Выступление на тему дружбы народов

Иван Лупандин
RUSSIE – POLOGNE – UKRAINE
(русский текст - в конце, после французского перевода)

        Ce dont je vais vous parler est fonde sur mes souvenirs personnels et familiaux car je ne suis pas un historien.

        Je suis ne a Odessa et ma mere a Alexandrie en Ukraine, son pere Jan Stanislavovitch Visnevskij etait polonais par son pere. Mon pere etait russe, cosaque du Kouban.
        Il n’y avait pas de probleme de nationalites a l’ecole primaire. La fraternite entre les peuples etait le slogan officiel. On pouvait lire sans peine sur la premiere page du journal « Pravda » (la Verite) la devise : « Proletaires de tous les pays, unissez-vous ! »
        Si, lorsque j’etais petit garcon de 7 ans, en commencant l’ecole, on m’avait raconte qu’il y a deux milles ans, le Fils de Dieu, deuxieme personne de la Sainte Trinite, s’etait incarne, descendu sur la terre avait fonde l’Eglise, dans laquelle il n’y a ni riches ni pauvres, ni juifs ni grecs, car en elle les gens s’aiment, sans exclusion de nationalite et partagent tout selon leurs possibilites ; alors j’y aurai cru.
        Au lieu de cela on m’a raconte qu’en 1870, dans la ville russe de Simbirsk, etait ne l’homme le plus  grand et le plus sage de monde entier, Vladimir Oulianov (dit Lenine). Cet homme avait decide de changer le monde pour qu’il n’y ait plus « ni juifs, ni grecs », ni riches ni pauvres. Et moi, Vania Lupandin avait le bonheur de vivre dans ce nouveau monde. En effet, je ne voyais pas autour de moi ni de  la richesse, ni de la pauvrete.  J’habitais alors a Moscou dans un appartement de deux pieces independant, non communautaire, mais prive (en cooperative).
        Quand je me souvenais du village « Marianskaia » ou j’avais habite jusqu’a 5 ans chez ma grand-mere (la mere de mon pere), je ne pouvais pas me souvenir ni de famine, ni de pauvrete particuliere. Il n’y avait pas a cette epoque-la de clochards a Moscou, ni de banques, ni de boutiques de luxe. J’etais bien nourri. Mon autre grand-mere (la mere de ma mere) preparait du bon bouillon de poulet, du bortsch, de la kacha de semoule. Parfois  papa nous apportait du jus d’orange dans des petites boites de fer blanc et du caviar (mais tres rarement). Je comprenais, bien sur, que ce n’etait pas le paradis et qu’on pouvait vivre mieux. (par exemple, quand ma mere m’emmenait chez le dentiste et que cela me faisait mal), mais ce n’etait que le debut du communisme qu’on etait en train de construire.
        Il me semblait alors, dans mon enfance, que tous les problemes de l’humanite, en particulier les problemes des relations entre les nations, n’etaient que du  passe pour nous ; ces problemes existaient oui, mais seulement a l’etranger, dans les pays capitalistes « sous-developpes » (dans le sens ideologique).
        La chose la plus terrible que nous avaient apportee « les fascistes » avec la guerre etait le nationalisme, la folle croyance qu’une nation etait superieure a une autre. Je pensais de cette facon en ecoutant parler de la deuxieme guerre mondiale a l’ecole, dans ma famille et en lisant des livres. Je comprenais bien que « les fascistes » detestaient et tuaient les gens qui pensaient autrement qu’eux, meme les enfants comme moi, et je fus heureux que tout fut termine, que « nous » ayons pris Berlin, mene le processus de Nuremberg et que « le fascisme » ait ete aneanti.
        Si j’avais su alors que parvenu a l’age de 48 ans, je serai passe sur le quai de la station de metro « Pouchkinskaya » (cette station n’existait pas quand j’etais enfant) a cote du cadavre d’un garcon armenien tue par des russes « skinheads », nazis ; surement je n’y aurai pas cru ou j’aurai ete fort chagrine. Les gens sont optimistes et croient au bien par leur propre nature. En cela Staline joua aussi un role important en invitant en URSS des celebrites du monde entier, comme Bernard Shaw, pour leur montrer « des villages de Potemkine  ». On dit que Bernard Shaw ne pouvait pas croire au fait qu’il y avait eu la famine en Ukraine : il avait ete tellement bien nourri ... a Moscou!
