Raymond Derville, Yves Bizien, André Poznanski

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Raymond Derville,  Yves Bizien, André Poznanski

Les pilotes français   sont morts pour la France et pour la Russie !

13 avril  1943…      Il y a 70 ans…

"En rendant le dernier soupir, vous avez dit : « Vive la France ! » Eh bien, dormez en paix ! La France vivra parce que vous avez su mourir pour elle..."
Charles de Gaulle

 Au mois de juin 1940, quand le sort de la France semblait avoir définitivement basculé, les patriotes français ont pourtant eu la certitude que rien n'était joué et qu'ils devaient continuer le combat contre le nazisme..
 Ces hommes vont répondre à l'appel d'un jeune général Charles de Gaulle
 qui pensait comme eux. Si la France avait perdu une bataille, elle n'avait pas pour autant perdu la guerre et, tôt ou tard, l'immense Etat français,  la force géante  de l’Union Soviétique, la puissance de l'Amérique et la détermination britannique viendraient à bout du monstre.
Ces français vont constituer la France Libre. Ils seront  les premiers résistants.  Ils venaient de tous les milieux, de tous les bords. Ils n'avaient en commun que la volonté inebranlable: continuer à se battre pour la France,  la Patrie ! 
Pourquoi ont-ils fait ce choix ? Qu'ont-ils fait ? Que sont-ils devenus dans notre mémoire collective ? C'est ce que nous allons comprendre en suivant les parcours de ces français,  y compris ceux qui se sont devenus les pilotes de guerre.

95 d’eux faisaient partie du regiment  glorieux Normandie- Niemen !
Ils ont combattu sur le Front soviétique contre les nazis qui occupaient  la France.
Ils ont remportés 273 victoires en 5240 missions de guerre.

Je voudrais  vous raconter la chronique -  de  mars et avril  1943 -   de L’escadrille  glorieuse Normandie! 

Il y a 70 ans…L’escadrille Normandie fut engagée à partir du 22 mars 1943, dans la Premiere armée aérienne soviétique, et s'illustra dans la bataille de Koursk-Orel au cours du mois de juillet 1943. 
Le 11 mars, le général commandant de la région aérienne de Moscou inspecte l’escadrille. Il est ébloui par la qualité de la démonstration des Français.
 Le 14 mars, Tulasne déclare l’escadrille prête  au combat.
 Le 16 mars, la dotation en Yak atteint quatorze appareils.
 Le 19 mars, ce sont le représentant du commandement supérieur des forces aériennes soviétiques et le général Petit qui déclarent l’escadrille apte au combat.
 Le 22 mars, c’est l’escadrille  qui s’envole vers sa première base opérationnelle près de Polotniani-Zavod. Elle  y arrive le jour même.
L’escadrille  Normandie  est attachée à la 204-ème division de bombardement. Elle est commandée par le général Zakharov, vétéran des combats d’Espagne et de l’incident de Kalkin Ghol.
 Les premiers vols ont lieu. Les pilotes du Normandie se font accompagner d’avions-guide  sovietiques pour les aider à se familiariser avec leur zone d’opération.

Le 5 avril, premier vol de combat. Une patrouille escorte trois bombardiers Pe2 soviétiques. Ils sont pris à partie par deux FW190. Le premier s’écrase en flammes des suites des tirs de Préziosi et le second sera comptabilisé   à Durand. Des félicitations seront reçues   pour ces premières victoires.
 Le 13 avril, le malheur s’abat pour la première fois sur L’escadrille avec la perte de Derville, Poznanski et Bizien. Trois FW190 nazis abattus  par eux sont revendiqués et les pilotes soviétiques comptabiliseront trois autres victoires aux trois pilotes disparus.
 Le 15 avril, l’escadrille reçoit l’ordre de partir pour un terrain près de Mosalsk.  Le groupe est maintenant à moins de quarante kilomètres du front.
 Le 17 avril , l’escadrille, accompagnés de six Yak  sovietiques du 18ème régiment placés sous ses ordres, s’en va attaquer un terrain d’aviation allemand. Ce sera une réussite complète.

Je voudrais citer les Premiers enseignements tirés par le commandant Tulasne :

Conditions générales de travail:
 L’escadrille est arrivée au front en plein dégel, c’est à dire, la plus mauvaise période de l’année russe. La température assez froide nécessite toujours une mise en route des moteurs assez longue (eau chaude et huile chaude). Les mécaniciens fournissent un travail d’environ quatorze heures par jour. Le déplacement des avions au sol entre les alvéoles et la piste demande souvent trente à quarante minutes et l’aide de tout personnel de l’escadrille, ceci pour tous les avions, avant et au retour de la mission

L’installation:
 Le personnel soviétique a libéré le seul bâtiment confortable de la base pour y installer les Français. La nourriture est excellente à tous points de vue : quantité et qualité, vin assez souvent, vodka pour les pilotes et les mécaniciens chaque fois qu’il y a une mission de guerre.

