envers soi-meme, envers la Vie et l’Art est dictee par notre temps – celui du champs informationnel enrichi. Et l’homme averti par ce genre d’Art - par ce genre de Theatre-Temple Renove – du moins sera-t-il a meme de bien distinguer entre la bonne bonne graine de la spititualite humaine et toute sorte d’ivraie «communiste» en dessous de l’humanite. La Raison, la Conscience morale, la Foi sont les principes fondamentaux de toute creativite quoi que fassent pour les combattre les avant-gardistes de la pretendue «Boheme» de tout poil du fait secondaire hideux, des post-modernisations litterateuses esseistiquement perverses cherchant a enrober les lettres russes du pathologique et merdique preservatif occidental d’absence de vie, si vous voulez bien me passer le mot. C’est que, simplement, ce gens de litterateurs comme le personnage du conte connu se sont rues en foule pour planter des sous, oubliant que l’argent ne donne pas de germes de la Vie.
Dans la dramaturgie contemporaine de chez nous il en va encore pire a cause de l’emprise de toute une generation de metteurs en scene qui sont autant de «Secretaires generaux» et qui non seulement ont epuise leur potentiel novateur mais qui simplement – en tant qu’individus – auraient perdu cette sensation du «present» de la vie vivante et mouvante, de sa fraicheur, son humour, sa tendance a la purification. Pour le theatre, il importe enormement qui «tient la rampe». Entre les mains d’un Meyerchold, l’annuaire telephonique pouvait bel et bien avoir la resonnance de «Hamlet» de Shakespeare. Aujourd’hui, des mains dirigeantes de ces «grands bourgeois» du theatre qui se sont bati des «Centres Meyerchold», il ne sort plus que des tentatives aussi fades que pretentieuses de jouer au «theatre intellectuel» de mauvais gout, et ce
– en plus – avec les procedes les plus triviales qui soient.
 
Cette sorte de metteurs en scene-censeurs sans talent ne sont certes pas en mesure de decouvrir un auteur dramatique contemprain de taille shakespearienne, incapables qu’ils sont de le remarquer meme «a bout portant», ils cherchent a l’evincer etant inapes a le porter a la scene, meme si – inconsiemment – ils le desirent. Or, c’est bien la decouverte d’un «Grand Dramaturge Contemporain» qui est dans le monde entier le plus grand merite pour un metteur en scene.
S. L’element de la conscience croyante est forte dans toute la litterature chretienne et en dramaturgie en particulier – a commencer par Shakespeare et finissant par Pouchkine, Boulgakov, Claudel…
V. Bien que les absurdistes - tels que Beckett et Ionesco – ont pour ainsi dire «renonce» physiquement a «la raison et a la moralite» et d’autant plus a la Foi dans leurs pieces de l’absurde, bien que, de facon indirecte - par la volonte invisible de l’Etre Humain Supreme – la Raison de la Conscience morale y est quand meme present, pourtant leurs pieces sont exemptes de Foi – il n’y en a pas, tout simplement. Ionesco m’a dit carrement qu’il ne se considere pas doue d’esprit religieux, mais qu’il croyait le Christ etre l’Homme le plus Grand et Bon sur Terre. Beckett, Ionesco et leurs autres confreres absurdistes de la meme generation avaient «ingenie» - dans leurs cabinets d’intellectuels confines - un anti-drame philosophique, de
«tete», anti-gnoseologique et physiologique, et ce faisant ils manquaient forcement d’embrasser le Volume de Coeur de la Vie, de toute sa diverse Seve Universelle, ses Croyances, Religions. Ces «createurs» occidentaux, eux, n’y etaient simplement pas orientes – «physiologiquement» - par leurs forces fractionnaires, particulieres, egoistes, relatives, «raisonnant a vide» - par ces forces impuissantes. La voix de l’artiste occidental en tant qu’Occidental justement est bien particulier. Tous en Occident ils travaillent en «titres», ils sont autant de «titulaires», pour ainsi dire. Or, ils visent un objectif et en touchent un autre – quelque chose de bien semblable mais secondaire, fluide, fuyant, relatif, mercantile. Tandis que la nature de l’art russe, de l’ecriture artistique russe – globale, philosophique, concrete, Absurde – consiste foncierement a percer a jour les mysteres humains universels, propres et profondement intimes a toute la Creation dans son ensemble, en «manifestant» au monde des creations aussi pluridimensionnelles et cordialement humaines que, par exemple, «Le Crime et le Chatiment» de Dostoievski. C’est justement a cause de cet «esprit universel desinteresse» qu’ils ont besoin de nous, les Russes. Et sans doute, ce roman est entre autres le plus occidental qui soit mais aussi le plus russe – car tout y est en Coordonnees Pluridimensionnelles Humaines et Cordiales, Morales de la Conscience Universelle. Bien que
Dostoievski se presente dans le monde occidental comme l’auteur le plus «judeo-occidental» - fractionnaire et psychologique – dans ce sens que, de nos jours egalement, toute la vie des humains dans l’Esprit est psychologiquement Juive – partout dans le monde les gens eparpillent toutes leurs oeuvres de genie telles des cailloux. Je pense que, dans l’Esprit, Dostoievski fut Juif, bien qu’il en fut l’Antagoniste exterieurement dans le monde physique. Et en l’occurence je ne parle pas des Juifs de facon concrete mais uniquement en tant que d’un concept philosophique du Temps qui embrasse l’Eternite et egale l’Eternite mais qui n’a de soi-meme qu’une conscience discrete momentanee du fait du caractere limite de notre Conscience et de notre Etre communs. Or, c’est dans cette irresolution fatale actuelle du developpement de l’Esprit Universel que consiste la principale Tragedie du Monde. Les Russes et les Juifs les deux nations metaphysiquement les plus fortes – Nations de l’Avenir – sont pour le moment des parias de ce monde physique. Les Juifs incarnent le mouvement du monde – sa physique. Les Russes, eux – sa statique contemplative integrante – sa Meta. Gogol c’est le Metaphysique Russo-juif le plus globalement universel avec son heros de Tchitchikov – le Juif errant rachetant des ames mortes (ce qu’on ne peut pas acheter, car cela n’appartient qu’a Dieu) dans la Russie Contemplative ou toutes les Ames Mortes sont au fond Vivantes. Tchekhov a «fait de l’absurde» Scrupuleusement, Cordialement a la Russe dans le Temps Courant Juif Humain Reel Vivant, en fractionnant le Temps dans ses pieces avec Genie par ses perles artistiques – tel un Juif – litteralement en milliemes de secondes. Chez lui, l’Esprit Russe Unique de la Russie de Ranevskaia, comme le Christ, monte sur l’echafaud sous la hache du Judas Russe de Lopakhine qui aime la Cerisaie a
la maniere hasside, pour contre les deniers que rapportent les datchas. Shakespeare, dramaturge absolument «Russe», est tout tisse de Grands Absurdes Uniques Eternels Humains Reels. La-bas, le Contemplateur Russe Hamlet lutte contre Claudius, le roi «interimaire», temporaire qui avait usurpe le pouvoir au moyen d’assassinat.
Toute la philosophie et toute la culture occidentales contemporaines sont discretes et relativistes a la Juive. Et si seulement elles s’occupent du Dieu, elles traitent de ses manifestations, son auto-expression. Or, celle-ce est infinie. Leur philosophie et leur culture ont cesse de se developper – elle rabachent toujours la meme chose, s’adonnant a une morbide auto-analyse uniquement physique, psychologique souvent simplement pathologique. Or toute grande metaphore divine universelle n’est que Grand Absurde Metaphysique Universel Eternel. Ce qui amene Ionesco, a juste titre, de considerer Shakespeare et Tchekhov etre les premiers auteurs de l’absurde. Seulement, Ionesco ne dit nulle part que l’Absurde de Tchekhov
et de Shakespeare etait d’un ordre different – Ordre Metaphysique Superieur Vivifiant. Car l’Absurde n’est pas quelque chose de primitif et d’univoque, il contient les deux principes male et femelle, leur accouplement. C’est en se croisant qu’ils forment la Parole unique. C’est la basse et la sourdine. Si l’Absurde disparait, la vie meme disparait. L’homme devient plat, unilateral et commence a glisser vers la mort. L’homme n’a pas conscience de l’Absurde, il vit par lui se trouvant au centre de l’attention – pour ainsi dire, au milieu entre ces deux poles interconnectes. L’homme n’a pas a cerner l’absurdite, pourtant il en vie et il s’en nourrit. Et ce n’est pas en se retrouvant dans une sutiation absurde que l’homme se suicide (d’apres Camus), mais au contraire – lorsqu’il s’en trouve prive. Parce que l’absurde c’est toujours le dialogue, la contradiction, le contre-discours. Comme les deux rives d’une riviere. La ou la vie coule, le discours s’organise lui-meme. Autrement, tous nous vivons unilateralement. Telle une course d’unijambistes… Mais absurdement, on s’obstine a porter les deux cotes en avant en meme temps. Ou quand on a deux yeux et qu’on voit avec un troisieme. Un oeil a une vue percante et l’autre – dissipee. Et tout en etant un corps physique, l’oeil est en meme temps le corps de la Conscience. Ou encore le fait que c’est hemisphere droit du cerveau qui commande la main gauche. Mais en meme temps tout vit en organisme unique. Et l’Absurde est le principe integrant. L’Absurde est le sens de la vie et la construction de toute forme et de son contenue a la fois. Sinon, la forme et le contenu vont se desagreger. C’est comme l’alphabet est indivisble dans son essence en tant que Mystere, en tant facteur integrant de l’Unique, mais il est divisible dans les infinies particularites de notre absurdite mercantile humaine. L’absurde est la metaphore vitale integrante globale omnipresente. Et, dans une piece de theatre, pour reproduire dans tout son volume l’Absurde Vie Vivante, les Heros ne doivent pas etre factices, fantoches, plats, ni releves, ni abaisses. Un personnage c’est toujours un tout entier centre sur l’Absurde dans son essence.
Et puis la matiere est toujours a doulbe fond. Il il y la Verite de la Beaute et la Confrerie de la Vie secrete. Le monde en soit est Unique, ne fait qu’un. Or, dans la vie secrete tous objets sont confreres – absurdement. Et pourquoi donc les pieces de theatre occidentales de tout niveau pratiquement ont cette espece de platitude prononcee? C’est tres simple: elles contiennent cette marche du monde qui n’a pas de sens – on va on ne sait ou. Creees dans une optique univoque, elles reflete   simplement la platitude de la vie. Et, disons, pour Ionesco il n’etait que «strategiquement» important tant insister sur l’affirmation toute mercantile comme quoi c’etait lui justement et non pas Beckett, qui avait ecrit la premiere anti-piece au monde –
«La Cantatrice Chauve». Une piece anemique et manquant de finition en tant Piece de Theatre
– mais avant «En attendant Godo» qui est la piece occidentale metaphysiquement la plus vulgaire, relativiste et immotivee – et c’est en cela, a propos, que consiste sa «genialite» pathologique maniaque – c’est-la un calque physique absolu, un reflet de miroir de la relativiste theorie de relativite d’Einstein qui ne tient pas compte des coordonnees de l’Eternite. Le fait meme d’avoir ete «le premier a ecrire», dans le temps relativiste, une piece relativiste rapporte de l’argent tres concret – en Occident ce genre de pieces ecrites «relativement avant les autres» sont mises en scene bien plus souvent. Soit dit en passant, la piece d’Ionesco «Les
Chaises», parue en meme temps, a autrement plus de substance que «Godo», car ecrite quand meme dans les coordonnees d’une philosophie concrete. D’ailleurs, a mon avis «Les Chaises» sont en general le seul chef-d’oeuvre digne a tous les egards Humanistes qui date de cette epoque de demantelement du drame francais.
Or, dans l’ensemble, les auteurs occidentaux «travaillent» leurs «chefs-d’oeuvres» en metaphysique, mais cela a un niveau pathologiquement relativiste, insense. Et voila que toute ce mesquin remue-menage de cuisine auquel se livrent les Occidentaux tels des generaux a la retraite se pavanant les uns devant les autres en arborant des uniformes brodes d’or miteux – pour savoir qui, d’entre les pionniers Absurdistes veritablement grands, fut absolument le premier «avant-apres» - tout cela est aussi ridicule qu’un fou dans l’asile qui se pretend Napoleon. Or, c’est comme ca que ces «youpis d’au-dela de la butte» tels des «animateurs de fete foraine» ont de tout temps vecu dans leur antimonde et c’est comme ca qu’ils vivent toujours. Ils voient les sept merveilles du monde (en russe - homonyme de «lumiere») sans voir la Lumiere elle-meme. La faiblesse de la dramaturgie de Beckett, Ionesco et, surtout, de leurs autres adeptes - ceux-ci incontestablement «ex absurdo» - consiste dans le fait que le maximum que ces fantoches d’anti-heros arythmetiquement calcules, dans leur non-developpement temporel au cours de la piece, puissent obtenir pour l’«anti-esprit» c’est de ramener a zero l’ensemble de leurs   repliques deja nulles et impuissantes n’ayant ni sens ni raison. Ce qui a pour resultat l’absence de «Spectacle». Et, disons, en Russie potentiellement metamhysique universelle, les spectacles d’apres Beckette et Ionesco n’ont «pas l’air» meme au Niveau Chretien d’un Tennessee Williams. D’un autre cote, dans le Vieux Monde occidental, celui-ci passe pour un auteur de boulevard sentimental et de mauvais gout. C’est-a-dire que physiquement le serpent absurdiste du discret esprit et coeur avant-gardiste occidental non seulement s’est devore lui-meme a plusieurs reprises, mais qu’il a reussi a mordre – avec ses crocs pourris critiques physiques «pseudo-avant-gardistes» - les germes vivantes de son propre Art Spirituel de l’Absurde – potentiellement authentique metaphysique multidimensionnel – qui est une Lumiere pour Tous – doue de Sang, Chair, doue de Coeur, de Conscience, d’Amour – doue de Pleine Plenitude Universelle de la Vie. N’est-ce pas la le Vrai Absurde Insense de l’Humanite – «fascisme total sans discernement de l’avant-gardisme physique relativiste occidental pseudo-leader» grace a son orgaisation pecuniere mathematique. L’identite du langage et de la pensee n’a jamais existe en Occident et il en sera toujours ainsi. Ils ont tue la Lettre. Ils sont muets – ils sont tous des «Allemands juifs» dans le sens philosophique C’est pourquoi precisement que l’Allemagne avait engendre le fascisme – en tant qu’act lutherien de Chastete Humaine – une Foi Tres Humaine, mais dans le monde physique – tout cela a abouti a une boucherie enorme, dementielle. Parce que leur monde pecunier contractuel onthologiquement ne peut etre fonde sur la verite, lorsqu’on peut tromper, avoir n’importe qui pour de l’argent. Et les Europeens seront eternellement prisonniers de la croissance de leur degre mathematique, pecunier – etant des nations tres «respectables». Et jamais ils ne sauront apprehender l’Unique Langage Sacre de Narration – ils des gens du Chiffre, et non du Nombre. Or, le Chiffre se deplace toujours. Ils ne peuvent simplement pas se figer. L’instant fige-toi - tu es sublime! C’est grace a cela que nous avons vaincu leur fascisme – grace a la Verite et a la Beaute Supremes et Divines. Tandis qu’eux, ils croient qu’on a vaicu leur fascisme par un mal encore plus grand. Ils croient que nous, les contemplateurs russes, avons partie liee avec le mal. C’est pourquoi ils rappellent constamment a l’ordre et nous arretent. N’est-ce pas de l’Absurde? Or, ils ont la place qui leur appartient. Et l’Unique ne peut pas exister sans leur «degre pecunier». Mais d’un autre cote, ce creatif Antagonisme Absurde entre l’Occident Juif physique et la Russie Russe contemplative a la Oblomov doit, en perspective, donner naissance a un
«bebe» vraiment digne qui se mettra a nous Sauver et Benir tous, ne serait-ce qu’au Theatre.
S. Et ne risquez-vous pas le meme paradoxe du serpent qui se mord la queue a cause de l’usage par trop abondant du «mat» (mot russe sans equivalent en francais signifiant l’emploi de mots et expressions grossiers consideres comme trop vulgaires et obscenes et pour cette raison
censures, du moins en langage normatif – note du traducteur)? N’y voyez-vous pas une sorte d’impasse pour l’expression, ne l’utilisez-vous que pour vous distinguer, simplement ?
V. Pour moi, le «mat» est simplement un langage russe tres image. Qu’est-ce que le
«mat»? D’une part c’est une impasse, de l’autre c’est la victoire. La realite objective – le fondement de toutes choses – un pilier ou l’on ne peut rien changer. Et par rapport au «mat» le
«mat» ne l’est plus. Il existe une expression: « jurer par ce par quoi tient le Monde». Or, pour donner vie, «soulever» un Sujet Russe plein de vitalite universellement humain sacralement objectif, ces mots sacres objectifs sont Sacralement Indispensables. Une piece forte n’a pas peur de mots sacres, elle est a leur hauteur. Or, la Sacralite de la Superidee Metaphysique dans une piece forte est tellement Sacree que celui que l’entendant, tout homme «en mal de verite» accepte la necessite, le «bien-place» de mots forts – d’autant plus qu’il s’agisse de l’Art Sacre Veritable superieur a notre vie physique. Car sans le «mat» objectif plein de vie – en cas de l’Art plein de Vie – la sacralite de la Superidee objective sera simplement alteree, et le spectateur communiant au Theatre Temple aura la sensation qu’on l’a salement traite en absence de «mat»
- ce qui arrive toujours dans le cas d’un art mediocre, denue de talent. D’ailleurs, la dramaturgie elle non plus n’a d’autre choix – l’art se batit avec «les jus nature du langage» - on n’a pas a reculer devant – «Moscou est derriere nous». Le «mat» est donc une chose tres serieuse. Et en temoin notamment le moment critique ou on l’emploie. Certes, le «mat» est aussi vulgarise en tant que juron, mais cela tient de l’incomprehension de son principe meme. Le «mat» est tres chiche en expressions, mais celui qui en fait des constructions «a trois, sept etages» parvient ainsi a exprimer des concepts abstraits de haut registre comportant des criteres mathematiques. Le «mat» recele les notions d’atome, de meta, de mort et de metaphysique. Il est tres concret et l’on eprouve une certaine confusion, une enorme tension lorsqu’il se retrouve dans une grille aussi rigoureuse. L’homme croit toujours que par le «mat» on lui impose des limites - il se sent en quelque sorte incarcere. Le «mat» est toujours une mesure de responsabilite – tres grande - y compris, morale – pour ce qu’on veut dire, c’est pourquoi le «mat» ne doit etre employe que de facon bien opportune. Et en principe le «mat» se situe pour ainsi dire dans la zone du silence – cet acte sacre – on peut ne pas le prononcer a haute voix – mais jurer contre quelqu’un pas toute son attitude. Jurer pour quoi? Pour la situation sans issue – ou l’homme s’est acculee lui-meme a cause de son ignorance. Et le «mat» lui suggere ce qui lui manque, a l’individu. Si l’on t’envoie te faire baiser, c’est que tu manque de creativite et tu dois te faire feconder. Ou si l’on t’envoie baiser – tu n’as pas d’element femelle et tu dois simplement apprendre a etre different. Et le «mat» est toujours didactique. Une suggestion comment se sortir du mensonge. On «ment» toujours mais on justifie ce mensonge en bonne part et on le transforme en verite et, aussi etrange que ca puisse paraitre, on le fait au moyen du «mat». Le «mat» c’est l’ultime et extreme suggestion – se sortir d’une situation de mensonge et de mauvais absurde qui possedent toujours un sens temporelle concret detache de l’Unite de l’Etre. Dans le jeux des echecs, le «mat» se realise en physique, et le langage ignore des situations d’impasse – c’est un jeux d’echecs ou table de jeu non-concretises – c’est un champ de vue – c’est l’univers tout entier ou il existe toujours une issue quelconque - c’est-la l’Essence. Il existe toujours une issue
– de n’importe quelle situation. Et nous, les hommes, recherchons toujours un moyen d’entrer, sans penser au moyen d’en sortir. Le peche n’existe, seule existe la sterilite de l’intelligence. Le
«mat» est le mot cle de l’issue, de la naissance de l’image, or le peche consiste justement dans la sterilite. Et si l’on reagit emotionnellement a cette situation d’impasse – par la voie des emotions, on s’en sort, de cette situation. Tandis que nous interpretons, pour y voir plus clair. Le
«mat» est une sublimation des qualite superieures de l’homme qu’il avait accumulees au fil des siecles – c’est une prise de position extreme qui n’est pas sourde comporte une suggestion. Et il faut savoir entendre le «mat». Et tout le reste n’est que mensonge, blabla et provocation.

Baise ta mere – tu n’as pas de memoire – t’as baise ta mere. Des psychologues, pedagogues et gens de lettres bornes y croient deceler comme l’ombre de l’inceste, du complexe d’Oedipe invente par le malheureux philosophe de Freud constamment preoccupe par
le pathologique. Qu’est-ce que l’inceste vient faire la-dedans? Comment l’homme peut avoir une liaison physique avec sa mere? Uniquement au cas ou il est totalement inconscient et ne se rappelle pas qui est sa mere. C’est-la toute la faussete de la psychologie contemporaine qui s’est pathologiquement embourbe dans la pathologie. Aucune langue sauf le russe ne contient de tel juron – qui ramene l’homme a la raison, a la memoire. Donc, a cet egard deja, le «mat» russe n’est pas pathologique. L’homme russe chemine – ne serait-ce qu’inconsciemment – a l’auto-reflexion. Et le fait qu’en Russie on entend si souvent prononcer «baise ta mere» indique clairement que la nation marche a l’avant-garde l’humanite dans le sens de l’auto-purification, du repentir et du rappel constant de la mere – cette mere qui nous rend tous apparentes les uns aux autres. Car ce n’est pas par hasard qu’on dit: «Aimez votre Patrie, votre Mere!» A cet egard la Russie est a l’avant-garde de toute la planete. Le «mat» d’emblee declare la couleur, mais il donne aussi une solution – il est vivifiant. Et c’est la propriete du «mat» russe uniquement – parce qu’il est genetiquement fonde par la langue – c’est-la le fondement de la Verite de la Vie de la langue elle-meme. Une source a l’eau pure, mais aussi une cle (jeu de mots: en russe – les mots «source» et «cle» sont homonymes – N.D.T.). Les philosophes n’ont pas jusqu’ici touche de pres a ce theme fondamental parce qu’ils ne comprennent pas les fondements. On peut certes aussi disserter longuement au sujet du «mat» dans un style academique – comme quoi il s’agit la de vulgarismes du parler populaire – ce qui n’en devoile pas l’essence. Le «mat» est une manifestation du moment surpeme de l’Etre. Chez nous l’attitude traditionnelle envers le
«mat» est parfaitement fausse. Tout le jure, mais tout le monde a peur – c’est honteux. Et oui – honteux – et le «mat» dessert cette honte. Ce n’est pas le «mat» lui-meme qui est honteux, mais ce qu’il devoile – l’inconsistance de l’homme. Et employer le «mat» c’est la situation ou l’evenement est designe par les mots les plus appropries – c’est pourquoi il est impartial, froisse l’oeil et l’oreille – c’est-la la forme la plus denudee de communication humaine. Or, c’est aussi la raison pour laquelle le «mat» peut etre egalement juste au - plus haut – point. Il faut apprendre le
«mat» - il faut le comprendre et savoir etablir un rapport entre lui et les manifestations les hautes de l’Esprit humain. Plus on l’ecoutera, et plus il sera precis et juste – et plus vite on se debarrassera de nos erreurs. Et si tu as fait un parcours sans aucun sens – tu t’es vilepende toi-meme. Or, si tu as fait ce parcours avec sens – «nu et les couilles craquantes» - tu as deja indique un defaut social et nous as suggere ce dont on manque. Le «mat» est une action theatralisee en tout premier lieu. L’homme nu est garde par la honte. Or, si la honte, pudeur il y a
– aucun «mat» n’y collera. Il collera justement a celui qui a des peches. Chez nous, est repandue une attitude vulgarisee envers le «mat» lorsqu’on lui refuse tout sens, sans etablir un rapport image avec tel ou tel fait. C’est pourquoi le «mat» n’atteint pas son but – il est ainsi vide de sens. C’est pourquoi au Theatre-Temple conscient le processus de Purification de l’Homme est realise par l’aspect creatif du «mat» - par son sens sacre. Or, malheureusement – l’ignorer purement et simplement – c’est l’attitude a l’egard du «mat» qu’on adopte partout chez nous. C’est-a-dire que l’homme est devenu sourd, muet, qu’il a tourne le dos, fui le problmeme. Or, les problemes doivent etre resolus seul la reaction emotionnelle ne suffit point en l’occurence. Et c’est-la que reside l’essence meme du «mat» - surmonter les problemes. Ce faisant le «mat» tend a l’autodestruction – il est habitue a se sacrifier. Donc ayant passe par le «mat», et ayant regle la situation, on en viendra ensuite a supprimer le «mat». La langue est sincere, rien au monde n’est plus sincere. Il faut donc faire confiance a un tel langage. Et etre soi-meme tres sincere comme la langue.

S. C’est tres interessant. C’est pour cela sans doute que le «mat» francais – ayant resolu certains problemes – est devenu parfaitement insipide.