        A propos de la famine... Cela concerne fortement les relations entre la Russie et l’Ukraine.  Plus tard j’ai appris que ma grand-mere maternelle etait d’origine juive (elle s’appelait Rachel Samoilovna Raisin) travaillait a l’hopital de Znamenka pendant la famine, elle ecrivait dans le registre comme cause de mort: non pas  « denutrition » mais « pneumonie ». De cette facon elle avait participe aussi a la dissimulation de ce crime horrible contre le peuple ukrainien. Qu’aurait-elle de faire, « signaler » aux echelons superieurs, par le bureau du secteur jusqu’au Ministere de la sante ? Elle comprenait tres bien que cela arrive ; cause de la politique menee par le gouvernement. Si elle racontait tout cela on pouvait l’arreter ou la licencier. Elle elevait toute seule, sans mari, une fille de 4 ans : mon grand-pere polonais l’avait quitte quand elle etait enceinte et il etait parti pour Tachkent. Mais en meme temps elle etait medecin, elle voyait toutes les horreurs de l’epoque et elle avait fait le serment d’Hippocrate…. Apres la famine, elle aurait pu etre accusee : pourquoi n’avait-t-elle pas informe le pouvoir sovietique de l’ampleur de la famine ? Pourquoi avait-t-elle menti sur les causes de mortalite ? Ils auraient pu l’eliminer comme un temoin genant.
        Ainsi quand en 1937, les arrestations commencerent, ma grand-mere bien sur avait peur (bien qu’elle n’etait pas du parti, cela peut-etre l’a sauvee), elle a quitte Znamenka pour s’eloigner de la region de ces crimes pour Odessa, mais la ensuite est arrivee l’occupation allemande. A Odessa elle, avec ma mere alors adolescente, vivaient avec des faux papiers en cachant qu’elle etait juive. Grace a Dieu, elle n’avait pas trop les traits juifs.  Quand on l’appela pour reenregistrer ses papiers,  sous le controle de la Gestapo, elle emporta avec elle du poison. Elle ne disait jamais du mal des allemands, sa complicite a la famine lui pesait sur la conscience et ne lui permettait pas de condamner les allemands.
        Si c’etait possible d’aneantir sept millions d’ukrainiens, pourquoi ne serait-il pas possible d’aneantir six millions de juifs ? Et si le proces de Nuremberg a condamne les criminels nazis, qui condamnera alors les organisateurs de la famine ukrainienne ?
        Ainsi j’ai decouvert ma grand-mere resignee, craintive et douce. La vie et les gens, en la mettant dans une impasse, l’avaient rendue ainsi. J’espere que Dieu sera misericordieux avec elle.
        Dans notre famille il n’y avait pas de questions a propos des polonais. Il n’y avait pas de polonais parmi mes amis. Quand j’etais adolescent, j’ai lu un livre en anglais de Leon Uris « QB VII » a propos d’un medecin polonais complice des crimes nazis, travaillant dans un camp de concentration ou il faisait des experiences sur les detenus. J’ai appris par ce livre la decouverte dans la foret de Katyn  pres de Smolensk d’un charnier contenant les corps nus d’officiers polonais et j’ai cru que c’etait le NKVD qui avait fusille les officiers polonais, alors il y avait eu aussi les revelations de Soljenitsyne, et j’ai lu aussi sur la trahison de Staline qui avait incite les Varsoviens a la revolte en aout 1944, mais apres il ne leur avait apporte aucune aide, alors qu’il n’y avait que le fleuve de la Vistule qui separait l’armee sovietique de la Pologne en revolte.
        Quand en 1990 j’etais a Varsovie, j’ai traverse ce pont fatal aux relations russo-polonaises. Meme j’en ai parle aux etudiants quand je travaillais avec eux comme stagiaire dans le batiment, personne n’etait d’accord avec moi : les polonais etaient peu apprecies dans notre pays et leur histoire mal connue.
        L’attitude negative envers les polonais avait commence aussi a l’ecole. Les recits de Minine et Pojarsky, (leur monument sur la Place Rouge a rivalise avec le mausolee de Lenine), l’etude approfondie de la nouvelle de Gogol « Taras Boulba », toute l’histoire du Faux Dmitri et Marina Mnishek dans le drame de Pouchkine « Boris Godounov » et enfin le role ingrat du polonais Thaddee Bulgarin dans les vicissitudes de Pouchkine,  ont contribue a nous donner une perception negative des polonais.  Tout cela n’engendrait pas l’amour de la Pologne.
        Meme quand j’ai recu le bapteme, le 2 juillet 1976 dans l’Eglise orthodoxe russe, mon attitude envers les polonais ne s’etait pas amelioree : eux etaient des catholiques, pas des orthodoxes. Seulement peu a peu, apres avoir fait la connaissance des catholiques, commencer a frequenter  l’eglise catholique de St. Louis a Moscou, apres avoir decouvert l’existence des saints polonais comme Maximilien Kolbe et Faustine Kowalska, alors mon attitude envers les polonais a change.

