La lettre à grand-påre

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                LA LETTRE À GRAND-PÅRE (ÏÈÑÜÌÎ ÄÅÄÓ)

Une ann;e a pass;. Alisa est retourn;e ; Moscou, elle habite dans la banlieue avec ses parents. Depuis la fen;tre de sa chambre elle voit la for;t et les m;andres de la rivi;re. Sur les berges, les p;cheurs taquinent les poissons. Alisa ne peut pas voir si ;a mord mais par contre elle voit voguer les nuages. Blancs et duveteux, on dirait du coton. Assise ; c;t; d’elle, grand-m;re Elena essaye  en vain de me joindre. Voici d;j; trois jours qu’elle garde sa petite-fille ; Moscou. Alisa, de ses trois ans, voyant les efforts de sa grand-m;re, pose son Tcheroubachka sur le rebord de la fen;tre et vient ; la rescousse. Elle tend ses petites mains potel;es et demande d’un air d;sol; :
- Donne-moi ! Je vais t;l;phoner ; Grand-P;re.
Une fois, elle a m;me pris le t;l;phone et, apr;s avoir appuy; sur tous les boutons, elle a fini par tomber sur quelqu’un, pas sur moi bien s;r, mais sur  une ;cole maternelle ; l’autre bout de la ville. Une autre fois, elle a carr;ment laiss; un si long message ; je ne sais qui que ma femme ne pouvait m;me plus m’appeler puisque le cr;dit ;tait ;puis;.
- Alors, on va ;crire une lettre ; Grand-P;re, comme autrefois. On va prendre une feuille de ton carnet et on va lui ;crire quelque chose, propose-t-elle ; Alisa, et apr;s on ira la mettre dans la bo;te ; lettres.
Alisa est toute contente. Elle court chercher son carnet et ses feutres de couleurs sans oublier son Tchebourachka. De retour, elle met le tout sur la table, s’assoit pr;s de sa grand-m;re et elles se mettent ; ;crire. Alisa observe avec int;r;t les petites lignes bleues sur la feuille blanche. Lorsque la lettre est presque termin;e, Grand-M;re lui permet aussi d’;crire quelques lignes. Des lignes courbes, courant dans tous les sens, que seuls peuvent comprendre les petits enfants.
- Tu crois que Grand-P;re comprendra ce que tu as ;crit l; ? a interrog; Grand-M;re.
- Ben oui, Grand-P;re, il comprend bien. Quand j’ai envie d’une glace, il m’en ach;te toujours une tr;s bonne.
Une fois la lettre achev;e, Grand –M;re arrache la page du carnet, la glisse dans l’enveloppe et propose ; Alisa de coller le rabat. Ce qu’elle s’efforce de faire de son mieux. Elle souffle, renifle, bave sur ses doigts et r;ussit finalement ; coller l’enveloppe.
- Grand-P;re Vitia va ;tre content, dit-elle, quand il recevra la lettre. Il va la lire ; Babouchka et aux petits chats. Eux aussi seront contents ;
Alisa comprend que Grand-P;re est loin et qu’il ne peut pas venir la voir. Il doit s’occuper de Babouchka. Elle se souvient comment, lors de sa visite ; Briansk, son arri;re-grand-m;re lui avait appris ; compter sur ses doigts et lui chatouillait la plante des pieds en chantonnant :
- 1,2,3, nous irons aux bois, 4,5,6 cueillir des cerises…
C’;tait rigolo. Elle se souvenait aussi des trois chats : Izia, le plus maigre et le plus c;lin, le gros m;chant Pinia et le vieux Vasia.
Maintenant, quand Alisa parle avec Grand-P;re sur Skype, il ne montre plus que Pinia. Pinia la Terreur pendouille impuissant entre ses mains, agitant ses petites « chaussettes blanches ». En tout cas, c’est ce qu’elle pensait. Des petites chaussettes blanches sp;cialement faites pour les chats. En v;rit;, Pinia ;tait tout noir, il avait le bout des pattes tout blanc, on aurait dit des chaussettes. Au d;but, Grand-P;re l’avait seulement autoris;e ; caresser Izia, le plus gentil, mais ensuite elle avait r;ussi ; caresser aussi le m;chant Pinia. Il avait miaul; et Alisa avait m;me essay; de lui enlever ses petites chaussettes.
La maman d’Alisa entre alors dans la pi;ce et interrompt la r;verie de la petite fille.
- O; est-ce que vous allez comme ;a ? demande-t-elle d’un ton s;v;re, la pluie vient juste de s’arr;ter, dehors c’est mouill;.
- On n’en a pas pour longtemps, explique ma femme, on poste la lettre ; Grand-P;re et on revient aussit;t.
Alisa est ravie de sortir ; nouveau faire un tour sans sa maman. Elle pourra sauter dans les flaques, courir apr;s les pigeons et faire des grimaces aux gar;ons. Grand-m;re, qui aime tant sa petite-fille, ne lui dira rien, elle le sait bien.
- Prends la lettre, lui dit sa grand-m;re en lui tendant l’enveloppe, on va l’envoyer ; Grand-P;re Viktor, on va faire un petit tour puis on rentre.
Alisa ne tient plus en place tant elle a h;te d’accomplir sa mission. C’est elle la premi;re dans la rue, elle se retrouve vite sur le trottoir, s’agite tant et si bien que… Eh voil;, la lettre s’envole et atterrit droit dans une flaque d’eau.
-  ;a y est, la lettre est partie… d;clare-t-elle joyeusement, maintenant on peut aller se promener !
- Et la bo;te aux lettres alors ? dit ma femme en levant les bras au ciel. Et qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
Mais Alisa ne s’int;resse d;j; plus ni ; sa grand-m;re ni ; la lettre de Grand-P;re, elle saute dans la flaque en tapant du pied et en ;claboussant ; qui mieux mieux. Elle passe pr;s de l’enveloppe d;tremp;e et se dirige droit vers le parc de jeux o; des enfants s’amusent dans le tas de sable. Apercevant Alisa, ils lui font des grands signes de la main. Ma femme a du mal ; la suivre. Elle commence par sortir l’enveloppe de l’eau, l’essuie soigneusement avec son mouchoir et  la glisse dans son sac.
- Il va falloir la faire s;cher maintenant, songe-t-elle, ou bien en acheter une neuve. Il va falloir aussi faire un peu plus attention aux mots que j’emploie avec Alisa !