V. Et puis, en Russie, le peuple et l’intelligentsia sont toujours par trop eloignes l’un de l’autre. La vie ne s’est pas encore tassee. Or, il en est ainsi pour l’instant et c’est un fait. Les brusques denivelations donnent naissance a de superbes chutes d’eau. On ne peut guere sauter les etapes. L’esprit du developpement avance pas a pas – et c’est en cela sa force salutaire. Mais
en France, depuis longtemps deja, il n’y a pas de denivelation sociale aussi sauvage, c’est un territoire humain relativement restreint et reellement concevable. Tandis qu’en Russie, ou qu’on jette l’oeil, partout on voit des envolees inconevables et des chutes sacrementielles. Or, on ne peut pas douter des realites existantes. Disons, tel est l’Esprit russe, et tel est son territoire en ce monde. Et en dramaturgie, en plus, l’Art Divin Universel Metaphysique est encore a «gagner» - par rapport l’Esprit du Developpement - par le striptease – la suppression du «diabolisme de l’Epoque» d’apres «le compte phallique supreme». C’est l’une des conditions pour que toute la piece ait une resonnance de Poeme-Foi, encore d’apres la Loi de l’Absurde cree par l’element feminin, maternel transmue de «l’artiste-male» - en tant metaphore poetique globale – omni-aimante, omni-pardonnante mais interrogeante – un baton a deux bouts.
S. Sans doute, est-ce la une chose tres difficile a realiser en dramaturgie – presque impossible. V.C’est dans ce sens precisement que les femmes poetes reussissent parfois - grace a leur nature immediatement physiologique et par leur poesie «lyrique» impulsive - des resultats geniaux-sacres tout a fait marquants «de saint delire interieur». Car, disons, meme haissant sauvagement le regime sovietique, Akhmatova a reussi a produire – comme la Mere Patrie – ces vers pleins de grandeur – dans le Developpement de l’Esprit: «Et nous te sauvegarderons le parler russe – la grande Parole russe». Parce que la langue – l’Esprit – c’est cet os justement que l’ennemi cherche a aneantir. Or, qui d’entre les hommes poetes en prit conscience alors – au moment ou il le fallait? Bien que, dans le meme Esprit Universel de Developpement, il y a la grande poesie de l’Avenir du Juif Russe Mandelstam sur le soldat inconnu qu’il avait sorti malgre sa haine envers le regime stalinien. D’un autre cote, les femmes dramaturges ne reussissent pas un rapport adequat avec l’Esprit de Developpement et cela malgre tout leur genie proprement poetique – sans doute, en dramaturgie, ne ressentent-elle pas simplement a cause de leur nature feminine le diabolisme phallique originel de l’epoque – les racines memes du mal le plus blasphematoire du monde metaphysique et reel des hommes – et d’autant moins sont-elles a meme de le surmonter, le deraciner ou, encore, «transpercer et stigmatiser» avec leur plume-estoc ce Dragon crachant le feu – ce Kachtchei l’Immortel – pour en venir ensuite a cette attitude pouchkinienne universelle s’il en est: «Aussi distant envers le Bien qu’envers le Mal». Et c’est-la que le «mat» s’impose aussi bien que «l’artiste-male-guerrier» dans son sens supreme – en tant qu’arme spirituelle (a malin malin et demi). Aucune fee Carabosse n’est a meme de combattre le mal phallique du monde. Le maximum de dont les femmes sont capables de produire comme auteurs dramatiques – c’est une mechante engeulade de leur impuissance de bonniches face au mal originel pour elles inexplicable – une «petite giffle» de bonne femme, or c’est toujours repugnant a voir – parce que c’est a l’origine mediocrement defaitiste dans son essence anachronismante. Parmi les grands classiques de la dramaturgie, on trouve les noms masculins tels que Shakespeare, Moliere, Tchekhov. Mais pas de noms feminins – aucun! Comme il n’y a en a pas en philosophie originale. C’est un fait. Or, une piece de theatre est en premier de la philosophie. Celle de la concretisation de la pensee qui devient ainsi un objet materiel. Encore Parmenide, oh pardon, l’homme – encore avant Hamlet shakespearien – avait pose cette question: je pense donc je suis. Tandis que la femme c’est le principe sensuel, changeant. C’est pourquoi l’Ame des changements, et l’Esprit des generalisations. Meme les Actes de Lutte Spirituels Materiels accomplis par Mandelstam, Platonov, Chalamov, Soljenitsyne, Brodski – n’ont rien du principe feminin. Dieu d’emblee a donne a la femme genereusement. L’homme, lui, est oblige d’accomplir des hauts fait pour meriter l’amour de la femme. Et, a mon avis, dans la poesie de Tsvetaieva et d’Akhmatova la Grande Priere Sensuelle a Dieu, directe et franche, est mille fois plus forte que, disons, chez Pasternak, cet «intellectuel au masculin». La femme est aussi capable de percevoir l’art de facon bien plus aigue que l’homme. Mais pour ce qui est de «se repentir a fond» - au Theatre, par ses pieces, et cela de maniere a produire ainsi une Grande Priere a Dieu aussi percutante que la poesie impulsive feminine mais au moyen de destruction du «principal diabolisme de l’epoque» - et que, dans la Vie vraie egalement, cela puissent rendre plus sages tous les «spectateurs» assistant au Theatre a cet
«accomplissement» - sans doute, Dieu l’a-t-il reserve aux hommes. Les «dramaturgesses» ne
font que discrediter tout simplement le haut concept de la Femme Divine, de la Vie, de l’Art – elles ne font troubler les eaux pures et comme les diables dans le conte de «Balda» percent de nouveau au grand jour. Et aussi, disons, en moyenne les femmes russes eprouvaient toute simplement un plaisir a vivre sous le communisme sovietique – il etait bien et facile d’enfanter sous le communisme sovietique, toutes leurs carrieres feministes ne tenaient que des intrigues d’alcove – or, au fond, que faut-il de plus a une femme dans la vie de tous les jours? Est-ce qu’on peut imaginer seulement une femme aussi divine ultrageniale soit-elle s’attaquer, au niveau sacral, dans ses pieces – d’une facon ou d’une autre - au fascisme du communisme sovietique. Dieu a d’emblee cree la Femme pour le bonheur, c’est pourquoi dans leurs poemes-prieres les femmes l’en remercient plus fort. Certes, on pourrait s’imaginer une
«dramaturgesse» genre «guerrier pinu», mais la ce serait deja une histoire artificiellement trans-sexuelle, obsenoabsurde, grossiere, vulgaire. C’est ce qu’on appelle – du grand au ridicule, il n’y qu’un pas a franchir.
S. Le fascisme n’est ni le communisme, ni le bolchevisme. Bien sur, le fascisme avait une manifesation vicieuse, neanmoins il fut le moins vicieux parmi les autres systemes diaboliques. Le fascisme italien n’avait pas cette destruction anthropologique absolue qu’avait le nazisme allemand. Sans doute, dans vos pieces le «mat» joue-t-il le role de facteur defensif vivant justement contre la destruction anthropologique.
V. Mais oui – d’autant que, dans l’art, le «mat» n’a sa raison d’etre que dans le contexte du sens supreme de l’oeuvre litteraire. Le «mat» non pas comme une fin en soi mais comme les circonstances objectives proposees – La Verite de la Vie – de laquelle et grace a laquelle on recherche une issue moralement juste – ou l’unique moyen de lutte ce sont, certes, les mots, les mots, les mots … et des mots differents mais qui doivent converger en un Unique Mot Juste et Sage de la Verite. A la fin de mes spectacles beaucoup de spectateurs pleurent tout simplement parce que le «mat» image et bien cible leur aura aide de prendre conscience de quelques verites humaines sacrees fondamentales. C’est un fait. Allez, essayer de faire pleurer au theatre un intellectuel contemporain adulte de la generation d’age moyen – maintenant que notre intellegentsia est totalement en proie a cette religion TV – a aduler ces droles petites idoles satiriques stomacaux d’Odessa et des peripheries. La petite idole – disons un denomme C. ou N.
– leur montre un doigt – et ils se marrent. Et, a demander a un spectateur ce que l’a faire rire tout a l’heure, il ne saura vous le dire… Et en France egalement, et partout en Occident, ces memes petites idoles d’Odessa ont envahi tous les ecrans TV. Or, «Cache-cache avec la mort» a pousse un grand maitre du theatre francais comme Bernard Sobel a investir un million et demi de dollars pour mettre en scene la trilogie russe: «Cerisaie» de Tchekhov, «Marie» de Babel et ma propre piece dans son theatre o combien prestigieux a Paris. Sobe a ensuite mis en Scene
«Cache-cache» en Allemagne et – une fois de plus – comme «Hamlet» shakespearien. Dans beaucoup de ses interviews, Sobel avoue que, pour lui, le niveau philosophique et metaphorique du «Mal du Monde par le Mal de la Russie» presente dans «Cache-cache» est a la hauteur de la toile epique d’Hamlet de Shakespeare. Iossif Brodski, lui aussi, ayant lu «Cache-cache» m’a dit que tout y est juste. Et, pour tout le moins – comme l’a note la presse francaise - le niveau de l’Absurde de la Vie de «Cache-cache», piece prophetique, «Songe Doree de l’Humanite» - dans ces termes, carrement – est autrement plus eleve que leur propre classiques mites a la Beckett. Bien sur, du point de vue du monde physique, tout cela est immodeste de ma part – pourtant, la
«Verite de l’Absurde», comme on l’appelle, aura perce au grand jour.
S. J’ai entendu dire que vous vous sentez tres proche de Chestov.
V. Oh oui, tres…
S. Qu’est-ce qui vous est proche chez Chestov?
V. Mais tout, litteralement. Lorsque je me mets a le lire – n’importe quelle oeuvre et de n’importe quelle page – j’ai la sensation de me retrouver dans la Vie Sage Eternelle du Grand Absurde Passionne du Coeur – la ou la Foi Sauve Tout.
S. L’air rarefie de haute montagne.
V. La sensation du Paradis. On commence a tout se Rappeler, Voir. Il me fascine simplement par la pure profondeur de la pensee de son coeur sage, bon, sans peur, croyant – un coeur qui n’a pas ete chasse du paradis. Un philosophe-poete. Un genie saint. Bien qu’il n’y ait eu un seul saint sur terre, pas encore. Je Crois tout ce qu’il preche. En fin de compte, il preche la Foi en Dieu, en Vie Eternelle, en Sainte Verite. Et quand c’est lui le preche, on y croit vraiment. Et cela donne envie d’ecrire des pieces pareilles.
S. Qui vous est le plus proche parmi les dramaturges russes du XX siecle?
V. Mais Tchekhov, bien entendu – le plus grand genie croyant ascetique.
S. Il est un peu pleurnicheur dans ses pieces.
V. Ca depend de la mise en scene. Tchekhov est un poete tres dur du theatre chaste de l’Absurde, qui a cree des pieces-metaphores de l’authentique Esperance humaine sincere.
S. De la musique.
V. Les grandes pieces c’est toujours de la musique – autant des symphonies.
S. Vous avez vu une bonne mise en scene de Tchekhov?
V. La «Cerisaie» chez Brook. Un metteur en scene «english» de haute precision. Qui touche en plein dans le mille. Avec une ame qui n’est pas totalement corrompue par cet art occidental «a moitie vide».
S. Et qui, d’entre les auteurs dramatiques occidentaux du XX siecle, vous parait le ou les plus forts?
V. Shakespeare. Ionesco, Beckett, Williams, Camus, Genet.
S. Et avec cela, vous les grondez encore…
V. Oh, mais c’est-la une critique purement artistique de ceux qui se sont «ranges parmi les grands» - dans la Loi de l’Absurde au nom de la Vraie Verite Unique.
S. Dans vos pieces vous travaillez avec des types marginaux. Dostoievski vous a-t-il beaucoup marque?
V. Kafka avoue quelque part que s’il avait pas lu en son temps «…… », Kafka en tant que tel n’aurait pas existe. C’est aussi mon cas, parfaitement. Du reste, je crois que ce que je fais, moi, c’est de focaliser en une meme personnalite l’esprit dostoieskien russe et, d’ailleurs, aussi mondial – ou, plutot, quand meme - mon propre esprit volokhovien – pour, ensuite, tenter d’en avoir raison au moyen du rire metaphorique gogolien, sans oublier ce mot de Pouchkine: «Aussi distant envers le Bien qu’envers le Mal». Bien que, certes, il y a beaucoup de facteurs qui m’ont influence. Jusqu’a l’age de 14 ans je fus eleve par ma grand-mere – Volokhova Anissia Ivanovna. Pendant ces annees pas faciles a vivre de l’ere brejnevienne, elle etait en meme temps a la tete d’une secte baptiste. D’ailleurs, toute une vie ne suffirait pas a enumerer tout ce qui m’a marque comme artiste. Haute Ecole Technologique, les villes de Toula et d’Alma-Ata, Schopenhauer, Nietzsche, Kafka, Pouchkine, Gogol, Jung, le Tolstoi a l’age mur – sans doute, le Monde n’est-il pas tel qu’on vient a la connaitre,   avec d’autres instruments de cognition le Monde lui aussi sera different. J’ai encore mon pere qui est Juif et partit en volontaire pour le front pendant la Seconde guerre mondiale, ma mere qui est Russe – une femme tres poetique qui connait des centaines de dictons. Mais aussi l’asile des fous a Moscou ou mes parents bien-aimes avaient decide de me placer pour tests apres mon premier theme libre a l’ecole… Une femme bien-aimee qui est Francaise, une fille adorable, Paris, le theatre, une gloire mondiale – que puis-je encore? Ah oui, j’ai failli de me noyer dans un troue dans la glace – un accident quand jaisait du ski au milieu du canal de Moscou. Un quart d’heure plus tard, des pecheurs ont apporte un vieux tronc d’arbre de huit metres de long et m’ont retire de l’eau. Une sensation de la vie vraie, «revigorante» s’il en est… J’ai parfois du mal a organiser une seule journee, et j’entreprends d’enseigner a l’Humanite toute entiere comment elle doit vivre Sa Vie Eternelle en Liberte et avec Foi.
S. Et c’est pour cette Humanite que vous ecrivez «Le calvaire de Tchikatilo»?
V. « Le calvaire de Tchikatilo» c’est le Theatre de Kairos par Essence.
S. Est-ce que vous pouvez expliquer ce que vous entendez par la?
V. Comme on sait, le terme de kairos dans le Nouveau Testament sert a designer la Veille des Grands Accomplissements lorsque meme ceux qui s’opposent a la Volonte Divine exercent le Droit Sacre de Decouverte de l’Infinie Verite et de la Beaute du Dieu de l’Univers.
Encore dans l’Ancien Testament, Dieu en tortionnaire consomme «eprouve» Job-l’humain par la
«Foi Seule» et Job, aneanti, Retrouve soi-meme dans la «Foi Seule» et alors il est Gratifie de l’Accord avec l’Absurde la Creation, du Monde.
Les temps et les hommes demanteles, demontes en Russie de notre siecle - et ce jusqu’au
«tchikatilisme» qui est l’ultime degre de decheance humaine - ne sont rien d’autre que l’ultime et lu plus terrible «Supplice», «Epreuve – par Dieu» - de la solidite de Son Image Humaine.
Dans «Le calvaire de Tchikatilo», sous la forme de Theatre-temple, je faiss une tentative de reconstituer un contenu transcendant, absurde – aussi bien «Epreuve-Supplice par Dieu» que
«Solution-Issue par la Catarsis» de ce gouffre diabolique vers le Kairos Cosmique de Decouverte de la Verite Signifiante – lorsque, d’une facon paradoxale, Metaphysique, la Verite la plus horrifiante devient aussi Etremement Salutaire.
Et, au fond, la Foi Seule demeure avec l’Homme … sur Terre – contenue dans l’Idee qui est le centre de l’Univers.
S. Croyons-y.

NB – Le traducteur a conserve pour l’essentiel l’orthographe, la ponctuation et le lexique de l’auteur, y compris certains neologismes – (Note du traducteur).


Paris, Sorbonne. 2000.

14)
Stanislav MERKOUCHOV
La levee des tabous linguistiques et thematiques dans l’;uvre de Mikhail Volokhov (la piece et le film “La Calvaire de Tchikatilo”).

L’analyse complexe de la piece de Mikhail Volokhov “La Calvaire de Tchikatilo” (1994, 2016) et du film homonyme cree par le dramaturge lui-meme (2005) comme deux textes qui se completent mutuellement, approche a la perception entiere des deux ;uvres comme un seul texte synthetique. Ici et la, dans une forme condensee, est transmis le contenu principal de l’;uvre de Mikhail Volokhov: tout ce qui est accompli d’une faCon ou d’une autre par qui que ce soit est toujours dirige vers la Verite contenue dans les valeurs eternelles communes a toute l’humanite et realise dans les notions telles que l’amour ou la beaute. C’est precisement dans les periodes du kairos comme moment de l’histoire extraordinaire, que le sacre et le vil, le peche servent un seul but superieur mentionne ci-dessus.

Ainsi, le probleme cardinal de recherche de la verite et les problemes adjacents, celui de la comprehension de la morale et de la delimitation du bon et du mal, sont resolus a plusieurs niveaux, lies a la levee des deux interdictions: celle de l’usage de la langue dans toute diversite de ses formes et celle de la deliberation des themes tres importants pour l’humanite mais souvent passes sous silence.

Texte franCais: Nikita Krougly-Encke
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15)
§3. Mikhail Volokhov: tabou et absurde
Stanislav MERKOUCHOV


D’apres l’opinion de Sergei Tchouprinine, “l’histoire de la litterature peut etre lue aussi comme l’histoire des transgressions creatrices, d’une mise sous tabou des couches lexiques, des themes, des problemes et des sujets, non admis par la censure et l’opinion sociale a la deliberation publique” (Tchouprinine 2007: 535). Cette opinion a ete exprimee par le critique et historien litteraire sus-mentionne dans les annees 2000, quand il semblait qu’il ne restait aucun tabou dans l’art, car il n’y avait plus de censure. “L’enlevement des tabous” devint alors “un des procedes techniques litteraires largement repandus” (Tchouprinine 2007: 535). Aujourd’hui, la situation des tabous ouverts a change ce qui affirme le retour d’une nouvelle variante particuliere de surveillance culturelle, par exemple, la fameuse loi sur l’emploi du vocabulaire obscene dans l’art. Neanmoins, il m'est avis que dans les annees 2000, certains et peut-etre les plus importants des tabous ont ete preserves, neanmoins sous une forme voilee, ce qui temoigne comme d’habitude, d’une influence elevee de tels tabous latents sur la conscience des masses. Tout d’abord, ce sont des tabous qui existaient depuis l’aube des temps et qui prennent actuellement le plus souvent des configurations impliquees. Ces tabous a la capacite des gens ayant la reflexion critique et l’expression libre de leurs opinions, viennent exactement des interdictions linguistiques. Des limitations primaires, y compris des tabous, etaient liees aux interdictions a la profession de tels ou tels mots designant des notions sacrees ou religieuses, en particulier l’interdiction de la prononciation du nom de Dieu (“Tetragrammaton”) conservee jusqu’a nos jours dans le judaisme, cf. (Leitman, 2019).
 
Don Quichotte parle du “siecle de COme”, caracterise par l’absence de toute division, la division “du mien et du tien” en particulier (cf. Cervantes 2018), en reconstruisant l’ancienne connaissance de la periode prehistorique quand l’homme vivait en harmonie avec ses instincts. Alors que les tabous contre-nature n’etaient pas encore inventes, bien qu’ils temoignaient bien sUr des etapes determinees d’une socialisation, mais ils actualisaient deja un degre determine de manque de liberte, dont la sensation engendrait le premier sentiment de l’absurde en vertu de l’apport des illusions humaines dans le monde d’harmonie naturelle. Mais la comprehension de l’absurde preche en meme temps la liberation dans le sens le plus large, et la liberation des tabous en premier lieu.

En proclamant la delivrance des tabous dans la litterature, les auteurs absurdistes en meme temps ne faisaient aucune declaration du tout-permis, mais au contraire, comme on l’a deja vu, la variante textuelle de l’absurde classique prise souvent comme fondement par les auteurs Russes contemporains, presuppose un grand travail sur la forme, exprimee avant tout par la structure rigide du texte. En ce qui concerne le contenu, il obei aux lois qui s’appliquent et qui sont determines precisement par ce reglage de correction formelle. Quels sont exactement les tabous qui sont violes dans ce cas?

Le dramaturge Mikhail Volokhov est positionne par les critiques comme un rebelle et un provocateur, par les chercheurs, comme un representant du theatre franco-russe de l’absurde. Mais en repondant aux questions legitimes sur son identite d’ecrivain par rapport au territoire geographique, il se perCoit comme un auteur d’une “mentalite russe”, et il habite depuis 1996 principalement en Russie. “Je ne peux pas ecrire des pieces d’apres la mentalite franCaise. De toute maniere, ce n’est pas mon element natal. Je ne peux ecrire qu’a partir de la mentalite russe. Et a travers les problemes russes” (Bukker, 2016, source numerique). Dans son article “Un Dialogue avec l’absurde. Les notes sur la
dramaturgie de Mikhail Volokhov”, la critique litteraire Lidia Miesowska en se referant aux plusieurs opinions competentes sur la dramaturgie de Mikhail Volokhov, comprenant les jugements de Anatoli Zotov, Youliou Edlis, O. Chmidt, Andrei Jitinkine, Edouard Boiakov, offre sa propre definition du trait litteraire specifique de ses pieces: “Dans les pieces du dramaturge l’on peut trouver des allusions sur les textes, les traites philosophiques d’Eschile, Sophocle, Shakespear, Racine, Corneille, Camus, Sartre, Genet, Chestov, Dostoevsky, Gogol, Boulgakov, L. Tolstoi, Kjerkegaard, Heidegger, Nitzsche et Tertullien. La citation Credo quia absurdum (Je crois car cela est absurde) dont l’auteur est precisement Tertullien, apologiste du premier christianisme, decrit de la meilleur faCon la conception du monde de Mikhail Volokhov” (Mi;sowska, 2016: 633). A notre avis, a part tout ce qui a ete dis, Mikhail Volokhov est un destructeur methodique des tabous, tout comme dans la litterature, aussi par consequent dans le conscient humain.

L’aspect le plus frequent se trouvant a la base d’une negation superficielle, de rejet de l’;uvre litteraire de Mikhail Volokhov ou de polemique avec elle, a toujours etait lie a l’exces du lexique mis sous tabou dans ses pieces. Toutes les questions liees a ce sujet ont ete coupees par le dramaturge par sa reponse que le mat (vocabulaire obscene) dans ses pieces n’etait pas un but en soi: “C’est un vocabulaire des personnages. (…) Si pendant la guerre le soldat Russe utilisait le mat, il portait de toute faCon un message sacre de defense de son pays natal, sa patrie. Ici il n’y a aucune vulgarite… autrement, ce n’est pas le mat qui est honteux, mais le fait qu’il decouvre l’inconsistance humaine” (Bukker, 2016, source numerique). Dans la 2e partie du fragment de l’interview mis par nous en italique, se decouvre le sens de la specificite de l’utilisation fonctionnelle des mots et des expressions obscenes comme source de ritualisation de telle ou telle sphere du texte, qui nous renvoie a la premiere destination d’un tel lexique. En ce rapport, on citera l’avis de Boris Ouspensky sur l’aspect originel archetype du mat expliquant son abondance dans les
pieces de Mikhail Volokhov: “Le mat avait une fonction cultuelle clairement exprimee dans le paganisme slave, […] etant largement represente dans des rituels d’origine ouvertement paiens - matrimoniaux, agricoles, etc., c’est a dire des rituels lies d’une faCon ou d’une autre a la fertilite: le vocabulaire obscene est une composante necessaire des rituels de ce genre et porte certainement un caractere rituel” (cf. Ouspensky, 1981: 49-53). Mikhail Volokhov affirme l’absence dans ses pieces d’origine profane du mat inconsciemment employe comme contrepoids du sacre. En outre, dans l’edition actuellement la plus complete des ;uvres du dramaturge - “Velikij Uteshitel’” (“Le Grand consolateur”), 2016 (cf. Volokhov, 2016), toute ses pieces, y compris “Un Cache-cache avec la mort”, qui est la plus connue des lecteurs et particulierement demonstrative par rapport a son aspect lexical, sont retravaillees en ce qui concerne le replacement complet des mots obscenes, mais non par des euphemismes, ce qui pourrait produire un effet contraire en privant ces pieces de leurs sincerite caracteristique et au contraire en les vulgarisant, mais par des lexemes se trouvant encore plus en relief par comparaison au lexemes obscenes (on va y revenir). En tout cas, le lexique obscene
- on proposera cette definition comme comprenant le sens de presence non seulement de mat, mais de tout lexique qui refuse de se soumettre a le censure - cela, d’apres le dramaturge, “est une radio de l’esprit. L’ozone de la parole. C’est un langage sacre, supragenial qui renforce l’art, si il y en a, en le balayant au zero si c’est un art des rois nus”. [Volokhov, 2006, source numerique] En effet, ce n’est pas par hasard qu’avant le debut des premieres mises en scene russes de la piece “Un Cache-cache avec la mort”, son metteur en scene Andrei Jitinkine avertissait le publique que l’auteur utilisait le mat, mais que celui-ci n’etait pas un langage des comediens mais celui des personnages, et qu’il fallait le “supporter” pendant 8 a 10 minutes pour etre ensuite entraIne par l’histoire des heros (cf. Volokhov, Mikhail. “Igra v zhmuriki” mise en scene d’Andrei Jitinkine, 1996, https://www.youtube.com/ watch?v=_AsFHUoAoFw ).
 
Apres avoir franchi la premiere barriere liee au mat, au premier lieu, le lecteur, d’une faCon paradoxale, se trouve au sein de la langue russe vivante et vivace, dont les “supremes” et les “infinies” - on empruntera ces termes aux mathematiciens - sont transformes par Mikhail Volokhov, grace a quoi tombent toutes le frontieres thematiques - le dramaturge man;uvre de ces themes apparemment peu profondes aux themes globales voire metaphysiques, et en somme, s’approche a la representation monumentale du “ chaos mondial du debut  du  21 e siecle” (Razlogov, 2016, source numerique). Il s’agit non seulement et non tant de la piece “Un Cache-cache avec la mort”, qui contient un element fort de critique du systeme totalitaire sovietique, bien que deja debouchant au niveau global de l’analyse philosophique de la causalite et la “genetique” de tout systeme totalitaire. On parle maintenant de toutes les 18 ;uvres de Mikhail Volokhov, qui se distinguent par la position des problemes universels actuels pour toute l’humanite et a toutes les epoques, et qui se presentes a travers des realisations archetypes. Les problemes de l’individu se deplacent dans les macrospheres, les spheres metaphysiques correlatives a la decouverte de l’absurde en tant qu’origine unificatrice. “…L’absurde, c’est le sens de la vie et la construction de toute forme et tout contenu en elle”, - estime Mikhail Volokhov (Un Dialogue…, 2016: 558). La naissance de la forme et du contenu passe par le biais de la creation de l’Image (avec la majuscule, d’apres Mikhail Volokhov), et “l’Image, c’est toujours l’entier, et dans l’Essence de l’Entier se trouve l’Absurde” (ibid.).

L’avant-garde de la litterature a laquelle d’une faCon ou d’une autre appartient toujours l’;uvre de Mikhail Volokhov repond toujours au changements des processus culturels et civilisatoires, ce qui amene l’apparition de quelque chose de nouveau, d’extraordinaire, et cela suppose a son tour un repli du desuet, habituel le plus souvent lie a la demolition des barrieres et l’inobservation des tabous. Cela meme determine le mouvement avant-gardiste au devant, un “appel du feu sur soi” original.
 
L’ecartement des tabous execute par Mikhail Volokhov a l’aide des moyens artistiques bien determines et des procedes lies a l’avant- garde, la litterature de l’absurde, et realise au moins dans deux directions, linguistique et thematique. Mais quelles sont les objectifs de l’ecartement des tabous?

Laissez-nous nous tourner a la piece “La Capitale de Tchikatilo”. Mikhail Volokhov commenCa son ecriture en 1994, l’annee de l’execution du serial killer Andrei Tchikatilo, et elle est sortie au milieu des annees 90, quand ont ete faites ses premieres mise-en-scenes a Moscou et a Paris, cf. (Filatova, 2016: 601). Mikhail Volokhov continuait a travailler sur cette piece apres sa premiere publication, ce qui est exprime dans ses variantes, la derniere desquelles est datee par 2016. Au debut des annees 2000, avec la montee de l’interet porte au dramaturge, se renouvelent les realisations des spectacles sur “La Capitale de Tchikatilo”, encore une fois mise en scene par Andrei Jitinkine. La premiere du film homonyme participant du 27e Festival de cinema de Moscou, dont le dramaturge fut lui meme l’auteur, cameraman et le seul comedien, eut lieu en 2005 en Russie et a l’etranger. En meme temps, il devient accessible a l’amateur du cinema. Il semble que l’analyse complexe de la piece et du film en tant que deux textes qui se completent nous permet l’approche de la perception entiere des deux ;uvres de Mikhail Volokhov en tant qu’un seul texte synthetique. Tout de meme, devrait-on remarquer qu’on ne se propose comme but la consideration de tous ses cOtes, ce qui ferait immense cette division de la dissertation, mais on se concentrera sur le aspects de sa forme et son contenu (y compris ceux qui concernent l’ecartement des tabous), qu’on developpera ci- dessous, tout en marquant des eventuelles directions de l’analyse ulterieure. On se basera en meme temps sur la derniere redaction du texte publiee dans le recueil “Le Grand consolateur” (ou sont marques les annees et les lieus de l’ecriture: Paris, 1994 et Moscou, 2016). Cette meme redaction est affichee sur le site officiel de Mikhail Volokhov http://volokhov.ru/site/?page_id=6 . On ne s’adressera pas a la mise-en-scene mentionnee ci-dessus
puisqu’elle merite une analyse speciale, qu’elle soit comparative ou non, car presentant une interpretation tres libre de la piece par le scenariste et metteur-en-scene Andrei Jitinkine (cf. Volokhov, Mikhail, “Vyshka Chikatilo” (“La Capitale de Tchikatilo”). Metteur-en-scene Andrei Jitinkine, acteur Daniil Strakhov https:// www.youtube.com/watch?v=ObO0zj3vjH0 ), considerablement modifiee dans son interpretation et transformee en une nouvelle ;uvre du point de vue de la structure du texte et de l’interpretation du personnage.

Au propre, la piece “La Capitale de Tchikatilo” presente un monologue sur 20 pages d’un personnage qui attend son execution capitale dont le prototype fut le celebre maniaque. Tout d’abord, l’attention est attiree par les paroles initiales de la piece, qui sont mises en epigraphe dans le film, mais qui ne sont pas ainsi marquees dans le texte de la piece, bien qu’elles sont ecrites comme approche verbale au monologue de Tchikatilo. Laissez- nous les citer.

En meme temps que la vie reste
toujours eternelle d’une faCon inconcevable, des espoirs et des savoirs humains
se replient sur l’amour des nes semblables a eux-memes.

Mais de vrais connaissances correlees a l’eternite,
ayant comme but de vaincre la mort humaine et de munir l’homme des possibilites d’ordonner l’Univers a sa guise,
ne sont procurees, tout comme dans des siecles passes, que sur le sommet des actions sanguinaires et barbares sur les corps et les ames
de ces semblables mortels bien aimes…
 
(Volokhov, 2016: 411)

Ces paroles contiennent dans une forme concentree le message principal et les problemes clefs de cette ;uvre. Les problemes cardinaux, tels que celui de la verite et celles qui y sont lies, celui de la morale et de la division entre le bon et le mal, sont resolus aux plusieurs niveaux.

