Segodnya. 2. Espion exige son diplome au SVR

Сергей Жирнов
LA TRADUCTION EN FRANCAIS DE L'ARTICLE DU JOURNAL "SEGODNYA" DU 20 OCTOBRE 1999 

CHTIRLITZ EXIGE SON DIPLOME
L'ex-eclaireur poursuit en justice le Service de la reconnaissance exterieure
 
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Serguei Jirnov est arrive au Tribunal avec une valise entiere de documents compromettants pour le SVR
 
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Ivan SAS
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Hier le Tribunal de Grande Instance de la ville de Moscou (le Mosgorsud) a commence les auditions de la plainte de l'ancien eclaireur  [agent secret] Serguei Jirnov qui avait accuse la direction du Service de la reconnaissance exterieure de la Federation de Russie  (le SVR) de la violation de son droit constitutionnel a l'education.   

Depuis deux ans il essaye d'obtenir son diplome attestant qu'il avait suivi une formation superieure a "l'ecole forestiere" - l'Institut  portant le nom d'Andropov et decore de l'ordre du drapeau rouge du KGB de l'URSS (l'Academie du SVR) - et recoit les refus motives par le fait que ce document serait confidentiel. 

Jirnov a ses arguments : selon la loi federale russe relative a l'education, chaque etablissement d'enseignement est oblige de delivrer les diplomes aux eleves ayant termine un cycle complet de formation. Ainsi, le SVR viole-t-il non seulement la loi federale, mais aussi les droits constitutionnels des anciens eleves : s'il n'y a pas de document, il n'y a pas de formation. 

Rappellerons l'histoire du depart de Jirnov du service secret. A sa sortie en 1987 de "l'ecole forestiere"  de larges perspectives  s'ouvraient devant "l'eclaireur": il avait termine auparavant le MGUIMO  [l'Institut d'etat des relations internationales aupres du Ministere des Affaires etrangeres de l'URSS], travaille au Ministere du commerce exterieur, avait des contacts a l'etranger.   

Une serie d'echecs cuisants s'etait produite dans les reseaux des services secrets apres la perestroika . La croix definitive sur la carriere de Jirnov etait mise par un certain Mikhail Boutkov, un agent secret du KGB qui a ete "brыle" en Norvege ou il travaillait sous la couverture du journal La Gazette ouvriere (plus tard en Grande-Bretagne celui-ci ecrira le livre sur ses activites d'espion). "Il etait secretaire de notre cellule du Parti a "l'ecole forestiere", se rappelle Jirnov. Les eleves officiers connaissaient l'un l'autre sous les noms de code. En revanche les documents du Parti etaient rediges avec l'utilisation des vrais noms. Boutkov connaissait jusqu'au trefonds les eleves officiers de la promotion". Ayant decide de ne pas eprouver le sort, Jirnov avait donne sa demission.
 
Au debut [du litige avec le diplome] le SVR a fait semblant d'ignorer les demandes du Commandant en reserve. Mais  en fin de compte le SVR n'a pas pu supporter son opiniatrete. Le Parquet General militaire a ouvert une information judiciaire concernant la pretendue divulgation des secrets d'etat. Mais le FSB l'a classee sans suites a defaut d'elements pouvant constituer un crime.   

L'eclaireur recevra-t-il son diplome ? A en juger par la conduite du representant du SVR aux audiences a la Cour, le Service secret a l'intention de resister jusqu'au bout. Il a commence par pretendre que cette affaire devrait etre examinee par une Cour differente - le Tribunal de Grande Instance de la Region de Moscou, puisque les bureaux du SVR se trouvent en dehors du Grand Peripherique  [frontiere administrative entre la ville et la region de Moscou], et que l'Academie du SVR ne serait pas "un etablissement d'education". Ainsi, le diplome "certifierait-il le suivi d'une formation en forme, mais pas en realite". Les avocats de Jirnov qualifient ces arguments de manifestement infondes.   

La loi laisse aux citoyens le droit de choisir eux-memes le tribunal auquel s'adresser pour contester les actions des administrations ou des fonctionnaires ponctuels : soit celui du lieu de residence des victimes, soit celui de l'emplacement du siege du defendant. Et "l'ecole forestiere" joue le role d'une "forge des ressources humaines" pour le Service secret, ce qui avait ete proclame a maintes reprises par ses propres dirigeants. 

De son cote Jirnov explique la volonte manifeste du SVR de laisser "pourrir cette affaire" par les craintes que si la Cour lui reconnait son bon droit, il faudra punir les coupables. Il envisage de soulever cette question a la prochaine audience, qui aura lieu en novembre.