Tibet, extrait du livre Savoir-vivre international

Алексей Басурмай
Alexis BASURMAY
Extrait tire du livre « Savoir-vivre intrnational » de Pierre Daninos et Dore Ogrizek, 1950


TIBET

«Ne vous trompez pas si, venant des Indes, vous franchissez les limites de ce territoire quasi inaccessible : ici, ce sont  les femmes qui ont leur harem. Vous etes au pays du Dalai-lama et de la polyandrie. Les deux choses paraissent sans lien, mais elles se tiennent. S'il y tant de moines (1 homme sur 4 en moyenne) c'qu'il n'y a quasiment rien d'autre a faire pour les hommes dans un pays ou les femmes sont en nombre si limite que cinq freres, bien souvent, doivent se contenter d'une epouse. Le frere aine a droit de priorite. Mais les enfants n'en sont pas moins ceux de ses cadets. Ne dites donc pas, en designant un petit garcon : "Ou est le papa de ce petit ?". C'est une question qui risque de demeurer sans reponse. En tous cas, employez le pluriel. Si le frere aine meurt, la femme n'est pas pour autant obligee de rester avec la famille. Il lui suffit de casser le fil qu'elle a noue a l'annulaire du defunt : elle est libre et les cadets n'ont rien a dire...

Il se peut qu'ici ou la vous rencontriez un Tibetain aise qui ait une femme bien a lui. Mais c'est rare. Et, s'il sait vivre et qu'il vous recoive pour une nuit, il ne vous en cedera pas moins sa place dans le lit conjugal.

Ne vous offusquez pas si les gens auxquels vous faites un cadeau (stylomines quatre ou six couleurs tres recommande, lampes de poche ou reveils) vous tirent la langue en emettant par aspiration un sifflement prolonge : c'est la marque d'une profonde reconnaissance. On ne vous saluera guere autrement dans ce pays etrange ou les hommes portent des robes, ou l'on n'enterre pas les cadavres, ou il ne faut jamais tuer un animal et ou les paysans labourent en zigzags pour ecarter les mauvais genies.»

Christian DUFAY.