Dans son essai stylise a base d’un entretien avec Nikita Struve “Le Theatre du Kairos par essence”, qu’on pourrait percevoir comme une sorte de manifeste du dramaturge, Mikhail Volokhov formule son propre credo esthetique et sa comprehension du theatre moderne et de son rOle social et artistique, il y a une phrase importante qui eclaircit beaucoup de choses dans la piece en consideration. “Dans le Nouveau Testament, le terme de kairos est applique aux veilles des Grandes Realisations, quand les ennemis de la volonte divine meme remplissent le Droit fatidique de la Decouverte de la Verite infinie et de la Beaute de Dieu de l’Univers” (Un Dialogue…, 2016: 567). Le passage cite ci-dessus est en correlation avec ces paroles, est c’est la ou dans une forme serree est transmise l’essence de la piece: tout ce qui est accomplit par qui que ce soit d’une faCon quelconque est toujours dirige vers la verite contenue dans les valeurs eternelles qui sont communes a toute l’humanite et qui sont realisees dans les notions telles que l’amour et la beaute. Sans doute, comme on le verra ulterieurement, de telles affirmations deduites du texte de la piece, sont raisonnablement paradoxales, mais cet aspect paradoxal est present dans les sentences importantes immortalisees dans les livres sacres de l’humanite, bien qu’il est admis soit de les priver d’attention, soit de les traiter des points de vue commodes aux situations differentes, soit de les placer dans des contextes appropries en les arrachant des contextes veritables tout en prolongeant les tabous sur les enonciations apparemment eliminees, mais en verite conservees. C’est exactement dans ces periodes du kairos comme moments essentiels de l’histoire que le
sacre, comme le profane, et le peche servent le but supreme en question.

Les tabous sur les enonciations implantent, approfondissent et incarnent des sens factices avec l’ideologie materialiste et non- spirituelle qui les accompagne. C'est precisement ces tabous-la que combat Mikhail Volokhov: “Dans “La Capitale de Tchikatilo” par le moyen du theatre temple est accomplit la tentative de regeneration du contenu transcendent, absurde, comme des tortures verificatives de Dieu, ainsi du permis de sortie purificatoire par la penitence de cet abime diabolique dans le kairos cosmique de la decouverte de la Verite pleine de sens, lorsque la plus terrible Verite devient curative et vivifiante d’une faCon paradoxale et metaphysique” (Un Dialogue…, 2016: 568). L’Apocalypse de Saint-Jean contient de multiples exemples: “Voici, je ferai que de l’attroupement satanique, de ceux qui disent qu’ils sont Juifs, mais qui ne le sont pas, mas ils mentent, voici, je ferai qu’ils viendront et t’adoreront a tes pieds et ils sauront que je t’ai aime”. (Apocal. 3:9); “Et quand j’ai enleve le deuxieme sceau, j’ai entendu le deuxieme animal qui disait: va et regarde. Et est sorti le deuxieme cheval, un alezan; et a celui qui etait a cheval est donne de prendre la paix de la terre, et qu’ils tuent les uns les autres; est lui a ete donne une grande epee” (Apocal., 6: 4); “et je regardai, et voici un cheval pale, et sur lui un chevalier a qui le nom est “la mort”; et l’enfer le suivait; et lui est donnee une puissance sur un quart de la terre, celle de mortifier par l’epee et la famine, et la peste, et les animaux terrestres” (Apocal., 6:8).

Mais revenons a la piece. Plus loin, apres le paragraphe parlant du poete Boris Pasternak, dans cette redaction en question, suivent deux phrases qui sont absentes du film: “Il n’y a pas de Morale, mais il y a la Verite sur la terre. Le vide est elimine et les paroles sont brUlees dans l’Eternite…” (Volokhov, 2016: 411), et apres la citation du vers “Je vous aimais. L’amour n’est peut-etre pas encore…” (Pouchkine, 1985: 454), il y a un passage du “Boris Godounov”, dont les personnages seront plusieurs fois evoques
dans la piece: “En ecoutant indifferemment   le   bon   et   le mal” (Volokhov, 2016: 411) est aussi prononce dans le film. Comme base du futur scenario du film Mikhail Volokhov s’est apparemment servi d’une premiere redaction de la piece (cf. Volokhov, 1997), creee par l’auteur encore avant le manifeste eventuel (“Le theatre du Kairos par essence”), le contenu duquel est correlatif a la phrase sur la morale, et la deuxieme phrase p r e s e n t e u n e a u t o c i t a t i o n d e l a p i ec e “ L e G r a n d Consolateur” (1993-2016) (cf. Volokhov, 2016: 58), dont la source se trouve sans doute dans la citation de la celebre tragedie d’Alexandre Pouchkine. Faut-il remarquer que les pieces de Mikhail Volokhov dans une grande ou moindre mesure communiquent entre elles. Ainsi, la piece en question se trouve en dialogue non seulement avec “Le Grand Consolateur”, avec laquelle elle a le plus grand nombre de points communs concernant les citations et les allusions patentes et latentes, mais aussi concernant le genre etc., avec le monodrame “Loudmila Gourtchenko est vivante” (2012), ou est mis en relief un reel personnage; avec “Un Cache-cache avec la mort” (1987), qui a son tour correspond a “Un Putain de safari a Roublevka” (2006) etc. “Un Cache-cache avec la mort” et “Un Putain de safari a Roublevka” sont en action artistique reciproque du point de vue des themes, des types et des problemes souleves. La premiere presente un dialogue long et ereintant des deux ex-bourreaux du KGB actuellement travaillant dans une morgue. Dans la deuxieme, l’action se tourne egalement autour des deux personnages principaux, representant de l’oligarchie de gaz et petroliere qui etaient dans les annees 90 des tueurs a gage et auxquels se joignent par la suite encore deux personnages. La liquidation des frontieres entre le bon et le mal, en fait l’immoralite dans les pieces de Mikhail Volokhov se presente comme une fixation de l’eternelle reception mondiale des categories en question. Cette reception qui est la meme se caracterise par une deabsolutisation de ces categories ce qui est souligne par un marquage specifique des lexemes: Le “Bon” et le “Mal” se trouvent au meme niveau,
malgre le fait qu’il est hautement accentue, ils sont egaux sur le plan mental et spirituel (“indifferent” - “mentalement egal”).

Le film “La Capitale de Tchikatilo” est tourne d’un seul plan, en continu, avec une seule camera enregistrant l’auteur- personnage qui rampe vers elle en prononCant le texte de la piece (cf. “La Capitale de Tchikatilo”, film de Mikhail Volokhov http:// www.youtube.com/watch?v=svYWn0VoWjQ ). Le spectateur a une impression que Volokhov-Tchikatilo s’avance vers / sur le texte, et le texte meme s’adresse immediatement a celui-ci. Visuellement c’est l’effet de la “Chanson sur soi” de Walt Whitman, bien qu’ici la definition du but est differente. Dans une forme cruelle et impitoyable, Mikhail Volokhov tend a evoquer chez le spectateur une sensation de parente avec l’assassin et il le fait avec insistance jusqu’a la naissance du sentiment d’autoidentification avec l’auteur-personnage. Cela est aggrave par le fait que le mat est preserve dans le film, a la difference de la derniere redaction de la piece, pourtant son emploi dans le film, tout comme dans les premieres redactions de la piece, est perCu d’une faCon tres abstraite, en particulier l’incantation magique par Tchikatilo de ses actions. Le texte principal de la piece est reproduit d’une faCon assez litterale, bien qu’il presente un element d’improvisation inherent a l’art transgressif avec son aspiration a transgresser des normes et des objectifs quotidiens et a inspirer des impulsions analogiques chez le recipient.

En ouvrant dans le film l’espace carceral, tout en le transformant dans un paysage d’hiver, Mikhail Volokhov agrandit cet espace a l’echelle du monde postapocalyptique. La foret en hiver, c’est la conscience humaine desuete et l’inconscient, et le symbol elargi du trenscendent, et la place ou Tchikatilo sevissait contre ses victimes. La prison et la cellule du condamne a la mort dans la piece, c’est aussi une metaphore qui reCoit des interpretations diverses - des plus evidentes ayant des aspects foncierement sociaux (la prison comme metaphore de la societe, des relations sociales) jusqu’aux aspects existentiels en raccourci
desquels la prison est perCue comme une metaphore developpee de l’existence humaine qui s’est enferme dans des limites conventionnels diverses, dans laquelle il s’enfonce, puis il essaie de s’en affranchir au cours de toute sa vie terrestre. D’une faCon ou d’une autre l’homme demeure toujours dans un etat limitrophe, en face de la mort parce que la vie dans un corps physique concret se termine avec la mort, et toujours d’une faCon inattendue, c’est a dire, en fin de compte, la perception humaine de la vie revient a la perception de soi-meme d’une faCon consciente ou inconsciente quand l’homme se trouve dans la cellule du condamne a la mort. Une quantite d’exemples se trouvant dans la piece contiennent des reflexions metaphysiques et philosophiques, nous y reviendrons, nous donnent la raison a de pareils jugements. Il faudrait remarquer la relativite et la totalite conceptuelles de la notion de la prison attirees dans la piece par le biais d’un contexte anecdotique: “Comme Ca fait chier, cet appel anecdotique a la taule: “Tchikatilo est la?” - “Oui, je suis la, ce Tchikatilo”. - Et le maton: “Ou tu peux disparaItre, putain?” - Et moi: “Et toi, ou tu peux disparaItre, espece de bureautique spermatique - deux grosses boules et un petit stick?” (Volokhov, 2016: 413). La prison, c’est l’Univers et l’Antiunivers. D’une faCon generale, faut-il parler de la sous- culture largement presente dans la piece, de son champ folklorique qui inclut a cOte des blagues, des proverbes et des dictons, des couplets tchastouchki, des images des contes, etc.

Mikhail Volokhov fit de la figure frappee de tabou d’Andrei Tchikatilo le seul et principal heros de sa piece, en relevant en elle plusieurs niveaux implicites dont on pourrait marquer “poete”, “createur”, “prophete”, “dieu”, et le plus evident d’entre eux, “toute l’humanite”. Des le debut, Mikhail Volokhov donne a la piece un vecteur poetique: Tchikatilo cite Alexandre Pouchkine, Mikhail Lermontov, raisonne du haut de son beffroi pusillanime de Boris Pasternak. Dans une certaine mesure, bien sUr, le personnage se compare aux poetes, aux createurs en general, en citant un extrait du “Prophete” d’Alexandre Pouchkine. Le poete est appele par Dieu seulement pour “brUler du feu les c;urs des hommes”, en
meme temps que Tchikatilo cree de la poesie avec un “canif util”, en devenant egal non seulement au poete, mais Dieu lui-meme dans son hypostase chatiante vieille testamentaire. Autre chose qu’a travers l’assassinat des enfants, le personnage maniaque chatie l’humanite en montrant que cette humanite est peu differente du maniaque lui-meme. D’un cOte, il prend l’obligation de montrer d’une faCon extreme la face veritable de l’humanite, qui cree et prend soin des tyrans, de l’autre cOte, il s’efforce a eliminer le semblable par le semblable, comme dans le bouddhisme, l’extraction d’une aiguille par une autre. Le sens du poeme qui ouvre la piece et ferme le film, “Je vous aimais, l’amour n’est peut- etre pas encore…”, en vue d’une telle position de question est reconstruit conformement au dessein de Mikhail Volokhov. La declamation des stances d’Alexandre Pouchkine par le personnage du dramaturge est modelee dans un autre contexte, esquisse ci- dessus etant donne que le genre humain devient l’adresse d’un amour qui s’eteint, que Tchikatilo apparemment ne peut pas aimer si l’on juge d’apres ses actes, mais le paradoxe de la situation est qu’il aimait et qu’il aime encore d’ou il commet des forfaits contre l’humanite. Tchikatilo est exactement l’image de toute l’humanite, qui parait a ses yeux “tyran” et “bienfaiteur”.

La double morale absurde de la societe permet aux uns a aneantir des millions, en positionnant les destructeurs comme des heros et en faisant des autres des boucs emissaires. Ici l’idee de Mikhail Volokhov touche la reception des pareils problemes par le cineaste Alexei Balabanov, en particulier celle qui est realisee dans son film “La Charge 200” (2007). Evidemment, Mikhail Volokhov n’essaie pas de justifier ni les uns ni les autres, mais il propose a oser regarder tout a travers un autre prisme, et en changeant le systeme des coordonnes a essayer de comprendre la nature de la violence. Mikhail Volokhov detruit le tabou de la multiplicite de perception, la pluralite des points de vue qui en fin de compte rapprocheront le lecteur a l’unique Verite.
 
Mikhail Volokhov transforme d’une faCon extraordinaire l’idee de Fiodor Dostoievski du salut par la souffrance. Tchikatilo se presente comme l’executeur de la volonte de la nature et de l’Univers - l’assassinat des enfants devient un relachement des ames innocentes au paradis - ici se renferme le paradigme “Tchikatilo - poete - createur - Dieu”: “Apres, si vous etes un merveilleux poete de l’Esprit Universel, vous sentirez, vous comprendrez, qu’on ne peut et il ne faut vivre dans ce monde qu’une dizaine d’annees. Et si vous etes un genie du plus pur alliage et le meilleur ami de la Nature Cosmique, et en avez vecu la quarantaine - alors la Nature meme vous appellera a l’aider a briller en cueillant les enfants, ces fleurs qui n’ont que dix ans, en relachant leurs ames innocentes a la liberte paradisiaque et en attendant un bebe aux cheveux gris qui nous sauvera un jour en nous ecrasant. Le Christ est en verite ressuscite, ce qu’il faut comprendre” (Volokhov, 2016: 420). Le fragment qui est cite est tres significatif par rapport a la question comment par langue au large sens du terme s’accompli la liberation comme l’emprisonnement. Mikhail Volokhov parvient au but resultant particulier de ses pieces qui consiste en decouverte par le lecteur des nouvelles facettes ontologiques. Primo, a travers la langue, le dramaturge ouvre le trait specifique dialectique de ces pieces. Dans le drame analyse, ainsi que dans les autres, l’approche de l’expression d’une ambiguite ontologique par le biais de reunion en un seul mot occasionnel compose des parties lexiques composantes aux sens qui s’excluent ou qui au contraire se completent mutuellement - comme ici, “on peut - on doit”, “sacrement - genialement”, “gens - freres”, “petits-fis, petites-filles
- bebes”, etc. - dans d’autres cas, d’une possible variation des
lexemes aux sens diametralement differents, comme p.e. “par amour aimant et assassin”. Cet aspect apporte une action emotive par une demeure perpetuee dans un contexte satyrico-ironique qui est cree par une narration menee jusqu’a l’absurde et qui litteralement epuise le lecteur meme avec un usage des mots normatifs caracterisant la redaction en consideration. Il faudrait cite un fragment significatif: “Ce sont pas quand meme des milliers
de petits cheris a une cinquantaine de putain de poupons tues par moi-meme. Je suis pas un Boris Godounov, ce sont pas des tsarevitchs que j’ai enleve au trOne russe. Pas un Ivan le Terrible de putain d’Opritchina. Pas un Josef de putain Staline, sorte d’animateur avec sa saillie bouffonne que les gonzesses vont en faire d’autres… Partout et toujours en tout, un seul probleme de Pouvoir Dur en Russie” (ibid.: 414). L’usage des agrammatismes, des neologismes d’auteur (“bebeches”, “sanglisants”, “sovietesques”, etc.), des inversions syntactiques constantes - tout cela est transforme par Mikhail Volokhov en ses propres procedes individuels. Dans le cas de Mikhail Volokhov un tel principe est utilise par rapport au lexique avec une connotation metaphysique; l’on peut noter le meme principe dans le “manifeste”. Tous les concepts “limites” sont ecrits par l’auteur avec des majuscules (“Vie”, “Mort”, “Verite”, “Esprit”, “Monde”) a l’encontre des definitions transitoires selon l’idee de l’auteur (p.e., “l’amerique”, comme le signe symbolique conventionnel du vice et de l’absence de spiritualite) ecrites avec des minuscules. De la meme maniere, se trouve l’etymologie personnelle de Mikhail Volokhov, comme l’association du nom de Lenine avec le mot len’ (“paresse”), comme une association de l’absence d’initiative, la passivite, la contemplation populaire - seul gouverneur execute des sentences, et le peuple se tait en contemplant. Enfin, Mikhail Volokhov accourt souvent a une analogie, sa propre variante des lignes c l assiques rythmees shakespeariennes, homeriques, pouchkiniennes, etc., qui remontent aux sources folkloriques: “N’a-t-on n’a pas etudie un roi qui s’autorisait a lui seul de philosopher, et de donner de son propre chef en se moquant aux airs de grand seigneur la vie a Dostoievski le prophete? Contre ce tournis de l’aiguille d’un horloge ne murmurez-vous pas en foule? Et Tolstoi, qui l’a-t-il chasse de l’eglise a cause  du Pouvoir?” (ibid.: 416).

En fin de compte tout commence par la Langue. Les interdictions sur l’usage de la langue engendrent toutes les autres interdictions. C’est pourquoi Mikhail Volokhov au fond met un
signe d’egalite entre les lexemes “verbe” et “couteau” en creant un “Seul Langage Sacral de Narration”: “…La Langue est l’Esprit,’os convoite par l’ennemi (…) l’unique arme de la lutte sont, bien sUr, les paroles, les paroles, les paroles… et divers, mais qui doivent conjoindre en une Seule Sage et Juste Parole de Verite” (Un Dialogue…, 2016: 565). A la parole revient l’essence primordiale: “Au debut etait la Parole, et la Parole etait chez Dieu, et la Parole etait Dieu” (Jean, 1: 1).

“La langue est sincere - rien au monde n’est plus sincere que la langue - presume l’auteur, - nous mentons toujours, mais nous justifions ce mensonge dans le bon sens en le transformant en verite… a travers le mat” (Un Dialogue…, 2016: 563, 562). Le mat est une manifestation supreme de l’Etre; le mat est impartial comme une vraie verite, qui blesse toujours l’;il et l’oreille, c’est une forme la plus denudee de communication humaine, cette mere- verite. Pourtant, le mat tend a une autodestruction… En resolvant la situation par le mat, peut-on l’enlever apres”, - disait Mikhail Volokhov encore au debut des annees 2000 dans son manifeste (ibid.: 563). Faut-il dire que le recueil des drames de Mikhail Volokhov “Le Grand Consolateur” sorti en 2016 auquel nous nous orientons est presque completement libere du mat, et non seulement. Plusieurs premieres pieces sont remaniees dans la derniere a ce jour variante a l’instar des tragedies grecques qui se terminent par la mort de tous les personnages ou au moins des plus importants d’entre eux (“Un Cache-cache avec la mort”, “Le Grand Consolateur”, etc.).

Le personnage de Tchikatilo, en comparaison avec le concept de Leonid Andreiev ou bien Jorge Luis Borges sur la trahison de Judas, souligne que la peine capitale, la “capitale”, lui est predestinee du point de vue de l’echelle cosmique, son vrai jugement dernier, aussi bien que celui de l’humanite toute entiere, l’attend au-dela du monde visible, d’autant plus que dans cette conception, tout comme Judas, il devient egal au Christ, mais au signe oppose. Initialement, Judas avait pleine conscience de la
gravite du peche qu’il prenait, mais comprenait inconsciemment que sans son action le Fils de Dieu n’aurait pas pu accomplir sa mission: “(…) il etait necessaire qu’en guise de reponse a un tel sacrifice, un homme representant tous les hommes, accomplisse un sacrifice adequat. Cet homme fut Judas l’Iscariot. Judas, le seul des apOtres, a devine la divinite mysterieuse et le but terrifiant de Jesus” (Borges, 1989: 118), mais aussi “- Eh bien, Judas l’intelligent! Dis-nous, qui sera le premier aupres de Jesus - lui ou moi? Mais Judas se taisait en respirant peniblement, et interrogeait avidement de ses yeux les yeux bleus et calmes de Jesus (…) Jesus baissa lentement son regard. Et en se frappant doucement a la poitrine d’un doigt osseux, d’une faCon solennelle et severe
l’Iscariot dit: - Moi! Moi, je serai aupres de Jesus!1 (Andreiev,
1991: 27). En cela consiste le sens supreme de la notion du kairos du Nouveau Testament et en particulier le sens de l’existence de Tchikatilo sur la terre, sa “capitale’, de la realisation de l’objectif superieur qui lui est pose par les forces superieures. La se trouve le paradoxe de l’existence, le sens superieur de l’absurde de l’existence d’apres Mikhail Volokhov. Cependant, de tels sens sont inabordables et incomprehensibles au conscient commun, puisque ceux qui accumulent les spheres d’influence et les ressources de l’influence de manipulation massive, accentuent leur attention sur les autres cOtes de la vie et de l’existence moins importants, avec cela en mettant sous tabou d'une faCon latente la recherche des reponses aux questions existentielles principales. D’une faCon ou d’une autre, l’humanite tend a s’affranchir du veritable, de l’authentique, de ce qui retourne a la vraie nature. L’absurde, a travers la violation des tabous artificiels qui de fait desunissent les
1 Dans leur dernier roman “Accables par le mal”, Arkadi et Boris Strougatsky vont plus loin que leurs contemporains. Judas se presente ici comme un oligophrene traque, pourtant un homme profondement aimant le Sauveur, auquel Jesus meme donne le precepte de ce qu’il doit faire: “Le Rabbi parlait longuement, lentement, avec patience, en repetant toujours le meme encore et encore: ou doit-il maintenant aller, a qui demander et ce qu’il faut raconter quand on le mettra devant l’interroge, et que faire ensuite. (…) Tout se passait exactement ainsi comme l’a predit le Rabbi: qu’on le louera et recompensera de l’argent, - et voila qu’il amene deja des gardes (…) Tout, comme le Rabbi l’a predit, et le malheur est toujours plus pres, et l’on ne peut rien faire parse que tout va comme l’a predit le Rabbi, c’est a dire, justement. (Strougatsky, 2019: 179-180).
 
gens, deviennent veritablement chez Mikhail Volokhov une “metaphore de la vie globale et reunifiante” (Un Dialogue…, 2016: 558).

Dans son film, Mikhail Volokhov va encore plus loin en se mettant en guise de son personnage comme un martyre des menottes-chaInes de prisonnier-d’ascete, ainsi qu’une couronne metallique, en creant de ce fait entre autre l’allusion a l’image du Christ. Le deplacement en rampant sur la neige congelee montre le quasi-martyre. Pourtant, la faCon dont le personnage s’aide a ramper ne permet pas d’oublier l’ambivalence de l’image ainsi que le fait que c’est un image de Tchikatilo, bien qu’augmente jusque’a l’echelle cosmique.

Par le choix d’un personnage reel, s’obtient l’effet d’un realisme maximum de la narration, ici, du monologue de Tchikatilo, et tous les forfaits du maniaque commencent a etre perCus en version documentaire comme une chronique documentaire des evenements aidee d’une perception simultanee du texte publie et du film. Le paradigme “auteur - heros - lecteur” arrete d’etre une abstraction et se concretise au maximum. Ainsi, le model “idee - homme” reCoit un raisonnement categorique: “Les idees sont vierges - aucune boue ne s’y colle. Entrer dans une idee pour devenir un homme. Cela se comprend. Le peche est une axiome structurelle de la vie, comme des paroles - il doit se racheter sur l’instant” (Volokhov 2016: 412). Alors, - et c’est la que continue le debat avec Fiodor Dostoievski, plus exactement, avec son roman “Le Crime et le chatiment”, - aussi terrible que soit le peche, il peut etre toujours racheter par une reconnaissance opportune de la faute. Mikhail Volokhov met a jour des mecanismes hypocrites et artificiels d’un “autorepentir conventionnel” en vertu duquel “il est permis de zigouiller tous”, reveles par Fiodor Dostoievski dans “Le CrIme et le chatiment” (ibid.: 415). On remarquera pourtant que l’auteur ecrivait le meme dans son essai-manifeste qu’on a deja cite, “Le theatre du Kairos par essence”, en soulignant que le roman en
question du grand ecrivain - “…le roman occidental le plus “moderne” a cause d’un repenti speculatif de l’assassin Raskolnikov”, qui “de fait donna la permission morale a notre revolution sanglante sociale” (Un Dialogue…, 2016: 556). Il faut aussi noter la proximite polemique des textes de Mikhail Volokhov et Fiodor Dostoievski - comme Vladimir Nabokov appelait les romans de Fiodor Dostoievski des pieces agrandies (cf. Nabokov, 1996: 183); en revanche Mikhail Volokhov appele ces pieces des romans policiers: “Je veux toujours ecrire un roman, mais il abouti en une piece. Tel est mon organisme “dramaturgique” (Un Dialogue…, 2016: 551).

Dans un petit paragraphe, il est impossible d’embrasser toutes les particularites des drames de Mikhail Volokhov, de meme faCon que de faire l’analyse de tous les themes mis sous tabou invoques par le dramaturge. Pour l’instant, nous n’invoquons pas les questions tres interessantes de correlation du chronos et du kairos des pieces, ainsi que des autres problemes - d’une vie illusoire dans les conditions totalitaires, de la faute commune et de la solitude, d’un choix personnel, de la liberte du choix; nous passons d’attention l’exploration plus detaillee des aspects intertextuels de l’;uvre de l’auteur, de ses liens evidents avec la litterature russe et etrangere moderne et le cinema classique et contemporain - Alexei Balabanov, Carl Dreyer, Charles Laughton, Lars von Trier, Michael Haneke, Alex van Warmerdamm, etc. Nous ne nous arreterons pas sur l’analyse de la reception specifique dans les pieces de Mikhail Volokhov des questions ethniques, de l’homosexualite, du cannibalisme, et de leur ritualisation, du traitement specifique du probleme de la sexualite en general, etc. Le spectre des problemes sureleves par Mikhail Volokhov est inepuisable, mais le dramaturge se concentre sur la philosophie de la mort en elargissant d’une faCon globale des raccourci de son exploration.

Ainsi, Mikhail Volokhov, comme on l’a deja vu, enleve les interdictions a deux niveaux:
 
1. L’interdiction de l’usage de la langue dans toute diversite de ses formes;
2. L’interdiction de la deliberation des themes et des problemes les plus importants pour l’humanite.

En reunissant ce qui paraissait impossible a reunir, Mikhail Volokhov propose au lecteur de penser dans d’autres categories, de sortir du poids des schemes de mentalite imposes, d'essayer de penser globalement en largeur. En somme, s’ecroule le tabou sur l’appellation des choses par leurs noms. Toutes les interdictions menent tOt ou tard au terribles consequences, ce qui est demontre entre autre par Mikhail Volokhov. C’est notamment l’interdiction, et non la possibilite qui engendre la violence. Les interdictions linguistiques meme les plus menus menent en fin de compte a l’interdiction de la langue de l’art libre parse que l’homme / le lecteur / le spectateur est libre de choisir. Mikhail Volokhov enfreint des tabous artificiellement crees et peut-etre deja non remarques qui agrandissent implicitement l’alienation mutuelle des gens en emmenant de force l’humanite des themes reellement terribles, et par consequent en cachant en profondeur ce qui est vrai et authentique sous la couverture d’ersatz et en limitant ce qui est humain dans l’homme.

Les infractions des tabous les plus evidents remarquees qui servent au premier regard les buts exterieurs - l’epatement de l’auditoire, la rupture des cliches, la casse des stereotypes - au niveau profond, quand a la “therapie de choque” du lecteur / spectateur sont branches les mecanismes de l’absurde, peuvent en meme temps demontrer des sens diametralement differents, derriere lesquels se voit la continuation non simplement des traditions du drame classique, mais la sortie au niveau global de la tragedie classique, ou se reunissent les epoques culturelles et historiques diverses.

Il est evident que l’absurde de Mikhail Volokhov peut etre nomme “l’absurde sorti du tabou”.
 

Sources cites:

Volokhov 1997 - M. Volokhov. Le Grand consolateur. [Texte] Moscou: Glagol, 1997. 304 pp.
Volokhov 2006 - M. Volokhov. Mat lechit kak zmeinyj jad. [source numerique] // Trud, ¹14, 11.08.2006. http://www.trud.ru/ article/11-08-2006/106821_radi_krepkogo_slovtsa.html (date de circulation - 30.01.2020)
Volokhov 2016 - M. Volokhov. Le Grand consolateur.
;uvres. [Texte] Moscou: Kitoni, 2016. 672 pp.
Mi;sowska 2016 - L. Mi;sowska. Dialogue avec l’absurde. [Texte] Moscou: Kitoni, 2016: 630-640.