Le moral des Français:
 Il est excellent. Evidemment, les conditions de travail en URSS en plein hiver paraissent plus dures aux pilotes venant directement d’Angleterre, habitués qu’ils étaient aux terrains bien aménagés avec mess et logements confortables, la grande ville et les distractions à proximité, les survols de territoire ennemi par groupe de 50 à 150 avions. Néanmoins, ils s’habituent rapidement à ces nouvelles conditions de guerre.

 Première impression du commandement soviétique :
 En moins d’un mois, Normandie a conquis l’estime de tous. Les bombardiers soviétiques , protégés par l’escadrille, n’ont eu aucune perte. Le commandement soviétique a été très impressionné par la tenue du groupe, la qualité du commandement et des pilotes, l’organisation des missions, la tactique des combats et il a donné des instructions aux commandants du 29ème régiment auquel appartient Normandie pour étudier et prendre exemple sur les Français.

Je rappelle  encore les premières victoires !
   L’escadrille    Normandie fut engagée à partir du 22 mars 1943, dans la Première armée aérienne soviétique, et s'illustra dans la bataille de Koursk-Orel au cours du mois de juillet. 
Le 5 avril 1943, les pilotes Albert Preziosi et Albert Durand ouvraient le palmarès, 14 jours après leur arrivée au front. Deux Fw 190 seront abattus dans la région de Roslav alors que la patrouille escortait un bombardier Pe-2.

Je rappelle aussi es premières pertes…
Le 13 avril 1943, trois avions de  L’escadrille sont engagés par quatre Fw 190 nazis. Trois pilotes du Normandie  sont abattus ainsi que trois Fw 190.

Ecoutez   maintenant le recit des vies si courtes  des Héros Français ! Ils sont morts pour la France et pour la Russie !

Raymond Derville

Raymond Derville est né le 27 février 1914 à Roubaix (Nord). Il assouvit sa passion pour l’aviation par des leçons de pilotage à l'aéro-club Ronchin (près de Lille). Il obtient ainsi son brevet civil.
 Le 15 avril 1935, Raymond Derville signe son engagement dans l’Armée de l’Air. Le 25 août 1935, il obtient, à Istres, son brevet militaire. Au terme de son engagement, il retourne à la vie civile.
 Quand la guerre éclate, il est mobilisé et versé dans le corps des Officier de Réserve. Il est au peloton des Officiers de Réserve de Chateauroux quand il apprend la nouvelle de l’armistice.
 Il refuse la défaite et se rend à Saint-Jean de Luz. Comme de nombreux premiers ralliés de la France Libre, il parvient à s’embarquer, avec l’aide de militaires polonais sur bateau en partance pour l’Angleterre.
 Dès le 28 juin 1940, il signe son engagement dans les FAFL. Il est aspirant-pilote et commence sa formation au sein de la RAF. C’est ainsi qu’il intègre les écoles de la RAF (dont la 5 Service Flying Training School de Turnhill, le 15 février 1941). Après son passage en OTU, il est envoyé au Moyen-Orient pour rejoindre le Groupe de Chasse n°1 de la France Libre : le groupe Alsace. Il participe, au sein de cette unité, à la campagne de Lybie sur des Hurricane.
 A l’occasion de la visite du chef des FAFL, le Général Valin, il se porte volontaire pour l’unité qui se constitue alors pour combattre sur le Front soviétique. . Il se rend alors, avec les autres volontaires pour le Groupe Normandie, sur la base de Rayak, au Liban.
 Comme les pertes du Groupe Alsace sont lourdes et que les volontaires pour le Groupe Normandie partis du GC1 n’ont pas été remplacés, le commandant Pouliquen demande des volontaires pour retourner au Groupe Alsace. Henry Lafont et Raymond Derville se portent volontaires et retournent à El Daba. Ils y arrivent dans la soirée du 26 juin 1942, au milieu d’une retraite.
 Les combats sont très durs. Dès le lendemain, deux pilotes sont abattus et tués : les lieutenants Colin et Louchet. Ce n’est pas tout : les lieutenants Lafont et Thiriez sont blessés. L’avion de Derville est touché.
Derville rejoint seul le Normandie à Rayak...
Raymond Derville fait donc partie du premier contingent qui rejoint l’URSS.
 Comme ses camarades, il se forme sur yak7, puis touche un Yak1b. C’est aux commandes de ce type d’appareil qu’il est impliqué dans un dur combat opposant 6 Yak du Normandie à 8 FW190, dans la région de Spass-Demiensk. Il partage une victoire avec Bizien et Poznanski avant d’être abattu. Son avion tombe dans les lignes allemandes : à 15 km du front. C’est aussi le cas de ses deux compagnons : ce sont les premières pertes du Normandie.
 Selon toutes vraisemblances, il fut fait prisonnier par les allemands... Et fusillé par ce derniers, selon les ordres du Maréchal Keitel, par lequel les pilotes français pris les armes à la main devaient être fusillés, comme franc-tireurs.
 Raymond Derville a reçu les décorations suivantes : Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur, Croix de Guerre (avec deux palmes), Médaille de la Résistance, Médaille Coloniale (avec l’agrafe Lybie)