        En conclusion, je crois qu’on peut resoudre la question russo-polonaise-ukrainienne, seulement a la lumiere d’une authentique conversion et repentance chretienne.

Ivan LUPANDIN,  juillet 2006

Русский текст:

         Я буду говорить на основании личных и семейных воспоминаний, так как я не историк. Сам я родился в Одессе, мама моя родилась в г. Александрия (Украина), ее отец – Ян Станиславович Висневский – поляк (по отцу). Отец мой – русский, родом из кубанских казаков.
         В начальной школе вопрос национальностей не поднимался. Братство народов – был официальный лозунг, на первой странице газеты «Правда» можно было без труда прочесть девиз: «Пролетарии всех стран, соединяйтесь!»
         Если бы мне, мальчику 7 лет, только что пошедшему в школу, рассказали, что 2 тысячи лет назад Сын Божий, Второе Лицо Пресвятой Троицы, воплотился, сошел на землю, основал Церковь и в этой Церкви не было богатых и бедных, евреев и эллинов, потому что все любили друг друга независимо от национальности и делились друг с другом кто чем мог, я бы охотно этому поверил. Но вместо этого мне рассказывали о том, что в 1870 году в русском городе Симбирске родился самый великий и самый умный человек из когда-либо рождавшихся на свете и его звали Владимир Ульянов. И вот этот человек решил так переделать мир, чтобы не было «эллинов и иудеев», богатых и бедных. И вот. мне, Лупандину Ване, посчастливилось жить в этом новом мире. Действительно, я не видел вокруг себя ни богатства, ни бедности (ведь жил я в Москве, в двухкомнатной квартире – не коммунальной, а частной (кооперативной)! – но и говоря о станице Марьянской, где я подолгу жил у бабушки – матери отца – до 5 лет, я тоже не могу вспомнить сцен голода или особой бедности. Бомжей тогда в Москве не было, банков и шикарных магазинов тоже. Питался я хорошо: жившая с нами бабушка – мамина мама – готовила вкусные куриные бульоны, борщи, манную кашу. Иногда папа приносил апельсиновый сок в маленьких жестяных баночках, бывала даже и икра (но очень редко). Я, конечно, понимал, что это не рай, что можно жить и лучше (например, когда мама водила меня к зубному врачу и мне было очень больно), но ведь это был еще не коммунизм, а только его строительство.
          Мне тогда в детстве казалось, что все проблемы человечества, в том числе и проблема отношений между нациями, остались в прошлом, а если и существуют, то где-то за рубежом, в «недоразвитых» (в идейном смысле) капиталистических странах. Самое страшное, что принесли «фашисты» в годы войны – это национализм, дурацкую веру в превосходство одной нации над другой (так я думал, когда мне рассказывали о Второй мировой войне – или в школе, или дома, или когда я сам читал о ней в книгах). Я понимал, что «фашисты» ненавидели и убивали тех, кто думает иначе, даже и детей, в том числе таких как я, и радовался, что все это в прошлом, что «мы» взяли Берлин и провели Нюрнбергский процесс, что с «фашизмом» покончено.
          Конечно, если бы я тогда узнал, что доживу до 48 лет и буду проходить по платформе станции метро «Пушкинская» (тогда такой станции метро в Москве еще не было) мимо трупа убитого скинхедами армянского мальчика – я бы не поверил или очень огорчился. Людям ведь по природе свойственно верить в добро и быть оптимистами. На этом и играл Сталин, приглашая в СССР всяких авторитетных иностранцев, типа Бернарда Шоу, и показывая им «потемкинские деревни». Говорят, что Бернард Шоу никак не мог поверить в голодомор на Украине: ведь его так вкусно и изысканно кормили… в Москве!