Texte franCais: Nikita Krougly-Encke
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16)

«Problematique des pieces de l’absurde sovietiques des annees 1980-90. Mikhail            Volokhov»

Stanislav MERKOUCHOV


Le probleme cardinal expose dans les pieces de Mikhail Igorevitch Volokhov - le probleme de la verite, - et les problemes de la comprehension de la morale et de la distinction du bon et du mal qui y sont lies, sont resolus aux niveaux multiples lies a la levee des deux interdictions principales, celles d’utiliser la langue dans toute la diversite de ses formes et de deliberer les themes les plus importants pour l’humanite, pourtant souvent passes sous silence.

Le dramaturge Mikhail Volokhov est positionne par les critiques comme un rebelle et un provocateur, par les chercheurs, comme un brillant representant du theatre de l’absurde franco- russe. En meme temps, quand se posent les questions legitimes de son identite d’auteur par rapport au territoire geographique, l'auteur lui-meme s’identifie comme “un auteur de la mentalite russe”, et il habite a partir de 1996 principalement en Russie: “Je ne peux pas ecrire les pieces sur la mentalite francaise. De toute maniere, ce n’est pas mon element natif. Je ne peux ecrire que de la mentalite russe et la problematique russe” [Cit.: Bukker 2016]. Dans son article “Un dialogue avec l’absurde. Les notes sur la dramaturgie de M. Volokhov”, le critique litteraire L. Miesowska, en s’appuyant sur une serie d’opinions competentes (tels que A. Zolotov, Yu. Edlis, O. Chmidt, A. Jitinkine, E. Boiakov), donne sa propre designation de la specificite artistique de ses pieces: “dans les pieces du dramaturge l’on peut trouver des allusions aux textes, aux idees, aux traites philosophiques d’Eschile, Sophocle, Shakespear, Racine, Corneille, Camus, Sartre, Genet, Chestov,
Dostoievski, Gogol, Boulgakov, Tolstoi, Kjerkegaard, Heidegger, Nitzsche et Tertullian. La citation “Je  crois,  car  s’est absurde” (“Credo quia absurdum”), dont l’auteur est precisement Tertullian, l’apologiste du premier christianisme, mieux que n’importe quelle autre decrit la perception du monde de M. Volokhov” [Miesowska 2016: 633]. De notre point de vue, M. Volokhov, par dessus de ce que est dit, est un destructeur methodique des tabous, dans la litterature, comme, par consequent, dans le conscient humain.
Le plus souvent, l’aspect creant le fondement a l’abnegation ou au rejet superficiel de l’;uvre litteraire de M. Volokhov, a la polemique contre elle, a toujours ete lie a la surabondance du vocabulaire tabou dans ses pieces. Le dramaturge a coupe tous les questionnements sur ce sujet, en repondant que dans ses propres ;uvres, le vocabulaire obscene n’est pas recu comme un but en soi: “C’est un langage des personnages. […] Si pendant la guerre, un soldat russe jurait, il y avait quand meme un sacre imperatif de la defense de son pays, de sa patrie. Il n’y a aucune vulgarite dans le sens que ce n’est pas le vocabulaire obscene qui est honteux, mais ce qu’il decouvre la carence de l’homme” [Cit.: Bukker 2016]. Dans la deuxieme partie du fragment de l’interview cite ci-dessus, se revele la comprehension meme de la specificite de l’emploi fonctionnel des mots et des expressions vulgaires en tant que source de ritualisation des spheres differentes du texte qui les rend au sens primitif de ce vocabulaire. Dans ce rapport, citons l’opinion de B. Ouspenski sur l’aspect originel archetype du vocabulaire obscene qui explique son abondante presence dans les pieces de M. Volokhov: “Le vocabulaire obscene avait une fonction cultuelle exprimee clairement dans le paganisme slave, […] est largement presente dans les rituels de toutes sortes d’origine ouvertement paienne - nuptiaux, agricoles, etc. - c’est a dir e dans les rituels lies d’une facon ou d’une autre avec la fertilite: le vocabulaire obscene est une composante necessaire des rituels de ce genre et porte un caractere decidement rituel” [Ouspenski 1981: 49-53]. M. Volokhov affirme l’absense dans ses pieces d’origine profane du
vocabulaire obscene qui est utilise d’une facon inconsciente a l’oppose de l’origine sacree. De surcroit, dans l'edition la plus complete a ce jour des ;uvres de M. Volokhov [Volokhov 2016], toutes ses pieces, y compris “Cache-cache avec la mort”, qui est la plus connue aux lecteurs et la plus provocante du point de vue lexique, sont remaniees par rapport au remplacement des mots obscenes, mais non par les euphemismes ce qui pourrait provoquer un effet oppose en privant ses pieces de sincerite caracteristique, mais en revanche, en les rendant plus modelees par rapport au vocabulaire obscene. En tout cas, le vocabulaire non-censure - proposons ce titre comme absorbant le sens de la presence du vocabulaire non seulement obscene, mais aussi de toute sorte non- soumis a la censure - est, dans l’idee de l’auteur, “la radio de l’esprit, l’ozone de la parole. Il est une langue sacree, surgeniale qui renforce l’art, si il y en a, en le balayant jusqu’au zero, si c’est un art des rois nus” [Volokhov 2006]. En effet, l’utilisation du vocabulaire obscene par l’auteur n’est pas fortuite, et c’est pourquoi au debut des premieres representations russes de la piece “Cache-cache avec la mort”, le metteur-en-scene A. Jitinkine prevenait toujours le publique que l’auteur utilise “le lexique obscene qui n’est pas celui des comediens, mais celui des personnages” et qu’il faudrait le supporter pendant 8 a 10 minutes pour se faire entrainer apres […] par l’histoire des personnages” [Volokhov, M. “Cache-cache avec la mort”, mise-en- scene d’A. Jitinkine, 1996].
Apres avoir franchi la premiere barriere, liee au vocabulaire
obscene, le lecteur, en premier lieu, se trouve d’une facon paradoxale, a l’interieur de la langue russe vivante, les “supremum” et des “infinum” - empruntons ces termes aux mathematiciens - de laquelle sont transformes par M. Volokhov, grace a laquelle sont detruites toutes les limites thematiques - le dramaturge derive d’un “minithematique” vers les problemes globaux jusqu’aux problemes metaphysiques, et en fin de compte s’approche de la representation monumentale du ”chaos mondial du debut du 21e siecle” [Razlogov 2016]. Il s’agit ici non seulement de la piece “Cache-cache avec la mort” ou est present
un element fort de la desapprobation du totalitarisme sovietique en particulier, pourtant deja avec une approche au niveau global de l’analyse philosophique sur la causalite et la “genetique” de tout ordre totalitaire. On parle maintenant de toutes les 18 ;uvres de
M. Volokhov qui se distinguent par position des problemes universels et actuels pour l’humanite de toutes les epoques, representes par des realisations archetypes. Les problemes de l’individu sont deplaces dans les macroregions, dans les spheres metaphysiques, en se correlant a la decouverte de l’absurde comme principe unificateur. “L’absurde est le sens de la vie et la construction de toute sa forme et de tout son contenu ensemble”, - estime M. Volokhov [Dialogue 2016: 558]. La naissance de la forme et du contenu passe par la creation de l’Image (avec une majuscule, d’apres M. Volokhov), et “l’Image est toujours l’Integrite, et l’Absurde est fonde sur l’Essence de l’Integrite” [ibid.].

Ainsi, l’effet du realisme limite et, d’une facon synchronique, de l’absurdite du recit est obtenu par le choix d’un personnage reel de la piece “Capitale de Tchikatilo” (1994; la version d’auteur “censuree” est de 2016). Le monologue de Tchikatilo, ainsi que tout les crimes decrits de ce maniaque commencent a etre percus d’une facon documentaire, comme une chronique documentee des evenements, a ce qui contribue la perception parallele du texte edite et du film - ce film, “Capitale de Tchikatilo” dont M. Volokhov est le createur, le cameraman et l’acteur, est sorti en 2005). Le paradigme “auteur - heros - lecteur” arrete d’etre une abstraction et se concretise au maximum. Le modele “idee - homme” recoit sa resonance categorique: “Le idees son immaculees et aucune crasse ne peut y adherer. Entrer dans l’idee afin de devenir un homme. C’est clair. Le peche est une structure axiomatique de la vie, comme les mots - tu dois immediatement te racheter” [Volokhov 2016: 412]. Alors, - et la,
M. Volokhov polemique avec F. Dostoievski, plus precisement, avec son roman “Le Crime et le chatiment”, - quelle que soit l’horreur   du   peche,   il   peut   toujours   etre   justifie   par   la
 
reconnaissance moderne de la faute. M. Volokhov decouvre les mecanismes artificiels et hypocrites du “repentir conventionel”, en vertu duquel “il est permis de zigouiller tout le monde”, reveles par
F. Dostoievski dans “Le Crime et la chatiment” [ibid.: 415]. Notons, neanmoins, que la meme chose ecrivait le dramaturge dans son essai-manifeste “Theatre de Kairos dans son essence”, en soulignant que ledit roman du grand ecrivain, “le roman occidental le plus moderne a cause d’un repenti speculatif de l’assassin Raskolnikov”, qui a de faite permis moralement notre revolution sociale sanguinaire” [Dialogue 2016: 556]. On notera aussi la proximite formelle et polemique des textes de M. Volokhov et de F. Dostoievski, ainsi que V. Nabokov appela les romans de F. Dostoievski les pieces agrandies [Nabokov 1996: 183], M. Volokhov appelle, en revanche, ses pieces les brefs romans policiers: “Je veux toujours ecrire un roman, mais en sort toujours une piece. J’ai un tel organisme “dramaturgique” [Dialogue 2016: 551].


La representation de l’absurde dans la litterature russe de la fin du 20e - debut du 21e siecle.
Theme d’une these et de son expose d’apres VAK RF 10.01.01, docteur es-sciences Stanislav Fedorovitch Merkouchov, 2021.

Texte francais: Nikita Krougly-Encke
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17)
Lidia Mi;sowska:
'Un dialogue avec l’absurde. Les notes sur la dramaturgie de Mikhail Volokhov'.

“L’absurde a autant de nuances et de grades, qu’a le tragique”, remarquait dans ses cours de la litterature russe Vladimir Nabokov1, ainsi que la dramaturgie de Mikhail Volokhov2 confirme, semble-t-il, cette opinion en montrant que “les mondes des arts de l'absurde peuvent etre crees avec de divers moyens”3. L’absurde dans la litterature signifie - on s’en souviendra - un renie des formes traditionnelles de la dramaturgie, c’est a dire des formes d'expression realistes diverses, du sujet, du caractere, du psychologisme dans l’image de l’humain. L’absurde apparait la o; est violee une logique interne remplacee par une suite d’associations, sont detruits des liens de causalite, disparait le suivi logique et temporel, o; l’intrigue est absente, et l’action comprise

1 V. Nabokov. Lekcii po russkoj litterature (Cours de la litterature russe). Moscou, 1999, p. 124.
2 Mikhail Volokhov (ne en 1955), ecrivain russe et francais, dramaturge et theoricien du theatre. Eleve de Iouliou Edlis et Grigori Gorin. Parti en France en 1987, o; il devint dramaturge et metteur-en-scene mondialement connu, lorsque, grace au concours d’Eugene Ionesco, sa piece “Un Cache-cache avec la mort” en francais et en allemand a ete mise en scene en France et en Allemagne. A partir de 1995 M. Volokhov est membre du PEN-club de Paris, et a partir de 1996, membre de l’Union des ecrivains de Moscou. Il a ecrit plus d’une quinzaine de pieces, entre autres “Un Cache-cache avec la mort”, “Loudmila Gourtchenko vivante”, “Les Chroniques de Macbeth - les rois de l’escalier”, “Un Safari a putain de Roublevka”, “Des Lesbiennes au brut d’un tsunami”, “Et a Paris”, “La Capitale de Tchikatilo”, “L’Immaculee conception”, “Le Grand consolateur”, “Diogene”, “Corinthe”, “Kilimanjaro sur tes levres”, “La Neige nue, negligemment douce”, “La Compagnonne”, “Quarante huitieme degre de latitude solaire”, “”Les Balles enrobees de chocolat”, “”Le Bourreau de Sa Majeste”. A partir de 1996 il vit principalement en Russie. Cf. son site: www.volokhov.ru .
3 M. Maroussenkov. Absurdopedija russkoj ;izni Vladimira Sorokina (L’Absurdopedie de la vie russe de Vladimir Sorokin). Abstruction, grotesque et absurde). Saint-Petersbourg, 2012, p. 204.
 
d’une facon specifique se deroule en cercle. On considere que le but de l’usage de tous les procedes de l’absurde est obtenu par l’effet d’irrationalite de ce qu’il se passe sur scene dans un monde artistique, et c’est pourquoi ces procedes accompagnent des categories esthetiques telles que le paradoxe, le grotesque et l’humour. Un autre pretexte important de l’adresse a l’absurde qui provient d’une proximite de l’absurde a l’existentialisme, est, comme l’a remarque Dmitri Tokarev, le desir d’exprimer “le sens de l’absurde de l’etre ressenti par un humain reconnaissant le caractere mecanique de l’existence humaine”4.

Mikhail Volokhov, ainsi que les fondateurs de la litterature de l’absurde Daniil Kharms et Alexandre Vvedenski5, cree une litterature qui “ne represente pas l’absence totale de sens, mais au contraire, un sens different qui n’entre pas dans la logique commune et qui detruit comme regle des liens logiques admis”6. En effet, dans l’;uvre de Mikhail Volokhov, l’on observe des moyens divers avec lesquels l’auteur obtient l’effet de l’absurdite deja mentionne. La cle de sa comprehension se trouve, d’une part, dans un lien direct avec le theatre de l’absurde occidental, represente par Eugene Ionesco, avec lequel Mikhail Volokhov s’est lie d’amitie, et la question de premiere importance pour le theatre de l’absurde de la crise de communication et du probleme de l’absurde du langage et du langage de l’absurde. D’autre part, des liens tres forts avec l’existentialisme, qui a engendre l’interet de l’auteur au philosophisme et qui determine ainsi non seulement l’ensemble de problemes de l’enonciation - les principes existentialistes et metaphysiques des pieces de Mikhail Volokhov,

4 D. Tokarev. Kurs na xudseje: absurd kak kategorija teksta u Daniila Xarmsa i Semjuelja Bekketa (Le Cours vers le pire: l’absurde comme une categorie de texte chez Daniil Kharms et Samuel Beckett). Moscou, 2002, p. 7.
5 Par ex., Dmitri Tokarev le mentionne dans son ouvrage sus-mentionne “Kurs na xudseje…” Il cite aussi les noms des autres chercheurs ayant une opinion proche, entre autres, Vladimir Gotser et Mikhail Meilakh, ce dernier determinant les ;uvres de Kharms et Vvedenski comme le theatre russe de l’absurde d’avant la guerre. Cf. D. Tokarev. Kurs na xudseje…, p. 7.
6 A. Kobrinski. Daniil Xarms (Daniil Kharms).Moscou, 2009, p. 416-417.
 
c’est-a-dire la lutte du Bon avec le Mal, l’homme dans une position limitrophe, la mort, la conscience, la redemption, etc., - mais qui influence fortement sa forme.

Le philosophisme de Mikhail Volokhov prend souvent la forme d’un traite et se place dans le cadre du genre dramaturgique traditionnel, en rappelant la tragedie grecque, ce qu’on observe dans le cadre du theatre de l’absurde qui, comme l’affirme Martin
J. Esslin,

[…] inquiete par des realites essentielles de la vie, occupe par des problemes fondamentales peu nombreuses de la vie et de la mort, par des questions d’isolation et de communication […] peut se manifester d’une maniere grotesque, superficielle et irrespectueuse, en revenant a la premiere fonction religieuse du theatre qui est l’opposition de l’humain a la sphere du mythe et de la verite religieuse. Ainsi que la tragedie grecque, les mysteres du Moyen Age et les allegories baroques, le theatre de l’absurde se propose comme but de raconter au public la position instable et mysterieuse de l’humain dans l’Univers7.

En ce qui concerne les pieces geniales, qui dialoguent avec avec un large contexte mondial culturel et philosophique, les critiques caracterisent Mikhail Volokhov de facon differente, comme, par ex., comme un classique de l’avant-garde russe, dont parlait Alexandre Zotov. Il considere qu’“Un Cache-cache avec la mort” fut «absolument curative et choquante pour Moscou et la Russie et le monde de la haute elite occidentale, et que de la precisement qu’en Russie a grandi le phenomene du “nouveau drame”»8. De sa part, Youliou Edlis parle de lui comme d’un dramaturge “marginal” qui par ses textes “decouvre quelque chose de nouveau dans l’histoire de la dramaturgie”, et Olivier Schmidt affirme que c’est un dramaturge qui “appartient a la pleiade des

7 M. Esslin. Teatr absurda (Le Theatre de l’absurde). Moscou, 2009, p. 416-417.
8 A. Zotov. V nexorosej kvartire Mixaila Bulgakova xorosaja p’esa Mixaila Voloxova “I v Pari;” (Dans le mauvais appartement de Mikhail Boulgakov, une bonne piece de Mikhail Volokhov “Et a Paris”). pravda.ru du 31.05.2007. (source numerique) http:/// www.pravda.ru/culture/theatre/premiers/12-04-2006/81461-0/ (09.09.2014).
 
ecrivains qui ecrivent avec des couleurs tres denses, qui ne bride jamais son imagination avec ses complexes ni une autocensure”, c’est “un auteur qui ecrit ce que les autres pensent seulement, mais jamais ne le formulent”9. Andrei Jitinkine attire l’attention sur un aspect tres important de l’;uvre de Mikhail Volokhov:

L’avangardisme [de M. Vololhov] s’enracine dans le fait qu’ayant absorbe l’ecole du theatre occidental de l’absurde, en restant un ecrivain classique profondement Russe, a la difference des autres litteraires contemporains, ne fait pas la diagnostique du mal ambiant, mais tout simplement place ce mal qui est a nous dans la structure d’une Fatalite Universelle, en amenant a l’absolu le testament de Stanislavski de la verite de la vie10.

Le debut en forme de dialogues des pieces de Volokhov fut aussi remarque en 2006 par Edouard Boiakov, alors dirigent artistique du theatre “Praktika” qui disait: «Volokhov, c’est de l’archaique, du traditionalisme, une sorte de Shakespear. Dans les pieces de Volokhov il y a cette orientation presque folklorique a l’archetype, la tradition, a un contexte theologique meme renvoyant aux notions de la “nouvelle Theodicee”»11.

Ainsi, dans les pieces du dramaturge l’on peut trouver des allusions aux textes, idees, traites, philosophie de Sophocle, Shakespear, Racine, Corneille, Camus, Sartre, Genet, Chestov, Dostoievski, Gogol, Boulgakov, Lev Tolstoi, Kjerkegaard, Heidegger, Nietzsche et Tertullien. La citation “Credo quia absurdum” (“Je crois car c’est absurde”), dont l’auteur est

9 Les opinions de You. Edlis, O. Schmidt, A. Jitinkine, etc., sus-mentionnes sont citees d’apres l’article “Velikaja Ote;estvennaja Igra sovremennoj dramaturgii Mixaila Voloxova”) (“Le Grand Jeu Patriotique de la dramaturgie contemporaine de Mikhail Volokhov”), publie dans la rubrique Kul’tura du journal numerique pravda.ru du 12.04.2006. (source numerique) http://www.pravda.ru/culture/theatre/premiers/
13-04-2006/81461-0/ (09.09.2014).
10 Ibid.
11 Ibid.
 
precisement Tertullien, apologet du premier christianisme, decrit au mieux la sensation du monde de l’absurde de Mikhail Volokhov.

Elle est exprimee d’une meilleure facon dans les quatre textes du dramaturge, dont il dit lui-meme qu’ils sont “une sorte d’Unite Quadruple”12. Ce sont les pieces: “Un Cache-cache avec la mort”, “Le Grand consolateur”, “La Capitale de Tchikatilo” et “L’Immaculee Conception”, o; sont abordees les questions essentielles du theatre de l’absurde, celles de la crise de la spiritualite, de la lutte du Bien et du Mal, de l’humain dans une situation limitrophe / finale de la crise de la personnalite, des valeurs culturelles, de l’influence destructive du totalitarisme sur la personnalite, de la crise de la communication, de la devaluation / depreciation du langage, etc.

Et c’est precisement l’absurde linguistique qui est inherent a chaque texte de Mikhail Volokhov, independamment du fait quel probleme l’auteur y aborde. Le dramaturge est essentiellement interesse par le mat, le lexique non-censure, dont il dit que “c’est la radio de l’esprit, l’ozone de la parole. C’est un langage sacral, supragenial qui renforce l’art, si il y en a, et qui le reduit a zero si il est un art des rois nus”, et rajoute que “si l’;uvre avec un lexique obscene accompli la fonction sacrificielle du Repentir Supreme, le mat soigne les gens, la societe, le monde comme le venin du serpent dans les mains d’un vrai guerisseur”13.

La legerete dont Mikhail Volokhov s’adresse au mat - et ses pieces en abondent - est determinee non par un besoin d’epater le lecteur, mais decoule plutot d’une comprehension particuliere de

12 Mikhail Volokhov les appelle ainsi dans son discours avec Nikita Struve. Cf. “Le Theatre du Kairos par l’essence, essai de Mikhail Volokhov sur la theorie du theatre et de l’art”; “Literaturnyje Vesti” 2001, ¹50. [Source numerique] http://volokhov.ru/site/? page_id=388 (02.09.2014).
13 M. Volokhov. Le Mat gueri comme le venin de serpent”, “Trud”, ¹146 du 11.08.2006. [Source numerique] http://volokhov.ru/site/?page_id=518 (02.09.2014). Ici et plus loin le texte est cite dans la redaction de l’auteur (ponctuation, syntaxe, utilisation des majuscules et des minuscules).
 
l’essence du theatre. Mikhail Volokhov affirme que dans ses pieces “le principal n’est pas le mat, mais la pensee, car le theatre n’est pas une place d’hennissement relaxe et vulgaire”14. Il admet que le theatre est pour lui “une petite cathedrale o; les gens se reunissent pour voir - visionner la Verite”15. Et en fait, cela peut se passer lors de la lecture de la piece / vision du spectacle si le consommateur peut surmonter le mat dans le processus de la perception de l’;uvre, si l’on reussi ne pas percevoir le mat comme un principe etranger et hostile a la litterature et au theatre. Ces lecteurs / spectateurs qui ont de la chance, peuvent s’enfoncer avec les heros de la piece vers fond meme, a l’immense profondeur du malheur et de la souffrance humaine. Iouliou Edlis essaie de justifier le penchant de Mikhail Volokhov a ecrire en utilisant le mat par ces paroles: “en remontant a la surface, le mat parait maintenant un signe de quelque chose comme une maladie des caissons de toute la societe”16.

Mikhail Volokhov decrit des maladies psychiques et spirituelles dans sa piece la plus connue “Un Cache-cache avec la mort”. C’est un dialogue d’Arcadi et de Felix, des assassins agents du KGB, qui a la duree de la piece s’entretiennent et se rendent comptes mutuellement et, par consequent, avec le monde entier. Par ce fait, ils reglent leurs comptes avec leur passe. En s’entretenant, ils decrivent avec tous les details et toutes subtilites leurs methodes et les effets de leur travail. Ainsi, ils introduisent dans la piece un “fond sovietique” precis et les absurdites de cette epoque. Alors, ils se moquent du newspeak et enumerent les buts du “kamnisme” (avec une faute) dans des expressions sarcastiques sur le passe.

Il faut respecter la science, Arkadi. Surtout dans notre pays scientifique. Quand chaque savant ignare axiomise a la facon savante qu’il peut a tout

14 Ibid.
15 “Le Theatre du Kairos par l’essence”…
16 Le Grand Jeu Patriotique…
 
moment, dans un point libre inconnu et on ne sait pas pour quelle raison etre savamment attrape par le cul, mis en taule, et etre juge grace a ses ;uvres scientifiques et charbonne dans son cul a la facon scientifique17.

Dans les dialogues absurdes des ex-assassins, maintenant employes a la morgue o; ils “traitent” des macchabees du service de neurologie sont enlacees des citations, parfois des allusions, de la poesie russe, p.e. de Marina Tsvetaieva. Ces dialogues sont alternes des scenes de sexe violent. Par suite de reunion dans un seul cadre d’une seule image de la realite representee des origines supreme et basses, des spheres du sacrum et du profanum, on abouti a une image desolante d’un “apocalypse inhumain” potentiel a cause des jeux aux “bons assassinats au nom des idees etourdissantes”18.

Des tableaux absurdes legerement differents se trouvent dans la piece “Et a Paris”. Ici, en qualite de personnages, se trouvent deux prisonniers fugitifs qui se proposent de se trouver en liberte a Paris et par consequent fuient la Siberie sur le toit d’un wagon du train a marchandise. Typiquement absurdiste, le sujet rappelle le theatre de l’absurde occidental de Samuel Beckett ou d’Eugene Ionesco, ainsi que les pieces du dramaturge Russe Alexei Chipenko, en particulier sa piece “Moscou-Francfort. 2000 metres au-dessus du sol”, o; deux clowns voyagent sur les ailes d’un avion, faisant des mauvaises promenades dans l’Univers et deliberant le theme de la condition humaine de la fin du 20e siecle.

Dans la piece de Mikhail Volokhov les ZK qui fuient, mangent pendant leur voyage leurs compagnons de fuite, et plus precisement finissent par manger leurs tetes. En fin de compte, Chtyr et Globus ne se trouvent pas a Paris, car Chtyr tue Globus, mange sa cervelle et a la fin, tombe raide mort. Ainsi l’assassinat /

17 M. Volokhov. Un Cache-cache avec la mort. [Source numerique] http:// www.volokhov.ru (02.11.2014).
18 “Theatre du Kairos dans son essence”…
 
la mort - le theme de predilection de Mikhail Volokhov - arrete le voyage des ZK cannibales vers la liberte.

Leurs dialogues sont remplis des discussions sur la nature de Dieu, l’existence, les valeurs de la litterature, la musique classique,  en  evoquant  Mozart,  Mendelssohn,  Chopin,
Tchaikovski, etc.19 Soit ils s’adressent mutuellement d’une facon
grossiere et en jurant, soit d’une facon amicale, avec douceur et compassion: “Le monde n’est pas simple et il est etroit […] Personne ne peut nous comprendre, nous, des petits cannibales cheris, putain, a l’exception de nous meme”; “O, […] a Paris on nous mangera, quand il vont apprendre que nous sommes des petits cannibales frere du Christ”; “On ne peut se manger l’un l’autre, mon cher. L’un, putain, va manger, l’autre, putain, sera mange”; “La viande fraiche de ce juif dans l’integralite”20.