Yves Bizien
Yves Bizien est né le 30 novembre 1920 à Neuville les Dieppe (Seine-Maritime). Il possède un Certificat d’Étude Primaire, qui lui permet de devenir apprenti-électricien. Comme de nombreux passionnés d’aviation, il assouvit sa passion par le biais de l’Aviation Populaire. C’est ainsi qu’il s’inscrit, dès sa création, à la section de Dieppe de cette organisation. Il y travaille avec assiduité. Il doit préparer ses cours le matin, puis travailler le jour, pour reprendre ses études le soir, jusqu’au milieu de la nuit.
A la déclaration de guerre, il s’engage dans l’Armée de l’Air. N’ayant que 19 ans, il doit demander à son père de signer son engagement. Il rejoint, le 10 octobre 1939, l'École Élémentaire de Pilotage de Bernay. Il y est accueilli par le son chef pilote lorsqu’il était à Dieppe : l’adjudant-chef Bastie. Il est ensuite transféré à Vannes, où il arrive le 22 mai 1940.
 Quand survient l’Armistice, sa formation est loin d’être terminée : il est soldat de deuxième classe, élève-pilote à l’École de Pilotage 23 de Morlaix, où il est depuis le 12 juin 1940. Le 19 juin 1940, sous la direction du directeur de l’école, le lieutenant Pinot, il quitte Morlaix en camion avec une vingtaine de camarades. Il s’embarque à Douarnenez à bord du langoustier « Le Trébouliste », d’une capacité de six à huit passagers. Ils rejoignent Falmouth, en Angleterre.
Il signe alors, le 21 juin 1940, son engagement dans les Forces aériennes françaises libres (FAFL) et entreprend son entraînement dans les écoles de la RAF. Il y utilise le pseudonyme de James Welker. On verra plus loin que c’était une sage précaution et qu’il aurait dû s’y tenir. Il passe notamment par la 6 Elementary Flying Training School de Sywell en mai 1941. Il devient alors instructeur en 1942. Mais il désire ardemment combattre...
Quand il apprend la constitution d’un Groupe de chasse pour combattre sur le front russe, il se porte volontaire. C’est ainsi qu’il fait partie du premier contingent qui arrive en URSS le 28 novembre 1942. Comme ses camarades, il s’entraîne d’abord sur Yak7, à double-commande, puis passe sur Yak1b.
Le 13 avril 1943, un combat oppose 6 Yak1b du Normandie à 8 FW190, dans le ciel de Spass-Demiensk. Il y obtient une victoire, partagée avec Derville et Poznanski, sur l’un des Focke-Wulf. Mais, comme ses deux autres camarades, il est abattu par les chasseurs allemands. Son avion tombe dans les lignes allemandes. Il est le premier pilote du Normandie tué au combat.
On suppose que les allemands ont retrouvé ses papiers dans la carcasse de l’avion, car sa famille fut arrêtée en France fin septembre 1943. Son père, sa mère et ses deux frères furent déportés. Seul son frère André reviendra de cet enfer, après avoir connu les camps de Buchenwald et Dora.
Yves Bizien  avait 353 h de vol et 25 missions de guerre. Il fut cité, à titre posthume, à l’ordre de l’Armée Aérienne.