          Кстати о голодоморе… Это вплотную относится к теме русско-украинских отношений. Позднее я узнал, что моя бабушка, мать мамы, еврейка по национальности (ее звали Рахиль Самойловна Рейзина) во время голодомора работала врачом в Знаменке и писала в графе «причина смерти» не «алиментарная дистрофия», а «воспаление легких». Т. е. участвовала в сокрытии страшного преступления против украинского народа. А что ей было делать: «сигнализировать» наверх, в райздравотдел, по линии Министерства здравоохранения? Но она прекрасно понимала, что это политика, проводимая сверху, и если она будет сигнализировать, ее могут арестовать или снять с работы, а у нее на руках 4-летняя дочь, которую она воспитывала одна, без отца: ведь мой дедушка-поляк бросил ее еще беременной и уехал в Ташкент. Но с другой стороны, она, как врач, особым образом видела весь ужас происходившего. И давала клятву Гиппократа! Да и после голодомора ее могли обвинить: почему не информировала советские органы о масштабах голода, почему писала ложь в заключениях о смерти? Или просто могли убрать как ненужного свидетеля. Так что когда начались аресты в 1937, бабушка конечно, боялась (хотя и была беспартийной – может, это ее и спасло). Кроме того, она перебралась из Знаменки (подальше от места преступления) в Одессу, где ее и застала немецкая оккупация. В Одессе она (и моя мама, тогда девочка-подросток) жила по поддельным документам, скрывая, что она еврейка (слава Богу, внешне она была не очень похожа на еврейку), и когда ее вызывали в гестапо для очередной перерегистрации, брала с собой яд. И никогда я не слышал от нее ропота на немцев: она понимала, что то, что было у нее на совести (соучастие в голодоморе) не дает ей права судить немцев. Если можно уничтожить 7 млн. украинцев, почему нельзя уничтожить 6 млн. евреев? И если Нюрнбергский процесс осудил нацистских преступников, то кто осудит организаторов голодомора на Украине?
           Так что я застал бабушку смиренной, кроткой, боязливой. Такой ее сделала жизнь, такой ее сделали люди, поставив ее в почти безвыходную ситуацию. Надеюсь, Бог будет к ней милосердным.
           Польский вопрос у нас в семье не поднимался. Поляков среди моих друзей не было. Подростком я прочел книгу Леона Уриса (Leon Uris) QB VII (на английском языке) о польском враче, который оказался соучастником нацистских преступлений, работая в концлагере и проводя медицинские эксперименты на заключенных. Из этой книги я узнал о Катыни (и сразу поверил, что польских офицеров расстреляло НКВД – потому что как раз в это время появились и разоблачения Солженицына) и о предательстве Сталина, подстрекавшего варшавян к восстанию в августе 1944, а потом не оказавшего им никакой помощи, хотя советские войска и восставшую Варшаву разделяла только река Висла (в 1990 я, будучи в Варшаве, прошел по этому роковому для русско-польских отношений мосту через Вислу). Я даже рассказывал об этом студентам, когда работал в стройотряде летом 1975 года, но никто не согласился со мной – поляков не любили, польскую историю никто не знал.
           Опять же, негативное отношение к полякам закладывалось в школе. Рассказы о Минине и Пожарском – и памятник им на Красной площади, соперничающий с Мавзолеем, изучение (очень подробное) повести Гоголя «Тарас Бульба», наконец, вся история Лжедмитрия и Марины Мнишек в драме Пушкина «Борис Годунов» и неблаговидная роль поляка Фаддея Булгарина в травле Пушкина – все это не располагало к любви к Польше.
           Даже когда я принял крещение (в Русской Православной Церкви 2 июля 1976 года) отношение к полякам не стало лучше (ведь они католики, а не православные). И только постепенно, познакомившись с католиками, начав посещать католический храм св. Людовика в Москве, узнав о таких замечательных польских святых, как Максимилиан Кольбе и Фаустина Ковальская, я переоценил свое первоначальное скептическое отношение к полякам.
           В заключение скажу, что русско-польско-украинский вопрос можно решить только в свете подлинного христианского обращения и покаяния.