En creant avec l’humour, ou plutot avec un sourire amer, le tableau des ZK cannibales, Mikhail Volokhov philosophe en contraignant le lecteur de poser la question “Qui suis-je? Suis-je pour moi-meme ou bien pour l’autrui? L’ecrivain montre que dans chacun de nous l’on peut decouvrir le mensonge et l’agression totale, car, comme expliquait le sens de la piece Edouard Boiakov: “Eux tous sont nos ZK interieurs. Tels sont des etres monstrueux qui habitent dans chacun d’entre nous”21, qui nous terrorisent interieurement, comme le diraient les freres Presniakov en se referant a Heidegger. Se sont peut-etre des raisons pour lesquelles les scenes epatantes de cannibalisme ou de l’acte sexuel homo sont pourvues chez Mikhail Volokhov de traits des actions rituelles, une sorte de communion:

19 Le procede d’appeler les uns les autres par d’autres noms dans chaque replique rappelle le procede utilise dans la construction de l’image des personnages dans la piece “La Nuit de Walpurgis, ou Les Pas du Commandor” de Venedikt Ierofeiev.
20 M. Volokhov. “Et a Paris”…
21 “Le Grand jeu patriotique”…
 
G l o b u s. Ne t’inquiete pas - je le prends en consideration - seulement, il ne faut pas que tu t'inquietes, tu ne dois pas perdre ton energie nerveuse. Mange encore un peu. (Il detache a coup de dents une oreille de la tete de Grain de Citrouille et la tend a Chtyr.) L’amour du president se trouve en verite dans l’estomac.
C h t y r. O toi, putain, seducteur de mes deux. (Il prend l’oreille et la mange.) Mais qu’est-ce qu’il est bon, putain, nom de Dieu, il est vraiment bon, ton Semion - toi tu t’y connais, putain, dans les hommes, mon petit Globus.
G l o b u s. Mais s’est pour toi que je m’y connais, pour Paris, mon petit Chtyr.
C h t y r. Mais je ne me contente que du peu, c’est de ranimer le vagin anglais pour le bien, putain, de ce monde perdu, en depensant, putain, l’energie de mon corps. Personne, putain, ne peut apprecier l’altruisme de ma bite. L’humanite est ingrate envers ses vivificateurs.
G l o b u s. Cette ingratitude, il la faut, putain, surmonter en vivifiant ton vagin jour et nuit. Tel est ton sort qui n’est pas facile. Forrtifie- toi encore avec cette langue pleine de calories, putain. (Il detache a coup de dents la lange de Grain de Citrouille et la tend a Chtyr.)
C h t y r. Je vous en suis fort reconnaissant, papa le ministre, merci beaucoup. (Il mange la langue.) C’est bon et nutritif - que dire d’autre?
G l o b u s. Comme on dit, putain, on ne tient pas de la merde. (Il casse la tete de Semion contre la toiture du wagon.) Et qu’est ce que tu penses si on go;tait de la cervelle? (Il tend a Chtyr la cervelle de Semion.)
C h t y r. Mais tu me gates a fond, papa. (Il mange la cervelle de Semion.) C’est comme de la baguette, putain, c’est du miel. On va aussi extraire la cervelle d’Ilya. (Il casse la tete d’Ilya contre la toiture du wagon.) Accepte, papa, un morceau vivifiant. (Il tend a Globus un morceau de cervelle.)
G l o b u s. Et bien, merci! (Il mange la cervelle.) Mais je dois te dire, putain, t’a de la cervelle, mon petit Chtyr, je n’ai jamais go;te de telle cervelle depuis ma naissance22.

Le rituel du comportement des personnages, la repetition de leurs actions, la philosophie de l’assassinat creee par l’auteur rapproche toujours le theatre de Volokhov des racines du theatre, du principe religieux et mysterieux de l’art scenique, dont on a parle plus haut a propos du theatre de l’absurde. D’autre part, en

22 M. Volokhov. “Et a Paris”…
 
levant la question complexe de l’absurde comme principe unificateur, comme sens de la vie et de la construction de toute forme et de son contenu, Mikhail Volokhov nous convainc en meme temps que “l’absurde, c’est une metaphore vitale omnipresente, globale et unificatrice”23.

En construisant ses antipieces et ses antiheros qui les habitent, Mikhail Volokhov, semble-t-il, montre a chaque fois un homme du sous-sol qui rappelle les personnages de Dostoievski - l’antiheros du sous-sol de Mikhail Volokhov se sent aussi malheureux et reclame de la compassion des autres, il a un fort sentiment de superiorite, mais avec cela, il reste un homme ordinaire qui, selon sa nature, prend du plaisir du fait qu’il se fatigue soi-meme et fatigue les autres. Tout caractere scandaleux des ;uvres de Mikhail Volokhov, y compris linguistique, dont on parlait plus haut, ne recouvre pas les interpretations de l’Univers et la saturation emotionnelle des raisonnements exposes. Dans ses pieces resonnent d’autres “idees” de Dostoievski, telle que “la beaute sauvera le monde” (“L’Idiot”) ou bien “si Dieu n’est pas, tout est permis” (“Les Freres Karamazov”), ainsi que l’imperatif de Lev Tolstoi de la “non-resistance au mal par la violence”. En outre, dans la dramaturgie de Mikhail Volokhov sent-on la presence des idees des existentialistes, surtout l’idee de la situation limitrophe (Karl Jaspers) et des categories du choix compris a la facon existentialiste, de la liberte du choix, de la mort, de la culpabilite, de la peur (“la peur est le vertige de la liberte”, S;ren Kjerkegaard), du terrorisme interieur (“Das Mann” de Martin Heidegger), ou bien la these “l’enfer, c’est les autres” (Jean-Paul Sartre).

L’analyse complete des liens indiques ci-dessus avec le theatre de l’absurde et l’existentialisme sort du cadre du present article a cause des limitations formelles evidentes, mais comme exemple caracteristique, il faudrait citer ici la piece “La Capitale

23 “Le Theatre du Kairos par l’essence”…
 
de Tchikatilo”. Dans cette piece, l’ecrivain affirme resolument que la fin du monde est arrivee, que “les humains se bouffent les uns les autres”, et il nous reste qu’a ramasser les restes de l’humanite.

Le drame presente un monologue de Tchikatilo, un condamne a la mort qui attend son execution, dont le prototype est le personnage d’Andrei Tchikatilo (1936-1994), un serial killer sovietique le plus connu24. Tchikatilo heros de la piece se confesse d’une facon sincere devant le lecteur / spectateur, puisque l’auteur est emu d’une facon presque maladive par le probleme du Bien et du Mal, surtout la question de la nature humaine “endommagee”, de “l’alteration”, qui viens du peche originel et s’accompli dans l’humain grace a la liberte de choix entre le Bien et le Mal qui lui est donnee par Dieu, ce qui determine d’une facon tragique toute existence humaine.

Dans son ;uvre, en travaillant avec l’homme du sous-sol, Mikhail Volokhov cree ici un tableau, selon sa definition, du “dernier stade de la chute de l’homme”, c'est a dire, du “tchikatilisme”.

Tchikatilo se rappelle et decrit avec minutie des assassinats d’enfants en essayant de prouver que se sont tous les autres qui sont coupables, par exemple, les parents qui menageaient aupres des enfants des bonbons et des calins et par consequent ces enfants allaient dans la profonde foret avec un etranger pour recevoir des sucreries et des tendresses. D’autre part, Tchikatilo joue ici le role d’une metaphore de l’absurdite de l’existence de l’Humanite en se presentant comme une victime condamnee a la peine capitale a cause de sa clemence.

24 Entre 1978 et 1990, Andrei Tchikatilo commit 53 assassinats reconnus; parmi ses
victimes se trouvaient 21 garcons a l’age entre 7 et 17 ans, 14 petites filles entre 9 et 17 ans, 18 jeunes filles et femmes. Il fut execute avant le moratoire sur la peine de mort introduit en Russie.
 
Et ce que j’ai donne la mort bienheureuse a leur progeniture, putain, maintenant eternellement sans peche, ils ne veulent et ne peuvent le comprendre et apprecier, putain, que leurs enfants sont alles au paradis dore, en evitant le sombre enfer de la vie. […] Bien s;r qu’ils ont souffert avant la mort […] Mais le chemin du paradis, ca se gagne - avec de grandes souffrances25.

Le monologue de Tchkatilo peut etre regarde comme un monologue de l’Humanite se trouvant au seuil de l’autodestruction. Mais l’absurdite de la tragedie de Tchikatilo se cache aussi dans le fait qu’il ne peut pas choisir sa propre mort afin d’avoir le kif, la totale satisfaction de la douleur et la violence en gardant le sens de superiorite sur le monde et la position de mepris envers celui-ci: “Donnez-moi, sorte de putes, un bourreau partenaire!!!” A quoi il rajoute: “Mais pour me tuer douloureusement moi-meme, putain, ca n’a pas d’interet, mais, putain, pas du tout - ce n’est pas du tout mon travail”.

En conclusion faut-il rajouter que Mikhail Volokhov dans ses pieces prete une grande attention non seulement a l'absurdite de l’existence humaine, c’est a dire des problemes surgis a cause de l’inhabilite de l’humain de profiter de la liberte et de la volonte. Il regarde avec beaucoup d’attention aussi l’absurde et l’horreur engendres par la politique des etats totalitaires et “menants au phenomene de la naissance des antihumains”26. En essayant de se justifier, Tchikatilo avance une accusation generale du totalitarisme:

Point de morale - il ya sur Terre la Verite […] La vie n’est que dans l’absurde. J’ai toujours agi selon la morale de notre pays.
Si la morale du pays est fasciste, alors etre fasciste - c’est, putain, moralement humain, selon le [niveau du] developpement. Je suis donc,

25 M. Volokhov. La Capitale de Tchikatilo. [Source numerique] http://www.volokhov.ru [02.09.2014]. Par la suite, nous citons d’apres cette source.
26 Anatoli Broussilovskt de Mikhail Volokhov - “Je croix, car c’est absurde!”. [Source numerique] http://www.volokhov.ru [02.09.2014]
 
putain, un animal - je suis, putain, un garcon humain et cordialement pensant. […]

Et Staline avec Lenine, ils ont rabote des millions de morts, en montrant l’exemple du travail stakhanoviste de maniaque sans aucun souci afin de tomber dans le dix du communisme sans points.

Ainsi, l’on ne peut ne pas consentir avec Anna Krajewska qui remarquait le double role du theatre de l’absurde. L’investigatrice attirait l’attention sur le fait que le theatre de l’absurde, d’un cote, souleve les questions de l’existence meme dans le monde, et de l’autre, a l’aide d’un principe satyrique, demasque l’absurdite d’une vie fictive dans les conditions d’un etat totalitaire qui contraint a vivre dans une fausse realite deformee par le langage, la politique et les actions de l’etre social27.

En dressant le bilan de tout ce qui a ete dit, sous un aspect abrege et selectif, dicte par le besoin, faudrait-il souligner que la dramaturgie de Mikhail Volokhov est scandaleuse et provoque souvent des reproches des critiques en abus du mat, mais qu’elle represente une ;uvre non-banale, ayant en particulier des liens avec la tradition gogolienne-boulgakovienne du demonisme- diabolisme, l’heritage de Dostoievski, de Lev Tolstoi et des Oberioutes, en particulier, sur le plan de l’absurde structurel qui permet de transmettre entierement le chaos extreme et la crise du langage / de la communication, et par consequent de souligner l’absence de l’unique et entiere image de l’humain. L’aspect peu ordinaire de la dramaturgie de Mikhail Volokhov est demontre aussi dans la sphere des relations riches et complexes avec le theatre de l’absurde et existentialiste occidental, ce qui permet inscrire les pieces de Mikhail Volokhov dans un large contexte mondial de l’art theatral de l’absurde.


27 Cf. Anna Krajewska. Dramat i teatr absurdu w Polsce. Posna;, 1996, p. 14.
 
Texte francais: Nikita Krougly-Encke


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18)
Sur
une piece de Mikhail Volokhov Cache-cache avec la mort
presentee au Theatre de Gennevillie

LE MONDE
RUSSIE/THEATRE
RENCONTRE  AVEC  MIKHAIL  VOLOKHOV
UN EMIGRE
A BRIDE
ABATTUE
Ne, en 1955, en URSS, Mikhail Volokhov vit en France depuis 1987. Gardien d’une societe de Bourse, il est surtout ecrivain, romancier et dramaturge. Sa troisieme piece, «Cache-cache avec la mort», la premiere traduite en francais, est presentee en fevrier a,Gennevil-liers. Elle est mise en scene par Bernard Sobel et interpretee par Denis Lavant et Hugues Quester. Un mois apres sa reprise a Moscou, dans une mise en scene d’Andrei Jitinkin pour le Theatre Mossoviet, ou elle connait un succes important.
L traverse vivement la place du Chatelet et rejoint la brasserie a l’heure convenue : petit, brun, costaud, Mikhail Volokhov confie d’emblee qu’en bon marathonien recycle a la litterature il aime courir, chaque jour, dans les rues de Paris, au moins une heure, c’est essentiel a sa forme. A peine assis, alors qu’on lui demande pourquoi il s’est installe ici a l’automne de 1987, il joint le geste a la parole et sort de sa sacoche une photo, celle de sa femme, jeune, brune elle aussi et francaise; Mikhail Volokhov l’a donc suivie en France ou, ironie du sort, il vit seul aujourd’hui car son epouse travaille… a l’ambassade de France a Moscou.
Premiers contacts en forme de scenario. Quelques secondes passees ensemble et, deja, les contours d’une vie surprenante dont on apprendra bientot qu’elle a commence entre Kazakhstan et Russie, en 1955, du temps ou ces deux Republiques appartenaient a l’Union sovietique. «Mere russe, pere juif», dit-il dans un fran¬cais teinte d’un fort accent slave. Pas vraiment juif lui-meme, alors? «Pour mes amis, je suis juif, pour d’autres gens, je suis russe. Mais, dans ma vie quotidienne et pendant mes etudes a l’Institut scientifique de Moscou, le MVTU Bauman, on s’est charge de me rappeler que j’etais juif, en refusant par exemple de mettre du mate¬riel a la disposition de mes recherches.»
Des recherches qui lui vaudront des difficultes pour obtenir son visa de sortie du territoire. «J’ai travaille sur des matieres sensibles, des histoires de techniques militaires : je connaissais quelques secrets d’Etat…»
Ce souvenir le fait sourire. A ce moment de la conversa¬tion, comme a d’autres qui viendront plus tard, on ne sait pas s’il dit la verite ou non. 11 laisse libre cours a ses pensees sans plus d’arriere-pensees, sans menagement ni avertissement. Mais toujours avec chaleur et drolerie.
A la lecture de la piece que met en scene Bernard Sobel a Gennevilliers, une seule certitude, Mikhail Volokhov est apparemment de la famille des brouillons, des touffus, de cette sorte d’ecrivains de la profusion, de l’accumulation, qui lache la bride de son imagina¬tion sans complexe ni censure. Un auteur qui ecrit ce que beaucoup pensent, parfois, mais qu’ils ne formulent jamais. Une sorte de Lars Noren slave.
Il a ecrit Cache-cache avec la mort deux mois apres son arrivee en France. «J’avais vu pour la premiere fois l’ocean Atlantique, du cote de La Teste, sur le bassin d’arcachon; j’avais rencontre les immigres russes d’ici. J’avais toujours voulu savoir ce que pouvaient etre les Occidentaux, les Francais, j’avais lu Sartre, Camus, Ionesco, Beckett, je me demandais ce que pamaient etre leur vie, leur vie quotidienne, leurs reves. Cette periode fut pour moi comme la decouverte Je la face cachee de la Lune. »
La-bas, Mikhail Volokhov a connu tous les aspects de la vie sovietique, cote cour, cote rue. Cote cour, la nomenklatura. «Alors que j’etais encore adolescent, nous avons eu un grave accident de voiture lors duquel ma mere a ete serieusement blessee au cou. Il se trouve qu’a Tchimkent, dans le Kazakhstan, vivait ma tante qui etait un medecin tres celebre — et tres riche a l’epoque socia¬liste. Son mari etait un grand communiste, correspon¬dant de la Pravda et donc disposant d’un reel pouvoir. Tous les notables de la region frequentaient la maison. La, j’ai pu observer de tres pres le fonctionnement de la nomenklatura et meme les rouages de la mafia.
»Cet episode nous a beaucoup choques, mes parents et moi. Choques par cet etalage de richesse, par le climat d’antisemitisme beaucoup plus violent qu’en Russie. Ce fut pour moi une premiere «emigration», qui fut dou-lloureuse et pendant laquelle j’ai vecu dans la nostalgie de la Russie. » Dans sa piece, il nous fait ainsi penetrer dans la coulisse d’un hopital reserve aux membres du KGB avec une abondance de details hyperrealistes pui-ses a la meilleure source. Un hopital qui ressemble comme un frere a celui dans lequel il a travaille et ou l’on soignait les victimes d’irradiations nucleaires et de la guerre en Afghanistan. «Les maladies secretes de l’URSS…»
Cote rue, Mikhail Volokhov confesse y avoir fait l’es¬sentiel de son education. «Enfant, dans la banlieue de Novo-Moskovsk, village pres de Moscou, nous habitions a cote d’une usine chimique ou travaillaient de nom¬breux prisonniers; a Alma-Ata, ou j’ai rencontre par hasard un grand boxeur qui etait devenu bandit. On le savait mais personne n’a jamais pu l’arreter et le mettre en prison, il etait trop fort… J’avais quatorze ans, lui trente. [I avait l’ame un peu cosaque, un peu turque aussi. Il n’a cesse de se venger de ses parents parce qu’ils l’avaient empeche de se marier avec une Russe. Une vengeance qui confinait a la folie. »
Ces experiences et d’autres encore lui ont permis de maitriser le mat, argot ne de la marginalite et parle aujourd’hui par la jeunesse russe. Mikhail Volokhov s’en sert en permanence dans ses ecrits. «C’est la lan¬gue des prisons, que beaucoup de gens comprennent, par la force des choses. » Le mat est aussi une arme, pour contrebattre ce que Mikhail Volokhov appelle «les bonnes intentions du communisme». «Le communisme, bien s;r, c’etait une bonne idee, une forme de morale; mais quand on sait tout ce qui est advenu, cette tentative de tuer l’ame russe, son reve de justice, cette vengeance contre le tsarisme, une vengeance mortelle… Bien s;r, le tsarisme etait indefendable, mais la vengeance commu¬niste, ses cinquante millions de morts, peut-etre plus, l’est aussi. On ne peut pas faire te paradis avec le sang du peuple meme si je crois qu’il faut pardonner, qu’il faut pardonner le pire assassin du monde et comprendre pourquoi il a agi comme ca. En France, vous avez sup¬prime la peine de mort, il fallait le faire, malgre tout. »
Si on lui demande s’il n’est pas etonne que le dernier metteur en scene communiste francais ait choisi de monter sa piece, Mikhail Volokhov repond sans hesi¬ter: « En France, le Parti communiste fut a l’origine d’avancees sociales, importantes. Bernard Sobel est d’abord un homme; pour moi, le plus important est d’etre un homme. Un homme qui reve. Le reve, c’est quelque chose de «gauche», quelque chose qui peut changer le monde. Je reve que les artistes creent leur propre parti, ni de droite ni communiste, le parti de l’art face aux idees duquel reagiraient les partis politiques traditionnels. A premiere vue, l’art est inutilisable mais, dans la duree, a mesure que le temps passe, on s’apercoit que c’est l’instrument de la comprehension, de l’intelli¬gence.
OLIVIER SCHMITT
***
Liberation
«Cache-Cache avec la mort»: ou le fantasme n’est que le paravent d’une farse tragique, ou l’horreur en cache toujours une autre.
THEATRE
Sobel en oder d’URSS
Dans un hopital du KGB, deux pompiers de nuit en faillite d’identite se castagnent: «Cache-Cache avec la mort», de Mikhail Volokhov, s’affiche comme une plongee au cul du bas monde sovietique. Une piece pleine de cadavres dans le placard, ecrite en «mat», la langue des marlous, et mise en scene a vif par Bernard Sobel a Gennevilliers.
Longtemps la salle restera allumee rappelant au spectateur qu’il est aussi    membre    du    public — comme on dit membre du parti-et qu’il n’est pas seul dans son petit fauteuil d’individualiste forcene a ecouter les tombereaux d’ordures et d’insultes que les deux types deversem. expulsent, deglutissent, ex¬pectorent, degobillem la devant dans ce vrai-faux decor signe Nicki Rieti, grand complice en perversite du metteur en scene de la chose. Bernard Sobel en plein retour d’URSS -comme on le dit d’une manivelle. Soit la carcasse froide du lieu — rue des Gresillons. Gennevilliers — qui ne fait pas vieux theatre (avec ses cintres, ses ficelles, ses murs ecailles) mais plu¬tot ressac de l’ere industrielle aux tubu¬lures metalliques noiratres, le tout pre¬sentement nique par Nicki de tuyaux de chaudieres beaubourgiennes pissant un minable goutte-a-goutte sur le sol gris-noir ou git un gros tas d’extincteurs au rouge fatigue et a l’efficacite que l’on peut croire douteuse. S’y ajoute, cote cour, coin cosy merdique un fauteuil ex-club au cuir lamine devant une tele ou  denient, hypnotiques, ries scenes miiciies; Gaearine sous son pleine vitesse comme les deux, la devant, qui jactent. L’assis du fauteuil -le grand, l’intello. le maitre-. Felix dit le juif, et le debout de la bougeotte -le peut, le prolo, l’esclave-, Arkadi dit l’Ukraine. Les deux sont pompiers de nuit dans un ho¬pital pour membres du KGB. Dialogue (ce sont presque les premieres repliques, traduction Lily Denis et Bernard Pautrat).
«FELIX…. Tu vois, l’Ukraine, tu peux chouraver ce que tu veux, tu peux meme vendre tout l’hopital, je m’en fous. Seu¬lement tu es. comment je dirais?… sous surveillance, pas vrai?… pas d’autorisa¬tion de residence… bref, il faut que tu fasses gaffe, non? Tandis que moi. hein ? Je m’en balance, moi.
ARKADI. J’suis peut-etre sous sur¬veillance mais j’suis pas youpin, moi. pu¬tain! Oh. l’ordure! Oh, putain, un peu qu’il avait raison, Hitler! Que moi je vous aurais fait cramer, tous les petits youpins kgbites!
FELIX. Et moi les maffieux ukrainiens !
Et puis, pour ce «petits youpins kgbites»,
moi j’ai bien envie de le casser la gueule !
ARKADI. Ah, ah! Tes vraiment juif!
Putain, vous les juifs vous etes des vrais
porcs! on s’enfile un nom russe. hop!
encule son petit monde! Putain, les pedes ! (Felase leve brusquement.)Ei pour ce qui est de me casser la gueule, faudrait pouvoir, mon pote. La verite, on peu pas lui casser la gueule, mon pote! Bon, al¬lez, on bouffe.
FELIX. Mon cul, pauvre con. Attends que je te baise, tu vas voir! t’arreteras pas de te branler la tete. OK?» IL y en a deux bonnes heures comme ca. Mikhail Volokhov a ecrit Cache-Cache avec la mort en quelques semaines, peu apres son arrivee en France en novembre 1987. I1 sait de quoi il parle: il est juif el diverses brimades durant ses etudes juif  ont rappele, il a travaille dans un hopital ou l’on soignait des eclopes de l’Afgha¬nistan et des Tchemobyleux, et ce fils  de la banlieue moscovite, ne au Kazakhstan en 1955, a croise le bas monde russe. Sa piece est ecrite en mat. Une langue marlou, argotique, sexuelle et orduriere vo¬lontiers pariee par les prisonniers de droit commun et les chauffeurs de taxi mos¬covites, une langue dont lu vase touille des argots ancestraux, une langue que l’elegant Andrei Biely jugeait deja poetique. Un ami de Volokhov lui aconseille d’aller porter sa piece a Bernard Sobel.
Comme banlieue rouge, Sobel, homme de re¬mugle et de dialogue, a recu ce br;lot a bras ouverts, position christique par ex¬cellence. Et il nous le restitue — avec la complicite parfaite de Hucues Quester (Felix)   et   Denis   Lavant   (Arkadi)-comme il l’a lu: un mauvais reve, c’est-a-dire une bonne observation de l’intes¬tine realite sovietique. Ou le fantasme n’est que le paravent d’une patente farce tragique, ou l’horreur en cache toujours une autre, ou l’identiie se zigouille dans une noria des masques, de roies a jouer et a dejouer, de mensonges gros comme le Soviet supreme mieux que Bernard Sobel aurait pu mettre en scene a vif et a ras l’ (auto-)ironie de telles repliques: «FELlX. Je vais te dire, l’Ukraine: le communisme, c’est la paix du c;ur. AKKADI. C’est ca, putain! Le commumsme! Putain, quand tu causes, on sent que t’es un mec sensible! FELIX. C’est que le communisme, lu vois, c’est une science. Et on peut pas al¬ler contre la science. ARKADI. Moi, avant, la science, je m’en branlais mais maintenant, putain, je lui tire mon chapeau.
A ce moment-la de la piece Felix passe Pour  un   kgbiste  sincere  et  quand
etre du batiment, Felix troquera cette identite contre celle d’un gars de la CIA et l’Ukraine retournera sa veste illico. Et ainsi de suite. La question n’est pas de savoir quelle est la bonne identite puisque toutes (poete, juif, franc-ma¬con, agent double, tueur a cages, etc.) sont mauvaises. Et que lu verite se de¬robe comme une terre sous le tremble¬ment: elle est, mottes retournees, ca¬davres dans le placard et dans le haJI d’entree, partout. A force d’avoir tou¬jours un role d’avance sur Arkadi (et sur le spectateur). Felix est trop maitre du jeu pour ne pas en etre la premiere vic¬time. Et le theatre plus que tout autre forme dit cette faillite d’identite (et de croyance en un ideal et tout le tintouin) dont la parole est le dernier radeau. Volokhov l’a instinctivement compris. Aussi, petit a petit, la lumiere baisse-t¬elle dans la salle, on entre dans le spec¬tacle proprement dit, on «croit» aux personnages. Sobel nous la joue finaud, et plus flagellant que lui tu meurs, quand on ne sait plus de quoi-qui-qu’est-ce, il remonte mine de rien la densite des projecteurs jusqu’a retrou¬ver la lumiere du debut dite «de service» (complice de l’emourloupe, l’eclairagiste Herve Audibert) dans les dernieres insanites de la piece qui ne s’acheve pas en boucle mais en vrille.
Seul fait probant: l’un a paye l’autre pour en tuer un troisieme, un cadavre que l’on ne verra pas et dont la puanteur en¬vahit toute la piece. Exactement comme dans le spectacle que Sobel monte paral¬lelement dans l’autre salle. Marie d’Isaac Babel. le personnage de Marie, jeune fille de la bourgeoisie, ainee d’un ex-general de l’armee imperiale devenue revolu¬tionnaire, n’apparait pas en scene mais y rode constamment ( Uberatinn du 12 jan-vier). On peut d’ailleurs pousser le paral¬lele qui l’ait de ces deux pieces un oppor¬tun diptyque ( y compris dans le jeu de ses decors): Marie envoie une lettre ou elle dit: « Il est tard, je ne trouve pan le som¬meil, je suis la proie d’une inexplicable angoisse pour vous et puis je crains les reves. Quand je reve, c’est de poursuites, de supplices, de mort.» Ce sont exacte¬ment les premisses de Cache-Cache avec la mort. Ou une autre lettre traverse la piece: celle que Felix glisse dans la boite d’Arkadi pour lui commanditer anony¬mement un crime contre 500 roubles, l’action se situant au lendemain du meurtre. Autrement dit, prenez Marie, re¬tournez la piece comme une crepe, passez du positif au negatif, ajoutez la terreur stalinienne, lavez les cerveaux a l’eau froide, plongez dans l’eau chaude et vous aurez Cache-Cache avec la moort. On peut alors relire et mieux comprendre ce que Nadeja Mandelstam, veuve d’Ossip, rapporte dans son indispensable Contre tout espoir. «Mandelstam voulut savoir pourquoi Babel etait attire par les «mili¬ciens» (les tchekistes. NDLR): etait-ce le desir de connaitre l’appareil distribu¬teur de mort? Pour y mettre le doigt? Non, repondit Babel. Je n’y touche pas avec mes doigts. Je me contente de reni¬fler, pour voir ce que ca sent.» Volokhov est le genre de gars qui renifle avant d’ecrire. Et Gennevilliers est en odeur d’URSS — comme on dit de saintete.
Jean-Pierre THDBAUDAT
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LE FIGARO
«Cache-cache avec la mort»
au Theatre de Genneviiliers
Dieu, les hommes et le KGB
Face-a-face violent entre Hugues Quester (Felix)
et Denis Lavant (Arkadi), les deux personnages de la piece
de Mikhail Volokhov, qui fete sa premiere creation en France.
Les mots s’entrechoquent, se heurtent, se brisent presque les uns contre les autres. Mi-khail Volokhov ne lesine pas sur le langage ordurier. On se croirait dans certains films americains ou les protago¬nistes n’ont l’air de ne pouvoir se parler qu’a travers des in¬jures plus grossieres les unes que les autres. Mais dans Cache-cache avec la mort, ces dialogues menent a une ten¬sion, un choc qui n’en rend que plus incisif le denouement. Felix et Arkadi sont deux em¬ployes d’un hopital reserve aux membres du KGB. Deux veilleurs de nuit qui, en une soiree, vont devoiler leur veri¬table activite — tueurs en l’oc-currence -, leur passe, sans que l’on sache finalement s’ils jouent un role ou s’ils racont la
Mikhail Volokhov a ecrit cette piece en 1987, alors qu’il venait de s’installer a Paris. Cette piece, choisie et mise en scene dans son propre theatre par Bernard Sobel (dans la belle traduction de Lily Denis et Bernard Pautrat), se joue actuellement a Moscou, et pour la troisieme fois, au theatre Mossoviet avec Andre Sokolov, l’interprete masculin de La Petite Vera. Avant de devenir ecrivain. Volokhov avait suivi la voie de ses pa¬rents scientifiques.
«J’ai etudie la biologie pendant six ans. Quand j’ai pu enfin faire des experiences pratiques et m’orienter vers la recherche, je me suis rendu compte que l’on ne me donnait pas tous les moyens de tra¬vailler, precise-t-il. L’antisemi¬tisme est partout en Russie. J’ai donc abandonne les sciences. Parallelement, je me suis consacre a la philosophie et a la litterature, puis a l’ecri¬ture de romans et de pieces de theatre.»
«La victoire, c’est de croire en Dieu»
A 37 ans, Mikhail Volokhov vit maintenant a Paris, non parce qu’il en revait mais pour suivre sa femme, une Fran¬caise rencontree dans le metro a Moscou. Il a aujourd’hui une petite fille, «nee deux jours apres mon arrivee definitive en France». Originaire du Kaza-khstan, il se definit comme un enfant de la rue. «La-bas il faut se battre tout le temps pour vivre», s’exclame-t-il dans un sourire en montrant ses cicatrices sur les bras. •• J’ai une grande nostalgie de ce pays, je repense a ma jeunesse.»
Son francais est encore in¬certain et son dictionnaire ne le quitte jamais. Pourtant, il joue un court role dans Marie, d’Issac Babel, presente simul¬tanement dans l’autre salle du Theatre de Gennevilliers. Une belle facon pour Bernard Sobel de l’accueillir chez lui. Vivre en France ou ailleurs, ce n’est pas un choix. Volokhov prend les choses comme elles arrivent. Sa seule determination: l’ecri¬ture.
«Il n’y a pas de victoire dans la vie, la seule victoire c’est de croire en Dieu. Ecrire une piece, c’est essayer cela, essayer aussi d’instaurer la paix entre les gens. Mais il n’est pas facile d’y croire.»
Caroline JURGENSON
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LE  FIGARO
Mikhail Volokhov donne la parole aux meprises
Mikhail Volokhov est un jeune auteur russe installe a Paris. Le Theatre de Gennevilliers le porte a la scene pour la premiere fois en France.
Il a trente-huit ans, vit en France depuis 1987 et se voit aujourd’hui mis en scene pour la premiere fois en France, sur une grande scene nationale : le theatre de Gennevilliers et par le maitre des lieux : Ber¬nard Sobel. Le parcours est somme toute reussi pour Mi¬khail Volokhov dont on decou¬vrira la piece des cette se¬maine.
„Cache-cache avec la mort» est un dialogue entre deux assassins (interpretes ici par Denis Lavant et Hugues Quester). La piece avait beau¬coup surpris a Moscou lors de sa premiere presentation mais se trouve reprise ces jours-ci dans un grand theatre de la capitale. C’est que Mikhail Vo¬lokhov avec son gentil sourire semble pret a ecrire, a decrire les pires situations, et dans la pire des langues, le « mat » argot tres sale venu des geoles sovietiques.
Un aplomb tranquille et mo¬deste pour ce mathematicien que sa mere fit interner dans une clinique psychiatrique a 22 ans. Motif : il avait com¬mence a ecrire un roman. Ne dans une famille de scientifiques, — son pere est docteur es sciences, son oncle correspon¬dant de la Pravda -, il reussit malgre tout a faire la decou¬verte de la litterature et de la philosophie entre deux cours de physique. Il lit Dostoievski, qu’il cite en premier, ou encore Chestov, Sartre, Camus. Kafka, grace a un ami qui lui passe les photocopies de ces livres bien entendu interdits. Et, apres 25 jours d’observations, les psychiatres sovietiques le relachent. Nous sommes en 1977.
Vieux stoique
Mikhail Volokhov raconte en riant comment il a fait tous les metiers: commis-voya¬geur, peintre a la television ou professeur d’electrotechnique. En fait, ce qui l’interesse, c’est ecrire des pieces de theatre, une dizaine dont, severe avec lui meme, il ne veut garder que quatre. Pourtant, il lui faudra attendre 1988 pour se voir jouer « A Moscou, a 10 metres de l’hopital psychiatrique », savoure-t-il. La piece s’appelle » Les Putains ».
Putains, assassins, le dra¬maturge reconnait volontiers son go;t pour les «personna¬ges les plus meprises, les plus bas dans le monde». Il a une curieuse et feconde propen¬sion a recuperer le malheur «Ouand les gens sont tres malheureux, ils approfondis¬sent leur pensee et leur foi en Dieu. Alors bien s;r, il ne faut pas ajouter au malheur de la vie. Mais le montrer dans l’art… Tout ce qui s’est passe en Russie est un grand mal¬heur mais j’ai reussi a utiliser ce malheur. »  Une sagesse de vieux stoique. » Et aussi, ajoute-t-il au bout d’un mo¬ment, je voudrais que la repre¬sentation soit comme une ca¬tharsis, qu’elle permette de nettoyer son ame. »
Aujourd’hui marie a «une Francaise rencontree dans le metro de Moscou «, installe dans la banlieue parisienne, il suit encore l’actualite russe sur sa television, prodige du satellite. Et meme Volokhov se felicite d’avoir, a Paris, la tran¬quillite necessaire pour ecrire. Rentre au theatre par la grande porte, il en profite pour s’initier au passage au metier de comedien, en jouant un pe¬tit role dans «Marie», toujours sous la houlette de la bonne fee Sobel. Le dramaturge trop longtemps exclu du theatre semble bien vouloir se rattra¬per
Jean-Luc EYGUESIER
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Cirill Razlogov
Culturologue,  animateur  de l’emission Le culte du cinema
L’oeuvre de Mikhail Volokhov est un phenomene extraordinaire qui appartient a quelques spheres de la culture a la fois : a la litterature, au theatre, au cinema et, selon l’auteur lui-meme, a la philosophie. La conjugaison de ces spheres temoigne  de l’universalite de  son talent et de sa methode d’aborder les sujets.
En meme temps, son ;uvre, qui est manifestement marginale,  fait face  aux tendances generales  —  ce qu’on appelle «mainstream» — dans la culture de masse aussi bien que dans la culture reservee a l’elite.
Ce phenomene n’est pas nouveau ; il est tres typique de l’ art contemporain de la fin du XXe – debut du XXIe siecle .
J’estime que ces tendances alternatives qui elargissent les horizons de la creation artistique au-dela des limites etablies par la societe ont beaucoup d’importance pour le futur.
Dans cette optique les  experiences theatrales et cinematographiques de Mikhail Volokhov seront de plus en plus reconnues.
Le calvaire de Tchikatilo — une de ses oeuvres centrales – existe en quelques versions.
Les experiences cinematographiques se trouvent aux confins de la cinematographie et de l’art video. Ce sont deux formes differentes de la creation sur ecran ayant leurs particularites esthetiques. Bien qu’il soit difficile d’imaginer la possibilite de faire voir ces choses-la  a la television , il utilise l’experience des jeux verite qui peut etre promue sur les grands ecrans.
En plus, il aspire a utiliser de differentes traditions esthetiques avec un but tout a fait concret autant pour choquer le public que pour elargir le diapason de sa perception, de ses capacites de percevoir les choses qui ont ete absolument rejetees autrefois.
Mikhail Volokhov le fait d’une facon passionnante et meme didactique.
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Theatre/Public
Un theatre transcendant, pour degre zero de l’ideal
Theatre russe, marge II.
Sur
une piece de Mikhail Volokhov Cache-cache avec la mort
presentee au Theatre de Gennevillie