André Poznanski

André Poznanski est né à Baden, en Autriche, le 30 juin 1921. Il s’engage dans l’Armé de l’Air en octobre 1939. Il est reçu à l’Ecole de l’Air (promotion « Lieutenant Pinczon du Sel » 1939), il est donc directement officier et est nommé sous-lieutenant en mars 1940.
N ‘acceptant pas la défaite, il décide de rejoindre la Grande-Bretagne. Pour cela, il réussit à s’embarquer à Port-Vendres à bord d’un cargo, aidé par les troupes polonaises qui quittent la France défaite. C’est ainsi qu’il quitte la France le 7 juillet 1940. Après une escale à Gibraltar, il arrive finalement en Angleterre le 7 juillet 1940. Ce jour même il signe son engagement dans les Forces aériennes françaises libres (FAFL).
Comme tous les pilotes français qui ont rejoint la RAF, il doit reprendre complètement sa formation. Il est breveté pilote le 26 juillet 1941. Il est alors versé, pour entraînement opérationnel, à la 56 OTU de Sutton Bridge. A l’issue de cette formation, le 23 septembre 1941, il est affecté au 32 Squadron de la RAF. Le lendemain, il reçoit sa promotion au grade de lieutenant.
Il est, plus tard, muté au Moyen-Orient. Il débarque ainsi le 25 janvier 1942 à Freetown. Il est en route pour rejoindre le Groupe de Chasse 1 de la France Libre : le GC Alsace. Cette unité est en cours de formation à Rayack, au Liban. Elle ne dispose que d’un matériel hétéroclite pour former les pilotes . C’est là qu’il rencontre le commandant Pouliquen et le Capitaine Tulasne, qui seront ses commandants plus tard au sein du Groupe de Chasse Normandie.
Quand le GC1 est jugé capable de monter en ligne, il est envoyé à Abu Sweir, près d’Imaïlia en Egypte. Elle vole alors sur Hurricanes Mk1 (des avions fatigués et dépassés il faut bien l’admettre). Après une période de prise en main des chasseurs britanniques, le GC1 fait mouvement vers Fuka. Comme de nombreux pilotes de cette unité, il brûle de combattre plus activement. Il est aussi probable que le fait de combattre sur des avions d’un modèle dépassé ne plaise pas à cet ardent combattant. C’est pourquoi, il se porte volontaire quand il apprend la constitution d’un Groupe de chasse destiné à combattre en Russie.
Après un périple long et frustrant, il arrive, avec le premier contingent de pilotes, en URSS, le 28 novembre 1942. Comme ses camarades, il se forme sur Yak7 à double-commandes. Puis, il passe sur l’avion d’arme du GC3 Normandie : le Yak1b. C’est avec cet appareil que le groupe part pour le front. Le Lieutenant Poznanski disparaît le 13 avril 1943 dans un combat contre huit FW190, dans la région de Spas-Demiensk. Il fait partie des premiers pilotes perdus avec Marcel Bizien et Raymond Derville. Ils ont sans doute été victimes de pilotes des 10, 11 et 12./JG51 qui revendiquent 5 yak1 dans cette région autour de l’horaire du combat. Au cours du combat, une victoire lui est attribué, qu’il partage avec les deux autres pilotes français abattus.
André Poznanski a reçu les décorations suivantes: Chevalier de la Légion d'Honneur, Croix de Guerre 1939-45, Médaille de la Résistance.


L’escadrille  Normandie Niemen, c’est 273 victoires en 5240 missions de guerre.
43 pilotes français  ont était tués, 4 pilotes prisonniers et 7 pilotes blessés hors de combat… 
Gloire aux Combattants Français !

"Ils n'ont pas vécu longtemps, mais ils ont vécu intensément", a dit plus tard  le général Nicolas Touniev,   président des Anciens du Normandie-Niemen en Russie.

Voici l’opinion du colonel Jacques André,  Héros de l'Union Soviétique :
"Sans les Français Libres de la première campagne (1942-1943), il n'y aurait jamais eu de "Normandie" mais sans les renforts venus d'Afrique du Nord, pour les 2ème et 3ème campagnes (1944-1945), il n'y aurait jamais eu non plus de "Niémen".

En conclusion je cite les paroles du Général Charles de Gaulle:
"Sur la terre russe, martyrisée comme la terre française et par le même ennemi, le Régiment "Normandie", mon Compagnon, soutient, démontre, accroît, la gloire de la France !"
Et en s’adressant aux Héros Français le géneral Charles de Gaulle a dit :
"En rendant le dernier soupir, vous avez dit : « Vive la France ! » Eh bien, dormez en paix ! La France vivra parce que vous avez su mourir pour elle..."

Héros,  Pilotes  Français et Soviétiques

Nikolay Sologubovskiy, Paris, 13 avril 2013, 70  ans après…

Le recit est fait sur la base des publications en Internet.
http://www.cieldegloire.com/gc_3_normandi_niemen.php

Nikolay Sologubovskiy, Paris, 13 avril 2013, 70  ans après…