Volokhov parle aussi de nous
Trafic de nourriture. La faim creuse toutes les faims. La debrouille devient la valeur. Elle n’est pas seulement necessaire, on y croit. Pour certains, elle devient jeu et plaisir. Un art.  Pas de croyance dans le trafic sans trafic de la croyance. Ceux qui croient que la liberte, c’est trafiquer chacun contre
tous, doivent savoir trafiquer du besoin general de se croire libre ou liberable. Etre dans le besoin rend credule. Une
langue, obscene et obsessionnelle, qui metaphorise l’ordure. Les besoins fournissent aux desirs leur vocabulaire.
Idealisation minimale. Moins jouissance de l’ordure que celle de son maniement. Jusqu’a tromper un homme du peuple sur le terrain   de la vulgarite. Fine demagogie orduriere, prise en meme temps dans l’ordure.  Felix baise Arkadi a un point tel qu’il ne saurait etre ques¬tion, entre eux, de rapport sexuel. En l’abusant et le desa¬busant a repetition, il le vide. Et si l’Histoire finissait par apparaitre, a la plupart de ceux qui ont besoin de croire, comme autant d’histoires im¬possibles a croire ? Et si c’etait la l’effet d’une politique de la narration, consistant a faire croire et decevoir a repeti¬tion, jusqu’a la croyance qu’on ne peut plus rien croire ?
Felix est un artiste pratique. Ses fictions manipulent la realite. L’une d’elles rend Arkadi meurtrier. C’est, a la fois, un dialecticien et un imaginatif. A l’aide de son cobaye, il fait de la vie une sorte d’;uvre d’art. Pourquoi ecrirait-il des poemes ? Arkadi est un gogo double d’une crapule. Felix, un conteur amoral qui tue par procuration, mais vise essentiel-lement a supprimer la difference entre tuer et raconter un meurtre. A travers Arkadi, il veut deboussoler le reel pour le fuir. C’est une crapule savante, mais lui aussi a besoin de croire. Qu’on peut echapper a sa mort en la racontant, par exemple. S’il veut maitriser le reel, c’est pour le dissoudre comme tel. Alors qu’Arkadi, lui, cherche une issue reelle.
Et si l’Histoire apparaissait comme une fiction (meur-j triere) masquant la mort ? S’il fallait la renouveler de plus I en plus vite, pour que continuent d’y croire ceux qui en ont ] besoin, quitte a deboussoler leur credulite a force de trans¬formations ? Et si les metteurs en scene de la fatalite de la ! mort abusaient aujourd’hui de la «fatalite» de la croyance, en transformant la nature et les naturels en mensonge sans fin ? Si meme tuer, mourir, devenaient etre menti, mentir ?
Jusqu’ou la fiction peut-elle rouler le reel dans sa farine ? Et qu’en est-il de l’art, quand le reel devient de plus en plus fictif ?
Le theatre serait un art reel de la fiction, s’opposant a la fictionalisation du reel. Non plus fiction contre realite, mais fiction contre fiction et realite contre realite. La feinte thea¬trale pourrait rendre compte d’une realite fictive. Y aurait-il, au theatre, une certaine «issue» fictive, de quelque portee reelle, a une realite, paraissant sans issue, qui plonge dans la fiction ? Une realite qui feint l’art, l’art ne peut plus la feindre. Elle rend centrale la question de la fiction. Celle d’un art imaginant contre celle d’une realite imaginaire. A l’art, il resterait a imaginer ce que peut avoir de reel une so¬ciete de plus en plus fantasmatique.
De la superiorite intellectuelle, comme moyen d’entuber autrui. Quand une logique superieure de manipulation de la croyance se combine avec la croyance que cette superiorite autorise l’amoralisme.
Pour Felix, tout est jouable sans borne dans le reel, afin d’echapper au mourir ambiant. Lui et Arkadi veulent conti¬nuer a se croire, respectivement, capable de tout faire faire et justifie a faire n’importe quoi. L’un se joue des apparte¬nances, l’autre en a besoin. Arkadi met son ideal dans des organisations meurtrieres. Il veut seulement etre du cote de quiconque peut tout impunement. En un sens, il veut etre Felix, a ceci pres que Felix raconte. L’ideal de Felix, c’est de pouvoir tout raconter en etant cru, jusqu’au crime. A eux deux, ils font une jolie mafia.
A quoi un intellectuel d’envergure pourrait-il etre utile dans une organisation politico-criminelle? Je ne parle pas d’une specialite, mais, par exemple, d’une capacite savante de manipulation de la credulite, qui passe par la parole. Sa¬voir dialectiser dans le langage des masses, faire rever, sus¬citer la gratitude, l’abandon aveugle ; mais encore, faire agir par peur, donner a vivre alternativement espoir et de¬ception, etriller l’affectivite d’autrui jusqu’a une sorte d’es¬clavage. En maniant une logique qu’aucune valeur n’as¬treint et qui peut jouer de toutes, sans frein dans son reve de puissance.
Avec Felix, tout peut devenir tout. Il fait tuer par Arkadi un membre du Kgb qu’il fait passer pour un Juif. Lui-meme est-il bien juif, avec son nom chretien ? Et Arkadi, avec son nom juif, ne peut-il l’etre ? Felix le persuade de lui donner son corps par devoir, puis se derobe. Il peut tout pretendre, tant qu’il est cru. Mais il dit tout et son contraire. Et montre ainsi la puissance nue de son verbe.
A quoi bon ecrire, si on peut «ecrire» en parlant ? Et a quoi bon ecrire en parlant, si ce n’est pour se jouer du reel ? Felix n’oppose pas sa puissance fictionnelle a la realite ; sans la perdre, il l’accommode a elle. Finalement, il sug¬gere a Arkadi de le tuer a heure fixe, de le suicider a sa place. Mais, a ce moment, nous sommes si so;les d’his¬toires contradictoires que nous ne pouvons plus ni le croire, ni ne pas le croire. Nous ne sommes pas desabuses a force de mensonges, avec la certitude qu’il ne faut plus le croire. Nous nous sentons desarmes devant toute verite ou men¬songe, realite ou fiction. Ces oppositions perdent leur sens. A force de credulite et de tromperie, nous sommes, en meme temps, prives d’espoir et de desespoir, de desir et de renoncement. A la fois, rendus indifferents et offerts a n’importe quelle Histoire.
Ni illusion, ni lucidite : un troisieme etat narcotique, ou on est pret a tout parce qu’on se fout de tout.
Chez nous, la fiction saturante nous en approche. Elle op¬pose, au croire sans croire du theatre, un croire sans croire d’une autre sorte. Un sentir sans sentir.
L’identification, l’illusion et la digestion ne suffisent pas a en rendre compte (la distanciation non plus, donc). Car on s’identifie sans s’identifier, on ne peut plus se faire d’illu¬sions, on n’ingere qu’a moitie pour eviter l’indigestion.
Volokhov parle aussi de nous. L’ex-URSS ne fait pas que nous fantasmer; a travers sa realite bien differente, elle nous perce a jour dans ce texte.
C’est du realisme fantastique. Du grand art, capable, par l’imagination, de degager le reel a distance. Et s’il est vrai qu’il s’eloigne, seuls de grands voyages nous feront y toucher.
Il — Cache-cache avec la mort au Theatre de Gennevilliers
Telle quelle, ou presque, la salle. On decore en omettant. Ce manque est riche de possibles. Les spectateurs meritent, mieux que des realites, des possibles. Il n’y a pas plus fictif qu’un theatre nu, comme nudite d’un art et negation du na¬turel.
Vaste, la scene entoure le spectateur. Il est comme sur elle. Le plafond est tres haut. A la frontalite, s’oppose l’en¬ceinte d’un monde.
L’espace, arbore au lieu d’etre decore, aimante. En deca de l’histoire, il sera question d’espace-temps. Elle le tordra specialement ; il la fera, l’eclairera, la regardera.
Ca ne se passe pas seulement au sol. Il est mis en l’air, parce que les hauteurs sont foulees. Il reste terrestre, mais decolle. De multiples passerelles joignent de hauts murs, quadrilles a distance par ce qui parait etre un support de projecteurs. Ceux qui entreront en action eclaireront tous leurs emplacements possibles. Comme dans une mise en scene de mises en scene possibles, pour une histoire des Histoires. La seule chose qui nous interesserait au theatre, ce serait une traversee des theatres et des mondes reels et possibles.
Deux acteurs laches dans l’espace, un cote cosmonaute et vaisseau. Il y a peu a eclairer, l’eclairage devient donc per¬sonnages. Il s’agit du vaste espace de notre hideur, de notre desarroi et, malgre tout, de notre beaute. Beaute humaine mise en grand danger par le mal epique. Deux males.
L’eclairage devient. Ca saigne sur les murs lateraux. Ils commentent la confrontation du couple immonde. Celui-ci n’agit, ni ne dialogue : il agit son dialogue. Les murs par¬lent en saignant. Ou plutot, seulement leur quadrillage. Ce signe du sang ne les noie pas; les caresse ou les dessine, a distance. Ce signe du sang ou du feu.
Il s’installe insensiblement, disparait de meme. La salle est d’abord pleinement eclairee, niant l’evidence du theatre ; posant que, pour qu’il se passe quelque chose, il faut d’abord qu’il n’y ait rien a voir. C’est un cadeau em¬poisonne qu’on fait au spectateur, de lui livrer des spec¬tacles tout faits, ou il n’a rien a faire. Seule la production theatrale peut lui etre utile, comme la production histo¬rique. Il faut que les gens de theatre cessent de confisquer le chantier ; les spectateurs aussi ont le droit d’etre ses ou¬vriers. Mais il est plus difficile de mettre en scene un chan¬tier qu’un immeuble. Celui-ci assassine le theatre, lequel est meuble comme une terre. Non pas spectacle du mouve¬ment, mais realite mouvante.
Les cosmonautes, ce sont les spectateurs d’un theatre du monde de terre et de sang. Ce qui court le long des bar¬reaux, c’est, a la fois, le signe d’un sang qui coule et d’un sang qui bat : les egorgements et la chaleur des gorges. En fait, au mal historique obscenement expose sur le sol, re¬pond comme une ch;ur plaque aux murs. Les barreaux rougis sont les corps figures d’une foule anonyme, corps transparents au sang battant. Cela pourrait nous eviter de nous traiter en choses, de voir notre chaleur et sa fragilite. Ce ch;ur spatial, foule vivante d’hommes meconnaissables et anonymes, barreaux de leur propre prison, limite la fable horrible et la regarde se derouler. Comme s’il la voyait se derouler a la fois en son sein et a distance. Cette armature rouge de drapeau troue, relativise le mal, la desesperance. Elle expulse sur le plateau ce qui la calcine. Ce sang et ce feu de la vie eloigne, sans l’adoucir, la fable d’incendie, de massacre.
Gagne insensiblement sur les pleins feux, et perdable, ce personnage eclairant nie, a la fois, qu’il ne faille pas deses¬perer les gens et qu’on puisse se repaitre de leur desespoir. Ce qu’il faut, c’est montrer le pire, de maniere a ce qu’on ne s’y noie pas. Non pas pretendre a la solution, mais nier qu’on puisse pretendre a la non-solution definitive. Trouver deja une solution scenique a l’insoluble, et inscrire l’inso¬luble dans cette solution. Demettre en mettant en scene. Ni faire jusqu’au bout, ni defaire. Doublement nier fatalisme et prometheisme. Se poser en se niant, mais evacuer en montrant. Solidement, fragiliser le theatre. S’il vaut, il vaut deja dans les pleins feux ; et encore mieux quand s’instal¬lent tous ses artifices.
Un eclairage d’en-dessous, plombe mais chaud ; un soleil du bas, prudent. Le theatre fait la nuit, mais pas d’un coup. C’est un theatre de notre monde, mais qui l’indique avec des moyens minimaux. Il est de notre monde parce qu’il ne le represente pas. C’est, artistiquement, en tant que theatre technique qu’il en rend compte.
Le temps coule, comme la mare a partir des tuyaux rap¬portes, seul decor mais fondu a la carcasse du theatre. De cette carcasse, le temps coule comme du sang. Fluidite epaisse de l’Histoire, rendue ici sensible, pas seulement in¬telligible. Dans la nuit spatiale installee, les spectateurs, sur leur vaisseau qui eclaire par dessous, peuvent avancer. Vers eux-memes, leur nuit. Les murs regardent, pour qu’ils met¬tent leurs yeux en jeu, en projetant mais percant.
Le probleme de la lumiere croise celui des spectateurs. Si on veut que leurs regards jouissent et travaillent, il ne faut pas leur faire oublier les projecteurs. Nous nous fichons de voir l’aube au theatre, mais non de voir la lumiere des pro¬jecteurs changer justement pour nous y inciter. Car nous aussi nous projetons de la nuit et de la lumiere, et nous ve¬nons au theatre, moins pour voir une representation du monde que pour nous sentir regardes avec acuite, et, mieux qu’ailleurs, nous aiguiser le regard. Les gens de theatre sont des remouleurs au service des regards publics, ou sont vains.
Il y a aussi une television, en apesanteur dans la vaste carcasse, relativisee d’un point de vue architectural. Presque nu, l’espace theatral n’est pas donne ; sans grandes modifi-cations, il est choisi. On le rend sensible, dans une certaine direction. La mise en scene ne construit pas un monde, elle eclaire un donne, donc le transforme. C’est a la fois l’edi¬fice tel quel et un edifice possible parmi d’autres.
L’espace theatral apparait comme un ecran paradoxal qui se donne lui-meme comme image. Ce qu’on montre, c’est l’image reelle du support, non seulement d’une infinite d’images possibles, mais d’une infinite de supports secon¬daires d’images possibles. Dans cette theatralite du theatre, rendue sensible, scenographiee, nous sommes places ante¬rieurement a toute scenographie et a toute image theatrale. On nous met pres du c;ur d’une question des questions (on la cherche avec nous), au lieu de nous prendre pour des cons.
Donc, on pose une television dans la vastitude, comme une conne. Pas au centre. On la livre a l’ivresse spatiale, a son risque de panique, avec deux fauteuils, representants banals d’une intimite. On oppose a l’espace televise, la te¬levision dans l’espace dilate d’un theatre. On lache le cocon des larrons dans le vide, ou plutot le gaz rare du sens en train de se faire. On fait exploser la saloperie de l’une et des autres, pour qu’elle resonne loin dans ce qu’on pourrait appeler la theatrosphere, par derision (mais pas tant que ca : c’est un lieu de relativite, il ne connait pas le mouve¬ment uniforme, ce qui est rectiligne s’y revele courbe).
Dans l’ecran paradoxal du theatre disponible, la television s’incruste comme une face, tantot allumee, tantot eteinte, mais toujours lisse. Un personnage universel, anonyme pour qu’on le devienne, selon l’usage massif. Au nom de la plura¬lite et de la liberte, cyclope gommant les traits, lissant les drames. Specialiste du drame, qui contribue a le perenniser, mais en libere le theatre. Au milieu des gravats, des caillots, purete domestique qui infeode le monde. Masque neutre, hallucinant et vidant les visages, ridiculisant leur relief, ren¬dant presque impossible leur face a face.
S’il y a crise du dialogue, c’est aussi que le theatre de- vient, pour le spectateur, une des rares occasions de face a face reel. Ici, les personnages se battent a coups de mots, pour que nous reussissions, un peu mieux, a nous voir. La television nous met face a un tout qui nous absente. Le quotidien nous condamne a nous-meme, en face de gens qui n’ont pas de temps a perdre. Le theatre, lui, peut nous confronter aussi bien a autre chose qu’a un nous-meme va¬cant et riche, reel et possible. Une television aussi.
Le theatre, aujourd’hui, est une des seules propedeutiques au face a face humain. Sa valeur se mesure aussi au desir qu’il donne de se parler vraiment ; dommage qu’il y en ait tant de vain qui prete au bruit des mots. Il ne suffit pas d’un beau texte, mais on ne saurait faire l’economie d’un vrai. Un texte vrai donne envie, moins d’en parler, que de se parler ; de mieux dire soi et le monde a un autre et a soi-meme. Meme classique, tout texte utile est contemporain.
Distancie, tout theatre valable est sensible. Detournee, toute fable doit aussi nous toucher directement ; travaillee, toute langue doit outrepasser la litterature. Le theatre n’a que faire de l’erudition. Comme de l’ignardise. On n’est pas la pour referer, si on peut etre la pour qu’une reference nous br;le.
Il est essentiel au theatre d’etre un art de la suspension, non seulement des savoirs, mais des sensations. C’est un art enfantin, non infantile, qui devrait incliner a sentir et comprendre, toujours comme pour la premiere fois. Ce qui le caracterise, c’est moins la memoire qu’une vacance propre qui s’oppose a l’oubli televise ; un aiguisement, au present, des sens et de l’intelligence, dans un espace constelle mais non sature, disponible. Pas seulement un es¬pace objectif, un don d’espace pour les spectateurs. Ils sont la piece essentielle du theatre : leurs imaginations priment toutes les autres. Le propre d’un theatre de grande imagina¬tion, c’est qu’il reste riche a imaginer ; le propre d’un grand texte de theatre, c’est que son sens reste riche a extraire.
De bons acteurs se font oublier pour plus important qu’eux. Sans eux pourtant, rien ne se passerait. Ils ne por¬tent pas seulement l’evenement ; quand ca marche, ils ren¬dent tout evenementiel. Leur jeu les depersonnifie — sur¬passe leur personne et leur personnage — en laissant les choses se personnifier quelque peu. L’empoignade distante de Felix et d’Arkadi fuit l’anecdote pour lever l’embleme, leur depense physique meme semaphorise leurs corps, tan¬dis que la television fait le tiers individu, que l’eclairage coule comme du feu et du sang, que l’espace et le sens va¬cants deviennent concrets.
Le theatre, ce n’est pas la vie. C’est une capacite d’abs¬traire a partir de la vie et de rendre concrete cette abstrac¬tion. Une occasion de comprendre : les savants ne font rien d’autre, et une occasion de se divertir : comme les enfants avec des riens. Le pire pour les spectateurs, c’est d’etre pris pour des adultes incapables de comprendre.
Un certain theatre permet de viser loin, en etant touche de pres. Il ;uvre dans le mouvement et le relief du sens. Quoique rare et pour si peu de gens, il defonce l’ecran bombe du roi cyclope.
Gerard Lepinois
• Gerard Lepinois : ecrivain. Chez Deyrolle Editeur, en 1992 : un essai, l’Action d’espace, et un recit, Un.
• Mikhail Volokhov, ne en 1955 dans le Kazakhstan, reside en France depuis 1987. ;uvres montees en ex-U.R.S.S. : Les Putains (E. Kazakov, Moscou 1988), Cache-cache avec la mort (Theatre d’improvisation dra¬matique, Moscou 1990/B. Ozerov, Ukraine 1991/A. Jitinkin, Moscou 1992), Requiem (Theatre Peroskaia 1990), Gaudemus (Theatre de Lvov, Ukraine 1991).
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Cripure
LES LUNES ROUGES DE GENNEVILLIERS
par Gilles COSTAZ
Chez Bernard Sobel, les nuits sont traversees d’utopies egalitaires et de reves brises. Pour entre-choquer le passe et le present de la Russie, il met en scene coup sur coup un classique revolutionnaire, Isaac Bobel, et un jeune auteur russe, Mikhail Volokhov.
BERNARD SOBEL, un bel obsessionnel
Dans notre paysage theatral, Bernard Sobel est une plante d’espece unique : l’homme d’un theatre politique qui ne se resoud pas a la mort des grands ideaux communistes, commu¬nards et communautaires. Les autres ont accepte la fin des utopies sociales. Pas lui. De quoi nous parle-t-il dans les deux pieces qu’il met en scene coup sur coup pour cette rentree, Isaac de Babel et Cache-Cache avec la mort de Volokhov ? Du com-munisme. Mais du communisme douloureux en 1933, chez Babel, et en 1992, chez Volokhov.
On pourrait ecrire que Bernard Sobel se repete a l’infini, qu’il ne change pas dans un temps qui change et que cet ancien assis¬tant du Berliner Ensemble qui protege sa calvitie sous une cas¬quette brechtienne et dont la boussole culturelle s’affole toujours en direction de l’Est est devenu, au fil des ans, un dinosaure du theatre. Il en a pris le risque et sa mise en scene l’an dernier de La Mere de Brecht d’apres Gorki, ou tout etait monte a la maniere des metteurs en scene revolutionnaires, comme photographie dans les annees trente, en noir et blanc grise, pouvait donner le senti¬ment que la fossilisation le guettait ou plutot le tentait. Il aime ces annees-la comme il aime le temps des grands debats de la Convention et, s’il ne parle pas de l’ex-mur de Berlin, on peut supposer que, pour lui, Berlin-Est survit toujours dans ses reperes et jusque dans sa facon de mettre en scene.
En realite, on n’en finit jamais avec Sobel, dont la pensee est beaucoup plus remuante qu’il n’y parait et dont le style peut reser¬ver des surprises. C’est que ca se cabre beaucoup a l’interieur de son obsession d’une revolution ideale! Sa certitude inebranlable abrite tant d’incertitudes. Le reve, chez lui, est une dechirure. Cela nous permet de ne pas lui en vouloir de mises en scene moins heu-reuses et d’etre certain qu’a un moment ou a un autre, il nous eblouira, comme avec La Tempete d’Ostrovski ou YHecube d’Euripide.
Meme s’il copine avec Saint-Just et joue aux cartes avec Bakhounine, il n’a jamais eu le communisme triomphant. A tout moment, il en a dit les dangers en en disant les grandeurs et, pour mieux les souligner, il en detaille les erreurs. C’est ce qu’il fait a nouveau cette saison. On dira que c’est du travail de dialecticien -et, dans la discussion, il est en effet un dialecticien redoutable, l’un des tout-premiers de Paris : quel «philosophe» a la mode tien-drait le choc contre lui ? — mais, en le disant, on ne dira pas tout. Les blessures humaines comptent autant, chez lui, que les habile¬tes de l’esprit.
De telle sorte que, chez ce bel obsessionnel, chez cet idealiste aimant les ideologies et redoutant les ideologues, les plaies des societes et de l’humanite sont plus souvent en scene que la theorie qu’il aime tant dans le dialogue prive et professionnel. Ainsi son theatre n’est-il pas tout a fait celui que l’on pense et que lui-meme annonce, mais un reve contradictoire et contredit dont nous avons, dans ses plus beaux moments, un furieux besoin et qu’il deve¬loppe en ce debut d’annee en deux temps — Babel et Volokhov -pour mieux en fouailler la douleur.
MIKHAIL VOLOKHOV, l’homme qui a deshabille le diable
Comment Mikhail Volokhov, un Russe de 38 ans, rebelle au    communisme, se retrouve-t-il acteur et auteur au theatre de la Commune du communiste Bernard Sobel, a Gennevilliers ? Comment ce fils de scientifiques qui avait appris les mathematiques et pas du tout Tchekhov est-il devenu l’un des auteurs les plus derangeants de la nouvelle Russie ? Plutot que de tenter d’expliquer, mieux vaut en rendre responsables Dieu et le diable, plus l’amour, les trois hantises de cet ecrivain en exil dont on verra en fevrier Cache-cache avec la mort et qui fait en janvier ses debuts d’acteur (en francais) dans Marie d’Isaac Babel ?
La tete en Russie mais le corps en France depuis 1987, Mikhail Volokhov habite la region parisienne parce qu’il a rencontre une Francaise dans le metro de Moscou. Coup de foudre, mariage imme¬diat. Bien qu’il soit suppose detenir des secrets technologiques en raison de ses etudes scientifiques, Volokhov a pu venir vivre en France. Il a ete gardien chez un agent de change, pendant quatre ans. Aujourd’hui, il essaye le travail d’acteur, dans un role modeste. Apres, il verra. Mais, on s’en doute, ecrire passe avant tout pour ce Juif de Russie (« Quand on est juif en Russie, on est plus russe que les autres Russes; ah, que j’aime les films de Sevela sur l’anti-semi-tisme chez nous! »). Sobel lui a donne une double chance : jouer, etre joue. « Je lui suis tres reconnaissant, dit-il. Il est communiste, mais, dans un pays capitaliste, c’est tres bien d’etre communiste. Pas dans un pays communiste! Il a un grand talent, qui atteint parfois un niveau de genie. C’est un metteur en scene de grande morale. Cela me plait puisque l’artiste, pour moi, doit travailler a une societe plus morale. »
On lui avait conseille de remettre le texte de Cache-cache avec la mort a Sobel…C’est ainsi que tout a commence pour lui a Paris. A Moscou, quand a com¬mence son basculement vers le theatre ? Mikhail ne sait pas. Il sait qu’il a d; apprendre la litterature et la philosophie tout seul : Dostoievski, Tennessee Williams, Nietzsche, Chestov (dont il dit aujourd’hui : « sa philosophie m’a sauve la vie »)… Il a commence par ecrire un roman. Voyant cela, ses parents l’ont envoye a l’hopital psychiatrique! Les medecins l’ont renvoye chez lui, n’ayant rien decele d’anormal ! Sa premiere piece, Les Putains, fut creee a quelques metres de l’hopital : belle revanche du destin.
Etant passe a l’ecriture theatrale et a la poesie, il ne vit pourtant pas ses pieces jouees facilement. Les m;urs theatrales russes veulent qu’une piece soit lue aupres de professionnels. A la lecture, le talent de Volokhov apparut avec evidence. Mais la censure veillait. Ces Putains ne furent representees qu’apres sept ans d’attente. Aussi, malgre les marques d’interet de grands metteurs en scene comme Edlis, Volokhov garda chez lui sa piece suivante, Cache-cache avec la mort, qu’il ecrivit en trois semaines, alors qu’il etait deja en France. Les solliciteurs le firent sortir de son isolement. Lue avec enthousiasme, la piece fut creee en 1990 et en est deja a sa troisieme mise en scene a Moscou (la derniere etant celle d’Andre Jitinkin, avec Andre Solokhov).
Cache-cache avec la mort lui a ete inspiree par une discussion avec une personne du KGB et le recit que celle-ci lui fit, l’histoire vraie d’un homme s’eprenant d’une femme a l’etranger et la tuant : « J’ai pense : qu’est-ce que c’est que tuer son amour ? et je me suis demande : qu’est-ce que tuer a l’etranger ? Moi aussi, j’etais a l’etranger. J’etais en France. De la je voyais une autre lune! Sans la France, je n’aurais pas ecrit cette piece. Ma piece est plus forte que moi. J’ai reussi a deshabiller le diable. Traquer le diable, qui, en Russie, est plus facile a attraper que chez vous ou il rode partout, mais de facon diluee, c’est le plus important, avec la croyance en Dieu et l’amour. Pour arriver au paradis, il faut creu¬ser tres profond dans l’enfer. La piece, c’est ca : arriver chez les Dieux apres avoir traverse l’enfer masculin. Les femmes arrivent bien plus vite chez les Dieux! C’est une piece jouee par des gens de trente ans avec une philosophie d’auteur de soixante ans : j’ai cet age dans ma tete tellement j’ai vu de tragedies »…
La piece fit scandale a Moscou. Elle sera bientot, a Gennevilliers, dans la peau d’Hugues Quester et Denis Lavant, diriges par Sobel. Mikhail Volokhov n’en revient pas. Dans son langage d’images et de symboles, il dit : « Etre joue ici, c’est comme d’avoir fait pousser une petite fleur sur l’asphalte ».
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Politis
Prix d’interpretation
Emmanuelle Beart et le duo Hugues Quester-Denis Lavant splendides, chacun de leur cote.
Jean-Pierre Vincent n’avait pas ete tres heureux avec Musset, en depit de la passion qu’il lui porte de facon obstinee. Mais voila que, tout a coup, Musset repond a cet attachement; il y a quelque chose de change dans ce On ne badine pas avec l’amour des Aman¬diers, qui succede a un autre Badine vu par le meme metteur en scene a Sartrouville il y a cinq ans. Ce quelque chose, c’est une reflexion plus nourrie avec, en cadeau, la   belle Emmanuelle Beart.
II y a eu, il y aura de grandes Camille.
Mais la Camille d’Emmanuelle Beart figurera toujours dans le lot des meilleures. Comme elle s’est naturelle¬ment et magnifiquement glissee dans les habits et les sentiments de la jeune fille pure, naive, courtisee, reveuse, heureuse, blessee, dechiree! Elle est toute la sensi¬bilite changeante de ce spectacle ou Vincent et son decorateur Chambas ont pourtant apporte une fantaisie heureuse, encerclant le monde jeune d’un monde adulte ridicule et bouffon comme dans un conte de Marcel Ayme. Pascal Rambeii (dont il faut dire que, lorsqu’il n’exerce pas la profession d’acteur, est l’un de nos| plus grands auteurs — il l’a prouve ici. a Nanterre, avec John and Mary tragedie) est un Perdican inferieur a sa partenaire, mais avec d’heureuses bouffees de rojnantisme moderne.
A Gennevilliers, on est, avec Cache-cache avec la mort de Mikhail Volokhov, dans une modernite sans romantisme. C’est la Russie de la perestroika qu’avec un certain prophetisme (la piece date de plusieurs annees, l’auteur voit basculer dans la folie avide et crapuleuse. Ber¬nard Sobel, le communiste, n’a pas man¬que de courage en montant cette trage¬die du communisme agonisant. Certes, la maniere de Volokhov, qui utilise la vul-garite, la crudite des mots, la bassesse pour mieux exprimer le desespoir, traduit une nostalgie des valeurs qu’un marxiste peut recuperer a son profit. Mais ce qui se cache en realite sous ce dechirement a coups d’insultes et de vanites, de mensonges et de demences, pratique par deux faux revolutionnaires, est plutot mystique. Dieu et le diable sont derriere eux. avec une croyance dostoievskienne dans le Belle» piece, assez longue a trouver sa to¬nalite, mais s’elevant au moment ou elle atteint une vraie folie. Le metteur en scene et les acteurs s’en emparent avec un bel appetit qui les mene vers une nervo¬site tout a fait exaltante. Hugues Quester, en dominateur, et Denis Lavant, en do¬mine se rebellant, pianotent, comme peu d’acteurs savent le faire, sur la gamme de la violence et de la fureur. Pas de cache-cache avec la verite des sentiments dans leur jeu. Ils sont fantastiques.
Gilles Costaz
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Le Quotidien
Critique/Theatre
Cache-cache avec la mort
de Mikhail Volokhov. Texte fran¬cais de Lily Denis et Bernard Pautrat. Mise en scene Bernard Sobel avec Michele Raoul-Davis. Decor et costumes Nicky Rieti. Lumieres Herve Audibert. Son Nicolas Chorier. Avec Denis Lavant et Hugues Questej. Au Theatre de Gennevilliers.
La noire dereliction
On penetre dans la deuxieme salle du Theatre de Gennevilliers et l’on bute sur le cote des gradins. Sous ces gradins, une cuisine cras¬seuse. Une casserole defoncee chauffe sur une cuisiniere sans age. Une vague odeur de cantine Hotte. Au sol. des monceaux de grandes boites de fer blanc et tout un bric-a-brac hors d’usage. On avance et l’on decouvre un grand espace noir. Dans un coin, un refrigerateur et un vieux fauteuil defonce. Insolite, et beau comme une sculpture, un amoncellement d’extincteurs ruti¬lants. Le rouge reviendra parfois en lumieres fines. Au fond, un jeu d’enormes tuyaux noirs, comme un jeu d’orgue, comme les poumons mysterieux d’un lieu etrange et in¬quietant.
D’en haut vont descendre les hommes. Deux hommes qui termi¬nent une ronde, sans doute, emmi¬toufles dans de sombres cires, lam¬pes de poche a la main. Au-dessus de la tete des spectateurs, l’entre¬croisement impressionnant des pas¬serelles metalliques. On est bien dans un theatre, dans une machine a generer de la fiction. Et puis on est aussi dans la salle de garde d’un hopital. Quelque part dans l’ex-URSS. Magnifique scenographie de Nicky Rieti, agnifiee par les lu¬mieres d’Herve Audibert,les sons de Nicolas Chorier.
Les deux hommes engagent un dialogue. Un dialogue comme une guerre. Arkadi. Felix. On connaitra leurs prenoms. On ne discernera pas distinctement qui ils sont vraiment. Des employes de l’hopital. Un hopi¬tal du KGB. Amis, ennemis. Hantes par la destruction, la negativite. Crachant leur desespoir comme cra¬pauds et viperes. Injurieux. Ne sa¬chant plus s’exprimer qu’en un lan¬gage ordurier qui pleut comme poignards tranchants. «Putain» est l’interjection qui revient Je plus sou¬vent. On ne peut plus parler de «mot», puisque le sens en est comme asseche, et les images sexuelles violentes qui font la ma¬tiere meme d’une grande partie de cet «echange» paroxistique ne sont la que pour leur puissance destruc-trice.
Mikhail Volokhov vit en France depuis novembre 1987, II a fait des etudes de physique et de mathema¬tique, mais ce jeune ingenieur a beaucoup lu les philosophes et su quec ‘est par l’ecriture qu ‘il pourrait exprimer quelque chose de sa re¬volte et de son desespoir.  Cache-cache a vec la mort est sa premiere piece traduite en langue francaise et c’est l’honneur de Bernard Sobel que de la creer, tandis qu’il reprend, rappelons-le. «Marie» d’Isaac Ba-bel dans une nouvelle version. Les traducteurs ont eu rude tache pour tenter de nous faire saisir cette langue des tenebres, ce que la-bas on nomme « Mat ». langue des proscrits, qu ‘ils soient jeunes cho¬meurs, prisonniers, chauffeurs de taxi diton aussi. Une langue recem¬ment entree en litterature par Andrei Biely.  Le «Mat» est d’un tissu imprecateur. Il veut conjurer les demons.
Mais pour les conjurer, il faut les appeler, et c’est ce que font, en un combat douloureux, terrible. Arkadi, que joue Denis Lavant. Felix, que joue Hugues Quester. On dit jouer. Mais l’investissement des in¬terpretes est d’une eblouissante et noire violence. Et le caractere sub-jugant de la representation tient en grande partie a ces deux fortes personnalites, et a ces deux acteurs qui trouvent loin en eux. profond en eux. les ressources d’energie in-dispensables. Dereliction, la derelicu’on,tel est sans doute le theme dominant de ce texte eprouvant, presque traumatisant.
Une scene heritee de Dostoievski, mais qui brasse la realite desespe¬rante de l’actuelle CEI. Ni fable, ni pamphlet, mais bien plutot le grand theatre de la cruaute d’une realite sociale qui n’engendre que la des¬truction et dans laquelle on ne peut survivre qu’en organisant le men¬songe, en se so;lant de fictions provisoires comme autant de trafics minables ou grandioses.
Bernard Sobel signe une mise en scene rigoureuse et dynamique, une mise en scene tenue et constamment explosive pourtant. Il a la chance de s’appuyer sur deux esprits excep¬tionnels, deux grands acteurs qui comprennent tout de la noire puis¬sance du texte de Volokhov et s’en emparent avec intelligence et grace. Oui. Ce mot doit sonner bizarre¬ment apres ce qui a cle dit de la matiere textuelle.  Mais c’est bien cela pourtant. Il y a de la grace dans le jeu des acteurs, de la grace dans ce combat atroce et sans issue. La seule issue c’est le recommence¬ment.   C’est  Sisyphe.   Admirables Denis Lavant et Hugues Quester,audacieux et tendus, souples et mo¬biles,   droles jusque  dans  le pa-roxisme le plus negatif, vrais jusque dans  l’outrance,   emouvants   tou¬jours et bouleversants d’intelligence dans l’abandon, la terreur, la rage. Et l’innocence aussi. Car dans cet enfer, ces scelerats, repetons le mot. qui se debattent, qui luttent dans le noir contre les demons, sont aussi des c;urs purs.
Armelle HELIOT
Deux representations exception¬nelles, en langue russe, de la piece « Cache cache avec la mort » sont programmees le lundi 15 fevrier, au Theatre de Gennevilliers. a 20 h 30. et le mercredi 17 fevrier a 17 heures a l’Inalco (qui collabore a cet evene¬ment). Institut international des langues orientales. 106. quai de Cli-chy (a cote du pont de Clichy). H s’agit de la production creee en decembre 1992 a Moscou, au thea¬tre Mossovet. une mise en scene de Andrei Jitinkin avec Andrei Sokholov et Srgei Tchonichvili.
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LES LETTRES francaises
LA LANGUE DU MAT
Ecrivain, metteur en scene, acteur (on l’a vu recemment dans Marie d’isaac Babel), Mikhail Volokhov, ne au Kazakhstan il y a quarante ans, vit en France depuis 1987. A Gennevilliers, sa piece Cache-cache avec la mort — qui a ete montee avec succes a Moscou et a Lvov en 1990 et 1992- nous fait entendre sa voix singuliere.
Immediatement perceptible, etrange et meme inouie, la langue de Mikhail Volokhov est d’une durete et d’une vio lence inattendues. Ces accents de cruaute et de fureur intense finissent pourtant par apprivoiser l’auditeur, car ils eveillent le souvenir d’autres echos ravageurs comme ceux de l’univers carceral de Notre-Dame des Fleurs de Jean Genet.
L’efficacite poetique de la langue surgit ici de l’inlassable repetition d’images gros¬sieres et vulgaires, ressortissant au sexe et a ses deviations, ainsi qu’a un profond anti-semitisme: «Ah ah ! t’es vraiment juif ! Putain, vous les juifs, vous etes vraiment des porcs! On s’enfile un nom russe, hop ! Comme une capote, et apres vas-y qu’on encule son petit monde ! Putain, les pedes !» Ainsi parle Arkadi, l’Ukrainien et l’homme du peuple, face a Felix, le juif et l’intello ecrivain qui plus est, celui qui «bricole une merdouille poetique anti-sovietique».
Cette longue conversation injurieuse et amoureuse se tient de nos jours dans la salle de garde d’un hopital du KGB ou les deux hommes sont gardiens de nuit. Que faire? «Jouer aux cartes, tuer des gens, baiser des pouffiasses, et des lopes, avaler du cyanure, de la vodka, tout seul.» Urgente et necessaire, cette ecriture-la deplie les moindres recoins de la conscience : chacun peut en accomplir une reconnaissance personnelle. Cet argot insoutenable dans la bonne societe est le parler des couches defavorisees, des jeunes, des prisonniers de droit commun, des chauffeurs de taxi : c’est la langue du mat.
Par-dela l’insulte et la provocation, la joute verbale de ces deux minables revele en fait l’inaccessible reve de chacun : «L’amour vrai, c’est un truc, meme avec les annees, ca ne s’attenue pas, au contraire, ca se renforce.» Il n’est de plus beaux heros que les amants tragiques.
L’auteur avoue volontiers respecter un maitre, Leon Chestov, ecrivain et philo¬sophe russe. Pour lui, comme chez Chestov, l’experience du tragique humain et de l’absurde pallie les manquements a la raison. Volokhov avance que la langue de ses heros ne lui appartient pas en propre : il cree et ecrit dans une zone hors du bonheur et du malheur. «Tu vois, moi, si j’ecris, c’est precisement pour qu’il y ait moins de minables comme toi sur terre.»
Veronique HOTTE
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LE NOUVEL OBSERVATEUR
Le retour de Babel
Dix-huit ans apres, Bernard Sobel monte a nouveau «Marie» d’Isaak Babel Entre-temps, le communisme s’est effondre…
L’intellectuel communiste Bernard Sobel n’a pas attendu la chute du mur de Berlin pour mettre en doute les valeurs en circulation, ni pour decouvrir les changements du monde. Metteur en scene, directeur et fondateur du theatre de Gennevilliers mais aussi conseiller municipal, il tente depuis toujours de rendre palpable l’engagement d’un auteur qui se br;le dans l’ecriture. Il presente aujourd’hui «Ma¬rie», d’Isaak Babel, et «Cache-cache avec la mort», de Mikhail Volokhov. Dix-huit ans apres sa premiere mise en scene de « Marie », il aborde ce recit d’un monde qui s’effondre «avec plus de sentiments et moins de sentimentalite ». Face a l’acceleration brutale de l’histoire, cette piece « peut se lire comme le resume d’une defiguration de l’idee meme de revolution». Babel fut arrete puis execute pour activites antisovietiques et sympathies trotskis¬tes. Ce n’est que dans les annees 50 qu’il fut rehabilite. Dans « Marie », Bernard Sobel a donne le role de Kravtchenko, un officier subalterne, a l’auteur de «Cache-cache avec la mort», Mikhail Volokhov, alors qu’il n’est pas acteur. «J’ai decouvert qu’il etait gardien de parking a Paris. Son texte est d’une rare puissance, d’une rare verite. Il porte un regard sans complaisance sur cette abjection qu ‘a ete la trahison de l’ideal socialiste dans certains pays de l’Est.»
A la recherche du juste, Bernard Sobel est de ceux qui considerent qu’un projet esthetique est aujourd’hui, plus que jamais, un projet politique. Pourtant il s’attelle desormais a un nouvel enjeu, capital : «Je voudrais cesser d’avoir a survivre, que l’equipe du theatre puisse connaitre quelques annees de vie plus paisible. Car dans les conditions financieres qui sont les notres, chaque creation nous fait prendre des risques enormes. »
Jean-Luc Toula-Breysse
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L’Humanite
Sur la piste br;lante de Dostoievski
En moins de cent ans, la grande question russe, emportee au train de l’Histoire, aura tour a tour enfante l’epopee et la tragedie collective pour s’echouer dans la farce la plus noire. La-dessus au moins, le doute n’est plus permis. Toutes les informations qui nous parviennent de l’ancien empire confirment l’etat d’entropie dans lequel est plongee une societe definitivement hors de ses gonds. Des tonnes d’essais vont s’ecrire sur le sujet, qui surchargeront les rayons d’une bibliotheque croulant deja sous les theses du pour et du contre, du pourquoi et du comment de ce qui fut, de l’Union sovietique, le reve tournant au cauchemar. Mais le roman, le cinema et le theatre permettent d’aller au coeur secret du monde sans s’embarrasser de circonlocutions. Bernard Sobel cite justement, a la barre des temoins, Dostoievski et ses avertissements premonitoires. Puis il monte « Cache-cache avec la mort » (1990), piece de Mikhail Volokhov, ne en 1955 au Kazakhstan et residant en France depuis novembre 1987. C’est du raide !
Ils tuent le temps, jouent aux cartes.
avalent de la choucroute de mauvaise
qualite, s’invectivent tres cr;ment
Il  sont deux. Par leur truchement, en deux petites heures, vont etre impitoyablement reveles, comme au scanner, les meandres du dernier stade de la conscience sovietique panique. Arkadi et Felix sont de service de nuit dans les sous-sols d’un hopital ou l’on soigne les membres du KGB. Ils doivent veiller sur le portail et les extincteurs. Ils tuent le temps, jouent aux cartes, avalent de la choucroute de mauvaise qualite et s’invectivent dans une langue crue, tres crue, dans laquelle le sexe intervient de maniere obsessionnelle. Lily Denis et Bernard Pautrat, qui signent le texte francais, ont d; s’en voir pour trouver les equivalences avec le « mat », argot des taulards et des chauffeurs de taxi fonde sur l’invective. Une fois les presentations faites ; insultes, vociferations antisemites, menaces de mort reciproques, on passe aux choses serieuses, la manipulation, car ces escarmouches n’etaient que preliminaires ; Il faut aller crescendo vers l’instinct et le go;t de meurtre. Il apparait en route que Felix, fils de famille devoye, joue au chat et a la souris avec Arkadi, creature fruste, cupide, sentimentale, le coeur sur la main (qui tient facilement un rasoir). On songe un peu, en plus crade si possible, au couple ineffable du film « Taxi Blues » de Lounguine ; l’eternel moujik et l’intellectuel « cosmopolite » pervers. Au terme du parcours, extremement brutal, Arkadi aura ete successivement enrole en imagination dans le KGB puis dans la CIA quand, soudain las de jouer, les deux hommes s’affalent devant le televiseur qui debite en boucle des images de cosmonautes dans l’espace et de glorieux defiles patriotiques sur la place Rouge…
C’est tres fort, avec une haute teneur en theatralite, grace aux acteurs, Denis Lavant (Arkadi) et Hugues Quester (Felix), qui pratiquent en virtuoses la volte-face, la rupture sur le fil du rasoir (pour cause), le faux-semblant aussitot dementi pour en susciter un autre. L’abime que revelent ces personnages est terrifiant mais, fructueux paradoxe, on s’attache a ces fripouilles et a leur strip-tease d’ame. Effet de l’art. Bernard Sobel continue son exploration du reel avec un courage magnifique. Travail de deuil. S’y associer.
JEAN-PIERRE LEONARDINI
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COLLOQUE  INTERNATIONAl
Gerard ABENSOUR
INALCO
Un Russe a Paris – le dramaturge Volokhov.
COMMENT SE DIT D’EXIL LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI ?
On sait qu’il fallut a Gogol le recul beni de l’Italie pour decrire le petit monde grouillant dans sa tete qui s’appuyait sur sa prescience de la Russie profonde, celle des petits proprietaires fonciers ignorants, avares ou songe-creux, ce qui aboutit a son chef d’;uvre les Ames mortes.
Il fallut de meme le recul que lui donnait sa residence de Bougival pour que Tourgueniev fasse un constat amer de la Russie de son temps. Comme il le fait dire a un personnage du roman Fumee, personnage qui tient beaucoup de lui-meme : « J’adore et je hais notre Russie, notre etrange, chere, mauvaise et tendre patrie».
Depuis lors, il a fallu attendre l’epoque d’aujourd’hui pour trouver des Russes qui soient en position d’emigration volontaire comme ces derniers. De toutes leurs fibres rattaches a leur pays, a leur culture mais, pour des raisons personnelles, preferant temporairement vivre ailleurs, ecrire ailleurs sur la rea¬lite de leur pays.
Parmi ces emigres non forces, il faut compter Mikhail Volokhov, qui du haut de ses quarante ans, s’est installe a Paris pour une raison tres simple : il a rencontre a Moscou une jeune Francaise. Ils se sont plu, ils se sont epouses et il vit maintenant ici, ce qui ne l’empeche pas de retourner periodiquement au pays.
Sa vocation d’ecrivain lui est venue relativement tard car, issu d’une famille de scientifiques, son pere professeur de genie mecanique, sa mere pro¬fesseur de chimie, il a fait lui-meme des etudes scientifiques qui l’ont conduit au prestigieux Institut Bauman, sorte d’Ecole centrale russe. La, il a commence a lire de la litterature et de la philosophie jusqu’a abandonner ses etudes pour satisfaire sa vocation naissante. Il a alors roule sa bosse, ce qui l’a amene a connaitre les bas-fonds de la societe russe, lui qui etait issu d’une de ces familles nanties frequentant les personnes proches du pouvoir, et assurees de voir leurs merites recompenses par des appartements confortables, des maga¬sins speciaux, des voitures, des datchas.
Volokhov va, dans la piece qu’il a donnee en 1992, bousculer avec l’ardeur de la jeunesse les tabous d’une societe corsetee. Sa ferveur iconoclaste s’en prend a trois bastilles a la fois : d’abord celle de la langue, car il est le pre¬mier a donner au langage cru qui est celui des gens simples, valeur d’idiome non seulement litteraire mais encore articule en public. Ensuite, celle de l’homosexualite traitee a deux niveaux : le jeu d’une part, l’horreur de l’autre. La troisieme bastille est celle de l’ideologie, ou plutot des vestiges laisses par l’ideologie dans les esprits. La revolution tranquille de la perestroika s’est faite en esquivant cette question. On a certes fait un travail de memoire en ressor¬tant des documents d’archives qui permettent de mieux mesurer les horreurs de la machine stalinienne. Mais on n’a pas encore tente d’aller aux racines du mal. Le marxisme reste tabou : pas question d’en parler. Recemment, la revue Questions de philosophie voulait organiser dans ses colonnes un debat sur le marxisme. Les lecteurs indignes ont fait si bien que la redaction a renonce a ce projet.
La piece dont il sera question, traduite en francais sous le titre de Cache-cache avec la mort a ete jouee en mars 1993 au theatre de Gennevilliers. Le titre russe, Èãðà â æìóðèêè, est un jeu de mot intraduisible, a la fois «jeu de cache-cache», et «jeu avec des cadavres» (sens qu’a ce mot en argot). La piece a ete jouee a Moscou dans un theatre d’essai, et a Paris, une representation a ete donnee aux Langues’O en russe (ainsi qu’au theatre de Gennevilliers). Deux personnages : Arkadi et Felix dans une situation qui rappelle un peu celle des Bonnes de Genet. Enfermes toute une nuit dans le poste de garde d’un hopital, ils vont tuer le temps en bavardant, en se racontant des histoires, sans que nous puissions savoir s’il s’agit d’un deroulement lineaire, au premier degre, ou d’un happening, d’un jeu auquel se preteraient tous les soirs ces memes personnages, sous forme de ceremonie. La fin notamment est totalement ambigue, ce qui a amene a une interpretation tres differente dans la version francaise et dans la version russe. Comme si pour les Francais tout ce jeu etait serieux tandis que pour les Russes c’est l’ambiguite du jeu theatral qui triomphe.
Felix, l’intellectuel juif qui mene le jeu, vient de convaincre son compa¬gnon de garde Arkadi, un Ukrainien, a la fois naif et roublard, qu’il est un agent de la CIA et qu’il a le pouvoir de l’engager dans les services americains. L’autre accepte. Mais Felix expose avec un grand serieux qu’une des conditions imperatives est d’avoir des relations sexuelles entre eux. Arkadi hesite mais l’appat du gain (des dollars !) l’emporte chez lui. Felix le prend dans ses bras, Arkadi a un mouvement de recul et lui pose la question decisive : « Qui es-tu ?» Felix fait alors une reponse peu satisfaisante, il pretend etre en fait un criminel qui a reussi pour le moment a echapper a l’arrestation. A ce moment, tout un jeu de mort va se derouler dans les dernieres secondes de la piece : Arkadi sort un rasoir de sa poche et en menace Felix. Celui-ci semble tout a coup desireux de la mort ; il invite son compagnon a le tuer, pas ici car le meurtrier serait tout de suite decouvert, mais dans la rue, ni vu, ni connu. A ce moment-la, interrup¬tion : le telephone sonne. Arkadi prend le combine et pose le rasoir. La realite fait irruption: on a besoin de deux brancardiers pour transporter un mort de sa chambre a la morgue. Entretemps, Felix s’est empare du rasoir par terre et le noir se fait sur la scene laissant les personnages a leur destin.
Je cite un court passage (de la traduction francaise tres reussie)
Felix   :   Dis quand meme, une question encore, tu baiserais avec un mec ? Arkadi :   Pede, ca veut dire ? Felix     :   C’est ca, pede
Arkadi   :   J’sais pas, j’ai jamais essaye. Pasqu’i faut ca aussi ?
Felix   :   Ben enfin ! C’est les rudiments ! Un agent secret doit savoir tout faire. Surtout s’il est Americain2 !
(Suit alors tout un passage ou Felix explique avec forces details comment cela va se passer, avec collants et vaseline, etc.)
En fait, l’homosexualite est presentee ici comme l’epreuve initiatique du bon espion. On voit se meler l’espionnite et l’antiarnericanisme pour aboutir a ce jeu que la morale commune reprouve.
La conquete du corps a ete une des premieres nouveautes que la peres¬troika ait apportees au theatre. La nudite et le raffinement pervers sont a l’hon¬neur. Il y a trois ans l’on a joue a Moscou les Bonnes, les roles des deux femmes etant tenus par deux travestis pratiquement nus.
Mais Volokhov rappelle qu’a cote de ces jeux sans frontieres, il y a aussi des aspects sordides de la vie russe ou ce type de rapport existait sans que l’on en parle. Felix decrit la violence reelle :
Tu vois par exemple, il n’y a pas un savant qui ne sache pas, scientifiquement, qu’a tout moment on peut le prendre par le cul et le jeter au trou ! Instantanemen t ! Ca c’est de la science ! Ensuite au trou il tombe aux mains des droit-communs qui te le jugent scientifiquement et te lui enfilent scientifiquement une paire de collants en nylon avec un trou au cul et te le baisent et te le rebaisent contre un mur, tous jusqu’au dernier ! et jusqu’a la garde ! Ca aussi, c’est de la science ! Et puis apres ils finissent le boulot comme ils l’ont commence, en beaute, scientifiquement. Un lacet autour du cou, hop ! Et apres on ne peut plus se venger. C’est pour ca que scientifiquement, vaut mieux se venger avant. Moi par exemple, tu vois, tous les jours je me demande pourquoi je suis pas encore au trou a me faire enculer comme les autres. Ou pourquoi qu’on m’a pas encore pris pour un trafiquant juif, avec rasoir et tout.
La Russie, c’est le jeu, la Russie c’est aussi le viol, la violence.
Une des enigmes essentielles de la piece est celle de la personnalite de Felix. « Qui es-tu ?» Son prenom est celui du celebre createur de la Tcheka, Felix Dzerjinski, le glaive de la revolution. Felix se presentera comme com¬mandant du KGB, puis expliquera que ce n’est pas lui mais son pere, lui est ecrivain et poete, grand consommateur de femmes, mais aussi homosexuel par devoir, ou par go;t, a moins qu’il ne soit un simple criminel. Qui est-il ? Est-il le diable qui prend toutes les formes et qui tente le pauvre Arkadi, un prole¬taire qui veut simplement survivre ? Ou bien le poete, l’ecrivain, celui qui peut tout faire advenir par son imagination ?
Mikhail Volokhov, Cache-cache avec la mort, texte francais de Bernard Pautrat d’apres la tra¬duction de Lily Denis, pp. 81-82).
La devalorisation des mots lies a l’ideologie se produit dans le passage ou Felix, qui se pretend maintenant commandant du KGB, administre une sorte de test a Arkadi. Nous savons qu’il lui aurait demande auparavant (on ne sait comment) de tuer un jeune homme dans l’entree d’un immeuble, ce jeune homme etant par ailleurs un juif.
Felix s’enflamme : Quel est le but du communisme ? Le but du communisme est — premierement: de mettre a l’epreuve cet innocent desir de tuer son prochain; —
deuxiemement : de prendre son pied au moment ou l’on tue ; — troisiemement : de
se laver le cul dans les larmes ameres du remords et du repentir; — quatriemement
enfin, de comprendre alors clairement et distinctement le but et le sens de son propre destin de communiste…
Arkadi : En travaillant, cinquiemement, pour le KGB.
Felix : Exact. Et sixiemement, y a plus personne pour te baiser.»
On aura reconnu dans le debut le style didactique du camarade Staline : le reste est une parodie, mais amere, et qui demystifie les grands noms dont se glorifiait le communisme. On en a un exemple avec l’utilisation du nom des coryphees du communisme, dont l’hommage qui leur est apporte est si appuye qu’il derange, surtout que ce sont des sonorites vides qui servent uni¬quement de justification a des instincts de criminels.
Arkadi : Bon alors, tu me prends, hein ? Putain, tu le regretteras pas ! J’ai une chiee de qualites ! Surtout qu’en plus, maintenant, je me suis mis a piger le communisme scientifique, mais alors, putain, a fond ! Marx, putain ! Lenine, putain ! non seulement, je les aime, putain! je les respecte !
Felix  : Engels, putain ! Pourquoi t’oublies Engels? Hein ? Communiste !
Arkadi : Oublier Engels ? Mais je ne l’oublie pas, Engels ! Pas du tout ! Seulement eux, ils avaient leur con-munisme a eux et nous…
Felix   :   Qu’est-ce que t’as dit ?
Arkad   :  Le communisme scientifique, putain ! Et nous on a le notre. On a rien a foutre avec eux ! C’est ca que j’ai compris, non ? Ma mission operation¬nelle?
Felix : Dis donc, que Karl Marx, qu’est l’inventeur du communisme scientifique, c’ait ete un juif, toi, comment t’expliques la contradiction, encule?
Arkadi :  Je l’explique par la dialectique ! Et par le materialisme !
Felix :   C’est qu’il raisonne scientifiquement, le fumier ! »
Öåëü êîììóíèçìà à) — èñïûòûâàòü ïðîñòîäóøíîå æåëàíèå óáèòü áëèæíåãî ; á) êîãäà óáèâàåøü — èñïûòûâàòü ïðèÿòñâåííåéøèé âîñòîðã, êàéô ; ö) — ïîäìûòüñÿ î÷èñòèòåëüíûìè, ðàñêàÿòåëüíûìè ñëåçèíêàìè ; à îïîñëÿ ; ä) — ýòî ÷åòêî è ÿñíî ïîñòè÷ü öåëü è ñìûñë ñóäüáû ñâîåé êàì-íåñòè÷åñêîé.
Ðàáîòàÿ â ÊÃÁ ëó÷øå. — å)
Òóäà ïîäìå÷àåøü — òóäà, Àðêàøêà. — å) ****ü òåáÿ íåêîìó (îð. åé., ð. 51; ð. 33).
Íó òàê çíà÷èò òû áåðåøü ìåíÿ ê ñåáå, Ýäìóíäîâè÷ ? Áåðè — íå ïîæàëååøü — íå ñóìëåâàéñÿ â ìîèõ äóøåâíîðàçäèðàþùèõ êà÷åñòâàõ. ß òàêîé ñåé÷àñ, ïàäëà-ñóêà, íàó÷íûé êîììóíèçì îõóèòåëü-íûé â äóøå îùóùèòåëüíî ïîñòèãàþ. Òû ïðîñòî íå *** íå ïðåä¬ñòàâëÿåøü, êàê ÿ ñåé÷àñ Êàðëà Ìàðêñà è Ëåíèíà ëþáëþ, áëÿòü, öåíþ, ñóêà è óâàæàþ, íà ***.
A quoi correspond le registre deliberement grossier des deux person¬nages, assorti de toute une serie d’interjections scatologiques. Ici, on touche a l’aspect essentiel de cette piece qui est la liberation du langage parle, ce lan¬gage qui est celui des malfrats, mais pas uniquement, c’est celui des hommes du peuple en general, dans les casernes, dans les bistrots, a l’usine, a la cam¬pagne. Ce vocabulaire est en russe d’une grande richesse, essentiellement fonde sur les attributs sexuels de l’homme et de la femme. C’est un langage qui remonte aux sources archaiques, avec claire delimitation des sexes, le lan-gage des hommes, tabou en presence des femmes. D’ou le scandale d’une mise a nu de ce langage devant un public normalement compose d’hommes et de femmes. J’ai vu des dames distinguees de l’emigration russe quitter avec indi¬gnation le spectacle au bout de cinq minutes…
En donnant a ce langage le statut de langue litteraire, de langue thea¬trale, Volokhov viole donc le tabou de la confidentialite et de la separation des sexes. Il atteste d’une sorte d’homosexualite du langage, qui se remarque dans les m;urs russes actuelles, ou la limite linguistique entre les sexes se fait plus floue.
Neanmoins, le public d’intellectuels qui voit le spectacle a tendance a etre choque. Quant aux hommes du peuple, s’ils voyaient ce spectacle, ils seraient proprement indignes de voir leur intimite exposee ainsi en public.
Disons deux mots de la traduction en francais.
Faite par Lily Denis, eminente traductrice de russe, et revue par Frederic Pautrat, specialiste de la langue verte, elle donne en francais un equivalent de la grossierete de cette langue, mais alors qu’en russe les referents sont sexuels, en francais ils sont plutot d’ordre scatologique. Il y a une violence dans le juron russe qui est un viol verbal de la feminite, mais qui en meme temps n’est pas depourvu de tendresse.
Car c’est cela qui est au centre de la revelation de Volokhov : mettre a jour ce qui est normalement de l’ordre de l’intime, du confidentiel, de ces zones chaudes de l’etre toutes proches de l’embryon indifferencie. Que ce soit pour la langue ou pour l’ideologie. Le principe du brejnievisme etait l’hypocri¬sie partagee. On pouvait tout faire et tout dire a condition de rester dans le cadre de l’intime et de l’oral. Les dissidents etaient ceux qui couchaient sur le papier et faisaient publier leurs doutes, leurs critiques, leurs desaccords pour les faire connaitre d’abord a d’autres Russes, ce qui etait un moindre mal, mais surtout a l’etranger, le grand epouvantail qui assurait par contraste l’unite du pays.
Ôåëèêñ    :    À Ýíãåëüñà ÷åãî òû, áëÿòü, çàáûë ? Êîììóíèñò.
Àðêàäèé : Äà íå *** ÿ Ýíãåëüñà íå çàáûë, Ýäìóíäîâè÷. Íó ó íèõ áûë ñâîé êîììó-äèçì…
Ôåëèêñ (ïðåðûâàåò). ×òî ?
Àðêàäèé : Êîììóíèçì íàó÷íûé. Ó íàñ, áëÿòü, ñâîé. ×åãî íàì ñ èìè äåëèòü ? ß ïðà-âèëüíî ïîíèìàþ îïåðàòèâíóþ çàäà÷ó ?
Ôåëèêñ    : Íó à òî, ÷òî Êàðë Ìàðêñ — îñíîâîïîëîæíèê íàó÷íîãî êîììóäèçìà — áûë åâðååì — êàê òû òàêîå ïðîòèâîðå÷èå îáúÿñíÿåøü, ****àòü ?
Àðêàäèé :   Íó — äèàëåêòè÷åñêè, Ôåëèêñ — äèàëåêòè÷åñêè è ìàòüåðèàëèñòè÷åñêè.
Ôåëèêñ    :    Áëÿòü — íàó÷íîå ìûøëåíèå, ñóêà (àð. ñã1., ðð. 53-54; ð. 35).
Ce n’est donc pas un hasard si c’est a partir de l’etranger que Volokhov peut porter un regard decapant sur des echantillons de compatriotes et qu’a travers son drame entierement fonde sur le langage (en effet, il ne se passe rien d’autre qu’une serie de recits ou de dialogues orientes) il eprouve la valeur, la realite de l’homme russe.
Premier paradoxe : ses personnages sont l’un juif, l’autre ukrainien. Aucun des deux n’est ethniquement russe. Et pourtant, ils constituent le socle de la population de Russie. La coexistence d’ethnies differentes mais comple¬tement imbriquees est un des aspects intrinseques de la Russie. C’est la langue russe populaire qui les unit dans un dialogue qui est aussi un duel. Malgre les apprences rien ne laisse penser qu’une dechirure a la yougoslave puisse se produire dans ce tissu humain.
Deuxieme paradoxe : C’est un peuple completement desideologise qui nous est presente la. Qu’est-ce qui faisait l’unite de la population sous un regime communiste caracterise par sa volonte d’explication totale de la societe et de l’univers ? Les ideaux semblent avoir completement disparu au profit de la soif de vivre confortablement. Reste le ciment que produit la confrontation a l’etranger : « Les Ricains », « La Russie en tete » et l’orgueil national. C’est la Russie des juifs et des Ukrainiens qui sera en tete.
Troisieme paradoxe: II y a une evolution curieuse, depuis les affirma¬tions viriles de prouesses sexuelles, ou le recit du viol d’une petite fille sur la route, jusqu’a la fin ou Felix semble reveler son homosexualite et son desarroi et veut entrainer Arkadi dans son sillage.
Tout ce qu’on peut dire c’est que, dans le theatre russe de la perestroika, la liberation s’est traduite par l’affirmation du corps qui se dit et se montre, et par celle des rapports entre les deux sexes. Donc liberation sexuelle, encore que comme nous l’avons dit, le jeu et la realite ne se recoupent pas.
Quatrieme paradoxe : La Russie a-t-elle d’autres personnages a offrir que ce duo d’etres mediocres, affabulateurs, assassins a leur heure ? De meme que les heros des Ames mortes sont tous des personnages grotesques, qui n’attirent pas la sympathie, car aucun n’a de traits positifs a son actif, de meme l’image de la Russie vue a travers la lorgnette de Volokhov est desolante et meme terrifiante.
Cinquieme paradoxe, qui n’a ete rendu que dans la version scenique russe : c’est le flux de tendresse qui semble se degager de ces deux person¬nages l’un pour l’autre, si bien qu’on a l’impression qu’ils se jouent a eux-memes une comedie sado-masochiste. (Dans la mise en scene francaise en revanche, l’hostilite est feroce).
Quelle conclusion tirer de ce coup de poing dramatique ?
Alexandre Zinoviev, cet emigre celebre (mais pour des raisons ideolo¬giques), a popularise le terme d’homo sovieticus pour decrire un type d’homme aux reactions stereotypees qui s’est developpe en Russie a l’epoque brejnie-vienne. Mais ses personnages sont des intellectuels, des projections de lui-meme alors qu’il travaillait comme chercheur a l’Academie des sciences.
Ici, Volokhov essaie d’aller plus au fond et de montrer les ravages effec¬tues dans l’esprit des gens du peuple par le regime sovietique. Arkadi est manifestement un homme du peuple : il a ete chauffeur de camions, il est cos taud et c’est le plus debrouillard des deux. Felix, lui, est un etre ambigu, une sorte d’intellectuel declasse qui effectue des petits boulots.
Quels sont les traits principaux de ces personnages typiques, dont l’auteur nous fait comprendre tacitement que c’est avec eux que va se realiser la perestroika et tout le processus de la construction d’un ordre social nouveau ? Ce qui domine, c’est sans doute l’appat du gain. Arkadi est capable de renier pere et mere, de se faire agent de la CIA apres avoir postule au KGB, rien que pour gagner plus, obtenir un appartement et mieux subvenir aux besoins des siens. Pour Felix, les motivations sont plus complexes. Nous com¬prenons qu’il a vraiment ete agent du KGB, qu’il a ete contraint de liquider toute une famille d’opposants a l’etranger, y compris la jeune fille qu’il aimait, et que maintenant, il se dego;te lui-meme.
Il y a un trait qui est peut-etre plus russe que sovietique, c’est le go;t du jeu. D’abord au sens propre : grace a une partie de cartes ou Felix reussit a recuperer 500 roubles a son partenaire. Et puis il y a cet esprit de jeu plus general, plus theatral dirais-je, qu’est l’ensemble de la piece avec sa succession d’improvisations ou chacun surencherit sur l’autre en imagination.
Et si l’on applique cela a la realite presente, on peut esquisser un paral¬lele avec l’appat du gain universel dont temoignent les innombrables « specu¬lateurs» et «milliardaires russes». Il y en aurait plus de deux millions, ce qui suffit a expliquer le grand nombre de Mercedes vendues en Russie. Quant a l’esprit de jeu, je le verrais volontiers dans cette maniere toute russe de se lan¬cer a l’aveuglette dans des experiences dont on ne maitrise pas les conse-quences : Lenine jouant avec le marxisme pour creer son communisme de guerre, Gorbatchev et Eltsine jouant avec les regles du marche pour edifier un systeme politique et social qui finit par echapper a leur controle.
Et comme je le disais plus haut, c’est avec un Arkadi, filou, amoral et meme peut-etre criminel ou un Felix, ancien du KGB, doue, sensible et instable, que se constitue la nouvelle societe. Il y a de quoi vous donner froid dans le dos.
Ce constat pourrait apparaitre desespere si n’emanait de la piece une energie vitale, un appetit de vie et de tendresse humaine, qui laisse a penser que cette Russie en miniature que nous propose Volokhov a plus d’un tour dans son sac, ne meurt pas vraiment chaque fois que le rideau tombe et, tel le phenix, renait sans cesse de ses cendres. Lucidite extreme vis-a-vis de la Russie mais en meme temps foi profonde en sa force vitale, telle est l’impres¬sion qui se degage de l’;uvre de cet auteur russe qui a choisi Paris pour y ins¬taller son ecritoire.
***
Novachronique theatre
Cache-cache avec la mort
lui — La panne du comite d’ethique.
les dramaturges et la Stasi?
elle — Ah, non !
lui — La derniere piece qu’on a vue ensemble?
elle — D’accord ! Cache-cache avec la mort.
mise en scene de Bernard Sobel,
au theatre de Genevilliers.
lui — Une lumiere brutale, un hangar immense
et vide ; devant, un tas extincteurs au sol.
elle — Au fond, d’enormes tuyaux
de chaufferie…
lui — Une cuisine sous les gradins.
elle — Et un coin tele.
lui — Ca pue ! non ?
elle — La choucroute ? la merde !
lui — Peut etre ?
elle — Y a une sirene qui hurle ! ca br;le, non r
lui — Attend ! les voila !
elle — Comme des chiens tueurs
qui mordent et ne lachent plus.
lui — Dans un face a face sans issue,
ou repondre aux coups portes importe plus
que l’issue du combat.
elle — La haine au quotidien.
lui — «Je vais te le dire ma biche :
dans la premiere piece je te baise,
dans la deuxieme je te fais bouffer tes tripes
et dans la troisieme je te cloue au plafond
par les etiquettes, c’est simple non ? Et la, crois moi, j’y vais a fond !
elle — T’es vraiment un fumier !
lui — Les deux sont superbes ! L’Ukraine, c’est Denis Lavant, le poete, le juif: c’est Hugues Quester.
elle — Deux tueurs, deux bluffer de vie.
lui — «Putain ! tu vois, je te regarde et je me dis : Putain, une merde juive comme ca, j’avais jamais vu ca!..»
elle — » Et moi c’est pas d’aujourd’hui que je te le dis, l’Ukraine ; un etron comme toi jamais j’aurais cru que notre mere nature pouvais en chier un.»
lui — Pour temoin un public seduit, affole fascine ; «Comme une pucelle devant un gode».
elle — Ne en 55 : L’auteur Mikail Volokhov est juif et Russe.
lui — Savez vous comment on construit les maisons ou il n’y a pas de bois, en Ukraine par exemple?  elle — On le faisait avec du purin, de la paille, et de la glaise…
lui — Mais surtout du purin !
elle — Le Mat. la langue de Volokhov est ainsi faite d’ordures et de haine.
lui — Une mise en scene au couteau de Bernard Sobel et les lumieres fondues au noir d’herve Audibert.
elle — Pas d’entracte le spectacle dure 2h.
lui — Putain ! c’est «Cache-cache avec la mort». Putain ! C’est a Genevilliers jusqu’au 21 fevrier. elle — Putain ! on est comme deux gouttes d’eau.
***
LA VIE
Denis Lavant, prince de la metamorphose
Son premier souvenir de theatre, c’est Le bon petit diable, de la comtesse de Segur, celui qui se fait fouetter pour ses mefaits. Ces images-la peuvent vous laisser de sacrees traces en tete quand on est gosse. Mais Denis Lavant a grandi entre un papa pediatre et une maman psychologue, ca aide. Cet acteur surdoue, qui semble avoir le chic pour decrocher des roles tous plus tordus, dechires, tortures les uns que les autres, voue une re-connaissance immense, juste¬ment, a ces parents ouverts qui lui ont donne le go;t du theatre et laisse la liberte de ses choix. Avant d’etre immediatement reconnaissable dans la rue grace aux fameux Amants du Pont-Neuf, le film-fleuve, et cher, de Leos Carax, Denis Lavant a bi¬grement roule sa bosse. Entre tres tot a l’ecole des comediens de la rue Blanche, il se fait la belle a la premiere occasion et decouvre le theatre de rue. Il danse, jongle, pratique les tech¬niques du cirque, du mime et celles de la commedia dell’arte. Pas le temps de finir ses cours qu’il est happe par les metteurs en scene. Sa gueule improbable, ses attitudes chafouines et libres, son incroyable capacite a expri¬mer tous les extremes font son succes sur les planches. Il est anarchiste dans L’idiot, reine de comedie (et oui !) dans Hamlet, homme-eprouvette dans 2050, le radeau de la mort, et meme un chien dans Adi-Edi. Tout re¬cemment, il a triomphe dans Le chevalier d’Olmedo, a l’Odeon. «Enfin un role positif, dit-il de sa voix rigolarde et rauque. Ah, que c’etait agreable a jouer ! Cela dit, ce n’est pas un hasard si l’on me propose des roles plutot de¬stabilises. Bien s;r, il y a une part de creation, mais c’est en soi qu’on va chercher la felure necessaire, en soi qu’il faut ex¬plorer les zones perilleuses du desequilibre. Aller gratter, grat¬ter toujours plus loin, voila le boulot du comedien.» Denis La¬vant est un prince des planches et de la metamorphose. Tout aussi doue au cinema, il est l’ac¬teur fetiche de Carax, et on l’a vu dans tous ses films. Ses heros?
Le clown Grock, Buster Keaton et Harpo Marx. Mais Denis La¬vant utilise en comique, ce n’est pas pour demain. A Gennevil-liers, sous la direction de Ber¬nard Sobel, il incarne un gardien d’hopital double d’un assassin, dans une piece russe Cache-Cache avec la mort du contem¬porain Mikhail Volokhov. En¬core un role ou il va falloir l’avoir a l’;il, ce gaillard !
CLAIRE-MOREAU-SHIRBON
***
LE NOUVEL OBSERVATEUR
HUGUES QUESTER
La quete d’Hugues
Le temps l’effleure a peine, Hugues, Quester. Normal. Il a le sens des aventures. Deux dates, par exemple : 1970, il joue « Richard II » de Shakespeare, une mise en scene du jeune Che-reau ; 1993 : Sobel lui propose de creer, aux cotes de Denis Lavant, le role d’un manipulateur, fabulateur et assassin dans « Cache-cache avec la mort » de Mikail Volokhov (Theatre de Gennevilliers). Un texte redoutable. Tous les soirs, Quester repete a haute voix, tard dans la nuit : ses voisins ne s’en plaignent pas, il a choisi d’habiter une maison en banlieue. Il vit son metier avec la passion d’un ascete. D’ou peut-etre cette presence un peu desincarnee, et si humaine. De sa « famille », le mot est de Quester, citons Pascal Rambert, un « petit frere », le jeune auteur de « John et Mary », qu’il retrouvera la saison prochaine au Theatre des Amandiers ; Jorge Lavelli, avec lequel il reviendra a Avignon l’ete prochain dans « Kvetch » de Steven Berkoff ; et Kieslowski : Quester est le chef d’orchestre du dernier film du cineaste polonais,
«Bleu ». Sortie a Cannes?
Odife Quirot
***
Theatre
Le Russe Volokhov s’eprend de St-Amand
Apres Moscou, Paris et l’Allemagne, la Carrosserie Mesnier met en scene la piece d’un dramaturge et ex-dissident russe. Mikhail Volokhov assiste depuis trois soirees a «cache-cache avec la mort», enthousiasme par les reactions des Saint-Amandois.
La Carrosserie Mesnier etait le theatre, vendredi soir, d’un huis clos public. On peut assister a la derniere de Cache-cache avec la mort, du dramaturge russe Mikhail Volokhov, ce soir a 21 heures. Deux personnages pour le moins opposes se rencon¬trent dans une salle sordide — mise en scene par Gerald Casteras -, d’un hopital reserve aux membres du KGB.
Felix, dont Laurent Barret tient le role, est un pompier de service, ecrivain incendiaire de mots. Ha¬bite par des pulsions suicidaires, l’homme ne desire qu’avilir son interlocuteur pour mieux le sou¬mettre. Celui-ci, Arkadi, un moujik ukrainien, taxi de jour, et portier de nuit, campe par Gilles Fourdachon, fait preuve d’une naivete nourrie par des convictions stereo¬typees.
Felix entend se faire liquider par son interlocuteur pour lui prouver combien la nature humaine et vile. Pour cela, il tend a retourner l’en¬semble des arguments que lui soumet le portier Arkadi. L’ecrivain juif se fait l’avocat du diable, l’arti¬san du desordre dans un monde sovietique, nous sommes en 1987, marque par les ravages de Tcher¬nobyl, les blessures de la guerre d’Afghanistan et le chaos econo¬mique.
Hopital du KGB
Arkadi, qui jusqu’a cette epo¬que, est convaincu d’un certain nombre de valeu« sous-tendues par sa haine des juife, des homo¬sexuels et des intetectuels, est progressivement amene a reviser son jugement… jusqu’a ne plus en avoir du tout. Lui qui fustige le capitalisme cede au mirage du dollar. Communiste convaincu, il entre au KGB pour l’abandonner aussitot au profit de la CIA.
Felix ne lache plus prise. Son interlocuteur se dit democrate. Argumente, lui demande-t-il. L’homme se perd alors dans des explications qui ne manquent pas d’humour. «Le capitalisme c’est le communisme sans periode transitoire, sans le socialisme». L’homme y perd son latin et le public ne peut que rire de lui-meme.
Car loin d’etre une piece a theme, Cache-cache avec la mort illustre, d’une facon delirante, cet esprit russe qui balance entre l’exaltation et la deprime, le rire et le sordide, la grandeur d’ame et la petitesse des faux sentiments.
Moscou — Saint-Amand
Cette piece tend aussi vers un but mystique, a l’instar des ;uvres classiques russes inspirees par Dostoievski. «Le dialogue entre les deux personnages fait le constat de notre descente en enfer. Tel Job dans la Bible qui, sur son tas de fumier, prend conscience, au plus fort de son desespoir, qu’un sursaut vers le salut est desormais possible».
Barbe de pope et cheveux en broussaille, Mikhail Volokhov s’en¬flamme. Cet ancien dissident, ar¬rive a Paris en 1987, connait tou¬tes les difficultes pour vivre de son ecriture, bien que ses pieces aient ete mises a l’honneur dans la capitale, en Allemagne et dans sa Russie natale. A la une des jour¬naux de la presse moscovite, sa piece fut notamment montee dans la capitale des tsars par l’un des plus grands metteurs en scene russe, Andrej Jitinkin.
Encourage, entre autres, par le defunt poete de l’absurde Eugene Ionesco, et Bernard Sobel, l’homme n’a pas hesite a repondre a l’appel de la Carrosserie Mesnier.
« Saint-Amand a le charme de -mon enfance, passee dans une bourgade cachee a 200 kilome¬tres de Moscou ». Tous les che- -mlns menent a la capitale du Bois-chaut. Ceux empruntes par Felix -et Arkadi ne sont pas les moins tortueux, mais les plus tortures.
Bertrand AUDOUY